Aller au contenu

Jane Goodall

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Jane Goodall
Jane Goodal en 2010.
Biographie
Naissance
Voir et modifier les données sur Wikidata (90 ans)
HampsteadVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Valerie Jane Morris-GoodallVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Père
Mortimer Herbert Morris-Goodall (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Margaret Myfanwe Joseph (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoints
Hugo van Lawick (de à )
Derek Bryceson (d) (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Hugo Eric Louis van Lawick (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Membre de
Maître
Directeur de thèse
Influencée par
Sites web
Distinctions
Prix Princesse des Asturies de la recherche scientifique et technique ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Enregistrement vocal
signature de Jane Goodall
Signature

Jane Goodall (/d͡ʒeɪn ˈɡʊdˌɔːl/[1]), née le à Hampstead (Londres), est une éthologue et anthropologue britannique.

Elle est la première scientifique à avoir observé et rapporté que les chimpanzés utilisent des outils pour s'alimenter. Ses travaux ont profondément transformé la compréhension des rapports entre les êtres humains et les autres animaux.

En 1977, elle fonde l'Institut Jane Goodall pour la protection de la biodiversité, l'aide au développement durable et l'éducation.

Valerie Jane Morris-Goodall naît le à Hampstead, un quartier de Londres[2], d'un père ingénieur et d'une mère au foyer. Elle est élevée à Londres puis à Bournemouth. Ses parents n'ayant pas les moyens de lui payer des études, elle passe un diplôme de secrétaire. Elle enchaîne alors les petits emplois[3].

En 1957, à l'âge de 23 ans, invitée au Kenya par une amie, elle y rencontre le célèbre archéologue et paléontologue Louis Leakey[4], qui effectue d'importantes fouilles dans la Corne de l'Afrique. Elle devient sa secrétaire[3].

Passionnée depuis sa jeunesse par les animaux (et végétarienne[5]), elle décide, en 1960, de vivre seule parmi eux, pour mieux les observer et les comprendre. Elle s'installe dans la région du lac Tanganyika (Tanzanie), dans ce qui est aujourd'hui le parc national de Gombe Stream, pour y étudier les mœurs des chimpanzés[3].

Jane Goodall commence alors ce qui sera la plus longue étude de terrain menée sur les animaux sauvages vivant dans leur environnement naturel. Durant ses premières années à Gombe, elle découvre de nombreux aspects du comportement des chimpanzés[3].

En , elle observe un chimpanzé en train de fabriquer et d'utiliser des outils pour attraper des termites. Cette découverte ébranle la définition de « l'être humain » de l'époque qui attribuait alors ce comportement exclusivement à l'humain. Louis Leakey écrit : « Maintenant, nous devons redéfinir la notion d’homme, la notion d’outil, ou alors accepter le chimpanzé comme humain…[3] »

Encouragée par Louis Leakey, elle réalise un parcours doctoral au Newnham College, alors qu'elle n'a pas de diplôme universitaire[6],[7],[8]. Elle soutient en 1965 sa thèse de doctorat en éthologie, dirigée par le zoologiste Robert Hinde, et intitulée Behaviour of free-living chimpanzees. Durant les années suivantes, ses travaux continuent à profondément transformer la manière de voir les primates (aussi bien les humains que les autres grands singes). Elle observe que les chimpanzés ne sont pas végétariens mais omnivores, contrairement à ce que l'on pense alors, et qu'ils peuvent mener des guerres entre eux, lors du suivi de la guerre des chimpanzés de Gombe. Ses travaux l'ont amenée à donner des noms aux animaux qu'elle côtoyait et ainsi à leur donner une personnalité, estompant ainsi en partie la distinction entre chimpanzés et humains[9],[10],[11],[3].

En 1986, elle commence à prendre en compte les différences de comportement des chimpanzés en fonction de la localisation géographique des différents groupes. N'entrevoyant aucune explication génétique ou environnementale pour expliquer ces différences, elle propose alors que celles-ci sont des variantes culturelles[12]. Son approche est reprise par d'autres chercheurs pour s'étoffer avec le temps[13],[14], bénéficiant ensuite d'une collaboration systématique entre plusieurs groupes de recherche à long terme[15],[16].

Jane Goodall à l'université de Hong Kong en 2006.
Jane Goodall en conversation avec Silver Donald Cameron, 2014.

Après ses recherches, Jane Goodall s'est donné pour mission essentielle d’alerter l’opinion publique des dangers qu’encourt notre planète et de faire évoluer les comportements individuels vers une meilleure prise de conscience de l'environnement.

Jane Goodall est membre d'honneur du Club de Budapest[17].

Une photo d'elle se trouve sur le Voyager Golden Record[18].

En 2018, le temps d'une escale dans un aéroport, elle rencontre Adrien Moisson, jeune créateur de Wild Immersion. Séduite par cette expérience de réalité virtuelle à des fins de sensibilisation à la biodiversité, elle devient la marraine de l'initiative et apparaît en présentation des films dans les casques de réalité virtuelle[19].

