Unités de mesure de la Rome antique
Le système des unités de mesure de la Rome antique est influencé par le système grec (en). Il utilise largement la division par 12. Il se répand dans toute la méditerranée au fil des conquêtes de Rome. Des étalons conservés au capitole assurent l'uniformité du système, qui périclite cependant sous le Bas-Empire[1].
Mesures de longueur
[modifier | modifier le code]Généralités
[modifier | modifier le code]Les noms des plus petites mesures de longueur de l'Antiquité romaine correspondent à des parties du corps humain. La pensée commune voit dans la notion de "pied" une mesure issue du corps humain, mais le métrologiste J. C. Hocquet explique que le pied est à comprendre comme le point d'appui d'une société, le socle qui va soutenir l'équilibre de la société[2]. Beaucoup d'entre elles ont un équivalent grec, par exemple le degré (gradus), correspond au pas simple des Grecs, et le pas (passus) correspond au pas double des Grecs[3] (le gradus est surtout utilisé en trigonométrie et géodésie[4]).
L'unité de référence est le pied (pes)[1], nommé pes monetalis, pied monétal, par Hygin le Gromatique[5]. Nicolas Rigault (sans justification apparente[6]) et Friedrich Hultsch[7] interprètent cette appellation comme une preuve de l'existence d'un mètre étalon conservé dans le temple de Junon Moneta (« celle qui avertit », parce que Junon avait averti les Romains de l’imminence d’un tremblement de terre[8]). Cependant, ce-dernier justifie cette interprétation par l'inscription du Farnèse Congius (en), qui désigne un étalon de poids au Capitole, et par une mention de Priscien. Or, Priscien mentionne un cube étalon d'un pied de côté consacré à Jupiter et conservé sur le mont Tarpéien pour lui éviter toutes détériorations[9].
Sa valeur classique est de 29,57 cm[10], souvent arrondi à 29,6[11] ou 29,5 cm[3]. Il s'agit d'une valeur théorique déterminée par comparaison entre plusieurs valeurs pratiques, déterminées à partir d'instruments de mesure réels antiques retrouvés, de pieds étalons représentés en grandeur nature sur des monuments, et plusieurs valeurs calculées, à partir de proportions d'objets manufacturés et de structures[12].
Par leur fabrication artisanale, toutes ces valeurs pratiques ne sont jamais exactement identiques[13], avec des variations pouvant atteindre 4mm[14], et pouvant occasionner des différences non négligeables sur de grandes distances : un mille romain d'un pied monétal équivaut à 1478,50 m, et celui d'un pied de 29,97 cm à 1498,50 m, soit une différence de 20 m. Plusieurs instruments de mesure gradués en subdivisions du pied ont été retrouvés avec des matières (bronze, fer, os, corne) et des formes différentes (règle pliante, à une ou deux articulations, rigide et tige d'interprétation plus discutable)[15],[16].
Type | Valeur de mesure et graduations | Datation | Lieux de découverte et de conservation | Sources | |
---|---|---|---|---|---|
Tige longue de 148 mm | mesure d'un demi-pes monetalis de 29,57cm, avec traits transversaux marquant des graduations sur la face supérieur en digitus (1 doigt) | et en semuncia (1/2 once) | issue d'un contexte des années -120/-40 | fouilles du parking de la mairie de Besançon (Doubs) | Barthèlemy et Dubois 2007 §§13,14 citent les études de Feugère 1992 et Feugère 1995 (également cités par Schubert et Schubert 1993, p. 235 note 39) |
Tige longue de 148,5 mm avec une extrémité coudée zoomorphique | et en uncia (1 once) | très probablement découvert lors de dragages en Saône à Chalon, et conservé au musée Denon |
Cependant, plusieurs spécialistes ayant calculé la valeur du pied romain à partir des proportions de structures archéologiques constatent une légère diminution de celle-ci, évoluant de 29,57 cm à la République à 29,42 cm à la fin de l'Empire[17].
Le système traditionnel de mesure de longueur romaine est décrit dans le tableau suivant. On y trouve des relations liées à la fois à la base 2, 10, 12[3] et 16, dont la plus petite unité, le doigt (digitus)[1].
