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Ragnies

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Ragnies
Ragnies
Le quartier de l’église Saint-Martin.
Administration
Pays Drapeau de la Belgique Belgique
Région Drapeau de la Région wallonne Région wallonne
Communauté Drapeau de la Communauté française de Belgique Communauté française
Province Drapeau de la province de Hainaut Province de Hainaut
Arrondissement Thuin
Commune Thuin
Code postal 6532
Zone téléphonique 071
Démographie
Gentilé Ragnicole[1]
Population 437 hab. (1/1/2020)
Densité 32 hab./km2
Géographie
Coordonnées 50° 18′ 30″ nord, 4° 17′ 02″ est
Superficie 1 347 ha = 13,47 km2
Localisation
Localisation de Ragnies
Localisation de Ragnies au sein de Thuin
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Ragnies

Ragnies (en wallon Ragniye) est une section de la ville belge de Thuin, située en Région wallonne dans la province de Hainaut.

C'était une commune à part entière avant la fusion des communes de 1977.

Ragnies fait partie de l'association qui regroupe les plus beaux villages de Wallonie.

Étymologie

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Un coin du village.

Le nom est attesté sous les formes Ragnée, Raignée, Ragnier, Raignes, Rangnies, Range, Rohegnies, Raingnies, Raingnies, Rainie, Rane, Raigny, etc.

Dans un dernier ouvrage[réf. nécessaire], Chotin, dont la version reste plus que douteuse, explique qu’il est composé de deux éléments, dont l’un est sous-entendu (villa). Radionacis est un nom propre au génitif ; il signifie donc « le Domaine de Radionax ». Dans le pouillé, rédigé en 1551 pour le Diocèse de Liège, dont Ragnies faisait partie (terre mangée), il est dit : Raignéez, sire Rangnes[2].

Dans l’un des plus anciens, le Polypticum de Jean I, Évêque de Cambrai, et qui date de 868, Ragnies est désigné par le mot Radionacis. Le nom le plus ancien, le nom primitif de Ragnies, paraît être plutôt Radionacis. C'est l’origine de ce dernier qu’il s’agit de rechercher. Comme ce village faisait partie de l’ancien pays de Liège, on ne trouve absolument rien dans les anciens historiens du Hainaut. En ce qui concerne un livre historique qui en ferait mention, il n’en existe pas à la bibliothèque royale, ni ailleurs, sans doute. On ne peut que hasarder une hypothèse : Villa Radionacis, « Domaine de Radionax ».

Cependant, cette forme semble peu fiable et suggère une cacographie pour *Radoniacas ou *Rædiniacas[3]. En effet, il s'agit vraisemblablement d'un nom de lieu en *-IACAS ou de sa forme allongée -*INIACAS. Ces suffixes ont donné les terminaisons en -ies et -gnies de Belgique et du nord de la France. Il s'agit d'une forme au datif pluriel du suffixe -*ACU ou allongé -*INIACU indiquant la propriété gallo-romaine et mérovingienne, issu du celtique -*āko. Le premier élément est possiblement le nom de personne germanique Rado ou Rædo[3] / Radinus que l'on retrouve par exemple dans Radonvilliers (Villare Radonis 1080), Raville (Moselle, Radonis villa XIe siècle) et Radinghem (Pas-de-Calais, Nord Radinghehan 1204), ce genre de formation étant le plus souvent composé avec un nom de personne germanique.

Où cette villa, manoir rural du seigneur franc, a-t-elle pu se trouver ? Lorsque l’on arrive de Thuin, on aborde ce village de Ragnies par un quartier qu’on appelle « Le Catia ». La graphie des attestations varie selon les époques : on a écrit Castia, Castiel, Castiau et enfin Catia, forme locale picarde issue du mot bas latin "CASTELLU", comme le français château. On peut donc croire que s’est trouvée là la villa du seigneur franc (Mansum Regale). Placé sur une légère élévation, ce château fort était entouré de hautes murailles et de larges fossés, qu’alimentaient les eaux des marais voisins. Autour de ce château se sont élevées les habitations des serfs, dépendants du seigneur, et ont commencé ainsi à former ce village de Ragnies.

Évolution démographique

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  • Sources : INS, Rem. : 1831 jusqu'en 1970 = recensements, 1976 = nombre d'habitants au 31 décembre.

