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Oliver Cromwell

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Oliver Cromwell
Illustration.
Portrait d'Oliver Cromwell par Samuel Cooper.
Fonctions
Lord-protecteur du Commonwealth d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande

(4 ans, 8 mois et 18 jours)
Prédécesseur Fonction créée
Conseil d'État
Charles Ier (indirectement, roi d'Angleterre)
Successeur Richard Cromwell
Député anglais

(13 ans, 1 mois et 22 jours)
Circonscription Cambridge
Groupe politique Têtes-Rondes
Prédécesseur Thomas Achat
Successeur Richard Timbs
Député anglais

(1 an et 1 mois)
Circonscription Huntingdon
Prédécesseur Arthur Mainwaring
Successeur Robert Bernard
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Huntingdon
Drapeau de l'Angleterre Royaume d'Angleterre
Date de décès (à 59 ans)
Lieu de décès Palais de Whitehall, Londres
Commonwealth d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande
Sépulture Sidney Sussex College (Cambridge)
Père Robert Cromwell
Mère Elizabeth Steward
Conjoint Elizabeth Bourchier
Enfants Robert Cromwell
Oliver Cromwell
Bridget Cromwell
Richard Cromwell
Henry Cromwell
Elizabeth Cromwell
James Cromwell
Mary Cromwell
Frances Cromwell
Diplômé de Sidney Sussex College (Cambridge)
Profession Militaire
Religion Puritanisme

Signature de Oliver Cromwell

Oliver Cromwell
Chefs d'État britanniques

Oliver Cromwell
Surnom Old Noll
Old Ironsides[1]
Naissance Voir et modifier les données sur Wikidata
Huntingdon (Huntingdonshire (d))
Origine Anglais
Allégeance Drapeau de l'Angleterre Royaume d'Angleterre
Commonwealth d'Angleterre
Commonwealth d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande
Arme Cavalerie
Grade Lieutenant général
Années de service 16421658
Commandement Milice
Association de l'Est
New Model Army
Conflits Guerres des Trois Royaumes
Faits d'armes Bataille de Gainsborough
Bataille de Marston Moor
Seconde bataille de Newbury
Bataille de Naseby
Bataille de Langport
Bataille de Preston
Siège de Drogheda
Sac de Wexford
Siège de Waterford
Bataille de Dunbar
Bataille de Worcester
Autres fonctions Député anglais (16281629 ; 16401653)
Lord-protecteur (16531658)

Oliver Cromwell, en français Olivier Cromwell, né le 25 avril 1599 ( dans le calendrier grégorien)[note 1] à Huntingdon et mort le 3 septembre 1658 ( dans le calendrier grégorien) à Londres, est un militaire et homme d'État anglais, particulièrement connu pour avoir établi en 1649 le gouvernement républicain de l'Angleterre, et l'avoir officiellement dirigé à partir de 1653, avec le titre de lord-protecteur.

En tant que principal commandant de la New Model Army (« Armée d'un nouveau genre » ou « Armée remodelée ») des Britanniques (Anglais et Écossais) révoltés contre le roi Charles Ier, il est vainqueur des royalistes et, après l'exécution du roi en 1649, se hisse au premier plan dans le « Commonwealth anglais », conquérant l'Irlande et l'Écosse.

Issu de la gentry, il bénéficie de revenus très modestes jusqu'à ce qu'il reçoive en héritage le patrimoine de son oncle[2]. En même temps que ce retournement du sort, il se convertit au puritanisme, un mouvement provenant de l'Eglise Anglicane qui entend faire une plus grande différenciation avec le catholicisme et "purifier" la nouvelle église protestante. Il en fait une partie essentielle de sa discipline de vie et de son univers mental. Il est alors élu au Parlement par la circonscription de Cambridge au cours des Short et Long Parliaments, puis est impliqué dans la guerre civile anglaise aux côtés des Roundheads, littéralement « Têtes rondes », ou parti parlementaire, opposé à celui des royalistes.

