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Louis Anquetin

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Louis Anquetin
Louis Anquetin, Autoportrait à la pipe (1892),
localisation inconnue.
Naissance
Décès
Sépulture
Période d'activité
Nom de naissance
Louis Émile Anquetin
Nationalité
Activités
Formation
Maître
Élève
Lieu de travail
Mouvement
Influencé par
Distinction
Archives conservées par
Archives départementales des Yvelines (166J, Ms 12743, 1, date inconnue)[1]Voir et modifier les données sur Wikidata
signature de Louis Anquetin
Signature

Louis Émile Anquetin, né à Étrépagny (Eure) le et mort à Paris 16e le , est un peintre, dessinateur, aquarelliste et lithographe français.

Henry Sarnary (vers 1890), Paris, musée d'Orsay.
Femme aux Champs-Élysées la nuit (1889-1893), Amsterdam, musée van Gogh.

Louis Anquetin est le fils unique d'Émile Augustin Anquetin (né en 1839), marchand boucher, et de Félicité Céline Rose Chauvet, son épouse[2]. Sa maison natale, la boucherie paternelle, existe toujours à Étrépagny. Anquetin, très vite attiré par le dessin, est encouragé par ses parents dans cette vocation artistique. En 1872, il entre au lycée Corneille de Rouen et devient l'ami d'Édouard Dujardin, futur poète. Il obtient son baccalauréat en 1880. Il effectue ensuite ses obligations militaires dans la cavalerie au 6e régiment de dragons, à Chartres.

À son retour, il s'installe à Paris et entre, en 1882, dans l'atelier de Léon Bonnat (1833-1922) au 30, avenue de Clichy. À sa fermeture, lorsque Bonnat est nommé professeur à l'École des beaux-arts, Anquetin est admis en 1883 dans l'atelier libre de Fernand Cormon, où il reste quatre années. Il y commence sa formation aux côtés de peintres d'avant-garde qui deviendront ses amis, comme Vincent van Gogh ou Henri de Toulouse-Lautrec — qu'il prend sous sa protection, pour lui éviter les humiliations des camarades —, Henri Rachou, Charles Laval, Adolphe Albert, Paul Tampier, Archibald Standish Hartrick (en) et Émile Bernard. Van Gogh organise une exposition au café Le Grand Bouillon au 43, avenue de Clichy, en compagnie de Bernard, Anquetin et Lautrec.

Le cloisonnisme

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L'Avenue de Clichy, cinq heures du soir (1887), Hartford, Wadsworth Atheneum.

Avec Émile Bernard, Anquetin se dirige vers le divisionnisme dans les pas de Paul Signac qu'il rencontre le . Enthousiasmé par les estampes japonaises collectionnées par van Gogh, Anquetin découvre, au travers d'une porte vitrée aux carreaux de couleur, dans la maison de ses parents, les effets produits par les différentes nuances sur l'impression que l'on obtient du décor. Il réalise alors avec Émile Bernard une synthèse de leurs recherches communes. Édouard Dujardin, annonçant dans la Revue indépendante les œuvres d'Anquetin au Salon des indépendants de 1888, baptise ce nouveau genre « cloisonnisme » et en attribue la paternité au seul Anquetin[3], qui deviendra tout d'un coup célèbre.

En 1889, faisant partie des refusés au Salon, il expose avec Paul Gauguin, Charles Laval, Léon Fauché, Émile Schuffenecker, George-Daniel de Monfreid, Émile Bernard, Louis Roy et Ludovic Nemo, Charles Filiger au Café Volpini, situé dans l'enceinte de l'Exposition universelle de Paris de 1889. Il est à cette époque un habitué, avec Toulouse-Lautrec et Émile Bernard, du cabaret du Moulin Rouge. Félix Fénéon lui écrit un article élogieux.

Par ailleurs, Anquetin fait la connaissance, par le biais de Toulouse-Lautrec, du peintre et dessinateur anglais Charles Conder, venu de 1890 à 1897, étudier à l'Académie Julian et à l'atelier Cormon.

En 1891, Anquetin entreprend des recherches sur l'huile et demeure au 62, rue de Rome à Paris, et à une adresse au 10, rue Clauzel, à côté du père Tanguy, fabricant de couleurs qui demeure au 14. Après le Salon des indépendants, il relance le Salon des refusés. De 1894 à 1896, Anquetin n'expose plus et suit des études d'anatomie dans le laboratoire de dissection du professeur Arroux à Clamart.

Retour au classicisme

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Après son voyage en Belgique et la Hollande avec Henri de Toulouse-Lautrec et Jos Albert, son travail perd de son originalité et devient plus classique en s'inspirant de maîtres du passé comme Rubens ou Rembrandt. À son retour, il s'installe à Bourron-Marlotte où il se lie d'amitié avec Paul Fort, Stuart Merrill, Paul Margueritte, Élémir Bourges et Armand Point. En 1899, il est l'un des douze dessinateurs de l'album de l’Hommage des artistes à Picquart.

