Papers by Hermeline Pernoud
Childless - Chilfree : Fécondités, Infécondités, Alter-fécondités, 2022
Dans la France pro-nataliste de l’après défaite contre la Prusse, les discours littéraires sur le... more Dans la France pro-nataliste de l’après défaite contre la Prusse, les discours littéraires sur les femmes sans enfant (notamment les lesbiennes) déclassent socialement ces dernières en faisant d’elles des vicieuses et décadentes qui incarnent les peurs d’une époque et de sa fin. Ces femmes contre-nature, souvent par choix, commettraient un double crime d’hubris parce qu’elles refusent la magie biologique de l’enfantement, mais aussi parce qu’elles se revendiquent les égales des hommes.
Lien vers la publication : https://pressesuniversitairesdeliege.be/produit/childless-childfree/?fbclid=IwAR1bgceOrdjB_C2ItdCrf3l_xs9JBNBy1h1RcvCLDYlO9IPawnmxpQIGy84
ISBN : 9782875623232
Peau d’Âne et peaux de bêtes : variations et reconfigurations d’un motif, dans les mythes, les fables et les contes, 2021
« Érotisme de la guenille : Peau d’Âne et Cendrillon, de l’image d’Épinal au mouvement arts and c... more « Érotisme de la guenille : Peau d’Âne et Cendrillon, de l’image d’Épinal au mouvement arts and crafts », Peau d’Âne et peaux de bêtes : variations et reconfigurations d’un motif, dans les mythes, les fables et les contes (dir. F. Calas), PUBP, 2021, p.159-176.
Résumé :
Les mutations techniques et éditoriales de la seconde moitié du XIXe siècle (illustrations plus nombreuses et de meilleurs qualités) transforment la production de recueils de contes populaires en livres d’art, si bien que les iconographies proposées orientent le lecteur sur le sens du conte autant que l’écrit. En considérant les illustrations fin-de-siècle représentant Peau d’âne et Cendrillon, deux héroïnes qui se ressemblent autant qu’elles dissemblent, nous montrerons comment les artistes se servent des parures et des guenilles pour exhiber les corps autant que les cacher. Ainsi, les topos littéraires associés à Peau d’âne et à Cendrillon (fuite, essayage, etc.) fixent des thèmes iconographiques.
Mots clés : livres d’étrennes, illustrations, parures, canons, chosification.
Summary
The technical and editorial transformations of the second half of the 19th century (more numerous, better quality) turn the production of collections of popular tales into art books, so that the illustrations have orient the reader on the meaning of the tale as much as the text. From the fin-de-siècle illustrations representing Donkey Skin and Cinderella, two heroines who are both similar and dissimilar, we will demonstrate how artists use fineries and rags to exhibit the female bodies as much as to hide it. So, the literary leitmotifs associated to Donkey Skin and Cinderella (escape, fitting, etc.) set the iconographic themes.
Key-words : keepsakes, illustrations, finery, model, objectification.
Les récits et les œuvres contemporaines s’inspirant du conte de La Belle au bois dormant reprodui... more Les récits et les œuvres contemporaines s’inspirant du conte de La Belle au bois dormant reproduisent de nombreux stéréotypes issus de la culture du viol en les cachant sous le prétexte du merveilleux. Les auteurs et artistes reprennent par ailleurs les images médiatiques du vrai viol. Ainsi, l’atonie dans laquelle l’héroïne est plongée n’est plus un fait merveilleux mais un moyen de faire croire au lecteur que celle-ci se délecte des violences masochistes à son encontre. En réponse, des œuvres ultra contemporaines (pédagogiques, militantes, etc.) invitent à élargir la question du consentement au droit de consentir.
The contemporary stories and works inspired by Sleeping Beauty reproduce many stereotypes of rape culture, hiding it behind the marvellous topic. Authors and artists moreover utilize the images of “real rape” transmitted by the media. Thus, the atony in which the heroine is immersed is no longer a marvellous fact but a way to make the reader believe that she luxuriates in the masochistic violence committed against herself. Consequently, ultra-contemporary works (pedagogical, militant, etc.) invite us to widen the question of consent to the right of consent.
Transmédialité du conte , 2019
Première page de l'article.
« La Jeune Fille sans Mains, film de Sébastien Laudenbach (2016) : u... more Première page de l'article.
« La Jeune Fille sans Mains, film de Sébastien Laudenbach (2016) : un double récit initiatique », Transmédialité du conte (Strasbourg, 19 et 20 octobre 2017 ; dir. D. Henky et P. Clermont), Berlin, Peter Lang, coll. « Kinder- und Jugendkulture, -literatur und -medien », 2019, p. 75-90.
« Introduction : D’une fin de siècle à l’autre », Fin-de-siècle, fin de l’art. Destins de l’art d... more « Introduction : D’une fin de siècle à l’autre », Fin-de-siècle, fin de l’art. Destins de l’art dans les discours de la fin des XIXe et XXe siècles (dir. S. Chassaing et C. Barde), Paris, PSN, 2018, p. 7-14.
