Incendie du Cuba Libre
Incendie du Cuba Libre | |
Type | Incendie |
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Pays | France |
Localisation | no 44 avenue Jacques-Cartier, Rouen |
Coordonnées | 49° 26′ 08,8″ nord, 1° 05′ 11,6″ est |
Date | |
Bilan | |
Blessés | 6 |
Morts | 14 |
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L'incendie du Cuba Libre, bar situé au no 44 avenue Jacques-Cartier à Rouen, en France, est un incendie mortel qui se produit dans la nuit du au [1].
La cause de l'incendie est accidentelle. Il s’est déclenché à partir de bougies décoratives à l'occasion d'un anniversaire.
Lors de l'enquête qui suit, il s'avère que des négligences humaines ont été commises : porte de secours verrouillée, dancing isolé avec un matériau extrêmement inflammable notamment.
Le bilan s'élève à quatorze victimes dont la majorité sont âgées de 18 à 25 ans[pertinence contestée]. C'est alors l'incendie le plus meurtrier en France depuis l'incendie de l'hôtel Paris-Opéra en 2005.
Le Cuba Libre
[modifier | modifier le code]Historique
[modifier | modifier le code]Le bar est géré par deux frères : Nacer Boutrif, 45 ans, et Amirouche, 37 ans[2].
Une expertise menée par la suite déclarera : « cet établissement recevant du public (ERP) aurait dû être classé en 4e catégorie et non en 5e catégorie. »[3]. Le bar aurait dû respecter des normes plus strictes, accepter un passage de la commission de sécurité, bénéficier d’un arrêté d’ouverture signé du maire et faire l’objet de contrôles réguliers[3].
Les gérants avaient fait installer de la mousse isolante en polyuréthane hautement inflammable[3]. Les gérants avoueront plus tard ignorer la nature exacte des matériaux utilisés[2]. Ils avaient fait installer cette mousse isolante après avoir reçu des plaintes pour tapage nocturne[2].
L'incendie
[modifier | modifier le code]Soirée du 5 août 2016
[modifier | modifier le code]Dans la nuit du 5 au 6 août 2016, un groupe d’amis fête les 20 ans de leur amie Ophélie[3].
Déroulement
[modifier | modifier le code]Alors qu'une amie apporte le gâteau d'anniversaire, elle trébuche et une bougie «feu de Bengale » déclenche un incendie dans l’escalier qui mène à la cave[4]. Le feu se propage à la mousse isolante[3].
Arrivée des pompiers
[modifier | modifier le code]Les pompiers arrivent sur place à 0h27[5].
Bilan humain
[modifier | modifier le code]13 jeunes périssent durant la nuit[4]. Une quatorzième personne, alors en urgence absolue, décèdera un mois plus tard, portant le bilan à 14 victimes[5].
Indentification des victimes
[modifier | modifier le code]L'identification des corps fut particulièrement éprouvante pour les familles des victimes. Le père de Mégane, 20 ans, décédée dans l’incendie, déclare : « Il a fallu l’identifier. Je me souviens des mots de sa maman, elle a dit “oui c’est elle”. Je me suis approché, c’était bien elle. Elle ne bougeait plus. On lui a fait un bisou et on est parti. »[6].
Un autre parent dira : « Lorsque je suis entrée dans cette pièce blanche, j’ai découvert ma poupée [sa fille]. Toute noire. Ses yeux étaient brûlés, je ne voyais plus ses cheveux blonds. Cette odeur de brûlé quand je l’ai embrassée ne me quittera jamais. »[6]
Réactions
[modifier | modifier le code]Conséquences
[modifier | modifier le code]Conséquences sur les normes de sécurité
[modifier | modifier le code]À la suite de ce drame, l’ensemble des 24 bars à ambiance musicale de la ville de Rouen avaient été inspectés. Selon le maire, Yvon Robert, quatorze établissements ont dû être totalement ou partiellement fermés pour des travaux de mise aux normes[2].
Conséquences judiciaires
[modifier | modifier le code]Le gérant du bar et son frère sont jugés pour "homicides et blessures involontaires par violation manifestement délibérée d'une obligation de sécurité et de prudence."[4]. 140 parties civiles sont présentes[4].
Le , le tribunal correctionnel de Rouen condamne les deux responsables de l'établissement à cinq ans de prison, dont trois ferme[7],[6].
En janvier 2020, ils bénéficient d'une libération conditionnelle. Comme toutes les personnes condamnées à de la prison ferme, la loi autorise un détenu d'être libéré avant la fin de sa peine, à certaines conditions. La demande peut se faire à partir de la moitié de la peine, si le détenu manifeste des efforts sérieux de réinsertion. Le détenu qui bénéficie de libération conditionnelle est libre, mais il doit respecter les conditions qui lui ont été imposées lors de sa libération[8].
Dans le cas des gérants du Cuba Libre, "le juge de l'application des peines les avait admis en libération conditionnelle lors d'un jugement en novembre 2020, en considérant qu'ils remplissaient les conditions légales. Ils avaient commencé à indemniser les victimes et ils ont trouvé un travail à durée indéterminée", indique Frederic Benet-Chambellan, procureur général de la cour d'appel de Rouen. Les deux hommes devront en effet payer plusieurs centaines de milliers d’euros aux nombreuses parties civiles[8].
Mais le Parquet du Havre a aussitôt fait appel de cette décision de libération anticipée, la considérant "prématurée au regard de l'émoi suscité par le drame dans l'opinion publique". C'est donc la cour d'appel de Rouen qui a tranché le 15 février et confirmé la décision du juge de l'application des peines. "Elle a jugé que les frères Boutrif remplissaient toutes les conditions", explique le procureur général près la cour d'appel de Rouen. Les deux hommes sont finalement libres mais porteront un bracelet électronique[8],[9].
Cette décision a été contestée par les familles de victimes. Une d'entre elles déclare à ce sujet : « Je suis blasée.. je m'étais dit qu'avec ces 3 ans ferme il y avait une justice. Et maintenant on apprend qu'ils sont relâchés au bout de moins d'un an et demi. »[8].
Monument aux morts
[modifier | modifier le code]En , une stèle commémorative est posée en mémoire des victimes.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- « Rouen : l’incendie mortel dans un bar fait treize morts et six blessés dont un en état d’urgence absolue », Paris Normandie, (lire en ligne, consulté le )
- « Incendie mortel à Rouen: L'un des gérants du Cuba Libre fait son mea culpa », sur www.20minutes.fr, (consulté le )
- « Incendie à Rouen : « Ce bar relevait d’un bricolage inconséquent » », sur www.20minutes.fr, (consulté le )
- « Incendie du bar « Cuba Libre » à Rouen : 3 ans après le drame, des familles écœurées avant même le début du procès », sur France 3 Normandie (consulté le )
- « Le procès des patrons du Cuba Libre s'ouvre ce lundi à Rouen », sur www.20minutes.fr, (consulté le )
- « Au procès du Cuba Libre, les récits bouleversants des proches des victimes », sur www.20minutes.fr, (consulté le )
- « Procès du Cuba Libre : cinq ans de prison, dont trois ferme, pour les deux gérants du bar de Rouen », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- « Incendie du Cuba Libre à Rouen : pourquoi les gérants du bar sont sortis de prison », sur France 3 Normandie (consulté le )
- « Incendie mortel du Cuba Libre à Rouen : les gérants ont bénéficié d'une libération anticipée », sur Franceinfo, (consulté le )