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Sergueï Jirnov

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Sergueï Jirnov
La première carte du KGB de Sergueï Jirnov, 1987.
Biographie
Naissance
Voir et modifier les données sur Wikidata (63 ans)
MoscouVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom dans la langue maternelle
Сергей Олегович ЖирновVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalités
Formation
Activités
Autres informations
Site web
Iouri Drozdov (à droite) avec Sergueï Jirnov dans les locaux du Namakon en 1998.

Sergueï Olegovitch Jirnov (en russe : Сергей Олегович Жирнов), né le à Moscou, est un auteur franco-russe et ancien officier traitant du KGB soviétique. Il est également journaliste et spécialiste en relations internationales.

Il poursuit en justice, en 1999, le Service des renseignements extérieurs de la fédération de Russie pour la non-remise du diplôme d'espion de l'Institut du Drapeau rouge du KGB. Il est poursuivi en Russie pour la divulgation de secrets d'État dans des articles sur internet et contraint en 2001 de s'exiler en France, où il reçoit le statut de réfugié[1].

Jeunesse et famille

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Sergueï Jirnov est né le à Moscou[1]. Son père Oleg Jirnov, moscovite de naissance, est dessinateur industriel et ingénieur. Sa mère Lydia Jirnova, haute technicienne dans l’industrie, est originaire de la région de Iaroslavl sur la Volga[2],[3].

En 1964, la famille Jirnov déménage à 40 kilomètres du centre de Moscou, dans la ville fermée nouvellement créée de Zelenograd. Sergueï y passe sa jeunesse avec ses parents, sa grand-mère paternelle Anna Pavlovna et sa sœur[4].

Durant plusieurs années, les parents de Sergueï Jirnov animent pendant les vacances d’été les camps sportifs du comité d’entreprise qui accueillent des adolescents de leurs instituts de recherche et se déroulent dans les montagnes du Caucase du Nord[5]. Ils achèvent leur carrière professionnelle comme responsables d’une base de loisirs caucasienne pour les étudiants et enseignants de l’Institut de la technique électronique de Moscou (ru) (MIET). Sergueï Jirnov garde de ces activités sportives régulières pratiquées l'été avec ses parents la passion pour la montagne, le ski et les sports équestres[6],[7].

Études et formation

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Formation scolaire et supérieure

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De 1968 à 1978, Sergueï Jirnov fréquente l’École secondaire expérimentale no 609 de Moscou qui, suivant le système éducatif russe, réunit l’école primaire, le collège et le lycée dans le même établissement[8],[9].

Durant ses études secondaires, il participe et remporte des épreuves aux Olympiades panrusses pour les écoliers (ru), notamment en anglais[10]. Il est licencié dans le club sportif de ski de fond régional[11].

Dès l’âge de 14 ans, parallèlement à ses études, il est choisi par le Parti communiste pour diriger et animer les organisations locales de la Jeunesse communiste (les Pionniers soviétiques et le Komsomol)[2],[3]. Ses études brillantes et ses activités politiques lui valent une recommandation officielle du Parti communiste, indispensable pour entrer dans l'Institut d'État des relations internationales de Moscou (MGUIMO)[4].

De 1978 à 1983, il y suit un cursus d'études supérieures (le MGUIMO étant rattaché au ministère des Affaires étrangères d'URSS et de Russie - MID SSSR) ainsi qu'à la faculté des relations économiques internationales en obtenant le diplôme russe d'État[12],[9],[4],[8].

Service de renseignements russe : KGB

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La carte du KGB du lieutenant en chef Jirnov avec autorisation de porter les armes à feu.

En 1984, soit la même année que Vladimir Poutine, il entre à l'Institut du Drapeau rouge du KGB, un établissement secret du KGB chargé de la formation aux renseignements extérieurs (devenu par la suite l'Académie des renseignements extérieurs du SVR)[12]. Il suit pendant trois ans les études supérieures en espionnage à la faculté principale et obtient le diplôme russe d'État en relations internationales. Ce document, gardé dans les archives secrètes du KGB, est à l'origine d'un scandale, suivi de procédures pénales, qui se déroule de 1997 à 2001 et oblige Sergueï Jirnov à fuir la Russie[2],[3].