Soldat compétent, il est promu de simple chef d'une troupe de cavalerie à commandant de l'armée entière. Cromwell se trouve aussi parmi les signataires de l'arrêt de mort prononcé contre le roi Charles Ier en 1649, et membre du Rump Parliament (« Parlement croupion »), qui siège de 1649 à 1653. Ce même parlement envoie Cromwell conquérir l'Irlande, ce qu'il fait de 1649 à 1650, pour se tourner ensuite contre l'armée écossaise de 1650 à 1651. Le , se sentant suffisamment maître de la situation, il dissout par force le parlement, et établit pour un court laps de temps le Barebone's Parliament, également nommé « Assemblée des Saints », en raison de la stricte doctrine puritaine de ses membres. Cette dernière assemblée s'auto-dissout peu avant que Cromwell soit fait lord-protecteur d'Angleterre, du pays de Galles, d'Écosse et d'Irlande le de la même année. À sa mort, il est d'abord enterré à l'abbaye de Westminster, mais lorsque les royalistes reviennent au pouvoir, ils déterrent son corps, l'enchaînent et le décapitent.

Cromwell est l'une des figures les plus controversées de l'histoire des îles Britanniques. Alors que le poète et essayiste John Milton, ainsi que les historiens Thomas Carlyle ou Samuel Rawson Gardiner voient en lui un héros de la liberté, d'autres tels David Hume, Winston Churchill et David Sharp en font un tyran, dictateur régicide. Au sein de la population, les sentiments exprimés sont tout aussi mitigés et passionnés, puisque pour les uns, il s'agit de l'un des plus grands héros nationaux de la patrie anglaise[note 2], alors que pour d'autres ses mesures prises contre les catholiques irlandais étaient presque génocidaires ; il est donc généralement détesté en Irlande. À l'international, certains historiens le comparent parfois à Maximilien Robespierre et Vladimir Ilitch Lénine, puisqu'ils sont considérés comme les principaux responsables de régicides, tout en se rendant ultérieurement responsables de pratiques répressives et d'expériences dictatoriales voire proto-totalitaires éloignées des idéaux de libertés affichés lors des révolutions menées[3],[4],[5],[6].

Naissance et famille

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Il y a peu de sources relatant les quarante premières années de sa vie. Il naît à la maison Cromwell à Huntingdon, le [7], fils de Robert Cromwell (v. 1567 – 1617) et d'Elizabeth Steward (décédée en 1654)[2]. Son grand-père, Henry Cromwell (1537-1604) (en), était également une figure marquante, fait chevalier sous Élisabeth Ire, et ayant siégé à la Chambre des communes en tant que chevalier pour le comté de Huntingdonshire. L'arrière-grand-père d'Henry Cromwell, William ap Tevan (1493-1531), était marié à Joan Tudor (1453-1469) que Myfanwy verch Dafydd (1436-1485) affirme sans preuve être la fille illégitime de Jasper Tudor et la petite-fille de Owen Tudor et de Catherine de France. Joan Tudor est morte en mettant au monde les jumeaux John Williams, père de John Williams (vers 1500-1569) (en), 1er baron of Thame, et Morgan Williams marié en 1499 avec Katherine Cromwell (1482- ), sœur de Thomas Cromwell, parents de Richard Williams (alias Cromwell) (vers 1510-1544) (en) qui est le père d'Henry Williams, alias Cromwell (1537-1604).

Malgré cette ascendance, les Cromwell n'étaient alors que des membres de la gentry. Le patrimoine de Robert Cromwell se limitait à une maison à Huntingdon et à un domaine foncier dans les environs, le tout ne générant au plus que 300 livres de revenu par an, les plaçant ainsi dans la tranche inférieure de la gentry[8].

