Edited Books by Anne-Lise REY
Boston Studies in the Philosophy and History of Science, 2018
This book begins with an observation: At the time when empiricism arose and slowly established it... more This book begins with an observation: At the time when empiricism arose and slowly established itself, the word itself had not yet been coined. Hence the central question of this volume: What does it mean to conduct empirical science in early modern Europe? How can we catch the elusive figure of the empiricist?
Our answer focuses on the practices established by representative scholars. This approach allows us to demonstrate two things. First, that empiricism is not a monolith but exists in a plurality of forms. Today’s understanding of the empirical sciences was gradually shaped by the exchanges among scholars combining different traditions, world views and experimental settings. Second, the long proclaimed antagonism between empiricism and rationalism is not the whole story. Our case studies show that a very fruitful exchange between both systems of thought occurred. It is a story of integration, appropriation and transformation more than one of mere opposition.
We asked twelve authors to explore these fascinating new facets of empiricisms. The plurality of their voices mirrors the multiple faces of the concept itself. Every contribution can be understood as a piece of a much larger puzzle. Together, they help us better understand the emergence of empiricism and the inventiveness of the scientific enterprise.
Ce livre s’intéresse à une rencontre : celle de deux philosophes, mais aussi celle de deux siècle... more Ce livre s’intéresse à une rencontre : celle de deux philosophes, mais aussi celle de deux siècles et de deux régimes de pensée. Leibniz (1646-1716) et Diderot (1713-1784) appartiennent à deux traditions en apparence opposées : on associe généralement la pensée leibnizienne aux grands systèmes métaphysiques du XVIIe siècle, et celle de Diderot à la mise en pièces de ces édifices par la voie d’une philosophie expérimentale radicalement antisystématique. Pourtant, plusieurs liens entre les deux œuvres sont visibles, qu’il s’agisse d’emprunts conceptuels ou thématiques par Diderot ou de convergences plus difficiles à circonscrire. Le premier objet de ce livre est d’identifier ces liens et de faire le point sur cette sympathie entre les deux philosophies. Mais ce livre s’intéresse aussi à cette rencontre pour ses effets transformateurs, tant sur le plan des concepts, des thèses et des arguments que sur celui des méthodes. Il s’agit alors de voir comment la rencontre avec le leibnizianisme a nourri la pensée diderotienne, comment la lecture du texte leibnizien par Diderot en modifie le sens, comment elle peut parfois en être une interprétation ou un devenir possible. Pour saisir ces transformations, les auteurs ont examiné divers contextes théoriques dans lesquels les pensées de Leibniz et Diderot dialoguent : métaphysique et philosophie de la nature, épistémologie et philosophie des sciences, théorie de la perception et esthétique. À travers ce dialogue, l’ouvrage contribue à une réflexion générale sur les méthodes requises pour mettre en perspective les rapports entre des philosophies à la fois proches et éloignées.
Médecine et philosophie de la nature humaine, de l’âge classique aux Lumières, 2014
Cet ouvrage montre comment, entre l’âge classique et les Lumières, les philosophes et médecins on... more Cet ouvrage montre comment, entre l’âge classique et les Lumières, les philosophes et médecins ont contribué à la genèse de l’anthropologie. Anatomie, physiologie et pathologie contribuent largement à l’opération de « décentrement » de l’homme, concept longtemps associé à la seule révolution astronomique.
Ce double numéro de la Revue de synthèse propose d’analyser les querelles et les controverses de ... more Ce double numéro de la Revue de synthèse propose d’analyser les querelles et les controverses de l’époque moderne sous l’espèce de la dispute, catégorie qui permet d’articuler un mode rhétorique (la disputatio) et des pratiques contextualisées. En partant d’exemples concrets tirés de l’histoire des sciences comme de la philoso- phie politique, nous prolongeons un travail de réflexion sur les modes de constitution du savoir à l’époque moderne, mais nous plaçons ici l’accent sur les enjeux de la dispute entendue comme principe épistémique et heuristique, et sur son rapport éventuel au politique. Le but de ce travail est en effet de se demander, au-delà d’une analyse précise du concept de dispute, si son élimination constitue l’horizon de toute controverse, de façon à produire une conciliation entre des termes opposés, ou bien si au contraire la dispute n’est pas le fondement même de l’avancée de savoirs : on peut ainsi espérer se donner un moyen d’élaborer un territoire épistémique commun. Dans cette perspective, la communauté ne serait pas le résultat d’un compromis ou d’un consensus, mais bien au contraire le produit d’un désaccord partagé. Il ne s’agit donc pas de comprendre le déroulement de la dispute au prisme de sa résolution, mais plutôt d’en identifier le pouvoir créateur.
L’objet de ce dossier est de comparer les systèmes philosophiques de Nicolas de Cues et de Leibni... more L’objet de ce dossier est de comparer les systèmes philosophiques de Nicolas de Cues et de Leibniz. Nous voudrions préciser la méthode ainsi que les intentions qui président à cet exercice [1]
[1] Les textes qui suivent sont issus d’une journée d’études...
