Dictionnaire philosophique/Garnier (1878)/De Caton, du suicide
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L’ingénieux Lamotte s’est exprimé ainsi sur Caton dans une de ses odes plus philosophiques que poétiques[2] :
Caton, d’une âme plus égale,
Sous l’heureux vainqueur de Pharsale
Eût souffert que Rome pliât ;
Mais, incapable de se rendre,
Il n’eut pas la force d’attendre
Un pardon qui l’humiliât.
C’est, je crois, parce que l’âme de Caton fut toujours égale, et qu’elle conserva jusqu’au dernier moment le même amour pour les lois et pour la patrie, qu’il aima mieux périr avec elle que de ramper sous un tyran ; il finit comme il avait vécu.
Incapable de se rendre ! Et à qui ? à l’ennemi de Rome, à celui qui avait volé de force le trésor public pour faire la guerre à ses concitoyens, et les asservir avec leur argent même.
Un pardon ! Il semble que Lamotte Houdard parle d’un sujet révolté qui pouvait obtenir sa grâce de Sa Majesté avec des lettres en chancellerie.
Malgré sa grandeur usurpée,
Le fameux vainqueur de Pompée
Ne put triompher de Caton.
C’est à ce juge inébranlable
Que César, cet heureux coupable,
Aurait dû demander pardon.
Il paraît qu’il y a quelque ridicule à dire que Caton se tua par faiblesse. Il faut une âme forte pour surmonter ainsi l’instinct le plus puissant de la nature. Cette force est quelquefois celle d’un frénétique ; mais un frénétique n’est pas faible.
Le suicide est défendu chez nous par le droit canon. Mais les décrétales, qui font la jurisprudence d’une partie de l’Europe, furent inconnues à Caton, à Brutus, à Cassius, à la sublime Arria, à l’empereur Othon, à Marc-Antoine, et à cent héros de la véritable Rome, qui préférèrent une mort volontaire à une vie qu’ils croyaient ignominieuse.
Nous nous tuons aussi, nous autres ; mais c’est quand nous avons perdu notre argent, ou dans l’excès très-rare d’une folle passion pour un objet qui n’en vaut pas la peine. J’ai connu des femmes qui se sont tuées pour les plus sots hommes du monde. On se tue aussi quelquefois parce qu’on est malade, et c’est en cela qu’il y a de la faiblesse.
Le dégoût de son existence, l’ennui de soi-même, est encore une maladie qui cause des suicides. Le remède serait un peu d’exercice, de la musique, la chasse, la comédie, une femme aimable. Tel homme qui dans un excès de mélancolie se tue aujourd’hui aimerait à vivre s’il attendait huit jours.
J’ai presque vu de mes yeux un suicide qui mérite l’attention de tous les physiciens. Un homme d’une profession sérieuse, d’un âge mûr, d’une conduite régulière, n’ayant point de passions, étant au-dessus de l’indigence, s’est tué le 17 octobre 1769, et a laissé au conseil de la ville où il était né l’apologie par écrit de sa mort volontaire, laquelle on n’a pas jugé à propos de publier, de peur d’encourager les hommes à quitter une vie dont on dit tant de mal. Jusque-là il n’y a rien de bien extraordinaire ; on voit partout de tels exemples. Voici l’étonnant.
Son frère et son père s’étaient tués, chacun au même âge que lui. Quelle disposition secrète d’organes, quelle sympathie, quel concours de lois physiques fait périr le père et les deux enfants de leur propre main, et du même genre de mort, précisément quand ils ont atteint la même année ? Est-ce une maladie qui se développe à la longue dans une famille, comme on voit souvent les pères et les enfants mourir de la petite vérole, de la pulmonie, ou d’un autre mal ? Trois, quatre générations sont devenues sourdes, aveugles, ou goutteuses, ou scorbutiques, dans un temps préfix.
Le physique, ce père du moral, transmet le même caractère de père en fils pendant des siècles. Les Appius furent toujours fiers et inflexibles ; les Catons toujours sévères. Toute la lignée des Guises fut audacieuse, téméraire, factieuse, pétrie du plus insolent orgueil et de la politesse la plus séduisante. Depuis François de Guise jusqu’à celui qui seul, et sans être attendu, alla se mettre à la tête du peuple de Naples, tous furent d’une figure, d’un courage et d’un tour d’esprit au-dessus du commun des hommes. J’ai vu les portraits en pied de François de Guise, du Balafré et de son fils : leur taille est de six pieds ; mêmes traits, même courage, même audace sur le front, dans les yeux et dans l’attitude.
