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Le français et l'insertion professionnelle : L'exemple du secteur automobile

« Proximités - Sciences du Langage » Collection dirigée par Philippe Blanchet Directeur de la collection : Philippe Blanchet (Université Rennes 2, France) Comité de concertation : Monica Heller (Université de Toronto, Canada), Leila Messaoudi (Université de Kénitra, Maroc), Khaoula Taleb Ibrahimi (Université d’Alger 2, Algérie), Michel Francard (Université de Louvain-la-Neuve, Belgique), Didier de Robillard (Université de Tours, France), Jacky Simonin (Université de La Réunion, France), Claude Tatilon (Université York de Toronto, Canada) Adresser les commandes à votre libraire ou directement à : Pour la Belgique : E.M.E. & InterCommunications s.p.r.l. 40, rue de Hanret BE - 5380 Fernelmont Tél. : 00[32]81.83 42 63 et 00[32]473.93 46 57 Fax : 00[32]81.83 52 63 Courriel : compta@intercommunications.be Site : www.intercommunications.be Pour la France et la Suisse : C.E.I. Collectif des Éditeurs Indépendants 37 rue de Moscou F - 75008 Paris Tél : 01 45 41 14 38 Fax : 01 45 41 16 74 collectif.ei@gmail.com Les propositions de textes pour l’édition sont à adresser à : Philippe Blanchet, PREFics EA 4246 Université Rennes 2 1 place du recteur Le Moal CS 24307 35043 Rennes France Courriel : philippe.blanchet@univ-rennes2.fr © E.M.E. & InterCommunications, sprl, 2013, (B) - 1040 - Bruxelles - 5380 - Fernelmont. Sous la direction de Philippe Blanchet et Leila Messaoudi préparation éditoriale assurée par Vanessa Delage Langue française et plurilinguisme dans la formation universitaire et l’insertion professionnelle des diplômés marocains en sciences et technologies E.M.E. Sommaire Ph. BLANCHET et L. MESSAOUDI Introduction : une problématique sociolinguistique et didactique aigüe au croisement d’usages plurilingues L. MESSAOUDI Contexte sociolinguistique du Maroc 7 13 H. EL AMRANI 39 Enquêtes quantitatives sur les diplômés (scientifiques) marocains, sur les emplois dans les secteurs correspondants, sur les taux d’insertion au Maroc R. BELHAJ Le français : une langue au service du management 53 J.-M. ELOY Terminologie et technolecte : un cadrage anthroposociolinguistique. 65 L. MESSAOUDI 77 Technolectes savants, technolectes ordinaires : quelles différences ? Études de terrain (enquêtes et résultats) M. Y. SIBENALI 91 Langue française et insertion professionnelle : le cas du technolecte bancaire au Maroc 5 5 I. GHOUMMID Enquête dans le secteur des assurances 123 M. BENAMEUR 139 Quelle place occupe la langue française dans le recrutement et dans les communications professionnelles des entreprises privées de Kénitra ? M. HAOUZA Le français dans la formation professionnelle 155 M. HAOUZA Le français dans la production industrielle 167 E. SANDADI 179 Langue Française et Insertion Professionnelle : Les Diplômés Scientifiques au Maroc et en France, le cas du corps paramédical M. HAIDAR 203 Le français et l’insertion professionnelle : l’exemple du secteur automobile H. MZIOUD Enquête auprès d’enseignants universitaires 219 I. GHOUMMID Enseignement et usages du français à l’université marocaine Le cas de la filière « Economie et gestion » 231 Conclusions : perspectives didactiques M. HAIDAR 247 Propositions pour l’enseignement du français à l’université marocaine à destination des étudiants de la filière « Sciences de la Vie, de la Terre et de l’Univers » 267 Bibliographie générale 6 6 Le français et l’insertion professionnelle : L’exemple du secteur automobile Mehdi HAIDAR Laboratoire Langage et société Université Ibn Tofail, Kénitra 1. Présentation de l’enquête La langue française occupe une place prépondérante dans le paysage linguistique marocain, depuis l’indépendance, elle a toujours joué le rôle de langue de communication dans les domaines techniques, scientifiques et économiques. Actuellement avec l’essor que connaît le Maroc, tant sur le plan économique que technique (implantation de multinationales au Maroc, ouverture sur les pays d’Europe et sur les Etats Unis d’Amérique, développement de l’industrie et création de sites industriels…), le marché du travail devient particulièrement actif et l’on voit