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Comparatisme et historicisme
2
Le premier problème rencontré est celui des rapports du comparatisme à l’historicisme. Il ne s’agira pas pour nous d’établir un lien de causalité dans la constitution de ces deux systèmes philosophiques en déterminant prioritairement les liens philologiques ou historiques qui mènent de l’un à l’autre (même si le rôle des passeurs et des relais peut être riche d’enseignement sur ce qui nous occupe, comme nous le montre l’article de Pierre Magnard). Il ne s’agira pas non plus de soustraire ces philosophies à tout enracinement historique pour les considérer dans une pureté idéelle. Nous souhaitons étudier les relations entre ces deux pensées parce qu’elles présentent de profondes homologies : chacune propose une métaphysique de l’infini (les articles de Jean Celeyrette et de Paul Rateau en témoignent), une ontologie expressive dans le cadre du couple complicatio/explicatio (l’article d’Anne-Lise Rey aborde cette question), une valorisation de la singularité dans son rapport au Principe (l’article de Frédéric Vengeon traite cet aspect) et une tentative de théoriser la concorde des communautés spirituelles.
3
Nous pensons que ces homologies ne sont pas accidentelles mais qu’elles trouvent leur raison dans le fait que ces deux systèmes répondent au même problème métaphysique, en apportant chacun des thèses et des opérateurs conceptuels différents. Nous ne voulons proposer ni une simple réduction à l’identique, ni un catalogue de thèses divergentes mais une tentative d’établir des différences signifiantes en référence à un problème commun.
4
La comparaison métaphysique suppose donc d’identifier un problème métaphysique central auquel sont confrontés les systèmes en présence. Dans le cas qui nous occupe, nous formulons l’hypothèse que ce problème fondamental est celui des rapports entre le fini et l’infini, et plus précisément de leur double postulation, c’est-à-dire de la tension qui réside entre une métaphysique expressive de l’infini et la valorisation de la singularité créée.
Nicolas de Cues et Leibniz
Pourquoi choisir dans ce cadre de comparer Nicolas de Cues et Leibniz ? Il nous semble que Nicolas de Cues formule le premier, de la manière la plus claire possible, le problème métaphysique de la double postulation de l’infini et du fini. Il ouvre par là un champ problématique qui sera transmis à la métaphysique classique. S’il est alors possible de comparer la philosophie de Nicolas de Cues avec tous les grands systèmes de la métaphysique classique, Nicolas de Cues et Leibniz présentent néanmoins des liens électifs en raison des homologies que nous avons mentionnées. Ce sont sans doute les penseurs les plus proches d’un point de vue métaphysique.
6
Même s’ils ne constituent pas l’objet de nos études, disons quelques mots des liens de filiation philologique entre nos deux auteurs. L’étude systématique de la réception de l’œuvre de Nicolas de Cues au xviie siècle reste sans doute à faire. Si le discours sur la filiation supposée entre Cues et Leibniz constitue un lieu commun qui parcourt l’histoire de la philosophie – que l’on pense par exemple parmi tant d’autres à l’ouvrage de Robert Zimmermann Der Cardinal Nicolaus Cusanus als Vorlaüfer Leibnitzens [2]
[2] In Sitzungsberichte der Kaiserkichen Akademie der Wissenschaften....
–, ce dossier ne s’inscrit à aucun moment dans le désir de fortifier cette thèse. Un certain nombre de textes de Leibniz témoignent néanmoins d’une référence à Cues et parfois d’une connaissance de sa pensée non seulement dans le cadre de sa conception de l’infini, mais également en cosmologie, en théologie, en ecclésiologie. Ainsi, certaines lettres à Wallis mentionnent le nom de Cues à propos de l’invention de la cycloïde [3]
[3] Cf., par exemple, Lettre de Wallis à Leibniz, 1er/11 décembre...
. Par ailleurs quelques passages mentionnent les positions cosmologiques [4]
[4] On pense par exemple à la lettre de Leibniz à Bossuet,...
de Cues, témoignant par là de leur connaissance par Leibniz. D’autres textes font référence aux conjectures ecclésiologiques du Cusain exposées dans la Conjectura de ultimis diebus [5]
[5] Par exemple ce passage d’une lettre d’Eckhart à Leibniz...
. Leibniz connaît donc des pans entiers de l’œuvre du cardinal de Cues. L’exploration systématique de ce chantier philologique reste à faire.
Une histoire de la métaphysique
Notre intention est bien plutôt de contribuer à une histoire de la métaphysique à travers la confrontation des systèmes philosophiques [6]
[6] Notre démarche pourrait se revendiquer de celle de...