École nationale d'administration (France)

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De 1991 à 1992, il est le premier soviétique admis[2],[3] à l'École nationale d'administration (ENA) où il réalise ses études post-universitaires d'une durée de 16 mois dans le Cycle international long. Boursier du gouvernement français, il obtient un diplôme international de l'administration publique[12]. Il côtoie lors de ses études à l'ENA, Karin Kneissl, future ministre des Affaires étrangères de l'Autriche[12].

Parcours professionnel

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1983 - 2017 : consultations en relations économiques internationales

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1982 - 2017 : journalisme et communication

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Sergueï Jirnov est producteur et chef de projet télévisuel « France économie & coopération » sous le haut patronage du ministère français des Affaires étrangères et de l'ambassade de France à Moscou. Il a pour mission la promotion des entreprises, de la technologie et de l'économie française en Russie[12]. En 2009, il est pigiste à la rédaction russe de la chaîne de télévision Euronews, basée en France à Écully[5]. En parallèle, il anime plusieurs blogs et sites internet[2],[3].

1982 - 1996 : enseignement

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Jirnov est également auteur de scénarios et présentateur des émissions hebdomadaires du programme télévisé « Le français pour vous » à la Télévision centrale d'URSS et de la Russie. Il réalise l'enseignement du français langue étrangère en direction des 15 pays de l'ex-URSS[12]. Il travaille comme professeur associé à l'École supérieure de commerce de Chambéry, pour l'enseignement du commerce international[2],[3].

1984 - 1992 : service dans les renseignements extérieurs

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Ayant selon lui fait partie de l'élite du renseignement soviétique[12] à la fin de sa formation au KGB (1984-1987), Jirnov entre en service actif dans l’appareil central (Département géographique no 4 – le continent américain) de la Direction « S » (service des agents illégaux russe et soviétique) de la Première direction générale du KGB, dirigée par le général Iouri Drozdov[14],[15]. Jirnov fait partie des officiers subalternes (plus précisément au grade militaire de lieutenant en chef) et il occupe un poste d'« élément opérationnel auxiliaire ».

En 1988, il est promu au grade militaire de capitaine. En tant qu’« élément opérationnel titulaire », il quitte le quartier général de la PGOU et passe dans la Réserve active (qui est un service opérationnel, agissant sous couverture sur le terrain)[1].

En 1991, il est promu au grade militaire de commandant (passant ainsi dans la catégorie des officiers supérieurs) et au poste d’« élément opérationnel supérieur » dans la Réserve spéciale (ce service regroupe les « illégaux », sous couverture profonde sur le terrain)[2],[3].

Après la disparition officielle du KGB en , suivie par la dislocation de l’URSS en , les renseignements extérieurs sont transférés au sein du Service des renseignements extérieurs de la fédération de Russie en 1992. Jirnov démissionne et devient un officier supérieur de réserve militaire, rattaché au ministère de la Défense, puis à partir de décembre 1992, il rejoint la vie civile en travaillant comme journaliste à la télévision[12], et comme enseignant et consultant international en Russie, en France et en Suisse[5],[1].

Activités associatives

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De 1991 à 2001, il est président de l’association d’amitié franco-russe du district de Zelenograd de la ville de Moscou, organisant des échanges culturels, écologiques, touristiques, économiques et éducatifs[2],[3].

De 1989 à 2001, il fait partie de l’association d’amitié « URSS-France », réorganisée en 1992 sous le nom d'« Association des amis de la France », dont il devient membre du Conseil présidentiel[16].

De 1989 à 1992, il est directeur des relations internationales de la fondation philanthropique « Krestyanka ». En cette qualité, il participe en 1991 aux Assises du mécénat par l’Admical à Paris[5].

Exil en France

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Depuis son départ en exil de la Russie et son installation en France en 2001, Sergueï Jirnov est régulièrement[9],[12],[6],[7] invité par les médias à témoigner publiquement de son expérience passée, de sa vie d’espion et de son conflit juridique avec le SVR, au sujet de son diplôme du KGB. Il fait volontairement de cette publicité un moyen de protection contre la vengeance potentielle de ses anciens employeurs russes : « Plus il y a de tapage autour de moi, plus je suis protégé. Pour ne pas être vu, soit vous éteignez toutes les lumières, soit vous mettez la lumière tellement forte qu’elle aveugle »[6].