Unité romaine | Traduction usuelle | Relations | Équivalence |
---|---|---|---|
digitus | doigt | 1/16 pied | ~1,8 cm |
sesquidigitus | doigt et demi[19] | (1,5 doigt) | ~2,8 cm |
palmus | paume[20], palme | 1/4 pied (4 doigts) | ~7,4 cm |
semipes puis aussi semis (fin du Ier siècle) | demi-pied | 1/2 pied | ~14,7 cm |
pes | pied | (4 palmes) | ~29,44 cm |
palmipes | palmipes | 5/4 pieds (1 pied et 1 palme) | ~36,8 cm |
cubitus | coudée | 3/2 pieds | ~44,46 cm |
gradus | grade[20], degré (correspond à une enjambée) | 5/2 pieds | ~73,6 cm |
ulna | aune[20], brasse | 4 pieds | ~1,178 m |
passus | pas (correspond à deux enjambées) | 5 pieds | ~1,472 m |
decempeda (pertica) | perche | 10 pieds | ~2,944 m |
actus | actus[n 1], acte | 120 pieds (12 perches) | ~35,328 m |
stadium | stade | 625 pieds (125 pas) | ~184 m |
miliarium (ou milliarium)[20], milia | mille | 5 000 pieds (1 000 pas) | ~1,472 km |
La précision des équivalents dans le système métrique du tableau ci-dessus ne doit pas faire illusion : on trouve d'autres valeurs (voisines) suivant les auteurs, par exemple pour le mille 1 479 m[21], 1 480 m[22], 1 481,5 m[23], …
La perche est généralement de dix pieds, mais, selon le recueil des Gromatici veteres (utilisateurs de la groma), les arpenteurs utilisent deux types de perche, la decempeda (littéralement « dix pieds »), perche de 10 pieds de 16 doigts, et la pertica perche de douze pieds de 18 doigts[3].
Autour du Ier siècle, les Romains introduisent une division du pied calquée sur leur système monétaire dont le vocabulaire est repris, qui coexiste avec le système traditionnel. Le pied est pris comme équivalent de l'as, et se voit divisé comme celui-ci en 12 onces (uncia, ~2,5 cm), ce qui permet d'introduire des unités de mesure que l'on n'obtient pas par le système précédent, comme le tiers (triens, 4 onces, 1/3 de pied)[4], la semuncia (en) (1/2 once, 1/24 pieds) et la sescuncia (1 once et demi, 1/8 pieds)[5]. Chacun des onze multiples de l'once inférieur au pied porte un nom, comme le dodrans de 9 onces (3/4 pied, environ 22 cm) souvent traduit par empan.
L'once est parfois assimilée au doigt, ce qui produit des confusions avec d'une part, un pied de 16 doigts et d'autre part, un pied de 12 doigts, confusions qui perdurent au Moyen Âge[4].
Dans son Histoire naturelle, Pline l'Ancien utilise une unité d'un quart de doigt, la sicilique (sicilicus), mais avec un doigt en fait d'une once (1/12 pied)[4].
D'autres mesures d'origine autochtone sont utilisées dans les provinces de l'Empire comme la lieue (leuga ou leuca) en Gaule et en Germanie (voir #La lieue gauloise). Hygin le Gromatique appelle le pied officiel romain pes monetalis afin de le différencier du pes Drusianus, le pied de Drusus, utilisé en Germanie chez les Tongres, et du pes Ptolomeicus ou Ptolemeicus, le pied ptolémaïque, utilisé dans la province de Cyrénaïque : le pied de Drusus équivaut alors à « un pied monétal augmenté d'une sescuncia » (1/8 pied), donc à 33,27 cm ; et le pied ptolémaïque à « un pied monétal augmenté d'une semuncia » (1/24 pied), donc à 30,80 cm[14],[5]. Ce rapport entre le pied monétal et drusien a été confirmé par la découverte à Enns en Autriche de 3 extrémités métalliques de perches d'arpenteurs (10 pieds), dont deux sont graduées en onces (1/12 pied) de pied drusien (tous les 2,77 cm) et en semuncia (1/2 once, 1/24 pieds) de pied monétal (tous les 1,23 cm)[14].