Jeunesse et éducation

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De ses jeunes années, nous trouvons encore dans les archives de l'établissement des preuves du passage du jeune Oliver Cromwell, vers 1610, à la Huntingdon Grammar School, à la suite de quoi il étudie au Sidney Sussex College à Cambridge, alors une institution nouvellement créée professant une stricte doctrine puritaine. Il doit cependant la quitter dès 1617 sans avoir obtenu de diplôme, son père étant décédé. Plusieurs biographes notent qu'il doit fréquenter ensuite la Lincoln's Inn, une des Inns of Court, écoles de droit de Londres. Cependant, nous ne retrouvons plus dans les archives de la Lincoln's Inn de traces de son passage. La solution à cette énigme diverge selon les biographes. Selon Antonia Fraser, il est très vraisemblable qu'il ait tout de même fréquenté cette institution, alors que son grand-père, son père et deux de ses oncles l'ont fait avant lui, et qu'il y enverra de même son fils Richard en 1647[9]. Au contraire, John Morrill (en) avance que le jeune Cromwell dut demeurer à Huntingdon alors que sa mère veuve avait à charge ses sept sœurs non mariées[10].

Mariage et famille

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C'est en 1620 qu'il épouse Élizabeth Bourchier, le à l'église St Giles-without-Cripplegate, celle-ci se situant à Londres, ce qui constitue un indice de plus suggérant que Cromwell a bel et bien fréquenté l'une des Inns of Court de la capitale. Le père d'Élizabeth Bourchier, Sir James Bourchier, est un marchand de cuir londonien qui possède un important domaine foncier dans l'Essex et entretient des liens nombreux avec les membres de la gentry puritaine locale. Il entre également en contact, grâce à ce mariage, avec Oliver St-John et d'autres membres influents de la bourgeoisie londonienne, ainsi qu'avec les comtes de Warwick et de Holland. Ces liens avec des personnalités importantes de la capitale joueront un rôle crucial dans le futur rôle que tiendra Cromwell.

Le couple Cromwell a neuf enfants, dont Richard Cromwell qui succédera à son père en tant que lord-protecteur du Commonwealth, et Henry Cromwell, qui deviendra Lord Deputy d'Irlande. Sa troisième fille, Mary, épouse Thomas Belasyse, 1er comte Fauconberg.

Crise et héritage

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Charles Ier entame un règne personnel après avoir dissout le Parlement.

Lorsque le Parlement est dissous en 1629, il retourne gérer la fortune paternelle. Député de l'université de Cambridge au Long Parlement (1640), il s'y fait remarquer par ses déclamations contre le papisme et la royauté telle que l'incarnait Charles Ier, à savoir éloignée des préoccupations d'un peuple de plus en plus revendicateur, exerçant un despotisme outrancier et méprisant. Lorsque la guerre civile éclate, en , il est convaincu que c'est le signe de Dieu pour la lutte contre l'épiscopalisme et la monarchie détachée des affaires puritaines[réf. nécessaire].

Il vit comme fermier-gentilhomme, membre de la gentry jusqu'au début de la première guerre civile anglaise en 1642 quand il mène ses ouvriers (en fait une armée recrutée par ses soins) au service du Parlement. Il se signale par son habileté et sa bravoure, mais aussi par ses actes de cruauté. Après son service militaire, il devient un homme politique remarqué, et il est le seul apparemment capable de gouverner après la mort du roi Charles Ier.

Les relations supposées entre Cromwell et la franc-maçonnerie ont donné naissance à des hypothèses jugées minoritaires et fantaisistes[11].