l’abondance des demandes de postes d’emplois pour les diplômés scientifiques, surtout dans les secteurs de l’industrie, comme celui de l’automobile. En effet l’industrie automobile voit ses beaux jours au Maroc avec la création d’entreprises spécialisées dans la production de pièces de 203 203 rechange et usines de fabrication et de montage d’automobile du groupe Renault-Nissan (implantées à Casablanca et à Tanger). C’est ainsi que plusieurs postes à pourvoir dans ce domaine prometteur naissent chaque jour, ciblant des ingénieurs et des techniciens spécialisés en mécanique automobile. Le travail que nous avons mené s’articule autour de cette thématique, à savoir la langue française dans le secteur automobile et qui entre dans le cadre de l’action intégrée Volubilis MA 08/200 ayant pour objet d’étude le français et l’insertion professionnelle chez les diplômés scientifiques au Maroc et en France. Nous avons donc mené une enquête de type sociolinguistique (observation participante et questionnaire) dans le but de voir quelle place occupe la langue française dans l’insertion professionnelle et quel rôle joue t-elle ? Est-ce qu’elle aide à l’accès au travail ou au contraire le français demeure un obstacle chez les diplômés scientifiques ? 2. Population cible Nous avions décidé au tout début de travailler sur trois types d’enquêtés, en gardant en tête qu’ils doivent tous être marocains, et ayant un diplôme scientifique au minimum bac +3. Les trois types que nous voulions au début étudier étaient les mécaniciens, les ingénieurs et les agents commerciaux, cependant, avec les données recueillies lors de l’observation participante entamée au cours de l’année 2009, nous avons été contraints de changer nos plans suivant les directives de l’enquête. 3. Pré-enquête : l’Observation participante La première des choses à faire était d’étudier les spécificités du terrain, dans le but de voir quelle serait la méthodologie adéquate employée pour récolter le maximum de données fiables 204 204 Nous avons donc décidé d’entamer notre première phase de l’enquête dans cinq sites différents : trois ateliers de mécanique et deux concessionnaires. 3.1. Les ateliers de mécanique HYUNDAI, SUPERCERAM, RENAULT à Kénitra : Il existe deux types de sites de réparation automobile au Maroc, les petits garages de mécaniques qui sont en quelques sortes de micro entreprises et les grands ateliers qui sont dans la plupart du temps associés à des marques ou à des sociétés. Notre étude s’est focalisée plus sur les grands ateliers, puisque nous avons constaté que la majorité des diplômés scientifiques trouvent un travail dans ce type d’établissement, contrairement aux petits garages qui emploient plus des apprentis mécaniciens et les forment à la traditionnelle. Les ateliers HYANDAI et RENAULT sont plus spécialisés dans la réparation et l’entretien de voitures de tourisme, contrairement à l’atelier de la société SUPERCERAM qui s’occupe de la réparation de véhicules utilitaires; camions et semi remorques. Nous avons constaté lors de notre visite que l’arabe dialectal est prédominant. A l’oral le français est pratiquement absent. La communication entre collègues et avec la hiérarchie (chef mécanicien) s’effectue par le biais de l’arabe dialectal Les consignes et les tâches à accomplir se transmettent aussi en ADM. Cependant les différentes appellations et les termes techniques, concernant les pièces de l’automobile, la typologie des voitures ainsi que la plupart des outils et procédés utilisés dans les technolectes, sont communiqués en langue française. Il est important de signaler que les stagiaires ont des difficultés à comprendre des termes en rapport avec l’électronique. 205 205 Nous avons remarqué aussi, que les stagiaires accomplissaient des tâches différentes, parfois en dehors des ateliers. En effet quelques uns étaient affectés dans les magasins de vente de pièces de rechange et puisque le contexte professionnel change, les besoins communicationnels changent aussi. Les employés ont ainsi pour tâche, selon les situations de rédiger des devis, des notes ou encore des rapports de bilans. La compréhension de la langue française est donc une nécessité. Le rôle du français dans ces conditions de travail est plus axé sur l’écrit. Il est à noter que la majorité des employés dans les ateliers mécaniques ont un niveau d’instruction qui ne dépasse pas le BAC + 2. Cette information nous obligera à changer de route et d’opter pour un autre type d’enquêtés car les mécaniciens ne satisfont pas aux exigences préétablies de l’enquête, à savoir intégrer dans l’étude des diplômés scientifique ayant au minimum le BAC + 3. 