LES ACCORDS DE PARTENARIAT ECONOMIQUE
Quels enjeux pour le Sénégal ?
Valdete Berisha-Krasniqi
Assistant de recherche à l’IFPRI (International Food Policy Research Institute)
Antoine Bouët
Chercheur Senior à l’IFPRI
Simon Mevel
Analyste de Recherche à l’IFPRI
L’Union européenne (UE) cherche à transformer ses relations commerciales avec
les pays Afrique-Caraïbes-Pacifique (ACP) par l’application d’accords de libre-échange
réciproques (Accords de partenariat économique - APE). Il s’agit d’une modification
majeure de la politique commerciale du Sénégal qui bénéficie aujourd’hui d’un accès
préférentiel relativement favorable vers les marchés européens, mais aussi vers le
marché américain, et applique des tarifs peu discriminatoires. La réforme APE
impliquerait une faible amélioration de l’accès au marché pour les exportateurs
sénégalais, et une forte ouverture de cette économie aux produits européens. En
outre, la réforme impliquerait une perte de recettes tarifaires substantielle pour le
Sénégal. Les APE entraineraient donc pour le Sénégal peu de flux commerciaux
supplémentaires et beaucoup de détournement de commerce. En utilisant le modèle
MIRAGE de l’économie mondiale cet article étudie l’impact potentiel des APE et
confirme largement les craintes émises par ces pays sur l’efficacité de ces accords.
Mots clés : Accord de libre-échange. Création de commerce. Détournement
de commerce.
* Les auteurs remercient David Laborde pour les discussions régulières sur le sujet et des
données sur les tarifs SGP, ainsi que deux rapporteurs anonymes. Pour autant toute erreur serait de
leur seule responsabilité.
v.berisha@cgiar.org
a.bouet@cgiar.org
s.mevel@cgiar.org
Octobre 2008
Revue de l’OFCE 107
Valdete Berisha-Krasniqi, Antoine Bouët et Simon Mevel
epuis plus de trente ans, le Sénégal bénéficie d’un accès
préférentiel vers l’Union européenne. D’une part, à l’instar des
pays ACP depuis 1975, ses exportateurs ont profité de droits
réduits grâce à la Convention de Lomé, transformée en 2000 en Accords
de Cotonou, accords qui impliquent un accès libre pour 94 % des
produits exportés (lignes tarifaires) vers l’Union européenne (UNCTAD
et Secrétariat du Commonwealth, 2001) 1. D’autre part en tant que
membre du groupe des Pays les moins avancés (PMA), le Sénégal est
éligible au régime d’accès libre, accord appelé « Tout sauf les armes »
(TSA), mis en place depuis 2001, qui fournit donc un accès libre de toute
taxe et de tout quota sur toute importation en provenance de ces
cinquante pays (liste officielle définie par les Nations Unies 2), pour une
période illimitée.
Un trait essentiel de ces régimes commerciaux est leur nonréciprocité : le Sénégal et autres pays bénéficiaires disposent d’un accès
libre (ou excellent) au marché de l’Union européenne sans qu’il y ait une
ouverture préférentielle de ces pays aux marchandises européennes.
Récemment l’Union européenne a cherché à transformer ces régimes
avec les pays ACP en recommandant la mise en place d’accords de libreéchange, appelés Accords de partenariat économique (APE). Les Accords
de Cotonou signés en 2000 par l’Union européenne et les pays ACP
avaient ainsi pour objet (1) de prolonger l’accès préférentiel des pays
ACP vers l’Union européenne jusqu’à la fin de l’année 2007, et (2) de
définir une stratégie vers un nouveau régime commercial, qui serait mis
en place en 2008, et qui transformerait les accords ACP non réciproques
en accords de libre-échange UE-ACP réciproques.
Selon l’Union européenne, ce projet politique est fondé sur
l’incompatibilité de l’Accord de Cotonou avec les règles de l’Organisation
mondiale du commerce (OMC). Celle-ci ne tolère des préférences
commerciales entre ses membres que dans le cas d’accords réciproques
(article XXIV) ou dans celui de préférences données à un groupe de pays,
groupe défini de manière objective, économique : c’est le cas des pays en
développement qui bénéficient de plusieurs Systèmes de Préférence
Généralisée, ou des PMA bénéficiant de l’accord TSA. Les préférences
non réciproques données par l’Union européenne aux pays ACP étaient
fondées sur une dérogation (waiver) qui expirait en décembre 2007. Les
défenseurs de l’Accord de Cotonou ont souligné qu’une nouvelle
dérogation pouvait être demandée à l’OMC, ou même demandé que les
préférences soient maintenues sans dérogation. La première option est
délicate car elle requiert un consensus de tous les membres de l’OMC.
D
1. Pour plus d’information sur ce sujet, voir Karingi et al. (2005).
2. Les PMA sont 49 depuis le 16 avril 2008, le Cap Vert ayant perdu ce bénéfice grâce à ses
performances économiques.
66
Revue de l’OFCE 107
LES ACCORDS DE PARTENARIAT ÉCONOMIQUE : QUELS ENJEUX POUR LE SÉNÉGAL ?
La seconde option a déjà été utilisée en pratique dans le cadre des
relations commerciales des États-Unis et des pays des Caraïbes (USCaribbean Basin Initiative) ; cette dérogation expirait en 2005, mais les
préférences ont continué sans extension autorisée 3. De la même façon,
les préférences données par les États-Unis aux pays d’Afrique (AGOA)
n’apparaissent pas compatibles avec la loi OMC 4.
L’OMC se fonde sur son mécanisme de règlement des différends pour
l’application de ses règles. Il s’ensuit que tout schéma préférentiel peut
être appliqué tant qu’il n’est pas remis en cause par un pays membre de
l’organisation. Ces éléments ont impliqué un débat sur la nécessité de
mettre en place les APE. Cela suppose la fin des préférences liées à
l’Accord de Cotonou, préférences très utilisées par les pays ACP. Aucune
prolongation de cet accord n’était supposée après 2007 et ces pays ont
dû conclure ces négociations sous l’alternative : établir un régime de libreéchange avec l’Union européenne ou perdre cet accès préférentiel au
marché européen.
Que cela signifie-t-il pour le Sénégal ? Au sein des pays ACP il y a une
différence essentielle entre les pays PMA et les pays non PMA. Les
premiers conservent la possibilité d’exporter sous le régime TSA, les
seconds n’ont pas cette possibilité et en cas de refus du régime de libreéchange, ils devront exporter sous le régime beaucoup moins favorable
du Système généralisé de préférence (SGP). Pour le Sénégal et la plupart
des pays d’Afrique de l’Ouest (tous les pays sauf le Nigéria, le Ghana, et
la Côte d’Ivoire, qui ne sont pas PMA) qui négociaient avec l’Union
européenne, l’accord TSA est donc une alternative possible à l’accord de
libre-échange. L’accord TSA est un régime commercial plus intéressant en
matière de droits de douane, mais réputé beaucoup plus difficile en
matière de règles d’origine (voir Brenton, 2003 ou Candau et Jean, 2005).
Les données de commerce de l’Union européenne font état
d’exportations des pays d’Afrique de l’Ouest vers l’Union se faisant sous
les deux régimes (Candau et Jean, 2005).