Soutien dans la petite noblesse d'épée

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Olivier Cromwell devient alors le chef d'une révolte de la petite noblesse d'épée de la province [12], devenue révolutionnaire car peinant à joindre les deux bouts[12], révoltée par l'ostentation d'une Cour où elle est écartée, beaucoup s'étant ruinés dans les toutes premières entreprises coloniales[12], dont ils sont souvent écartés depuis les années 1630 et qui vibre à la « guerre de pirates dans les Antilles pour écumer le trésor américain d'Espagne »[12]. Dénonçant une bureaucratie londonienne privilégiée[12], leur philosophe, James Harrington, qui publia La Communauté d'Oceana en 1656[12], livre qui a inspiré un siècle et demi plus tard des révolutionnaires français[13], proposait que ces hobereaux se succèdent à tour de rôle au Parlement[12] et que la propriété foncière agricole soit plafonnée. Le livre dénonce l'éloignement des colonies d'Amérique des Antilles et suggère qu'elles ne pourront rester dans le giron anglais[14].

Carrière militaire et politique à son apogée

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Pièce de monnaie représentant Cromwell.

À l'été 1642, il lève à ses frais (il a hérité en 1638 d'une riche propriété[réf. nécessaire]) une troupe de cavalerie[2] organisée selon des principes démocratiques[15] (officiers élus par la troupe, discussions idéologiques…) : les Ironsides (« côtes de fer »). En 1643, le Parlement le promeut de capitaine à colonel, de manière inexplicable[2]. Sous les ordres de lord Thomas Fairfax, il s'illustre à la bataille de Marston Moor le et à celle de Newbury en octobre. Le Parlement le nomme lieutenant-général de cavalerie.

En 1645, le Parlement le charge de réorganiser l'armée sur le modèle de ses propres troupes (c'est la New Model Army). Il bat les royalistes à la bataille de Naseby le de la même année.

Le , le roi se rend aux Écossais, qui le livrent au Parlement anglais le .

L'armée parlementaire est divisée en deux camps : les Indépendants constitués par les officiers, et les Niveleurs composés par la troupe. Ceux-ci prônent un régime égalitaire. Cromwell est d'abord conquis par leurs idées. En 1648, Charles Ier s'enfuit sur l'île de Wight, mais il est bientôt ramené à Londres. Le Parlement étant peu enclin à juger son souverain légal, Cromwell organise la purge dans ses rangs. Le procès a lieu du au , et Charles Ier est décapité à la hache le .

C'est Edward Whalley, un des plus proches conseillers de Cromwell, et général en chef de ses armées, qui signe l'arrêt de mort de Charles Ier.

Caricature hollandaise représentant Oliver Cromwell en monarque.

Le , Cromwell proclame la république, ou Commonwealth. Il n'a pourtant rien d'un républicain exalté : une vingtaine de mois auparavant, il défendait le principe de la monarchie, déclarant que « nul homme ne pouvait jouir de sa vie et de son patrimoine sans que le roi y ait ses droits »[16]. Mais les relations se détériorent entre le Parlement croupion, parlement à chambre unique, et l'armée ; Cromwell intervient, fait chasser les parlementaires par des soldats et institue un nouveau Conseil d'État dont il est partie prenante ainsi qu'un nouveau Parlement, mais dont les membres sont cette fois-ci nommés par le Conseil d'État. Ce Conseil ainsi que le Conseil des officiers, redoutant l'anarchie latente, nomme Cromwell lord-protecteur de la république d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande en 1653.

Ses pouvoirs sont normalement contrebalancés par le Conseil et le Parlement, mais le Conseil lui est acquis et le Parlement est dissous dès le  : « Allons, Moi, ou plutôt le Seigneur, nous en avons assez. Je vais mettre fin à votre bavardage. Il ne convient ni de l'intérêt de ces nations, ni au bien public, que vous siégiez ici plus longtemps. Je vous déclare donc que je dissous ce Parlement »[17].

Cromwell dissolvant le Long Parlement, Andrew Carrick Gow, 1907, Musée d'Art d'Auckland.

Un plaisantin fait placer un écriteau sur la porte de la salle des séances où il est écrit : « Chambre non meublée à louer »[18].

Cromwell impose ainsi un despotisme puritain intransigeant, fait régner l'austérité, et pratique l'intolérance religieuse envers les catholiques. Les séries de massacres commis par ses troupes durant la conquête de l'Irlande sont encore très présentes dans la mémoire collective.

