Drafts and others by Jean-Hugues Barthélémy
Bookmarks Related papers MentionsView impact
L' urgence et l'importance dramatiques de la question écologique n'ont d'égale que l'incertitude ... more L' urgence et l'importance dramatiques de la question écologique n'ont d'égale que l'incertitude sur sa signification philosophique profonde. Plutôt donc que de partir du problème écologique radical auquel l'humanité devra se confronter durant les prochaines décennies, il s'agit de montrer que si la philosophie parvient à opérer une régression refondatrice depuis la brûlante « question animale » jusqu'à la question architectonique du sens et de sa crise (première partie), alors le philosopher peut se hisser à la hauteur des enjeux écologiques du siècle en se réinventant dans toutes ses dimensions, comprises désormais comme dimensions du sens lui-même. Mais cette pluridimensionnalité du sens ne pourra être pensée sans contradiction que si l'individu philosophant s'interroge dans le même temps sur ce qu'impliquait, à son insu, son propre rapport au faire-sens des significations – les mal nommées « re-présentations » (seconde partie). Milieu de tous les milieux qui s'y laissent penser, le sens est alors le non-ob-jet d'une écologie philosophique fondamentale recevant ici le nom d'écologie humaine, expression vieille d'un siècle qui, pour la première fois, se met à désigner une méthode archiréflexive par laquelle l'individu philosophant parvient à déjouer le piège de son intention[n]alité en tant que structure d'oubli de sa propre non-originarité. En découlent une redéfinition des domaines épistémo-ontologique, politico-économique et pédagogico-axiologique de la philosophie et de leurs liens, mais aussi un humanisme décentré reconnaissant des droits à tout sujet sensitivo-émotif au moins. Car le droit n'est plus ici un « système de la compatibilité des libres-arbitres » qui serait axiologiquement fondé, mais il est le système de la compatibilité des besoins en souffrance, la responsabilité juridique reposant sur l'être-en-dette économique en tant que régime de normativité qui n'est ni ontologique ni axiologique. Telles sont les voies d'une future mais vitale réinvention sociale qui puisse aussi définir une Société de l'invention théorique et pratique.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Ce premier volume du dossier d'habilitation à diriger des recherches expose l'unité de mon travai... more Ce premier volume du dossier d'habilitation à diriger des recherches expose l'unité de mon travail depuis la maîtrise (nouvellement nommée Master 1) et résume quelques-uns de mes principaux travaux depuis la thèse de doctorat "Sens et connaissance". Les quatre sections qui composent ce mémoire de synthèse correspondent aux quatre rubriques du Volume 2, où sont réunis des travaux publiés. C'est pourquoi elles s'intitulent respectivement "Études simondoniennes", "Études de philosophie française contemporaine", "Études de philosophie allemande contemporaine" et "Publications préparatoires à La Société de l'invention/La Philosophie du paradoxe".
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Books by Jean-Hugues Barthélémy
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Éditions Matériologiques, 2021
Ego Alter, notre alter ego et notre observateur non humain, dialogue ici avec une scientifique et... more Ego Alter, notre alter ego et notre observateur non humain, dialogue ici avec une scientifique et un philosophe pour nous aider à accomplir le Grand Décentrement qui manque à notre espèce, devenue destructrice de l'équilibre biosphérique à la faveur d'une occidentalisation techno-capitaliste nommée « mondialisation ». Au fil de ces entretiens profondément novateurs, tous les thèmes majeurs de notre époque, si décisive pour l'avenir de la Terre, sont abordés : les religions et la naïveté de l'anthropocentrisme ; la nature à la fois inattendue et incontournable du faire-droit qui devrait fonder les normes juridiques ; la question trop vite oubliée du progrès humain, et sa différence avec le « développement » et la « croissance » ; la notion d'Anthropocène et le problème de sa véritable signification philosophique ; enfin, la question du sens comme question philosophique la plus fondamentale et la plus difficile. Le Grand Décentrement provoqué par Ego Alter révèle alors qu'à l'heure de l'alliance objective entre l'obscurantisme créationniste et le relativisme « post-vérité », à l'heure aussi du fantasme transhumaniste d'immortalité et des paranoïaques « théories du complot », c'est notre recul sur nous-mêmes qui est en crise. Or, cette réflexivité possède en réalité trois formes, et c'est pourquoi la crise bien connue des idéologies politico-économiques s'accompagne des deux crises de l'exemplarité et de la synthèse des savoirs, qu'il faut pouvoir surmonter elles aussi pour éviter la catastrophe écologique ultime. À cette fin, il s'agit de comprendre que les trois formes de la réflexivité en crise correspondent aux trois dimensions du sens même de toute chose, qui ne se réduit jamais à la seule dimension de l'ob-jet de connaissance. En définitive, c'est notre finitude que nous devons repenser, par-delà notre puissance écologiquement destructrice, et pour y remédier.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
L’urgence et l’importance dramatiques de la question écologique n’ont d’égale que l’incertitude s... more L’urgence et l’importance dramatiques de la question écologique n’ont d’égale que l’incertitude sur sa signification philosophique profonde. Plutôt donc que de partir du problème écologique radical auquel l’humanité devra se confronter durant les prochaines décennies, il s’agit de montrer que si la philosophie parvient à opérer une régression refondatrice depuis la brûlante « question animale » jusqu’à la question architectonique du sens et de sa crise (Première Partie), alors le philosopher peut se hisser à la hauteur des enjeux écologiques du siècle en se réinventant dans toutes ses dimensions, comprises désormais comme dimensions du sens lui-même. Mais cette pluri-dimensionnalité du sens ne pourra être pensée sans contradiction que si l’individu philosophant s’interroge dans le même temps sur ce qu’impliquait, à son insu, son propre rapport au faire-sens des significations – les mal nommées « re-présentations » (Seconde Partie).
Milieu de tous les milieux qui s’y laissent penser, le sens est alors le non-ob-jet d’une écologie philosophique fondamentale recevant ici le nom d’écologie humaine, expression vieille d’un siècle qui, pour la première fois, se met à désigner une méthode archi-réflexive par laquelle l’individu philosophant parvient à déjouer le piège de son intention[n]alité en tant que structure d’oubli de sa propre non-originarité. En découlent une redéfinition des domaines épistémo-ontologique, politico-économique et pédagogico-axiologique de la philosophie et de leurs liens, mais aussi un humanisme décentré reconnaissant des droits à tout sujet sensitivo-émotif au moins. Car le droit n’est plus ici un « système de la compatibilité des libres-arbitres » qui serait axiologiquement fondé, mais il est le système de la compatibilité des besoins en souffrance, la responsabilité juridique reposant sur l’être-en-dette économique en tant que régime de normativité qui n’est ni ontologique ni axiologique. Telles sont les voies d’une future mais vitale réinvention sociale qui puisse aussi définir une Société de l’invention théorique et pratique.