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8
Cette tentative impose, et c’est le deuxième problème, de bien distinguer l’activité métaphysique de l’activité scientifique. Les deux niveaux sont distincts et entretiennent, sur la base de cette distinction même, des interactions complexes. Il ne s’agit en aucun cas de retrouver des métaphysiques identiques en surplomb d’une évolution épistémologique (mais aussi bien politique ou esthétique) inessentielle. Les relations, mutuellement déterminantes, entre la science et la métaphysique sont réelles et les études qui se consacrent à les identifier sont pertinentes. On peut dire à cet égard que la métaphysique se refonde à chaque fois sur la base d’inventions dans le champ des savoirs (Leibniz et la dynamique, Leibniz et le calcul, comme le montrent les articles de David Rabouin et Marc Parmentier ; Cues et le savoir constructif de la perspective). Pour autant, il n’en demeure pas moins qu’il y a une élaboration des problèmes métaphysiques et de leurs possibles résolutions. En déplaçant l’attention depuis les rapports, à l’intérieur d’une même œuvre, entre découverte scientifique et invention métaphysique sur l’évolution d’un problème métaphysique d’une œuvre à l’autre, nous n’entendons pas perdre le fil des inventions épistémologiques mais le réintégrer dans une histoire de la métaphysique.
9
Cela permettrait de prendre en compte le jeu des découvertes scientifiques au sein d’un système métaphysique en faisant la distinction entre la métaphysique comme projet (avant l’élaboration conceptuelle effective) et la métaphysique comme pratique (dans le devenir conceptuel de la démarche). Loin de projeter des résolutions métaphysiques déjà constituées sur des problèmes scientifiques, ou de postuler une métaphysique autonome, ce type de lecture devrait nous rendre sensible à la métaphysique telle qu’elle s’invente dans les bouleversements du savoir.
10
Les études qui suivent aimeraient saisir ces pensées à partir des problèmes qu’elles travaillent ainsi, lorsque la différence entre ces pensées devient signifiante, c’est peut-être le moyen de les réinscrire, autrement, dans l’histoire.
Les méthodes utilisées pour analyser la science d'hier et d'aujourd'hui peuvent-elles s'enrichir ... more Les méthodes utilisées pour analyser la science d'hier et d'aujourd'hui peuvent-elles s'enrichir du débat, puis du dialogue des unes avec les autres ? C'est le pari de cet ouvrage qui présente la pluralité des approches méthodologiques en histoire des sciences et des techniques et interroge son épistémologie.
Ce volume poursuit un triple but. Il s’agit d’abord de comprendre les enjeux de la controverse sc... more Ce volume poursuit un triple but. Il s’agit d’abord de comprendre les enjeux de la controverse scientifique, son fonctionnement, son influence sur la pensée des acteurs de la science et le rôle que le conflit joue dans l’établissement de cette dernière: la controverse est-elle uniquement un obstacle à l’avancement de la science ou est-elle au contraire un élément indissociable de son avancement, présentant un caractère à la fois dynamique et inventif?
Ensuite, en s’attachant à un corpus particulier, nous aimerions comprendre les relations qu’entretiennent les pratiques scientifiques de l’échange épistolaire et du conflit savant. Les normes qui régissent les correspondances ont-elles une influence sur les règles tacites selon lesquelles s’orchestre le débat, et inversement? À quels moments et niveaux de la controverse mobilise-t-on les lettres; en quoi leurs usages influencent-ils le déroulement d’une dispute, querelle ou polémique?
Enfin, ces deux premiers questionnements nous conduisent nécessairement à interroger la fécondité et les limites de certains modèles de la communauté savante dans la littérature secondaire.
En quoi les conceptions de la République des lettres se distinguent-elles des pratiques qui la forment et la définissent? La recherche du consensus est-elle vraiment un idéal unanimement partagé en son sein? Si les controverses font partie intégrante du mode de fonctionnement de la science, ne faut-il pas alors redéfinir le terme de «science normale»? En effet, celui-ci sous-tend une absence de crises et d’affrontements majeurs – ces derniers étant associés à la révolution et au changement de paradigme qui ponctuent le passage d’une période de «science normale» à une autre.
En redonnant aux controverses le caractère usuel qu’elles possèdent dans la communauté savante de l’âge classique – et au-delà –, nous plaidons pour une analyse plus féconde du processus scientifique qui permette d’expliquer que l’on puisse se comprendre sans être forcément d’accord, que des visions du monde divergentes puissent coexister au sein d’une même communauté sans pour autant qu’il s’ensuive obligatoirement l’abandon d’une théorie ou l’exclusion de ses partisans. Dans la majorité des cas, le désaccord n’équivaut pas à refuser la scientificité d’une thèse et encore moins à refuser à ses tenants l’appartenance à la République des lettres. Dissensus et consensus forment ainsi les deux faces d’un dialogue savant en constante évolution.
Papers by Anne-Lise REY
Litteratures classiques, 2013
Routledge eBooks, May 11, 2023
Cette etude se propose d'analyser les procedes de publication de l'invention, a la fin du... more Cette etude se propose d'analyser les procedes de publication de l'invention, a la fin du XVIIeme siecle, d'une science nouvelle : la Dynamique. Ces procedes engagent une logique de diffusion mise en œuvre par l'inventeur meme de cette science : Leibniz. Or, cette diffusion a un effet en retour sur l 'elaboration de la Dynamique. La Dynamique, comme science nouvelle de la puissance et de l'action, emerge dans le texte leibnizien a partir de 1689. Elle se presente comme une reponse critique au mecanisme de Descartes. LA vocation explicite de la Dynamique est de proposer un principe de conservation de la force a l'œuvre dans tout le mouvement des corps , mais elle informe aussi la definition de la substance. Notre objet est donc l'etude de l'elaboration d'une logique de diffusion de la Dynamique a travers l'analyse du sens de l'ambivalence de la notion d'action pour Leibniz. L'action est presente a la fois comme principe de conservation proprement dynamique et comme essence de la substance. Nous procedons a une etude genetique de la notion d'action qui suit sa conceptualisation progressive. Cette ambivalence ne peut, toutefois etre reellement comprise que si on circonscrit sa place dans le contexte intellectuel de l'epoque et sa singularite a l'egard a la fois de la philosophie et de la science modernes. Notre methode de travail consiste ainsi a essayer de ressaisir ces differents dimensions a travers l'analyse de deux correspondances latines decisives : l'une entre Leibniz et De Volder (dont nous proposons une traduction integrale), et de l'autre entre Leibniz et Johann Bernouilli et, grâce a une notion empruntee a Granger : la notion de style. Le style se definit comme un usage du symbolisme qui permet de penser ensemble l'individuation d'une pensee propre et l'inscription de cette individuation dans la connaissance scientifique. Cela permet d'articuler deux dimensions decisives pour la Dynamique : un mode d'expression et de diffusion de la Dynamique propre a chaque adresse specifique (un correspondant, un journal savant, un texte theorique non publie) et un systeme d'equivalence entre differents types d'expression d'un meme contenu doctrinal, la mediation s'operant grâce a des niveaux d'abstraction sans cesse plus eleves qui artiulent des niveaux d'expression, des niveaux d'intelligibilite et des niveaux de realite.
Dix-septieme Siecle, May 13, 2022
ABSTRACT Comparing the Leibniz’s Oedipus chymicus, written in 1710, with its possible reference, ... more ABSTRACT Comparing the Leibniz’s Oedipus chymicus, written in 1710, with its possible reference, the homonymous text by J.J. Becher in 1664, this paper tries to determine why Leibniz had such an interest for the chemistry of his time. If the alchemical practices of coding and decoding and the attention alchemists paid to the modifications of the matter are indeed points of convergence with leibnizian philosophy, it’s nevertheless impossible to conclude to an influence of chemical philosophy, especially of the notion of seed, on the constitution of leibnizian’s monad.
Les Études philosophiques, 2016
HAL is a multidisciplinary open access archive for the deposit and dissemination of scientific re... more HAL is a multidisciplinary open access archive for the deposit and dissemination of scientific research documents, whether they are published or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L'archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d'enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. " Les antipodes du pourquoi suffisant " ou Comment rendre une fiction raisonnable ? La dispute sur l'atomisme entre Leibniz et Hart Soeker.
Presses de l’Université de Montréal eBooks, Nov 8, 2017
Le chapitre cherche a repondre a une question : l'opposition historiographique convenue entre... more Le chapitre cherche a repondre a une question : l'opposition historiographique convenue entre le rationalisme leibnizien et la pratique par Diderot d'une philosophie experimentale, symbole d'une partie des Lumieres, peut-elle etre discutee par l'analyse de la fonction des experiences dans la connaissance du vivant?
La traduction épistémique est celle qui transmet des savoirs. Son objectif est de convaincre le l... more La traduction épistémique est celle qui transmet des savoirs. Son objectif est de convaincre le lecteur du bien-fondé du propos. C’est le troisième type de traduction encore peu étudié, à côté de la traduction littéraire (« poésie ») et de la traduction spécialisée (« prose »). Elle a sa méthodologie propre. Philosophes, linguistes, philologues, historiens et littéraires réfléchissent ensemble sur les méthodes de traduire. Il s’agit de décloisonner les approches des traducteurs de domaines de savoir différents, et de fonder une approche commune, et cependant différente de toutes les autres qui sont basées sur le genre du texte à traduire. En effet, l’approche épistémique est issue de l’activité traduisante elle-même et de la mise en forme du sens (l’épistémique est analysé par opposition au pragmatique et au poétique). Cet ouvrage s’adresse non seulement aux traducteurs, mais aussi à tous ceux qui s’intéressent aux échanges interculturels à travers le temps, les langues, les philosophies et les domaines du savoir.Epistemic translation is the translation that transmits knowledge. Its purpose is to convince the addressee of the appropriateness and the relevance of the statement. This is the third type of translation
The Dictionary of Seventeenth-Century French Philosophers, 2008
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Edited Books by Anne-Lise REY
Our answer focuses on the practices established by representative scholars. This approach allows us to demonstrate two things. First, that empiricism is not a monolith but exists in a plurality of forms. Today’s understanding of the empirical sciences was gradually shaped by the exchanges among scholars combining different traditions, world views and experimental settings. Second, the long proclaimed antagonism between empiricism and rationalism is not the whole story. Our case studies show that a very fruitful exchange between both systems of thought occurred. It is a story of integration, appropriation and transformation more than one of mere opposition.
