Symphonie no 7 de Mahler
Chant de la nuit
Symphonie no 7 en mi mineur Chant de la nuit | |
Gustav Mahler en 1905. | |
Genre | Symphonie |
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Nb. de mouvements | 5 |
Musique | Gustav Mahler |
Effectif | Orchestre symphonique |
Durée approximative | 1 heure 20-25 minutes environ |
Dates de composition | entre 1904 et 1905 |
Création | Prague |
Interprètes | Orchestre philharmonique tchèque (Česká filharmonie) sous la direction du compositeur |
Représentations notables | |
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La Symphonie no 7 en mi mineur dite « Chant de la nuit » de Gustav Mahler, est la septième symphonie qu’il a composée de 1904 et 1905.
Selon Henry-Louis de La Grange, elle constitue le point le plus avancé du « modernisme » de Mahler, parmi la trilogie des symphonies instrumentales (avec les 5e et 6e Symphonies). Elle a été la plus tardivement enregistrée en studio, en 1953, et elle a souffert jusque récemment, d'une moindre popularité parmi les symphonies[1].
Elle comporte cinq mouvements :
- Langsam (Adagio) — Allegro risoluto, ma non troppo
- Nachtmusik. Allegro moderato
- Scherzo. Schattenhaft
- Nachtmusik. Andante amoroso
- Rondo-Finale. Tempo I (Allegro ordinario)
Fiche technique
[modifier | modifier le code]- Titre : Symphonie no 7
- Surnom : « Chant de la nuit »
- Composition : 1904 (les deux nocturnes) et 1905 (pour les trois autres mouvements)
- Durée : 1 heure 20-25 minutes
- Création : à Prague[2]
- Publication : Lauterbach & Kühn, 1910.
Orchestration
[modifier | modifier le code]Instrumentation de la symphonie |
Cordes |
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Premiers violons, seconds violons, altos, violoncelles, contrebasses, harpe, guitare, mandoline |
Bois |
5 flûtes, 4 hautbois, 5 clarinettes, 4 bassons |
Cuivres |
4 cors, 3 trompettes, 3 trombones, 1 tuba, 1 saxhorn baryton |
Percussions |
Timbales, grosse caisse, cloches, cloches de troupeau, glockenspiel, triangle, cymbales frappées et suspendues,tam tam, tambour de basque, caisse claire |
Histoire
[modifier | modifier le code]Composition
[modifier | modifier le code]Les deux Nachtmusiken ont été composées avant les trois autres mouvements. Alors que Mahler travaillait encore sur sa Sixième Symphonie, il esquissa les deux nocturnes. C'était la première fois qu'il travaillait simultanément sur deux œuvres. Il compléta un an plus tard les trois autres mouvements, composés en quatre semaines.
La Septième commence lugubrement par un si mineur malaisé, et se termine par un rondo éclatant qui finit en ut majeur, tout comme la Cinquième, débutant par une marche funèbre en ut dièse mineur et s'épanouissant dans un rondo final désinvolte et joyeux, s'achevant dans un énergique ré majeur.
Création et réception
[modifier | modifier le code]L’accueil de la Septième, créée à Prague le sous la direction du compositeur, fut très respectueux, mais peu enthousiaste. Mahler n’est plus accusé de manque de création dans ses œuvres, mais le public est étonné d’entendre autant de banalités d’origine populaire dans une œuvre aussi sérieuse.
Analyse
[modifier | modifier le code]Langsam (Adagio) - Allegro
[modifier | modifier le code]Le premier mouvement est de forme sonate. L’introduction (en si mineur) lente crée un climat mystérieux, grâce à ses accords et son rythme. Après la lenteur de la première partie suit une seconde partie allegro, avec un thème principal basé sur des empilements d'intervalles de quartes. La coda monumentale se termine en majeur (comme le 1er mouvement de la Sixième symphonie).
Nachtmusik I
[modifier | modifier le code]Le deuxième mouvement (en ut mineur/majeur) est la première Nachtmusik, notée « Allegro moderato – Molto moderato ». Mahler a affirmé avoir composé ce mouvement après avoir entrevu une patrouille évoluant dans un « clair-obscur fantastique ». On retrouve dans ce mouvement l'enchaînement accord majeur-accord mineur.
Le troisième mouvement est un Scherzo ; il est noté « Schattenhaft. Fliessend aber nicht schnell » (« Fantomatique. Fluide, mais pas rapide »). L’atmosphère fantomatique (schattenhaft) est marqué par un déplacement de l’accentuation des rythmes. Alors que les timbales jouent sur le troisième temps (faible), les contrebasses jouent doux sur le premier temps (fort). Ce mouvement est sinistre et grinçant, avec des incantations plaintives de flûtes, des cordes et des cuivres en sourdine à la sonorité acide. Le tout baignant dans la nuance piano, et les ruptures forte des timbales.
Nachtmusik II
[modifier | modifier le code]Le quatrième mouvement est la deuxième Nachtmusik, notée « Andante amoroso. Mit Aufschwung » « Avec élan »). Il est caractérisé par la présence de la harpe, de la guitare et de la mandoline. Ce mouvement impressionna Arnold Schönberg qui montre cette influence dans sa Sérénade op. 24[3] et la Symphonie de chambre (1906)[4].