Jean-Hugues Barthélémy est directeur du Centre international des études simondoniennes (MSH Paris-Nord) et chercheur associé HDR à l’Université Paris-Nanterre. Agrégé de philosophie et docteur en épistémologie, il est l’auteur d’ouvrages de référence sur la philosophie de Gilbert Simondon.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
The philosophy of Gilbert Simondon has reinvigorated contemporary thinking about biological and t... more The philosophy of Gilbert Simondon has reinvigorated contemporary thinking about biological and technological beings. In this book, Jean-Hugues Barthélémy takes up Simondon’s thought and shows how life and technology are connected by a transversal theme: individuation. In the first essay, Barthélémy delivers a contemporary interpretation of Simondon’s concept of ontogenesis against the backdrop of biology and cybernetics. In the second essay, he extends his reflections to propose a non-anthropological understanding of technology, and so sets up a confrontation with the work of Martin Heidegger.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Pour ce qui sera fort probablement leur dernier numéro sous forme papier, les Cahiers Simond... more Pour ce qui sera fort probablement leur dernier numéro sous forme papier, les Cahiers Simondon consacrent d’abord un dossier à trois enjeux de la pensée simondonienne de la technique. Le premier enjeu est celui de l’élaboration d’une « technologie » en tant qu’elle pourrait posséder une dimension normative, et Vincent Bontems nous conduit à cette spécificité simondonienne à partir d’une analyse des différentes acceptions du vocable « technologie » dans l’œuvre de Simondon. Le second enjeu est celui d’une refonte de la notion d’information par-delà la théorie de l’information et la cybernétique, et Yuk Hui aborde ici les liens possibles du projet de Simondon avec les travaux de chercheurs qui n’appartenaient déjà plus à la « première cybernétique ». Le troisième enjeu est celui d’une interprétation simondonienne des nanotechnologies, et Sacha Loeve construit cette interprétation dans une étude qui est la plus longue - et l’une des plus passionnantes – parmi toutes celles publiées dans les Cahiers Simondon depuis leur création en 2009.
A ce dossier « technologique » s’ajoutent deux articles consacrés à des thématiques tout autres, et très différentes aussi l’une de l’autre : la première englobe certains aspects de la pensée simondonienne de la technique, tandis que la seconde est étrangère à cette dernière. Dans le premier article, Ludovic Duhem aborde la question des liens entre les thématiques de la spiritualité, de la religiosité et de la sacralité, thématiques qui traversent l’oeuvre. Dans le second article, Émilien Dereclenne confronte Simondon et Merleau-Ponty à propos de la pensée du vivant dans son double rapport au physique et au psychique.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Gilbert Simondon (1924-1989) est devenu de manière posthume l'un des grands penseurs français du ... more Gilbert Simondon (1924-1989) est devenu de manière posthume l'un des grands penseurs français du XXe siècle, au fil de la redécouverte récente de son oeuvre. Simplement considéré de son vivant comme un penseur de la technique original mais difficile, il s'impose aujourd hui comme l'initiateur d un « nouvel encyclopédisme » ayant vocation, via un dialogue central avec la cybernétique, à unifier les sciences au sein d une philosophie de la nature mais aussi à renouveler l'humanisme, ce dernier étant défini par lui comme une lutte évolutive contre différents types successifs d aliénation.
A partir d une prise en compte inédite de l'ensemble de l'oeuvre, on expose ici :
- la « question générale de l'individuation » telle que Simondon la pose et la traite dans les trois grands champs théoriques auxquels s'applique son « Encyclopédisme génétique » : la différence entre « le physique et le biologique », la question du « transindividuel » et celle de l'« objet technique » ;
- la capacité de cette pensée à dépasser les dualités notionnelles sujet/objet et matière/forme mais aussi les grandes alternatives classiques liées aux trois champs théoriques évoqués : l'alternative entre mécanisme et vitalisme, celle entre psychologisme et sociologisme, et celle opposant humanisme et technicisme ;
- la question de la « crise du sens » telle que la réinterprète Simondon, et son lien, via la question de l'information, avec le projet d une « Cybernétique universelle » à portée ultimement socio-politique, ouvrant ainsi sur les postérités de Simondon.
Biographie de l'auteur
Jean-Hugues Barthélémy, professeur de philosophie, Docteur en épistémologie et histoire des sciences et des techniques, directeur du CIDES (MSH Paris-Nord/Fondation « pour la science »), éditeur et directeur des Cahiers Simondon, est l'auteur de Simondon ou l'encyclopédisme génétique (Paris, P.U.F., 2008), Penser l'individuation. Simondon et la philosophie de la nature (Paris, L'Harmattan, 2005) et Penser la connaissance et la technique après Simondon (Paris, L'Harmattan, 2005) .
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Les Cahiers Simondon fêtent leur cinquième anniversaire, en cette année 2013 où se tiendra l... more Les Cahiers Simondon fêtent leur cinquième anniversaire, en cette année 2013 où se tiendra la Décade internationale « Simondon et l’invention du futur » (Cerisy-la-salle), dont le lecteur trouvera le programme à la fin du présent numéro, dans le compte-rendu des « activités de l’Atelier Simondon » rédigé par Vincent Bontems et Vincent Beaubois. C’est pourquoi nous avons voulu revenir au « duo franco-italien » qui a marqué la naissance même, voici déjà plus de dix ans, du mouvement réellement collectif – et devenu, depuis, international - de redécouverte de l’œuvre de Simondon : sont ici réunis à cet effet deux articles confrontant Simondon à Marx, l’un étant écrit par Vincent Bontems, l’autre par Andrea Bardin.
Viennent ensuite des articles de Victor Petit, Vincent Beaubois et Baptiste Morizot, puis un « Glossaire Simondon » rédigé par Jean-Hugues Barthélémy. L’article de Victor Petit prolonge et élargit la réflexion sur le vivant qu’il avait menée dans les deux premiers numéros des Cahiers Simondon en traitant cette fois de l’unité indissociable des deux acceptions de la notion de « milieu » chez Simondon. Celui de Vincent Beaubois aborde la question du design en confrontant les vues de Simondon à celles de l’esthétique industrielle française de son époque. Enfin, l’étude de Baptiste Morizot comble un manque en confrontant la théorie de l’habitus social chez Bourdieu à la pensée génétique de l’individuation psycho-sociale.
Le « Glossaire Simondon » qui achève ce Numéro 5 des Cahiers Simondon propose une explication des 50 notions centrales de l’œuvre, tout en renvoyant systématiquement aux pages de cette œuvre qui sont décisives sur telle ou telle notion.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Ce Numéro 4 des Cahiers Simondon est ambitieux sur le plan proprement exégétique : il s’agit... more Ce Numéro 4 des Cahiers Simondon est ambitieux sur le plan proprement exégétique : il s’agit de proposer des articles de fond apportant un éclairage un tant soit peu nouveau sur l’œuvre de Simondon, dont la redécouverte reste encore récente.
C’est ainsi que Baptiste Morizot, à l’occasion d’une interrogation sur le hasard dans l’individuation, explore la question absolument décisive – et transversale au sein de l’œuvre - de l’information, cette « formule de l’individuation » au dire de Simondon lui-même, en la croisant avec celle, plus spécifique, du vivant comme mémoire où « l’a posteriori devient a priori ». C’est ainsi également que, dans le prolongement de son article sur les différents modes possibles d’unité de l’œuvre (Cahiers Simondon n°3), Jean-Hugues Barthélémy revient sur Du mode d’existence des objets techniques pour en dégager l’ « architectonique » par le biais d’un quadruple dialogue avec Marx, Bergson, Heidegger et la cybernétique. Ludovic Duhem, lui, mène une enquête aussi décisive qu’érudite sur la relation de Simondon aux Présocratiques dans L’individuation à la lumière des notions de forme et d’information et dans le Cours sur la Perception. Sarah Margairaz et Julien Rabachou reviennent quant à eux sur l’opposition principielle de Simondon à l’hylémorphisme issu d’Aristote, mais pour inquiéter quelque peu ce rapport d’opposition à partir d’une enquête sur le « pré-individuel » et son « actualisation ».
Enfin, comme à chaque fois, Vincent Bontems clôt le numéro en rendant compte des activités de l’ « Atelier Simondon » qu’il anime à l’Ecole Normale Supérieure de Paris.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Après avoir, dans leurs Numéros 1 et 2, confronté Simondon à Bergson, Wiener, Heidegger, Pia... more Après avoir, dans leurs Numéros 1 et 2, confronté Simondon à Bergson, Wiener, Heidegger, Piaget et Agamben tout en abordant certaines grandes thématiques de son œuvre – l’invention, le vivant, les sciences sociales, l’épistémologie de la physique – et en proposant de prolonger son interrogation anti-dogmatique dans les domaines de l’éthique, de l’esthétique et de la philosophie générale, les Cahiers Simondon entendent, dans ce Numéro 3, dresser d’abord un bilan de la redécouverte récente du lien central de Deleuze à Simondon : c’est ici Anne Sauvagnargues qui propose une synthèse des trois chapitres concernés de l’ouvrage par lequel elle a renouvelé en 2009 l’exégèse deleuzienne.
Ce Numéro 3 entend ensuite confronter Simondon à Arendt sur la question décisive du travail, à Dufrenne sur celle de l’esthétique en tant qu’elle tend à devenir une « techno-esthétique », revenir aussi sur le problème des sciences humaines dans L’individuation psychique et collective, sur celui du dialogue avec la cybernétique et les « théories des machines » dans Du mode d’existence des objets techniques ou dans des textes inédits, et sur l’enjeu de la néoténie dans L’individuation à la lumière des notions de forme et d’information.
Enfin, Jean-Hugues Barthélémy dialogue avec le dernier ouvrage de Xavier Guchet à propos du mode d’unité de l’ensemble de l’œuvre, et Vincent Bontems clôt le présent numéro en évoquant les activités de l’Atelier Simondon qu’il anime à l’Ecole Normale Supérieure de Paris.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Ce Numéro 2 des Cahiers Simondon témoigne de l’internationalisation actuelle des études simo... more Ce Numéro 2 des Cahiers Simondon témoigne de l’internationalisation actuelle des études simondoniennes : les auteurs des articles ne sont plus seulement français ou italiens, mais aussi désormais américains et brésiliens. Cette dynamique a accompagné un travail américain de traduction de L’individuation psychique et collective, qui devrait bientôt être suivi également de l’édition canadienne anglophone de Du mode d’existence des objets techniques. Ce Numéro 2, issu en partie du séminaire « Individuation et technique » (MSH Paris-Nord/ENS Ulm), paraît d’autre part au moment même ou se prépare le premier grand colloque véritablement international consacré à Simondon.
Les articles ici réunis traitent des thématiques suivantes : perception et imagination dans les Cours de Psychologie de Simondon ; la question de l’analogie à partir du lien différentiel intuition (Bergson)/transduction (Simondon); la comparaison entre les pensées dites « (onto)génétiques » de Piaget et de Simondon dans leur dialogue commun avec la « génétique » ; la possibilité d’une application de l’ « hypothèse quantique » de Simondon à une pensée qui articule les individuations physique et vitale par complexification du jeu entre les « ordres de grandeur » ; la confrontation entre les critiques que Simondon et Heidegger adressent aux « principes » de la tradition ontologique occidentale ; l’examen critique du malentendu qu’entretient Agamben dans son usage occasionnel de la pensée simondonienne ; enfin, les deux usages explicites, non-deleuziens et « systémiques » de Simondon dans l’oeuvre de Stiegler d’une part, et dans le programme de la Relativité philosophique d’autre part.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Quelques-uns des meilleurs spécialistes de l’œuvre du grand philosophe français Gilbert Simondon ... more Quelques-uns des meilleurs spécialistes de l’œuvre du grand philosophe français Gilbert Simondon (1924-1989), aujourd’hui reconnu comme visionnaire sur certaines des principales questions actuelles de la philosophie - le rapport humanité/animalité, la question de la technique et de sa place dans la culture, l’urgence de nouvelles Lumières face à la crise du sens et aux nouvelles formes d’aliénation, etc. -, se sont réunis pendant deux années de séminaire pour partager et discuter leur compréhension de tel ou tel aspect de cette pensée. Ce Numéro 1 des Cahiers Simondon est le résultat de ces rencontres, qui ont permis de couvrir les grandes thématiques d’une œuvre dont l’auteur se voulait l’initiateur d’un « Encyclopédisme génétique » - nom ainsi donné au séminaire de la Maison des Sciences de l’Homme de Paris-Nord dont le présent ouvrage collectif est issu.
Le parcours ainsi réalisé au sein d’une œuvre redécouverte - voire simplement découverte – depuis quelques années permet de poser un premier bilan des travaux exégétiques qui ont été entrepris durant ces années. Un tel bilan ne se contente pas de couvrir ici les thématiques de l’invention, de la mécanologie, du vivant ou des sciences sociales, il questionne aussi les trois possibilités d’une « ontologie » globale post-métaphysique, d’une « esthétique génétique » et d’une éthique post-kantienne. Car comprendre Simondon c’est aussi et indissociablement se saisir du questionnement qu’il initie et qui nous donne « du mouvement pour aller plus loin », comme aimait à dire Simondon en reprenant Malebranche.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Le regain progressif d'intérêt dont a bénéficié depuis 1990 la pensée de Gilbert Simondon (1924-1... more Le regain progressif d'intérêt dont a bénéficié depuis 1990 la pensée de Gilbert Simondon (1924-1989) s'est encore renforcé, depuis 2006, par la publication de textes inédits du philosophe français, ainsi que par celle, enfin unifiée, du grand œuvre de Simondon, jusque-là publié en deux parties : sa thèse principale pour le doctorat d'État, intitulée L'individuation à la lumière des notions de forme et d'information. La présente étude se propose de revenir sur ce texte fondateur, origine de L'individu et sa genèse physico-biologique comme ensuite de L'individuation psychique et collective, pour en dégager à la fois l'originalité et l'actualité, mais aussi pour mieux comprendre finalement le classique de l'auteur, sa thèse complémentaire : Du mode d'existence des objets techniques. On découvrira la portée du " nouvel encyclopédisme " dont Simondon se voulait l'initiateur. Il apparaîtra alors que dans le sillage de son directeur de thèse, Georges Canguilhem, avec d'autres modalités et insistances que lui, Simondon ne rejette le " facile humanisme " que par exigence d'un humanisme difficile qui sache d'une part faire dériver l'homme du vivant, d'autre part intégrer la technique à la culture
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Second volet de Penser l’individuation, dont le premier volet était consacré à « Simondon et la p... more Second volet de Penser l’individuation, dont le premier volet était consacré à « Simondon et la philosophie de la nature », Penser la connaissance et la technique après Simondon poursuit et achève l’exégèse de l’ensemble de l’œuvre de Simondon, mais en donnant à cette exégèse un tour plus polémique. Aujourd’hui découverte ou redécouverte par un nombre croissant de philosophes et scientifiques, la pensée de Simondon ne s’est pas contentée de réhabiliter la philosophie de la nature sous la forme d’une ontologie génétique non-objectivante. Elle a aussi voulu réhabiliter d’une part l’analogie, en faisant d’elle le mode proprement philosophique de « connaissance » si la connaissance de l’individuation est elle-même individuation de la connaissance, d’autre part la technique, en subvertissant d’un même geste les trois oppositions classiques nature/culture, nature/technique et culture/technique.
Or, traiter dans un même volet les deux thèmes de la Connaissance et de la Technique tient à la nature même de cette philosophie, qui pose en effet les bases d’une compréhension nouvelle et radicale de la physique mathématique comme connaissance techniquement fondée. Parce que cependant ces bases simondoniennes ne vont pas jusqu’à penser ce qu’il faut nommer les différents modes de décentrement du sujet connaissant en général, elles ne font que nous conduire au seuil d’une pensée réellement post-critique, c’est-à-dire susceptible de provoquer l’ « agonie du kantisme » annoncée par Alexis Philonenko en 1969 dans L’œuvre de Kant. Il s’agit donc à terme d’envisager la nouvelle problématique seule capable d’ambitionner la Relativité philosophique ou « révolution einsteinienne » que Bachelard et le dernier Wittgenstein appelaient tous deux de leurs vœux après la « révolution copernicienne » de Kant, et dans le projet de laquelle Simondon s’inscrivait déjà.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Le grand oeuvre philosophique de Gilbert Simondon (1924-1989) est formé d'une part de L'individu ... more Le grand oeuvre philosophique de Gilbert Simondon (1924-1989) est formé d'une part de L'individu et sa genèse physico-biologique et L'individuation psychique et collective, qui constituent à eux deux sa Thèse principale, et d'autre part du déjà classique Du mode d'existence des objets techniques, qui est sa Thèse complémentaire. Or l'ontologie génétique de la Thèse principale, qui fut pensée et écrite avant l'avènement de la biologie moléculaire mais après les premiers grands ouvrages non seulement de Bachelard mais aussi de Merleau-Ponty, n'est plus une " métaphysique pré-critique " comme pouvait encore l'être, à certains égards, la cosmogenèse encore vitaliste de Bergson. C'est pourquoi cette ontologie génétique est sans doute la seule vraiment capable de justifier l'étrange retour actuel aux interrogations de philosophie de la nature ou à celles, épistémologiques, sur le statut de l'analogie. D'autre part la puissance de la pensée simondonienne de la technique, thème devenu aujourd'hui philosophiquement central, achève de nous convaincre de l'actualité extrême du philosophe français. Penser l'individuation se propose donc de couvrir l'ensemble de l'œuvre de Simondon, en consacrant le présent premier volet au thème de la Nature, et en réservant à son second volet ceux de la Connaissance et de la Technique. Il apparaîtra à chaque fois que le combat principiel de Simondon contre l'hylémorphisme a chez lui valeur de subversion des alternatives classiques en général, et d'abord de l'opposition du sujet et de l'objet qui fait leur sol si la connaissance de l'individuation, elle, est aussi individuation de la connaissance.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Doctoral thesis by Jean-Hugues Barthélémy
This Volume 2 of the doctoral thesis is the origin of the second half of Penser la connaissance e... more This Volume 2 of the doctoral thesis is the origin of the second half of Penser la connaissance et la technique après Simondon (2005), and of several articles on Husserl, Heidegger, Wittgenstein, Simondon and Stiegler
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Uploads
Drafts and others by Jean-Hugues Barthélémy
Books by Jean-Hugues Barthélémy
Milieu de tous les milieux qui s’y laissent penser, le sens est alors le non-ob-jet d’une écologie philosophique fondamentale recevant ici le nom d’écologie humaine, expression vieille d’un siècle qui, pour la première fois, se met à désigner une méthode archi-réflexive par laquelle l’individu philosophant parvient à déjouer le piège de son intention[n]alité en tant que structure d’oubli de sa propre non-originarité. En découlent une redéfinition des domaines épistémo-ontologique, politico-économique et pédagogico-axiologique de la philosophie et de leurs liens, mais aussi un humanisme décentré reconnaissant des droits à tout sujet sensitivo-émotif au moins. Car le droit n’est plus ici un « système de la compatibilité des libres-arbitres » qui serait axiologiquement fondé, mais il est le système de la compatibilité des besoins en souffrance, la responsabilité juridique reposant sur l’être-en-dette économique en tant que régime de normativité qui n’est ni ontologique ni axiologique. Telles sont les voies d’une future mais vitale réinvention sociale qui puisse aussi définir une Société de l’invention théorique et pratique.
Jean-Hugues Barthélémy est directeur du Centre international des études simondoniennes (MSH Paris-Nord) et chercheur associé HDR à l’Université Paris-Nanterre. Agrégé de philosophie et docteur en épistémologie, il est l’auteur d’ouvrages de référence sur la philosophie de Gilbert Simondon.
A ce dossier « technologique » s’ajoutent deux articles consacrés à des thématiques tout autres, et très différentes aussi l’une de l’autre : la première englobe certains aspects de la pensée simondonienne de la technique, tandis que la seconde est étrangère à cette dernière. Dans le premier article, Ludovic Duhem aborde la question des liens entre les thématiques de la spiritualité, de la religiosité et de la sacralité, thématiques qui traversent l’oeuvre. Dans le second article, Émilien Dereclenne confronte Simondon et Merleau-Ponty à propos de la pensée du vivant dans son double rapport au physique et au psychique.
A partir d une prise en compte inédite de l'ensemble de l'oeuvre, on expose ici :
- la « question générale de l'individuation » telle que Simondon la pose et la traite dans les trois grands champs théoriques auxquels s'applique son « Encyclopédisme génétique » : la différence entre « le physique et le biologique », la question du « transindividuel » et celle de l'« objet technique » ;
- la capacité de cette pensée à dépasser les dualités notionnelles sujet/objet et matière/forme mais aussi les grandes alternatives classiques liées aux trois champs théoriques évoqués : l'alternative entre mécanisme et vitalisme, celle entre psychologisme et sociologisme, et celle opposant humanisme et technicisme ;
- la question de la « crise du sens » telle que la réinterprète Simondon, et son lien, via la question de l'information, avec le projet d une « Cybernétique universelle » à portée ultimement socio-politique, ouvrant ainsi sur les postérités de Simondon.
Biographie de l'auteur
Jean-Hugues Barthélémy, professeur de philosophie, Docteur en épistémologie et histoire des sciences et des techniques, directeur du CIDES (MSH Paris-Nord/Fondation « pour la science »), éditeur et directeur des Cahiers Simondon, est l'auteur de Simondon ou l'encyclopédisme génétique (Paris, P.U.F., 2008), Penser l'individuation. Simondon et la philosophie de la nature (Paris, L'Harmattan, 2005) et Penser la connaissance et la technique après Simondon (Paris, L'Harmattan, 2005) .
Viennent ensuite des articles de Victor Petit, Vincent Beaubois et Baptiste Morizot, puis un « Glossaire Simondon » rédigé par Jean-Hugues Barthélémy. L’article de Victor Petit prolonge et élargit la réflexion sur le vivant qu’il avait menée dans les deux premiers numéros des Cahiers Simondon en traitant cette fois de l’unité indissociable des deux acceptions de la notion de « milieu » chez Simondon. Celui de Vincent Beaubois aborde la question du design en confrontant les vues de Simondon à celles de l’esthétique industrielle française de son époque. Enfin, l’étude de Baptiste Morizot comble un manque en confrontant la théorie de l’habitus social chez Bourdieu à la pensée génétique de l’individuation psycho-sociale.
Le « Glossaire Simondon » qui achève ce Numéro 5 des Cahiers Simondon propose une explication des 50 notions centrales de l’œuvre, tout en renvoyant systématiquement aux pages de cette œuvre qui sont décisives sur telle ou telle notion.
C’est ainsi que Baptiste Morizot, à l’occasion d’une interrogation sur le hasard dans l’individuation, explore la question absolument décisive – et transversale au sein de l’œuvre - de l’information, cette « formule de l’individuation » au dire de Simondon lui-même, en la croisant avec celle, plus spécifique, du vivant comme mémoire où « l’a posteriori devient a priori ». C’est ainsi également que, dans le prolongement de son article sur les différents modes possibles d’unité de l’œuvre (Cahiers Simondon n°3), Jean-Hugues Barthélémy revient sur Du mode d’existence des objets techniques pour en dégager l’ « architectonique » par le biais d’un quadruple dialogue avec Marx, Bergson, Heidegger et la cybernétique. Ludovic Duhem, lui, mène une enquête aussi décisive qu’érudite sur la relation de Simondon aux Présocratiques dans L’individuation à la lumière des notions de forme et d’information et dans le Cours sur la Perception. Sarah Margairaz et Julien Rabachou reviennent quant à eux sur l’opposition principielle de Simondon à l’hylémorphisme issu d’Aristote, mais pour inquiéter quelque peu ce rapport d’opposition à partir d’une enquête sur le « pré-individuel » et son « actualisation ».
Enfin, comme à chaque fois, Vincent Bontems clôt le numéro en rendant compte des activités de l’ « Atelier Simondon » qu’il anime à l’Ecole Normale Supérieure de Paris.
Ce Numéro 3 entend ensuite confronter Simondon à Arendt sur la question décisive du travail, à Dufrenne sur celle de l’esthétique en tant qu’elle tend à devenir une « techno-esthétique », revenir aussi sur le problème des sciences humaines dans L’individuation psychique et collective, sur celui du dialogue avec la cybernétique et les « théories des machines » dans Du mode d’existence des objets techniques ou dans des textes inédits, et sur l’enjeu de la néoténie dans L’individuation à la lumière des notions de forme et d’information.
Enfin, Jean-Hugues Barthélémy dialogue avec le dernier ouvrage de Xavier Guchet à propos du mode d’unité de l’ensemble de l’œuvre, et Vincent Bontems clôt le présent numéro en évoquant les activités de l’Atelier Simondon qu’il anime à l’Ecole Normale Supérieure de Paris.
Les articles ici réunis traitent des thématiques suivantes : perception et imagination dans les Cours de Psychologie de Simondon ; la question de l’analogie à partir du lien différentiel intuition (Bergson)/transduction (Simondon); la comparaison entre les pensées dites « (onto)génétiques » de Piaget et de Simondon dans leur dialogue commun avec la « génétique » ; la possibilité d’une application de l’ « hypothèse quantique » de Simondon à une pensée qui articule les individuations physique et vitale par complexification du jeu entre les « ordres de grandeur » ; la confrontation entre les critiques que Simondon et Heidegger adressent aux « principes » de la tradition ontologique occidentale ; l’examen critique du malentendu qu’entretient Agamben dans son usage occasionnel de la pensée simondonienne ; enfin, les deux usages explicites, non-deleuziens et « systémiques » de Simondon dans l’oeuvre de Stiegler d’une part, et dans le programme de la Relativité philosophique d’autre part.
Le parcours ainsi réalisé au sein d’une œuvre redécouverte - voire simplement découverte – depuis quelques années permet de poser un premier bilan des travaux exégétiques qui ont été entrepris durant ces années. Un tel bilan ne se contente pas de couvrir ici les thématiques de l’invention, de la mécanologie, du vivant ou des sciences sociales, il questionne aussi les trois possibilités d’une « ontologie » globale post-métaphysique, d’une « esthétique génétique » et d’une éthique post-kantienne. Car comprendre Simondon c’est aussi et indissociablement se saisir du questionnement qu’il initie et qui nous donne « du mouvement pour aller plus loin », comme aimait à dire Simondon en reprenant Malebranche.
Or, traiter dans un même volet les deux thèmes de la Connaissance et de la Technique tient à la nature même de cette philosophie, qui pose en effet les bases d’une compréhension nouvelle et radicale de la physique mathématique comme connaissance techniquement fondée. Parce que cependant ces bases simondoniennes ne vont pas jusqu’à penser ce qu’il faut nommer les différents modes de décentrement du sujet connaissant en général, elles ne font que nous conduire au seuil d’une pensée réellement post-critique, c’est-à-dire susceptible de provoquer l’ « agonie du kantisme » annoncée par Alexis Philonenko en 1969 dans L’œuvre de Kant. Il s’agit donc à terme d’envisager la nouvelle problématique seule capable d’ambitionner la Relativité philosophique ou « révolution einsteinienne » que Bachelard et le dernier Wittgenstein appelaient tous deux de leurs vœux après la « révolution copernicienne » de Kant, et dans le projet de laquelle Simondon s’inscrivait déjà.
Doctoral thesis by Jean-Hugues Barthélémy
Milieu de tous les milieux qui s’y laissent penser, le sens est alors le non-ob-jet d’une écologie philosophique fondamentale recevant ici le nom d’écologie humaine, expression vieille d’un siècle qui, pour la première fois, se met à désigner une méthode archi-réflexive par laquelle l’individu philosophant parvient à déjouer le piège de son intention[n]alité en tant que structure d’oubli de sa propre non-originarité. En découlent une redéfinition des domaines épistémo-ontologique, politico-économique et pédagogico-axiologique de la philosophie et de leurs liens, mais aussi un humanisme décentré reconnaissant des droits à tout sujet sensitivo-émotif au moins. Car le droit n’est plus ici un « système de la compatibilité des libres-arbitres » qui serait axiologiquement fondé, mais il est le système de la compatibilité des besoins en souffrance, la responsabilité juridique reposant sur l’être-en-dette économique en tant que régime de normativité qui n’est ni ontologique ni axiologique. Telles sont les voies d’une future mais vitale réinvention sociale qui puisse aussi définir une Société de l’invention théorique et pratique.
Jean-Hugues Barthélémy est directeur du Centre international des études simondoniennes (MSH Paris-Nord) et chercheur associé HDR à l’Université Paris-Nanterre. Agrégé de philosophie et docteur en épistémologie, il est l’auteur d’ouvrages de référence sur la philosophie de Gilbert Simondon.
A ce dossier « technologique » s’ajoutent deux articles consacrés à des thématiques tout autres, et très différentes aussi l’une de l’autre : la première englobe certains aspects de la pensée simondonienne de la technique, tandis que la seconde est étrangère à cette dernière. Dans le premier article, Ludovic Duhem aborde la question des liens entre les thématiques de la spiritualité, de la religiosité et de la sacralité, thématiques qui traversent l’oeuvre. Dans le second article, Émilien Dereclenne confronte Simondon et Merleau-Ponty à propos de la pensée du vivant dans son double rapport au physique et au psychique.
