Piqûre sauvage
Le phénomène des piqûres sauvages (également appelé agression à la piqûre, agression à la seringue ou encore piqûres en boîtes de nuit) est un phénomène initialement signalé au Royaume-Uni et en Irlande où des personnes, généralement des jeunes femmes, auraient été victimes d'une injection subreptice de produits non identifiés, supposément des sédatifs, généralement en boite de nuit, lors de festivals, en concert, mais aussi dans la rue[1]. Certaines victimes ont présenté des symptômes tels qu'une sédation et une amnésie typiques des drogues du viol. Aucun résultat toxicologique vérifié n'a été publié montrant la présence d'agents incapacitants connus chez les victimes présumées. La prévalence de cas réels est inconnue et controversée, certains experts exprimant des doutes quant à la facilité avec laquelle de telles injections pourraient être effectuées sans que cela soit immédiatement évident pour la victime[2],[3],[4],[5],[6].
Incidents
[modifier | modifier le code]56 incidents d'agression à la piqûre ont été enregistrés en septembre et octobre 2021[7].
Selon VICE News, 274 cas ont été signalés entre septembre et novembre 2021 au Royaume-Uni auprès du National Police Chiefs Council (NPCC). Le NPCC a déclaré qu'aucun cas n'avait pu être confirmé[8].
Angleterre
[modifier | modifier le code]À Nottingham, où 15 rapports de piqûres d'aiguilles ont été signalés en octobre, la police a identifié un cas où la blessure d'une victime « pourrait être compatible avec une piqûre d'aiguille »[9].
Trois hommes ont été arrêtés à Brighton et Eastbourne[10].
Dans le Yorkshire, des personnes retenues dans une boîte de nuit pendant deux heures à la suite d'allégations selon lesquelles deux femmes auraient été piquées à l'aide d'aiguilles[11].
En décembre 2021, le service de police du Nottinghamshire avait reçu 146 rapports de dopage présumé d'agressions avec des aiguilles. Neuf arrestations ont été effectuées mais aucun suspect n'a été inculpé par la suite[12].
Irlande
[modifier | modifier le code]En Irlande, la Garda Síochána a mené plusieurs enquêtes sur des agressions par aiguilles en octobre et novembre 2021[13]. Le premier signalement connu de piqûre sauvage en Irlande remonte au 27 octobre lorsqu'une femme déclare avoir été piquée avec une aiguille dans une boîte de nuit de Dublin[14].
Irlande du Nord
[modifier | modifier le code]En Irlande du Nord, le PSNI a ouvert une enquête après qu'une femme a rapporté avoir été piquée avec une aiguille à Omagh le 6 novembre[15].
Belgique
[modifier | modifier le code]En mai 2022, il y aurait eu un incident d'injection d'aiguilles sur des supporters de football lors d'un match entre le KV Mechelen et le Racing Genk. Quatorze fans de football de la même section du stade ont ressenti une piqûre et sont ensuite tombés malades[16].
Plus récemment [Quand ?], dans la ville de Hasselt (Limbourg), vingt-quatre jeunes sont tombés malades au festival pour adolescents We R Young après ce que l'on pense être une série d'agression à la seringue. Il y a encore débat pour savoir s'il s'agit peut-être d'une psychose collective[17].
Allemagne
[modifier | modifier le code]En mai 2022, la musicienne australienne Zoé Zanias de Linea Aspera affirme avoir été attaquée avec une seringue dans la discothèque Berghain à Berlin. Cette agression a entraîné chez elle une dépression respiratoire et une expérience « psychédélique »[18],[19].
France
[modifier | modifier le code]En novembre 2021, une jeune fille témoigne avoir été piquée et violée dans le centre ville de Lille[20].
Début juin 2022 et selon TF1, 500 signalements de piqûres sauvages ont été recensés depuis l'automne 2021[21]. Mi-août, ce sont près de 1 000 cas qui sont recensés[22]. À Toulon, une vingtaine de personnes porte plainte pour des piqûres sauvages. De nombreuses personnes se sont retrouvées au sol, prises d’un malaise[23]. Des suspects sont identifiés dont une quinzaine d’entre eux possédant des aiguilles de deux centimètres[23]. Un homme de 20 ans a été interpelé puis mis en examen et écroué[23]. Des dépôts de plaintes ont lieu à la suite d'agressions à la seringue à Belfort et dans le Gers[24]. Des agressions similaires ont été signalées à Nîmes[21], dans la métropole grenobloise, à Nantes, à Lyon[25] un peu partout en France[26],[27]. Deux cas ont permis de déceler des traces de GHB à Roanne et dans les Pyrénées orientales[21].
Suisse
[modifier | modifier le code]Le 13 août 2022, la Street Parade, un grand événement rave en plein air réunissant des centaines de milliers de participants, a lieu à Zurich. Huit participantes au total ont contacté les services de premiers secours en affirmant avoir été victimes de piqûres d'aiguilles. L'une des victimes, une jeune femme de 16 ans, aurait été piquée 14 fois[28].
Revendications sur les réseaux sociaux
[modifier | modifier le code]Des allégations d'agression par injection à la seringue ont été diffusées sur les réseaux sociaux, aux côtés d'autres allégations d'utilisation de drogues du violeur dans des boissons[29],[30],[31].
