Jean Filesac
Jean Filesac ou Filsac, né à Paris en 1556 et mort en 1638, est un théologien catholique français à la Sorbonne, chanoine de Notre-Dame et curé à Paris. Il écrit plusieurs ouvrages de théologie.
Biographie
[modifier | modifier le code]Jean Filesac est baptisé à Paris, dans l'église Saint-Nicolas-des-Champs, le . Il est issu d'un milieu de gens de loi parisiens. Son père est notaire du roi au Châtelet[1].
Carrière ecclésiastique
[modifier | modifier le code]Jean Filesac devient curé de la paroisse Saint-Jean-en-Grève à Paris en mai ou et résigne cette cure en 1613. Parallèlement, il devient chanoine théologal de Notre-Dame-de-Paris le [2].
Il tente sans succès d'obtenir la cure de la paroisse Saint-Germain-l'Auxerrois en 1596-1597[3], mais il réussit à devenir chefcier-curé de la paroisse Saint-Merry du au [2]. Jean Filesac a donc probablement cumulé deux cures, ce qui est rare parmi les curés parisiens de son époque[4].
Après l'assassinat d'Henri IV, Jean Filesac est un des deux prêtres qui entendent François Ravaillac en confession le juste avant son exécution[5].
En Sorbonne
[modifier | modifier le code]Jean Filesac étudie la théologie à la Sorbonne. Il est procureur de la nation de France le et devient recteur de l'Université le [1]. En tant que recteur, il règle le conflit entre les religieux des Mathurins et l'Université concernant la halle au parchemin. Les Mathurins réclament un dédommagement pour la halle au parchemin qui est installée dans leur couvent et menacent l'Université d'un procès. Jean Filesac met fin au litige en organisant la location par l'Université d'une salle du collège de Justice[2]. À cause de sa fonction de recteur, il est destinataire d'une lettre de Giordano Bruno par laquelle ce dernier annonce des thèses sur la nature qu'il veut soutenir[2]. Giordano Bruno lance un défi à l'Université et défend un point de vue aristotélicien[6].
Jean Filesac est licencié en théologie au début de l'année 1588 et docteur le . Il occupe les fonctions de bibliothécaire puis de prieur du collège de Sorbonne en 1588-1589[1].
En 1620, Jean Filesac, en tant que syndic de la Sorbonne, officialise la réforme de l’enseignement et promulgue les nouveaux statuts de la Sorbonne[7]. Ces statuts reprennent l'essentiel des thèses gallicanes précédemment défendues par Edmond Richer, qui remet en cause l'infaillibilité pontificale et qui ont valu à ce dernier de perdre sa charge en Sorbonne et de devoir se rétracter en 1612. À la demande de Richelieu, le père Joseph modifie les statuts publiés par Filesac[8].
Parce qu'il jouit d'une grande autorité, Jean Filesac, gallican et adversaire des jésuites, joue un rôle important dans la condamnation par la Sorbonne en 1626 des thèses d'Antonio Santarelli, jésuite italien, qui a publié en 1625 un livre affirmant les pouvoirs supérieurs du pape sur les rois[9]. Jean Filesac est doyen de la faculté de théologie du à sa mort[2]. Il prend une part active dans les censures par la Sorbonne de plusieurs ouvrages, dont les Curiosités inouïes de Jacques Gaffarel en 1629[10].
Publications théologiques
[modifier | modifier le code]À partir de 1585, Jean Filesac publie plusieurs ouvrages de théologie[2], dont des sermons[11]. En 1605, dans son ouvrage sur De sacra episcoporum auctoritate, il décrit et défend l'étendue des pouvoirs des évêques[12]. Dans sa thèse publiée en 1609, De idolatra magica..., il fait de nombreuses références à Tertullien et considère que l'idolâtrie magique est la sorcellerie de son temps. C'est un élément d'une religion païenne, donc, selon Filesac, une erreur[13]. Dans un ouvrage publié quelques années après et intitulé De idolatra politica ..., il affirme que l'idolâtrie politique est l'adoration d'un roi au lieu de Dieu, ce qu'il considère comme blasphématoire[14]. Il publie régulièrement des recueils de ses textes théologiques[15].
Il publie également une édition qu'il a lui-même annotée de la Guerre des Gaules de Jules César[16] ainsi qu'une compilation d’auteurs antiques en 1637[17]. Il est probablement l'auteur d'un manuscrit consacré à un cas de lycanthropie du début du XVIIe siècle, l'histoire de Jean Grenier[18].
Principaux ouvrages
[modifier | modifier le code]- (la) Fragmentum ex C. J. Caesaris de bello Gallico ... annotationibus J. Filesaci illustratum, Paris, [19].
- (la) De sacra episcoporum auctoritate seu ad Tit. de off. jud. ord. lib. I Decret Commentarius, Paris, [12].
