Du latin circumcisio (couper autour), la circoncision consiste en l’ablation totale ou partielle du prépuce, qui laisse le gland du pénis à découvert. Cette pratique, qui existe depuis l'antiquité, concernait en 2006 (selon une estimation de l'OMS) 665 millions d'hommes, soit 30 % environ de la population masculine mondiale. Elle est effectuée principalement pour des motifs culturels et religieux mais aussi pour des raisons thérapeutiques (phimosis), hygiéniques et prophylactiques.
La circoncision complète, originellement exigée par dieu comme prix du sang pour le futur massacre des habitants de Canaan, apparaît aujourd'hui clairement pour ce qu'elle est : la mutilation d'un bébé innocent dans le but de détruire sa vie sexuelle future. Le lien entre la barbarie religieuse et la répression sexuelle ne saurait être plus évident que lorsqu'il est « marqué dans la chair ». Qui pourra compter le nombre de vies ainsi rendues misérables, surtout depuis que des médecins chrétiens se sont mis à adopter l'antique folklore juif dans leurs hopitaux ? Et qui peut supporter de lire les manuels et les histoires de la médecine qui recencent froidement le nombre de petits garçons morts d'une infection après leur huitième jour, ou qui ont subi des dysfonctionnements et déformations intolérables ? [...] S'il ne s'agissait pas de religion et de son arrogance, aucune société saine d'esprit ne tolérerait cette amputation primitive, ni n'autoriserait une opération chirugicale sur les parties génitales sans le consentement total et informé de la personne concernée.
Dieu n'est pas grand : Comment la religion empoisonne tout.,
Christopher Hitchens, éd. Belfond, 2009, p. 246
Même si elle est beaucoup moins mutilante que l'excision, la circoncision religieuse n'en reste pas moins une ablation volontaire opérée sur un sujet incapable de s'y opposer mentalement ou physiquement. L'article 16-3 du code civil est sur ce point parfaitement clair [...]. Une partie non négligeable de l'actuelle population française se trouve ainsi, de facto, dans l'illégalité la plus flagrante et serait donc passible d'une condamnation pénale... On mesure la justesse et, tout ensemble, la ridicule absurdité d'une telle conclusion. On mesure encore mieux l'imbécillité ou la mauvaise foi d'une querelle à propos du voile, quand on tolère en même temps, depuis plus de deux siècles, une mutilation, non pas thérapeutique, mais culturelle et/ou religieuse. [...] En s'attaquant de front à la question du port du voile, la République française, laïque et démocratique, se voile les yeux sur d'autres pratiques, invisibles et non prosélytes, sans doute, mais mutilantes, radicalement illégales et pénalement condamnables... Cela donne à réfléchir.
Étrange comme l'excision - la circoncision féminine, plusieurs langues utilisent le même mot pour les deux mutilations - des petites filles révulse l'Occidental, mais ne génère aucune condamnation quand elle est pratiquée sur les petits garçons. Le consensus semble absolu, jusqu'à ce qu'on invite son interlocuteur à réfléchir sur le bien-fondé de cette opération chirurgicale qui consiste à retrancher une partie saine du corps d'un enfant non consentant sans raison médicale - la définition juridique de... la mutilation.
Sur notre territoire, de très nombreuses circoncisions réclamées par des parents juifs ou musulmans sont souvent remboursées par la sécurité sociale d'un pays soi-disant laïque! Quant aux procès intentés à celles qui excisent leurs filles, ils sont devenus une mascarade dont les criminelles s'en tirent avec un très compréhensif sursis. Que faire aujourd'hui et demain? La déclaration des droits de l'homme prolongée par celle des droits de l'enfant sont explicites. Nul n'a le droit d'attenter à l'intégrité physique des mineurs non informés et bien sûr non consentants. La circoncision rituelle, comme les autres mutilations sexuelles, devrait tomber sous les coups de la loi (Article 312 de la loi du 2 février 1981). S' il est maintenant facile d'attendrir les populations sur les horreurs de l'excision, la lutte contre la circoncision n'est pas un thème mobilisateur. Pourtant on ne parviendra à éradiquer les mutilations féminines que si l'on abolit en même tant la circoncision. Partout où l'on mutile les filles, on mutile les petits garçons. Il est impossible de préserver le clitoris des fillettes si l'on continue de laisser couper le prépuce de leurs frères. Les sermons moralisateurs des occidentaux resteront inefficaces tant qu'ils n'aborderont pas le problème de la circoncision.
Pour nous, un Dieu qui exige de ses croyants de se mutiler pour les marquer, par leur sexe, comme on marque du bétail, est un Dieu d'une morale douteuse. On peut comprendre que la circoncision masculine ou féminine, comme toute autre intervention médicale, puisse être justifiée dans des cas spécifiques et sur indications médicales individuelles. Mais mutiler les enfants, garçons ou filles, et en prétendant leur faire du bien, relève du cynisme et du fanatisme. A cet effet, il n'existe aucune raison qui puisse justifier la distinction entre circoncision féminine et la circoncision masculine. [...] On ne peut, à cet effet, que condamner l'attitude des organisations internationales et non-gouvernementales pour la dissociation de ces deux types de mutilations, légitimant de la sorte la circoncision masculine. La religion a été un instrument pour justifier la circoncision masculine et féminine. Il faudrait donc démasquer son caractère irrationnel et dénoncer le rôle néfaste de certains milieux religieux qui la défendent ou qui refusent de la combattre.