Risques
[modifier | modifier le code]Le but de ces agressions reste début juin 2022 encore flou. Le contenu des seringues semble ne être pas toujours le même[1]. Certaines drogues comme le GHB deviennent rapidement indétectables[1].
Il existe également des risques de transmission de certaines maladies, telles que l'hépatite B ou le VIH[1] inhérentes à l’utilisation d’aiguilles non stériles.
Réactions
[modifier | modifier le code]Des inquiétudes ont été exprimées par des militants, des politiciens et des associations étudiantes[29]. Le ministre britannique de l'Intérieur, Priti Patel, aurait demandé une mise à jour urgente de la police concernant ces incidents[30].
Boycotts et contrôles plus sévères
[modifier | modifier le code]En réponse, un certain nombre de femmes des villes universitaires ont décidé de boycotter certaines boîtes de nuit[32],[33]. Les militants ont également appelé les boîtes de nuit à imposer des contrôles plus stricts à l'entrée. Une pétition en ligne sur la question a été adressée pour examen au Parlement anglais[7],[34].
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Références
[modifier | modifier le code]- « Agression à la seringue : que faire si vous êtes victime ou témoin de ces piqûres sauvages », sur www.sortiraparis.com (consulté le ).
- Ng K. Needle Spiking: What is it and why is it happening? The Independent, 21 October 2021.
- Brown L, Rahman-Jones I. Injection spiking: How likely is it? BBC News, 22 October 2021.
- Specia M, Kwai I. ‘Needle Spiking’ of Women in Britain Stirs Alarm Over New Kind of Assault. The New York Times, 25 October 2021.
- Gallagher C. Gardaí investigate claim woman ‘spiked’ in nightclub with needle. The Irish Times, 27 October 2021.
- Francis E. Reports of ‘needle spiking’ in Britain drive young women, students to boycott bars. The Washington Post, 29 October 2021.
- « Women boycott UK bars and clubs to demand action on drink-spiking », The Guardian, (lire en ligne).
- (en) « 274 Reports But Zero Confirmed Cases: What We Know About 'Needle Spiking' in the UK », www.vice.com (consulté le ).
- « Nottinghamshire Police investigate 15 reports of needle spiking », sur BBC News, .
- « Brighton and Eastbourne spiking: Three men arrested », BBC News, (lire en ligne).
- « Clubbers kept inside nightclub for hours by police after girls 'spiked with needles' », The Independent, (lire en ligne).
- (en-GB) « Nottinghamshire Police receive 146 needle spiking reports », sur BBC News, (consulté le ).
- Rebecca Daly, « Gardai confirm multiple 'needle spiking' investigations as woman left 'disorientated by drugs' », Irish Mirror, (lire en ligne, consulté le ).
- Conor Gallagher, « Gardaí investigate claim woman 'spiked' in nightclub with needle », The Irish Times, (lire en ligne, consulté le ).
- Christopher Leebody, « PSNI investigating Omagh needle spiking incident targeting woman », Belfast Telegraph, (lire en ligne, consulté le ).
- « Needle apiking confirmed at top flight match », sur vrt.be, .
- collin clapson, « needle-spiking-or-mass-hysteria-at-we-r-young », VRT NWS, (lire en ligne, consulté le ).
- (de) « Berlin: Sängerin wird in Berliner Club mit Spritze attackiert und durchlebt einen Horrortrip », www.rnd.de (consulté le ).
- (de) Kittel, « Nach der Spritzen-Attacke im Berghain: „Ich dachte wirklich, ich sterbe jetzt“ », Berliner Zeitung (consulté le ).
- « Agressée à la seringue en pleine rue, à Lille : « Je me suis fait violer » », sur actu.fr (consulté le ).
- « Piqûres sauvages : symptômes des victimes et investigations des enquêteurs... ce que l'on sait de l'ampleur du phénomène », sur ladepeche.fr (consulté le ).
- « PODCAST. Victime de piqûres sauvages lors de la Fête de la musique à Vannes, elle témoigne », ouest-france, (lire en ligne).
- « Piqûres sauvages : ce que l’on sait sur la première interpellation à Toulon », sur TF1 INFO, (consulté le ).
- « «Piqûres sauvages» : plusieurs plaintes en France ce week-end, une mise en examen », sur LEFIGARO, (consulté le ).
- « Faits-divers - Justice - Le mystère des piqûres sauvages en soirée », sur ledauphine.com (consulté le ).
- « Société. Piqûres en boîte de nuit : votre département est-il concerné ? », sur ledauphine.com (consulté le ).
- « Piqûres en boîtes de nuit : le phénomène se répand partout en France », sur Le Messager (consulté le ).
- (de) « Needle-Spiking: An der Streetparade 14-mal mit Nadel gestochen », (consulté le ).
- Sophia Smith Galer, « Here's What We Know About Reports of Women Being 'Spiked With Needles' in UK Clubs », Vice News, (lire en ligne).
- Alex Wickham, « London Playbook: Spike warning — No Plan B for now — Hero to net zero », Politico, (lire en ligne).
- Megan Lawton, « Drink spiking at house parties 'big concern' for police », BBC News, (lire en ligne).
- « Norwich: Drink-spiking fears prompt venue boycott », BBC News, (lire en ligne).
- « Suffolk nightspot injection spiking attacks investigated », BBC News, (lire en ligne).
- « Thousands of women set to boycott nightclubs for 'night in' protest amid surge in reports of drink spiking and unknown injections », Sky News, (lire en ligne).