L’art comme expérience, tome III, Œuvres philosophiques,, Tours : Publications de l’Université de Pau/Éditions Farrago, Tours : Publications de l’Université de Pau/Éditions Farrago, 2005, 417 p, rééd. coll. « Folio / Essais », Paris : Gallimard, 2010, 608 p., Dec 15, 2005
John Dewey (1859-1952) est un des piliers du " pragmatisme ". Au centre de cette tradition, il y ... more John Dewey (1859-1952) est un des piliers du " pragmatisme ". Au centre de cette tradition, il y a l'enquête, c'est-à-dire la conviction qu'aucune question n'est a priori étrangère à la discussion et à la justification rationnelle. Dewey a porté cette notion d'enquête le plus loin : à ses yeux, il n'y a pas de différence essentielle entre les questions que posent les choix éthiques, moraux ou esthétiques et celles qui ont une signification et une portée plus directement cognitives. Aussi aborde-t-il les questions morales et esthétiques dans un esprit d'expérimentation - ce qui tranche considérablement avec la manière dont la philosophie les aborde d'ordinaire, privilégiant soit la subjectivité et la vie morale, soit les conditions sociales et institutionnelles. Dans L'art comme expérience, la préoccupation de Dewey est l'éducation de l'homme ordinaire. Il développe une vision de l'art en société démocratique, qui libère quiconque des mythes intimidants qui font obstacle à l'expérience artistique.
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Books by nancy murzilli
Un questionnaire envoyé par courriel, vingt artistes et écrivain.e.s ont répondu. Une interrogation sur ce qui motive l’hybridation des pratiques artistiques et littéraires aujourd’hui. Cet ouvrage présente un regard sur les entrecroisements des arts du point de vue de ceux qui en sont les auteur.e.s - cinéma, photographie, arts visuels et numériques, bande dessinée, arts de la scène, musique, littérature. Sandy Amerio, Nicole Caligaris, Thomas Clerc, François Emmanuel, Hélène Frédérick, Jérôme Game, Anne-Marie Garat, Christian Garcin, Max Genève, Adrien Goetz, Gaëlle Josse, Valérie Mréjen, Emmanuelle Pireyre, Henri Raczymow, Mathieu Riboulet, Olivia Rosenthal, Pierre Senges, Jean-Philippe Toussaint, Benoît Vincent, Cécile Wajsbrot révèlent le rapport intime qui se crée entre leur travail d’écriture et d’autres formes de création artistique. Ce volume a été élaboré dans le souci de resserrer un dialogue toujours plus étroit entre la critique, les artistes et les écrivain.e.s. À la fois questionnaire littéraire et enquête de terrain, l’enjeu de cet ouvrage est d’entrer dans les ateliers de création, afin d’y découvrir des manières de faire sur lesquelles les théoriciens puissent affûter leurs outils.
Ceint en deux parties, l'ouvrage se compose des réponses rassemblées en quatre grands ensembles et de la présentation de la relation entre arts et littérature dans les œuvres de chacun.e des participant.e.s. Un apparat iconographique fait écho à leurs propos et au parcours critique qu’ils suscitent, formant un objet éditorial lui-même intermédial.
The Project
A questionnaire sent by email, twenty artists and writers responded. An interrogation on what motivates the hybridization of artistic and literary practices today. This issue presents a look at the interweaving of the arts from the point of view of those who are its creators - cinema, photography, visual and digital arts, comics, performing arts, music, literature. Sandy Amerio, Nicole Caligaris, Thomas Clerc, François Emmanuel, Hélène Frédérick, Jérôme Game, Anne-Marie Garat, Christian Garcin, Max Geneva, Adrien Goetz, Gaëlle Josse, Valérie Mréjen, Emmanuelle Pireyre, Henri Raczymow, Mathieu Riboulet, Olivia Rosenthal, Pierre Senges, Jean-Philippe Toussaint, Benoît Vincent and Cécile Wajsbrot reveal the intimate relationship that is created between their writing work and other forms of artistic creation. This volume was developed with the aim of strengthening an ever closer dialogue between critics, artists and writers. Both literary questionnaire and field survey, the challenge of this book is to enter the creative workshops, to discover ways of doing on which theorists can sharpen their tools. Taken in two parts, the issue is composed of the answers gathered in four large groups and the presentation of the relationship between arts and literature in the works of each participant. An iconographic apparatus echoes their words and the critical course they create, forming an editorial object itself intermedial.