À l'initiative de Manasse ben Israël, il met fin de facto [19] en 1656 à l'Édit d'Expulsion de 1290 du roi Édouard Ier (roi d'Angleterre) ordonnant l'expulsion de la communauté juive d'Angleterre [20]. Cromwell croyait que les Juifs finiraient par se convertir au christianisme, et dans l'immédiat il voulait tirer profit de leur commerce avec le Nouveau Monde, l'Afrique et l'Inde de la Compagnie britannique des Indes orientales [21]. Après la mort de Cromwell, le pays rétablit la monarchie et le jeune roi Charles II, soucieux d'apaisement, permet aux Juifs de rester.

Dictature - Massacres en Irlande

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En 1656, il convoque un nouveau Parlement parce qu'il a besoin de subsides pour mener la guerre contre l'Espagne en Jamaïque, et le dissout dix jours plus tard.

Une troisième session est ouverte en 1658. Ce Parlement, fortement épuré, lui accorde les subsides et lui demande également de devenir roi et de rétablir la royauté ; sous la pression de ses officiers, Cromwell refuse, mais conserve le droit de désigner son successeur ; il désignera Richard Cromwell, son fils, avant de dissoudre une dernière fois l'Assemblée, le de la même année : « Tout cela ne tend qu'à faire le jeu du roi d'Écosse. De tout cela il ne peut sortir que de la confusion et du sang. Je crois qu'il est grand temps de mettre fin à votre session et je dissous ce Parlement. Que Dieu juge entre vous et moi. »

Oliver Cromwell en armure, par Robert Walker.

Dès lors, Cromwell règne en souverain absolu. Dans le cadre de la conquête cromwellienne de l'Irlande catholique, il achève la conquête de l'Irlande, par le massacre des civils (en 1649 sac de Drogheda, 3 500 morts dont 800 femmes et enfants [22], et sac de Wexford, 2 000 morts militaires et civils) et la confiscation des terres [23] et la soumission de l'Écosse. Même en Angleterre, son fanatisme choque encore [24]. Certains le considèrent comme un criminel de guerre menant une guerre d'extermination [25],[26]. Pour Micheál Ó Siochrú (Trinity College) [27], Cromwell se croit l'exécuteur de Dieu (God's executioner) [28].

Il poursuit son projet Western Design de s'emparer des possessions espagnoles des Caraïbes : Lors de la guerre anglo-espagnole (1654-1660), en 1655 l'amiral William Penn et le général Robert Venables capturent la Jamaïque et expulsent les Espagnols, tâche achevée en 1660. La Jamaïque devient un centre du commerce des esclaves et du commerce triangulaire. En développant la traite négrière et l'immigration, la population passe de quelque 3 000 habitants vers 1650 à environ 18 000 dans les années 1680, les hommes en esclavage étant plus de 9 000 [29].

Il abaisse aussi la marine hollandaise.

Politique étrangère

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Oliver Cromwell et son secrétaire d'État aux Langues étrangères John Milton recevant une délégation de protestant suisse.

Selon l'historien Timothy Venning, critique des thèses voulant que la politique étrangère d'Oliver Cromwell soit motivée uniquement par des raisons religieuses[30], ce dernier avait pris en compte, lorsqu'il a détenu tous les pouvoirs à partir de 1653, les ouvertures diplomatiques de la France et l'Espagne, les deux monarchies les plus susceptibles d’aider Charles II a reprendre le trône de son père après 1651[30]. Alors que le secrétaire d'État anglais John Thurloe a voulu faire durer la guerre le plus longtemps possible[30], le rapprochement avec la France via une forme d'alliance a eu pour résultat qu'en 1656-1658 l'Espagne s'est révélée sans capacité [30], voire sans volonté, de financer ou équiper seule une invasion de l'Angleterre en faveur de Charles II [30].