Type | Valeur de mesure et graduations | Datation | Lieux de découverte et de conservation | Sources |
---|---|---|---|---|
Tige ronde de fer longue de 154,5 mm et pourvue de 3 anneaux en bronze, avec un sommet cylindrique et un bout coupé droit | mesure d'un demi-pied celtique de 309 mm, avec des subdivisions d'un (du sommet jusqu'au premier anneau, ou du troisième anneau jusqu'au bout), deux (du premier anneau jusqu'au deuxième), trois (du deuxième jusqu'au troisième), six (du sommet jusqu'au troisième anneau) et huits (du sommet jusqu'au bout) doigts | fin de la culture de La Tène ou second âge du fer (-450/-25) | fouille de 1972 de l'oppidum celte de Manching (Haute-Bavière), capitale de la tribu des Vendéliques, dont le demi-pied celtique de la tige est presque (à 1 mm près, non significatif[24]) parfaitement proportionnelle aux mesures des bâtiments ; conservée au Musée celto-romain de Manching | Schubert et Schubert 1993, p. 231, (également cités par Barthèlemy et Dubois 2007 §10) |
Tige longue de 122 mm, dont une extrémité en pointe est brisée, et l'autre coudée, en angle droit, zoomorphique, avec, sur la face supérieur, 4 rainures transversales (dont une effacée à la restauration) et 12 encoches triangulaires réparties sur les 2 bords mais non en vis-à-vis | mesures à tendance globale de subdivisions du pes drisianus de 332,7 mm : d'un tiers (entre la pointe "reconstituée" et la troisième rainure, à 0,9 mm près, 1 triens), d'un quart (entre la troisième rainure et la quatrième effacée, 1 palmus), d'un sixième (entre la première rainure et la deuxième, à 2 mm près, 1 sextans), d'un huitième (entre la deuxième et la troisième, à 2,6 mm près, 2 digiti), d'un douxième (entre la première rainure et celle effacée, 1 uncia), et de subdivisions d'once : d'un demi (entre la pointe "reconstituée" et la première rainure, 1 semuncia), d'un tiers (entre la première rainure et la septième encoche, 1 duosela, à 0,8 mm près), d'un quart (entre la première rainure et la quatrième encoche, 1 lycus, à 0,1 mm près), d'un sixième (entre la première rainure et la troisième encoche, 1 sela, à 0,4 mm près), d'un huitième (entre la première rainure et la deuxième encoche), d'un neuvième (entre la deuxième encoche et la deuxième rainure, à 0,1 mm près), d'un douxième (entre la première rainure et la première encoche, à 0,3 mm près) | issu d'un contexte du début de la colonisation romaine vers -40/-20 | fin de fouille en 1991 de sauvetage urgent a été menée par le Groupement Archéologique du Mâconnais sur le site de la construction d’une maison médicale à l’angle du cours Moreau et de la rue des Épinoches à Mâcon | Barthèlemy et Dubois 2007 |
La lieue gauloise
[modifier | modifier le code]La lieue (leuga ou leuca) est une unité de mesure utilisée en Gaule et en Germanie : on la retrouve sur les bornes des voies romaines de ces régions de l'Empire, l'inscription y est en toutes lettres ou souvent abrégée LEVG ou L. La carte de Peutinger porte des indications de distances en lieues à partir de Lyon[25], c'est-à-dire que deux mesures sont utilisées : le mille dans la province romaine, et la lieue au-delà de Lyon[26]. Sur les bornes milliaires, la distinction est indiquée avec, précédant le chiffre du nombre de lieues, soit un « M » pour les milles, soit un « L » pour les lieues. De Caumont précise par ailleurs que la lieue gauloise est « désignée tantôt sous le nom de lieue, tantôt sous celui de mille, et que souvent le mot millia n'indique point des milles romaines, mais des lieues gauloises, lorsqu'il s'applique à la partie des Gaules où cette mesure était usitée »[27].
La lieue apparaît également dans des écrits de Ammien Marcellin à la fin du IVe siècle, et de Jordanès à la fin du VIe siècle, où ces auteurs lui donnent la valeur de 1,5 mille ou 1 500 pas, soit autour de 2 222 mètres (pour un mille pris de 1 481,5 mètres)[25]. Aussi au XIXe siècle, le consensus se fait-il chez les spécialistes pour cette valeur de la lieue gallo-romaine[28]. Des contestations apparaissent cependant, souvent de la part d'ingénieurs qui se fondent sur les relevés de terrains et les indications des bornes milliaires et tendent vers une lieue gauloise d'au moins 2 400 mètres. On voit ainsi Pistollet de Saint-Ferjeux donner une lieue de 2 415 m dès 1852[29], suivi par Du Mesnil en 1881[27]. En 1864 Louis-Auguste Aurès donne une lieue de 2 436 mètres[30],[28],[31], une valeur suivie par Lièvre qui en 1893 utilise lui aussi les cartes d'état-major au 1/80 000 pour déterminer ce nombre[31],[n 2],[n 3]. Mais leurs conclusions sont longtemps rejetées, ou leurs thèses restent marginales.
En 1964, Clos-Arceduc introduit une méthode originale de rémanence topographique : l'espacement régulier de points remarquables peut avoir une correspondance avec une unité de distance antique. Il découvre de cette façon deux unités, l'une de 2 222 mètres et l'autre de 2 415 mètres[32]. La thèse d'une « grande » lieue gauloise acquiert finalement toute sa légitimité avec la parution en 1999 d'un article de Jacques Dassié (spécialiste d'archéologie aérienne) dans la revue Gallia, sans toutefois faire l'unanimité chez les archéologues[33],[34].