A partir d une prise en compte inédite de l'ensemble de l'oeuvre, on expose ici :
- la « question générale de l'individuation » telle que Simondon la pose et la traite dans les trois grands champs théoriques auxquels s'applique son « Encyclopédisme génétique » : la différence entre « le physique et le biologique », la question du « transindividuel » et celle de l'« objet technique » ;
- la capacité de cette pensée à dépasser les dualités notionnelles sujet/objet et matière/forme mais aussi les grandes alternatives classiques liées aux trois champs théoriques évoqués : l'alternative entre mécanisme et vitalisme, celle entre psychologisme et sociologisme, et celle opposant humanisme et technicisme ;
- la question de la « crise du sens » telle que la réinterprète Simondon, et son lien, via la question de l'information, avec le projet d une « Cybernétique universelle » à portée ultimement socio-politique, ouvrant ainsi sur les postérités de Simondon.
Biographie de l'auteur
Jean-Hugues Barthélémy, professeur de philosophie, Docteur en épistémologie et histoire des sciences et des techniques, directeur du CIDES (MSH Paris-Nord/Fondation « pour la science »), éditeur et directeur des Cahiers Simondon, est l'auteur de Simondon ou l'encyclopédisme génétique (Paris, P.U.F., 2008), Penser l'individuation. Simondon et la philosophie de la nature (Paris, L'Harmattan, 2005) et Penser la connaissance et la technique après Simondon (Paris, L'Harmattan, 2005) .
Viennent ensuite des articles de Victor Petit, Vincent Beaubois et Baptiste Morizot, puis un « Glossaire Simondon » rédigé par Jean-Hugues Barthélémy. L’article de Victor Petit prolonge et élargit la réflexion sur le vivant qu’il avait menée dans les deux premiers numéros des Cahiers Simondon en traitant cette fois de l’unité indissociable des deux acceptions de la notion de « milieu » chez Simondon. Celui de Vincent Beaubois aborde la question du design en confrontant les vues de Simondon à celles de l’esthétique industrielle française de son époque. Enfin, l’étude de Baptiste Morizot comble un manque en confrontant la théorie de l’habitus social chez Bourdieu à la pensée génétique de l’individuation psycho-sociale.
Le « Glossaire Simondon » qui achève ce Numéro 5 des Cahiers Simondon propose une explication des 50 notions centrales de l’œuvre, tout en renvoyant systématiquement aux pages de cette œuvre qui sont décisives sur telle ou telle notion.
C’est ainsi que Baptiste Morizot, à l’occasion d’une interrogation sur le hasard dans l’individuation, explore la question absolument décisive – et transversale au sein de l’œuvre - de l’information, cette « formule de l’individuation » au dire de Simondon lui-même, en la croisant avec celle, plus spécifique, du vivant comme mémoire où « l’a posteriori devient a priori ». C’est ainsi également que, dans le prolongement de son article sur les différents modes possibles d’unité de l’œuvre (Cahiers Simondon n°3), Jean-Hugues Barthélémy revient sur Du mode d’existence des objets techniques pour en dégager l’ « architectonique » par le biais d’un quadruple dialogue avec Marx, Bergson, Heidegger et la cybernétique. Ludovic Duhem, lui, mène une enquête aussi décisive qu’érudite sur la relation de Simondon aux Présocratiques dans L’individuation à la lumière des notions de forme et d’information et dans le Cours sur la Perception. Sarah Margairaz et Julien Rabachou reviennent quant à eux sur l’opposition principielle de Simondon à l’hylémorphisme issu d’Aristote, mais pour inquiéter quelque peu ce rapport d’opposition à partir d’une enquête sur le « pré-individuel » et son « actualisation ».
Enfin, comme à chaque fois, Vincent Bontems clôt le numéro en rendant compte des activités de l’ « Atelier Simondon » qu’il anime à l’Ecole Normale Supérieure de Paris.
Ce Numéro 3 entend ensuite confronter Simondon à Arendt sur la question décisive du travail, à Dufrenne sur celle de l’esthétique en tant qu’elle tend à devenir une « techno-esthétique », revenir aussi sur le problème des sciences humaines dans L’individuation psychique et collective, sur celui du dialogue avec la cybernétique et les « théories des machines » dans Du mode d’existence des objets techniques ou dans des textes inédits, et sur l’enjeu de la néoténie dans L’individuation à la lumière des notions de forme et d’information.
Enfin, Jean-Hugues Barthélémy dialogue avec le dernier ouvrage de Xavier Guchet à propos du mode d’unité de l’ensemble de l’œuvre, et Vincent Bontems clôt le présent numéro en évoquant les activités de l’Atelier Simondon qu’il anime à l’Ecole Normale Supérieure de Paris.
Les articles ici réunis traitent des thématiques suivantes : perception et imagination dans les Cours de Psychologie de Simondon ; la question de l’analogie à partir du lien différentiel intuition (Bergson)/transduction (Simondon); la comparaison entre les pensées dites « (onto)génétiques » de Piaget et de Simondon dans leur dialogue commun avec la « génétique » ; la possibilité d’une application de l’ « hypothèse quantique » de Simondon à une pensée qui articule les individuations physique et vitale par complexification du jeu entre les « ordres de grandeur » ; la confrontation entre les critiques que Simondon et Heidegger adressent aux « principes » de la tradition ontologique occidentale ; l’examen critique du malentendu qu’entretient Agamben dans son usage occasionnel de la pensée simondonienne ; enfin, les deux usages explicites, non-deleuziens et « systémiques » de Simondon dans l’oeuvre de Stiegler d’une part, et dans le programme de la Relativité philosophique d’autre part.
Le parcours ainsi réalisé au sein d’une œuvre redécouverte - voire simplement découverte – depuis quelques années permet de poser un premier bilan des travaux exégétiques qui ont été entrepris durant ces années. Un tel bilan ne se contente pas de couvrir ici les thématiques de l’invention, de la mécanologie, du vivant ou des sciences sociales, il questionne aussi les trois possibilités d’une « ontologie » globale post-métaphysique, d’une « esthétique génétique » et d’une éthique post-kantienne. Car comprendre Simondon c’est aussi et indissociablement se saisir du questionnement qu’il initie et qui nous donne « du mouvement pour aller plus loin », comme aimait à dire Simondon en reprenant Malebranche.
Or, traiter dans un même volet les deux thèmes de la Connaissance et de la Technique tient à la nature même de cette philosophie, qui pose en effet les bases d’une compréhension nouvelle et radicale de la physique mathématique comme connaissance techniquement fondée. Parce que cependant ces bases simondoniennes ne vont pas jusqu’à penser ce qu’il faut nommer les différents modes de décentrement du sujet connaissant en général, elles ne font que nous conduire au seuil d’une pensée réellement post-critique, c’est-à-dire susceptible de provoquer l’ « agonie du kantisme » annoncée par Alexis Philonenko en 1969 dans L’œuvre de Kant. Il s’agit donc à terme d’envisager la nouvelle problématique seule capable d’ambitionner la Relativité philosophique ou « révolution einsteinienne » que Bachelard et le dernier Wittgenstein appelaient tous deux de leurs vœux après la « révolution copernicienne » de Kant, et dans le projet de laquelle Simondon s’inscrivait déjà.
a/ les deux thèses, et leur lien consubstantiel au sein de l’Encyclopédisme génétique qu’elles définissent, peuvent certes être considérées dans un premier temps comme un préalable requis et tout à la fois un simple aperçu sur ces thématiques spécifiques – que les thèses abordent en effet - de la perception et de l’imagination, qui constituent pour leur part les thématiques propres à ce que Simondon nommait sa « Psychologie générale » ;
b/ cette dernière relève cependant de l’enseignement de psychologie de Simondon, et se positionne à côté de son travail de philosophe, qui pour sa part vise notamment à refonder les sciences humaines sur une « nouvelle axiomatique » de psycho-sociologie – et non pas de Psychologie générale - elle-même inscrite à l’intérieur d’une ontologie générale de l’individuation, notion absente de la Psychologie générale ;
c/ ainsi qu’il apparaîtra en cours d’exposé des grands axes de ces deux Cours, cet « à côté » qu’ils constituent par rapport à la philosophie de l’individuation est cependant dans le même temps une propédeutique à la psycho-sociologie dont l’ontologie a posé la nécessité, et qui n’est pourtant plus seulement la simple axiomatique des sciences humaines que se réservait la philosophie de l’individuation.