Géographie

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Premiers peuplements

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Ragnies (ou Radon[réf. nécessaire]) est un village dont l’origine est très ancienne (IIe siècle av. J.-C.)[réf. souhaitée].

Du temps des Celtes c’était un lieu sacré, où les peuplades se réunissaient certains jours pour offrir à leurs dieux des sacrifices[réf. nécessaire], et particulièrement des sacrifices humains. Diverses peuplades celtiques se partageaient la Belgique et la nation établie sur cette partie du sol belge, au moment de la guerre avec Rome, était celle des Nerviens.

Jules César en fit la conquête à la suite d’un dernier et terrible combat non loin d’ici, sur les lieux de l'actuel village de La Buissière, où les Nerviens furent défaits. Cette lutte s’est étendue sur le territoire de Fontaine-Valmont, Ragnies et Strée, ce que confirment les découvertes d’antiquités romaines faites surtout dans ce dernier village[réf. souhaitée].

La voie romaine

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Non loin de Ragnies passait la chaussée romaine de Bavay à Trèves. Elle entrait dans le Hainaut entre Bersillies-l'Abbaye et Solre-sur-Sambre et passait par Strée (du vieux terme français (e)strée, issu de via strata qui désigne justement la voie aménagée, par rapport à la via rupta > route). Il ne paraît pas improbable que cette voie romaine traversait la Sambre, qui formait un gué assez facile à franchir, presque en face de l’ancien château Grignart, pour arriver sur cette partie du territoire de Ragnies, appelé aujourd’hui Grégniaut ou Grigniaut, c’est-à-dire Grignart. Cette voie assez large est considérée comme une ancienne voie romaine et conserve toujours en cet endroit le nom de chemin de Grégniaut.

Elle traverse le bois de Villers, puis l’ancien chemin de Thuin à Maubeuge, passe vers le hameau de Biercée, la chapelle des quatre arbres à Ragnies, appelée aussi la chapelle du Maréchal, puis le chemin de la Maronne et celui de l’Enfré[4] va à Thuillies, Ossogne, traverse la chaussée romaine[5], se dirige vers Rognée, Valcourt, Silenrieux, Philippeville et continue vers Givet.

Au Moyen Âge, les marais formés par les débordements de la Sambre ont servi plusieurs fois à fortifier les repaires des brigands ; à trois kilomètres de Lobbes, on aperçoit encore une montagne très escarpée, endroit où était érigé l’ancien château féodal de Grignart.

Maurosius et ses compagnons y dévalisaient en ces lieux, les marchands et voyageurs qui franchissaient le gué (route détournée des "Romains" qui traversait la Sambre en cet endroit. Ce Maurosius, hardi détrousseur, s’étant converti, fonda les Abbayes de Lobbes (654) et d'Aulne (656)[réf. souhaitée]. L’histoire nous rapporte qu’il allait souvent verser des larmes sur les ruines de Grignart.

Par la suite, ce château Grignart devint encore, à deux reprises, un repaire de brigands farouches.

L’histoire nous raconte les exploits d’Anselme et du Chevalier Isaac du temps d’Abélard, abbé de Lobbes (1045).

On trouvait à Ragnies, non seulement des mutationes, mansiones ou mansus (métairies données par le seigneur du village avec douze bonniers de terre, qui en formaient ordinairement l’étendue), puisqu’on en a découvert des débris, mais également des Villae Romanae, le Mansum Regale[6] (1), le Ham[7].(2)[réf. souhaitée]

Le XIXe siècle

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En revenant du Fosteau[8], et suivant la chaussée de Lobbes à Beaumont, en face de la 6e barrière, dite des Minières, non loin du chemin Antique de Thuin à Maubeuge le Gibet sur le territoire de Ragnies à la limite de Biercée.

Ragnies fusionne en 1977 avec sept communes pour créé l'entité de Thuin.

