11 avril. — L’étape suivante n’étant que de quatre farsahks, j’atteignis de bonne heure Damghan, ville située sur un monticule près d’une gorge de l’Elbourz, au bas de laquelle coule une petite rivière. Ses murailles très-délabrées, épaisses en quelques endroits, enferment environ quinze cents maisons, bâties en briques cuites au soleil, comme presque toutes les constructions persanes. Dans la belle saison, les arbres et la verdure voilent le mauvais état des constructions et donnent à ce lieu un aspect pittoresque ; l’hiver en démasque toute la nudité et on croirait n’avoir devant soi qu’un cimetière. À une grande distance aux environs, on ne voit de tous côtés que des habitations ruinées, des terrains jadis cultivés çà et là et quelques débris de murs d’enceinte. Autrefois sur ce même lieu s’élevait Hécatompyle, près les portes Caspiennes : c’était la capitale des Parthes.
Minaret penché de Semnan. — Dessin de A. de Bar d’après un croquis de M. de Blocqueville.
</noinlcude> À Damghan deux minarets sont encore debout : l’un au milieu de la ville, l’autre en dehors et à une grande distance. Ils attestent, ainsi que les autres débris, qu’après la conquête des Arabes, la ville était grande et florissante. Dans la montagne et au nord de Damghan est une source qu’on appelle Tchechine-Ali (source d’Ali). Les habitants prétendent que, s’il vient à tomber quelque chose d’impur dans cette eau, Ali, irrité, déchaîne les vents et la pluie sur toute la contrée, jamais moins de deux jours, quelquefois pendant des semaines entières. Il est certain que la ville, située en face d’une gorge, est très-exposée au vent. Les montagnes qui environnent Damghan sont couvertes de pistachiers renommés ; leurs pistaches sont grosses comme des noisettes.
12 avril. — Voyageant la nuit et le plus rapidement possible, j’arrivai de bonne heure à Deimollah, village bien situé et entouré de vergers. Là, j’appris que la colonne d’expédition qui était à Charout devait peut-être en repartir le surlendemain ; je ne restai dans cette