Que Simondon soit ainsi celui qui entend à la fois penser une étrange prise de forme non-hylémorphique et repenser à partir d'elle ce que l'on nomme aujourd'hui « information », c'est-à-dire la transmission d'un message, c'est là une double et profonde originalité que Morizot a pleinement intégrée dès le début, c'est-à-dire dès son travail de thèse, dont ce livre est issu. Et les pages, centrales dans tous les sens du terme, qu'il consacre aux deux questions de la mémoire – question très peu traitée jusqu’ici par les commentateurs - et de l’information chez Simondon sont un modèle de travail exégétique, dans le même temps qu’elles rendent possible la réflexion finale de Morizot à propos des questions sociologiques qui le préoccupent.
- la filiation de l’ « épistémologie historique » , inaugurée par Bachelard à propos de la physique - puis Canguilhem pour la biologie - et remaniée dans sa pratique par Foucault pour penser les sciences humaines ;
- la filiation du renouveau de la philosophie de la nature chez Bergson, Teilhard de Chardin et Simondon/Deleuze ;
- la filiation du développement « à la française », c’est-à-dire à tonalité à la fois existentialiste et marxiste chez Sartre et Merleau-Ponty, de la phénoménologie d’origine allemande, vaste courant dont la veine proprement heideggerienne a ensuite suscité en France les œuvres de Derrida et Lévinas.
A elles seules ces trois filiations livrent à peu près tout ce qui s’est fait d’essentiel au sein de la philosophie française du 20e siècle. Or, si la visée commune d’une subversion de l’opposition classique et principielle entre sujet et objet a pu être dégagée par-delà les divergences entre ces trois filiations , on n’a toutefois pas encore montré son lien avec un geste théorique certes plus discret, mais commun lui aussi à Bachelard pour la première filiation, Simondon pour la seconde et Merleau-Ponty pour la troisième : le geste consistant à prendre pour paradigme, à des degrés bien sûr divers, la révolution induite par la physique contemporaine, à des fins de désubstantialisation au sein même de l’entreprise ontologique propre à la philosophie. Afin de développer ici cette thèse exégétique, on considèrera initialement comme acquis :
- que la phénoménologie merleau-pontyenne, depuis La structure du comportement jusqu’au Visible et l’invisible en passant par le cours sur La Nature – ces deux derniers textes faisant intervenir la référence à la révolution physique contemporaine -, a toujours été prise dans une ontologie dont le caractère inexorable tenait à l’impossibilité, affirmée dès l’Avant-Propos à la Phénoménologie de la perception, d’une « réduction phénoménologique » complète ;
- qu’il y a bien chez Bachelard lui-même une visée anti-substantialiste proprement ontologique et pas seulement épistémologique, même si le « rationalisme régional » de Bachelard ne s’est jamais autorisé la construction ontologique que Simondon, lui, osera dans L’individuation à la lumière des notions de forme et d’information .
Qu’il ait fallu un tel geste théorique – celui que l’on peut nommer « paradigmatisme physique » - au cœur de chacune des trois filiations procède en un sens d’une certaine nécessité : quels que soient les reproches adressés par chacun de ces penseurs au criticisme kantien, la rupture anti-métaphysique introduite par la « révolution copernicienne » de Kant ne peut à leurs yeux qu’être radicalisée plutôt que reniée, et appelle donc elle-même son propre dépassement dans une philosophie qui ne peut qu’être inspirée par la nouvelle révolution physique, par-delà donc les pôles copernicien, galiléen et newtonien d’inspiration qui fonctionnaient chez Kant – et qui, de « modernes », sont désormais devenus « classiques ».
C’est en ce point, toutefois, que la question du mouvement distingue la démarche bachelardienne en ce que cette dernière, depuis La valeur inductive de la relativité en 1929, se veut inspirée initialement par la relativité einsteinienne, et dans un second temps seulement par la révolution quantique. Ainsi qu’il apparaîtra en effet, Bachelard, dans Le nouvel esprit scientifique, désubstantialise la « chose » en faisant d’elle une « chose-mouvement », au motif que l’espace et le temps sont devenus un espace-temps. Et même s’il le fait en invoquant déjà la mécanique quantique, la référence à la relativité einsteinienne reste principielle. Ainsi revendiquera-t-il encore dans La philosophie du non, ouvrage pourtant encore davantage consacré à la physique quantique, un « non-kantisme » qui soit une relativisation englobante du kantisme, de même que la relativité einsteinienne avait englobé et relativisé la mécanique newtonienne. Or, chez Bachelard, cette analogie entre progrès de la physique et progrès philosophique n’est pas séparable de l’inspiration méthodologique également puisée dans la Relativité physique. C’est la différence entre la « relativité philosophique » de Bachelard, comme la nomme Vincent Bontems , et une Relativité philosophique plus globale et plus actuelle : dans cette dernière, l’analogie structurale avec la Relativité physique s’accompagne d’une inspiration méthodologique non pas einsteinienne, mais puisée dans la physique quantique .
Simondon, lui, s’inscrit en un sens dans une filiation épistémologique bachelardienne, mais son « réalisme des relations » anti-substantialiste apparaîtra comme plus fondamentalement lié à la révolution quantique qu’il ne l’était chez Bachelard, pourtant véritable père du réalisme des relations. La différence tiendra en dernière instance à ce que Simondon, par-delà la « non-identité » - encore trop dialectique - de l’ « être » affirmée par Bachelard au terme de La philosophie du non, veut penser une « plus qu’identité » - transductive et non pas dialectique – dont seule la dualité quantique onde-corpuscule fournit le paradigme. La conséquence en sera que, contrairement à Bachelard, Simondon est pleinement conscient du divorce entre mécanique quantique et relativité einsteinienne, et de la nécessité d’une théorie – qui dans son esprit n’est qu’à venir - des « ordres de grandeur » pour les réunifier.
Merleau-Ponty, enfin, se révélera, dans Le visible et l’invisible mais aussi déjà partiellement dans le cours sur La Nature, habité lui aussi par le paradigme quantique et par l’intuition d’une théorie requise des « échelles ». Sans doute sa lecture avant les autres de L’individu et sa genèse physico-biologique – ouvrage publié grâce à Merleau-Ponty et dédié par Simondon à sa mémoire – n’y est-elle pas pour rien . Mais conformément au questionnement phénoménologique dont il hérite - et qu’il tente de réconcilier avec l’ontologie -, Merleau-Ponty rapporte prioritairement la nouveauté quantique à l’interrogation principielle sur le rapport du sujet et de l’objet, interrogation dont le partage par Bachelard et Simondon ne laisse pas d’être insuffisamment insistant aux yeux d’un phénoménologue.
