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Innovation ouverte

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L’Innovation ouverte ou Open Innovation en anglais, parfois aussi Innovation distribuée désignent dans les domaines de la recherche et du développement des modes d'innovation fondés sur le partage, la collaboration (entre parties prenantes). Cette approche est compatible avec une économie de marché (via les brevets et licences) et avec l'Intelligence économique, et permet des approches alternatives éthiques ou solidaires (économie solidaire) de partage libre des savoirs et savoir-faire modernes ou traditionnels, avec notamment l'utilisation de licences libres dans un esprit dit ODOSOS (qui signifie : Open Data, Open Source, Open Standards). Selon les cas, l'approche peut donc apparaître altruiste ou au contraire comme un moyen de distribuer (concours) ou de partager (partenariat) le risque et l'investissement vers l'extérieur d'une organisation.

L'innovation ouverte postule qu'il est plus efficace et rapide — dans un esprit de travail collaboratif — de ne plus s'appuyer principalement sur sa seule et propre recherche pour innover[1].

De plus, les innovations internes qui ne sont pas utilisées par une entité (groupe, laboratoire d'idées, entreprise) peuvent être « sorties » de cette entité, par l'intermédiaire de publications, bases de données, brevets, entreprise commune, spin-off[2],[3]...

Une grande part de l'innovation ouverte se rapporte à de l'innovation incrémentale de processus.

Comme le laisse penser la similitude des noms, l'innovation ouverte (open innovation) entretient certains rapports avec l'open source, sans en être un équivalent. Open Innovation et Open Source s'appuient sur les valeurs et outils juridiques de protection de la propriété intellectuelle, mais pour en permettre le partage[4].

L'expression open innovation a été proposée et promue par Henry Chesbrough, professeur et directeur du Center for Open Innovation à Berkeley. Elle a été popularisée par son livre fondateur de 2003 : "Open Innovation: The New Imperative for Creating and Profiting from Technology"[5],[6].

Jusqu'aux années 1960-70, les entreprises vivaient plutôt dans un monde d'innovations « fermées », c'est-à-dire principalement développées « en interne » et mises en œuvre au sein de l'entreprise, sous le sceau du secret industriel ou de fabrication.

Les entreprises innovantes cherchaient à protéger leurs découvertes en les maintenant confidentielles. Elles faisaient peu d'efforts pour assimiler des innovations venant de l'extérieur de leurs laboratoires de recherche et développement, d'autant que ces innovations n'étaient elles-mêmes diffusées qu'avec retard en raison du secret qui entourait leur élaboration.

Innovation fermée vs. innovation ouverte

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Innovation fermée

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Dans le paradigme de l'innovation fermée, une entreprise doit contrôler la génération de ses propres idées, ainsi que la production, la commercialisation, la distribution, l'entretien, le financement et le soutien. Ce qui a poussé cette idée est qu'au début du XXe siècle les institutions universitaires et gouvernementales ne se sont pas impliquées dans l'application commerciale de la science. Par conséquent, il a été laissé à d'autres sociétés de prendre le nouveau cycle de développement de produits à leurs charges. Il n'y avait pas le temps d'attendre que la communauté scientifique soit plus impliquée dans la pratique de l'application scientifique. Il n'était pas possible d'attendre que les autres compagnies commencent à produire des composants dont ils avaient besoin pour leur produit final. Ces sociétés sont devenues relativement autonomes, avec peu de communication dirigée à l'extérieur vers d'autres entreprises ou des universités.

Innovation ouverte

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L'innovation ouverte est avant tout l'inverse de l'innovation fermée. Elle s'est généralisée, tout au long des années, grâce à plusieurs facteurs qui ont émergé :

  • La disponibilité croissante et la mobilité des travailleurs qualifiés.
  • La croissance du marché du capital-risque.
  • Possibilité externe à la société pour des idées qui prennent la poussière.
  • La capacité croissante des fournisseurs externes.

Ouvrant la voie au paradigme de l'innovation ouverte, ces quatre facteurs ont abouti à un nouveau marché de la connaissance. La connaissance n'est plus exclusive à la société. Elle réside dans les employés, les fournisseurs, les clients, les concurrents et les universités. Si les entreprises n'utilisent pas les connaissances qu'elles ont en interne, quelqu'un d'autre l'utilisera.

Deux approches peuvent co-exister (ou non) : 1) outside-in (ou inbound) quand une entité cherche à importer des connaissances, méthodes ou technologies innovantes pour les intégrer ; 2) une approche inside-out (ou outbound), quand elle cherche à exporter ses innovations en valorisant sa propriété intellectuelle via le brevet ou une licence libre[5].

On peut distinguer l'innovation ouverte transactionnelle qui vise une transmission unique de propriété intellectuelle ou de savoir-faire et le partenariat où deux entreprises s'engagent sur le long terme à collaborer de manière pré-compétitive (collaboration de plusieurs entreprises pharmaceutiques dans la recherche fondamentale) ou non compétitive (par exemple Mercedes et Swatch pour créer la Smart).