/
Sviluppato lungo un preciso percorso che parte dalle testimonianze scritte dei combattenti e arriva alla memoria multimediale, il volume intreccia questioni metodologiche e nuove prospettive della comunicazione-divulgazione legate alla public history. I numerosi contributi raccolti definiscono semanticamente lo spazio occupato e il ruolo svolto dalla scrittura durante la prima guerra mondiale e analizzano l’uso pubblico delle testimonianze per la costruzione del mito della guerra. Ne emergono così i processi culturali e storiografici che hanno trasformato le scritture e le immagini fotografiche di guerra da monumenti a fonti per la storia di un conflitto.
Le présent volume reprend ces thématiques de recherche et ces interrogations ; il les approfondit et les développe en déchiffrant des pratiques d'écriture contemporaines qui entretiennent des rapports étroits avec les arts et les techniques de l'image. Les mises au point théoriques et méthodologiques côtoient des analyses pointues et des propositions d'interprétation des phénomènes nouveaux et encore peu définis par la critique.
Papers by nancy murzilli
agence de notation alternative. Elle se déploie dans le projet de recherche-création
1
Évaluation générale dirigé par la philosophe Nancy Murzilli . Son action consiste à
investir des espaces protégés de l’évaluation où n’existe encore aucune forme d’expertise instituée, et de les soumettre à une évaluation d’un autre genre, de façon spectaculaire, sous la forme de performances en public, avec des évaluateurs censés être libres de toute influence et jouant cartes sur table. Jusqu’à présent, l’Agence a
évalué surtout des insti- tutions culturelles et de recherche – centre d’art, université, bibliothèques, festival de littérature. Elle observe en particulier les lieux de décision et les protocoles attachés à l’exercice des pouvoirs : prix, habitats attribués à des dirigeants, rituels de
sélection, de valorisation.
Un questionnaire envoyé par courriel, vingt artistes et écrivain.e.s ont répondu. Une interrogation sur ce qui motive l’hybridation des pratiques artistiques et littéraires aujourd’hui. Cet ouvrage présente un regard sur les entrecroisements des arts du point de vue de ceux qui en sont les auteur.e.s - cinéma, photographie, arts visuels et numériques, bande dessinée, arts de la scène, musique, littérature. Sandy Amerio, Nicole Caligaris, Thomas Clerc, François Emmanuel, Hélène Frédérick, Jérôme Game, Anne-Marie Garat, Christian Garcin, Max Genève, Adrien Goetz, Gaëlle Josse, Valérie Mréjen, Emmanuelle Pireyre, Henri Raczymow, Mathieu Riboulet, Olivia Rosenthal, Pierre Senges, Jean-Philippe Toussaint, Benoît Vincent, Cécile Wajsbrot révèlent le rapport intime qui se crée entre leur travail d’écriture et d’autres formes de création artistique. Ce volume a été élaboré dans le souci de resserrer un dialogue toujours plus étroit entre la critique, les artistes et les écrivain.e.s. À la fois questionnaire littéraire et enquête de terrain, l’enjeu de cet ouvrage est d’entrer dans les ateliers de création, afin d’y découvrir des manières de faire sur lesquelles les théoriciens puissent affûter leurs outils.
Ceint en deux parties, l'ouvrage se compose des réponses rassemblées en quatre grands ensembles et de la présentation de la relation entre arts et littérature dans les œuvres de chacun.e des participant.e.s. Un apparat iconographique fait écho à leurs propos et au parcours critique qu’ils suscitent, formant un objet éditorial lui-même intermédial.
The Project
A questionnaire sent by email, twenty artists and writers responded. An interrogation on what motivates the hybridization of artistic and literary practices today. This issue presents a look at the interweaving of the arts from the point of view of those who are its creators - cinema, photography, visual and digital arts, comics, performing arts, music, literature. Sandy Amerio, Nicole Caligaris, Thomas Clerc, François Emmanuel, Hélène Frédérick, Jérôme Game, Anne-Marie Garat, Christian Garcin, Max Geneva, Adrien Goetz, Gaëlle Josse, Valérie Mréjen, Emmanuelle Pireyre, Henri Raczymow, Mathieu Riboulet, Olivia Rosenthal, Pierre Senges, Jean-Philippe Toussaint, Benoît Vincent and Cécile Wajsbrot reveal the intimate relationship that is created between their writing work and other forms of artistic creation. This volume was developed with the aim of strengthening an ever closer dialogue between critics, artists and writers. Both literary questionnaire and field survey, the challenge of this book is to enter the creative workshops, to discover ways of doing on which theorists can sharpen their tools. Taken in two parts, the issue is composed of the answers gathered in four large groups and the presentation of the relationship between arts and literature in the works of each participant. An iconographic apparatus echoes their words and the critical course they create, forming an editorial object itself intermedial.
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Sviluppato lungo un preciso percorso che parte dalle testimonianze scritte dei combattenti e arriva alla memoria multimediale, il volume intreccia questioni metodologiche e nuove prospettive della comunicazione-divulgazione legate alla public history. I numerosi contributi raccolti definiscono semanticamente lo spazio occupato e il ruolo svolto dalla scrittura durante la prima guerra mondiale e analizzano l’uso pubblico delle testimonianze per la costruzione del mito della guerra. Ne emergono così i processi culturali e storiografici che hanno trasformato le scritture e le immagini fotografiche di guerra da monumenti a fonti per la storia di un conflitto.
Le présent volume reprend ces thématiques de recherche et ces interrogations ; il les approfondit et les développe en déchiffrant des pratiques d'écriture contemporaines qui entretiennent des rapports étroits avec les arts et les techniques de l'image. Les mises au point théoriques et méthodologiques côtoient des analyses pointues et des propositions d'interprétation des phénomènes nouveaux et encore peu définis par la critique.
agence de notation alternative. Elle se déploie dans le projet de recherche-création
1
Évaluation générale dirigé par la philosophe Nancy Murzilli . Son action consiste à
investir des espaces protégés de l’évaluation où n’existe encore aucune forme d’expertise instituée, et de les soumettre à une évaluation d’un autre genre, de façon spectaculaire, sous la forme de performances en public, avec des évaluateurs censés être libres de toute influence et jouant cartes sur table. Jusqu’à présent, l’Agence a
évalué surtout des insti- tutions culturelles et de recherche – centre d’art, université, bibliothèques, festival de littérature. Elle observe en particulier les lieux de décision et les protocoles attachés à l’exercice des pouvoirs : prix, habitats attribués à des dirigeants, rituels de
sélection, de valorisation.
The analysis of the functioning of intermediate artworks invites us to consider the experience involved in it in order to better understand the social function of intermedials processes. The pragmaticist hypothesis that an understanding of the issues of intermediality is based on the non-dissociation of the idea, action and medium, whose interactions define the unity of a process, will be defended here. The example of intermedial experiments by contemporary French writers and artists will illustrate the idea that, by establishing new modes of relationship with writing, these artistic practices enter into communication with the human horizon, that is, with the other sectors of experience. If, as M. McLuhan argued, “the meeting of two media is a moment of truth and revelation from which new form is born”, that release our perception from its usual patterns, one of the challenges of intermediality could also be to rebuild our experience of the world.
plusieurs années une enquête anthropologique non orthodoxe ou
sauvage2
, non pas « sur », mais « dans » le vidéochat de la plateforme xx.com, auprès des différents acteurs qui y sont impliqués, explorant ce que j’appellerai ici l’agentivité des écritures
spectrales en régime 24/73
. Parmi toutes les interactions que Jean
Gilbert a pu créer avec les modèles ou ASP (Adult Service Provider)
animant cette plateforme, c’est la correspondance singulière qu’il
a entretenue avec la camgirl LilyAsh qui fait l’objet de ce livre. Ces
échanges entre Jean Gilbert alias JoeyXX, Demonloverr, invité
et Fanny alias LilyAsh, PénisNu, ressemblent pour de multiples
raisons à un « commerce avec les fantômes ».
Starting with a short film by Agnes Varda, Ulysses, made from memories of a photograph and a book by Olivia Rosenthal, They are not for anything in my tears, written from memories of cinema, we will show how the still or moving image gives birth to an artistic experience through the restitution in the filmic word or in the literary narrative of the intimate event from which it is derived. Between the "forgotten image" (Hervé Guibert) where one "sees what one wants" (Agnès Varda) and the narrative of what constitutes it as an event for oneself, comes the artistic experience that makes it a shareable event.
English: It is agreed to label together as « off-book literature » practices which contest the prevailing institutional model of a book-centered literature. It however matters to know how such a critic is miscarried out but also how it is operating. Adopting a pragmatist approach, this text interrogates the collective agentivity of off-book writing practices. It assumes that the latter goes through constructing fictional devices which work as operators for experiences of thought that will shape our collective future actions.
La question de la portée cognitive des fictions est étroitement liée à celle de la référence des énoncés fictionnels. Il existe en philosophie analytique, dans le cadre des théories de la référence, une abondante littérature d’origine essentiellement anglo-saxonne, où le problème de la fiction vient prendre place dans la question des rapports logico-ontologiques entre le langage et le monde. Le problème, issu d’un débat initié par Frege et Russell, s’y pose à peu près dans les termes suivants : « comment ce qui fait sens pour nous, peut-il pourtant ne se rapporter à rien d’existant ? ». Ces théories ont le mérite de problématiser la question des rapports entre la fiction et la réalité, mais afin de sauvegarder la notion de vérité, elles excluent généralement la fiction du domaine du vrai et, par conséquent, de la connaissance. Il en va de même du côté des théories de la fiction inspirées de la théorie des actes langage qui tentent en donnant de la fiction une définition non-sémantique, de lui accorder une place positive que lui refusent les théories de la référence. Soutenir, comme elle le font, une suspension des fonctions référentielles habituelles du discours à l’intérieur du discours de fiction, n’empêche cependant pas la frontière entre le vrai et le faux, le réel et la fiction de rester infranchissable. Et la question reste entière, de savoir comment la fiction s’articule avec notre expérience.
Peut-on réellement parler d'expérience au sujet des fictions ? Un tel paradoxe est également présent au cœur de la notion d'expérience de pensée. Dès lors qu'on interroge la fiction du point de vue de sa portée cognitive, on peut se demander si le mécanisme qui est à l'œuvre dans le fonctionnement de la fiction littéraire n'est pas semblable à celui qui gouverne les expériences de pensée. Notre thèse se propose d'explorer cette hypothèse. Les expériences de pensée, en effet, qui sont généralement considérées dans les sciences et en philosophie comme des outils de connaissance, se fondent sur des éléments fictionnels. Ces éléments fictionnels participent-ils à la connaissance et, si oui, de quelle manière ? En quoi les éléments fictionnels peuvent-ils constituer des éléments d’intelligibilité du réel, quand bien même ceux-ci ne se rapportent à rien d’existant ? Une réflexion sur les expériences de pensée peut-elle nous aider à mieux comprendre le rôle de la fiction dans notre compréhension du réel ?
La question du statut cognitif de la fiction implique d'abord celle son rapport au réel. La première partie de notre thèse s'attache donc à la question des frontières de la fiction, à celle de la référence du discours fictionnel et à celle du possible au sens où le considèrent les théories de la sémantique modale, à savoir comme une alternative à une réalité non actualisée que représenterait la fiction. Il ne s'agit pas de dresser un panorama exhaustif des théories déjà existantes, mais de faire appel à certaines d’entre elles, parfois de manière partielle, pour ce qu'elles paraissent apporter ou au contraire exclure au sein de la problématique adoptée dans ce travail. La démarche conceptuelle qui guide la première partie de ce travail vise à montrer que la distinction entre le réel et la fiction, si elle possède une nécessité pratique, ne possède toutefois aucun fondement a priori. Cela nous conduit à accorder une attention particulière à la notion de possible. En effet, une telle approche possède des conséquences intéressantes concernant les expériences de pensée. Dans la mesure où une expérience de pensée est la description d’une expérience et non son exécution, et son résultat le résultat imaginé de cette expérience fictionnelle, la part du possible y est considérable. Si le réel ne possède aucune priorité ontologique sur le possible, on peut alors considérer que les expériences de pensée ont pour fonction de « possibiliser » le réel. Une telle perspective diffère notamment de celle que la sémantique modale a adoptée relativement aux contrefactuels qui ne sont considérés comme vrais que dans des mondes possibles, car de ce point de vue ce qui relève de la fiction dans une expérience de pensée peut alors être envisagé de la même façon que ce qui relève de la réalité sans sortir du domaine du réel, c’est-à-dire comme un scénario que seules les circonstances dans lesquelles nous sommes impliqués nous empêche de considérer comme réel.
La deuxième partie de notre thèse s'interroge sur le fonctionnement des expériences de pensée et sur la façon dont elle interviennent dans la connaissance, avant de se consacrer plus spécifiquement à la question des expériences de pensée littéraires et de ce que peuvent avoir de commun entre elles les expériences de pensée scientifiques, philosophiques et littéraires du point de vue de leur structure, de leur fonctionnement et de leur utilité pratique. Cet examen permet de constater que, bien qu’on ne puisse défendre une conception unitaire des expériences de pensée recouvrant leur rôle en logique, dans les sciences, en philosophie et en littérature, les différences qui existent entre elles sont des différences de degré plutôt que de nature, car le rôle méthodologique des expériences de pensée n’est pas d’obtenir un savoir direct sur le monde. Les expérience de pensée nous invitent plutôt à un remaniement conceptuel de nos schémas de pensée en réorganisant nos connaissances. Nous ne faisons évidemment pas tout à fait le même usage des expériences de pensée en science, en philosophie et en littérature. Dans les deux premiers cas, elles testent en général une hypothèse en vue d’objectifs théoriques ou conceptuels exprimés de façon explicite. Il n’en va pas tout à fait de même du côté des expériences de pensée littéraires, car elles n’interviennent le plus souvent pas dans un cadre théorique, le contexte de pratiques et d’usages dans lequel elles s’inscrivent est différent et nous ne savons pas toujours si l’auteur d’un récit fictionnel l’a écrit dans le but explicite de traiter un problème particulier. Nous ne les appréhendons donc pas au sein des mêmes jeux de langage, ni avec les mêmes outils conceptuels. Mais les pratiques littéraires auxquelles elles appartiennent n’empêchent pas de les considérer comme des instruments de compréhension du réel.
La dernière partie de notre thèse se place du point de vue de la réception de la fiction et se consacre à la question de la lecture comme expérience de pensée. Envisager les fictions littéraires comme des expériences de pensée ne semble en effet pouvoir se passer de la considération de l’expérimentation à laquelle se soumet le lecteur de récit fictionnel. La question qui se pose alors est de savoir si le type d’expérience que permet la lecture peut se réduire, comme tendent à le laisser croire certaines approches phénoménologiques de la lecture, à une analyse psychologisée du rapport du lecteur au texte de fiction, impliquant des notions telles que celle de l’identification empathique du lecteur aux personnages. Sans chercher à nier l’existence de ce type de relation, on peut toutefois se demander s'il faut en faire la condition d’intelligibilité du rapport du lecteur au monde de la fiction. Une approche de la lecture en terme d'expérience de pensée permet d'accorder une place privilégiée au dispositif fictionnel et à la façon dont celui-ci propose au lecteur une expérience à laquelle il participe, sans pour autant, ni faire semblant, ni l'exécuter. Le dispositif fictionnel, en imposant une forme particulière au éléments choisis, met en lumière des aspects sur lesquels d'ordinaire le lecteur ne se serait pas arrêté et lui fait entrevoir d'autres possibilités en lui donnant les moyens d’explorer d’autres circonstances que celles dans lesquelles il se trouve impliqué.
Le corpus de textes littéraires que nous avons choisi de retenir est volontairement large et varié (XXe- XXIe siècle) : il comprend des auteurs aussi divers que Marcel Proust, Robert Musil, Italo Calvino, Jorge Luis Borges, Stanislas Lem, Olivier Cadiot, Nathalie Quintane, Emmanuel Hocquard. Au delà des spécificités propres à chaque œuvre littéraire notre propos se veut à la fois général et sélectif, notre objectif étant de dégager les structures fictionnelles de récits pouvant s'apparenter à des expériences de pensée.
En avril et avec la complicité de la comédienne Anne-Laure Sanchez, Nancy Murzilli tirait les cartes à la Princesse de Clèves. Pour cette deuxième rencontre, elle invite deux « personnages » de son livre, Pierre Bayard et Yves Citton, chercheurs reconnus pour leurs travaux sur les fictions littéraires et sociales.
À lire –
Nancy Murzilli, Changer la vie par nos fictions ordinaires, Premier parallèle, 2023 – Pierre Bayard, Et si les Beatles n’étaient pas nés ?, éd. de Minuit, 2022 – Yves Citton, Altermodernités des Lumières, Seuil, 2022 – Yves Citton, Faire avec. Conflits, coalitions, contagions, Les liens qui libèrent, 2021.