Référence complète :
Hermeline Pernoud, « Les Bottes de sept lieues, conte (1922) de Pauline Gonn... more Référence complète :
Hermeline Pernoud, « Les Bottes de sept lieues, conte (1922) de Pauline Gonneau, institutrice et mère de famille : un roman-conte de fées ludique, didactique et artistique », L’Épanchement du conte dans la littérature (Bordeaux, 6-7 mars 2017 ; dir. C. Connan-Pintado, G. Béhotéguy et P. Auraix-Jonchière), Bordeaux, PUB, coll. « Modernités », n° 43, 2018, p. 231-241.
« Avant-Propos. Les Couleurs du temps : réécritures et transpositions des contes dans la modernit... more « Avant-Propos. Les Couleurs du temps : réécritures et transpositions des contes dans la modernité », Le Conte dans tous ses états : Fragmenter et réenchanter le merveilleux au XIXe siècle (dir. F. Fix et H. Pernoud), Poitiers, PUR, « La Licorne », vol. 127, 2018, p. 9-23.
Les trois contes retenus pour cette étude délaissent cette vision passive de la femme et proposen... more Les trois contes retenus pour cette étude délaissent cette vision passive de la femme et proposent une analyse des nouveaux rapports de force masculin-féminin. Il faudra donc se demander par quels moyens les guerres contre les dominations sexuées (ici masculines et symbolisées par le loup-barbu dans La Petite à la Burqa rouge, par Barbe-Bleue dans le conte éponyme de Ben Jelloun, et par l’interdiction d’étudier aux femmes dans Cendrillon ou le Petit Gant de soie) se mettent en place. D’une part, on constate que les héros masculins perdent virilité et omnipotence ; d’autre part, on note un effroi grandissant face au potentiel effacement des frontières du genre ; enfin, on relève la métamorphose d’héroïnes dans l’expectative d’une délivrance conférée par un personnage masculin en femmes indépendantes se délivrant par l’éducation.
Article : « Rabelais, Perrault et Voltaire pervertis dans Le Conte des Œufs de Marcel Schwob (188... more Article : « Rabelais, Perrault et Voltaire pervertis dans Le Conte des Œufs de Marcel Schwob (1888) et Les Œufs de Marcel Boulenger (1907) », Spicilège, Cahiers Marcel Schwob, no 9, 2016, p. 69-77.
Réédition : Marcel Boulenger, « Les Œufs », Spicilège, Cahiers Marcel Schwob, no 9, 2016, p. 79-83.
Compte-rendu de trois expositions pour "Le Magasin du XIXe siècle" (SERD) :
"Splendeurs et misèr... more Compte-rendu de trois expositions pour "Le Magasin du XIXe siècle" (SERD) :
"Splendeurs et misères. Images de la prostitution (1850-1910)", Paris, musée d’Orsay (septembre 2015-janvier 2016) et Amsterdam, Van Gogh Museum (février-juin 2016).
"Bacchanales modernes ! Le nu, l’ivresse et la danse dans l’art français du XIXe siècle", Bordeaux, musée des Beaux-arts (février 2016-mai 2016).
"Maisons closes et prostitution. Féminin-Masculin. XIXe-XXe siècle", Paris, galerie Au bonheur du jour (septembre-novembre 2015).
Associer le sadomasochisme au conte de fées peut surprendre; pourtant, la littérature fin-de-sièc... more Associer le sadomasochisme au conte de fées peut surprendre; pourtant, la littérature fin-de-siècle nous offre plusieurs exemples de contes SM. Les succès européens de La Vénus à la Fourrure de Léopold Von Sacher-Masoch (1870), puis de Psychopathia Sexualis de Richard Von Krafft-Ebing (1886) portent le concept de sadomasochisme sur la scène littéraire et influencent les auteurs décadents.
Le corpus étudié dans cette étude article se compose de dix contes de fées et se condense sur les années 1880-1895. Catulle Mendès reste l’auteur le plus prolixe, avec pas moins de six contes sur ce thème. Nous évoquerons également La Princesse Méduse de Daniel Darc, le roman-conte de fées La Veuve au Bois-Dormant de Gustave Claudin, La Voluptueuse de Marcel Schwob, et le dernier nocturne des Contes de la Fée Morgane par Jules Ricard. Nous excluons volontairement l’unique conte de fées rédigé spécialement pour des enfants (Anonyme [Richard Lesclide], 1866): le public visé étant spécifique, le texte présente des caractéristiques propres à la littérature enfantine. Après 1895, le thème du sadomasochisme disparaît presque totalement des conte de fées, seul Bergerat présente une Cendrillon s’infligeant des brûlures (Cendrillon en automobile, 1909).