Le coût d'entretien de l'armée anglaise issue de la Guerre civile, en particulier les 35 navires et 5 000 marins a été estimé en 1654 à 2,6 millions de livres par an, soit 93% du total des dépenses gouvernementales[30], bien au dessus du 1,6 million de recettes, soit un déficit représentant une année d'impôts[30].

Les rébellions en France du début des années 1650 lui donnent l'occasion de reprendre le flambeau religieux[30] car les Huguenots avaient été abandonnés par Charles Ier tandis que les républicains (notamment le groupe « Ormée » de Bordeaux) font partie des ennemis du cardinal Mazarin[30]. Leurs appels à l'aide, tout comme ceux des « Pâques vaudoises » d' dans les Alpes, où les Français sont complices du duc de Savoie Charles-Emmanuel II[30], sont étudiés soigneusement par Cromwell et ses prédécesseurs à la tête du Parlement en 1651-1653[30]. En Cromwell continue à envisager d'aider les révoltes dans le sud-ouest de la France afin d'affaiblir Mazarin[30]. Il reçoit des émissaires, étudie des cartes, envoie ses propres agents, Joachim Hane [31],[32] et Jean-Baptiste Stoppa ou Stouppe[33], afin d'évaluer ses chances de succès, sans oublier le rôle dans la Fronde du prince de Condé et de ses financiers espagnols[30]. Mais finalement il renonce[30].

Il est aussi à l'écoute de l'ambassadeur espagnol Don Alonso de Cárdenas, résident à Londres depuis 1640[30], qui avait cultivé de bonnes relations avec les ennemis du roi Charles Ier au Parlement britannique[30]. Les Français proposent aux Anglais Dunkerque et les Espagnols Calais en Flandre[34], afin de s'attirer chacun leur soutien sur la question des frontières du Comté de Flandre des Pays-Bas espagnols[30].

Selon les observateurs contemporains, Cromwell se révèle alors surtout soucieux de rester en paix avec tous tant qu'il n'a pas consolidé sa position financière et politique[30]. Les prisonniers écossais sont transférés à la Barbade à partir de 1651, afin d'alléger le coût des garnisons, mais il est à la recherche d'une colonie plus vaste où les installer en Amérique[30]. L'expédition contre la Jamaïque permet d'enrôler 3 000 hommes à la Barbade pour affaiblir cette colonie surpeuplée[30].

Mais au Parlement, les pamphlétaires comparent les victoires de la New Model Army avec un instrument de Dieu de l'ancien Israël et brandissent la perspective de croisade contre toute puissance catholique[30].

L'échec de l'expédition à Hispanolia[30], puis les résultats médiocres de l'installation à la Jamaïque, où une partie des soldats désertent[30], renforcent le colonel Modyford, planteur royaliste de La Barbade, qui avait publiquement conseillé d'attaquer plutôt la côte du Venezuela espagnol[30] où existaient déjà des villes et champs utilisables[30].

À la Restauration anglaise, plusieurs soutiens des Parlementaires se rallient au nouveau pouvoir, comme Balthazar Gerbier, qui tente sans succès d'obtenir des postes de dignitaire auprès de Charles II et publie même en 1660 un pamphlet flattant les opinions du nouveau roi en argumentant en faveur de l'autorisation de l'esclavage des Noirs en avançant qu'ils travaillent deux fois plus que les Blancs, pour un coût moindre, et échapperaient ainsi à la mort dans leur contrée d'origine[35].

L'après-Cromwell

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Ancien lieu de sépulture d'Oliver Cromwell dans l'abbaye de Westminster.
Rituel d'exécution de Cromwell, Bradshaw et Ireton en 1661.

Cromwell, affecté par la mort de sa fille Betty un mois plus tôt, s'éteint à Londres le , victime d'une septicémie due à une infection urinaire, facilitée par la malaria[36].

