Janet Rowley
Naissance | |
---|---|
Décès | |
Nationalité | |
Formation |
Pritzker School of Medicine (en) (docteur en médecine) (jusqu'en ) University of Chicago Laboratory Schools |
Activités | |
Enfant |
David B. Rowley (d) |
A travaillé pour | |
---|---|
Membre de | |
Distinctions |
Prix Albert-Lasker pour la recherche médicale clinique () Liste détaillée Prix international roi Fayçal pour la médecine () Prix Charles-Mott (en) () AACR-G.H.A. Clowes Award for Outstanding Basic Cancer Research (d) () Prix William-Procter () Prix William-Allan () Prix Gairdner () National Medal of Science () Prix Albert-Lasker pour la recherche médicale clinique () Médaille Benjamin-Franklin () Médaille Mendel () Marion Spencer Fay Award () Docteure honoris causa de l'université Harvard () Prix Gruber pour la génétique () Médaille présidentielle de la Liberté () AACR Award for Lifetime Achievement in Cancer Research (d) () Médaille Jessie Stevenson Kovalenko () Prix Pearl-Meister-Greengard () Prix japonais () Albany Medical Center Prize () National Women's Hall of Fame () |
Janet Rowley, née Janet Davison, "JD Rowley", est une scientifique et médecin généticienne américaine, née le à New York et qui a vécu principalement à Chicago, dans l'Illinois. Elle y est morte le .
Par ses travaux, elle a eu une influence décisive au XXe siècle sur les recherches sur les cancers et sur la compréhension des processus à l'origine de cancers. C'est l'une des premières personnes à avoir démontré qu'une translocation chromosomique peut provoquer une leucémie ainsi que de très nombreux autres cancers.
Elle a été professeur à l'université de Chicago.
Biographie
[modifier | modifier le code]Née en 1925 à New York[1], elle épouse en 1948, à 23 ans, le médecin Donald Rowley[2] et obtient son doctorat en médecine à l'université de Chicago[1]. Elle devient en 1951 médecin traitant en milieu hospitalier tout en continuant des recherches[1]. A partir de 1955, elle enseigne la neurologie à l'école de médecine de l'université de l'Illinois[1]. Elle apprend en 1961 la cytogénétique dans l'unité de génétique de Marco Fraccaro au Medical Research Council à Oxford. De retour à Chicago en 1962, elle utilise un photomicroscope pour étudier les chromosomes dans le département d'hématologie de l'université de Chicago. Lors d'une nouvelle visite à Oxford en 1970, elle apprend les techniques de chromosome banding (marquage en bandes)[1].
Janet Rowley est la première à décrire la translocation récurrente t(8;21)(q22;q22) dans les leucémies aiguës myéloïdes au début de 1972[3], ainsi que la translocation t(15;17)(q24;q21), qui est pathognomonique de la leucémie aiguë promyélocytaire, en 1977[4].
Dès 1960, Peter Nowell et David Hungerford - ainsi que Albert G. Baikie et d'autres - avaient décrit une anomalie chromosomique, associée à la leucémie myéloïde chronique (LMC), le Chromosome de Philadelphie[5],[6],[7]. En 1973, Janet Rowley découvre que ce fameux chromosome de Philadelphie est la conséquence d'une translocation entre les chromosomes 9 et 22, la t(9;22)(q34;q11)[1],[5],[8].
Elle devient professeur en hématologie en 1977[1] et pilote des recherches. C'est son groupe de recherche qui clone le point de cassure de la t(8;21) ci-dessus nommée et les gènes impliqués: AML1 et ETO (maintenant appelés RUNX1 et RUNX1T1)[9].
Au cours des années qui suivent, de nombreux points de cassure de translocations sont clonés et les oncogènes impliqués sont identifiés. C'est ainsi que la cytogénétique est à l'origine de la découverte d'un très grand nombre de gènes du cancer (gènes normaux, nécessaires à la vie, mais qui, remaniés, peuvent provoquer le cancer : tout cancer passe par un/des évènements génétique(s)). « Les travaux de Janet Rowley ont établi que le cancer est une maladie génétique », déclare Mary-Claire King, professeur de sciences du génome et de médecine à la faculté de médecine de l'université de Washington (citée par Goss et Le Beau). « Ses travaux et ceux de ses collègues ont permis de reconnaître que les anomalies chromosomiques étaient associées à des sous-types distincts de leucémie et de lymphome [et des tumeurs solides, poumon, sein, etc.] et qu'elles avaient une valeur pronostique. »[10].
La connaissance des gènes du cancer (par exemple l'identification de la fusion BCR::ABL1 dans la t(9;22)) permet de plus le développement de thérapies ciblées avec l'introduction, par exemple, des inhibiteurs de la tyrosine kinase ABL1 pour le traitement de la leucémie myéloïde chronique (LMC), ce qui a transformé les perspectives de survie des patients atteints de LMC. Il en est de même pour la leucémie aiguë promyélocytaire, la découverte de Janet Rowley a permis de mettre en évidence le mécanisme d'un médicament efficace: l'acide rétinoïque, qui rétablit la fonction normale de son récepteur protéique RARA[11].