La relation souffrance/plaisir redéfinit les rapports de force au sein du couple masculin-féminin et induit une double réciprocité: sans la souffrance, le plaisir n’a plus de sens; sans la femme, l’homme n’a plus de statut, et inversement. D’autre part, le sadomasochisme peut s’épanouir pleinement dans le conte de fées parce qu’en tant que récit de l’imaginaire, il permet toutes les fantaisies: des tapis volants, des souris qui traînent des carrosses, mais aussi des princes violant des princesses, des princes alcooliques, des princesses qui s’auto-torturent, etc. La vénération des auteurs décadents pour les dégénérescences sous toutes leurs formes favorise le masochisme et l’algolagnie. En usant de motifs féeriques fin-de-siècle récurrents (la femme fatale, la femme au cœur de glace, la castration symbolique), le conte de fées sadomasochiste présente des figures sacrifiées fondées sur les modèles du martyre chrétien ou de l’héroïne féerique persécutée. Mais comment sont-elles mises en scène et pourquoi? Si les héroïnes de notre corpus acceptent la violence, c’est parce qu’elles s’en délectent. Or, dans des textes aussi stéréotypés que le conte de fées, il est difficile de ne pas créer de nouveaux clichés dans lesquels les figures masculines seraient des brutes. La relation instaurée entre le dominé et le dominant deviendrait une allégorie des tabous sexuels où le dominé se complairait dans des figures pénitentes illustrant ses souffrances.
Cet article s’attache, d’une part, à mettre en évidence les influences du conte de fées et - plus... more Cet article s’attache, d’une part, à mettre en évidence les influences du conte de fées et - plus particulièrement - de "La Belle au bois dormant" de Charles Perrault dans "Le Rêve" de Zola et, d’autre part, à démontrer en quoi ce récit se présente comme un roman-conte de fées renversé mettant à mal les espoirs de jeunesse. Encore naïve, « l’angélique » héroïne ne peut imaginer son salut sans un mariage avec un prince charmant, figure stéréotypée du sauveur. En nous invitant à considérer la léthargie physique d’Angélique, Zola illustre la léthargie sociale des jeunes filles en âge de se marier. Se servant par ailleurs de la symbolique fécondatrice du Printemps développée dès les premières versions du conte de La Belle au bois dormant, Zola fait de Félicien un idéal à mi-chemin entre le prince charmant venu réveiller « la princesse Hiver » et le Christ rédempteur. Or, Félicien a déjà tout de l’anti-héros fin-de-siècle et les rêves d’Angélique ne peuvent cohabiter avec la réalité ; de fait, le conte de fées d’Angélique ne peut qu’échouer.
Cahiers Naturalistes, n°88, septembre 2014, p.115-129.
Les Lettres Romanes, 2014
Oh ! si vous l’aviez vu, vous, M. Perrault, peut-être en eussiez-vous parlé dans vos contes ! Ex... more Oh ! si vous l’aviez vu, vous, M. Perrault, peut-être en eussiez-vous parlé dans vos contes ! Exclamation caractéristique des récits brefs issus de l’oralité, cette intervention du narrateur tient du « colmatage », motif cher aux auteurs du dix-neuvième siècle. Remplir les trous, combler les oublies, inventer des suites, répondre aux douloureuses interrogations des lecteurs restées sans réponses ; c’est le rôle des parabases insérés dans les contes de fées.
Il est aisé de trouver écueils et ellipses au sein d’œuvres populaires devenues des classiques (romans médiévaux, contes, etc.). Ces textes-sources, souvent écrits à plusieurs mains, abondent de constructions bancales. Cependant, pour le lecteur, les parts d’ombre, les morceaux manquants au sein d’un récit sont inconcevables : lorsqu’un fragment d’une histoire patrimoniale fait défaut, c’est comme si un morceau de notre Histoire Universelle était perdu. Catulle Mendès, Léo Lespès, Jacques Yvel, Anatole France, Jacques d’Adelswärd-Fersen, nombreux sont les auteurs du dix-neuvième siècle à accuser leurs prédécesseurs d’avoir omis certains détails des conte de fées, d’avoir mentis ou - pire encore ! - d’avoir inventé une fin plus heureuse pour émerveiller le lecteur.
Le lecteur se retrouve face à une mythologie de la perte, face à des sources qui n’existent, paradoxalement, que parce que le lecteur a admis le pacte narratif. C’est parce que le lecteur croit en cette bibliothèque virtuelle que ces textes chimériques commencent à exister. La réputation de ces œuvres fera le reste : si les véritables histoires des contes de fées restent secrètes, c’est qu’elles ne peuvent être que sulfureuses, malsaines, dangereuses. Le message qu’elles renferment n’en est alors que plus précieux. Pourtant – et c’est là tout le paradoxe les sources citées par les auteurs du dix-neuvième siècle restent tout aussi peu prouvables que les sources des premiers contes de fées. Mais si le lecteur préfère croire sur parole les continuations du dix-neuvième siècle, c’est parce que ces textes correspondent à la philosophie d’une époque, à la remise en question d’un système merveilleux essoufflé.
Revue LHT, vol.13, actes du colloque "La bibliothèque des textes fantômes : œuvres perdues, textes absents, récits troués" (université de Lausanne, Suisse, 30 et 31 octobre 2014).