Jane Goodall est une personnalité prosopagnosique[20], c'est-à-dire qu'elle a un trouble de la reconnaissance des visages[21],[22], qui est plutôt associé à une empathie élevée l'ayant aidée dans sa carrière[23], bien que ses difficultés de reconnaissance faciale concernent aussi les primates non humains, comme le note Oliver Sacks, neurologue et écrivain lui-même prosopagnosique[24].

Institut Jane Goodall

[modifier | modifier le code]

Fondé en 1977 en Californie par Jane Goodall, l’Institut Jane Goodall promeut la recherche, l’éducation et la conservation de la faune[3].

L’Institut inscrit son action dans une démarche globale de protection de la biodiversité, d’aide à la gestion durable des ressources, et d’éducation des plus jeunes.

Depuis 1977, l’Institut Jane Goodall protège les chimpanzés sauvages, gère des réserves naturelles et crée des refuges en Afrique, notamment le sanctuaire Tchimpounga, pour protéger nos plus proches cousins. Ces refuges accueillent majoritairement des orphelins dont les mères ont été victimes de la chasse. Sans les refuges de l'institut, ils seraient condamnés[25].

Pour préserver la faune et lutter contre les menaces (trafics, chasse, déforestation, épidémies) qui pèsent sur l’avenir des grands singes, l’Institut développe, depuis sa création, des programmes innovants : Roots & Shoots (littéralement racines et pousses) pour l’éducation des plus jeunes (il encourage les jeunes à s'impliquer dans des projets visant à prendre davantage soin des animaux, de l'environnement et de la communauté humaine et réunit plus 150 000 groupes dans plus de 136 pays)[26], Tacare pour aider au développement durable des populations et lutter contre les maladies, ChimpanZoo pour étudier et améliorer les conditions de vie des chimpanzés en captivité.

L'Institut Jane Goodall France est créé en 2004[27]. Il est dirigé par Galitt Kenan et présidé par Pierre Quintard[28].

Population Matters

[modifier | modifier le code]

Cofondatrice avec le naturaliste David Attenborough du think tank britannique Population Matters[29], dédié aux problèmes de la surpopulation et ses effets dans la crise climatique [30], Jane Goodall déclare en janvier 2020 au World Economic Forum que si la population humaine en était restée au nombre d'il y a 500 ans les problèmes environnementaux actuels n'existeraient pas[31].

Distinctions et honneurs

[modifier | modifier le code]

En 1995, la reine Élisabeth II lui décerne le titre de commandeure de l'ordre de l'Empire britannique, et lors d'une cérémonie au palais de Buckingham en 2004, le prince Charles nomme Jane Goodall dame commandeure du même ordre.

En , le secrétaire général de l'ONU Kofi Annan nomme Jane Goodall « messagère de la paix ». Ban Ki-moon, successeur de Kofi Annan, lui renouvelle sa mission.

Jane Goodall a reçu de nombreux prix et distinctions parmi lesquels :

  • The Chimpanzees of Gombe: Patterns of Behavior, 1986

Traductions en français

[modifier | modifier le code]
publié dans 48 langues.
  • Le cri de l'espoir (avec Philip Berman), New York, Warner, 2001
  • Ma vie avec les chimpanzés, Paris, L'École des loisirs, 2006
  • Nous sommes ce que nous mangeons, Arles, Actes Sud, 2008
  • Graines d’espoir : sagesse et merveilles du monde des plantes, Arles, Actes Sud, 2015

Livres pour enfants

[modifier | modifier le code]
prix du « Meilleur livre pour enfants » de Parenting's Reading-Magic en 1989
  • Les Chimpanzés en famille, Ouest-France ; Munich, Neugebauer Press ; Londres, Picture Book Studio, 1989
prix du « meilleur livre pour enfants » de l'UNICEF en 1989
prix d'État autrichien du « meilleur livre pour enfants » en 1990
  • De tout cœur (illustré par Alan Marks), Éditions Nord-Sud, 1998
  • Le Bon Docteur blanc (illustré par Julie Litty), Éditions Nord-Sud, 1999
  • L'Aigle et la Mésange (illustré par Alexander Reichstein), Éditions Nord-Sud, 2000

Documentaires

[modifier | modifier le code]