Dans une performance malicieuse, avec la complicité de la comédienne Anne-Laure Sanchez, Nancy Murzilli dévoile quelques-uns des exercices qu’elle propose pour mettre notre avenir en jeu à partir de la littérature.
À lire –
Nancy Murzilli, Changer la vie par nos fictions ordinaires, Premier parallèle, 2023.
Le temps où avait cours l’idée que c’est l’artiste qui fait l’art est bel et bien révolu. Du commissaire d’exposition au médiateur de musée, figures qui n’existaient pas il y a quarante ans, en passant par le conservateur de musée, le programmateur, l’expert, le critique d’art, le collectionneur ou les « agences de notation » de l’art (Artprice, Artnet), l’œuvre d’art n’est plus simplement le produit de l’artiste, mais celui d’une action collective impliquant des chaînes de valorisation et d’intermédiaires toujours plus étendues dans l’écosystème artistique. Le pouvoir de ces intermédiaires tient en grande partie au rôle qu’ils jouent dans les processus d’évaluation par lesquels œuvre ou artiste se voient attribuer une valeur, imposant ainsi une normativité qui peut être jugée étrangère ou aliénante relativement à l’acte créateur. Ces médiations sont le lieu de négociations et de rapports de forces entre intermédiaires, commanditaires, institutions et artistes, qui reformulent d’une certaine manière la question de l’autonomie de l’art, dans la mesure où l’évaluation d’une œuvre dépend non d’une logique interne au champ artistique mais de régimes de valeurs hétérogènes.
Séminaire ouvert au public.
Master ArTec (également ouvert au Master 2 PCAI, Master 2 Création littéraire et Masters associés).
Du 5 novembre au 10 décembre 2019.
Il s’agira, avec l’intervention de poètes et d’artistes (Christophe Hanna, Franck Leibovici, Eva Barto, Antoine Dufeu et Natacha Guiller), de se munir d’outils d’évaluation alternatifs à ceux que nous offrent les modèles institutionnels et économiques dominants.
Des activités d’évaluation non orthodoxes seront proposées à toutes les étapes du séminaire.
Le séminaire se conclura par une journée d’études au Centre Pompidou intitulée « Évaluer l’art : commissions, subventionnements, mécénats », qui mettra en perspective les réflexions menées dans les ateliers, où artistes, chercheurs et acteurs du domaine s’interrogeront sur la façon dont sont évalués les œuvres et les projets artistiques dans le cadre des politiques de financement de l’art, sur la pertinence des méthodes de sélection, et sur les alternatives à une évaluation de l’art soumise aux logiques du marché.
Commission d’évaluation :
• Président : Christophe Hanna,
• Secrétaire : Amélie Ferrand,
• Jury : Mathilde Cassard, Natacha Guiller, Manuel Joseph, Gérard Pantanace
“Agence de Notation” désigne un dispositif de performances destiné à évaluer de façon spectaculaire et critique ce qui dans la réalité sociale ne s’évalue pas (encore). Ce dispositif entre en résonance avec un syndrome contemporain, propre à toute société dont la dynamique repose sur le principe de la mise en concurrence : l’accroissement sensible du marché de l’évaluation, son extension à des zones inattendues, la grande variété des pratiques évaluatives auxquelles n’importe quel citoyen se trouve soumis ou invité à devenir l’acteur et le promoteur. Dans nos démocraties tout le monde n’est pas exposé pareillement à l’évaluation. L’évaluation-notation est donc non seulement un élément du système de valorisation, mais aussi un indicateur de la manière dont peuvent se mettre en place divers régimes d’inégalité. Le protocole d’”Agence de Notation” vise à exploiter des pulsions voire des “compétences” notationnelles et évaluatives devenues monnaie courante afin de traquer et d’investir des espaces protégés de l’évaluation, des zones d’ombres qu’aucune note n’éclaire, des cibles pour lesquelles n’existe encore aucune forme d’expertise instituée, et de les soumettre à une évaluation qui sera donc par nature d’un autre genre.
Événement co-organisé par Christophe Hanna et Nancy Murzilli avec le soutien d’ArTeC.
Sous la direction de Martine Créac'h et Nancy Murzilli