Les discussions APE entre l’Union européenne et les pays ACP,
Sénégal compris, ont commencé en 2002. La première phase des
négociations a été conduite entre l’Union européenne et l’ensemble des
pays ACP, puis une seconde phase de discussions a débuté en 2004 entre
l’Union européenne et six groupes de pays ACP : la Communauté du
développement de l’Afrique australe (CDAA), l’Afrique orientale et
australe (ESA), la Communauté économique des États de l'Afrique de
l'Ouest (CEDEAO), la Communauté économique et monétaire de
3. Un schéma préférentiel en-dehors du cadre OMC peut évidemment faire l’objet de
contentieux. La « guerre de la banane », en 1993, au cours de laquelle les exportateurs de bananes
d’Amérique Latine ont remis en cause la Convention de Lomé, et au titre de laquelle l’Union
européenne importait sous régime préférentiel des bananes des pays ACP, en est bien évidemment
un exemple. Ce contentieux a conduit l’Union européenne à demander une dérogation pour
continuer d’appliquer ce régime préférentiel.
4. Les États-Unis ont formellement demandé une dérogation pour l’application de l’African
Growth and Opportunity Act en 2005, dérogation qui n’est pas encore approuvée par l’OMC.
67
Revue de l’OFCE 107
Valdete Berisha-Krasniqi, Antoine Bouët et Simon Mevel
l'Afrique centrale (CEMAC), la Communauté des Caraïbes (CARICOM),
le groupe Pacifique. Cette partition repose, plus ou moins, sur des
schémas existant d’intégration régionale 5.
Le Sénégal a négocié tout au long de cette période sous le parapluie
du groupe de la Communauté économique des États de l'Afrique de
l'Ouest, et la Mauritanie 6. Cette négociation s’est surtout concentrée sur
l’établissement des objectifs généraux de l’accord, peu sur des mesures
spécifiques d’accès au marché. Les négociations avec les différents
groupes ont toutes été difficiles, en particulier du fait de l’hétérogénéité
des pays à l’intérieur de chaque groupe.
En 2004 le groupe de la CEDEAO a rédigé une « feuille de route »
commune avec l’UE, pour l’établissement de l’APE. Ce document
prévoyait la « mise en place progressive, en accord avec les règles de l’OMC,
d’une zone de libre-échange entre la CEDEAO et l’UE pour une période de
douze ans, à partir du 1er janvier 2008 » (ECOWAS et Commission
Européenne, 2004). Cette feuille de route prévoyait en outre la mise en
application d’une zone de libre-échange à l’intérieur de la CEDEAO, puis
la création d’une union douanière à partir de janvier 2008.
L’échéance de Décembre 2007 est passée sans que ces accords
rentrent effectivement en application, en tout cas pour le Sénégal.
Beaucoup de pays africains se sont inquiétés des conséquences
potentiellement négatives des APE sur leurs économies et ont refusé
d’entériner la mise en application de la « feuille de route ». En
conséquence, l’Union européenne a initié une procédure en deux étapes
pour permettre aux pays ACP de rester à la table des négociations, tout
en continuant de bénéficier du même accès préférentiel, en espérant que
les négociations aboutissent dans la première partie de 2008.
Parallèlement, en décembre 2007, certains pays ACP – notamment la
CDAA, le groupe d’Afrique du Sud et de l’Est, la Côte d’Ivoire, le Ghana,
la Papouasie Nouvelle Guinée, Fidji – ont conclu des APE intérimaires
avec l’Union européenne. Les APE signés début 2008 concernent 9 PMA
et 26 non-PMA. En Afrique de l’Ouest, seuls la Côte d’Ivoire et le Ghana
ont accepté, alors que le reste de la CEDEAO est encore en négociation.
La représentation régionale n’a pas encore défini d’offre d’accès au
marché et de liste de produits sensibles (ECDPM, 2008).
5. Le groupe de négociation de la Communauté du Développement de l’Afrique Australe
(CDAA) inclut sept pays de la CDAA (l’acronyme anglais est SADC pour Southern African
Development Community) ; le groupe de l’Afrique orientale et australe inclut 16 pays du Marché
commun d’Afrique de l’Est et du Sud (l’acronyme anglais est COMESA pour Common Market of
Eastern and Southern Africa) ; le groupe de la Communauté économique des États de l'Afrique de
l'Ouest comprend quatorze pays de la CEDEAO (l’acronyme anglais est ECOWAS pour Economic
Community of Western African States) et la Mauritanie ; le groupe de la Communauté économique
et monétaire de l'Afrique centrale comprend six pays de la CEMAC, la République démocratique du
Congo et Sao Tome and Principe ; le groupe de la Communauté des Caraïbes inclut quinze pays du
CARICOM (l’acronyme anglais est CARIFORUM pour Caribbean Forum) et la République
Dominicaine ; le Groupe Pacifique enfin, comprend quatorze pays de la région.
6. Dans le reste de l’article nous appellerons CEDEAO ce groupe composé des six membres
en négociation au sein de ce groupe et de la Mauritanie.
68
Revue de l’OFCE 107
LES ACCORDS DE PARTENARIAT ÉCONOMIQUE : QUELS ENJEUX POUR LE SÉNÉGAL ?
La mise en place des ces accords aurait des conséquences importantes
pour l’économie sénégalaise.
Premièrement, en termes d’accès au marché, la conformité de l’APE
aux règles de l’OMC impliquerait une « libéralisation substantielle de tout
le commerce » (article XXIV du GATT et de l’OMC) entre les parties
prenantes. Ainsi le Sénégal aurait à ouvrir les frontières de son économie
à la plupart des produits européens, augmentant la pression
concurrentielle sur les producteurs locaux : dans l’industrie, où les
producteurs européens disposent d’un marché local relativement très
grand et sont donc susceptibles de bénéficier de coûts moyens inférieurs
en cas d’économie d’échelle dans le secteur, aussi bien que dans
l’agriculture, où les agriculteurs européens bénéficient de subventions
relativement importantes. À l’opposé, les producteurs sénégalais ne
bénéficieraient que d’un supplément marginal d’accès aux marchés
extérieurs, car les frontières européennes leurs sont déjà largement
ouvertes et car l’ouverture des autres économies de la CEDEAO ne
représente que des débouchés limités.
Deuxièmement, la mise en place de cet accord devrait logiquement
conduire à une perte de recettes pour le gouvernement, liée à la
libéralisation tarifaire. Les droits de douane représentent une part
importante des recettes publiques dans les pays ACP, de telle sorte que
leur diminution devrait avoir des conséquences significatives sur la
capacité du gouvernement à financer des dépenses publiques. Adenikinju
et Alaba (2005) estiment ainsi que les recettes douanières représentent
un quart des recettes gouvernementales dans les pays de la CEDEAO,
26 % dans le cas du Sénégal.
Troisièmement, alors que l’APE implique en fait une libéralisation
asymétrique qui pourrait permettre à la CEDEAO de protéger certains
produits de la concurrence européenne, ces produits vont être
sélectionnés au niveau régional et non au niveau national. En effet, en
application de la règle de l’OMC concernant les accords de libre-échange,
règle qui précise que ceux-ci doivent libéraliser « substantiellement tout
le commerce », l’interprétation générale est qu’une proportion de 90 %
est suffisante. En l’occurrence les objectifs des APE sont de libéraliser
100 % des flux des pays ACP vers l’Union européenne et 80 % des flux
de l’UE vers les pays ACP. Ceux-ci ont donc la possibilité de fixer au
niveau régional 20 % des produits importés d’Union européenne comme
sensibles. Les termes de l’accord n’ont pas été encore définis et les
critères de sélection de ces produits sensibles ne sont pas établis : ils
peuvent tout aussi bien relever de la sécurité alimentaire que d’un
argument de recettes publiques. Des pays appartenant au même groupe
de négociation peuvent avoir des intérêts divers. Le Sénégal est tenu donc
d’entériner un accord qui peut ignorer tout ou partie de ses intérêts
spécifiques.
69
Revue de l’OFCE 107
Valdete Berisha-Krasniqi, Antoine Bouët et Simon Mevel
On peut aussi espérer des APE un certain nombre de conséquences
positives : renforcement de l’intégration régionale, bénéfices pour la
consommation, finale et intermédiaire, par une baisse des prix locaux des
biens importés, encouragement possible à l’investissement local et aux
transferts de technologie. En outre, les APE incorporent un certain
nombre d’autres questions politiques, telles que le commerce dans les
services, la facilitation du commerce, les politiques d’investissement, les
droits de la propriété intellectuelle et les règles environnementales. Mais
ces accords n’abordent pas assez la question des barrières techniques aux
échanges et des mesures sanitaires et phytosanitaires dont on a montré
récemment les effets restrictifs sur les échanges commerciaux,
notamment en ce qui concerne les flux des PMA vers l’UE (Disdier,
Fontagné et Mimouni, 2008). Enfin, les pays en développement ont
plusieurs fois protesté contre la nature restrictive des règles d’origine
dans les accords préférentiels, et les pays ACP ont souligné que les APE
n’abordent pas suffisamment la question de leur simplification : en
pratique il est difficile d’estimer le coût associé à ces réglementations,
mais des travaux récents estiment que certaines règles d’origine
équivalent à un prélèvement supplémentaire allant de 1 à 5 % de la valeur
des exportations (Anson et al., 2004).
Cet article a donc pour objet d’analyser les conséquences potentielles
de la mise en place d’un APE entre la CEDEAO et l’UE sur le Sénégal en
utilisant le modèle d’équilibre général calculable MIRAGE (Modeling
International Relationships in Applied General Equilibrium). Cette
simulation doit en particulier étudier les créations et détournements de
commerce, les pertes de recettes tarifaires et l’impact sur la production
locale impliqués par cette réforme commerciale. D’un point de vue
méthodologique, le Nigéria et le Sénégal sont les seuls pays de la
CEDEAO individuellement disponibles dans la base de données GTAP
(Global Trade Analysis Project), qui alimente le modèle MIRAGE. Trois
éléments justifient en outre de s’intéresser au cas du Sénégal : (i) ce pays
a développé des relations commerciales particulièrement fortes avec
l’UE ; (ii) ce pays dispose aujourd’hui d’un très bon accès au marché
européen tout en taxant à un taux relativement élevé les importations
européennes, de la même façon que les importations de ses autres
partenaires (autrement dit, le régime commercial sénégalais est peu
discriminatoire et l’APE mettrait en place un premier élément substantiel
de discrimination) ; (iii) enfin, les recettes tarifaires du Sénégal sont
importantes dans le total des recettes gouvernementales.
Nous présentons la méthodologie dans la section 1, puis les
caractéristiques du Sénégal en termes de commerce et de
protectionnisme sont exposées en section 2. La section 3 examine
l’impact des APE sur le Sénégal et plus généralement sur l’Afrique
occidentale et l’ensemble des pays ACP. Finalement nous concluons par
l’aspect politique en section 4.
70
Revue de l’OFCE 107
LES ACCORDS DE PARTENARIAT ÉCONOMIQUE : QUELS ENJEUX POUR LE SÉNÉGAL ?
1. Aspects méthodologiques
L’analyse d’impact des APE repose ici sur l’utilisation du modèle
MIRAGE de l’économie mondiale. Il s’agit d’un modèle en équilibre
général multinational et multisectoriel construit pour l’étude des accords
commerciaux 7. MIRAGE est un modèle à dynamique récursive, qui
combine concurrence parfaite et concurrence imparfaite. Nous utilisons
une version de MIRAGE qui inclut des prévisions de croissance du Produit
Intérieur Brut en affectant la productivité totale des facteurs 8. En outre,
les prévisions de croissance de la population des World Development
Indicators sont intégrées 9. Des données macroéconomiques, en particulier
les matrices de comptabilité sociale, sont issues de la version 6.2 de la
base de données GTAP. Les données de protection sont de 2001 et
viennent de la base MAcMap-HS6 10.
Du côté de l’offre : (1) l’output est une fonction Leontief de la valeur
ajoutée et des consommations intermédiaires 11 ; (2) les dotations
factorielles sont totalement employées et les ressources naturelles sont le
seul facteur pour lequel l’offre est constante ; (3) à chaque période les
modifications dans la dotation de capital sont liées à l’investissement et à
la dépréciation de la période ; (4) l’offre de travail est exogène, alors que
l’offre de terre est endogène et dépend de la rémunération réelle de ce
facteur ; le travail qualifié est le seul travail parfaitement mobile, alors que
le travail non qualifié a une mobilité imparfaite entre activités agricoles et
activités non agricoles selon une fonction de transformation à élasticité
constante 12 ; (5) on suppose une « mobilité imparfaite de la terre », c’està-dire que ce facteur peut être réalloué à différentes utilisations ; et (6) le
capital déjà investi et les ressources naturelles sont les seuls facteurs
7. Le modèle MIRAGE a été développé au Centre d’études prospectives et d’informations
internationales (CEPII) à Paris. Une description complète est disponible sur le site Internet du CEPII
(http://www.cepii.fr/) et dans Decreux et Valin (2008).
8. Les prédictions de croissance du PIB de la Banque mondiale sont disponibles jusqu’en 2015.
Comme cette étude évalue l’impact des réformes commerciales jusqu’en 2020, la prévision de
croissance de la Banque mondiale pour 2015 est extrapolée jusqu'à 2020. Pour plus d’information
sur les projections de PIB de la Banque mondiale consulter le « Global Economic Prospects 2005:
Trade, Regionalism, and Development », ainsi que le site : http://web.worldbank.org/external/
default/main?theSitePK=659149&pagePK=2470434&contentMDK=20370107&menuPK=659160&pi
PK=2470429.
9. Les projections de population de 2000 à 2090 sont disponibles dans la base de données
World Development Indicators, par intervalles de cinq années. Ces projections sont été
développées par le World Bank's Human Development Network. Pour plus d’information, voir Bos
et al. (1994)
10. MAcMap-HS6 est une base de données développée grâce à une collaboration entre ITC
(UNCTAD-WTO, Genève) et le CEPII (Paris). Pour une présentation, voir Bouët et al. (2008) ou
le site du CEPII (http://www.cepii.fr/).
11. La consommation intermédiaire est un agrégat CES (Constant Elasticity of Substitution) de
tous les biens. La valeur ajoutée est un agrégat CES du travail non qualifié, de la terre, des
ressources naturelles et d’un composite, agrégat lui-même du travail qualifié et du capital. Ces choix
permettent de mettre davantage de complémentarité entre le travail qualifié et le capital, et plus
de substituabilité entre le travail non qualifié et ce composite. Autrement dit on remplace, lorsque
les prix évoluent dans le sens voulu, le travail non qualifié par des machines et du travail qualifié,
pas seulement par des machines.
12. Cette fonction signifie que l’allocation du travail non qualifié dépend du ratio des salaires
activités agricoles/activités non agricoles.
71
Revue de l’OFCE 107
Valdete Berisha-Krasniqi, Antoine Bouët et Simon Mevel
spécifiques (totalement immobiles) à un secteur. Enfin, il est supposé que
le nouveau capital, quelle que soit son origine, est un assemblage de biens
selon une combinaison spécifique. L’allocation sectorielle du nouveau
capital est basée sur une fonction d’investissement qui dépend du taux de
rémunération et du stock existant de capital dans chaque secteur.
Du côté de la demande, on considère un agent représentatif dans
chaque région dont la propension à épargner est constante. Le revenu
national non épargné permet d’acheter des biens de consommation
finale. Les préférences du consommateur sont représentées selon une
fonction CES-LES (Constant Elasticity of Substitution–Linear Expenditure
System) qui permet notamment de générer des élasticités de revenu non
unitaires et différentes d’un bien à l’autre. La structure de la
consommation finale se modifie donc lorsque le revenu varie.
Les produits sont différenciés selon leur pays d’origine. En outre les
biens venant du « Nord » (pays riches) sont supposés appartenir à une
qualité supérieure que ceux venant du « Sud » (pays en développement).
Ainsi, la substituabilité entre produits du Nord et produits du Sud est
moindre qu’entre produits de la même gamme de qualité : quand le
secteur automobile européen s’ouvre, les importations européennes
d’automobile en provenance des États-Unis ou du Japon augmentent
davantage que celles en provenance du Brésil. Enfin, il y a moins de
substituabilité entre produits locaux et produits étrangers qu’entre
produits étrangers, à l’intérieur de la même gamme de qualité, reflétant
une sorte de préférence nationale.
MIRAGE incorpore dans son analyse des secteurs en concurrence
parfaite et des secteurs en concurrence imparfaite. Dans les secteurs en
concurrence imparfaite, les produits d’un même pays sont différenciés
horizontalement (variétés). Ainsi, cette étude suppose des secteurs
agricoles en concurrence parfaite et des secteurs industriels en
concurrence imparfaite. Enfin le bouclage du modèle suppose que la
balance courante augmentée des investissements directs est constante.
1.1. Décomposition géographique
La décomposition géographique définie pour cette étude comprend,
outre le Sénégal, les principales zones concernées par les accords APE :
essentiellement les régions ACP et l’Union européenne (27 membres).
Comme souligné dans l’introduction, six groupes de pays ACP sont en
négociation avec l’Union européenne. Cependant, la base de données
GTAP ne permet pas d’opter pour une décomposition géographique
reflétant clairement ces six groupes. En effet, les différent pays composant
les six régions ACP sont regroupés dans seulement cinq groupes dans la
base GTAP.
La première zone est la Communauté du développement de l’Afrique
australe, qui inclut tous les pays membres de la CDAA négociant un APE,
72
Revue de l’OFCE 107
LES ACCORDS DE PARTENARIAT ÉCONOMIQUE : QUELS ENJEUX POUR LE SÉNÉGAL ?
à l’exception de l’Angola 13. L’Afrique du Sud n’est pas incluse dans ce
groupe puisqu’ayant déjà établi une zone de libre échange avec l’Union
européenne en 2000, elle ne négocie pas un APE. La deuxième zone,
Afrique orientale et australe, comprend 6 des 14 pays de l’Afrique de l’Est
et australe négociant un APE avec l’Union européenne 14. Le reste de
l’ESA et de la CDAA constitue la troisième zone qui est composée de
pays appartenant à l’un des deux blocs régionaux précédents 15. En raison
du sujet de l’étude, il serait idéal de pouvoir distinguer le Sénégal et les
autres pays de la CEDEAO, qui négocient conjointement un APE avec
l’Union européenne, des autres groupes régionaux. Néanmoins, la base
GTAP ne permet pas un tel découpage ; les pays d’Afrique de l’Ouest
étant regroupés avec de nombreux pays d’Afrique de l’Est et d’Afrique
centrale. Ainsi, la quatrième zone est dénommée Afrique de l’Ouest,
orientale et centrale. Toutefois, le Sénégal est disponible en tant que pays
unique dans la base GTAP utilisée. En conséquence, des éléments
détaillés et précis de l’impact des APE sur le Sénégal pourront être
présentés. Il en est de même pour le Nigéria qui est un relativement
grand pays de l’Afrique de l’Ouest. La cinquième zone, Caraïbes et
Pacifique, rassemble les pays des deux derniers groupes en négociation
pour les APE (tableau 1).
Outre les cinq zones ACP précédemment déterminées, la
composition géographique inclut les principaux partenaires économiques
du Sénégal : les 27 membres de l’Union européenne, les États-Unis, la
Chine, l’Inde, le Japon et la Thaïlande. En 2001, les exportations du
Sénégal à destination de l’Union européenne dépassaient 373 millions de
dollars, représentant plus de 53 % de ses exportations totales en valeur
pour cette année. D’autre part, les exportations du Sénégal à destination
de l’Inde atteignaient 115 millions de dollars pour la même année, soit
environ 16 % du total des exportations sénégalaises 16 .
Avec plus de 52 % de la valeur des importations totales du Sénégal
pour 2001, l’Union européenne est de loin la première source
d’importations du Sénégal. Le Nigéria, la Thaïlande, les États-Unis, le reste
de l’Afrique Sub-saharienne, la Chine, l’Inde, le Japon et l’Afrique de Sud
sont également des partenaires importants.
Les autres pays, d’un intérêt secondaire pour cette étude, sont
regroupés en cinq zones : le reste de l’Amérique du Nord et centrale, le
reste de l’Afrique, le reste de l’Asie, l’Amérique du Sud, et le reste du
monde.
13. Cette zone inclut le Botswana, le Lesotho, le Mozambique, la Namibie, le Swaziland et la
Tanzanie. L’Angola appartient à une différente zone de la base GTAP.
14.
Il s’agit de Madagascar, du Malawi, de Maurice, de l’Uganda, de la Zambie et du
Zimbabwe.
15. Il s’agit de l’Angola, de la République démocratique du Congo et des Seychelles.
16. Des données additionnelles peuvent être demandées aux auteurs.
73
Revue de l’OFCE 107
Valdete Berisha-Krasniqi, Antoine Bouët et Simon Mevel
1. Décomposition géographique
Région
Union européenne (27 pays)
États-Unis
Reste de l’Amérique du Nord et centrale
Amérique du Sud
Chine
Inde
Japon
Thaïlande
Reste de l’Asie
Afrique du Sud
Communauté du développement
de l’Afrique australe (CDAA)
Afrique orientale et australe (ESA)
Reste de la CDAA et de l’ESA
Nigéria
Sénégal
Reste de l’Afrique de l’Ouest, orientale
et centrale
Nord/
Sud
Rareté de
la terre
Nord
Nord
Nord
Sud
Sud
Sud
Nord
Sud
Sud
Sud
Oui
Non
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Non
CDAA
Sud
Oui
ESA
ESA & CDAA
CEDEAO
CEDEAO
CEDEAO,
ESA, &
CEMAC
Sud
Sud
Sud
Sud
Oui
Oui
Oui
Oui
Sud
Oui
Sud
Oui
Sud
Oui
Sud
Oui
Groupe APE
Reste de l’Afrique
Caraïbes et Pacifique
Reste du monde
CARICOM &
PACIFIQUE
Note : La deuxième colonne présente les correspondances entre les zones déterminées à partir de la base GTAP
6.2 et les six blocs régionaux négociant des APEs avec l’Union européenne.
Le tableau 1 présente les dix-neuf zones géographiques, dont sept
correspondent à des groupes de pays en négociations pour les APE,
comme énoncées précédemment. La différenciation des produits selon
un critère de qualité est prise en considération dans cette étude. La
qualité dépend de l’origine du produit simplifiée en une distinction duale
Nord ou Sud. Les régions sont également caractérisées par l’abondance
ou la rareté de terre arable dont elles disposent.
1.2. Décomposition sectorielle
23 secteurs, dont 12 agricoles et agro-alimentaires ont été définis pour
cette étude (tableau 2). L’importance donnée à l’agriculture reflète la
forte spécialisation dans ce domaine des pays ACP. De plus, comparée à
l’industrie, l’agriculture reste fortement protégée internationalement
même si de nombreux pays ACP bénéficient déjà de tarifs préférentiels à
l’exportation en direction de l’Union européenne.
74
Revue de l’OFCE 107
LES ACCORDS DE PARTENARIAT ÉCONOMIQUE : QUELS ENJEUX POUR LE SÉNÉGAL ?