Selon Dassié, les peuples de la Gaule utilisent avant la conquête romaine une lieue dont la valeur fluctue entre 2 400 mètres et 2 500 mètres, fluctuations qui peuvent s'expliquer par la diversité des peuples gaulois : il n'existait pas en Gaule de pouvoir centralisateur comme à Rome qui aurait pu standardiser cette valeur ; mais aussi par les limitations techniques de l'époque[35]. Cette lieue survit à la conquête romaine[n 4], mais l'empire romain, ne réussissant pas à l'éliminer, introduit une lieue romanisée de 1,5 mille, soit environ 2 222 m, dont la valeur est relativement proche, mais qui s'intègre à leur propre système de mesures par son rapport simple avec le mille[36]. Mais la lieue romanisée n'aurait remplacé que partiellement la lieue gauloise, et les deux lieues ont pu coexister[36].
Pour les opposants à cette thèse[n 5], la Gaule pré-romaine, ne connaissant pas d'autorité centrale, ne pouvait posséder une telle unité de mesure ; et même s'il existe des variantes, il n'y a pas à identifier deux lieues distinctes[n 6].
Christian Goudineau envisage que le mille et demi ou les 1 500 pas donnés pour la lieue par Ammien Marcellin et Jordanès n'indiquent qu'une méthode commode pour un calcul approximatif de la lieue, plutôt qu'une unité de mesure réellement utilisée[n 7].
Mesures de surface
[modifier | modifier le code]L'unité de surface de référence semble avoir été le jugère (Jugerum) de 240 sur 120 pieds, dont les multiples portent des noms spécifiques, mais dont les sous-multiples portent le même nom que l'unité de longueur. Dans ce dernier cas le « carré » n'est pas précisé : les Romains parlent par exemple d'une aire de cent pieds pour une aire de cent pieds carrés, dix pieds sur dix pieds[37].
Unité romaine | traduction usuelle | Ratio | Équivalence |
---|---|---|---|
Pes quadratus | pied carré | 1/14 400 | ~ 875 cm2 |
decempeda quadrata | perche carrée | 1/144 | ~ 8,75 m2 |
Actus minimus | acte minime | 1/30 | ~ 42 m2 |
Porca | porca | 1/6 | ~ 210 m2 |
Clima | clima | 1/4 | ~ 315 m2 |
Actus quadratus | acte carré[38] ou arpent[39] | 1 | ~ 12,60 ares |
Jugerum | jugère | 2 | ~ 25,20 ares |
Heredium | Heredium | 4 | ~ 50,40 ares |
Centuria | centurie | 400 | ~ 50,4 ha |
Saltus | saltus | 1 600 | ~ 201,6 ha |
Mesures pondérales
[modifier | modifier le code]Le système des mesures pondérales utilise beaucoup la base 12. L'unité pondérale de référence est la livre (libra) qui se divise en douze onces (uncia), sur le modèle de la division de l'as[40]. L'as est d'ailleurs à l'origine une masse de cuivre d'une livre, mais sa valeur est réduite à 2 onces en -261, à 1 once en -197 et à 1/2 once en -191[41]. L'once elle-même se divise en douze parties[40].
Comme pour les mesures de longueur, des étalons sont conservés au Capitole[42]. La valeur de la livre romaine a été estimée à environ 327 grammes[43], 328,9 g[44], entre 325 et 326 g, plus tardivement autour de 324 g[45].
Unité romaine | Traduction | Équivalent | Équivalent métrique |
---|---|---|---|
Libra | livre | ~327 g | |
uncia | once | 1/12 livre | ~27,25 g |
semuncia | demi-once | 1/2 once | ~13,63 g |
duella | duella | 1/3 once | ~9,09 g |
sicilicus | sicilique | 1/4 once | ~6,82 g |
sextula | sextule | 1/6 once | ~4,54 g |
denarius | denier | 1/7 once | ~3,9 g |
semisicilicus | demi-sicilique | 1/8 once | ~3,41 g |
dimidia ou drachma | drachme | 1/12 once | ~2,27 g |
scripulum ou scrupulum (gramma en latin ecclesiastique) |
scrupule | 1/2 drachme | ~1,14 g |
siliqua | silique | 1/12 drachme | ~0,19 g |
Les noms des multiples de l'once romaine sont repris du vocabulaire monétaire, la livre correspondant à l'as[40] :
- 1 once : uncia
- 1 once et demie : sescuncia
- 2 onces : sextans
- 3 onces : quadrans
- 4 onces : trians
- 5 onces : quincunx
- 6 onces : semis
- 7 onces : septunx
- 8 onces : bes
- 9 onces : dodrans
- 10 onces : dextans
- 11 onces : deunx
Mesures de volume
[modifier | modifier le code]Liquides
[modifier | modifier le code]Le setier (sextarius ; en français ancien : « sextier » ou parfois « septier ») est la sixième part du conge. Ce dernier est la huitième part de l'amphore quadrantal, c'est-à-dire du pied romain cube. L'amphore correspondait exactement à la capacité d'un pes cube.