En 1901, Fernand Cormon, son professeur, ayant obtenu la commande de la décoration murale de l'hôtel de ville de Tours, invite Anquetin à réaliser quatre panneaux, représentant Balzac, Descartes, Rabelais et Alfred de Vigny sur la paroi nord de la salle des fêtes[4].

Anquetin épouse Berthe Coquinot, veuve d'un officier, en 1906. Le couple s'installe dans un immeuble comprenant un atelier d'artiste construit en 1897 par l'architecte Charles Blanche au 75, rue des Vignes. Entouré de ses élèves, il va pouvoir leur enseigner les techniques picturales selon les règles anciennes qu'il ne cessa de prôner tout comme « le retour au métier ».

Gustave Geffroy, nommé administrateur de la manufacture des Gobelins par Georges Clemenceau en 1908, lui obtient la commande de ses premiers cartons de tapisseries pour la manufacture en 1911, et les suivants en 1918 et 1921 pour la manufacture de Beauvais[5]. En 1912, Anquetin commence ses conférences et des articles pour défendre le retour au métier. En 1914, il organise des dîners-débats mensuels au restaurant Lapérouse et continue ses conférences à l'université populaire. Ses élèves, Jacques Maroger et Camille Versini, se livrent à des recherches sur les vernis et les différentes techniques picturales, avec l'aide du chimiste Marc Havel. Ensemble, ils mettront au point un médium, commercialisé sous son nom par la maison Lefranc & Bourgeois. En 1924, il publie son livre, Rubens[6].

Anquetin fait partie des groupes anarchistes de l'entourage de Zo d'Axa, Jean Grave et Octave Mirbeau. Il participe aux revues La Feuille et L’En-dehors. Il sera aussi dreyfusard[7].

Il est nommé chevalier de la Légion d'honneur[8].

Louis Anquetin meurt à Paris en [9]. Il est inhumé au cimetière d'Étrépagny.

Distinctions

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Œuvres dans les collections publiques

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Femme dans la rue, Paris, musée d'Orsay.
Portrait d'Yvette Guilbert (1893), Albi, musée Toulouse-Lautrec.
Portrait de Toulouse-Lautrec en pied (1889), Albi, musée Toulouse-Lautrec.
Coup de vent sur un pont de la Seine (1889), Brême, Kunsthalle Bremen.
  • La Fille d'Artaban, La Nébuleuse, Dialogue Inconnu [16], lithographie sur vélin crème, programme du Théâtre Libre pour l'année 1896.
  • Cavalier Louis XIII, 1893, Paris, bibliothèque de l'Institut national d'histoire de l'art.
  • Don Quichotte et Sancho Pança, 1893, Paris, bibliothèque de l'Institut national d'histoire de l'art.
  • Les Courses, 1894, Paris, bibliothèque de l'Institut national d'histoire de l'art.
  • Anquetin peintre, 10, rue Clauzel, 1894, Paris, bibliothèque de l'Institut national d'histoire de l'art.
  • Le Lever, 1894, Paris, bibliothèque de l'Institut national d'histoire de l'art.
  • Paul Verlaine, 1895, Paris, bibliothèque de l'Institut national d'histoire de l'art.
  • Un Canter, 1898, Paris, bibliothèque de l'Institut national d'histoire de l'art.
  • Drumont et Vacher, publié dans La Feuille, 1898, lithographie, Achenbach Foundation for graphic Arts, musée des Beaux-Arts de San Francisco.
Marguerite Dufay dans son répertoire (1895), affiche[17].

Décor de théâtre

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  • La Bourgogne, 1911, manufacture des Gobelins.
  • Les Cygnes, 1911, carton de tapisserie aboutissement, tapisserie de la manufacture des Gobelins.
  • La Normandie, 1914, carton de tapisserie, manufacture des Gobelins.
  • La Guerre, 1918, manufacture de Beauvais.
  • Le Retour, 1921, manufacture de Beauvais.

Publication

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  • Rubens , Éditions Nilson, 1924[6].
  • De l'Art, édité par Camille Versini, Paris, Nouvelles Éditions latines, 1970.
  • 1881 : le , création de la Société des artistes français. Anquetin expose au palais de l'Industrie.
  • 1884 : fondation de la Société des artistes indépendants.
  • 1888 : Salon des XX à Bruxelles, Belgique.
  • 1888 : Salon des indépendants : 1re exposition d'Anquetin.
  • 1889 : il expose au Champ de Mars.
  • 1891 : Salon des indépendants, Torse de Jeune fille, Profil de femme, Le Pont des Saints-Pères. Il relance le Salon des refusés.
  • 1898 : Salon de la Société nationale des beaux-arts : Panneau décoratif, acquis par l'État.
  • 1899 : Salon de la Société nationale des beaux-arts : Le Combat.
  • 1902 : juillet, fondation du Salon d'automne.
  • 1907 : Salon de la Société nationale des beaux-arts : Portrait d'Andrée Mégard.
  • 1911 : Salon de la Société nationale des beaux-arts : La Femme au miroir, Léda.
  • 1912 : Salon de la Société nationale des beaux-arts : Les Cygnes, tapisserie des Gobelins.
  • 1914 : Salon de la Société nationale des beaux-arts : Dans le parc.