We asked twelve authors to explore these fascinating new facets of empiricisms. The plurality of their voices mirrors the multiple faces of the concept itself. Every contribution can be understood as a piece of a much larger puzzle. Together, they help us better understand the emergence of empiricism and the inventiveness of the scientific enterprise.
[1] Les textes qui suivent sont issus d’une journée d’études...
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Comparatisme et historicisme
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Le premier problème rencontré est celui des rapports du comparatisme à l’historicisme. Il ne s’agira pas pour nous d’établir un lien de causalité dans la constitution de ces deux systèmes philosophiques en déterminant prioritairement les liens philologiques ou historiques qui mènent de l’un à l’autre (même si le rôle des passeurs et des relais peut être riche d’enseignement sur ce qui nous occupe, comme nous le montre l’article de Pierre Magnard). Il ne s’agira pas non plus de soustraire ces philosophies à tout enracinement historique pour les considérer dans une pureté idéelle. Nous souhaitons étudier les relations entre ces deux pensées parce qu’elles présentent de profondes homologies : chacune propose une métaphysique de l’infini (les articles de Jean Celeyrette et de Paul Rateau en témoignent), une ontologie expressive dans le cadre du couple complicatio/explicatio (l’article d’Anne-Lise Rey aborde cette question), une valorisation de la singularité dans son rapport au Principe (l’article de Frédéric Vengeon traite cet aspect) et une tentative de théoriser la concorde des communautés spirituelles.
3
Nous pensons que ces homologies ne sont pas accidentelles mais qu’elles trouvent leur raison dans le fait que ces deux systèmes répondent au même problème métaphysique, en apportant chacun des thèses et des opérateurs conceptuels différents. Nous ne voulons proposer ni une simple réduction à l’identique, ni un catalogue de thèses divergentes mais une tentative d’établir des différences signifiantes en référence à un problème commun.
4
La comparaison métaphysique suppose donc d’identifier un problème métaphysique central auquel sont confrontés les systèmes en présence. Dans le cas qui nous occupe, nous formulons l’hypothèse que ce problème fondamental est celui des rapports entre le fini et l’infini, et plus précisément de leur double postulation, c’est-à-dire de la tension qui réside entre une métaphysique expressive de l’infini et la valorisation de la singularité créée.
Nicolas de Cues et Leibniz
Pourquoi choisir dans ce cadre de comparer Nicolas de Cues et Leibniz ? Il nous semble que Nicolas de Cues formule le premier, de la manière la plus claire possible, le problème métaphysique de la double postulation de l’infini et du fini. Il ouvre par là un champ problématique qui sera transmis à la métaphysique classique. S’il est alors possible de comparer la philosophie de Nicolas de Cues avec tous les grands systèmes de la métaphysique classique, Nicolas de Cues et Leibniz présentent néanmoins des liens électifs en raison des homologies que nous avons mentionnées. Ce sont sans doute les penseurs les plus proches d’un point de vue métaphysique.
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Même s’ils ne constituent pas l’objet de nos études, disons quelques mots des liens de filiation philologique entre nos deux auteurs. L’étude systématique de la réception de l’œuvre de Nicolas de Cues au xviie siècle reste sans doute à faire. Si le discours sur la filiation supposée entre Cues et Leibniz constitue un lieu commun qui parcourt l’histoire de la philosophie – que l’on pense par exemple parmi tant d’autres à l’ouvrage de Robert Zimmermann Der Cardinal Nicolaus Cusanus als Vorlaüfer Leibnitzens [2]
[2] In Sitzungsberichte der Kaiserkichen Akademie der Wissenschaften....
–, ce dossier ne s’inscrit à aucun moment dans le désir de fortifier cette thèse. Un certain nombre de textes de Leibniz témoignent néanmoins d’une référence à Cues et parfois d’une connaissance de sa pensée non seulement dans le cadre de sa conception de l’infini, mais également en cosmologie, en théologie, en ecclésiologie. Ainsi, certaines lettres à Wallis mentionnent le nom de Cues à propos de l’invention de la cycloïde [3]
[3] Cf., par exemple, Lettre de Wallis à Leibniz, 1er/11 décembre...