Le setier romain, à base de 29,64 cm / pes, donnerait ~ 54,249 cl (+ 0,46 %).
Unité romaine | Nom latin | Setiers | Pouces cubes | Équivalence |
---|---|---|---|---|
Une cuillerée | Mitigula | 1/48 | ¾ | ~ 1,12 cl |
Une coupette | Cyathus | 1/12 | 3 | ~ 4,5 cl |
Un sixième de setier | Sextans | 1/6 | 6 | ~ 9 cl |
Un tiers de setier | Triens | 1/3 | 12 | ~ 18 cl |
Une hémine | Hemina | 1/2 | 18 | ~ 27 cl |
Un double tiers de setier | Cheonix | 2/3 | 24 | ~ 36 cl |
Un setier | Sextarius | 1 | 36 | ~ 54 cl |
Un conge | Congius | 6 | 216 | ~ 3,25 l[47] |
Une urne | Urna | 24 | 864 | ~ 13 l |
Une amphore | Amphora ou quadrantal | 48 | 1 728 | ~ 26 l |
Une outre | Culleus | 960 | 34 560 | ~ 520 l |
Matières sèches (grains)
[modifier | modifier le code]Le boisseau romain est le pes cube. Le muid (lat. modius, c.-à-d. « la mesure ») est le tiers du boisseau romain. Le quadrantal est également la capacité d'un pied romain cube.
Le muid romain, à base de 29,64 cm / pes, donnerait ~ 8,680 l (+ 0,15 %)
Unité romaine | Nom latin | Muids | Pouces cubes | Équivalence |
---|---|---|---|---|
Une gobelette | Acetabulum | 1/128 | 2¼ | ~ 6,75 cl |
Un quart de setier | Quartarius | 1/64 | 4½ | ~ 13,5 cl |
Une hémine | Hemina | 1/32 | 9 | ~ 27 cl |
Un setier | Sextarius | 1/16 | 18 | ~ 54 cl |
Une gallone | Semodius | 1/2 | 288 | ~ 4,33 l |
Un muid ou boisseau | Modius | 1 | 576 | ~ 8,67 l |
Un quadrantal | Quadrantal | 3 | 1 728 | ~ 26 l |
Mesures du temps
[modifier | modifier le code]La mesure du temps n'était pas la même selon les saisons.
Les Gromatici veteres
[modifier | modifier le code]Le recueil des Gromatici veteres[n 8] (qui signifie : les anciens utilisateurs de la groma, c'est-à-dire arpenteurs) est une compilation réalisée à la fin du Ve siècle ou au début du VIe siècle de textes dont les plus anciens remontent au Ier siècle ; elle représente une somme sur les connaissances des arpenteurs romains[48],[49].
L'un des textes du recueil décrit les mesures de longueur, d'aire et de poids[50].
Latin | Traduction en français |
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Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- mot intraduisible suivant Chouquer 2011, entrée Actus(3).
- Dans une lettre du 5 octobre 1757, D'Anville mentionne à N.-S. Bergier une valeur de 1 134 toises pour la lieue gauloise : Jacques-Paul Migne, Œuvres complètes de Bergier… augmentées d'un grand nombre d'ouvrages inédits, t. 1, Paris, chez J.-P. Migne, , 1652 p. (lire en ligne), p. 1586-1587.
- Certains de ces auteurs du XIXe siècle visent également à relier cette lieue gauloise à des mesures médiévales ou postérieures comme le pied du roi, qui aurait alors hérité d'un « pied gaulois » dont la lieue gauloise aurait été le multiple ; théories jugées « compliquées voire abracadrantes » par Goudineau 2003, p. 892.
- Pour Dassié cette « lieue gauloise » pourrait être à l'origine de la définition du « pied du roi », ou « pied de Paris », dont la valeur correspond à celle d'une lieue gauloise de 2 436 m divisée par 7 500, le nombre de pieds romains dans 1,5 mille (Dassié 1999, p. 289).
- (Goudineau 2003, p. 894) cite Gerold Walser, spécialiste des bornes milliaires.