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. Prononciation en anglais britannique retranscrite selon la norme API.
  2. (en) Q&A : Primates, Populism and Utopia, 9 juin 2014
  3. a b c d e f et g Anne-Cécile Beaudoin, « Jane Goodall veille sur la planète des singes », Paris Match, 1 au 7 février 2018, p. 70-75.
  4. L'Homme cet étrange animal de Jean-François Dortier, Éditions Sciences humaines (2012) - Chapitre « L'aventure scientifique de Jane Goodall », page 22.
  5. (en) « The Bushmeat Crisis », sur forbes.fr : archive du 13 novembre 2000 (consulté le )
  6. « Early Days », Jane Goodall Institute,
  7. « Curriculum Vitae, Jane Goodall, PhD, DBE » [archive du ] [PDF], Jane Goodall Institute
  8. Dale Peterson, Jane Goodall : The Woman Who Redefined Man, Houghton Mifflin Harcourt, , 752 p. (ISBN 978-0-547-52579-2, lire en ligne), p. 261
  9. « ITIS - Report: Hominidae », sur www.itis.gov (consulté le )
  10. « Mammal Species of the World - Browse: Hominidae », sur www.departments.bucknell.edu (consulté le )
  11. (en) Jeheskel Shoshani, Colin P. Groves, Elwyn L. Simons et Gregg F. Gunnell, « Primate Phylogeny: Morphological vs Molecular Results », Molecular Phylogenetics and Evolution, vol. 5, no 1,‎ , p. 102–154 (ISSN 1055-7903, DOI 10.1006/mpev.1996.0009, lire en ligne, consulté le )
  12. Wenda Trevathan, « The chimpanzees of Gombe. Patterns of behavior. By Jane Goodall. Cambridge, MA: The Belknap Press of Harvard University Press. 1986. xvii + 673 p. », American Journal of Physical Anthropology, Wiley, vol. 73, no 3,‎ , p. 409-410 (ISSN 0002-9483, DOI 10.1002/ajpa.1330730313, lire en ligne)
  13. (en) William C. McGrew, Chimpanzee Material Culture Implications for Human Evolution, Cambridge, Cambridge University Press, (ISBN 978-0-511-56551-9, OCLC 668202182)
  14. Christophe Boesch et Michael Tomasello, « Chimpanzee and Human Cultures », Current Anthropology, University of Chicago Press, vol. 39, no 5,‎ , p. 591-614 (ISSN 0011-3204, DOI 10.1086/204785, lire en ligne)
  15. A. Whiten, J. Goodall, W. C. McGrew, T. Nishida, V. Reynolds, Y. Sugiyama, C. E. G. Tutin, R. W. Wrangham et C. Boesch, « Cultures in chimpanzees », Nature, Springer Nature, vol. 399, no 6737,‎ , p. 682-685 (ISSN 0028-0836, DOI 10.1038/21415, lire en ligne)
  16. Whiten A, Goodall J, McGew WC, Nishida T, Reynolds V, Sugiyama Y, Tutin CEG, Wrangham RW, Boesch C, Charting cultural variation in chimpanzees, Behaviour, 2001, vol. 138, p. 1489-1525
  17. (en) Jane Goodall, membre d'honneur du Club de Budapest.
  18. net.project "Very Hopeful About Life on This Planet" http://re-lab.net/welcome/.
  19. Christine Monin, « La réalité virtuelle pour sensibiliser à la protection des animaux », sur Le Parisien, (consulté le )
  20. Hélène Pagesy, « La prosopagnosie, le syndrome des gens qui ne parviennent pas à se souvenir des visages », (consulté le )
  21. « La maladie de ceux qui ne reconnaissent pas les visages », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  22. « Photos : Les visages de ceux qui ne reconnaissent pas les visages », sur cnn
  23. « Jane Goodall, un singe peut en cacher un autre », (consulté le )
  24. Sacks O, L’Œil de l'esprit, collection Points essais, éditions du Seuil, chapitre « Aveugle aux visages », p. 95-124.
  25. « WebCite query result », sur www.webcitation.org (consulté le ).
  26. Jane Goodall, De Gombe à l'éveil des consciences. Dans : Révolutions animales, comment les animaux sont devenus intelligents, dir. Karine Lou Matignon, Strasbourg, Arte Éditions/Les Liens qui libèrent, , 574 p. (ISBN 979-10-209-0324-2), pages 37-40
  27. Biographie de Jane Goodall sur futura-sciences.com.
  28. [1] sur franceculture.fr.
  29. (en) « Population Matters », sur populationmatters.org, (consulté le )
  30. « Tous nos problèmes environnementaux deviennent plus faciles à résoudre avec moins de personnes, et plus difficiles – et finalement impossibles – à résoudre avec toujours plus de personnes. » David Attenborough, https://populationmatters.org/our-patrons
  31. "We cannot hide away from human population... All these things we talk about wouldn't be a problem if it was the size of the population 500 years ago."(en) Heather Alberro, « Why we should be wary of blaming 'overpopulation' for the climate crisis », sur The Conversation (consulté le )
  32. (en) Syracuse University to award three honorary degrees at 151st Commencement », sur news.syr.edu/blog, 25 avril 2005 (consulté le 19 novembre 2020)
  33. (en-US) « Most inspirational woman scientist revealed », New Scientist,‎ (lire en ligne, consulté le )
  34. « Le 15e jour du mois - Docteurs honoris causa », sur le15ejour.uliege.be (consulté le )
  35. Webmaster, « Jane Goodall sera nommée au titre de Docteur Honoris Causa par l’université de Hasselt », sur Jane Goodall Institute Belgium (consulté le )
  36. « "Jane : un message d'espoir" adressé aux jeunes generations », sur National Geographic,

Sur les autres projets Wikimedia :

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]