- (la) De idolatria magica, dissertatio Joannis Filesaci theologi parisiensis, Paris, ex officina nivelliana, apud Sebastianvm Cramoisy, (lire en ligne)[13],[7],[18].
- (la) De idololatra politica, et legitimo principis cultu commentarius, Paris, Maceus, (lire en ligne)[14],[20].
- (la) Statutorum S. Facultatis theologiae parisiensis origo prisca .., [21],[22].
- (la) Senectus veneranda, [17].
Références
[modifier | modifier le code]- Angelo 2005, p. 711-712.
- Angelo 2005, p. 712.
- Angelo 2005, p. 196.
- Angelo 2005, p. 216.
- Roland Mousnier, L'assassinat d'Henri IV 14 mai 1610, Paris, Gallimard, coll. « Trente journées qui ont fait la France », , 410 p., p. 33.
- (en) Paul Richard Blum, Giordano Bruno : An Introduction, Leyde, Brill, coll. « Value Inquiry Book Series » (no 254), , 132 p. (ISBN 978-90-420-3555-3, présentation en ligne), p. 74.
- Thierry Amalou, « Écrire ou réécrire l’histoire de la Sorbonne ? Les filières historiographiques et leur genèse depuis le XVIIe siècle », Dix-septième siècle, vol. n°285, no 4, , p. 11-35 (ISSN 0012-4273 et 1969-6965, DOI 10.3917/dss.194.0011, lire en ligne, consulté le ).
- Benoist Pierre, Le Père Joseph : L'Éminence grise de Richelieu, Paris, Perrin, , 476 p. (ISBN 978-2-262-02244-0), p. 250.
- Victor Martin, « L'adoption du gallicanisme par le clergé de France (suite) », Revue des sciences religieuses, vol. 7, no 3, , p. 373–401 (DOI 10.3406/rscir.1927.1384, lire en ligne, consulté le ).
- (en) Lynn Thorndike, « Censorship by the Sorbonne of Science and Superstition in the First Half of the Seventeenth Century », Journal of the History of Ideas, vol. 16, no 1, , p. 119–125 (ISSN 0022-5037, DOI 10.2307/2707531, lire en ligne, consulté le ).
- Angelo 2005, p. 345.
- Féret 1906, p. 370.
- (de) Martin Mulsow, « Talismane und Astralmagie – Zum Übergang von involviertem zu distanziertem Wissen in der Frühen Neuzeit », dans Jan Assmann et Harald Strohm (dir.), Magie und Religion, Munich, Wilhelm Fink, coll. « Lindauer Symposien für Religionsforschung » (no 1), (ISBN 978-3-8467-4877-0, DOI 10.30965/9783846748770_008, lire en ligne), p. 135–157
- (en) Martin Mulsow, « Henry Stubbe, Robert Boyle and the Idolatry of Nature », dans Sarah Mortimer et John Robertson (dir.), The Intellectual Consequences of Religious Heterodoxy, 1600-1750, Leyde, Brill, , 331 p. (ISBN 978-90-04-22608-1, DOI 10.1163/9789004226081_006, lire en ligne), p. 121–134.
- Féret 1906, p. 372-373.
- Angelo 2005, p. 291.
- (de) Daniel Schäfer, « Gutes Alter(n) als Tugend ? : Medizinische und theologisch-philosophische Impulse aus der Frühen Neuzeit », dans Mariacarla Gadebusch-Bondio, Christian Kaiser and Manuel Förg (dir.), Menschennatur in Zeiten des Umbruchs : Das Ideal des politischen Arztes in der Frühen Neuzeit, Oldenbourg, De Gruyter, , 260 p. (ISBN 9783110609530, lire en ligne), p. 177-196
- Jean-Marie Apostolidès, « Lycanthropie et rationalité juridique à l'aube du XVIIe siècle », Littératures classiques, vol. 25, no 1, , p. 161–185 (DOI 10.3406/licla.1995.2303, lire en ligne, consulté le ).
- Féret 1906, p. 369.
- Féret 1906, p. 372.
- Victor Martin, « L'adoption du gallicanisme politique par le clergé de France (suite) », Revue des sciences religieuses, vol. 8, no 1, , p. 1–23 (DOI 10.3406/rscir.1928.1403, lire en ligne, consulté le ).
- Jean-Robert Armogathe, « Conférence de M. Jean-Robert Armogathe », Annuaires de l'École pratique des hautes études, vol. 105, no 101, , p. 357–363 (lire en ligne, consulté le ).
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Vladimir Angelo, Les curés de Paris au XVIe siècle, Paris, Éditions du Cerf, coll. « Histoire religieuse de la France » (no 26), , 893 p. (ISBN 9782204077613).
- Pierre Féret, La Faculté de théologie de Paris et ses docteurs les plus célèbres : Époque moderne, t. 4, Paris, Alphonse Picard et fils, (lire en ligne), p. 369-376.
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
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- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :