conversation sur le fameux Crédit viticole. Au bout de cinq minutes, le grand administrateur effaré, stupéfait des choses étonnantes qu’il entendait, prit sans façon l’employé à son bras et le retint pendant une heure dans le couloir. Saccard lui souffla des mécanismes financiers prodigieux d’ingéniosité. Quand M. Toutin-Laroche le quitta, il lui serra la main d’une façon expressive, avec un clignement d’yeux franc-maçonnique.
— Vous en serez, murmura-t-il, il faut que vous en soyez.
Il fut supérieur dans toute cette affaire. Il poussa la prudence jusqu’à ne pas rendre le baron Gouraud et M. Toutin-Laroche complices l’un de l’autre. Il les visita séparément, leur glissa un mot à l’oreille en faveur d’un de ses amis qui allait être exproprié, rue de la Pépinière ; il eut bien soin de dire à chacun des deux compères, qu’il ne parlerait de cette affaire à aucun autre membre de la commission, que c’était une chose en l’air, mais qu’il comptait sur toute sa bienveillance.
L’agent voyer avait eu raison de craindre et de prendre ses précautions. Quand le dossier relatif à son immeuble arriva devant la commission des indemnités, il se trouva justement qu’un des membres habitait la rue d’Astorg et connaissait la maison. Ce membre se récria sur le chiffre de cinq cent mille francs que, selon lui, on devait réduire de plus de moitié. Aristide avait eu l’impudence de faire demander sept cent mille francs. Ce jour-là, M. Toutin-Laroche, d’ordinaire très désagréable pour ses collègues, était d’une humeur plus massacrante encore que de coutume. Il se fâcha, il prit la défense des propriétaires.
— Nous sommes tous propriétaires, messieurs, criait-il… L’empereur veut faire de grandes choses, ne lésinons