Parmi les pratiques d'open innovation, les plus souvent mobilisées sont les suivantes :

  1. la résolution collaborative de problèmes,
  2. le concours d'idées et hackathons,
  3. les boîtes à idées, les portails, les réseaux sociaux d'entreprise,
  4. les communautés de bêta-testeurs,
  5. l'utilisation de l'Open Data & des APIs,
  6. les partenariats avec les entrepreneurs
  7. le Corporate Venturing[7]
  8. les PPP (Partenariats publics-privés)[8],[9] - dont les partenariats d'innovation[10]

Les intermédiaires en innovation ouverte

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Pour faciliter l'innovation ouverte, une nouvelle catégorie d'acteurs a vu le jour celui « d'intermédiaires de l'innovation ouverte ».

Ces intermédiaires peuvent être internes ou externes aux entreprises, digitaux ou humains.

Les intermédiaires digitaux sont le plus souvent des plates-formes et outils d'échanges de type Give and Get (donner/recevoir) ou des plates-formes mutualisées d'innovation. Elles s'organisent autour d'appel à innovation, avec des récompenses à la clef. Dans certains cas, par exemple pour les prix (allant jusqu'à 1 million de US dollars) délivrés par une entreprise qui joue le rôle d'intermédiaire en innovation ouverte, il s'agit d'inviter les « esprits créatifs » à résoudre des problèmes que se posent les entreprises ou organisations non gouvernementales. Dans certains cas, ces problèmes peuvent être d'intérêt public[11] (problèmes de biodiversité, pollution, climat, santé environnementale, alimentation, développement, éducation). Dans ce cas, en échange des bourses scientifiques qui sont offertes aux chercheurs retenus, il leur est demandé de publier leurs résultats sous une licence perpétuelle, libre, gratuite, ce qui place l'innovation dans le bien commun[12],[13].

Les intermédiaires internes et humains sont le plus souvent les « managers open innovation » qui sont chargées de l'animation des relations externes en innovation de leur société[14]. De plus en plus, ce rôle est également joué par une nouvelle fonction qui fait le lien entre les Achats, la R&D et les organisations innovantes externes : les Achats-Innovation[15].

La notion d'Open innovation a rencontré aussi un certain nombre de critiques.

Ainsi, des chercheurs en innovation soulignent que Chesbrough a créé une fausse dichotomie qui oppose des firmes qui suivraient aveuglément leur agenda de R&D, et d'autres qui seraient uniquement et totalement ouvertes sur l'extérieur (Trott et Hartmann, 2009). À cette critique Chesbrough répond lors de ses conférences que le terme d'innovation "ouverte" a été forgée par opposition à un modèle d'innovation "fermée", plutôt que pour désigner un modèle d'innovation totalement ouverte [réf. souhaitée].

D'autres critiquent le caractère "universel" souvent associé à l'open innovation, en s'appuyant sur des exemples d'industries fermées (industrie pharmaceutique, militaire) inadaptées à ce mode de valorisation ou sur des entreprises réputées pour le cloisonnement de leur R&D et affichant pourtant une performance record (Apple Inc.) (Benkeltoum, 2011 : 205-213). Mais des acteurs tels que l'armée américaine vont jusqu'à organiser des concours (de robotique par exemple) qu'ils exploitent comme un vivier d'innovation (ex : concours tels que le DARPA Grand Challenge ou le DARPA Robotics Challenge organisé par la Defense Advanced Research Projects Agency, ou DARPA, « Agence pour les projets de recherche avancée de défense » respectivement dotés d'un 1er prix d'1 million de dollars et de 2 millions de dollars[16]). L'Industrie pharmaceutique a aussi parfois fait appel à ce type de démarche pour tenter de trouver des médicaments qu'elles n'arrive pas à produire, dont avec un grand journal scientifique[réf. souhaitée].