Cette continuité, cette série d’êtres semblables est bien plus remarquable encore dans les animaux ; et si l’on avait la même attention à perpétuer les belles races d’hommes que plusieurs nations ont encore à ne pas mêler celles de leurs chevaux et de leurs chiens de chasse, les généalogies seraient écrites sur les visages, et se manifesteraient dans les mœurs.
Il y a eu des races de bossus, de six-digitaires, comme nous en voyons de rousseaux, de lippus, de longs nez, et de nez plats.
Mais que la nature dispose tellement les organes de toute une race, qu’à un certain âge tous ceux de cette famille auront la passion de se tuer, c’est un problème que toute la sagacité des anatomistes les plus attentifs ne peut résoudre. L’effet est certainement tout physique ; mais c’est de la physique occulte. Eh ! quel est le secret principe qui ne soit pas occulte ?
On ne nous dit point, et il n’est pas vraisemblable que du temps de Jules César et des empereurs, les habitants de la Grande-Bretagne se tuassent aussi délibérément qu’ils le font aujourd’hui quand ils ont des vapeurs qu’ils appellent le spleen, et que nous prononçons le spline.
Au contraire, les Romains, qui n’avaient point le spline, ne faisaient aucune difficulté de se donner la mort. C’est qu’ils raisonnaient ; ils étaient philosophes, et les sauvages de l’île Britain ne l’étaient pas. Aujourd’hui les citoyens anglais sont philosophes, et les citoyens romains ne sont rien. Aussi les Anglais quittent la vie fièrement quand il leur en prend fantaisie. Mais il faut à un citoyen romain une indulgentia in articulo mortis ; ils ne savent ni vivre ni mourir.
Le chevalier Temple dit qu’il faut partir quand il n’y a plus d’espérance de rester agréablement. C’est ainsi que mourut Atticus.
Les jeunes filles qui se noient et qui se pendent par amour ont donc tort : elles devraient écouter l’espérance du changement, qui est aussi commun en amour qu’en affaires.
Un moyen presque sûr de ne pas céder à l’envie de vous tuer, c’est d’avoir toujours quelque chose à faire. Creech, le commentateur de Lucrèce, mit sur son manuscrit : N. B. Qu’il faudra que je me pende quand j’aurai fini mon commentaire. Il se tint parole pour avoir le plaisir de finir comme son auteur. S’il avait entrepris un commentaire sur Ovide, il aurait vécu plus longtemps.
Pourquoi avons-nous moins de suicides dans les campagnes que dans les villes ? c’est que dans les champs il n’y a que le corps qui souffre ; à la ville, c’est l’esprit. Le laboureur n’a pas le temps d’être mélancolique. Ce sont les oisifs qui se tuent ; ce sont ces gens si heureux aux yeux du peuple.
Je résumerai ici quelques suicides arrivés de mon temps, et dont quelques-uns ont déjà été publiés dans d’autres ouvrages. Les morts peuvent être utiles aux vivants.
Philippe Mordaunt, cousin germain de ce fameux comte de Peterborough, si connu dans toutes les cours de l’Europe, et qui se vantait d’être l’homme de l’univers qui avait vu le plus de postillons et le plus de rois ; Philippe Mordaunt, dis-je, était un jeune homme de vingt-sept ans, beau, bien fait, riche, né d’un sang illustre, pouvant prétendre à tout, et, ce qui vaut encore mieux, passionnément aimé de sa maîtresse. Il prit à ce Mordaunt un dégoût de la vie : il paya ses dettes, écrivit à ses amis pour leur dire adieu, et même fit des vers dont voici les derniers, traduits en français :
L’opium peut aider le sage ;
Mais, selon mon opinion.
Il lui faut au lieu d’opium
Un pistolet et du courage.
Il se conduisit selon ses principes, et se dépêcha d’un coup de pistolet, sans en avoir donné d’autre raison, sinon que son âme était lasse de son corps, et que quand on est mécontent de sa maison il faut en sortir. Il semblait qu’il eût voulu mourir parce qu’il était dégoûté de son bonheur.
