Books by Alexis Lévrier
Jupiter et Mercure. Le pouvoir présidentiel face à la presse (Les Petits Matins/Celsa, 2021), 2021
Au moment de son élection, Emmanuel Macron a été présenté comme l’homme d’un « nouveau monde » qu... more Au moment de son élection, Emmanuel Macron a été présenté comme l’homme d’un « nouveau monde » qui devait remplacer les pratiques anciennes. Mais, du point de vue de ses rapports avec la presse, c’est au contraire avec un très ancien monde que ce jeune président a d’emblée voulu renouer. Il apparaît en effet comme l’héritier assumé des monarques républicains qui l’ont précédé, au point que le terme « Jupiter » lui-même est emprunté au double septennat de François Mitterrand.
Après un quinquennat Hollande marqué par des échanges incessants avec les journalistes, la « saine distance » voulue par Emmanuel Macron a dans un premier temps été bien accueillie. Mais cette attitude s’est très vite transformée en mépris et elle a conduit le Président à des erreurs, tel son comportement impérieux au moment de l’affaire Benalla. Son cas est loin de constituer une exception, puisque la logique même des institutions de la Ve République se prête à des rapports tendus entre le chef de l’État et la presse : du général de Gaulle à François Hollande, tous les prédécesseurs d’Emmanuel Macron ont ainsi été tentés, un jour ou l’autre, de mettre les journalistes au pas.
Le risque est cependant réel, lorsque Jupiter cherche à imposer ses vues à Mercure, de saper les fondements de sa propre légitimité. Conscient sans doute de ce péril, et comme l’ont fait ses devanciers les plus habiles, le Président a consenti à de réelles inflexions après les épreuves qui ont marqué le début de son mandat. Mais, comme le montre cet essai, son attitude envers la presse n’a changé qu’en surface : même s’il a renoncé à employer ce mot, Emmanuel Macron restera sans doute jusqu’au bout un président « jupitérien ».
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Lors de l’entrée en fonction de François Hollande, quatre de ses ministres, en plus du Président ... more Lors de l’entrée en fonction de François Hollande, quatre de ses ministres, en plus du Président lui-même, vivaient avec des femmes journalistes. Ces unions sont particulièrement fréquentes depuis les années 1960 et suscitent depuis longtemps l’étonnement, voire la sidération des médias étrangers. Fait nouveau, elles sont désormais dénoncées, en France même, par un nombre croissant d’observateurs.
Ce livre tente de montrer que l’on a tort de rejeter la faute sur les femmes journalistes qui succombent aux charmes d’hommes politiques. Ce phénomène est en effet révélateur d’une proximité plus profonde, et plus ancienne : depuis l’avènement de la presse, la tradition anglo-saxonne exige l’éloignement entre médias et pouvoir, alors que ces deux milieux entretiennent en France des relations étroites et ambigües. La devise d’Hubert Beuve Méry – « le journalisme, c’est le contact et la distance » – montre cependant toute la difficulté du travail des journalistes politiques, qui doivent en permanence concilier deux exigences contradictoires. Un homme politique étant aussi une source, où s’arrête l’enquête et où commence la connivence ?
La réponse à cette question est peut-être en train de changer, même en France. Depuis quelques années, et en particulier depuis l’affaire du Sofitel de New-York, de plus en plus d’hommes et surtout de femmes journalistes soulignent le danger de ces liaisons entre presse et pouvoir. Mais les habitudes ont la vie dure, et de nombreux exemples prouvent que l’endogamie de ces deux mondes demeure une étonnante singularité française.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Les « spectateurs » ont constitué, tout au long du XVIIIe siècle, un phénomène journalistique d’u... more Les « spectateurs » ont constitué, tout au long du XVIIIe siècle, un phénomène journalistique d’une extraordinaire vitalité. Des dizaines de périodiques se sont inspirés, en France, du Spectator de Steele et Addison, qui venait de connaître en Angleterre un succès sans précédent dans l’histoire de la presse. Le Spectateur français de Marivaux est le seul de ces journaux dont l’audience dépasse aujourd’hui le cercle des spécialistes. Ces périodiques oubliés méritent pourtant d’être redécouverts. Qu’ils se baptisent «censeur», «misanthrope», «spectatrice», «spectateur suisse» ou «inconnu», les auteurs de ces feuilles volantes ont largement contribué à renouveler le ton du journalisme littéraire. Les trois périodiques de Marivaux occupent, bien entendu, une place centrale dans l’histoire de ces journaux. Mais, aux yeux mêmes de ses confrères, l’auteur du Spectateur français est demeuré un modèle insaisissable, trop singulier pour être vraiment imité. C’est la naissance de ce «monde des spectateurs», dominé par la figure inclassable de Marivaux, que cet ouvrage tente de raconter.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Collective works as editor by Alexis Lévrier
Alexis Lévrier et Guillaume Pinson (dir.), Presse et bande dessinée. Une aventure sans fin (Les Impressions nouvelles), 2021
Cet ouvrage tente de raconter les liens, féconds et inépuisables, qu’entretiennent la bande des... more Cet ouvrage tente de raconter les liens, féconds et inépuisables, qu’entretiennent la bande dessinée et le journalisme depuis le XIXe siècle. Art médiatique conciliant l’image et le texte, la bande dessinée est en effet née au creuset du journal : elle a dès l’origine exploité les enjeux de l’actualité, et a très vite imaginé des personnages qui sont eux-mêmes journalistes. Le lecteur croisera ainsi dans ce livre les parcours de nombreux héros reporters connus (Tintin, Lefranc, Fantasio, Jeannette Pointu) et moins connus (Marc Dacier, Guy Lebleu et bien d’autres), il se plongera dans l’histoire mouvementée des magazines (Pilote, Vaillant, Spirou…) et il pourra saisir les multiples interactions (historiques, culturelles, professionnelles, économiques) entre la bande dessinée et la presse. Si la perspective retenue concerne essentiellement la bande dessinée franco-belge, elle n’est pas exclusive : deux chapitres évoquent la tradition des comics anglo-saxons qui, depuis la naissance de Superman, a elle aussi vu naître un imaginaire du journalisme particulièrement riche.
Le but de cet ouvrage est par ailleurs de montrer qu’en dépit de la mort de revues comme Pilote ou Tintin, la généralisation de l’album n’a fait disparaître ni les héros reporters ni la presse de bande dessinée. La troisième partie envisage ainsi le succès du reportage graphique et de magazines tels que La Revue dessinée, qui témoigne de la vivacité intacte des échanges entre le journalisme et le neuvième art.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Éthique, poétique et esthétique du secret de l’Ancien Régime à l’époque contemporaine, sous la direction de Françoise Gevrey, Alexis Lévrier et Bernard Teyssandier, Louvain, Éditions Peeters, collection « La République des Lettres », 2016
Alors que notre époque semble ne laisser aucune place au secret, il est difficile d’imaginer quel... more Alors que notre époque semble ne laisser aucune place au secret, il est difficile d’imaginer quelle fut son importance dans la pensée et la pratique sous l’Ancien Régime. Le présent volume, issu d’un colloque international qui s’est tenu à Reims, examine ce que fut le secret durant les XVIIe et XVIIIe siècles, tout en ouvrant l’étude à des textes originels comme le Roman du Graal, à la période romantique avec Senancour, Chateaubriand et Stendhal, voire au XXe siècle. Les contributions déclinent les diverses formes du secret : discrétion, dissimulation, énigme, mystère, implicite, clandestinité, espionnage. Dans la première partie, elles touchent à l’anthropologie et au rapport qu’entretiennent le politique et la morale. Une esthétique du secret s’affirme quand les poètes, les peintres et les dramaturges sollicitent la participation du spectateur. Le «plaisir secret» se charge alors de valeur positive. Les auteurs, les libraires et les journalistes n’ignorent pas la valeur pragmatique du secret.
La seconde partie du volume porte sur les fictions. Le roman de cette époque élabore des dispositifs ingénieux pour exprimer ce qui est à la fois montré et caché. Il circonscrit le secret dans son ambiguïté, sans pouvoir le dire vraiment. Quel que soit son intérêt au Grand Siècle, le secret d’amour tend à se vider de son contenu pour mieux éclairer les processus de communication. Le roman du siècle suivant hésite entre la dissimulation et la transparence ; avec le conte, il use de l’énigme et de la mystification pour mener un combat idéologique et pour interroger l’inconscient jusque dans l’érotisme et l’inceste. Ainsi la poétique du secret qui se développe jusqu’au seuil du XIXe siècle permet de repenser plus largement le rapport du lecteur à la production littéraire.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Qu’est-ce qu’un journal ? Un objet, ou un contenu ? Mais peut-on seulement penser l’un sans l’aut... more Qu’est-ce qu’un journal ? Un objet, ou un contenu ? Mais peut-on seulement penser l’un sans l’autre, la matière sans l’esprit du journalisme ? Si l’on veut comprendre l’évolution de la presse à travers les âges, alors il faut interroger la relation particulière qui s’établit dans l’univers périodique entre le discours et le support. Or, ce support n’a cessé de se métamorphoser au cours des siècles, depuis la naissance du journal sous l’Ancien Régime, jusqu’à ses derniers avatars au troisième millénaire.
Cet ouvrage propose donc un parcours dans l’histoire de la presse, envisagée sous l’angle de sa matérialité : du Mercure galant, grand mensuel mondain de l’Ancien Régime, aux nouveaux outils d’information en ligne, tels Twitter, ce sont plus de trois siècles de pratiques journalistiques qui sont ici analysés. D’abord satellite du livre, le journal s’est peu à peu constitué en média autonome au cours du XVIIIe siècle, au point d’imposer son format, ses standards de mise en page, sa légèreté et sa mobilité. Il se massifie au XIXe siècle, et intègre les nouveaux modes de reproduction de l’image, devenus plus tard indispensables pour affronter la concurrence de l’audiovisuel. Au seuil du XXIe siècle, un autre défi s’impose enfin à la presse : imaginer un journal sans papier.
Les quinze études présentées dans ce volume proposent d’ausculter l’objet journal selon des perspectives complémentaires, mais qui ont rarement été réunies à ce jour : analyse des liens entre journalisme et littérature, sociologie de la profession, étude des dispositifs techniques... Elles alternent monographies d’un titre de presse (Le Pour et le contre, La Bigarrure, Excelsior) et approches comparatives (la Une des quotidiens, le cas des news magazines, le journalisme face à Internet).
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Regards sur les « spectateurs », sous la direction de Klaus Ertler, Alexis Lévrier et Michaela Fischer, 2012
Les dix-sept regards sur les « spectateurs » réunis dans le présent volume s’inscrivent dans un p... more Les dix-sept regards sur les « spectateurs » réunis dans le présent volume s’inscrivent dans un projet de recherche de longue haleine sur l’essai périodique en Europe. Le recueil prolonge la publication de plusieurs volumes dans notre collection sur les « Lumières » et la mise en place d’une base de donneées, tous consacrés aux « spectateurs » de langues romanes. À la différence de ces derniers, il envisage cependant non seulement les « spectateurs » français, italiens ou espagnols mais aussi des périodiques anglophones, russes ou germanophones. En élargissant ainsi la perspective, cet ouvrage espère mieux prendre en compte le rayonnement des « spectateurs » à l’échelle mondiale. Et il tente en particulier de donner quelques éléments de réponse à une question essentielle : quelles sont les raisons qui ont permis à ces journaux, un siècle durant, et d’un bout du monde à l’autre, de connaître un succès sans précédent dans l’histoire de la presse littéraire ?
Ce livre contient des contributions en français, allemand, italien, espagnol et anglais.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Érudition et polémique dans les périodiques anciens (XVIIe-XVIIIe siècles), sous la direction de Françoise Gevrey et d'Alexis Lévrier , 2007
Entre la fin du XVIIe siècle et la Révolution française, la nature et les objectifs des périodiqu... more Entre la fin du XVIIe siècle et la Révolution française, la nature et les objectifs des périodiques, qu’on n’appelait pas encore toujours des « journaux », évoluent sensiblement. Les auteurs sont partagés entre un modèle hérité du Spectator anglais et un autre qui cherche ses sources dans les écrits des doctes qu’on met à la portée d’un public élargi. En s’appuyant sur le traitement de l’érudition dans les périodiques publiés entre 1665 et 1800, le présent ouvrage aborde les contradictions qui caractérisent une forme encore mal définie. Les différentes querelles, scientifiques comme celle de la transfusion ou celle de la comète, littéraires comme celle des Anciens et des Modernes, philosophiques comme celle de la réception de l’Encyclopédie, ou esthétiques comme celle de la place de l’Antiquité dans les arts, font évoluer le discours journalistique. Les contributions ici rassemblées, qui envisagent des temporalités diverses, permettent de montrer comment on passe d’un style enjoué ou « rocaille », à un ton plus personnel et plus agressif qui fait place à une parole déjà pamphlétaire.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Critical editions by Alexis Lévrier
La correspondance littéraire de Karlsruhe a été adressée pratiquement sans interruption de 1757 à... more La correspondance littéraire de Karlsruhe a été adressée pratiquement sans interruption de 1757 à 1783 à la Markgräfin Karoline Luise von Baden-Durlach. Seule la mort de la destinataire y a mis fin.
Le manuscrit, presque intégralement conservé, contient plus de 600 lettres. Il constitue une partie de l’importante collection des écrits de la margrave conservée actuellement dans le «Großherzogliches Familienarchiv des Badischen Generallandes archivs » à Karlsruhe.
Le contour de cette correspondance a été fixé dès le début de l’abonnement. Conformément aux désirs de la destinataire, elle offre un vaste panorama de la vie culturelle et de la société parisiennes. Chaque envoi contient des nouvelles sur les dernières parutions, sur le théâtre, ainsi que, dans une moindre proportion, sur des événements du moment, politiques et sociaux, et il se clôt, selon une règle non écrite, mais observée par tous les écrits de ce type, par des pièces en vers, relevant du genre de la poésie fugitive. Quatre correspondants se sont succédé pour assurer la continuité sans faille de cette chronique de la vie parisienne : Pierre de Morand, Antoine Maillet-Duclairon, Pougin de Saint-Aubin et l’abbé Jean-Louis Aubert.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
La Spectatrice, édition critique établie sous la direction d'Alexis Lévrier, 2013
Les quinze numéros de La Spectatrice, dont la publication s’est échelonnée entre mars 1728 et mar... more Les quinze numéros de La Spectatrice, dont la publication s’est échelonnée entre mars 1728 et mars 1729, sont inséparables de la vogue que les « spectateurs » ont connue en France au cours des années 1720. Ces journaux ont en commun de s’inspirer directement, et de manière avouée, du Spectator de Joseph Addison et de Richard Steele. Ce périodique créé à Londres en 1711 a rencontré un triomphe immédiat et durable, au point que des imitations ont très vite été lancées non seulement en Angleterre mais dans l’ensemble de l’Europe, et jusqu’en Amérique. En France, l’engouement pour les « spectateurs » a été d’autant plus vif que le premier imitateur parisien, Marivaux, a lui aussi séduit un public nombreux avec son Spectateur français, publié entre 1721 et 1724.
