Utilisateur:Everhard/Terreur blanche en Russie (1917-1921)
L'expression de terreur blanche est souvent employé pour qualifier les exactions commises par les armées blanches pendant la guerre civile russe, en référence à la « terreur rouge » ouvertement menée par le régime bolchevique pendant cette même période. Outre les actes de violence perpetrés par les forces des généraux blancs, on regroupe parfois sous le nom de « terreur blanche » les mesures de repression prises par d'autres belligérants du conflit, adversaires des bolcheviques, comme l'armée du chef indépendantiste ukrainien Simon Petlioura, le régime de Carl Mannerheimen Finlande, celui de Józef Piłsudski en Pologne ou encore celui Miklós Horthy en Hongrie.
Plus encore que la terreur rouge, à laquelle elle est étroitement liée, la terreur blanche pose des problèmes de délimitation et d'étude aux historiens, restant de surcroit relativement peu connue : quelle a été la part des circonstances et de l'idéologie dans sa mise en œuvre ? Était-elle essentiellement le fait de détachement incontrolés, ou bien résultait t'elle d'une volonté délibérée des autorités blanches de recourir à un système de terreur ?
Les différentes terreurs blanches
[modifier | modifier le code]Le problème de la délimitation de la terreur blanche
[modifier | modifier le code]À la différence de la « terreur rouge », dont les bolcheviques revendiquaient l'usage face à la « contre-révolution », la terreur blanche n'a pas été une notion théorisée en tant que telle par les anciens généraux de l'armée de tsariste ou d'autre acteurs de la guerre civile. Le terme de « terreur blanche » lui même a d'abord été utilisé par les bolcheviques pour dénoncer les exactions commises par leurs adversaires et justifier leurs propres mesures de repression[1].
La délimitation de ce qui relève ou non de la terreur blanche pose donc des problèmes. On l'associe étroitement aux généraux blancs, et plus généralement aux forces monarchistes. Mais plusieurs des officiers supérieurs à la tête des armées contre-révolutionnaires ne cherchaient pas le rétablissement de la mornachie. Le général Kornilov aurait ainsi souhaité être à la tête d'une République dictatoriale, son projet préfigurant pour certains historiens le fascisme[2]. D'autres, comme l'ataman Semenov ou le « baron fou » Ungern-Sternberg, étaient d'avantage des chefs de guerre et des aventuriers que de véritables officiers blancs. À l'inverse les mesures brutales appliquées par des gouvernements dictatoriaux contre les bolcheviques et les population en Europe de l'est ou en Finlande à cette période sont parfois considérées comme relevant de la terreur blanche[3].
Du fait de l'hérérogénéité et du manque de coordination des forces contre-révolutionnaires, la terreur blanche a donc pris différentes formes et connu des intensités variables, ce qui explique les difficultés de l'historiographie à l'appréhender et à la mettre en relation avec la terreur rouge, nettement plus organisée et centralisée.
Les prémices : la repression de la révolution finlandaise
[modifier | modifier le code]En janvier 1918, après trois mois de combat, la révolution en Finlande est finalement écrasée par les « blancs » du général Carl Mannerheim, aidés par les 12 500 soldats de la division allemande du général Von der Goltz. La répression est brutale. Les prisonniers rouges sont abattus à la mitrailleuse dans des fossés. La terreur blanche fait 35 000 morts dans un pays de 4 millions d'habitants. Selon le général blanc Dénikine, « La haine des finlandais pour les bolcheviques russes s'étendit à tout ce qui portait un nom russe. La repression s'abbatit sur toute la population russe, qui n'avait rien connu de semblable pendant les jours du communisme finlandais. »[4].
Une série de camps de concentration sont ouverts pour interner les « rouges » vaincu pendant la guerre civile. Début mai 1918, on en compte 64 comprenant 81 000 prisonniers (soit 6 % de la population adulte finlandaise), essentiellement répartis au sud du pays. La difficulté énorme que représente le maintien d'un système carcéral aussi massif dans une Finlande détruite par la guerre civile amène rapidement le gouvernement d'Helsinki à mettre en place des lois d'amnistie. Début juin 1918, les camps sont regroupés en 26 lieux de détention puis progressivement démantelés si bien qu'en décembre, il ne reste plus que 6 100 prisonniers, considérés comme les plus dangereux. Fin 1921, il ne restera plus que 900 emprisonnés politiques. Au total, on estime à 12 500 le nombre de prisonniers décédés dans les premiers camps de la guerre civile – avec plus de 25 % de pertes pour certains (comme celui de Tammisaari) – chiffre auquel il faut ajouter les 268 exécutions capitales prononcées après la répression de l'insurrection bolchevique.