Notes et références

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  1. (en) Joel West et Marcel Bogers, « Leveraging External Sources of Innovation: A Review of Research on Open Innovation », Journal of Product Innovation Management, vol. 31, no 4,‎ , p. 814–831 (ISSN 1540-5885, DOI 10.1111/jpim.12125, lire en ligne, consulté le )
  2. (en) René Rohrbeck, Mario Döhler et Heinrich Arnold, « Creating growth with externalization of R&D results—the spin-along approach », Global Business and Organizational Excellence, vol. 28, no 4,‎ , p. 44–51 (ISSN 1932-2062, DOI 10.1002/joe.20267, lire en ligne, consulté le )
  3. (en) Maria Neves et Mário Franco, « Academic spin-off creation: barriers and how to overcome them », R&D Management,‎ , n/a–n/a (ISSN 1467-9310, DOI 10.1111/radm.12231, lire en ligne, consulté le )
  4. (en) Karim R Lakhani et Eric von Hippel, « How open source software works: “free” user-to-user assistance », Research Policy, vol. 32, no 6,‎ , p. 923–943 (DOI 10.1016/s0048-7333(02)00095-1, lire en ligne, consulté le )
  5. a et b Chesbrough, Henry William., Open innovation : the new imperative for creating and profiting from technology, Harvard Business School Press, , 227 p. (ISBN 978-1-4221-0283-1, OCLC 50721042, lire en ligne)
  6. Guillaume Carton, Les coulisses du management, Paris, Economica, , 106 p. (ISBN 978-2-7178-7156-2 et 2-7178-7156-X, OCLC 1259423746, lire en ligne), chap. 9 (« L'open innovation »), p. 71-77
  7. Martin Duval et Klaus Speidel, Open Innovation : développez une culture ouverte et collaborative pour mieux innover, Paris, Dunod, , 186 p. (ISBN 978-2-10-070519-1), p. XII
  8. (en) Tobias Heger et Magnus Boman, « Networked foresight—The case of EIT ICT Labs », Technological Forecasting and Social Change, vol. 101,‎ , p. 147–164 (DOI 10.1016/j.techfore.2014.02.002, lire en ligne, consulté le )
  9. (en) René Rohrbeck, Katharina Hölzle et Hans Georg Gemünden, « Opening up for competitive advantage – How Deutsche Telekom creates an open innovation ecosystem », R&D Management, vol. 39, no 4,‎ , p. 420–430 (ISSN 1467-9310, DOI 10.1111/j.1467-9310.2009.00568.x, lire en ligne, consulté le )
  10. « IPP •• Resources », sur innovation-procurement.org (consulté le )
  11. « creative minds solve some of the world's most important problems »
  12. « You are required to give the Seeker a free, perpetual, and non-exclusive license to use any information submitted for this Challenge. »
  13. Page d'InnoCentive consacrée à la campagne Nature de 2010, dans le cadre du pavillon du challenge à l'Innovation du Journal Nature (consultée 2010/11/03)
  14. (en) « A Profile of Open Innovation Managers in Multinational Companies »
  15. Romaric Servajean-Hilst et Richard Calvi, « Shades of the innovation-purchasing function — the missing link of open innovation », International Journal of Innovation Management,‎ , p. 1850008 (ISSN 1363-9196, DOI 10.1142/S1363919618500081, lire en ligne, consulté le )
  16. Erico Ackerman, « How South Korea's DRC-HUBO Robot Won the DARPA Robotics Challenge », sur spectrum.ieee.org (consulté le )

Articles connexes

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Bibliographie

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Parmi les nombreux ouvrages publiés sur l'Open Innovation ces dernières années, un des exemples le plus cité est celui de Procter & Gamble avec le lancement en 1999 de son initiative « Connect and Develop ».

  • Nordine Benkeltoum, Gérer et comprendre l'open source : une modélisation en termes de régimes, Paris, Presses des Mines-Transvalor, 231 p. (ISBN 978-2-911256-49-3)
  • Christensen, Jens Frøslev, Michael Holm Olesen and Jonas Sorth Kjær, (2005). The industrial dynamics of Open Innovation - Evidence from the transformation of consumer electronics ; Research Policy Vol. 34, p. 1533-1549
  • (en) Henry Chesbrough, Open innovation : the new imperative for creating and profiting from technology, Boston, Mass, Harvard Business School Press, , 227 p. (ISBN 978-1-57851-837-1, lire en ligne)
  • Guetteville, Jean Béhue Open-Source: le management à la source, in La Tribune, , Texte en ligne
  • (en) C.K. Prahalad et M.S. Krishnan, The new age of innovation : driving cocreated value through global networks, New York London, McGraw-Hill Professional McGraw-Hill distributor (ISBN 978-0-07-159828-6)
  • (en) A.G. Lafley et Ram Charan, The game-changer : how you can drive revenue and profit growth with innovation, New York, Crown Business, , 336 p. (ISBN 978-0-307-38173-6)
  • Penin, Julien, Caroline Hussler and Burger-Helmchen, Thierry, (2011): New shapes and new stakes: a portrait of open innovation as a promising phenomenon Journal of Innovation Economics, no 7, 11-29.
  • Rohrbeck, R., Hölzle K. and H.G. Gemünden (2009): Opening up for competitive advantage - How Deutsche Telekom creates an open innovation ecosystem R&D Management, Vol.39, S. 420-430.
  • Don Tapscott, Anthony D. Williams (2007) Wikinomics, Wikipedia, Linux, You Tube, comment l'intelligence collaborative bouleverse l'économie ; Village Mondial
  • Trott, Paul and Hartmann, Dap (2009), Why 'Open Innovation' Is Old Wine In New Bottles, International Journal of Innovation Management, December, Vol. 13, No. 04 : p. 715-736. http://www.hamafarini.com/images/EditorUpload/1.pdf

2014

  • Martin Duval/Klaus Speidel, Open Innovation. Développez une culture ouverte et collaborative pour mieux innover, Dunod, 2014, (ISBN 9782100705191)

Liens externes

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