« Voici ma main ! » dit l’ingénieur.
Ayrton se précipita sur cette main que lui tendait Cyrus Smith, et de grosses larmes coulèrent de ses yeux.
« Voulez-vous vivre avec nous ? demanda Cyrus Smith.
— Monsieur Smith, laissez-moi quelque temps encore, répondit Ayrton, laissez-moi seul dans cette habitation du corral !
— Comme vous le voudrez, Ayrton, » répondit Cyrus Smith.
Ayrton allait se retirer, quand l’ingénieur lui adressa une dernière question :
« Un mot encore, mon ami. Puisque votre dessein était de vivre isolé, pourquoi avez-vous donc jeté à la mer ce document qui nous a mis sur vos traces ?
— Un document ? répondit Ayrton, qui paraissait ne pas savoir ce dont on lui parlait.
— Oui, ce document enfermé dans une bouteille que nous avons trouvé, et qui donnait la situation exacte de l’île Tabor ! »
Ayrton passa sa main sur son front. Puis, après avoir réfléchi :
« Je n’ai jamais jeté de document à la mer ! répondit-il.
— Jamais ? s’écria Pencroff.
— Jamais ! »
Et Ayrton, s’inclinant, regagna la porte et partit.
CHAPITRE XVIII
« Le pauvre homme ! » dit Harbert, qui, après s’être élancé vers la porte, revint, après avoir vu Ayrton glisser par la corde de l’ascenseur et disparaître au milieu de l’obscurité.
« Il reviendra, dit Cyrus Smith.
— Ah çà, monsieur Cyrus, s’écria Pencroff, qu’est-ce que cela veut dire ? Comment ! ce n’est pas Ayrton qui a jeté cette bouteille à la mer ? Mais qui donc alors ? »
À coup sûr, si jamais question dut être faite, c’était bien celle-là !
« C’est lui, répondit Nab, seulement le malheureux était déjà à demi fou.