La Belle au bois dormant est sans aucun doute un des récits d’enfance les plus connus encore aujo... more La Belle au bois dormant est sans aucun doute un des récits d’enfance les plus connus encore aujourd’hui. Mais la fortune de ce conte n’est pas récente. Sur les quelques trois cent contes du dix-neuvième siècle recensés, le personnage le plus récurrent est celui de la Belle endormie. Les premières réécritures de ce conte (1833-1885) se servent de ce personnage comme faire-valoir : sa position léthargique symbolise la fin de la féerie et parodie son attente infinie du Prince Charmant et de l’amour parfait.
C’est avec La Belle au bois rêvant de Catulle Mendès (1885) que ce récit prend une nouvelle tournure : la belle remet en question son adoration pour la figure du Prince Charmant et s’interroge sur ses propres désirs. A la Belle époque, on verra apparaître une multitude de contes dans lesquels la Belle au bois symbolisera deux visions de la femme. Gustave Kahn, Paul Valéry, Jean Lorrain, ou de Jacques Adelswärd-Fersen, sublimeront l’état du sommeil pour faire de la femme endormie un symbole de perfection. La femme deviendra objet d’art, objet-statue, objet sacralisé, et donc femme-objet.
D’autres œuvres préfèrent mettre en avant le caractère immoral de la femme à travers le personnage de la Belle au bois. La duplicité de la femme n’y est que très rarement montrée au premier plan. Seul Mendès inscrira clairement sa Belle au lit dormant (1891) dans la perversité. Les autres (Lorrain, Adelswärd-Fersen, etc.) préféreront dissimuler leur vision négative de la femme sous des symbolismes : la froideur cadavérique de la Belle endormie devient l’emblème de sa frigidité sentimentale et sexuelle.
C’est donc deux visions antinomiques de la femme que la Belle époque nous propose ; d’un côté nous retrouvons des femmes léthargiques symbolisant leur dévouement auprès des hommes, de l’autre nous devinons des femmes si belles et si froides qu’elles en deviennent castratrices.
Actes du colloque "La Belle époque des Femmes ? (1889-1914)" (université d’Orléans, 05 et 06 avril 2012), Paris, L’Harmattan, 2013, p.47-62.
Talks by Hermeline Pernoud
Séminaire Jeunes Chercheurs : "Transformation des genres littéraires" (Paris III, 25 et 26 juin 2... more Séminaire Jeunes Chercheurs : "Transformation des genres littéraires" (Paris III, 25 et 26 juin 2012).
Séminaire Jeunes Chercheurs du C.R.P.19 : Emile Zola , Paris III, 28 avril 2011.
Séminaire Jeunes Chercheurs du C.R.P.19 : "La Femme et l’érotisme", Université Paris III, 25 nove... more Séminaire Jeunes Chercheurs du C.R.P.19 : "La Femme et l’érotisme", Université Paris III, 25 novembre 2010.
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Papers by Hermeline Pernoud
Lien vers la publication : https://pressesuniversitairesdeliege.be/produit/childless-childfree/?fbclid=IwAR1bgceOrdjB_C2ItdCrf3l_xs9JBNBy1h1RcvCLDYlO9IPawnmxpQIGy84
ISBN : 9782875623232
Résumé :
Les mutations techniques et éditoriales de la seconde moitié du XIXe siècle (illustrations plus nombreuses et de meilleurs qualités) transforment la production de recueils de contes populaires en livres d’art, si bien que les iconographies proposées orientent le lecteur sur le sens du conte autant que l’écrit. En considérant les illustrations fin-de-siècle représentant Peau d’âne et Cendrillon, deux héroïnes qui se ressemblent autant qu’elles dissemblent, nous montrerons comment les artistes se servent des parures et des guenilles pour exhiber les corps autant que les cacher. Ainsi, les topos littéraires associés à Peau d’âne et à Cendrillon (fuite, essayage, etc.) fixent des thèmes iconographiques.
Mots clés : livres d’étrennes, illustrations, parures, canons, chosification.
Summary
The technical and editorial transformations of the second half of the 19th century (more numerous, better quality) turn the production of collections of popular tales into art books, so that the illustrations have orient the reader on the meaning of the tale as much as the text. From the fin-de-siècle illustrations representing Donkey Skin and Cinderella, two heroines who are both similar and dissimilar, we will demonstrate how artists use fineries and rags to exhibit the female bodies as much as to hide it. So, the literary leitmotifs associated to Donkey Skin and Cinderella (escape, fitting, etc.) set the iconographic themes.
Key-words : keepsakes, illustrations, finery, model, objectification.
The contemporary stories and works inspired by Sleeping Beauty reproduce many stereotypes of rape culture, hiding it behind the marvellous topic. Authors and artists moreover utilize the images of “real rape” transmitted by the media. Thus, the atony in which the heroine is immersed is no longer a marvellous fact but a way to make the reader believe that she luxuriates in the masochistic violence committed against herself. Consequently, ultra-contemporary works (pedagogical, militant, etc.) invite us to widen the question of consent to the right of consent.
« La Jeune Fille sans Mains, film de Sébastien Laudenbach (2016) : un double récit initiatique », Transmédialité du conte (Strasbourg, 19 et 20 octobre 2017 ; dir. D. Henky et P. Clermont), Berlin, Peter Lang, coll. « Kinder- und Jugendkulture, -literatur und -medien », 2019, p. 75-90.