. Par ailleurs quelques passages mentionnent les positions cosmologiques [4]
[4] On pense par exemple à la lettre de Leibniz à Bossuet,...
de Cues, témoignant par là de leur connaissance par Leibniz. D’autres textes font référence aux conjectures ecclésiologiques du Cusain exposées dans la Conjectura de ultimis diebus [5]
[5] Par exemple ce passage d’une lettre d’Eckhart à Leibniz...
. Leibniz connaît donc des pans entiers de l’œuvre du cardinal de Cues. L’exploration systématique de ce chantier philologique reste à faire.
Une histoire de la métaphysique
Notre intention est bien plutôt de contribuer à une histoire de la métaphysique à travers la confrontation des systèmes philosophiques [6]
[6] Notre démarche pourrait se revendiquer de celle de...
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Cette tentative impose, et c’est le deuxième problème, de bien distinguer l’activité métaphysique de l’activité scientifique. Les deux niveaux sont distincts et entretiennent, sur la base de cette distinction même, des interactions complexes. Il ne s’agit en aucun cas de retrouver des métaphysiques identiques en surplomb d’une évolution épistémologique (mais aussi bien politique ou esthétique) inessentielle. Les relations, mutuellement déterminantes, entre la science et la métaphysique sont réelles et les études qui se consacrent à les identifier sont pertinentes. On peut dire à cet égard que la métaphysique se refonde à chaque fois sur la base d’inventions dans le champ des savoirs (Leibniz et la dynamique, Leibniz et le calcul, comme le montrent les articles de David Rabouin et Marc Parmentier ; Cues et le savoir constructif de la perspective). Pour autant, il n’en demeure pas moins qu’il y a une élaboration des problèmes métaphysiques et de leurs possibles résolutions. En déplaçant l’attention depuis les rapports, à l’intérieur d’une même œuvre, entre découverte scientifique et invention métaphysique sur l’évolution d’un problème métaphysique d’une œuvre à l’autre, nous n’entendons pas perdre le fil des inventions épistémologiques mais le réintégrer dans une histoire de la métaphysique.
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Cela permettrait de prendre en compte le jeu des découvertes scientifiques au sein d’un système métaphysique en faisant la distinction entre la métaphysique comme projet (avant l’élaboration conceptuelle effective) et la métaphysique comme pratique (dans le devenir conceptuel de la démarche). Loin de projeter des résolutions métaphysiques déjà constituées sur des problèmes scientifiques, ou de postuler une métaphysique autonome, ce type de lecture devrait nous rendre sensible à la métaphysique telle qu’elle s’invente dans les bouleversements du savoir.
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Les études qui suivent aimeraient saisir ces pensées à partir des problèmes qu’elles travaillent ainsi, lorsque la différence entre ces pensées devient signifiante, c’est peut-être le moyen de les réinscrire, autrement, dans l’histoire.
Ensuite, en s’attachant à un corpus particulier, nous aimerions comprendre les relations qu’entretiennent les pratiques scientifiques de l’échange épistolaire et du conflit savant. Les normes qui régissent les correspondances ont-elles une influence sur les règles tacites selon lesquelles s’orchestre le débat, et inversement? À quels moments et niveaux de la controverse mobilise-t-on les lettres; en quoi leurs usages influencent-ils le déroulement d’une dispute, querelle ou polémique?
Enfin, ces deux premiers questionnements nous conduisent nécessairement à interroger la fécondité et les limites de certains modèles de la communauté savante dans la littérature secondaire.
En quoi les conceptions de la République des lettres se distinguent-elles des pratiques qui la forment et la définissent? La recherche du consensus est-elle vraiment un idéal unanimement partagé en son sein? Si les controverses font partie intégrante du mode de fonctionnement de la science, ne faut-il pas alors redéfinir le terme de «science normale»? En effet, celui-ci sous-tend une absence de crises et d’affrontements majeurs – ces derniers étant associés à la révolution et au changement de paradigme qui ponctuent le passage d’une période de «science normale» à une autre.
En redonnant aux controverses le caractère usuel qu’elles possèdent dans la communauté savante de l’âge classique – et au-delà –, nous plaidons pour une analyse plus féconde du processus scientifique qui permette d’expliquer que l’on puisse se comprendre sans être forcément d’accord, que des visions du monde divergentes puissent coexister au sein d’une même communauté sans pour autant qu’il s’ensuive obligatoirement l’abandon d’une théorie ou l’exclusion de ses partisans. Dans la majorité des cas, le désaccord n’équivaut pas à refuser la scientificité d’une thèse et encore moins à refuser à ses tenants l’appartenance à la République des lettres. Dissensus et consensus forment ainsi les deux faces d’un dialogue savant en constante évolution.