Adorno proposait de mettre en épigraphe de ce nocturne, le vers suivant de Rilke, extrait du Livre d'images (1899)[5] : « Les heures s'appellent en sonnant et l'on voit au fond du temps. »
Rondo-Finale
[modifier | modifier le code]Le cinquième et dernier mouvement est titré Rondo-Finale et noté « Allegro ordinario ». Après quatre mouvements « nocturnes », le finale passe brutalement à la lumière du jour. Le rondo commence par un thème aux timbales seules en mi mineur : ce battement irrigue tout le morceau en lui donnant un grand dynamisme. Ensuite, le rondo est une sorte de fête sonore avec fanfares de cuivres, marches de cordes, cors, bois avec toujours l'élément moteur des timbales qui passe à tous les pupitres, unique lien entre ses différents tableaux qui se succèdent sans transition. Le refrain finit par accélérer et s'écrase dans un grand accord qui diminue aussitôt.
Mahler enchaîne aussitôt avec une valse viennoise (à 4 temps), écho de La Veuve joyeuse de Franz Lehar. Après le retour partiel du refrain, la valse reprend puis apparaît un pastiche de menuet. Ces deux couplets sont parodiés et alternent avec des fragments de refrain, pendant tout le morceau. Après cette succession de motifs le refrain revient une dernière fois dans une apothéose avec ralentis et cloches. Comme la première fois, après une accélération subite, le rondo s'écrase sur un accord dissonant qui s'éteint en decrescendo jusqu'à ce qu'un accord d'ut majeur termine ce mouvement.
Discographie
[modifier | modifier le code]Il existe plus d'une centaine de versions référencées de la Septième Symphonie depuis le premier enregistrement en 1950 par Hermann Scherchen.
Cette discographie sélective recense des enregistrements considérés comme des références par la critique musicale :
- 1953 : Hermann Scherchen, Orchestre de l'Opéra d'État de Vienne, MCA (« 9 de Répertoire »[6]), ( Diapason d'or [7]);
- 1966 : Leonard Bernstein, Orchestre philharmonique de New York, CBS/Sony ()[8], (« 9 de Répertoire »[9]);
- 1976 : Rafael Kubelík, Orchestre symphonique de la Radiodiffusion bavaroise (concert, , Audite 95.476) (« 10 de Répertoire »[10]);
- 1979 : Kirill Kondrachine, Orchestre royal du Concertgebouw d’Amsterdam (concert, ), Tahra TAH 451 (« 10 de Répertoire »[11]), (Diapason d'or[12]), (4 étoiles du Monde de la musique[13] ; (« 5 de Classica »[14];
- 1985 : Leonard Bernstein, Orchestre philharmonique de New York ; DG[8],
- 1992 : Bernard Haitink, Orchestre philharmonique de Berlin (, Philips Classics 434 997-2), (« 10 de Répertoire »[15]);
- 1993 : Michael Gielen, Orchestre de la radio de Baden-Baden (19-, Südwestfunk SWF 167 / Hänssler Classics CD93039 / Michael Gielen Edition vol. 6 [Mahler], 17CD SWR Music SWR19042), (« 9 de Répertoire »[16]);
- 2019 : Iván Fischer, Orchestre du Festival de Budapest (, SACD Channel Classics CCSSA38019)[17] (« Enregistrement du mois » Gramophone[18]).
Notes et références
[modifier | modifier le code]- de La Grange 1983, p. 1186.
- François-René Tranchefort (dir), Guide de la musique symphonique, Paris, Fayard, 1986 (ISBN 978-2-213-01638-2), p. 446
- de La Grange 1983, p. 1187 et 1200.
- Theodor W. Adorno (trad. de l'allemand par Jean-Louis Leleu, avec la collaboration d'Ole Hansen-Løve et Philippe Joubert), Quasi una fantasia : Écrits musicaux II, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque des idées », , xiv-357 (ISBN 2-07-024743-0, OCLC 465390956, BNF 36604416), p. 105
- Theodor W. Adorno (trad. de l'allemand par Jean-Louis Leleu et Theo Leydenbach), Mahler : une physionomie musicale [« Mahler : eine musikalische Physiognomik »], Paris, Les Éditions de Minuit, coll. « Le Sens commun », (1re éd. 1960 (de)), 265 p. (ISBN 2-7073-0137-X, OCLC 716733922, BNF 34697601), p. 76
- Répertoire des disques compacts no 108
- Diapason (magazine) no 444.
- The Mahler Symphonies A synoptic survey Tony Duggan musicweb-international.com
- Répertoire des disques compacts no 116
- Christophe Huss, Répertoire des disques compacts no 146 mai 2001, p. 63.
- Répertoire des disques compacts
- Diapason (magazine) no 495
- Le Monde de la musique no 269
- Classica no 44.
- Christophe Huss, magazine Répertoire des disques compacts no 79 avril 1995, p. 49.
- Christophe Huss, Répertoire des disques compacts no 66 février 1994, p. 58.
- Pierre Jean Tribot, « Ivan Fischer revisite Mahler », Crescedo, (lire en ligne).
- Gramophone, avril 2019 [lire en ligne].
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- « Septième Symphonie en mi mineur (1904–1905) », dans Henry-Louis de La Grange, Gustav Mahler. Chronique d’une vie, vol. II : L’Âge d’or de Vienne (1900–1907), Paris, Fayard, (ISBN 2-213-01281-4), p. 1181–1213 — réédition 2007 : p. 434–436.
Liens externes
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- Ressources relatives à la musique :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- Page sur la Septième Symphonie sur le site gustavmahler.net, avec discographie et commentaire d'Henry-Louis de La Grange