Hermeline Pernoud, « Les Bottes de sept lieues, conte (1922) de Pauline Gonneau, institutrice et mère de famille : un roman-conte de fées ludique, didactique et artistique », L’Épanchement du conte dans la littérature (Bordeaux, 6-7 mars 2017 ; dir. C. Connan-Pintado, G. Béhotéguy et P. Auraix-Jonchière), Bordeaux, PUB, coll. « Modernités », n° 43, 2018, p. 231-241.
Réédition : Marcel Boulenger, « Les Œufs », Spicilège, Cahiers Marcel Schwob, no 9, 2016, p. 79-83.
"Splendeurs et misères. Images de la prostitution (1850-1910)", Paris, musée d’Orsay (septembre 2015-janvier 2016) et Amsterdam, Van Gogh Museum (février-juin 2016).
"Bacchanales modernes ! Le nu, l’ivresse et la danse dans l’art français du XIXe siècle", Bordeaux, musée des Beaux-arts (février 2016-mai 2016).
"Maisons closes et prostitution. Féminin-Masculin. XIXe-XXe siècle", Paris, galerie Au bonheur du jour (septembre-novembre 2015).
Le corpus étudié dans cette étude article se compose de dix contes de fées et se condense sur les années 1880-1895. Catulle Mendès reste l’auteur le plus prolixe, avec pas moins de six contes sur ce thème. Nous évoquerons également La Princesse Méduse de Daniel Darc, le roman-conte de fées La Veuve au Bois-Dormant de Gustave Claudin, La Voluptueuse de Marcel Schwob, et le dernier nocturne des Contes de la Fée Morgane par Jules Ricard. Nous excluons volontairement l’unique conte de fées rédigé spécialement pour des enfants (Anonyme [Richard Lesclide], 1866): le public visé étant spécifique, le texte présente des caractéristiques propres à la littérature enfantine. Après 1895, le thème du sadomasochisme disparaît presque totalement des conte de fées, seul Bergerat présente une Cendrillon s’infligeant des brûlures (Cendrillon en automobile, 1909).
La relation souffrance/plaisir redéfinit les rapports de force au sein du couple masculin-féminin et induit une double réciprocité: sans la souffrance, le plaisir n’a plus de sens; sans la femme, l’homme n’a plus de statut, et inversement. D’autre part, le sadomasochisme peut s’épanouir pleinement dans le conte de fées parce qu’en tant que récit de l’imaginaire, il permet toutes les fantaisies: des tapis volants, des souris qui traînent des carrosses, mais aussi des princes violant des princesses, des princes alcooliques, des princesses qui s’auto-torturent, etc. La vénération des auteurs décadents pour les dégénérescences sous toutes leurs formes favorise le masochisme et l’algolagnie. En usant de motifs féeriques fin-de-siècle récurrents (la femme fatale, la femme au cœur de glace, la castration symbolique), le conte de fées sadomasochiste présente des figures sacrifiées fondées sur les modèles du martyre chrétien ou de l’héroïne féerique persécutée. Mais comment sont-elles mises en scène et pourquoi? Si les héroïnes de notre corpus acceptent la violence, c’est parce qu’elles s’en délectent. Or, dans des textes aussi stéréotypés que le conte de fées, il est difficile de ne pas créer de nouveaux clichés dans lesquels les figures masculines seraient des brutes. La relation instaurée entre le dominé et le dominant deviendrait une allégorie des tabous sexuels où le dominé se complairait dans des figures pénitentes illustrant ses souffrances.
Cahiers Naturalistes, n°88, septembre 2014, p.115-129.
Il est aisé de trouver écueils et ellipses au sein d’œuvres populaires devenues des classiques (romans médiévaux, contes, etc.). Ces textes-sources, souvent écrits à plusieurs mains, abondent de constructions bancales. Cependant, pour le lecteur, les parts d’ombre, les morceaux manquants au sein d’un récit sont inconcevables : lorsqu’un fragment d’une histoire patrimoniale fait défaut, c’est comme si un morceau de notre Histoire Universelle était perdu. Catulle Mendès, Léo Lespès, Jacques Yvel, Anatole France, Jacques d’Adelswärd-Fersen, nombreux sont les auteurs du dix-neuvième siècle à accuser leurs prédécesseurs d’avoir omis certains détails des conte de fées, d’avoir mentis ou - pire encore ! - d’avoir inventé une fin plus heureuse pour émerveiller le lecteur.
Le lecteur se retrouve face à une mythologie de la perte, face à des sources qui n’existent, paradoxalement, que parce que le lecteur a admis le pacte narratif. C’est parce que le lecteur croit en cette bibliothèque virtuelle que ces textes chimériques commencent à exister. La réputation de ces œuvres fera le reste : si les véritables histoires des contes de fées restent secrètes, c’est qu’elles ne peuvent être que sulfureuses, malsaines, dangereuses. Le message qu’elles renferment n’en est alors que plus précieux. Pourtant – et c’est là tout le paradoxe les sources citées par les auteurs du dix-neuvième siècle restent tout aussi peu prouvables que les sources des premiers contes de fées. Mais si le lecteur préfère croire sur parole les continuations du dix-neuvième siècle, c’est parce que ces textes correspondent à la philosophie d’une époque, à la remise en question d’un système merveilleux essoufflé.