L’agriculture est un secteur particulièrement sensible pour l’économie
sénégalaise. En effet, ses exportations en direction de son principal
marché de destination, l’Union européenne, sont essentiellement
constituées de produits alimentaires, d’huiles végétales et graisses, de
fruits et légumes, et d’arachides. Les produits agricoles et les produits
chimiques, représentent également une part conséquente des
exportations du Sénégal vers le reste du monde. De manière plus
générale, les exportations des pays d’Afrique de l’Ouest, membres de la
CEDEAO, à destination de l’Union européenne sont principalement des
cultures agricoles, des fibres végétales, des matières premières (huile et
gaz), du bois, des minerais et des métaux, ainsi que des matériels de
transport.
2. Décomposition sectorielle
Secteur
Agriculture et Agro-alimentaire
Blé
Céréales
Cultures agricoles
Fruits et légumes
Autres produits agricoles
Viande
Riz
Huiles végétales et graisses
Lait cru et produits laitiers
Sucre
Boissons et tabac
Autres produits alimentaires
Matières premières et Industrie
Produits de la pêche
Matières premières
Textile et habillement
Pétrole et produits chimiques
Minerais et métaux
Produits de l’industrie automobile
Équipements électroniques et machines
Produits industriels non classifiés autre part
Autres produits industriels
Services
Commerce et transport
Autres services
Type de concurrence
Parfaite
Parfaite
Parfaite
Parfaite
Parfaite
Parfaite
Parfaite
Parfaite
Parfaite
Parfaite
Parfaite
Parfaite
Parfaite
Parfaite
Imparfaite
Imparfaite
Imparfaite
Imparfaite
Imparfaite
Imparfaite
Imparfaite
Parfaite
Imparfaite
75
Revue de l’OFCE 107
Valdete Berisha-Krasniqi, Antoine Bouët et Simon Mevel
Les importations du Sénégal, en provenance aussi bien de l’Union
européenne que du reste du monde, sont composées essentiellement de
produits chimiques, d’équipements électroniques et machines, de pétrole
et d’huile, de métaux, de produits de l’industrie automobile, des matériels
de transport, de textile, de produits alimentaires et de riz. En plus des
produits importés par le Sénégal de l’Union européenne, les pays
membres de la CEDEAO (incluant le Sénégal) importent du papier, des
minerais, des boissons et du tabac, du sucre et des produits laitiers.
Ainsi, le Sénégal exporte en général en direction de l’Union
européenne des produits faiblement protégés, alors qu’il importe au
contraire des produits à forte protection tarifaire.
La deuxième colonne du tableau 2 renseigne sur le type de
concurrence défini pour caractériser chaque secteur de l’étude; les
secteurs agricoles sont modélisés en concurrence parfaite alors que les
secteurs industriels et les services sont classifiés en concurrence
imparfaite. Le secteur des transports fait exception puisqu’il est considéré
comme un service mais est modélisé en concurrence parfaite 17.
2. Commerce et protection du Sénégal : description
de la situation actuelle
Le Sénégal est membre de deux importantes organisations régionales
économiques d’Afrique de l’Ouest : la CEDEAO et l’Union économique
et monétaire ouest-africaine (UEMOA). La première regroupe 16 pays
d’Afrique de l’Ouest et a pour principal objectif de renforcer l’intégration
régionale 18. La deuxième inclut 8 des 16 membres de l’organisation
précédente qui ont déjà établi une union douanière depuis 2000, avec un
tarif extérieur commun caractérisé par l’existence de quatre bandes
tarifaires 19. Par ailleurs, le Sénégal a signé deux accords avec l’Union
européenne lui donnant le droit d’exporter à un régime tarifaire
préférentiel, pour la quasi totalité des produits, vers le marché européen :
l’accord Cotonou et l’initiative « Tout sauf les armes ». Toutefois, ces
accords n’étant pas réciproques, l’Union européenne ne bénéficie
d’aucune exemption tarifaire quand elle exporte vers le Sénégal. En
réalité, le Sénégal impose une protection relativement élevée sur ses
importations en provenance de l’Union européenne, mais les
importations en provenance d’autres sources sont taxées de manière
17. Dans le modèle MIRAGE, le secteur des transports est traité de manière spécifique (voir
Decreux et Valin, 2008).
18. Le groupe de négociations de l’APE pour la CEDEAO comprend : le Bénin, le Burkina Faso,
le Cap-Vert, la Côte d’Ivoire, la Gambie, le Ghana, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Libéria, le Mali, le
Niger, le Nigéria, le Sénégal, la Sierra Léone, le Togo, et la Mauritanie.
19. Les membres de l’UEMOA sont : le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la GuinéeBissau, le Mali, le Niger, le Sénégal, et le Togo.
76
Revue de l’OFCE 107
LES ACCORDS DE PARTENARIAT ÉCONOMIQUE : QUELS ENJEUX POUR LE SÉNÉGAL ?
comparable. Pour cette raison, les APE qui prévoient des concessions
réciproques amélioreraient essentiellement l’accès aux marchés étrangers
pour l’Union européenne.
Les tableaux 3 et 4 reflètent respectivement les tarifs que le Sénégal
impose sur ses importations et qui pénalisent ses exportations vers le
reste du monde. Les tarifs imposés par le Sénégal sur ses importations
(tableau 3) sont relativement homogènes selon les pays d’origine pour un
même produit (moins entre produits). En revanche, les tarifs que le
Sénégal supporte sur ses exportations sont extrêmement hétérogènes à
la fois selon les pays de destination et les produits. Ainsi, les produits que
le Sénégal exporte vers l’Union européenne et les États-Unis ne font face
à quasiment aucune barrière tarifaire, alors que son commerce vers les
pays d’Asie, notamment l’Inde, et certains pays d’Afrique, est pénalisé par
une protection très élevée.
Le tableau 5 indique la répartition de la production du Sénégal en
2007. 28 % de la production totale du Sénégal est composée de produits
agricoles et agro-alimentaires. Néanmoins, les produits chimiques, les
produits de la pêche et les matières premières sont également importants
pour l’économie sénégalaise (tableau 5).
Sachant que l’APE a une dimension régionale, il est important
d’observer les relations commerciales et tarifaires entre le Sénégal et ses
partenaires de la CEDEAO. Le tableau 6 donne des informations sur
l’intensité du commerce et de la protection entre les membres de la
CEDEAO. Sans surprise, le Sénégal n’impose aucun tarif sur ses
importations en provenance des sept pays membres de l’UEMOA, les
8 pays membres ayant établi une union douanière en 2000. Au sein de
l’UEMAO, les importations du Sénégal sont particulièrement soutenues
en provenance du Mali, de la Mauritanie et de la Côte d’Ivoire. S’agissant
des pays de la CEDEAO non membres de l’UEMOA, le Sénégal impose
une protection relativement forte sur ses importations en provenance du
Nigéria (22,6 % de protection tarifaire moyenne) et du Ghana (14,2 %).
D’autre part, bien que le Sénégal bénéficie également d’un libre accès
quand il exporte vers les autres pays de l’UEMAO, ses exportations
restent marginales, à l’exception de celles en direction de la Côte d’Ivoire.
L’accès aux marchés des autres pays de la CEDEAO, pour le Sénégal,
varie fortement, le Sénégal faisant face à des protections tarifaires allant
de 0,3 %, quand il exporte vers le Nigéria, à 12,6 % lorsque ces
exportations sont dirigées à destination de la Gambie. C’est peut être un
élément qui explique que le Nigéria constitue le principal marché de
destination pour le commerce sénégalais, attirant pour l’essentiel des
produits agricoles et agro-alimentaires (tableau 7).
77
Revue de l’OFCE 107
78
N/A : Non disponible.