- Dassié 1999, p. 289 cite un article de 1997 de Raymond Chevallier, qui a été d'un autre avis dans des articles antérieurs.
- À l'instar des calculs des automobilistes du continent, habitués au système métrique, sur les routes de Grande-Bretagne Goudineau 2003, p. 895-896.
- Le texte latin a été édité au XIXe siècle par Karl Lachmann, voir (la) Friedrich Bluhme, Karl Lachmann, Adolfus Fridericus Rudorff, Theodor Mommsen et E. Bursian, Gromatici veteres --- Die Schriften der römischen Feldmesser, tome I, Berlin, G. Reimer, (lire en ligne). Certains des livres du recueil, traduits en français et édités en version bilingue, sont disponibles sur le site de l'ISTA, université de Franche-Comté.
- Le « carré » n'est souvent pas précisé dans l'usage romain.
- Soit deux scruples.
- Soit quatre scruples.
- Soit deux sicles.
- Soit huit scruples.
- Soit une livre.
Références
[modifier | modifier le code]- Jedrzejewski 2002, p. 76.
- Jean Claude Hocquet, La métrologie historique, Presse Universitaire de France, , 127 p. (ISBN 978-2130470144), p. 43-44
- Jedrzejewski 2002, p. 77.
- Jedrzejewski 2002, p. 78.
- Hygeni Gromatici 1554, p.152 : « [...] pes eorum, qui Ptolemeicus appellatur, habet monetalem pedem et semunciam. [...] Item dicitur in Germanis in Tungris pes Drusianus, qui habet monetalem pedem et sescunciam. » — [...] le pied de ceux qu'on appelle Ptolémaïques a un pied monétaire et une semuncia. [...] De même, les Tongres d'Allemagne appellent aussi le pied drusien, qui a un pied monétaire et une sescuncia.
Il s'agit des uniques occurrences du pes monetalis, comme nous le confirme son Index. - Raper 1760 p.821 cite l'interprétation de Rigault sans nommé le livre dont il l'a tire ni les preuves la soutenant.
Dans son Observationes et Notæ de Wilelmi Goesii Index in Rei Agrariæ Scriptores Antiquos p.275 - Monetalem pedem, Rigault dit : « Pedis modulus in æde Monetæ adservatus, ad quem mensurarum publicarum fides exigebatur. Sic apud Julium Capitolinum mensura Capitolina, — quam ne violare liceret, sacravere jovi tarpejo in monte Quirites, ait Priscianus. Et apud Cassiod. v. Var. Libra Cubiculi. » — Mesure du pied conservé dans le temple Moneta, à laquelle était exigée la fidélité des mesures publiques. Ainsi, dans les écrits de Julius Capitolinus, la mesure capitoline (cf. Écrivains de l'histoire auguste. Tome troisième. Julius Capitolinus : Vies des deux Maximin, IV.), — qu'il n'était pas autorisé à violer, devait être consacrée par les romains (cf. Quirites) à Jupiter sur le mont Tarpéien, dit Priscien. Et dans les écrits de Cassiode. v. Var. Libra Cubiculi.
De même, Julius Ludwig Ideler 1832, p. 117 (p.175 de la trad. du traité de géographie de Claude Ptolémée) cite la mention de Julius Capitolinus dans "la vie des deux Maximins", d'une amphore capitoline. Cependant, Ideler retranscrit une citation de Rigault légèrement différente : « Pedis modulus in æde Junonis (génitif, de Junon) monetæ adservatus, ad quem mensurarum publicarum fides exigebatur. » - Hultsch 1882, p. 88 § 14, 1. note 6.
- Cicero, De divinatione, livre I., XLV.
- Priscien 1845, p. 91 : « superest pars altera uobis, humida metiri, seu frugum semina mavis, cujus principio nobis pandetur origo. Pes longo in spatio, latoque altoque notetur : angulus ut par sit, quem claudit linea triplex, quatuor et medium quadris cingatur inane : amphora fit cubus, quam ne violare liceret, Sacravere Jovi Tarpeio in monte Quirites. » — Il nous reste un autre sujet à traiter, c'est-à-dire les mesures de capacité pour les liquides, ou pour les grains, si tu l'aimes mieux. J'en décrirai le principe et la base. Trace un pied en longueur, en largeur et en hauteur, de manière que les angles formés par ces trois lignes soient égaux, et que les quatre côtés enferment carrément l'espace vide au milieu : tu auras l'amphore qui sert de cubature; pour la défendre de toute altération, les Romains (cf. Quirites) l'ont consacrée à Jupiter sur le mont Tarpéien.
- Chouquer et Favory 2001, p. 71.