Son fils Richard Cromwell lui succède mais pour très peu de temps car le général George Monck, gouverneur d'Écosse, craint que la nation ne sombre dans le chaos, et cherche à rétablir la monarchie. En , Monck et son armée marchent sur Londres, et avec le soutien populaire, forcent le Parlement à se dissoudre.

Charles II rentre alors à Londres où il va se faire couronner le . Pour venger la mort de son père, il fait juger les régicides, et exhumer le corps de Cromwell de l'abbaye de Westminster et le soumet, avec les dépouilles de son beau-fils Henry Ireton[note 3] et du juge John Bradshaw, au rituel d'exécution post mortem le , date anniversaire de l'exécution de Charles Ier. Son corps est jeté dans un puits et sa tête exposée sur un pieu devant l'abbaye de Westminster jusqu'en 1685. Après trois siècles de vicissitudes, elle sera inhumée au Sidney Sussex College de Cambridge, le [37],[38],[39].

La période qui suit le couronnement de Charles II est appelée la Restauration.

Réalisations

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Premier essor de la Royal Navy

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À l'éclatement de la guerre civile anglaise, la flotte, de trente-cinq navires, se range du côté du Parlement et s'accroît alors très rapidement, jusqu'à parvenir à cent deux bâtiments en 1652. Les tactiques et l'armement évoluent et le combat en ligne de file, laquelle est alors divisée en trois parties — ou escadres —, commandés respectivement par un admiral, un vice admiral et un rear admiral, est introduit. Lors de la guerre de Hollande, sous le commandement d'amiraux tels que Robert Blake, elle se révèle un magnifique outil de combat. Quand Charles II monte sur le trône en , l'effectif est de 154 vaisseaux. Le roi change le nom de la flotte en Royal Navy et désigne Samuel Pepys à la tête du Navy Board, où il organise la création de l'amirauté. Suivent deux guerres contre la Hollande en et  ; Pepys est finalement écarté en 1688, lors de la déposition de Jacques II.

L'attaque des colonies catholiques et espagnoles de la Caraïbe

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En 1655, l'amiral William Penn, à la tête de l'opération Western Design, échoue dans sa tentative de prise de contrôle de la colonie espagnole d'Hispaniola mais parvient à s'emparer de la Jamaïque, dont il fait une importante base pour les corsaires de toute nationalité et l'attaque des navires espagnols. Cromwell espère ainsi prolonger la guerre des Hollandais contre l'Espagne, achevée en 1648.

Ses successeurs de la dynastie Stuart vont au contraire faire la guerre aux Hollandais, coupables de soutenir le trafic du tabac au détriment de la croissance du sucre. La première guerre, en 1664, revient à inverser les alliances de la période élisabéthaine, lorsque les Chiens de Mer anglais combattaient aux côtés des corsaires huguenots et des gueux de mer hollandais contre l'ennemi commun : la monarchie espagnole, première puissance européenne à la tête de son empire et championne du catholicisme.

Auparavant, les forces maritimes de Cromwell, dopées par un important effort de construction navale, ont fait le blocus de l'île de la Barbade, dirigée par des catholiques, puis imposé à l'île des taxes élevées et un monopole d'exportation, qui freine l'essor alors très rapide de cette colonie, où le sucre vient de s'implanter.

Dans les arts et la culture

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Littérature

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  • Les humoristes britanniques Monty Python ont chanté sa biographie sur l’air de la Polonaise no 6, op. 53 de Frédéric Chopin.
  • Une chanson satirique du groupe irlandais The Pogues, intitulée Young Ned of the Hill, lui a été consacrée.
  • Le groupe de punk celtique Flogging Molly a écrit le morceau Oliver Boy en s'adressant à lui.
  • Le groupe de doom metal finlandais Reverend Bizarre a dédié une chanson de son album II: Crush the Insects à Cromwell.
  • Le chanteur Morrissey parle de lui dans sa chanson Irish Blood, English Heart.