Le succès des « spectateurs » s’explique en grande partie par le ton nouveau qu’ils ont introduit dans le journalisme littéraire. Ils associent principalement un contenu moral et une préoccupation pour l’actualité culturelle, mais ils ne s’interdisent en réalité aucun sujet et leur contenu est volontairement hétérogène. Toutefois, chacun de ces journaux trouve son unité dans l’existence d’une instance centralisatrice, l’auteur fictif du périodique. Dans tout « spectateur », le prétendu rédacteur apparaît en effet au premier plan, et il noue avec son public un dialogue constamment relancé. L’autre particularité des « spectateurs » est que l’auteur supposé apparaît aussi comme personnage, puisqu’il livre fréquemment les récits de scènes dont il a été le témoin. Témoin, mais pas acteur : le propre de ces personnages, et l’origine de leur nom générique, est qu’ils n’interviennent pas en public et se contentent d’une posture spectatrice. Ce silence et la distance qu’ils conservent par rapport au monde sont les gages de leur capacité à observer le monde avec lucidité et équité.
En 1728, lorsque paraît La Spectatrice, les « spectateurs » constituent donc déjà un ensemble de journaux relativement cohérent, qui possède ses propres règles d’un point de vue énonciatif, thématique et formel. L’intérêt de ce journal réside dans le fait que, tout en respectant les caractéristiques propres au phénomène spectatorial, il apporte des innovations qui sont autant de provocations. La plus surprenante de ces particularités réside dans le choix d’une figure de l’auteur que tout oppose à ses devanciers, à l’exception de ses capacités d’observation. Ce périodique est ainsi le premier « spectateur » dont l’auteur supposé est une femme. En outre, cette Spectatrice ne cesse de rappeler qu’elle vit en marge de ses semblables. Et si elle revendique cette solitude, elle donne aussi l’impression de la subir. Elle souligne en particulier à de nombreuses reprises qu’elle est une bâtarde restée célibataire, et que ce double statut la condamne à la honte et à la proscription.
Ce journal relativement éphémère occupe donc une place singulière parmi la centaine de « spectateurs » publiés en français au XVIIIe siècle. Il a du resté été admiré par des auteurs de renom tels que l’abbé Desfontaines, l’un des journalistes les plus influents de cette époque. Pourtant, ce périodique n’a pas été réédité depuis 1730, date de la publication d’une édition en volume sans doute constituée à partir de numéros invendus. Le présent ouvrage est donc la première édition de La Spectatrice depuis près de trois siècles.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Papers by Alexis Lévrier
« Les ambiguïtés du mépris pour les “folliculaires” au XVIIIe siècle », Revue d’histoire littéraire de la France, n° 3, juillet-septembre 2021, dossier « Persistances de l’éphémère », sous la direction de Jean-Alexandre Perras, p. 559-571., 2021
Bookmarks Related papers MentionsView impact
« La bande dessinée franco-belge au temps des rédactions (1938-1989) : souplesse et fragilité du journal », dans Presse et bande dessinée : une aventure sans fin, sous la direction d’Alexis Lévrier et de Guillaume Pinson, Bruxelles, Les Impressions nouvelles, coll. « Réflexions faites », p. 71-107., 2021
Bookmarks Related papers MentionsView impact
« Une histoire médiatique de la bande dessinée », dans Presse et bande dessinée : une aventure sans fin, sous la direction d’Alexis Lévrier et de Guillaume Pinson, Bruxelles, Les Impressions nouvelles, coll. « Réflexions faires », 2021, p. 5-10., 2021
Bookmarks Related papers MentionsView impact
« Thémiseul de Saint-Hyacinthe journaliste : les chefs d’œuvre collectifs d’un inconnu », University of Toronto Quarterly, vol. 89, n° 4, automne 2020, « Édition et réception de la presse hollandaise (XVIIe-XVIIIe siècle) », numéro coordonné par Sébastien Drouin, p. 693-710, 2020
L’œuvre journalistique de Thémiseul de Saint-Hyacinthe, largement oubliée aujourd’hui, mérite pou... more L’œuvre journalistique de Thémiseul de Saint-Hyacinthe, largement oubliée aujourd’hui, mérite pourtant d’être redécouverte. Certes, Saint-Hyacinthe est mort dans le dénuement le plus complet, et son dernier périodique témoigne d’un abandon des principes rédactionnels dont il avait fait l’éloge dans sa jeunesse. Mais, avec le Journal littéraire et L’Europe savante, il a d’abord été le chef de file de petites sociétés de journalistes, qui ont revendiqué et mis en scène un fonctionnement confraternel et égalitaire. Cet idéal d’une parole collective, en rupture complète avec l’impersonnalité traditionnelle des journaux savants, n’aura pas survécu aux tensions et aux crises qui ont divisé ces rédactions. Mais en dépit de leur échec, ces tentatives ont contribué à l’avènement d’un pouvoir journalistique, qui trouve déjà sa légitimité dans la cohérence d’une parole à la fois plurielle et unanime.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
« L’émergence de la presse périodique », dans Le Monde de l’imprimé en Europe occidentale (vers 1480-vers 1680), sous la direction d’Éric Suire, Paris, Albin Michel, 2020, p. 148-162., 2020
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Éric Suire (dir.), Le monde de l'imprimé en Europe occidentale 1470-1680, coll. Horizon, Armand Colin, Capes-Agrég Histoire-Géographie, Paris, 2020
Chapitre 4