- Chouquer et Favory 2001, p. 72 : il s'agit aussi de la moyenne arithmétique du pied romain spécifiée par le chercheur italien Bosio 1967 à partir des valeurs déterminées par différents spécialistes de la métrologie antique. Chouquer et Favory ne nomment pas ces spécialistes.
- Chouquer et Favory 2001, p. 72 citent notamment les travaux de Wurm 1820; Rey 1903; Berriman 1953; et les leurs Chouquer et Favory 1996-1997
- Jedrzejewski 2002, p. 342
- Chouquer et Favory 2001, p. 72.
- Chouquer et Favory 2001, p. 72 citent les travaux de Rey 1903, Héron de Villefosse 1903, l'inventaires de 29 règles pliantes du pied romain par Feugère 1983, la description de règles d'un demi-pied par Feugère 1992, p. 133, de deux pieds par Héron de Villefosse 1909, p. 420, et l'unique mention d'un multipeda, un pied multiple, par Hygeni Gromatici 1554 (190, 6 La/153, 8 Th/88-89 Be et note 80)
- Barthèlemy et Dubois 2007 §11 citent l'inventaire de Brouquier-Reddé 1995 des découvertes d'une cinquantaine de règles dans les provinces occidentales
- Chouquer et Favory 2001, p. 72 citent les travaux de Raper 1760, Hultsch 1882, p. 97, Rey 1903, p. 200 et Dilke 1993, p. 27
- Jedrzejewski 2002, p. 77-78. Les équivalents dans le système métrique, repris de cette référence, sont calculés pour un pied de 29,44 cm, avec quelques arrondis. L'auteur précise bien que d'autres valeurs (autour de 29,5 cm) sont possibles (Jedrzejewski 2002, p. 77 et 342). Les traductions proposées sont reprises de Jedrzejewski 2002, p. 78, sauf quand une autre référence est indiquée.
- Henri Gœzler, Dictionnaire latin-français, Flammarion, , 679 p. (ISBN 9-782080-701237), p. 540
- Chouquer 2011.
- Jean-Pierre Lémonon, Ponce Pilate, Ivry-sur-Seine, éd. Atelier, , 301 p. (ISBN 978-2-7082-3918-0, lire en ligne), p. 226.
- Goudineau 2003, p. 896, Charles Mugler selon Jedrzejewski 2002, p. 330.
- Goudineau 2003, p. 891.
- Schubert et Schubert 1993, p. 233.
- Christian Goudineau, « Cours sur la lieue gauloise » [PDF], (consulté en ), p. 891 et 895.
- Clément-Edmond du Mesnil, « La lieue gauloise de la table de Peutinger » (procès-verbal de la réunion du 12 septembre 1881), Bulletin de la Diana, t. 2 (mai 1881 - août 1884), , p. 51-57 (voir p. 52) (lire en ligne, consulté en ).
- du Mesnil 1881, p. 53.
- Goudineau 2003, p. 892.
- Théodore Pistollet de Saint-Ferjeux, Mémoire sur l'ancienne lieue gauloise, Langres / Paris, Dejussieu / J.B. Dumoulin, , 32 p. (lire en ligne), p. 15 (voir aussi p. 20, 22 et 27). Cité par du Mesnil 1881, p. 53.
- Louis-Auguste Aurès, « De la lieue gauloise, du pas et du pied gaulois », Revue des sociétés savantes de la France et de l'étranger, t. 4, 3e série, , p. 446-452 (lire en ligne, consulté en ).
- Dassié 1999, p. 288.
- Dassié 1999, p. 288 et 302.
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- Jedrzejewski 2002, p. 79.
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- Chouquer 2011.
- Jedrzejewski 2002, p. 82-83.
- Marie-Nicolas Bouillet, Dictionnaire universel des sciences, des lettres et des arts, Paris, Hachette, (lire en ligne).
- Jedrzejewski 2002, p. 25.
- Jedrzejewski 2002, p. 83 et 321, la valeur de 327,187 g est reprise de Bouillet 1854.
- Pour une livre romaine en usage en Grande-Bretagne, voir (en) Ronald Edward Zupko, British weights & measures: a history from antiquity to the seventeenth century, University of Wisconsin Press, , 248 p. (ISBN 978-0-299-07340-4, présentation en ligne), p. 7.
- (de) Friedrich Otto Hultsch, Griechische und Römische Metrologie, Weidmann, , p. 157. En se cantonnant à des poids bien conservés, Hultsch estime que la valeur de la libra, d'abord entre 325 et 326 g, a pu évoluer jusqu'à 323,75 g à l'époque de Justinien.
- Voir Jedrzejewski 2002, p. 83, les valeurs sont calculées pour une livre de 327 g.