3.2. Les concessionnaires AUTO HALL et VOLKSWAGEN à Kénitra : Les deux concessionnaires que nous avons visités se situent à Kénitra, ils sont associés à des marques et recrutent des agents commerciaux issus généralement des centres de formation professionnels et des écoles de commerce. Ces agents de vente doivent avoir un bon niveau en langue française surtout à l’oral, ainsi que des connaissances théoriques des différents modèles de voitures, des techniques utilisées et des options proposées. Les échanges avec les clients se font en arabe dialectal, cependant nous avons remarqué que les vendeurs parfois alternent les deux codes ; l’arabe dialectal et le français. 206 206 Tout comme les mécaniciens, les vendeurs ont eux aussi des difficultés à assimiler quelques termes techniques en rapport avec les motorisations et les systèmes de confort et de sécurité. Les maisons de vente d’automobile sont plus faciles à infiltrer, il suffit de se faire passer pour un acheteur, les vendeurs sont plus spontanés, ce qui permet de recueillir les informations plus rapidement et d’une manière fiable. Par contre lorsqu’on leurs soumet des questionnaires à remplir, ils se sentent testés et sont beaucoup plus réticents. Après investigation, (observation participante réalisée au cours de l’année 2009), il s’est avéré que dans les ateliers de mécanique situés dans l’axe Kénitra – Casablanca, les diplômés scientifiques qui ont obtenu au-delà d’un bac + 3 sont rares voire introuvables. La plupart des ateliers de mécaniques au Maroc, pour ne pas dire tous, (même les ateliers des grandes marques et importateurs) n’embauchent que des mécaniciens ayant obtenu un bac + 2, ils compensent cela en faisant passer à leurs chefs mécaniciens des formations sur les nouvelles technologies utilisées dans les voitures. Les chefs mécaniciens n’ont pas un grand niveau d’instruction, ils sont recherchés plus pour leurs expériences, quand aux jeunes mécaniciens récemment embauchés leur niveau de langue est très faible. Nous avons donc jugé d’écarter cette population parce qu’elle ne présente pas les spécificités requises pour le bon déroulement de l’enquête. Nous avons donc retenu trois catégories d’enquêtés : les agents commerciaux, les ingénieurs et es techniciens spécialisés en électronique. En effet ces populations cibles sont plus en mesure de nous fournir les informations nécessaires pour répondre à la problématique. 207 207 4. Profils des entreprises Pour le domaine de l’ingénierie et des techniciens, nous avons ciblé des ingénieurs qui évoluent dans des entreprises spécialisées de l’industrie automobile, à savoir FAURECIA qui est un équipementier multinational spécialisé dans la production de sièges et de systèmes d’intérieur et de contrôle des émissions pour de nombreuses marques comme Peugeot Cadillac ou encore BMW. Elle est située dans le quartier industriel de Kénitra et elle emploie plus de 3500 ingénieurs répartis dans 33 centres dans le monde. Nous avons pu administrer le questionnaire à 4 ingénieurs travaillant à temps plein dans cette société. La deuxième entreprise multinationale, SUMITOMO WIRING SYSTEM, connue sous le nom de SWES, placée aussi à kénitra dans le quartier Bir Rami, elle produit des câbles, des composant électroniques et des systèmes électriques pour les marques de voitures comme Porsche ou Toyota, elle emploie des techniciens spécialisés, mais aussi beaucoup d’ingénieurs. 