ment dans sa «sottise », comme le pense La Rochefoucauld. — Dans la conversation de la société, les
trois quarts des questions sont posées, les trois
quarts des réponses sont données pour faire un
petit peu de mal à l’interlocuteur ; c’est pourquoi
bien des hommes ont soif de la société : elle leur
donne le sentiment de la force. À ces doses infinies
en nombre, mais très petites, où la méchanceté se
fait sentir, elle est un puissant moyen d’excitation
de la vie : tout comme la bienveillance, répandue
dans la société humaine sous une forme analogue,
est le moyen de salut toujours prêt. — Mais y aura-t-il
beaucoup d’honnêtes gens pour confesser
qu’il y a plaisir à faire mal ? qu’il n’est pas rare
qu’on vive — et qu’on vive bien — de causer des
déboires à d’autres hommes, au moins en pensée,
et de tirer sur eux cette grenaille de menue méchanceté.
La plupart sont trop malhonnêtes et quelques-uns
sont trop bons pour savoir quelque chose de ce
pudendum ; ceux-là nieront toujours que Prosper
Mérimée ait raison quand il dit : « Sachez enfin
qu’il n’y a rien de plus commun que de faire le
mal pour le plaisir de le faire. »
Comment le paraître devient être. — Le comédien ne peut en définitive cesser, fût-ce dans la plus profonde douleur, de songer à l’impression produite