Richard Smith, en 1726, donna un étrange spectacle au monde pour une cause fort différente. Richard Smith était dégoûté d’être réellement malheureux : il avait été riche, et il était pauvre ; il avait eu de la santé, et il était infirme. Il avait une femme à laquelle il ne pouvait faire partager que sa misère : un enfant au berceau était le seul bien qui lui restât. Richard Smith et Bridget Smith, d’un commun consentement, après s’être tendrement embrassés, et avoir donné le dernier baiser à leur enfant, ont commencé par tuer cette pauvre créature, et ensuite se sont pendus aux colonnes de leur lit. Je ne connais nulle part aucune horreur de sang-froid qui soit de cette force ; mais la lettre que ces infortunés ont écrite à M. Brindley leur cousin, avant leur mort, est aussi singulière que leur mort même. « Nous croyons, disent-ils, que Dieu nous pardonnera, etc. Nous avons quitté la vie, parce que nous étions malheureux sans ressource ; et nous avons rendu à notre fils unique le service de le tuer, de peur qu’il ne devînt aussi malheureux que nous, etc. » Il est à remarquer que ces gens, après avoir tué leur fils par tendresse paternelle, ont écrit à un ami pour lui recommander leur chat et leur chien. Ils ont cru apparemment qu’il était plus aisé de faire le bonheur d’un chat et d’un chien dans le monde que celui d’un enfant, et ils ne voulaient pas être à charge à leur ami.
Milord Scarborough quitta la vie en 1727, avec le même sang-froid qu’il avait quitté sa place de grand-écuyer. On lui reprochait dans la chambre des pairs qu’il prenait le parti du roi parce qu’il avait une belle charge à la cour. « Messieurs, dit-il, pour vous prouver que mon opinion ne dépend pas de ma place, je m’en démets dans l’instant. » Il se trouva depuis embarrassé entre une maîtresse qu’il aimait, mais à qui il n’avait rien promis, et une femme qu’il estimait, mais à qui il avait fait une promesse de mariage. Il se tua pour se tirer d’embarras.
Toutes ces histoires tragiques, dont les gazettes anglaises fourmillent, ont fait penser à l’Europe qu’on se tue plus volontiers en Angleterre qu’ailleurs. Je ne sais pourtant si à Paris il n’y a pas autant de fous ou de héros qu’à Londres ; peut-être que si nos gazettes tenaient un registre exact de ceux qui ont eu la démence de vouloir se tuer et le triste courage de le faire, nous pourrions, sur ce point, avoir le malheur de tenir tête aux Anglais. Mais nos gazettes sont plus discrètes : les aventures des particuliers ne sont jamais exposées à la médisance publique dans ces journaux avoués par le gouvernement.
Tout ce que j’ose dire avec assurance, c’est qu’il ne sera jamais à craindre que cette folie de se tuer devienne une maladie épidémique : la nature y a trop bien pourvu ; l’espérance, la crainte, sont les ressorts puissants dont elle se sert pour arrêter très-souvent la main du malheureux prêt à se frapper[4].
On entendit un jour le cardinal Dubois se dire à lui-même : Tue-toi donc ! Lâche, tu n’oserais.
On dit qu’il y a eu des pays où un conseil était établi pour permettre aux citoyens de se tuer quand ils en avaient des raisons valables. Je réponds, ou que cela n’est pas, ou que ces magistrats n’avaient pas une grande occupation.
Ce qui pourrait nous étonner, et ce qui mérite, je crois, un sérieux examen, c’est que les anciens héros romains se tuaient presque tous quand ils avaient perdu une bataille dans les guerres civiles ; et je ne vois point que ni du temps de la Ligue, ni de celui de la Fronde, ni dans les troubles d’Italie, ni dans ceux d’Angleterre, aucun chef ait pris le parti de mourir de sa propre main. Il est vrai que ces chefs étaient chrétiens, et qu’il y a bien de la différence entre les principes d’un guerrier chrétien et ceux d’un héros païen ; cependant pourquoi ces hommes, que le christianisme retenait quand ils voulaient se procurer la mort, n’ont-ils été retenus par rien quand ils ont voulu empoisonner, assassiner, ou faire mourir leurs ennemis vaincus sur des échafauds, etc. ? La religion chrétienne ne défend-elle pas ces homicides-là encore plus que l’homicide de soi-même, dont le Nouveau Testament n’a jamais parlé ?