Source : Calculs réalisés par les auteurs, basés sur la base de données MAcMap-HS6.
5
5
11
20
5
9
10
17
18
20
20
14
6
5
17
9
6
12
7
17
6
5
5
7
19
5
20
10
19
18
19
15
13
9
5
18
9
11
14
7
12
8
N/A
N/A
17
N/A
N/A
5
N/A
9
N/A
N/A
20
10
10
0
20
7
9
16
8
20
5
N/A
N/A
18
20
5
5
10
9
N/A
20
20
17
N/A
0
13
9
7
12
8
19
10
3
5
11
4
2
9
1
6
1
17
10
6
11
3
6
5
7
6
5
7
4
N/A N/A
5
5
9
8
17
17
5
11
20
20
10
10
19
18
15
16
20
19
20
20
17
16
9
11
2
5
19
19
5
9
15
10
8
17
10
12
18
18
13
11
Reste du monde
5
5
7
20
6
16
10
14
12
20
20
15
11
5
15
7
6
13
8
18
8
Caraïbes et Pacifique
5
5
15
19
6
12
10
16
10
18
20
15
9
3
17
8
10
11
9
16
9
Reste de l’Afrique
Reste de l’Afrique de l’Ouest,
orientale et centrale
5
10
20
10
19
10
11
16
19
20
15
11
4
16
8
14
11
10
16
11
Nigéria
5
5
5
18
6
17
10
10
5
11
20
17
5
5
17
9
9
14
8
17
9
Reste de la CDAA
et de l’ESA
Japon
5
5
12
20
8
20
10
10
8
20
16
15
12
5
15
6
12
11
7
16
10
Afrique orientale et
australe (ESA)
Inde
5
5
11
17
7
20
10
11
5
20
19
15
6
3
17
6
13
9
9
19
12
Communauté
du développement de
l’Afrique australe (CDAA)
Chine
5
5
7
20
8
17
10
11
12
20
16
17
13
1
16
9
11
12
9
19
11
Afrique du Sud
Amérique du Sud
5
5
9
20
8
17
9
17
14
20
20
17
20
1
18
9
14
12
10
20
10
Reste de l’Asie
Reste de l’Amérique
du Nord et centrale
5
5
7
20
6
16
9
14
8
19
17
15
18
5
19
7
11
12
8
16
6
Thaïlande
États-Unis
5
5
6
19
5
20
10
18
10
20
17
14
8
5
17
6
10
12
8
17
8
5
5
10
19
5
15
10
19
7
19
16
15
14
5
14
6
7
11
9
13
7
Valdete Berisha-Krasniqi, Antoine Bouët et Simon Mevel
Blé
Céréales
Produits des cultures
Fruits et légumes
Autres produits agricoles
Viande
Riz
Huiles végétales et graisses
Lait cru et produits laitiers
Sucre
Boissons et tabac
Autres produits alimentaires
Produits de la pêche
Matières premières
Textile et habillement
Pétrole et produits chimiques
Minerais et métaux
Produits de l’industrie automobile
Equipements électro. et machines
Produits industriels non classifiés
Autres produits industriels
Union européenne
(27 membres)
Revue de l’OFCE 107
3. Tarifs imposés par le Sénégal sur ses importations (2001)
N/A : Non disponible.
Source : Calculs réalisés par les auteurs, basés sur la base de données MAcMap-HS6.
Caraïbes et Pacifique
Reste du monde
N/A 70
30
15
6 N/A
11
24
25
18
N/A N/A
0
32
0
5
N/A 15
N/A 148
81
11
32
25
25
15
5
44
26
22
21
20
N/A 18
19
20
5
73
20
34
Reste de l’Afrique
Nigéria
5
25
15
7
14
15
13
25
21
38
16
18
7
14
8
9
14
7
25
18
Reste de l’Afrique de l’Ouest,
orientale et centrale
N/A
5
0
0
15
8
6
N/A
2
0
1
15
5
4
13
10
0
12
31
43
25
21
24
7
17
6
17
7
9
22
16
Reste de la CDAA
et de l’ESA
N/A
8
3
9
40
N/A
10
47
Afrique orientale et
australe (ESA)
11
7
17
14
17
17
62
25
10
86
11
12
8
11
13
17
20
5
9
12
Communauté
du développement de
l’Afrique australe (CDAA)
Afrique du Sud
5
25
N/A
57
23
18
2
3
18
10
52
16
18
16
N/A N/A
8
28
3
60
1
8
34
60
N/A N/A
10
10
297
5
109 N/A
5
60
3
55
5
60
0
7
0
7
0
17
0
13
0
48
0
15
0
21
0
13
Reste de l’Asie
70
35
35
16
56
79
37
59
60
35
35
35
11
31
33
35
51
26
31
33
Thaïlande
N/A
29
23
2
40
Japon
9
9
15
9
11
13
9
8
14
19
14
14
9
10
10
10
18
10
14
13
Inde
6
10
4
3
9
49
0
25
4
36
2
1
3
6
3
5
2
2
2
4
Chine
Amérique du Sud
États-Unis
N/A N/A
0
0
0
0
0
5
0
0
N/A N/A
0
0
0
35
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
Reste de l’Amérique
du Nord et centrale
Céréales
Produits des cultures agricoles
Fruits et légumes
Autres produits agricoles
Viande
Riz
Huiles végétales et graisses
Lait cru et produits laitiers
Sucre
Boissons et tabac
Autres produits alimentaires
Produits de la pêche
Matières premières
Textile et habillement
Pétrole et produits chimiques
Minerais et métaux
Produits de l’industrie automobile
Equipements électroniques et machines
Produits industriels non classifiés
Autres produits industriels
18
16
14
8
16
11
8
15
12
23
18
17
6
12
8
19
12
9
17
20
N/A
32
72
8
88
N/A
17
34
N/A
46
33
27
22
15
26
22
36
23
19
25
2
6
43
6
22
0
8
1
45
335
25
26
1
2
4
7
12
7
17
16
13
7
22
4
19
2
18
13
18
34
11
7
5
4
8
9
7
4
3
7
LES ACCORDS DE PARTENARIAT ÉCONOMIQUE : QUELS ENJEUX POUR LE SÉNÉGAL ?
Union européenne
(27 membres)
4. Tarifs subis par le Sénégal sur ses exportations (2001)
79
Revue de l’OFCE 107
Valdete Berisha-Krasniqi, Antoine Bouët et Simon Mevel
5. Structure de la production du Sénégal en 2007 (en %)
Production
Agriculture et Agro-alimentaire
Blé
Céréales
Produits des cultures agricoles
Fruits et légumes
Autres produits agricoles
Viande
Riz
Huiles végétales et graisses
Lait cru et produits laitiers
Sucre
Boissons et tabac
Autres produits alimentaires
Matières premières et industrie
Produits de la pharmacie
Matières premières
Textile et habillement
Pérole et produits chimiques
Minerais et minéraux
Produits de l’industrie automobile
Equipements électroniques et machines
Produits industriels non classification
Autres produits industriels
28
0
3
0
2
5
3
3
1
1
0
2
7
17
2
2
1
5
2
1
1
0
3
Services
55
Commerce et transport
Autres services
8
47
Total
100
Source : Calculs réalisés par les auteurs, basés sur la base de données GTAP 6.2.
80
Revue de l’OFCE 107
LES ACCORDS DE PARTENARIAT ÉCONOMIQUE : QUELS ENJEUX POUR LE SÉNÉGAL ?