5 ingénieurs et 2 techniciens spécialisés ont pu répondre au questionnaire. En ce qui concerne les agents commerciaux, la tâche a été quelque peu plus difficile, il a fallu se déplacer à Casablanca et à Rabat, puisque les concessionnaires dans les villes comme Kenitra n’embauchent que des vendeurs ayant un bac + 2 ou même moins. C’est ainsi que nous nous sommes dirigés vers de grandes entreprises d’importation ou des concessionnaires placés dans les grandes villes. Nous avons mené l’enquête dans des établissements comme la SMEIA, entreprise d’importation, dont le siège est situé à Casablanca, et des concessionnaires dans la ville de Rabat. (Renault et Mercedes). Pour ce qui est des employeurs, l’enquête n’a jusqu’à maintenant pas pu se réaliser, ceci pour différentes raisons : 208 208 L’accès aux bureaux des ressources humaines des entreprises s’avère difficile. Pour pouvoir rencontrer un DRH, il faut obtenir un rendez vous. Les responsables des ressources humaines sont placés au niveau du siège de l’entreprise, la plupart du temps à Casablanca et remonter jusqu'aux directions demande beaucoup de temps. Les enquêtés refusent de remplir le questionnaire sous prétexte qu’ils n’ont pas le temps 5. Profils des enquêtés ¥ Ingénieurs : Lauréats de grandes écoles publiques comme l’ENSA ou d’universités où ils ont obtenu leurs masters en sciences mathématiques ou en sciences de la physique. Leur âge varie de 26 à 28 ans. ¥ Agents commerciaux : Titulaires d’un bac + 4 au minimum, ils travaillent au sein des entreprises comme cadre voire même cadres supérieurs, ils sont lauréats d’université ou de grandes écoles tel que l’ENCG ou ISCAE. ¥ Techniciens spécialisés : Ils ont un bac + 3, et sont lauréats de l’institut supérieur de technologie appliquée. Ils sont aussi lauréats d’universités où ils ont obtenu une licence professionnelle. Nous avons pu retenir 15 questionnaires : 6 agents commerciaux, 4 ingénieurs et 5 techniciens spécialisés. La plupart des enquêtés sont des hommes, le domaine de l’automobile y’est peut être pour quelque chose. Presque la totalité les femmes qui ont fait l’objet de la recherche sont des vendeuses ou des cadres commerciaux, sauf une seule qui est technicienne spécialisée. Les postes occupés par les enquêtés sont 209 209 hétérogènes, nous constatons la même chose pour ce qui est des tâches et des rôles : 210 210 Les langues de l’entretien d’embauche : Selon les réponses collectées on a remarqué que la langue prédominante dans les entretiens d’embauche est sans conteste la langue française avec un taux de plus de 80%, les autres langues comme l’arabe dans ses deux variantes standard et dialectal, ainsi que l’anglais sont présents comme le montre le graphique, mais sont peu utilisés. On notera cependant l’utilisation alternée des langues 211 211 surtout avec le français, surtout pour l’anglais et l’arabe qui ne sont guère employés seuls. 6. Utilisations des langues au travail Les langues de travail dans le secteur de l’automobile se présentent comme suit : Les langues de travail : Les langues principales : 212 212 Au travail le français est toujours présent et en force surtout pour les agents commerciaux, en deuxième lieu vient l’arabe dialectal et en dernière position l’anglais, qui n’est cité que dans de rares cas. Le fait que la langue principale soit le français dans le pôle du marketing automobile justifie le fait que les agents commerciaux usent de cette langue dans diverses activités. Bien entendu l’usage de la langue française diffère d’un poste à un autre, d’un profil à un autre, puisque les agents commerciaux par exemple n’utilisent pas la langue française comme le font les techniciens ou les ingénieurs : Chez les agents commerciaux : 213 213 ¥ Contacts collègues. avec la clientèle, contact avec les ¥ Activités commerciales ¥ Contrats et les reçus ¥ Rédaction ¥ Chez les ingénieurs : ¥ Utilisation du français pour les mots techniques ¥ Réunions ¥ Communication écrite. ¥ Chez les techniciens spécialisés : ¥ Avec la hiérarchie ¥ Travail, communication avec la société mère. ¥ Pour la base de données Nous pouvons constater ainsi que le seul point commun entre les trois populations enquêtées est l’écrit. En effet qu’ils soient ingénieurs, agents commerciaux ou techniciens, les diplômés scientifiques travaillant dans le secteur de l’automobile auront sans aucun doute besoin d’une certaine compétence en langue française pour pouvoir communiquer à l’écrit. Circonstances que les enquêtés déclarent rencontrer souvent dans leurs fonctions au sein des entreprises dans lesquelles ils travaillent. Les autres types d’enquêtés comme les ingénieurs et surtout les techniciens relient la langue française aux appellations techniques ou autres termes spécialisés (technolectes) employés dans leurs spécialités. Les technolectes utilisés dans les différents contextes étudiés sont quasiment en langue française, parfois quelques technolectes en anglais peuvent être utilisés, mais restent toutefois rares, c’est pour cela d’ailleurs que l’anglais apparaît dans le premier graphique langue de travail. 