L'armée des volontaires dans le sud de la Russie (1917-1920)
[modifier | modifier le code]La dictature de Koltchak en sibérie (1918-1919)
[modifier | modifier le code]Semenov et Ungern, deux cas à part
[modifier | modifier le code]D'autres terreurs blanches ?
[modifier | modifier le code]L'armée de Simon Petlioura en Ukraine
[modifier | modifier le code]Les camps de concentration polonais
[modifier | modifier le code]Après le « miracle de la Vistule » du 15 août 1920, lors de la guerre russo-polonaise, l'armée rouge reflue de plus de 400 kilomètres sous l'offensive des troupes polonaises du général Pilsudski. Pendant leur marche victorieuse, les Polonais capturent près de 40 000 soldats soviétiques qui sont alors entassés dans des camps de concentration, notamment celui de Sztalkowo. Des milliers de détenus sont mis gratuitement à disposition des propriétaires terriens et des entrepreneurs polonais de la région. La plupart des 40 000 soldats mourront, victimes d'une épidémie de choléra et des mauvais traitement[5].
Les débats autours de la compréhension de la terreur blanche
[modifier | modifier le code]Terreur d'en bas ou terreur d'en haut ?
[modifier | modifier le code]La place de l'idéologie dans la terreur blanche
[modifier | modifier le code]L'antisémitisme et l'assimilation des Juifs au bolchevisme
[modifier | modifier le code]Une violence de classe ?
[modifier | modifier le code]Les interaxions entre la terreur blanche et la terreur rouge
[modifier | modifier le code]Notes et références
[modifier | modifier le code]- Ainsi le décret officiel du 5 septembre intitulé « Sur la terreur rouge » était justifié au nom des réalités de l'existence qui avaient « obligé la Terreur rouge à riposter à la Terreur blanche », Arno J. Mayer, Les Furies – Violence, vengeance, terreur aux temps de la révolution française et de la révolution russe, Fayard, 2002, p. 240-241.
- Marc Ferro,« Nazisme et communisme : les limites d'une comparaison », Nazisme et communisme. Deux régimes dans le siècle, Hachette, coll. « Pluriel », Paris, 1999, p. 16.
- Voir par exemple Jean-Jacques Marie, « Le prologue : la révolution massacrée en Finlande », in La Guerre civile russe, 1917-1922. Armées paysannes, rouges, blanches et vertes, Éditions Autrement, p. 27-28.
- Cité par Jean-Jacques Marie, op. cit., p. 28.
- Jean-Jacques Marie, « Du bon usage des archives : comment les archives révèlent ce qu'on leur demande », Cahiers du mouvement ouvrier n°1, p. 16.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Jean-Jacques Marie, La Guerre civile russe, 1917-1922. Armées paysannes, rouges, blanches et vertes, Éditions Autrement, coll. « Mémoires », Paris, 2005, 276 p.
- Arno Joseph Mayer, Les Furies – Violence, vengeance, terreur aux temps de la révolution française et de la révolution russe, Fayard, 2002, 650 p.
- Orlando Figes, La Révolution russe. 1891-1924 : la tragédie d'un peuple (préface de Marc Ferro), Éditions Denoël, 2007
- (en) Peter Kenez, Civil War in South Russia, 1918: The First Year of the Volunteer Army, Berkeley, University of California Press, 1971.
- (en) Peter Kenez, Civil War in South Russia, 1919-1920: The Defeat of the Whites, Berkeley, University of California Press, 1977.
- (en) Peter Kenez, The ideology of the White Movement, Soviet Studies, 1980.
- (en) Moshe Lewin, « The Civil War : Dynamics and Legacy », in Party, State, and Society in the Russian Civil War, Bloomington, Indiana University Press, 1989.