Les exportations bilatérales du Sénégal indiquent clairement qu’au
niveau mondial, l’Union européenne reste le principal marché de
destination de l’économie ouest-africaine. Plus de la moitié des
exportations du Sénégal sont réalisées à destination de l’Union
européenne, 17,1 % se font vers les pays de la CEDEAO et presque
autant sont dirigées vers l’Inde. De même, l’Union européenne est la
principale source des importations du Sénégal. Plus de 50 % des
importations sénégalaises proviennent du partenaire européen, 8,2 % des
États-Unis et 7,2 % de la Thaïlande. Les pays de la CEDEAO sont aussi
des sources d’importations non négligeables pour le Sénégal, notamment
le Nigéria (4,9 % des importations du Sénégal proviennent du Nigéria).
Le Sénégal exporte essentiellement des produits alimentaires à
destination de ses principaux partenaires économiques (Union
européenne, Chine, Nigéria, pays de l’UEMAO). Le pétrole et les
produits chimiques représentent également une part importante des
exportations du Sénégal en direction de l’Inde et des pays de l’UEMAO
(tableau 7).
Les importations du Sénégal sont principalement composées de riz
depuis l’Asie (en particulier la Thaïlande) et de produits des cultures
agricoles en provenance de la CDAA et de l’ESA. Le Sénégal importe
également une proportion non négligeable de produits industriels
(tableau 8). À noter que 99 % des importations du Sénégal en
provenance du Nigéria sont des matières premières, le Nigéria étant un
membre de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et
l’un des plus gros producteurs de pétrole.
81
Revue de l’OFCE 107
82
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
8,5
11,1
8,3
14,5
10,0
11,0
Sierra Léone
12,0
0,000
12,0
31,452
0,000
0,000
1,016
3,916
19,259
0,000
2,075
0,046
0,000
0,000
0,151
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
12,6
10,6
4,2
5,4
9,9
0,3
0,000
9,3
Importations
(millions de dollars)
0,509
0,063
Tarif moyen imposé par
le pays importateur (en %)
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,000
0,000
0,121
0,067
1,018
2,355
22,728
1,387
0,004
5,460
3,256
0,767
5,983
191,765
0,0
0,0
0,0
0,0
8,5
11,1
8,3
14,5
10,1
11,1
0,007
12,0
Mali
Importations
(millions de dollars)
0,441
0,004
26,748
0,019
0,038
24,849
14,142
29,540
0,057
20,655
0,030
0,086
2,975
14,214
Guinée-Bissau
Tarif moyen imposé par
le pays importateur (en %)
Importations
(millions de dollars)
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
8,5
11,1
8,3
14,5
10,0
11,0
Importations
(millions de dollars)
Tarif moyen imposé par
le pays importateur (en %)
Bénin
Burkina Faso
Côte d’Ivoire
Guinée-Bissau
Mali
Niger
Sénégal
Togo
Gambia
Ghana
Guinée
Libéria
Mauritanie
Nigéria
Côte d’Ivoire
Tarif moyen imposé par
le pays importateur (en %)
Importations
(millions de dollars)
Burkina Faso
Tarif moyen imposé par
le pays importateur (en %)
Bénin
0,0
0,0
0,0
0,0
0,035
0,000
32,872
0,000
0,000
0,000
3,809
0,000
0,630
0,000
0,236
0,000
0,000
0,000
0,0
0,0
0,0
8,5
11,1
8,3
14,5
10,1
11,1
0,141
44,200
1,962
0,000
0,238
1,205
0,000
0,000
1,558
0,000
12,0
0,000
Valdete Berisha-Krasniqi, Antoine Bouët et Simon Mevel
Exportateur
Importateur
Revue de l’OFCE 107
6. Commerce et protection entre les membres de la CEDEAO (2001)
6bis. Commerce et protection entre les membres de la CEDEAO (2001)
Source : Calculs réalisés par les auteurs, basés sur la base de données MAcMap-HS6.
0,131
0,196
0,000
93,491
0,028
0,000
0,000
1,189
0,000
0,000
0,032
25,000
0,036
0,000
0,000
0,093
0,000
5,0
9,7%
0,000
0,000
Import.ations
(millions de dollars)
7,9
6,4
0,9
0,7
36,0
9,0
10,4
10,8
19,4
6,1
10,2
6,2
10,3
18,9
11,7
5,6
4,2
Nigéria
Tarif moyen imposé par
le pays importateur (en %)
0,000
25,839
0,008
0,244
6,446
4,404
0,000
7,567
12,679
112,192
0,000
0,935
8,870
5,456
58,910
0,245
Importations
(millions de dollars)
12,6
10,6
4,2
5,4
9,9
0,3
9,3
17,5
11,0
37,2
19,6
12,5
16,4
14,2
19,2
14,5
Tarif moyen imposé par
le pays importateur (en %)
0,734
2,204
4,488
0,540
2,108
0,090
174,034
0,029
2,378
1,384
28,119
0,000
0,000
0,061
6,807
Importations
(millions de dollars)
0,0
12,6
10,6
4,2
5,4
9,9
0,3
9,3
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
Mauritanie
Tarif moyen imposé par
le pays importateur (en %)
0,565
9,086
0,000
5,542
0,020
0,000
0,030
15,239
0,000
0,991
0,045
54,813
0,000
0,000
0,013
Ghana
Importations
(millions de dollars)
0,0
0,0
8,5
11,1
8,3
14,5
10,0
11,0
12,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
Togo
Tarif moyen imposé par
le pays importateur (en %)
6,069
3,982
23,926
0,000
0,582
Importations
(millions de dollars)
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
Tarif moyen imposé par
le pays importateur (en %)
Importations
(millions de dollars)
Sénégal
Tarif moyen imposé par
le pays importateur (en %)
Bénin
Burkina Faso
Côte d’Ivoire
Guinée-Bissau
Mali
Niger
Sénégal
Togo
Gambia
Ghana
Guinée
Libéria
Mauritanie
Nigéria
Sierra Léone
Niger
45,4
89,1
43,3
12,6
34,2
28,0
22,6
32,5
34,3
46,3
24,9
29,1
7,1
15,479
0,029
6,752
0,246
0,062
41,503
2,991
7,357
0,163
10,897
1,803
0,150
14,989
27,9%
0,003
LES ACCORDS DE PARTENARIAT ÉCONOMIQUE : QUELS ENJEUX POUR LE SÉNÉGAL ?