Revue LHT, vol.13, actes du colloque "La bibliothèque des textes fantômes : œuvres perdues, textes absents, récits troués" (université de Lausanne, Suisse, 30 et 31 octobre 2014).
http://crp19.org/article/seminaire-jeunes-chercheurs.1
C’est avec La Belle au bois rêvant de Catulle Mendès (1885) que ce récit prend une nouvelle tournure : la belle remet en question son adoration pour la figure du Prince Charmant et s’interroge sur ses propres désirs. A la Belle époque, on verra apparaître une multitude de contes dans lesquels la Belle au bois symbolisera deux visions de la femme. Gustave Kahn, Paul Valéry, Jean Lorrain, ou de Jacques Adelswärd-Fersen, sublimeront l’état du sommeil pour faire de la femme endormie un symbole de perfection. La femme deviendra objet d’art, objet-statue, objet sacralisé, et donc femme-objet.
D’autres œuvres préfèrent mettre en avant le caractère immoral de la femme à travers le personnage de la Belle au bois. La duplicité de la femme n’y est que très rarement montrée au premier plan. Seul Mendès inscrira clairement sa Belle au lit dormant (1891) dans la perversité. Les autres (Lorrain, Adelswärd-Fersen, etc.) préféreront dissimuler leur vision négative de la femme sous des symbolismes : la froideur cadavérique de la Belle endormie devient l’emblème de sa frigidité sentimentale et sexuelle.
C’est donc deux visions antinomiques de la femme que la Belle époque nous propose ; d’un côté nous retrouvons des femmes léthargiques symbolisant leur dévouement auprès des hommes, de l’autre nous devinons des femmes si belles et si froides qu’elles en deviennent castratrices.
Actes du colloque "La Belle époque des Femmes ? (1889-1914)" (université d’Orléans, 05 et 06 avril 2012), Paris, L’Harmattan, 2013, p.47-62.
Talks by Hermeline Pernoud
Lien vers la publication : https://pressesuniversitairesdeliege.be/produit/childless-childfree/?fbclid=IwAR1bgceOrdjB_C2ItdCrf3l_xs9JBNBy1h1RcvCLDYlO9IPawnmxpQIGy84
ISBN : 9782875623232
Résumé :
Les mutations techniques et éditoriales de la seconde moitié du XIXe siècle (illustrations plus nombreuses et de meilleurs qualités) transforment la production de recueils de contes populaires en livres d’art, si bien que les iconographies proposées orientent le lecteur sur le sens du conte autant que l’écrit. En considérant les illustrations fin-de-siècle représentant Peau d’âne et Cendrillon, deux héroïnes qui se ressemblent autant qu’elles dissemblent, nous montrerons comment les artistes se servent des parures et des guenilles pour exhiber les corps autant que les cacher. Ainsi, les topos littéraires associés à Peau d’âne et à Cendrillon (fuite, essayage, etc.) fixent des thèmes iconographiques.
Mots clés : livres d’étrennes, illustrations, parures, canons, chosification.
Summary
The technical and editorial transformations of the second half of the 19th century (more numerous, better quality) turn the production of collections of popular tales into art books, so that the illustrations have orient the reader on the meaning of the tale as much as the text. From the fin-de-siècle illustrations representing Donkey Skin and Cinderella, two heroines who are both similar and dissimilar, we will demonstrate how artists use fineries and rags to exhibit the female bodies as much as to hide it. So, the literary leitmotifs associated to Donkey Skin and Cinderella (escape, fitting, etc.) set the iconographic themes.
Key-words : keepsakes, illustrations, finery, model, objectification.
The contemporary stories and works inspired by Sleeping Beauty reproduce many stereotypes of rape culture, hiding it behind the marvellous topic. Authors and artists moreover utilize the images of “real rape” transmitted by the media. Thus, the atony in which the heroine is immersed is no longer a marvellous fact but a way to make the reader believe that she luxuriates in the masochistic violence committed against herself. Consequently, ultra-contemporary works (pedagogical, militant, etc.) invite us to widen the question of consent to the right of consent.
« La Jeune Fille sans Mains, film de Sébastien Laudenbach (2016) : un double récit initiatique », Transmédialité du conte (Strasbourg, 19 et 20 octobre 2017 ; dir. D. Henky et P. Clermont), Berlin, Peter Lang, coll. « Kinder- und Jugendkulture, -literatur und -medien », 2019, p. 75-90.
Hermeline Pernoud, « Les Bottes de sept lieues, conte (1922) de Pauline Gonneau, institutrice et mère de famille : un roman-conte de fées ludique, didactique et artistique », L’Épanchement du conte dans la littérature (Bordeaux, 6-7 mars 2017 ; dir. C. Connan-Pintado, G. Béhotéguy et P. Auraix-Jonchière), Bordeaux, PUB, coll. « Modernités », n° 43, 2018, p. 231-241.