214 214 7. Confusion en sein de l’entreprise Comme nous l’avions constaté lors de l’observation participante, les sujets qui font l’objet de cette étude communiquent entre eux en arabe dialectal, parfois même les supérieurs hiérarchiques transmettent leurs consignes à leurs subordonnés en ADM. Cependant il arrive souvent que la communication se fasse en français comme il a été expliqué ci-dessus. Nous nous sommes donc posé la question pour voir, quel serait le degré de confusion qui pourrait se produire au sein de l’entreprise, lors d’une situation de communication formelle en langue française. Comme le montre le graphique, les confusions de nature langagières sont assez présentes dans les situations professionnelles, les cadres commerciaux sont les plus nombreux à se plaindre des quiproquos qui peuvent arriver pendant les séances de travail. Cependant, nous pensons qu’il aurait été judicieux d’approfondir l’enquête afin de déceler les différents aspects propres à la langue française susceptibles d’engendrer ce type de confusion 215 215 entre les sujets questionnés. Malheureusement cette question n’a pas été abordée dans le questionnaire mais a été mentionnée lors de l’observation participante où les enquêtés affirmaient ne pas comprendre les mots techniques (technolecte). L’hypothèse qui pourrait ainsi guider d’autres recherches sur la question tenterait de voir si le technolecte du domaine dans ces différentes formes (lexique, syntaxe, texte) pourrait être assimilés par les diplômés scientifiques et les aiderait non seulement à intégrer le marché du travail, mais aussi à pouvoir communiquer avec aisance dans un milieu professionnel. 8. Formation en langue française La majorité des sujets que nous avons questionnés n’ont pas passés de formation en langue. Toutefois, quelques enquêtés affirment avoir passé des formations internes en langue française (ingénieurs et cadre commerciaux), tandis qu’un seul sujet déclare avoir lui-même payé des cours de langue pour faire face à ses besoins en langue française. 216 216 Cette indifférence face aux formations en langue dans les entreprises laisse présager que les responsables (ressources humaines) ne prêtent pas attention à la langue française, à son usage et à sa capacité à faciliter le travail et à augmenter le rendement. Conclusion Pour conclure, nous pouvons affirmer que la langue française tient toujours les rênes dans le domaine de l’insertion. Cela se voit d’abord par le taux des entretiens d’embauche qui se déroulent en français, contrairement aux autres langues présentent au Maroc (arabe standard et dialectal, amazigh, anglais) dont l’usage dans les entretiens demeurent très faible. Ajoutons à cela, l’usage du français au sein des entreprises où il est sollicité dans différentes situations de communication à l’oral pour les agents commerciaux par exemple, mais surtout à l’écrit pour les techniciens spécialisés et les ingénieurs. N’oublions pas de citer le technolecte automobile et / ou industriel qui est fortement utilisé dans les concessions automobile, usines ou autre sites industriels. Ce technolecte pourrait selon nos premières constations engendrer des confusions et malentendus au sein des entreprises. Bibliographie BLANCHET, Ph. et ROBILLARD, D. de (Dir.), 2003, Langues, contacts, complexité. Perspectives théoriques en sociolinguistique, Cahiers de Sociolinguistique n° 8, Presses Universitaires de Rennes, Rennes, 328 p. BLANCHET Philippe, 2000, La linguistique de terrain Méthode et théorie, une approche Ethno-sociolinguistique, Presses Universitaires de Rennes. 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