Papers by Anne-Lise REY
Our answer focuses on the practices established by representative scholars. This approach allows us to demonstrate two things. First, that empiricism is not a monolith but exists in a plurality of forms. Today’s understanding of the empirical sciences was gradually shaped by the exchanges among scholars combining different traditions, world views and experimental settings. Second, the long proclaimed antagonism between empiricism and rationalism is not the whole story. Our case studies show that a very fruitful exchange between both systems of thought occurred. It is a story of integration, appropriation and transformation more than one of mere opposition.
We asked twelve authors to explore these fascinating new facets of empiricisms. The plurality of their voices mirrors the multiple faces of the concept itself. Every contribution can be understood as a piece of a much larger puzzle. Together, they help us better understand the emergence of empiricism and the inventiveness of the scientific enterprise.
[1] Les textes qui suivent sont issus d’une journée d’études...
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Comparatisme et historicisme
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Le premier problème rencontré est celui des rapports du comparatisme à l’historicisme. Il ne s’agira pas pour nous d’établir un lien de causalité dans la constitution de ces deux systèmes philosophiques en déterminant prioritairement les liens philologiques ou historiques qui mènent de l’un à l’autre (même si le rôle des passeurs et des relais peut être riche d’enseignement sur ce qui nous occupe, comme nous le montre l’article de Pierre Magnard). Il ne s’agira pas non plus de soustraire ces philosophies à tout enracinement historique pour les considérer dans une pureté idéelle. Nous souhaitons étudier les relations entre ces deux pensées parce qu’elles présentent de profondes homologies : chacune propose une métaphysique de l’infini (les articles de Jean Celeyrette et de Paul Rateau en témoignent), une ontologie expressive dans le cadre du couple complicatio/explicatio (l’article d’Anne-Lise Rey aborde cette question), une valorisation de la singularité dans son rapport au Principe (l’article de Frédéric Vengeon traite cet aspect) et une tentative de théoriser la concorde des communautés spirituelles.
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Nous pensons que ces homologies ne sont pas accidentelles mais qu’elles trouvent leur raison dans le fait que ces deux systèmes répondent au même problème métaphysique, en apportant chacun des thèses et des opérateurs conceptuels différents. Nous ne voulons proposer ni une simple réduction à l’identique, ni un catalogue de thèses divergentes mais une tentative d’établir des différences signifiantes en référence à un problème commun.
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La comparaison métaphysique suppose donc d’identifier un problème métaphysique central auquel sont confrontés les systèmes en présence. Dans le cas qui nous occupe, nous formulons l’hypothèse que ce problème fondamental est celui des rapports entre le fini et l’infini, et plus précisément de leur double postulation, c’est-à-dire de la tension qui réside entre une métaphysique expressive de l’infini et la valorisation de la singularité créée.
Nicolas de Cues et Leibniz
Pourquoi choisir dans ce cadre de comparer Nicolas de Cues et Leibniz ? Il nous semble que Nicolas de Cues formule le premier, de la manière la plus claire possible, le problème métaphysique de la double postulation de l’infini et du fini. Il ouvre par là un champ problématique qui sera transmis à la métaphysique classique. S’il est alors possible de comparer la philosophie de Nicolas de Cues avec tous les grands systèmes de la métaphysique classique, Nicolas de Cues et Leibniz présentent néanmoins des liens électifs en raison des homologies que nous avons mentionnées. Ce sont sans doute les penseurs les plus proches d’un point de vue métaphysique.
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Même s’ils ne constituent pas l’objet de nos études, disons quelques mots des liens de filiation philologique entre nos deux auteurs. L’étude systématique de la réception de l’œuvre de Nicolas de Cues au xviie siècle reste sans doute à faire. Si le discours sur la filiation supposée entre Cues et Leibniz constitue un lieu commun qui parcourt l’histoire de la philosophie – que l’on pense par exemple parmi tant d’autres à l’ouvrage de Robert Zimmermann Der Cardinal Nicolaus Cusanus als Vorlaüfer Leibnitzens [2]
[2] In Sitzungsberichte der Kaiserkichen Akademie der Wissenschaften....
–, ce dossier ne s’inscrit à aucun moment dans le désir de fortifier cette thèse. Un certain nombre de textes de Leibniz témoignent néanmoins d’une référence à Cues et parfois d’une connaissance de sa pensée non seulement dans le cadre de sa conception de l’infini, mais également en cosmologie, en théologie, en ecclésiologie. Ainsi, certaines lettres à Wallis mentionnent le nom de Cues à propos de l’invention de la cycloïde [3]
[3] Cf., par exemple, Lettre de Wallis à Leibniz, 1er/11 décembre...
. Par ailleurs quelques passages mentionnent les positions cosmologiques [4]
[4] On pense par exemple à la lettre de Leibniz à Bossuet,...
de Cues, témoignant par là de leur connaissance par Leibniz. D’autres textes font référence aux conjectures ecclésiologiques du Cusain exposées dans la Conjectura de ultimis diebus [5]
[5] Par exemple ce passage d’une lettre d’Eckhart à Leibniz...
