Papers by Clémence Léobal
by Marie Ghis Malfilatre, Perrine Poupin, Daniel Cefaï, Bonnet Lucie, Giulia Battaglia, Doris Buu-Sao, Mischa Dekker, Yaël Kreplak, Clémence Léobal, Marion Ink, Delphine Thivet, Guillermo Vargas Quisoboni, and Eloi FICQUET
A la suite d’un exode rural et d’une guerre civile, des groupes de population qualifiés de « marr... more A la suite d’un exode rural et d’une guerre civile, des groupes de population qualifiés de « marrons » migrent à Saint-Laurent-du-Maroni, à la frontière de la Guyane et du Surinam. Ces groupes sont issus du marronnage des captifs africains des plantations surinamaises vivant en amont des fleuves amazoniens depuis le XVIIIe siècle. Les migrants s’étaient d’abord installés dans des quartiers sur pilotis des berges de la ville. Considérés comme des « populations primitives » à la fois par l’administration étatique et les élus locaux, ils font l’objet d’un déplacement en périphérie dans les années 1980. Cette opération de « résorption de l’habitat insalubre » s’inscrit dans le cadre de la patrimonialisation du centre-ville. Les habitants sont relogés selon un projet en auto-construction, situé dans un quartier périphérique, la Charbonnière. Cette opération en accession à la propriété est spécifiquement pensée pour ces groupes : la vocation éducative du projet consiste à revivifier une tradition jugée en perdition, telle que la perçoivent les fonctionnaires, qui créent un modèle d’habitat adapté. Ces projets innovants sont pensés par des fonctionnaires de l’Equipement dont la carrière s’est faite dans les collectivités d’Outre-mer, qu’ils voient comme un laboratoire des projets de logement adaptés. Cet article analyse la première opération de « résorption des bidonvilles » de la commune, en montrant comment ces politiques urbaines sont pensées en fonction de catégories ethnicisantes, et quels sont leurs effets lors de leur mise en application.
Teaching Documents by Clémence Léobal
La guerre civile du Suriname appartient au passé proche. Beaucoup d'habitants du Suriname, mais a... more La guerre civile du Suriname appartient au passé proche. Beaucoup d'habitants du Suriname, mais aussi de Guyane, s'en souviennent. Ce conflit a eu d'importantes répercussions pour le département français. Pourtant, peu d'écrits ont été publiés sur le sujet en français. De 1986 à 1992, cette guerre opposa le régime militaire de Desi Bouterse à une rébellion menée par des Marrons, et soutenue par des opposants politiques à la dictature. Si le nombre de combattants est resté limité de part et d'autre, ce conflit a eu des implications politiques de long terme, des deux côtés de la frontière...
Brochure bilingue ville d'art et d'histoire sur le quartier de la Charbonnière
Journal articles by Clémence Léobal
Politix, 2020
Comment visibiliser le rôle des institutions étatiques, y compris quand elles sont républicaines ... more Comment visibiliser le rôle des institutions étatiques, y compris quand elles sont républicaines et color-blind, dans la production des catégorisations raciales ? Comment rendre compte des capacités créatrices voire contestatrices des personnes et groupes minorisé·es dans ces processus ? Dans cette introduction de dossier, nous déplions les liens entre action publique et racialisation : nous nous appuyons sur des définitions constructivistes des concepts de racialisation et de racisme institutionnel, qui allient l’analyse des structures discursives du racisme avec celle de leurs reformulations constantes, en situation, lors des interactions entre personnes minorisées et issu.es des majorités. Puis nous proposons une revue de littérature de travaux francophones qui ont abordé la question raciale en sociologie de l’action publique. Beaucoup de ces auteur·rices mobilisent la notion de discrimination et proposent une démonstration statistique. Nous nous référons ici plutôt à la racialisation comme un processus de catégorisation façonné par des rapports de pouvoir entre majorité et minorités, qu’il contribue à transformer en retour. Notre approche est étayée par l’ethnographie. Nous avons choisi un positionnement particulier pour ce dossier, auprès d’intermédiaires entre l’État et les publics minorisés racialement. Ce choix permet d’ouvrir le regard sur les capacités des personnes minorisées à co-produire, reformuler ou contester l’ordre social raciste.
Multilingualism - French Guiana - Suriname by Clémence Léobal
Cahiers des Amériques latines, 2020
Cet article vise à analyser des catégorisations de la majorité raciale dans une langue minoritair... more Cet article vise à analyser des catégorisations de la majorité raciale dans une langue minoritaire, afin de saisir ces dynamiques de racialisation depuis la perspective de personnes minorisées. Il s’agit de catégories utilisées en Guyane par des personnes businenge – des Marrons –, locuteurs des variétés de nenge. Nous étudions ainsi les désignations renvoyant à la blancheur, comme bakaa, weti et poyte, dans une perspective historique, à partir de dictionnaires anciens, puis
contemporaine, en nous appuyant sur des données collectées ethnographiquement. Puis nous analysons des interactions à l’hôpital de Saint-Laurent-du-Maroni, en combinant la sociologie des rapports sociaux et des approches sociales du langage ancrées dans l’ethnographie. La distinction entre bakaa et weti permet de penser la race comme rapport de pouvoir, où disparaît l’évidence du marqueur biologique de couleur. Nommer la blancheur s’avère aussi un moyen de proposer une perspective critique de l’ordre social.
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Multilingualism - French Guiana - Suriname by Clémence Léobal
contemporaine, en nous appuyant sur des données collectées ethnographiquement. Puis nous analysons des interactions à l’hôpital de Saint-Laurent-du-Maroni, en combinant la sociologie des rapports sociaux et des approches sociales du langage ancrées dans l’ethnographie. La distinction entre bakaa et weti permet de penser la race comme rapport de pouvoir, où disparaît l’évidence du marqueur biologique de couleur. Nommer la blancheur s’avère aussi un moyen de proposer une perspective critique de l’ordre social.
contemporaine, en nous appuyant sur des données collectées ethnographiquement. Puis nous analysons des interactions à l’hôpital de Saint-Laurent-du-Maroni, en combinant la sociologie des rapports sociaux et des approches sociales du langage ancrées dans l’ethnographie. La distinction entre bakaa et weti permet de penser la race comme rapport de pouvoir, où disparaît l’évidence du marqueur biologique de couleur. Nommer la blancheur s’avère aussi un moyen de proposer une perspective critique de l’ordre social.