Filmographie

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Cinéma et télévision

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Iconographie

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Les statues publiques de Cromwell au Royaume-Uni sont au nombre de cinq et sont classées Grade II pour leurs valeurs architecturale.

  • Londres (Westminster): statue en pied de Hamo Thornycroft (1899), située à l'extérieur de la Chambre des communes à la suite de l'incendie qui a détruit certaines parties du palais de Westminster en 1834.
  • St Ives (Market Hill): statue en pied de Frederick William Pomeroy (1901).
  • Warrington (Bridge Street): statue en pied de John Bell (1899).
  • Wythenshawe (Wythenshawe Park and Gardens): statue en pied de Matthew Noble.
  • Bradford City Hall (Centenary square): statue en pied sur la façade du bâtiment réalisée par Henri Francis Lockwood et William Mawson (1873).

En Suisse, il existe également une statue de Cromwell sur le Mur des réformateurs à Genève.

Notes et références

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  1. Le calendrier julien reste en usage en Grande-Bretagne jusqu'en 1752, date à laquelle il est remplacé par le calendrier grégorien, en vigueur depuis le 20 décembre 1582 (date grégorienne) dans les pays catholiques. Les autres dates de la page sont données dans le calendrier julien, en retard de 10 jours sur le calendrier grégorien.
  2. Il fut ainsi retenu parmi les Top ten Britons of all time dans un sondage mené par la BBC.
  3. époux de sa fille Bridget, mort le .

Références

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  1. Charles Dickens, A Child's History of England volume 3, Bradbury and Evans, , p. 239
  2. a b c et d (en-GB) « Cromwell’s origins | olivercromwell.org » (consulté le )
  3. Paul Chopelin et Sylvène Édouard, « Conclusion. La seconde mort des princes martyrs », dans Le sang des princes : Cultes et mémoires des souverains suppliciés (XVIe – XXIe siècles), Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », (ISBN 978-2-7535-5983-7, lire en ligne), p. 309–313
  4. (de) « Princes martyrs », sur calenda.org (consulté le )
  5. (en) Bill Bowring, « Cromwell, Robespierre, Stalin (and Lenin?): Must Revolution Always Mean Catastrophe? », SSRN,‎ (lire en ligne)
  6. « Gueniffey : « Robespierre incarne d'une façon chimiquement pure l'idée de la table rase » », sur Le Figaro, (consulté le )
  7. (en) « Oliver Cromwell | Biography, Accomplishments, Religion, Death, Ireland, & Facts | Britannica », sur www.britannica.com, (consulté le )
  8. Peter Gaunt, Oliver Cromwell, Blackwell, p. 31 (ISBN 0-631-18356-6).
  9. Antonia Fraser, Cromwell: Our Chief of Men, 1973, Weidenfeld and Nicolson, p. 24 (ISBN 0297765566).
  10. John Morrill, John, « The Making of Oliver Cromwell », dans Morrill, John (éd.), Oliver Cromwell and the English Revolution (Longman), 1990 (ISBN 0-582-01675-4), p. 24.
  11. [1]Albert Mackey, The History of Freemasonry, Chapitre XXXIII : Oliver Cromwell and freemasonry.
  12. a b c d e f et g "La révolution anglaise de Cromwell. Une nouvelle interprétation" parHugh Trevor Roper, dans la revue des Annales en 1955 [2]
  13. "The Commonwealth of Oceana de James Harrington : un modèle pour la France révolutionnaire ?" par Rachel Ammersley, dans la revue Annales historiques de la Révolution française en 2005 [3]
  14. James HarringtonAn Intellectual Biography par Rachel Hammersley aux Editions Oxford University Press en 2019 [4]
  15. (en) « Oliver Cromwell | Biography, Accomplishments, Significance, & Facts », sur Encyclopedia Britannica (consulté le )
  16. Christopher Hill, God's Englishman. Oliver Cromwell and the English Revolution, 1973, page 87
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Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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