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Le Temps des Médias. Revue d’histoire, n° 30, printemps 2018, « La Fausse Information », dossier coordonné par Marion Brétéché et Evelyne Cohen, 2018
Dès le début d’un règne qui devait durer sept décennies, de nombreuses fausses informations ont c... more Dès le début d’un règne qui devait durer sept décennies, de nombreuses fausses informations ont circulé sur la santé de Louis XIV. La récurrence de ces nouvelles mensongères s’explique, au moins pour partie, par la méfiance du public envers la Gazette et le Mercure galant. Mais en voulant décrypter les non-dits de la presse officielle, journalistes étrangers et nouvellistes avides de rumeurs ont contribué à faire naître des informations plus erronées encore. Circulant de manière virale par oral comme par écrit, de la Cour à Paris et de Paris aux capitales étrangères, des rumeurs parfois extravagantes ont ainsi été élevées au rang de vérités alternatives.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Nouvelles formes du discours journalistique au XVIIIe siècle (Lettres au rédacteur, nécrologies, querelles médiatiques), sous la direction de Denis Reynaud et de Samuel Baudry, 2018
De très nombreuses lettres de lecteurs ont été publiées, tout au long du XVIIIe siècle, dans les ... more De très nombreuses lettres de lecteurs ont été publiées, tout au long du XVIIIe siècle, dans les « spectateurs » en langue française. Certes, leur présence est dans l’ensemble moins massive et moins systématique que dans le Spectator de Joseph Addison et de Richard Steele. Il n’empêche : la publication de missives attribuées à des lecteurs est considérée jusqu’à la fin du siècle, par les auteurs francophones comme par leur public, comme un trait distinctif de la tradition spectatoriale. Cette étude propose une typologie de ces lettres et distingue cinq catégories de missives : selon le cas, le Spectateur est placé dans la position d’un voyeur, d’un intercesseur, d’un guide moral, d’un confident, ou devient l’objet des critiques de ses lecteurs. Ces cinq types de lettres étaient déjà présents dans le périodique fondateur. Mais les imitateurs francophones se distinguent de leur modèle en opérant un basculement très net vers la généralité et vers la fiction.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Marie-Ange Croft et Françoise Gevrey (éd.), Écrire l’actualité : Edme Boursault spectateur de la ville et de la cour, 2017
D’abord intitulée Le Mercure galant au moment de sa création en 1683, puis renommée à la suite d’... more D’abord intitulée Le Mercure galant au moment de sa création en 1683, puis renommée à la suite d’une plainte de Donneau de Visé, La Comédie sans titre a été l’une des premières pièces françaises consacrées à l’univers du journalisme. Cette étude tente de montrer que Boursault est surtout le premier dramaturge à avoir mis en scène avec lucidité, et sans caricature excessive, le pouvoir naissant de la presse périodique. S’il se moque des lecteurs venus solliciter Licidas, l’auteur supposé du Mercure, Boursault ne cherche nullement en effet à tourner en dérision le rédacteur du grand périodique mondain : Licidas, qui n’apparaît jamais sur scène, apparaît au contraire comme le détenteur d’un pouvoir d’autant plus fascinant qu’il demeure caché et inaccessible. La Comédie sans titre montre ainsi l’influence que les journalistes exercent déjà sur leurs contemporains, et les risques de dérives qu’une telle hégémonie porte en elle.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Éthique, poétique et esthétique du secret de l’Ancien Régime à l’époque contemporaine, 2015
« Voltaire et les “oiseaux de nuit” du journalisme : l’impossible secret », dans Éthique, poétiqu... more « Voltaire et les “oiseaux de nuit” du journalisme : l’impossible secret », dans Éthique, poétique et esthétique du secret de l’Ancien Régime à l’époque contemporaine, sous la direction de Françoise Gevrey, Alexis Lévrier et Bernard Teyssandier, Louvain, Éditions Peeters, collection « La République des Lettres », 2016, p. 201-216.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Uploads
Books by Alexis Lévrier
Après un quinquennat Hollande marqué par des échanges incessants avec les journalistes, la « saine distance » voulue par Emmanuel Macron a dans un premier temps été bien accueillie. Mais cette attitude s’est très vite transformée en mépris et elle a conduit le Président à des erreurs, tel son comportement impérieux au moment de l’affaire Benalla. Son cas est loin de constituer une exception, puisque la logique même des institutions de la Ve République se prête à des rapports tendus entre le chef de l’État et la presse : du général de Gaulle à François Hollande, tous les prédécesseurs d’Emmanuel Macron ont ainsi été tentés, un jour ou l’autre, de mettre les journalistes au pas.
Le risque est cependant réel, lorsque Jupiter cherche à imposer ses vues à Mercure, de saper les fondements de sa propre légitimité. Conscient sans doute de ce péril, et comme l’ont fait ses devanciers les plus habiles, le Président a consenti à de réelles inflexions après les épreuves qui ont marqué le début de son mandat. Mais, comme le montre cet essai, son attitude envers la presse n’a changé qu’en surface : même s’il a renoncé à employer ce mot, Emmanuel Macron restera sans doute jusqu’au bout un président « jupitérien ».