Sans avoir de preuves concrètes, il pense, bien qu'il n'ait jamais fourni d'informations très précieuses à la France, être menacé d'assassinat par Moscou, et affirme avoir été approché ou s'être senti menacé à trois reprises, notamment via l'invitation d'un ancien camarade à se rencontrer à Paris ou celle d'une journaliste de la branche française de Sputnik, qui aurait cherché à l'attirer dans les locaux de la radio russe pour permettre son enlèvement[17].

Sergueï Jirnov est aussi invité à des conférences dans les domaines du renseignement, de la géopolitique, de la géostratégie, de l’histoire des services secrets, de l’Union soviétique, de la guerre froide, des scandales et affaires politico-médiatiques (Skripal, Pavlenski-Griveaux, etc.)[11]. Il s'exprime également sur la politique de Vladimir Poutine, qu'il a connu au KGB, et dont il est un adversaire, et les relations internationales de la Russie dans les médias français et internationaux tels que : la BBC[18],[19], Radio Free Europe[20],[21],[22],[23],[24],[25], le New York Times[14], Radio télévision suisse[26],[27], France Inter[28],[29],[30], LCI[31], Mediapart[32],[33],[34], des sites internet de la diaspora russe et ukrainienne à l’étranger et d’autres[Interprétation personnelle ?].