. Leibniz connaît donc des pans entiers de l’œuvre du cardinal de Cues. L’exploration systématique de ce chantier philologique reste à faire.
Une histoire de la métaphysique
Notre intention est bien plutôt de contribuer à une histoire de la métaphysique à travers la confrontation des systèmes philosophiques [6]
[6] Notre démarche pourrait se revendiquer de celle de...
.
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Cette tentative impose, et c’est le deuxième problème, de bien distinguer l’activité métaphysique de l’activité scientifique. Les deux niveaux sont distincts et entretiennent, sur la base de cette distinction même, des interactions complexes. Il ne s’agit en aucun cas de retrouver des métaphysiques identiques en surplomb d’une évolution épistémologique (mais aussi bien politique ou esthétique) inessentielle. Les relations, mutuellement déterminantes, entre la science et la métaphysique sont réelles et les études qui se consacrent à les identifier sont pertinentes. On peut dire à cet égard que la métaphysique se refonde à chaque fois sur la base d’inventions dans le champ des savoirs (Leibniz et la dynamique, Leibniz et le calcul, comme le montrent les articles de David Rabouin et Marc Parmentier ; Cues et le savoir constructif de la perspective). Pour autant, il n’en demeure pas moins qu’il y a une élaboration des problèmes métaphysiques et de leurs possibles résolutions. En déplaçant l’attention depuis les rapports, à l’intérieur d’une même œuvre, entre découverte scientifique et invention métaphysique sur l’évolution d’un problème métaphysique d’une œuvre à l’autre, nous n’entendons pas perdre le fil des inventions épistémologiques mais le réintégrer dans une histoire de la métaphysique.
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Cela permettrait de prendre en compte le jeu des découvertes scientifiques au sein d’un système métaphysique en faisant la distinction entre la métaphysique comme projet (avant l’élaboration conceptuelle effective) et la métaphysique comme pratique (dans le devenir conceptuel de la démarche). Loin de projeter des résolutions métaphysiques déjà constituées sur des problèmes scientifiques, ou de postuler une métaphysique autonome, ce type de lecture devrait nous rendre sensible à la métaphysique telle qu’elle s’invente dans les bouleversements du savoir.
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Les études qui suivent aimeraient saisir ces pensées à partir des problèmes qu’elles travaillent ainsi, lorsque la différence entre ces pensées devient signifiante, c’est peut-être le moyen de les réinscrire, autrement, dans l’histoire.
Ensuite, en s’attachant à un corpus particulier, nous aimerions comprendre les relations qu’entretiennent les pratiques scientifiques de l’échange épistolaire et du conflit savant. Les normes qui régissent les correspondances ont-elles une influence sur les règles tacites selon lesquelles s’orchestre le débat, et inversement? À quels moments et niveaux de la controverse mobilise-t-on les lettres; en quoi leurs usages influencent-ils le déroulement d’une dispute, querelle ou polémique?
Enfin, ces deux premiers questionnements nous conduisent nécessairement à interroger la fécondité et les limites de certains modèles de la communauté savante dans la littérature secondaire.
En quoi les conceptions de la République des lettres se distinguent-elles des pratiques qui la forment et la définissent? La recherche du consensus est-elle vraiment un idéal unanimement partagé en son sein? Si les controverses font partie intégrante du mode de fonctionnement de la science, ne faut-il pas alors redéfinir le terme de «science normale»? En effet, celui-ci sous-tend une absence de crises et d’affrontements majeurs – ces derniers étant associés à la révolution et au changement de paradigme qui ponctuent le passage d’une période de «science normale» à une autre.
En redonnant aux controverses le caractère usuel qu’elles possèdent dans la communauté savante de l’âge classique – et au-delà –, nous plaidons pour une analyse plus féconde du processus scientifique qui permette d’expliquer que l’on puisse se comprendre sans être forcément d’accord, que des visions du monde divergentes puissent coexister au sein d’une même communauté sans pour autant qu’il s’ensuive obligatoirement l’abandon d’une théorie ou l’exclusion de ses partisans. Dans la majorité des cas, le désaccord n’équivaut pas à refuser la scientificité d’une thèse et encore moins à refuser à ses tenants l’appartenance à la République des lettres. Dissensus et consensus forment ainsi les deux faces d’un dialogue savant en constante évolution.
Cette correspondance est déterminante pour comprendre le renouveau que la dynamique offre à la métaphysique de Leibniz à la fin des années 1690 : l’unité métaphysique de la réalité est assurée et rendue intelligible par l’intégration à la dynamique du lexique métaphysique de l’action. Cette opération conduira au dispositif monadologique de la dernière métaphysique de Leibniz.
Introduction, traduction et notes d’A.-L. Rey, agrégée de philosophie, docteur de l’Université Paris IV-Sorbonne et Maître de conférences en Histoire et Philosophie des sciences à l’Université de Lille I.
Préface de M. Fichant