The concept of 'radicalization' is now used to account for all forms of violent and non-violent p... more The concept of 'radicalization' is now used to account for all forms of violent and non-violent political Islam. Used widely within the security services and picked up by academia, the term was initially coined by the General Intelligence and Security Service of the Netherlands (AIVD) after the 9/11 and Pentagon attacks, an origin that is rarely recognised. This book comprises contributions from leading scholars in the field of critical security studies to trace the introduction, adoption and dissemination of 'radicalization' as a concept. It is the first book to offer a critical analysis and history of the term as an 'empty signifier', that is, a word that might not necessarily refer to something existing in the real world. The diverse contributions consider how the term has circulated since its emergence in the Netherlands and Belgium, its appearance in academia, its existence among the people categorized as 'radicals' and its impact on relationships of trust between public officials and their clients. Building on the traditions of critical security studies and critical studies on terrorism, the book reaffirms the importance of a reflective approach to counter-radicalization discourse and policies. It will be essential reading for scholars of security studies, political anthropology, the study of Islam in the west and European studies.
« On prépare un dossier sur l'islam, je veux que tu m'écrives un article sur le voile. Je dis : n... more « On prépare un dossier sur l'islam, je veux que tu m'écrives un article sur le voile. Je dis : non, le non-voile. Je l'ai appelé « les non-voilées de l'islam ». Je dis voile, je n'en peux plus. Je dis, oui je veux bien écrire, et parler de la problématique du voile. Mais alors je dirai les noms… Il y en a qui sont musulmanes qui sont non-voilées. J'ai envie de parler pour elles, tu vois. J'ai envie de les faire parler, elles ». (Saloua, journaliste, Bruxelles) Assise dans un appartement confortable dans la banlieue verte de Bruxelles, Saloua, une Belgo-Marocaine qui a la quarantaine, au style sophistiqué, m'explique les difficultés qu'elle a rencontrées depuis son retour du Maroc, il y a maintenant onze ans. Saloua fait partie de la soi-disant « seconde génération » d'immigré • es, une génération qui est née ou est arrivée en bas-âge en Belgique dans le flux de migration de leurs parents dans les années 1960. Saloua a quitté le Maroc à l'âge de trois ans pour la Belgique, où elle vit depuis. À vingt-neuf ans, elle décide de retourner au Maroc après être tombée amoureuse d'un homme qu'elle a choisi d'épouser. Durant les années passées au Maroc, elle donnera naissance à ses deux filles, enseignera le français et rédigera une thèse dans le domaine des études littéraires comparées. Son mariage ne sera pas heureux. Elle finira par divorcer de son mari et rentrera en Belgique avec ses deux filles. Depuis son retour, elle essaie de se faire une place dans les milieux professionnels des critiques littéraires. Elle rencontre néanmoins des difficultés d'accès aux cercles littéraires français, ce qui la conduit à se tourner vers une carrière de journaliste freelance. C'est dans ce cadre qu'elle est souvent amenée à écrire des articles sur l'islam ou l'immigration. Tandis qu'elle prend du plaisir à travailler sur ces thématiques, elle se lasse assez rapidement des questions qu'on lui demande d'aborder, et de la perspective assez « limitée » qu'elle peut adopter. Le débat sur le foulard fait partie des questions qui la fatiguent. Elle se dit profondément ennuyée par les cadres du débat. Dans la citation ci-dessus, elle nous fait part d'une conversation avec un rédacteur en chef, où elle explique son agacement et son refus d'écrire un article supplémentaire sur ce sujet. Deux éléments sont mis en avant pour expliquer ce refus. Le refus de Saloua traduit tout d'abord une posture postcoloniale qui peut aussi être lue comme une critique par rapport à la façon dont le foulard a été construit comme un emblème dans la représentation de la femme musulmane dans un contexte post-migratoire. Comme critique littéraire, elle comprend cette obsession pour les femmes voilées comme le symptôme d'un regard orientaliste du monde musulman – qui s'élargit maintenant aux musulman • es en Europe occidentale. Tandis que ces représentations de la femme musulmane, comme étant essentiellement voilée, ne sont pas nouvelles (Ahmed 1992), elles retrouvent une nouvelle intensité dans les débats actuels autour de l'islam en Europe. Le refus d'écrire sur les femmes voilées peut, dès 1 Ceci est une version traduite par l'auteure et légèrement remaniée de l'article « On not/unveiling as an ethical practice » publié dans Feminist Review (2011), vol. 89, p. 83-109.