- Abu-Sahlieh est docteur en droit; diplômé en sciences politiques; collaborateur scientifique responsable du droit arabe et musulman à l'Institut suisse de droit comparé
La véritable raison du législateur international et national ainsi que des ONG de s'engager contre la circoncision masculine est d'ordre politique: la peur d'être accusée d'antisémitisme ou d'anti-islam. Si cette conclusion s'avère exacte, nous nous trouvons devant une politisation des droits de l'homme. Pour faire plaisir aux juifs et aux musulmans, ou par peur de ces deux groupes, ces organismes violent les droits de l'enfant, perdant ainsi toute crédibilité. [...] Ce qui est véritablement scandaleux, voire criminel, c'est de se taire devant la mutilation de millions d'enfants pour des raisons politiques.
Quant à l'enfant mutilé il n'avait que la ressource de crier ses souffrances et de pleurer le choc ressenti devant cette violence castratrice faite à son corps. Cette meurtrissure dans sa chaire, ces hommes et ces femmes qui le torturent. ce rasoir qui brille, les youyous stridents de vieilles curieuses et fort peu discrètes. Les gargoulettes qui volent en éclats, le coq qui crie, se débat et perd son sang, le tintamarre et enfin cette ronde de bonshommes et de bonnes femmes qui viennent féliciter le patient de "son heureuse accession à l'islam" : voilà à quoi se réduit pour l'enfant une circoncision. [...] Et la douloureuse blessure trop souvent tarde à se cicatriser; parfois de longues et pénibles semaines étaient nécessaires; parfois aussi des accidents entrainaient des complications plus graves : infections, hémorragies, sectionnement de la verge, artère su pénis tranchée, partie du gland coupé...[...] Les dangers énormes sur le plan physiologique et psychique sont sérieux. Ce n'est pas sans raison que certains parlent de procédés barbares et traumatisants.
Chantal Zabus: Et la présence dans votre documentaire de la célèbre avocate Linda Curiel-Weil, qui a défendu des causes sur l’excision, qui s’est battue contre l’excision et qui a entre-temps avalisé le livre de Sami Al-deeb Abu-Sahlieh «Circoncision masculine, circoncision féminine», est-ce que cela veut dire qu’elle avalise votre projet également. Est-ce qu’elle en est venue de l’excision à la circoncision ? Parce qu’en fait, peu de féministes le font. Peu de féministes, en général, discutent de la circoncision. Je suis féministe moi-même mais certaines féministes ne voient pas de similarité entre les deux pratiques et on pourrait même dire que cela affaiblit le débat.
Dominique Arnaud : Encore une fois, je ne voudrais pas me flatter de contribuer à élargir le débat. « Silence, on coupe ! » traite des mutilations génitales infantiles et tout particulièrement la circoncision qui occupe une place centrale. Les féministes ne doivent pas dissocier dans cette lutte circoncision et excision si elles ne veulent pas être suspectées de poursuivre un dessein chimérique : la quête du phallus perdu. Quand bien même les conséquences de ces deux pratiques seraient incomparables, leur combat doit porter sur des principes et là il n’est plus question d’échelle de gravité.
Le troisième millénaire sera-t-il circoncis ? Chantal Zabus, Professeur à l’Université Paris 13, s’entretient avec Dominique Arnaud, réalisateur, 3 octobre 2006, dans
Silence on coupe !, paru DVD,
Dominique Arnaud, Chantal Zabus.
Des millions d'enfants juifs ou arabes sont, pour le dogme, soumis à la circoncision, étant enfant ou à un âge avancé. Une telle cruauté n'est possible qu'avec le déni total de la sensibilité de l'enfant. Mais qui peut aujourd'hui sérieusement dire qu'un enfant ne ressent rien ? [...] Un nombre infini de rites d'initiation, pardonnés par la religion, ne sont rien d'autre que de sadiques maltraitances de l'enfant.
- (en) Millions of Jewish or Arab children are, for the sake of dogma, subjected to circumcision, as infants or at an advanced age. Such cruelty is only possible with the total denial of the child's sensibility. But who can seriously say today that a child does not feel? [...] Countless initiation rites, condoned by religion, are nothing more than the sadistic mistreatment of children
Finalement ce n'est pas le barbier qui m'a circoncis, mais le chirurgien le plus réputé de la ville. Il n'y a pas eu d'anesthésie. ça a été ma première rencontre avec la torture.
« C'est la pire attaque depuis l'Holocauste », Najem Wali, propos recueillis par Nathalie Versieux,
Le Temps,
17 juillet 2012, p. 2
Pour ma part j'estime que dénoncer l'ablation du prépuce comme une mutilation sexuelle -ce qu'elle est objectivement- est une manière de défendre les enfants. Il faut entendre les cris d'un enfant que l'on circoncit, c'est absolument insupportable!
« Prépuce, en avoir ou pas », Sami Aldeeb, propos recueillis par Rinny Gremaud,
Le Temps,
7 juillet 2012, p. 22
Il est vrai que leur crainte d'une condamnation, par la justice suisse, n'était guère fondée puisque, modifiant le Code pénal pour punir la mutilation des organes génitaux féminins (MGG) - principalement l'excision et l'infibulation - le législateur fédéral venait d'affirmer que la circoncision "ne posait pas de problèmes fondamentaux". On eût aimé qu'il précisât cette affirmation lapidaire, ne fût-ce qu'à la lumière de l'interdit des discriminations sexuelles et, plus généralement, du principe d'égalité qui veut que la loi traite les faits semblables de manière semblable.
« circoncision: la juste intuition des juges allemands », Claude Rouiller,
Le Temps,
21 juillet 2012, p. 10
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