Ce livre tente de montrer que l’on a tort de rejeter la faute sur les femmes journalistes qui succombent aux charmes d’hommes politiques. Ce phénomène est en effet révélateur d’une proximité plus profonde, et plus ancienne : depuis l’avènement de la presse, la tradition anglo-saxonne exige l’éloignement entre médias et pouvoir, alors que ces deux milieux entretiennent en France des relations étroites et ambigües. La devise d’Hubert Beuve Méry – « le journalisme, c’est le contact et la distance » – montre cependant toute la difficulté du travail des journalistes politiques, qui doivent en permanence concilier deux exigences contradictoires. Un homme politique étant aussi une source, où s’arrête l’enquête et où commence la connivence ?
La réponse à cette question est peut-être en train de changer, même en France. Depuis quelques années, et en particulier depuis l’affaire du Sofitel de New-York, de plus en plus d’hommes et surtout de femmes journalistes soulignent le danger de ces liaisons entre presse et pouvoir. Mais les habitudes ont la vie dure, et de nombreux exemples prouvent que l’endogamie de ces deux mondes demeure une étonnante singularité française.
Collective works as editor by Alexis Lévrier
Le but de cet ouvrage est par ailleurs de montrer qu’en dépit de la mort de revues comme Pilote ou Tintin, la généralisation de l’album n’a fait disparaître ni les héros reporters ni la presse de bande dessinée. La troisième partie envisage ainsi le succès du reportage graphique et de magazines tels que La Revue dessinée, qui témoigne de la vivacité intacte des échanges entre le journalisme et le neuvième art.
La seconde partie du volume porte sur les fictions. Le roman de cette époque élabore des dispositifs ingénieux pour exprimer ce qui est à la fois montré et caché. Il circonscrit le secret dans son ambiguïté, sans pouvoir le dire vraiment. Quel que soit son intérêt au Grand Siècle, le secret d’amour tend à se vider de son contenu pour mieux éclairer les processus de communication. Le roman du siècle suivant hésite entre la dissimulation et la transparence ; avec le conte, il use de l’énigme et de la mystification pour mener un combat idéologique et pour interroger l’inconscient jusque dans l’érotisme et l’inceste. Ainsi la poétique du secret qui se développe jusqu’au seuil du XIXe siècle permet de repenser plus largement le rapport du lecteur à la production littéraire.
Cet ouvrage propose donc un parcours dans l’histoire de la presse, envisagée sous l’angle de sa matérialité : du Mercure galant, grand mensuel mondain de l’Ancien Régime, aux nouveaux outils d’information en ligne, tels Twitter, ce sont plus de trois siècles de pratiques journalistiques qui sont ici analysés. D’abord satellite du livre, le journal s’est peu à peu constitué en média autonome au cours du XVIIIe siècle, au point d’imposer son format, ses standards de mise en page, sa légèreté et sa mobilité. Il se massifie au XIXe siècle, et intègre les nouveaux modes de reproduction de l’image, devenus plus tard indispensables pour affronter la concurrence de l’audiovisuel. Au seuil du XXIe siècle, un autre défi s’impose enfin à la presse : imaginer un journal sans papier.
Les quinze études présentées dans ce volume proposent d’ausculter l’objet journal selon des perspectives complémentaires, mais qui ont rarement été réunies à ce jour : analyse des liens entre journalisme et littérature, sociologie de la profession, étude des dispositifs techniques... Elles alternent monographies d’un titre de presse (Le Pour et le contre, La Bigarrure, Excelsior) et approches comparatives (la Une des quotidiens, le cas des news magazines, le journalisme face à Internet).
Ce livre contient des contributions en français, allemand, italien, espagnol et anglais.
Critical editions by Alexis Lévrier
Le manuscrit, presque intégralement conservé, contient plus de 600 lettres. Il constitue une partie de l’importante collection des écrits de la margrave conservée actuellement dans le «Großherzogliches Familienarchiv des Badischen Generallandes archivs » à Karlsruhe.
Le contour de cette correspondance a été fixé dès le début de l’abonnement. Conformément aux désirs de la destinataire, elle offre un vaste panorama de la vie culturelle et de la société parisiennes. Chaque envoi contient des nouvelles sur les dernières parutions, sur le théâtre, ainsi que, dans une moindre proportion, sur des événements du moment, politiques et sociaux, et il se clôt, selon une règle non écrite, mais observée par tous les écrits de ce type, par des pièces en vers, relevant du genre de la poésie fugitive. Quatre correspondants se sont succédé pour assurer la continuité sans faille de cette chronique de la vie parisienne : Pierre de Morand, Antoine Maillet-Duclairon, Pougin de Saint-Aubin et l’abbé Jean-Louis Aubert.