Réédition : Marcel Boulenger, « Les Œufs », Spicilège, Cahiers Marcel Schwob, no 9, 2016, p. 79-83.
"Splendeurs et misères. Images de la prostitution (1850-1910)", Paris, musée d’Orsay (septembre 2015-janvier 2016) et Amsterdam, Van Gogh Museum (février-juin 2016).
"Bacchanales modernes ! Le nu, l’ivresse et la danse dans l’art français du XIXe siècle", Bordeaux, musée des Beaux-arts (février 2016-mai 2016).
"Maisons closes et prostitution. Féminin-Masculin. XIXe-XXe siècle", Paris, galerie Au bonheur du jour (septembre-novembre 2015).
Le corpus étudié dans cette étude article se compose de dix contes de fées et se condense sur les années 1880-1895. Catulle Mendès reste l’auteur le plus prolixe, avec pas moins de six contes sur ce thème. Nous évoquerons également La Princesse Méduse de Daniel Darc, le roman-conte de fées La Veuve au Bois-Dormant de Gustave Claudin, La Voluptueuse de Marcel Schwob, et le dernier nocturne des Contes de la Fée Morgane par Jules Ricard. Nous excluons volontairement l’unique conte de fées rédigé spécialement pour des enfants (Anonyme [Richard Lesclide], 1866): le public visé étant spécifique, le texte présente des caractéristiques propres à la littérature enfantine. Après 1895, le thème du sadomasochisme disparaît presque totalement des conte de fées, seul Bergerat présente une Cendrillon s’infligeant des brûlures (Cendrillon en automobile, 1909).
La relation souffrance/plaisir redéfinit les rapports de force au sein du couple masculin-féminin et induit une double réciprocité: sans la souffrance, le plaisir n’a plus de sens; sans la femme, l’homme n’a plus de statut, et inversement. D’autre part, le sadomasochisme peut s’épanouir pleinement dans le conte de fées parce qu’en tant que récit de l’imaginaire, il permet toutes les fantaisies: des tapis volants, des souris qui traînent des carrosses, mais aussi des princes violant des princesses, des princes alcooliques, des princesses qui s’auto-torturent, etc. La vénération des auteurs décadents pour les dégénérescences sous toutes leurs formes favorise le masochisme et l’algolagnie. En usant de motifs féeriques fin-de-siècle récurrents (la femme fatale, la femme au cœur de glace, la castration symbolique), le conte de fées sadomasochiste présente des figures sacrifiées fondées sur les modèles du martyre chrétien ou de l’héroïne féerique persécutée. Mais comment sont-elles mises en scène et pourquoi? Si les héroïnes de notre corpus acceptent la violence, c’est parce qu’elles s’en délectent. Or, dans des textes aussi stéréotypés que le conte de fées, il est difficile de ne pas créer de nouveaux clichés dans lesquels les figures masculines seraient des brutes. La relation instaurée entre le dominé et le dominant deviendrait une allégorie des tabous sexuels où le dominé se complairait dans des figures pénitentes illustrant ses souffrances.
Cahiers Naturalistes, n°88, septembre 2014, p.115-129.
Il est aisé de trouver écueils et ellipses au sein d’œuvres populaires devenues des classiques (romans médiévaux, contes, etc.). Ces textes-sources, souvent écrits à plusieurs mains, abondent de constructions bancales. Cependant, pour le lecteur, les parts d’ombre, les morceaux manquants au sein d’un récit sont inconcevables : lorsqu’un fragment d’une histoire patrimoniale fait défaut, c’est comme si un morceau de notre Histoire Universelle était perdu. Catulle Mendès, Léo Lespès, Jacques Yvel, Anatole France, Jacques d’Adelswärd-Fersen, nombreux sont les auteurs du dix-neuvième siècle à accuser leurs prédécesseurs d’avoir omis certains détails des conte de fées, d’avoir mentis ou - pire encore ! - d’avoir inventé une fin plus heureuse pour émerveiller le lecteur.
Le lecteur se retrouve face à une mythologie de la perte, face à des sources qui n’existent, paradoxalement, que parce que le lecteur a admis le pacte narratif. C’est parce que le lecteur croit en cette bibliothèque virtuelle que ces textes chimériques commencent à exister. La réputation de ces œuvres fera le reste : si les véritables histoires des contes de fées restent secrètes, c’est qu’elles ne peuvent être que sulfureuses, malsaines, dangereuses. Le message qu’elles renferment n’en est alors que plus précieux. Pourtant – et c’est là tout le paradoxe les sources citées par les auteurs du dix-neuvième siècle restent tout aussi peu prouvables que les sources des premiers contes de fées. Mais si le lecteur préfère croire sur parole les continuations du dix-neuvième siècle, c’est parce que ces textes correspondent à la philosophie d’une époque, à la remise en question d’un système merveilleux essoufflé.