Janet Rowley est auteur ou co-auteur de 416 articles scientifiques référencés par PubMed[12]. Elle et son équipe, son laboratoire, ont transformé la compréhension des cancers par les scientifiques[11]. Ils ont ouvert la voie à de nouvelles recherches[13], et ont été à l'origine de nombreuses autres avancées, tel le clonage d'un gène très important, commun à de nombreuses translocations impliquant 11q23; elle a appelé ce gène MLL, pour leucémie myéloïde-lymphoïde (aujourd'hui connu sous le nom de KMT2A)[14], conduisant finalement à l'émergence de la recherche sur les lysines méthyltransférases dans le cancer.
Elle et son équipe ont aussi travaillé sur TET1, les micro-ARN[15], les leucémies aiguës secondaires[16], etc.
En 2009, elle reçoit du président Barack Obama la prestigieuse médaille présidentielle de la Liberté, la plus haute distinction qui puisse être accordée à un civil aux États-Unis[1],[2],[17].
Enfin, les gens qui ont travaillés avec elle lui reconnaissent des qualités d'humilité et de gentillesse : « Clearly, humility and graciousness were qualities ascribed to Janet. She once said, “Looking down a microscope at banded chromosomes is not rocket science. If I had not found it, someone else would have.” », rapportent Goss et Le Beau[10].
Elle meurt le [18], à l'âge de 88 ans d'un cancer de l'ovaire à son domicile à Chicago[2].
Distinctions
[modifier | modifier le code]Prix
[modifier | modifier le code]- 1988 : Prix international roi Fayçal (en) dans la catégorie médecine
- 1989 : Prix William Procter pour les réalisations scientifiques (en)[19]
- 1989 : Prix Charles Mott (en)
- 1991 : Prix William-Allan[20]
- 1996 : Prix Gairdner[21]
- 1998 : Prix Albert-Lasker pour la recherche médicale clinique[22],[23]
- 1998 : National Medal of Science[24]
- 2003 : Médaille Mendel (es) de l'Université Villanova[25]
- 2003 : Médaille Benjamin Franklin (en) de la Société américaine de philosophie[26]
- 2009 : Médaille présidentielle de la Liberté, remise par le Président des États-Unis Barack Obama[27].
- 2009 : Prix Gruber de génétique
- 2010 : Médaille Jessie Stevenson Kovalenko (en)[28]
- 2010 : Prix Pearl Meister Greengard[29]
- 2010 : Prix de l'AACR (en) dans la lutte contre le cancer.
- 2012 : Prix japonais[30],[31].
- 2013 : Albany Medical Center Prize
Sociétés savantes
[modifier | modifier le code]- 1984 : Membre de l'Académie nationale des sciences[32]
- Membre de la Société américaine de philosophie
Honneurs
[modifier | modifier le code]- 2002 : Discover la place dans le Top 50 des femmes scientifiques les plus importantes du monde[33]
- 2017 : National Women's Hall of Fame à titre posthume[34].
Elle a reçu un minimum de 14 Doctorat honoris causa[34] :
- 2008 : Université Harvard[35]
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (en) National Library of Medicine. Biography: Dr. Janet Davison Rowley
- (en) The University of Chicago Medical Center. Janet Rowley, MD, receives Presidential Medal of Freedom for cancer chromosome studies, 2009
- (en) The University of Chicago Medical Center. Janet Rowley, MD, awarded Gruber Genetics Prize for chromosome studies, 2009
- (en) The University of Chicago Medical Center. Janet Rowley, MD, receives prestigious National Medal of Science at White House ceremony
- (en) The University of Chicago Medical Center. 1998 Lasker Award to Janet Rowley, 1998
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Doris Ménaché-Aronson et Madeleine Cottenet-Hage, « Rowley, Janet [New-York 1925] », dans Béatrice Didier, Antoinette Fouque et Mireille Calle-Gruber (dir.), Dictionnaire universel des créatrices, Éditions Des femmes, , p. 3762-3763
- (en) Margalit Fox, « Janet D. Rowley, Who Discovered Cancer Can Be Genetic, Dies at 88 », The New York Times, (lire en ligne)
- (en) Janet Rowley, « Identificaton of a translocation with quinacrine fluorescence in a patient with acute leukemia », Annales de Génétique et de Sélection Animales, no 16(2), , p. 109– 112 (PMID 4125056)
- (en) Janet Rowley, H.M. Golomb et C. Dougherty, « 15/17 translocation, a consistent chromosomal change in acute promyelocytic leukaemia », The Lancet, vol. 309, no 8010, , p. 549–550 (PMID 65649, DOI 10.1016/s0140-6736(77)91415-5)
- « Leucémie myéloïde chronique. 20 ans après la révolution thérapeutique qui a changé la vie des patients », sur Vaincre le cancer (organisme de recherche dans la lutte contre le cancer)
- (en) Peter Nowell et David Hungerford, « Chromosome studies on normal and leukemic human leukocytes », Journal of the National Cancer Institute, vol. 25, no 1, , p. 85-109 (PMID 14427847, lire en ligne)
