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Page:A la plus belle.djvu/136

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XVI

RIVALES

Celui qui avait imaginé cette bizarre et dangeureuse galanterie ne devait pas être très loin, car la flèche, dirigée avec une merveilleuse adresse, avait dû raser la joue de Berthe pour se planter entre elle et sa compagne. Comme nous l’avons dit, le logis de dame Fanchon Le Priol occupait l’autre cûté de la rue. Derrière le logis de dame Fanchon, qui était bas et à un seul étage, il y avait des terrains vagues et des masures.

C’était de là très certainementque le coup était parti.

L’effroi de Berthe n’avait été qu’un mouvement passager. Celui de Jeannine durait encore. Berthe monta sur le balcon et regarda de tous ses yeux. La rue était déserte. Dans les orties, broussailles et pauvres ruines qui s’étendaient à perte de vue derrière la petite maison Le Priol, personne ne se montrait.

Berthe rentra et ferma la croisée.

Jeannine était toute tremblante.

— Je n’ai plus besoin de te rien expliquer, ma fille, dit Berthe ; tu vois ce que c’est… Et, aujourd’hui comme hier, la pomme tombe entre nous deux. Est-ce pour toi, est-ce pour moi ?

— C’est pour vous, répliqua Jeanne puisque c’est pour la plus belle.

— Assieds-toi là, flatteuse ! Ce n’est pas parce que ces