Cet entretien, réalisé le 13 janvier 2013 à Paris, cherche avant tout à expliciter les conditions philosophiques d’un « humanisme difficile », le rôle central de la pensée de Gilbert Simondon dans son élaboration, et la signification d’un « nouvel encyclopédisme » pour notre époque " (Ludovic Duhem, pour Tête-à-Tête)
1. La hantise de la technique : l'esthétique de Kant, Hegel et Heidegger ;
2. Technique et individuation : vers une techno-esthétique à travers la pensée de Simondon.
Le texte a conservé la formulation orale du séminaire, seules les notes de bas de page et quelques corrections dans le corps du texte ayant été ajoutées par l’auteur pour la publication. Nombre de points ont été précisés, développés, illustrés durant les séances - à partir d'une série d'images à chaque fois qu'un exemple était donné, ce qui explique l'allusion à la « Sainte Cécile » de Raphaël dans l'Introduction -, et depuis dans d'autres textes .
Cette publication est à la fois programmatique et ambitieuse. Comme son titre l’indique, il s'agit d'une « introduction », car la « techno-esthétique » - concept repris à Simondon - est chez Ludovic Duhem, jeune philosophe-artiste, un programme de recherche et non une doctrine déjà constituée. Un ouvrage en cours sera entièrement consacré par notre auteur à une analyse de ce qu’il nomme la « hantise de la technique » en esthétique, et approfondira donc ce qui n'a été qu'esquissé dans la première partie du texte ici présenté.
le vendredi 13 janvier à l'EHESS de 18h à 20h (amphithéâtre du 105 bd Raspail, Paris)
Résumé : à l'heure où le refus légitime de l'ancien humanisme se mue en vogue "transhumaniste", l'humanisme décentré, lui, entend dénoncer la nouvelle forme de Schwärmerei des apôtres de l'"homme augmenté", mais aussi montrer que la plupart des adversaires de l'humanisme maintiennent plus ou moins implicitement, et sous des formes qui ne sont certes plus anthropocentriques, une coupure anthropologique dont l'humanisme, lui, n'a paradoxalement - mais non contradictoirement - pas besoin, et qu'il n'a pas non plus intérêt à maintenir s'il veut s'offrir comme une voie nouvelle pour affronter les défis théorico-pratiques, et plus spécifiquement écologiques, de notre temps :
- il doit d'une part se faire aujourd'hui humanisme de l'autre que l'homme, grâce à la compréhension nouvelle de l'"humanité" des conduites qui est apportée par l'éthologie de l'empathie (Frans de Waal). À cet apport se conjugue celui de la convergence entre les données récentes de la paléoanthropologie et celles de la neurologie quant au devenir-homme ;
- il doit d'autre part se défaire de la traditionnelle confusion éthico-politique dont les systèmes éthico-politiques de Hans Jonas et John Rawls sont deux formes contemporaines distinctes, mais qui est également commise par les partisans de l'"éthique animale". Contre cette confusion éthico-politique dominante, il s'agit de refonder le droit hors l'éthique en donnant à la réflexion de Georges Canguilhem des prolongements susceptibles de dégager la normativité interne, mais économique et non pas axiologique, qui est celle de tout sujet sensitivo-émotif humain ou animal ayant des besoins vécus jusqu'à la souffrance.
Les six articles constituant le dossier « Technique et technoscience après Simondon » sont ainsi le fruit d’une journée d’étude qui eut lieu à la Maison des Sciences de l’Homme Paris-Nord en mai 2016, et qui réunissait cinq conférenciers appartenant au CIDES ainsi que Bernadette Bensaude-Vincent, dont le travail sur l’idée de technoscience est devenu une référence. Ce dossier comprend deux pans, que l’on peut respectivement qualifier de « techno-logique » et de « techno-scientifique », la différence entre eux étant que le premier s’ordonne à l’idée simondonienne de la constitution philosophique d’une discipline – la « technologie » -, tandis que le second interroge les conditions mêmes d’existence d’un réel concept de technoscience – par-delà la « cacophonie » dénoncée par Gilbert Hottois, qui est à la fois le créateur de l’acception philosophique de ce terme et l’auteur de la première monographie sur Simondon.
Ces textes, volontairement brefs, veulent constituer une introduction pédagogique – forcément incomplète - à l’oeuvre de Simondon et à son actualité philosophique, en se focalisant à cette fin sur certains points qui ont particulièrement attiré l’attention de ceux qui se sont vraiment penchés sur cette œuvre lors de sa (re)découverte : 1. ses difficiles édition et réception (texte 1) ; 2. son double rapport aux pensées influentes de Gaston Bachelard et Henri Bergson (textes 2 et 3); 3. son apport précurseur à la techno-esthétique naissante et sa contribution originale à la problématique socio-politique (textes 4 et 5); 4. son influence sur l’œuvre célèbre de Gilles Deleuze (texte 6); 5. son actualisation possible pour penser le numérique (texte 7). Encore une fois, il ne s’agissait pas de couvrir l’ensemble des grandes thématiques de cette œuvre, telle la thématique proprement technologique de Du mode d’existence des objets techniques, mais de privilégier certains aspects particulièrement porteurs d’avenir et/ou décisifs pour saisir son sens, ses visées ultimes et son unité – d’abord restée incomprise ou réduite à une perspective techniciste qui n’a jamais été celle de Simondon, dont la technophilie s’opposait au « technicisme intempérant » de certains cybernéticiens comme également à la technocratie de la « société du rendement ».
« Qui regarde un chien caresser son maître ou se préparer à attaquer un autre chien ou un homme, ou qui observe la physionomie d’un singe provoqué ou cajolé par son maître, est forcé d’admettre que leurs gestes et les mouvements de leurs traits sont presque aussi expressifs que ceux d’un homme »[1].
À la pensée révolutionnaire de l’évolution des espèces offerte par L’Origine des espèces, à celle, bouleversante pour l’époque, des origines animales de l’être humain lui-même dans La Filiation de l’homme et la sélection liée au sexe, s’ajoutait ici la possibilité d’une pensée de la complexité psychique et notamment émotionnelle des animaux non-humains via celle de leur expressivité communicationnelle, telle celle de ce chien qui, dit Darwin, « caresse son maître ». Notre époque est celle où la crainte de tomber par là dans l’anthropomorphisme laisse enfin la place à une compréhension nouvelle et plus fine dont Darwin est, une fois de plus, le grand précurseur, et Frans de Waal[2] l’actuel ambassadeur : contrairement à l’anthropomorphisme, qui part de l’humain et projette sur l’animal non-humain des qualités humaines, la reconnaissance lucide de la complexité de l’animal non-humain part de ce dernier afin de rendre compte de la (sur-)complexité humaine, qui ne sort pas de nulle part, et c’est en ce point que l’évolutionnisme initié par Darwin est aussi précieux philosophiquement qu’il est scientifiquement incontournable. Notre époque troublée, si elle est profondément agitée par les débats autour de l’animalité ou plutôt des animalités et de leurs droits, est-elle pour autant celle où pourra s’instaurer un nouveau paradigme philosophique suffisamment puissant pour répondre à la crise manifestement pluridimensionnelle qui la caractérise ?
[1] Charles Darwin, L’Expression des émotions chez l’homme et les animaux, trad. D. Férault, Paris, Payot & Rivages, 2001, p. 197.
[2] Voir notamment Frans de Waal, L’Âge de l’empathie. Leçons de la nature pour une société solidaire, trad. M-F. Paloméra, Paris, Les Liens qui Libèrent, 2010.