Le succès des « spectateurs » s’explique en grande partie par le ton nouveau qu’ils ont introduit dans le journalisme littéraire. Ils associent principalement un contenu moral et une préoccupation pour l’actualité culturelle, mais ils ne s’interdisent en réalité aucun sujet et leur contenu est volontairement hétérogène. Toutefois, chacun de ces journaux trouve son unité dans l’existence d’une instance centralisatrice, l’auteur fictif du périodique. Dans tout « spectateur », le prétendu rédacteur apparaît en effet au premier plan, et il noue avec son public un dialogue constamment relancé. L’autre particularité des « spectateurs » est que l’auteur supposé apparaît aussi comme personnage, puisqu’il livre fréquemment les récits de scènes dont il a été le témoin. Témoin, mais pas acteur : le propre de ces personnages, et l’origine de leur nom générique, est qu’ils n’interviennent pas en public et se contentent d’une posture spectatrice. Ce silence et la distance qu’ils conservent par rapport au monde sont les gages de leur capacité à observer le monde avec lucidité et équité.
En 1728, lorsque paraît La Spectatrice, les « spectateurs » constituent donc déjà un ensemble de journaux relativement cohérent, qui possède ses propres règles d’un point de vue énonciatif, thématique et formel. L’intérêt de ce journal réside dans le fait que, tout en respectant les caractéristiques propres au phénomène spectatorial, il apporte des innovations qui sont autant de provocations. La plus surprenante de ces particularités réside dans le choix d’une figure de l’auteur que tout oppose à ses devanciers, à l’exception de ses capacités d’observation. Ce périodique est ainsi le premier « spectateur » dont l’auteur supposé est une femme. En outre, cette Spectatrice ne cesse de rappeler qu’elle vit en marge de ses semblables. Et si elle revendique cette solitude, elle donne aussi l’impression de la subir. Elle souligne en particulier à de nombreuses reprises qu’elle est une bâtarde restée célibataire, et que ce double statut la condamne à la honte et à la proscription.
Ce journal relativement éphémère occupe donc une place singulière parmi la centaine de « spectateurs » publiés en français au XVIIIe siècle. Il a du resté été admiré par des auteurs de renom tels que l’abbé Desfontaines, l’un des journalistes les plus influents de cette époque. Pourtant, ce périodique n’a pas été réédité depuis 1730, date de la publication d’une édition en volume sans doute constituée à partir de numéros invendus. Le présent ouvrage est donc la première édition de La Spectatrice depuis près de trois siècles.
Papers by Alexis Lévrier
Après un quinquennat Hollande marqué par des échanges incessants avec les journalistes, la « saine distance » voulue par Emmanuel Macron a dans un premier temps été bien accueillie. Mais cette attitude s’est très vite transformée en mépris et elle a conduit le Président à des erreurs, tel son comportement impérieux au moment de l’affaire Benalla. Son cas est loin de constituer une exception, puisque la logique même des institutions de la Ve République se prête à des rapports tendus entre le chef de l’État et la presse : du général de Gaulle à François Hollande, tous les prédécesseurs d’Emmanuel Macron ont ainsi été tentés, un jour ou l’autre, de mettre les journalistes au pas.
Le risque est cependant réel, lorsque Jupiter cherche à imposer ses vues à Mercure, de saper les fondements de sa propre légitimité. Conscient sans doute de ce péril, et comme l’ont fait ses devanciers les plus habiles, le Président a consenti à de réelles inflexions après les épreuves qui ont marqué le début de son mandat. Mais, comme le montre cet essai, son attitude envers la presse n’a changé qu’en surface : même s’il a renoncé à employer ce mot, Emmanuel Macron restera sans doute jusqu’au bout un président « jupitérien ».
Ce livre tente de montrer que l’on a tort de rejeter la faute sur les femmes journalistes qui succombent aux charmes d’hommes politiques. Ce phénomène est en effet révélateur d’une proximité plus profonde, et plus ancienne : depuis l’avènement de la presse, la tradition anglo-saxonne exige l’éloignement entre médias et pouvoir, alors que ces deux milieux entretiennent en France des relations étroites et ambigües. La devise d’Hubert Beuve Méry – « le journalisme, c’est le contact et la distance » – montre cependant toute la difficulté du travail des journalistes politiques, qui doivent en permanence concilier deux exigences contradictoires. Un homme politique étant aussi une source, où s’arrête l’enquête et où commence la connivence ?
La réponse à cette question est peut-être en train de changer, même en France. Depuis quelques années, et en particulier depuis l’affaire du Sofitel de New-York, de plus en plus d’hommes et surtout de femmes journalistes soulignent le danger de ces liaisons entre presse et pouvoir. Mais les habitudes ont la vie dure, et de nombreux exemples prouvent que l’endogamie de ces deux mondes demeure une étonnante singularité française.
Le but de cet ouvrage est par ailleurs de montrer qu’en dépit de la mort de revues comme Pilote ou Tintin, la généralisation de l’album n’a fait disparaître ni les héros reporters ni la presse de bande dessinée. La troisième partie envisage ainsi le succès du reportage graphique et de magazines tels que La Revue dessinée, qui témoigne de la vivacité intacte des échanges entre le journalisme et le neuvième art.
La seconde partie du volume porte sur les fictions. Le roman de cette époque élabore des dispositifs ingénieux pour exprimer ce qui est à la fois montré et caché. Il circonscrit le secret dans son ambiguïté, sans pouvoir le dire vraiment. Quel que soit son intérêt au Grand Siècle, le secret d’amour tend à se vider de son contenu pour mieux éclairer les processus de communication. Le roman du siècle suivant hésite entre la dissimulation et la transparence ; avec le conte, il use de l’énigme et de la mystification pour mener un combat idéologique et pour interroger l’inconscient jusque dans l’érotisme et l’inceste. Ainsi la poétique du secret qui se développe jusqu’au seuil du XIXe siècle permet de repenser plus largement le rapport du lecteur à la production littéraire.