Publications

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Décorations et distinctions

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Notes et références

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  1. a b c et d « Sergueï Jirnov est l'invité de Marc Welinski dans Pilpoul - L'engrenage » (consulté le ).
  2. a b c d e f g h et i « Le romancier Sergueï Jirnov », sur editionscorpusdelicti.com, (version du sur Internet Archive).
  3. a b c d e f g h et i Sergueï Jirnov, Pourchassé par le KGB : la naissance d’un espion, Canésy (Manche), éd. Corpus Délicti, coll. « KGB », , 336 p. (ISBN 978-2-9565375-4-0).
  4. a b c et d [vidéo] « Officier opérationnel pour le KGB pendant huit ans ! – France 2 – “Ça commence aujourd'hui”, avec Faustine Bollaert – juin 2020, », sur YouTube.
  5. a b c d e f et g « Curriculum vitae de Serguei Jirnov », sur adfmoscou.narod.ru (consulté le ).
  6. a b et c Céline Brégand, « Le salon des légendes : dans l'intimité des espions », Libération.fr,‎ (ISSN 2262-4767, lire en ligne) — Illustrations Nassim Touati. Cette enquête, avant d’être reprise par le site Libération.fr en juillet 2019, a été réalisée par Céline Brégand en avril 2019, donnant lieu à l’article « Le salon des légendes : dans l'intimité des espions », p. 32-41, dans La 40e promotion de l’Institut pratique de journalisme de Paris-Dauphine, Lies : (Leurres, illusions, énigmes, simulacres), Paris, IPJ de Université Paris-Dauphine, coll. « Magbook de la 40e promotion », , 122 p. (lire en ligne).
  7. a et b Gilles Debernardi, « À Chamrousse, le blues de l’ex du KGB », Le Dauphiné Libéré Dimanche,‎ (ISSN 0245-7253, lire en ligne).
  8. a et b [vidéo] « A quoi ressemble la vie d'un agent secret ? – France 2 - “Mille et une vies”, avec Frédéric Lopez – avril 2017, », sur YouTube.
  9. a b et c Alexandra Davis, Les oubliés : Portraits d’hommes et de femmes extraordinaires – Seize histoires vraies hors du commun, Paris, éd. Michel Lafon, coll. « Bande dessinée », , 151 p. (ISBN 978-2-7499-3945-2, présentation en ligne, lire en ligne).
  10. « “C dans l'air” –Espionnage : une taupe au “Canard enchaîné” ! », (consulté le ).
  11. a et b « Quand un ancien du KGB vit à Chamrousse : un instant avec Sergueï Jirnov », sur lecheveusurlalangue.com, (consulté le ).
  12. a b c d e f g h et i Louis Milano-Dupont, « VIDEO. L’espion qui venait du froid », sur francetvinfo.fr, France 2, (consulté le ) (de 53:52 à 1:07:20) — présentation en ligne : Yann Gonon, « Sergueï, l'ex-espion du KGB réfugié à Chamrousse en Isère “n'a pas peur de mourir” », sur france3-regions.francetvinfo.fr, France 3, (consulté le ).
  13. (ru) « Сведения об юридическом лице «Интерград Консалтинг» », sur list-org.com,‎ (consulté le ).
  14. a et b (en) Sophia Kishkovsky, « Yuri Drozdov, Soviet Superspy Who Planted ‘Illegals’ in Other Countries, Dies at 91 », New York Times,‎ (ISSN 1553-8095, lire en ligne)
  15. Sergueï Jirnov est cité par "New York Times" pour ses souvenirs du général Drozdov : “It was not a teacher, not a scholar, not a theoretician who spoke with us, but a professional practitioner, an architect and director of operations,” one trainee, Serguei Jirnov, wrote in a blog post. “Magic happened: History came to life.”
  16. Composition du Conseil présidentiel de l’Association des amis de la France en ligne
  17. Romain Mielcarek, Les Moujiks, Denoël, , 254 p. (ISBN 978-2-207-16667-3), p. 190-192
  18. (ru) Ольга Ившина, « Что известно о подразделении ГРУ, которое обвиняют в сговоре с талибами? », Site Internet de la BBC, Service russe (Русская служба),‎ (lire en ligne)
  19. (fa) اولگا ایوشنا, « معاملهروسیه و طالبان برای قتل نظامیان آمرکایی درافغانستان: گرو چیست », Site Internet de la BBC, Persian service,‎ (lire en ligne)
  20. (ru) Дмитрий Волчек, « Острые чекистские мероприятия. Рицин в роли коронавируса? », Site Internet de la Radio Free Europe, Service russe (Русская служба),‎ (lire en ligne)
  21. (ru) Дмитрий Волчек, « "В путинских спецслужбах бардак". Наблюдения экс-разведчика », Site Internet de la Radio Free Europe, Service russe (Русская служба),‎ (lire en ligne)
  22. (ru) Дмитрий Волчек, « Сергей Жирнов в программе “Итоги недели” 13 октября 2018 года », Site Internet de la Radio Free Europe, Service russe (Русская служба),‎ (lire en ligne)[audio]
  23. (ru) Дмитрий Волчек, « ”Российские спецслужбы убивают”. Бывшие сотрудники КГБ – о деле Скрипаля », Site Internet de la Radio Free Europe, Service russe (Русская служба),‎ (lire en ligne)
  24. (ru) Дмитрий Волчек, « Сергей Жирнов в программе “Итоги недели” 17 марта 2018 года », Site Internet de la Radio Free Europe, Service russe (Русская служба),‎ (lire en ligne)[audio]
  25. (ru) Дмитрий Волчек, « Оружие Андропова и Путина », Site Internet de la Radio Free Europe, Service russe (Русская служба),‎ (lire en ligne)
  26. « Des dizaines d'espions russes infiltrés en Suisse, selon un ex-agent du KGB », RTS info, sur rts.ch, Radio télévision Suisse, (consulté le ).
  27. « Journal télévisé de RTS de 19h30 du 9 septembre 2019 », RTS info, sur rts.ch, Radio télévision Suisse, (consulté le ).
  28. « Jeux d’espions, 1ère partie – « Opération SUNBEAM » », Affaires sensibles avec Fabrice Drouelle, sur franceinter.fr, France Inter, (consulté le ).
  29. « Jeux d’espions, 2ème partie – « Fuir l’URSS » », Affaires sensibles avec Fabrice Drouelle, sur franceinter.fr, France Inter, (consulté le ).
  30. « Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l’espionnage, sans jamais oser le demander », Le nouveau rendez-vous avec Laurent Goumarre, sur franceinter.fr, France Inter, (consulté le ).
  31. Thomas Guien, « "Poutine mise énormément sur ses services secrets" : plongée dans l'espionnage russe avec un ex du KGB », Site Internet LCI.fr,‎ (lire en ligne)
  32. [vidéo] « Ce soir, «le bal des espions» dans Mediapart Live – le 30 mai 2018 », sur YouTube
  33. La rédaction de Mediapart, « L’entrisme russe, entre fantasmes et réalités », Mediapart,‎ (ISSN 2100-0735, lire en ligne)
  34. Matthieu Suc et Ellen Salvi, « Ce soir, «le bal des espions» dans Mediapart Live », Mediapart,‎ (ISSN 2100-0735, lire en ligne)

Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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