The concept of 'radicalization' is now used to account for all forms of violent and non-violent p... more The concept of 'radicalization' is now used to account for all forms of violent and non-violent political Islam. Used widely within the security services and picked up by academia, the term was initially coined by the General Intelligence and Security Service of the Netherlands (AIVD) after the 9/11 and Pentagon attacks, an origin that is rarely recognised. This book comprises contributions from leading scholars in the field of critical security studies to trace the introduction, adoption and dissemination of 'radicalization' as a concept. It is the first book to offer a critical analysis and history of the term as an 'empty signifier', that is, a word that might not necessarily refer to something existing in the real world. The diverse contributions consider how the term has circulated since its emergence in the Netherlands and Belgium, its appearance in academia, its existence among the people categorized as 'radicals' and its impact on relationships of trust between public officials and their clients. Building on the traditions of critical security studies and critical studies on terrorism, the book reaffirms the importance of a reflective approach to counter-radicalization discourse and policies. It will be essential reading for scholars of security studies, political anthropology, the study of Islam in the west and European studies.
« On prépare un dossier sur l'islam, je veux que tu m'écrives un article sur le voile. Je dis : n... more « On prépare un dossier sur l'islam, je veux que tu m'écrives un article sur le voile. Je dis : non, le non-voile. Je l'ai appelé « les non-voilées de l'islam ». Je dis voile, je n'en peux plus. Je dis, oui je veux bien écrire, et parler de la problématique du voile. Mais alors je dirai les noms… Il y en a qui sont musulmanes qui sont non-voilées. J'ai envie de parler pour elles, tu vois. J'ai envie de les faire parler, elles ». (Saloua, journaliste, Bruxelles) Assise dans un appartement confortable dans la banlieue verte de Bruxelles, Saloua, une Belgo-Marocaine qui a la quarantaine, au style sophistiqué, m'explique les difficultés qu'elle a rencontrées depuis son retour du Maroc, il y a maintenant onze ans. Saloua fait partie de la soi-disant « seconde génération » d'immigré • es, une génération qui est née ou est arrivée en bas-âge en Belgique dans le flux de migration de leurs parents dans les années 1960. Saloua a quitté le Maroc à l'âge de trois ans pour la Belgique, où elle vit depuis. À vingt-neuf ans, elle décide de retourner au Maroc après être tombée amoureuse d'un homme qu'elle a choisi d'épouser. Durant les années passées au Maroc, elle donnera naissance à ses deux filles, enseignera le français et rédigera une thèse dans le domaine des études littéraires comparées. Son mariage ne sera pas heureux. Elle finira par divorcer de son mari et rentrera en Belgique avec ses deux filles. Depuis son retour, elle essaie de se faire une place dans les milieux professionnels des critiques littéraires. Elle rencontre néanmoins des difficultés d'accès aux cercles littéraires français, ce qui la conduit à se tourner vers une carrière de journaliste freelance. C'est dans ce cadre qu'elle est souvent amenée à écrire des articles sur l'islam ou l'immigration. Tandis qu'elle prend du plaisir à travailler sur ces thématiques, elle se lasse assez rapidement des questions qu'on lui demande d'aborder, et de la perspective assez « limitée » qu'elle peut adopter. Le débat sur le foulard fait partie des questions qui la fatiguent. Elle se dit profondément ennuyée par les cadres du débat. Dans la citation ci-dessus, elle nous fait part d'une conversation avec un rédacteur en chef, où elle explique son agacement et son refus d'écrire un article supplémentaire sur ce sujet. Deux éléments sont mis en avant pour expliquer ce refus. Le refus de Saloua traduit tout d'abord une posture postcoloniale qui peut aussi être lue comme une critique par rapport à la façon dont le foulard a été construit comme un emblème dans la représentation de la femme musulmane dans un contexte post-migratoire. Comme critique littéraire, elle comprend cette obsession pour les femmes voilées comme le symptôme d'un regard orientaliste du monde musulman – qui s'élargit maintenant aux musulman • es en Europe occidentale. Tandis que ces représentations de la femme musulmane, comme étant essentiellement voilée, ne sont pas nouvelles (Ahmed 1992), elles retrouvent une nouvelle intensité dans les débats actuels autour de l'islam en Europe. Le refus d'écrire sur les femmes voilées peut, dès 1 Ceci est une version traduite par l'auteure et légèrement remaniée de l'article « On not/unveiling as an ethical practice » publié dans Feminist Review (2011), vol. 89, p. 83-109.
Uploads
Books by Nadia Fadil
Papers by Nadia Fadil