elle-même. Nous ressentons par exemple plus de
chagrin quand un de nos amis se rend coupable de
quelque ignominie, que quand nous le faisons nous-mêmes.
C’est que d’abord nous avons plus de foi
que lui en la pureté de son caractère ; puis notre
amour pour lui est, sans doute, à cause justement
de cette foi, plus fort que l’amour qu’il a pour lui-même.
Bien que par le fait son égoïsme en souffre
plus que notre égoïsme, étant donné qu’il doit subir
plus fortement les conséquences fâcheuses de son
crime, ce qu’il y a en nous de non-égoïste — ce mot
ne doit jamais s’entendre strictement, mais seulement
comme une facilité d’expression — est tout
de même atteint plus fort par sa faute que ce qu’il
y a de non-égoïste en lui.
Hypocondrie. — Il y a des hommes qui deviennent
hypocondres par sympathie et souci pour une
autre personne, l’espèce de pitié qui naît alors
n’est autre chose qu’une maladie. Il y a même
une hypocondrie chrétienne dont sont attaqués ces
gens solitaires, en proie à l’émotion religieuse qui
se mettent continuellement devant les yeux la passion
et la mort du Christ.
Économie de la bonté. — La bonté et l’amour,