Cet ouvrage propose donc un parcours dans l’histoire de la presse, envisagée sous l’angle de sa matérialité : du Mercure galant, grand mensuel mondain de l’Ancien Régime, aux nouveaux outils d’information en ligne, tels Twitter, ce sont plus de trois siècles de pratiques journalistiques qui sont ici analysés. D’abord satellite du livre, le journal s’est peu à peu constitué en média autonome au cours du XVIIIe siècle, au point d’imposer son format, ses standards de mise en page, sa légèreté et sa mobilité. Il se massifie au XIXe siècle, et intègre les nouveaux modes de reproduction de l’image, devenus plus tard indispensables pour affronter la concurrence de l’audiovisuel. Au seuil du XXIe siècle, un autre défi s’impose enfin à la presse : imaginer un journal sans papier.
Les quinze études présentées dans ce volume proposent d’ausculter l’objet journal selon des perspectives complémentaires, mais qui ont rarement été réunies à ce jour : analyse des liens entre journalisme et littérature, sociologie de la profession, étude des dispositifs techniques... Elles alternent monographies d’un titre de presse (Le Pour et le contre, La Bigarrure, Excelsior) et approches comparatives (la Une des quotidiens, le cas des news magazines, le journalisme face à Internet).
Ce livre contient des contributions en français, allemand, italien, espagnol et anglais.
Le manuscrit, presque intégralement conservé, contient plus de 600 lettres. Il constitue une partie de l’importante collection des écrits de la margrave conservée actuellement dans le «Großherzogliches Familienarchiv des Badischen Generallandes archivs » à Karlsruhe.
Le contour de cette correspondance a été fixé dès le début de l’abonnement. Conformément aux désirs de la destinataire, elle offre un vaste panorama de la vie culturelle et de la société parisiennes. Chaque envoi contient des nouvelles sur les dernières parutions, sur le théâtre, ainsi que, dans une moindre proportion, sur des événements du moment, politiques et sociaux, et il se clôt, selon une règle non écrite, mais observée par tous les écrits de ce type, par des pièces en vers, relevant du genre de la poésie fugitive. Quatre correspondants se sont succédé pour assurer la continuité sans faille de cette chronique de la vie parisienne : Pierre de Morand, Antoine Maillet-Duclairon, Pougin de Saint-Aubin et l’abbé Jean-Louis Aubert.
Le succès des « spectateurs » s’explique en grande partie par le ton nouveau qu’ils ont introduit dans le journalisme littéraire. Ils associent principalement un contenu moral et une préoccupation pour l’actualité culturelle, mais ils ne s’interdisent en réalité aucun sujet et leur contenu est volontairement hétérogène. Toutefois, chacun de ces journaux trouve son unité dans l’existence d’une instance centralisatrice, l’auteur fictif du périodique. Dans tout « spectateur », le prétendu rédacteur apparaît en effet au premier plan, et il noue avec son public un dialogue constamment relancé. L’autre particularité des « spectateurs » est que l’auteur supposé apparaît aussi comme personnage, puisqu’il livre fréquemment les récits de scènes dont il a été le témoin. Témoin, mais pas acteur : le propre de ces personnages, et l’origine de leur nom générique, est qu’ils n’interviennent pas en public et se contentent d’une posture spectatrice. Ce silence et la distance qu’ils conservent par rapport au monde sont les gages de leur capacité à observer le monde avec lucidité et équité.
En 1728, lorsque paraît La Spectatrice, les « spectateurs » constituent donc déjà un ensemble de journaux relativement cohérent, qui possède ses propres règles d’un point de vue énonciatif, thématique et formel. L’intérêt de ce journal réside dans le fait que, tout en respectant les caractéristiques propres au phénomène spectatorial, il apporte des innovations qui sont autant de provocations. La plus surprenante de ces particularités réside dans le choix d’une figure de l’auteur que tout oppose à ses devanciers, à l’exception de ses capacités d’observation. Ce périodique est ainsi le premier « spectateur » dont l’auteur supposé est une femme. En outre, cette Spectatrice ne cesse de rappeler qu’elle vit en marge de ses semblables. Et si elle revendique cette solitude, elle donne aussi l’impression de la subir. Elle souligne en particulier à de nombreuses reprises qu’elle est une bâtarde restée célibataire, et que ce double statut la condamne à la honte et à la proscription.
Ce journal relativement éphémère occupe donc une place singulière parmi la centaine de « spectateurs » publiés en français au XVIIIe siècle. Il a du resté été admiré par des auteurs de renom tels que l’abbé Desfontaines, l’un des journalistes les plus influents de cette époque. Pourtant, ce périodique n’a pas été réédité depuis 1730, date de la publication d’une édition en volume sans doute constituée à partir de numéros invendus. Le présent ouvrage est donc la première édition de La Spectatrice depuis près de trois siècles.