Les apôtres du suicide nous disent qu’il est très-permis de quitter sa maison quand on en est las. D’accord ; mais la plupart des hommes aiment mieux coucher dans une vilaine maison que de dormir à la belle étoile.
Je reçus un jour d’un Anglais une lettre circulaire par laquelle il proposait un prix à celui qui prouverait le mieux qu’il faut se tuer dans l’occasion. Je ne lui répondis point : je n’avais rien à lui prouver ; il n’avait qu’à examiner s’il aimait mieux la mort que la vie.
Un autre Anglais, nommé Bacon Morris, vint me trouver à Paris, en 1724 ; il était malade, et me promit qu’il se tuerait s’il n’était pas guéri au 20 juillet. En conséquence il me donna son épitaphe conçue en ces mots : Qui mari et terra pacem quæsivit, hic invenit. Il me chargea aussi de vingt-cinq louis pour lui dresser un petit monument au bout du faubourg Saint-Martin. Je lui rendis son argent le 20 juillet, et je gardai son épitaphe[5].
De mon temps, le dernier prince de la maison de Courtenai, très-vieux, et le dernier prince de la branche de Lorraine-Harcourt, très-jeune, se sont donné la mort sans qu’on en ait presque parlé. Ces aventures font un fracas terrible le premier jour ; et quand les biens du mort sont partagés, on n’en parle plus.
Voici le plus fort de tous les suicides. Il vient de s’exécuter à Lyon, au mois de juin 1770.
Un jeune homme très-connu, beau, bien fait, aimable, plein de talents, est amoureux d’une jeune fille que les parents ne veulent point lui donner. Jusqu’ici ce n’est que la première scène d’une comédie, mais l’étonnante tragédie va suivre.
L’amant se rompt une veine par un effort. Les chirurgiens lui disent qu’il n’y a point de remède : sa maîtresse lui donne un rendez-vous avec deux pistolets et deux poignards, afin que si les pistolets manquent leur coup, les deux poignards servent à leur percer le cœur en même temps. Ils s’embrassent pour la dernière fois ; les détentes des pistolets étaient attachées à des rubans couleur de rose ; l’amant tient le ruban du pistolet de sa maîtresse ; elle tient le ruban du pistolet de son amant. Tous deux tirent à un signal donné, tous deux tombent au même instant.
La ville entière de Lyon en est témoin. Arrie et Pétus, vous en aviez donné l’exemple ; mais vous étiez condamnés par un tyran, et l’amour seul a immolé ces deux victimes ! On leur a fait cette épitaphe[6] :
À votre sang mêlons nos pleurs,
Attendrissons-nous d’âge en âge
Sur vos amours et vos malheurs ;
Mais admirons votre courage.
Y a-t-il une loi civile ou religieuse qui ait prononcé défense de se tuer sous peine d’être pendu après sa mort, ou sous peine d’être damné ?
Il est vrai que Virgile a dit :
Proxima deinde tenent mœsti loca, qui sibi lethum
Insontes peperere manu, lucemque perosi
Projecere animas. Quam vellent æthere in alto
Nunc et pauperiem et duros perferre labores !
Fata obstant, tristique palus innabilis unda
Alligat, et novies Styx interfusa cœrcet.
(Virg., Æneid., lib. VI, v. 434 et seq.)
Là sont ces insensés, qui, d’un bras téméraire,
Ont cherché dans la mort un secours volontaire,
Qui n’ont pu supporter, faibles et furieux,
Le fardeau de la vie imposé par les dieux.
Hélas ! ils voudraient tous se rendre à la lumière,
Recommencer cent fois leur pénible carrière :
Ils regrettent la vie, ils pleurent ; et le sort,
Le sort, pour les punir, les retient dans la mort ;
L’abîme du Cocyte, et l’Achéron terrible
Met entre eux et la vie un obstacle invincible.