Expositions

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Un collège porte son nom à Étrépagny[19].

Notes et références

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  1. « ark:/36937/s005affc57f79f59 », sous le nom ANQUETIN Louis (consulté le )
  2. Alain Garric, Essai de généalogie de Louis Émile Anquetin, sur Geneanet.
  3. Édouard Dujardin, « Aux XX et aux Indépendants », La Revue indépendante,‎ (lire en ligne).
  4. Panneaux qui seront déposés en 1907 pour être remplacés par des œuvres sur le même sujet peintes par François Schommer (1850-1935).
  5. Dont Jean Ajalbert fut l'administrateur de 1917 à 1934.
  6. a et b Louis Anquetin, Rubens, sa technique : analyse des tableaux de la Galerie de Médicis au Louvre, (lire en ligne).
  7. Sur son engagement dans l'affaire Dreyfus, voir sa notice du Dictionnaire biographique et géographique de l'affaire Dreyfus {https://dicoaffairedreyfus.com/index.php/2020/02/08/louis-anquetin/}.
  8. « Légion d'honneur », Journal de Rouen, 2 janvier 1910, p. 2.
  9. Peu de temps avant sa disparition, Émile Bernard lui rend visite et brosse son portrait[réf. nécessaire] qu'il dédicace en ces termes : « À Louis Anquetin en témoignage de ma plus profonde admiration. »
  10. Base Léonore.
  11. Portrait of a Man, notice sur nortonsimon.org.
  12. Portrait of a Woman (Marguerite Dufay?), notice sur nortonsimon.org.
  13. « Louis Anquetin, Henri Samary », sur musee-orsay.fr.
  14. Femme dans la rue, musee-orsay.fr.
  15. Portrait de la Goulue.
  16. [1]
  17. Reproduite dans Les Maîtres de l'affiche.
  18. Reproduite dans la revue Les Maîtres de l'affiche (1895-1900).
  19. « Collège Louis Anquetin » (consulté le ).

Bibliographie

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  • Collectif, Catalogue des œuvres d'Anquetin, Nice, 1925. — Exposition du au à L'Artistique à Nice.
  • Jean Ajalbert, Les Peintres de la Manufacture nationale de tapisseries de Beauvais. Louis Anquetin, Paul Vera, Paris, E. Rey, 1930.
  • Émile Bernard, « Louis Anquetin, artiste peintre », Mercure de France, Paris, , p. 597.
  • Émile Bernard, « Louis Anquetin », L'Art et les Artistes, 1933.
  • (en) Joan Cassell-Dassule, Louis Anquetin and The Origins of Synthetism, thèse universitaire, The Pennsylvania State University, 1973.
  • Dictionnaire Bénézit, 1976.
  • Frédéric Destremau, Louis Anquetin et Henri de Toulouse-Lautrec. Amitié, environnement, rencontre et résonance, thèse de doctorat, Paris, université Paris 4-Sorbonne, 1994.
  • Galerie Brame et Lorenceau, Anquetin, la passion d'être peintre, avant-propos de Bernard Lorenceau, textes de Frédéric Destrémau, Thibault de la Chatre, Paris, 1991, 163 p.
  • Fernand Guey, « Un peintre normand. Louis Anquetin », Journal de Rouen,‎ , p. 2-3
  • Jacques-Sylvain Klein, « Anquetin invente le cloisonnisme et bouscule la scène artistique », in: Lumières normandes, les hauts-lieux de l'Impressionnisme, Éditions Point de vues, 2013, pp. 334-339.
  • Jean-Jacques Lévêque, De l'impressionnisme à l'art moderne, les années de la Belle Epoque: 1890-1914, ACR Édition, , 728 p. (ISBN 9782867700484, lire en ligne).
  • Camille Mauclair, « Quelques peintres fantaisistes et décoratifs », La Revue : ancienne Revue des revues, Paris,‎ , p. 190-200 (lire en ligne). — Sur Anquetin, voir pp. 195-198.
  • Ignacio Zuloaga, Gislhaine Plessier, Ignacio Zuloaga et ses amis, Éditions l'Harmattan, 1995 (ISBN 2-73843-624-2).

Liens externes

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