  • La ferme de la Court, actuellement la Distillerie de Biercée.
    Église Saint-Martin. Bâtie au XIIe siècle pour la nef, le chœur à la fin du XVIe siècle ou au début du XIIe siècle en gothique hennuyer[9].
  • Ferme Espagnole. Appartient comme le village à l'ancienne abbaye de Lobbes[10]. Elle est située rue Lieutenant-Général Conreur.
  • Ferme du Chêne. Principalement du XVIIIe siècle[11].
  • Ferme de la Folie. Remontant au XVIIIe siècle, transformée au XIXe siècle[12]. Elle est située rue de la Folie.
  • L'intérieur de la distillerie.
    Presbytère. Construction de style classique bâti probablement en 1770[13]. Il est situé sur la place de Ragnies.
  • Ferme de Pommerœul. Surplombant le ruisseau du Pont-à-Roulette, bâtie à la deuxième moitié du XVIIIe siècle, c'est une ancienne dépendance de l'abbaye de Lobbes[14]. Elle est située rue Pommeœul.
  • Chapelle du Marchau. Potale de style classique et en calcaire datée de 1824[14]. Située au lieu-dit Quatre Arbres.
  • Bâtiment de la ferme de la Court.
    Ferme de la Court. Ancienne possession de l'abbaye de Lobbes[15]. Aujourd'hui, elle abrite la Distillerie de Biercée. Elle se situe rue de la Roquette.
  • Ferme de la Borne. Ensemble clôturé remontant au XVIIIe siècle[16].

Sites archéologiques

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Une rue du village.
Trois alambics en cuivre faisant partie de la collection des anciens allambics exposés au musée de la distillerie de "Biercée".

La chaussée de Lobbes à Beaumont coupe aujourd’hui ce champ, et, en la construisant, on y a mis au jour un escalier conduisant à une cave portant des niches dans les murailles ; l’éternelle cave à niches de toutes les villas belgo-romaines. D’après les anciens, le nom de Gibet, se justifierait par le fait que l’on y aurait trouvé des fers et des chaînes semblables aux entraves employées dans l’Antiquité pour les criminels (cortenae). Il paraît vraisemblable qu’il s’agisse du lieu véritable d’un gibet féodal établi sur le terrain.

Dans ce cas, les pierres de l’instrument de supplice auraient été utilisées non loin de là, la terre était saturée jusqu’à un mètre de profondeur, de débris belgo-romains, tuiles, poteries, ferrailles, décombres, etc.


Le village abrite la distillerie de Biercée productrice entre autres de l'Eau de Villée, dans l'ancienne ferme de la Cour.

Références

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  1. Jean Germain, Guide des gentilés : les noms des habitants en Communauté française de Belgique, Bruxelles, Ministère de la Communauté française, (lire en ligne).
  2. Analectes pour servir à l’histoire ecclésiastiques de la Belgique, tome II
  3. a et b Jules Herbillon, Les noms des communes de Wallonie, Bruxelles, Crédit communal, coll. « Histoire » (no 70), .
  4. Rapport sur l’excursion faite en ce pays par le cercle archéologique de Charleroi en 1878.
  5. Sans doute celle venant de Strée, de telle sorte que celle venant de Grignart serait distincte ou un simple embranchement de l’autre ou route secondaire, une route détournée par les Romains.
  6. Habitation du roi ou habitation du seigneur du village représentant du souverain ou roi.
  7. Partie basse (pâturage) donnée par le propriétaire du grand village à cultiver sous sa dépendance.
  8. Ruisseau qui prend sa source sur la terre de Leers et Foesteau et qui se jette entièrement dans la Sambre. Ce ruisseau a donné son nom au château très antique, autrefois entouré entièrement de fossés. Fosteau viendrai de Forestella, petite forêt[réf. nécessaire].
  9. Le patrimoine monumental de la Belgique, vol. 10, p. 729.
  10. Le patrimoine monumental de la Belgique, vol. 10, p. 733.
  11. Le patrimoine monumental de la Belgique, vol. 10, t. 2, p. 734.
  12. Le patrimoine monumental de la Belgique, vol. 10, p. 735.
  13. Le patrimoine monumental de la Belgique, vol. 10, p. 736.
  14. a et b Le patrimoine monumental de la Belgique, vol. 10, p. 739.
  15. Le patrimoine monumental de la Belgique, vol. 10, p. 741.
  16. Le patrimoine monumental de la Belgique, vol. 10, p. 744.

Bibliographie

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  • Le patrimoine monumental de la Belgique, vol. 10, t. 1 et 2 : Province de Hainaut, Arrondissement de Thuin, Liège, Pierre Mardaga, éditeur, , 447 p. (ISBN 2-8021-0045-9)
  • Joël Mulatin, Il était une fois l'entité de Thuin, Jumet, iph éditions, , 134 p. (ISBN 2-930336-79-X)

Liens externes

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