- (en) Albert G. Baikie, WM Court-Brown, KE Buckton, DG Harnden, PA Jacobs et IM Tough, « A possible specific chromosome abnormality in human chronic myeloid leukaemia », Nature, no 188, , p. 1165-1166 (PMID 13685929, DOI 10.1038/1881165a0)
- (en) Janet Rowley, « A new consistent chromosomal abnormality in chronic myelogenous leukaemia identified by quinacrine fluorescence and Giemsa staining », Nature, no 243, , p. 290-293 (PMID 4126434, DOI 10.1038/243290a0)
- (en) Giuseppina Nucifora, Debra J. Birn, Paul Erickson, Jizong Gao, Michelle M. LeBeau, Harry A. Drabkin et Janet Rowley, « Detection of DNA rearrangements in the AML1 and ETO loci and of an AML1/ETO fusion mRNA in patients with t(8;21) acute myeloid leukemia », Blood, no 81, , p. 883–888
- (en) Kathleen H. Goss et Michelle M. Le Beau, « Janet Davidson Rowley (1925-2013) », Cancer Cell, vol. 25, no 1, , p. 1-2 (PMID 24654260, DOI 10.1016/j.ccr.2013.12.020)
- (en) Brian J. Drucker, « Janet Rowley (1925-2013) », Nature (revue), (PMID 24451535, DOI 10.1038/505484a, lire en ligne)
- (en) « Rowley Jd [Author] », sur PubMed
- (en) « Janet Rowley: “Take risks” », The Cancer Letter, vol. 47, no 38, (lire en ligne)
- (en) Ziemin-van der Poel et al., « Identification of a gene, MLL, that spans the breakpoint in 11q23 translocations associated with human leukemias », Proceedings of the National Academy of Sciences, vol. 88, no 23, (PMID 1720549, DOI 10.1073/pnas.88.23.10735)
- (en) Mel Greaves, « Janet Rowley (1925–2013) », Science, vol. 343, no 6171, , p. 626 (PMID 24503847, DOI 10.1126/science.1251005)
- (en) Peter Hokland, « Janet Rowley 1925–2013 : a rock star of haematology and genetics », British Journal of Haematology, vol. 165, no 3, , p. 269-270 (PMID 24588512, DOI 10.1111/bjh.12808)
- (en) Carrie Printz, « Janet Rowley, MD, continues to explore genetic causes of leukemia », Cancer, (lire en ligne)
- (en) « Janet Rowley, cancer genetics pioneer, dies at 88 », MedicalXPress, (lire en ligne)
- (en) « The William Procter Prize for Scientific Achievement », sur Sigma Xi (consulté le ).
- (en) « William Allan Award », sur American Society of Human Genetics (consulté le ).
- (en) « All Gairdner Winners », sur Prix Gairdner (consulté le ).
- (en) The University of Chicago Medicine, « 1998 Lasker Award to Janet Rowley : Janet Rowley, MD, wins coveted Lasker Award for 1998 », The University of Chicago Medicine, (consulté le )
- (en) « The Lasker Awards », sur Prix Albert-Lasker (consulté le ).
- (en) « The President's National Medal of Science: Recipient Details », sur National Science Foundation (consulté le ).
- (en) « Past Mendel Medal Recipients », sur Université Villanova (consulté le ).
- (en) « Benjamin Franklin Medal », sur Société américaine de philosophie (consulté le ).
- (en) « Presidential Medal of Freedom Recipients », sur Sénat des États-Unis (consulté le ).
- (en) « Jessie Stevenson Kovalenko Medal », sur Académie nationale des sciences [National Academy of Sciences] (consulté le ).
- (en) « Pearl Meister Greengard Prize », sur université Rockefeller (consulté le ).
- (en) « Laureates of the Japan Prize », sur Prix japonais (consulté le ).
- (en) Bob Brown, « 2012 Japan Prize honors cancer fighters, magnet man : 3 American medical experts, Japanese inventor honored with major award », Network World, (lire en ligne, consulté le )
- (en) « Janet D. Rowley », sur National Academy of Science (consulté le ).
- (en) « The 50 Most Important Women in Science », sur Discover (magazine) (consulté le ).
- (en) « Janet D. Rowley », sur National Women's Hall of Fame (consulté le ).
- (en) « Honorary Degrees », sur Université Harvard (consulté le ).
Liens externes
[modifier | modifier le code]
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- Biologiste américaine du XXe siècle
- Docteur honoris causa de l'université Harvard
- Décès en décembre 2013
- Décès à 88 ans
- Décès à Chicago
- Étudiant de l'université de Chicago
- Généticien américain
- Généticienne
- Récipiendaire de la National Medal of Science
- Lauréat du prix Albert-Lasker
- Lauréat du prix Gairdner
- Lauréat du prix japonais
- Membre de l'Académie nationale des sciences
- Membre de la Société américaine de philosophie
- Mort d'un cancer aux États-Unis
- Naissance en avril 1925
- Naissance à New York
- Professeur à l'université de Chicago
- Récipiendaire de la médaille présidentielle de la Liberté
- Inscrite au National Women's Hall of Fame
- Mort d'un cancer de l'ovaire