Louis Loew
Louis Loew, né le à Strasbourg et mort le à - Bâle, est un magistrat français. Son nom est associé à l'affaire Dreyfus. Il tint un rôle de premier plan dans la révision (dite première révision) du jugement qui avait établi, le , la culpabilité du capitaine Alfred Dreyfus.
Rôle durant l'Affaire Dreyfus
[modifier | modifier le code]Quand la Cour de cassation est saisie d'une requête en révision du procès le , il en préside la chambre criminelle. L'instruction de cette requête, après qu'elle a été déclarée recevable le , suscite l'indignation des antidreyfusards ainsi que de vives dissensions au sein de la première juridiction, en raison de l'hostilité du président de la chambre civile Jules Quesnay de Beaurepaire[1]. Une violente campagne de presse s'ensuivit[2], dont Louis Loew fut l'une des cibles principales (« le juif Loew », bien qu'il ne fût pas juif), et la chambre des députés fut secouée par des séances particulièrement houleuses[3]. Comme il refusait de se récuser — ce que lui avait demandé le premier président, Charles Mazeau —, un projet de loi fut déposé, qui tendait au dessaisissement de la chambre criminelle au profit des chambres réunies. Cette loi de circonstance fut promulguée le .
Toutefois les chambres réunies validèrent l'instruction menée par Loew et le conseiller Alphonse Bard : le , le jugement ayant condamné Dreyfus fut cassé et annulé. Une autre révision et une autre cassation — celles du procès de 1899 qui suivit — furent cependant nécessaires à la réhabilitation définitive du capitaine Dreyfus.
Louis Loew donna un intéressant compte-rendu de ce chapitre de l'« Affaire » dans un ouvrage publié en 1910 : La Loi de dessaisissement par un dessaisi.
Inhumé au cimetière protestant de Mulhouse, il décida de faire insérer la phrase suivante dans le faire-part de son décès : « Bienheureux ceux qui ont souffert pour la justice. »
Hommages posthumes
[modifier | modifier le code]Le , une salle d'audience du tribunal de grande instance de Mulhouse a reçu le nom de Louis Loew qui fut président de ce tribunal au cours de sa carrière, signifiant par là l'attachement des magistrats aux vertus d'indépendance du politique et de courage dont il fit preuve[4].
Le , le parvis de la faculté de droit de Mulhouse (FSESJ) a été nommé à l'initiative du directeur du département de droit de la faculté de Mulhouse, David Melloni parvis Louis-Loew en hommage à l'engagement de Louis Loew dans l'affaire Dreyfus, dont Mulhouse fête en 2016 les 110 ans de la réhabilitation[5].
Notes
[modifier | modifier le code]- Il accusa ses collègues de partialité et leur reprocha un excès d'égard vis-à-vis du colonel Picquart. Il finit par démissionner le 8 janvier 1899.
- Dans ses Carnets, le conseiller Alphonse Bard note qu'à la fin de l'été 1898, « sur une cinquantaine de journaux parisiens ayant quelque importance au point de vue l'opinion [...] le principe de la révision en rallia environ une douzaine [...]. » Un exemple parmi d'autres donne le ton de la presse antidreyfusarde, celui d'un article du 27 septembre 1898 de L'Autorité où Granier de Cassagnac écrit : « Je sais bien que [...] la Cour de cassation prononcera en dernier ressort. Mais c'est l'antre de la juiverie et de l'internationalisme que cette Cour de cassation dont l'infect Procureur général Manau tient le comptoir. Et, à moins d'un retour de conscience chez ces vieillards oblitérés, nous sommes en route pour de nouvelles et incalculables ignominies. » Quant à Henri Rochefort, il affirme le même jour qu'un juge « ça s'achète comme une paire de bretelles », et il traite la Cour de cassation de « vieille traînée ».
- Le conseiller Bard, le procureur Manau et le président Loew y furent publiquement traités de « trio de coquins ».
- Journal L'Alsace édition de Mulhouse du 10 janvier 2012
- « Site du Campus Fonderie, actualités : 22 avril JOURNEE HOMMAGE A LOUIS LOEW », sur www.campus-fonderie.uha.fr (consulté le )
Ouvrages
[modifier | modifier le code]- Une page d'histoire financière : la vérité sur l'Union générale, par un magistrat, [signé : L.L.], Paris, Fischbacher, 1905.
- La Loi de dessaisissement par un dessaisi, sa genèse, son vote, son abrogation, Paris, Fischbacher, 1910.
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Bertrand Favreau (dir.), Dreyfus réhabilité, cent ans après, Les Entretiens d'Aubeterre I, Le Bord de l'eau édition, 2007.
- James Jaquet-Loew, Le Président Loew, Mulhouse, imp. de Meininger, 1929.
- Roger Lorent, Louis Loew. À propos de l'affaire Dreyfus, Marcinelle, Institut européen interuniversitaire de l'Action sociale, 2005.
- Philippe Oriol, L'Histoire de l'affaire Dreyfus de 1894 à nos jours, Paris, Les belles Lettres, 2014.
- Olivier Motte, Lettres inédites de juristes français du XVIIIe siècle conservées dans les archives et bibliothèques allemandes, 2 vol., Bonn, Bouvier Verlag, 1989.
- Jean Volff, « Loew, Louis », dans Patrick Cabanel et André Encrevé, Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours, t. 3 H-L, Paris, Les Éditions de Paris / Max Chaleil, (ISBN 9782846213332), p. 836-837
Liens externes
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- Ressource relative à la vie publique :
- L'affaire Dreyfus
- Site de la Cour de cassation
- Photo de Louis Loew sur le site de la Cour de cassation