- Pierre Pellegrin (dir.) (trad. du grec ancien), Aristote. Œuvres complètes, Paris, Éditions Flammarion, , 2923 p. (ISBN 978-2-08-127316-0), p. 834.
- Gérard Chouquer et François Favory, « De arte mensoria, « Du métier d'arpenteur ». Arpentage et arpenteurs au service de Rome », Histoire & Mesure, vol. 8, no 3, , p. 249–284 (voir p. 271-272) (DOI 10.3406/hism.1993.1595, lire en ligne, consulté en ).
- Ella Hermon, « Les loca sacra dans le Corpus agrimensorum romanorum (CAR) », Cahiers des études anciennes, no 54, , p. 69–93 (voir paragr. 3) (lire en ligne, consulté le ).
- Lachmann 1848, Mensurarum Genera, p. 339-340.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Gérard Chouquer, « Dictionnaire des termes et expressions de l'arpentage romain », sur archeogeographie.org, (consulté le ). Autre url [PDF], version étendue d'un glossaire paru dans l'ouvrage suivant : Gérard Chouquer et François Favory, L'arpentage romain, Histoire des textes, droit, techniques, Paris, Errance, (ISBN 2-87772-216-3).
- Gérard Chouquer et François Favory, « Contribution à l'évaluation du legs antique dans la morphologie agraire des campagnes françaises : acquis et recherches en cours », La diversité locale des poids et mesures dans l'ancienne France, Cahier de Métrologie, 1996-1997.
- Daniel Barthèlemy et Stéphane Dubois, « Métrologie antique : une tige métallique graduée découverte à Mâcon (Saône-et-Loire) », Revue archéologique de l’Est, , p. 371-379 (lire en ligne).
- Franck Jedrzejewski, Histoire universelle de la mesure, Paris, France, Ellipses, , 416 p. (ISBN 978-2-7298-1106-8).
- Dilke, Mathematics and Measurement, Londres, British Museum Press, .
- Michel Feugère, « Une mesure d’un demi-pied romain à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) », Revue archéologique de l’Est, , p. 151-153.
- Michel Feugère, « Bibelots, quincaillerie et colifichets : le monde des petits objets », 20.000m3 d'Histoire. les fouilles du parking de la Mairie de Besançon, , p. 130-171.
- Michel Feugère, « Les mesures pliantes du pied romain, en bronze et en os. À propos d'un exemplaire conservé à Roanne », Cahiers Archéologiques de la Loire, , p. 39-43.
- Brouquier-Reddé, « Le petit matériel du camp légionnaire de Mirebeau », Le camp légionnaire de Mirebeau, , p. 244-248.
- (en) Franz Schubert et Mary Schubert, « Metrological research into the foot measurement found in the Celtic oppidum of Manching », Complutum, 4, , p. 227-236 (lire en ligne).
- (it) Luciano Bosio, « Proposta per la realizzazione di uno strumento per misure lineari romane », Venezia, Istituto Veneto di Scienze, Lettere ed Arti. Classe di Scienze Morali, Lettere ed Arti, no CXXV, (ISSN 0392-1336).
- (en) Berriman, Historical metrology. A new analysis of the archaeological and the historical evidence relating to weights and measures, Londres, Dent, .
- Héron de Villefosse, « s.v. Pes », Daremberg et al., , p. 419-421.
- Héron de Villefosse, Outils d'artisans romains, MSAF, .
- Rey, Étude sur une mesure antique découverte aux environs de Mirebeau-sur-Bèze (Côte d'Or), .
- (de) Friedrich Hultsch, Griechische und Romische Metrologie, Berlin, Weidmann, , 2e éd. (sur wikisource).
- Julius Ludwig Ideler, Ueber die Längen-und Flächenmasse der Alten - Mémoire sur la mesure des longueurs et des surfaces, chez les Anciens, et particulièrement sur le stade, traduit de l'allemand par M. l'abbé Halma à la suite (p.141) de celle du Traité de Géographie de Claude Ptolémée, (lire en ligne).
- (en) Matthew Raper, Enquiry into the measure of the Roman foot, Philosophical Transactions, (lire en ligne).
- (la) Wurm, De ponderum, nummorum mensurarum ac de anni ordinandi rationibus apus Romanos et Graecos, Stuttgart, .
- (la) Hygeni Gromatici, De agrorum conditionibus, & constitutionibus limitium, lib.II., (lire en ligne).
- Priscien, Poésies sur les poids et mesures, (lire en ligne).
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]- (en) « Conversion of Ancient Roman Units », sur imperialtometric.com (consulté en ).