Telle était la religion de quelques païens ; et malgré l’ennui qu’on allait chercher dans l’autre monde, c’était un honneur de quitter celui-ci et de se tuer, tant les mœurs des hommes sont contradictoires. Parmi nous, le duel n’est-il pas encore malheureusement honorable, quoique défendu par la raison, par la religion, et par toutes les lois ? Si Caton et César, Antoine et Auguste, ne se sont pas battus en duel, ce n’est pas qu’ils ne fussent aussi braves que nos Français. Si le duc de Montmorency, le maréchal de Marillac, de Thou, Cinq-Mars, et tant d’autres, ont mieux aimé être traînés au dernier supplice dans une charrette, comme des voleurs de grand chemin, que de se tuer comme Caton et Brutus, ce n’est pas qu’ils n’eussent autant de courage que ces Romains, et qu’ils n’eussent autant de ce qu’on appelle honneur. La véritable raison, c’est que la mode n’était pas alors à Paris de se tuer en pareil cas, et cette mode était établie à Rome.
Les femmes de la côte de Malabar se jettent toutes vives sur le bûcher de leurs maris : ont-elles plus de courage que Cornélie ? non ; mais la coutume est dans ce pays-là que les femmes se brûlent.
Coutume, opinion, reines de notre sort,
Vous réglez des mortels et la vie et la mort.
Au Japon, la coutume est que quand un homme d’honneur a été outragé par un homme d’honneur, il s’ouvre le ventre en présence de son ennemi, et lui dit : « Fais-en autant si tu as du cœur. » L’agresseur est déshonoré à jamais s’il ne se plonge pas incontinent un grand couteau dans le ventre.
La seule religion dans laquelle le suicide soit défendu par une loi claire et positive est le mahométisme. Il est dit dans le sura iv : « Ne vous tuez pas vous-même, car Dieu est miséricordieux envers vous ; et quiconque se tue par malice et par méchanceté sera certainement rôti au feu d’enfer. »
Nous traduisons mot à mot. Le texte semble n’avoir pas le sens commun ; ce qui n’est pas rare dans les textes. Que veut dire « Ne vous tuez point vous-même, car Dieu est miséricordieux » ? Peut-être faut-il entendre : Ne succombez pas à vos malheurs, que Dieu peut adoucir ; ne soyez pas assez fou pour vous donner la mort aujourd’hui, pouvant être heureux demain.
« Et quiconque se tue par malice et par méchanceté. » Cela est plus difficile à expliquer. Il n’est peut-être jamais arrivé dans l’antiquité qu’à la Phèdre d’Euripide de se pendre exprès pour faire accroire à Thésée qu’Hippolyte l’avait violée. De nos jours, un homme s’est tiré un coup de pistolet dans la tête, ayant tout arrangé pour faire jeter le soupçon sur un autre.
Dans la comédie de George Dandin, la coquine de femme qu’il a épousée le menace de se tuer pour le faire pendre. Ces cas sont rares : si Mahomet les a prévus, on peut dire qu’il voyait de loin[7].
- ↑ Ce morceau parut, tel qu’il est ici, dans la troisième partie des Questions sur l’Encyclopédie, en 1770 ; mais une partie était beaucoup plus ancienne : voyez ma note, page 92. (B.)
- ↑ L’Amour-propre, ode à l’évêque de Soissons, strophe 10.
- ↑ Ce morceau parut en 1739 sous ce titre : Du Suicide, ou de l’Homicide de soi-même. Voyez la note de la page suivante. C’est Voltaire qui l’a placé dans la troisième partie des Questions sur l’Encyclopédie, tel qu’on le lit ici. (B.)
- ↑ Dans l’impression de 1739 dont j’ai parlé en la note précédente, immédiatement après cet alinéa viennent les trois derniers alinéas qu’on lit aujourd’hui à l’article Suicide. Suivaient les vers de Virgile ci-après (page 95) : Proxima deinde tenent, etc. ; puis les vers français qui en sont la traduction, et les vingt-six lignes suivantes jusques et y compris ces deux vers :
Coutume, opinion, reines de notre sort.
Vous réglez des mortels et la vie et la mort,qui étaient la fin de tout l’article. (B.)
- ↑ Voyez l’article Suicide.
- ↑ Une note manuscrite m’apprend que ces vers sont de Vasselier, mort en 1797. Je ne les ai pas trouves dans l’édition de ses Œuvres, faite en 1800, 3 vol. in-18. (B.)
- ↑ Ici, dans les Questions sur l’Encyclopédie, Voltaire avait ajouté et transcrit en entier le paragraphe 19 de son Commentaire sur le livre Des Délits et des Peines (où il est question de Saint-Cyran) ; voyez Mélanges, année 1766. (B.)
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