Revue LHT, vol.13, actes du colloque "La bibliothèque des textes fantômes : œuvres perdues, textes absents, récits troués" (université de Lausanne, Suisse, 30 et 31 octobre 2014).
http://crp19.org/article/seminaire-jeunes-chercheurs.1
C’est avec La Belle au bois rêvant de Catulle Mendès (1885) que ce récit prend une nouvelle tournure : la belle remet en question son adoration pour la figure du Prince Charmant et s’interroge sur ses propres désirs. A la Belle époque, on verra apparaître une multitude de contes dans lesquels la Belle au bois symbolisera deux visions de la femme. Gustave Kahn, Paul Valéry, Jean Lorrain, ou de Jacques Adelswärd-Fersen, sublimeront l’état du sommeil pour faire de la femme endormie un symbole de perfection. La femme deviendra objet d’art, objet-statue, objet sacralisé, et donc femme-objet.
D’autres œuvres préfèrent mettre en avant le caractère immoral de la femme à travers le personnage de la Belle au bois. La duplicité de la femme n’y est que très rarement montrée au premier plan. Seul Mendès inscrira clairement sa Belle au lit dormant (1891) dans la perversité. Les autres (Lorrain, Adelswärd-Fersen, etc.) préféreront dissimuler leur vision négative de la femme sous des symbolismes : la froideur cadavérique de la Belle endormie devient l’emblème de sa frigidité sentimentale et sexuelle.
C’est donc deux visions antinomiques de la femme que la Belle époque nous propose ; d’un côté nous retrouvons des femmes léthargiques symbolisant leur dévouement auprès des hommes, de l’autre nous devinons des femmes si belles et si froides qu’elles en deviennent castratrices.
Actes du colloque "La Belle époque des Femmes ? (1889-1914)" (université d’Orléans, 05 et 06 avril 2012), Paris, L’Harmattan, 2013, p.47-62.
Université de Californie (Paris), 16 juillet 2019.
Vendredi 25 janvier 2019, 18h30
Université de Lille, Théâtre L’Antre-Deux (1 bis Rue Georges Lefebvre, métro Mairie de Lille)
18h30-19h30 : Représentation de « Contes à Rebours » par Typhaine D.
19h30-20h00 : table ronde animée par Charlotte Blanchard, Hermeline Pernoud et Ulysse Caillon sur la langue inclusive, la relecture féministe des contes de fées, et le théâtre féministe contemporain.
20h00-20h30 : discussion et questions du public.
L’évènement sera suivi d’un pot, de la vente et de la dédicace de « Contes à Rebours ».
Évènement gratuit financé par les Services Culture et Égalité de l’université de Lille.
Évènement Facebook : https://www.facebook.com/events/378117649415293/?active_tab=about
(Université Paris 8, Coupole – Maison des étudiants).
Samedi 21 mai 2016, 09h30
(Université Paris 8, bâtiment D - Amphi D002).
Cette action est soutenue par le Campus Condorcet
Du conte, il reste d'abord au XIX e siècle un frisson et des souvenirs, rappelés par Pierre Larousse dans son "Grand Dictionnaire universel".
Consacrant une entrée de son ouvrage au nom de Barbe-Bleue, le savant remarque qu'en son siècle ce personnage suggère d'abord la silhouette d'un type, celui « des maris féroces et sanguinaires », et dessine ensuite la perspective d'une histoire vieille comme celle de Pandore, celle de « la curiosité » et de l'« indiscrétion » féminines. L'évocation de Barbe-Bleue inspire encore à l'imaginaire du XIXe siècle une mélodie composée, selon Pierre Larousse, sur les notes de « la question répétée : “Anne, ma sœur Anne ne vois-tu rien venir ?” », et sur les mesures de sa réponse ritournelle. Le conte évoque aussi une pièce, le fameux cabinet de Barbe-Bleue , et un objet, la clef tachée de sang. Autant de motifs retenus ailleurs par les frères Grimm : la clé réapparaît à la fois dans Le Château aux meurtres (1812) et dans L’Oiseau de Fitcher (1812) ; la désobéissance revient dans ce dernier conte, et dans L’Enfant de Marie (1812).
Thèse dirigée par Monsieur Paolo Tortonese et soutenue le 3 février 2017 devant :
Mme Nathalie Prince, professeure à l’université du Maine.
M. Jean-Paul Sermain, professeur à l’université Paris-Sorbonne Nouvelle.
Mme Évanghélia Stead, professeure à l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines.
M. Paolo Tortonese, professeur à l’université Paris-Sorbonne Nouvelle.
M. Bertrand Vibert (absent), professeur à l’université Grenoble-Alpes.
Ce volume, généreusement illustré par la photographe Dina Goldstein et dirigé par Florence Fix (Université Rouen-Normandie) et Hermeline Pernoud (Université Paris III-Sorbonne Nouvelle), réunit quinze textes analysant la permanence du conte dans la modernité : un conte dans tous ses états, malmené, adapté, raillé, déplacé, mais toujours vivace et propice à un réenchantement de la lecture.
Illustration de couverture : ©Dina Goldstein, « Cinder », Fallen Princesses, 2009.