Importateur
Exportateur
83
Revue de l’OFCE 107
84
Afrique du Sud
28
5
16
Reste du monde
Reste de l’Asie
23
Caraïbes et Pacifique
Thaïlande
17
Reste de l’Afrique
Japon
7
Reste de l’Afrique de l’Ouest,
orientale et centrale
Inde
72
Nigéria
Chine
17
Reste de la CDAA
et de l’ESA
Amérique du Sud
17
Afrique orientale et
australe (ESA)
Reste de l’Amérique
du Nord et centrale
10
Communauté
du développement de
l’Afrique australe (CDAA)
États-Unis
53
2
1
76
29
46
17
16
Blé
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
Céréales
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
Produits des cultures agricoles
1
0
3
0
0
0
1
0
0
0
0
0
0
0
0
1
0
0
Fruits et légumes
3
0
2
0
0
6
0
0
1
0
0
0
0
0
0
2
0
0
Autres produits agricoles
2
0
2
14
0
0
0
3
5
0
0
0
0
0
0
25
0
1
Viande
0
0
0
0
5
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
Riz
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
Huiles végétales et graisses
11
7
1
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
14
8
Lait cru et produits laitiers
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
2
0
0
0
1
0
0
0
Sucre
1
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
1
1
1
1
0
1
1
1
1
1
0
0
0
1
0
1
1
35
1
8
1
65
0
14
17
21
1
10
1
0
75
26
18
1
5
Boissons et tabac
Autres produits alimentaires
Valdete Berisha-Krasniqi, Antoine Bouët et Simon Mevel
Agriculture et Agro-alimentaire
Union européenne
(27 membres)
Revue de l’OFCE 107
7. Exportations bilatérales du Sénégal, par secteur et pour l’année 2007 (volume, en %)
Afrique du Sud
5
0
21
0
18
0
Reste du monde
Reste de l’Asie
9
0
Caraïbes et Pacifique
Thaïlande
5
0
Reste de l’Afrique
Japon
90
0
Reste de l’Afrique de l’Ouest,
orientale et centrale
Inde
5
0
Nigéria
Chine
12
0
Reste de la CDAA
et de l’ESA
Amérique du Sud
11
3
Afrique orientale et
australe (ESA)
Reste de l’Amérique
du Nord et centrale
10
1
Communauté
du développement de
l’Afrique australe (CDAA)
États-Unis
20
10
37
0
32
0
11
0
70
0
0
0
0
0
0
4
1
1
1
1
1
31
1
1
1
2
2
1
7
0
13
0
1
1
0
1
1
8
1
1
1
1
2
1
2
0
0
0
1
15
0
0
1
1
0
0
0
58
0
0
0
7
11
8
13
8
32
0
0
0
3
0
1
0
0
0
0
1
0
8
1
6
3
1
11
1
1
1
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
4
0
0
1
1
0
2
3
3
1
0
0
1
3
0
1
0
14
0
1
5
2
1
0
1
2
1
0
0
0
0
0
0
1
1
1
1
0
1
1
1
2
2
1
1
0
3
0
1
3
0
1
1
2
7
1
5
2
1
0
Services
27
80
72
71
23
3
77
68
67
74
66
61
67
13
1
0
0
0
Commerce et transport
Autres services
10
25
25
32
11
1
35
29
26
41
26
28
9
4
0
10
24
29
17
55
47
38
11
1
42
39
41
33
40
32
59
9
1
22
53
45
100
100
100
100
100
100
100
100
100
100
100
100
100
100
100
100
100
100
Total
Note : Ces calculs, basés sur la base GTAP 6.2 avec données de 2001, incluent les changements majeurs intervenus entre 2001 et 2007 tels que : l’adhésion des nouveaux membres à l’OMC, l’initiative
« Tout sauf les armes », AGOA, l’élargissement de l’Union européenne, la suppression de l’accord multifibres.
Source : Calculs réalisés par les auteurs, basés sur la base de données GTAP 6.2.
LES ACCORDS DE PARTENARIAT ÉCONOMIQUE : QUELS ENJEUX POUR LE SÉNÉGAL ?
Matières premières et Prod. indust.
Produits de la pêche
Matières premières
Textile et habillement
Pétrole et produits chimiques
Minerais et métaux
Produits de l’industrie automobile
Equip. électroniques et machines
Produits industriels non classifiés
Autres produits industriels
Union européenne
(27 membres)
7bis. Exportations bilatérales du Sénégal, par secteur et pour l’année 2007 (volume, en %)
85
Revue de l’OFCE 107
86
1
1
2
0
0
0
0
0
0
0
15
0
0
0
0
Reste du monde
3
Caraïbes et Pacifique
Blé
Céréales
Reste de l’Afrique
88
Reste de l’Afrique de l’Ouest,
orientale et centrale
Thaïlande
5
Nigéria
Japon
3
Reste de la CDAA
et de l’ESA
Inde
20
Afrique orientale et
australe (ESA)
Chine
62
Communauté
du développement de
l’Afrique australe (CDAA)
Amérique du Sud
3
Afrique du Sud
Reste de l’Amérique
du Nord et centrale
17
Reste de l’Asie
États-Unis
21
Agriculture et Agro-alimentaire
30
11
40
65
1
0
34
24
5
10
0
0
0
0
0
0
0
0
0
1
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
Produits des cultures agricoles
1
9
1
3
15
0
0
0
0
0
37
64
0
0
0
0
2
2
Fruits et légumes
1
0
0
0
0
0
0
0
0
7
0
0
0
0
4
3
0
0
Autres produits agricoles
0
0
0
1
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
15
0
0
0
Viande
1
3
0
2
0
2
0
0
2
0
0
0
0
0
0
0
1
1
Riz
0
0
0
2
4
0
5
88
23
0
0
0
0
0
0
7
0
0
Huiles végétales et graisses
2
1
0
25
0
0
0
0
4
0
0
0
0
0
3
0
0
0
Lait cru et produits laitiers
4
0
0
6
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
2
0
2
Sucre
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
Boissons et tabac
Autres produits alimentaires
1
1
0
0
0
0
0
0
0
1
0
0
0
0
0
1
0
0
7
0
0
5
0
0
0
0
0
3
2
0
0
0
11
11
0
4
Valdete Berisha-Krasniqi, Antoine Bouët et Simon Mevel
Union européenne
(27 membres)
Revue de l’OFCE 107
8. Importations bilatérales du Sénégal, par secteur et pour l’année 2007 (volume, en %)
Services
Commerce et transport
Autres services
Total
0
0
0
0
0
0
9
18
0
0
0
0
0
Reste du monde
0
0
Caraïbes et Pacifique
0
Reste de l’Afrique
10
Reste de l’Afrique de l’Ouest,
orientale et centrale
Thaïlande
74
Nigéria
Japon
91
Reste de la CDAA
et de l’ESA
Inde
74
Afrique orientale et
australe (ESA)
Chine
30
Communauté
du développement de
l’Afrique australe (CDAA)
Amérique du Sud
72
Afrique du Sud
Reste de l’Amérique
du Nord et centrale
49
Reste de l’Asie
États-Unis
Produits de la pêche
Matières premières
Textile et habillement
Pétrole et produits chimiques
Minerais et métaux
Produits de l’industrie automobile
Equip. électroniques et machines
Produits industriels non classifiés
Autres produits industriels
67
42
85
38
13
44
100
65
69
53
73
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
2
2
2
2
99
3
0
2
7
3
2
1
0
33
18
28
3
18
1
1
1
0
0
5
15
2
4
19
11
2
15
8
26
7
2
7
35
33
3
41
0
19
12
7
27
9
3
8
7
10
30
6
4
1
17
1
1
0
0
9
21
34
19
5
1
1
0
2
2
6
0
1
8
0
1
0
0
0
2
1
3
23
19
8
4
12
10
20
1
11
6
1
0
0
0
2
14
5
9
1
2
0
0
2
1
0
0
1
0
0
2
0
0
1
1
1
0
7
2
33
4
7
4
5
0
3
17
0
3
0
0
26
4
1
3
11
34
24
8
6
6
22
2
28
4
22
22
55
0
1
6
43
17
4
14
9
3
2
1
10
1
8
2
9
12
27
0
1
3
18
7
7
19
15
5
3
5
11
0
20
2
13
10
28
0
0
3
24
9
100
100
100
100
100
100
100
100
100
100
100
100
100
100
100
100
100
100
Source : Calculs réalisés par les auteurs, basés sur la base de données GTAP 6.2.
LES ACCORDS DE PARTENARIAT ÉCONOMIQUE : QUELS ENJEUX POUR LE SÉNÉGAL ?
Matières premières et Prod. indust.
Union européenne
(27 membres)
8bis. Exportations bilatérales du Sénégal, par secteur et pour l’année 2007 (volume, en %)
87
Revue de l’OFCE 107
Valdete Berisha-Krasniqi, Antoine Bouët et Simon Mevel
3. Scénarios de libéralisation et résultats
3.1. Description des scénarios
Quatre évaluations ont été faites pour cette étude. La première est un
scénario de libéralisation complète, soit l’élimination totale des
distorsions affectant le commerce international, dans tous les secteurs et
dans tous les pays : il s’agit bien évidemment d’un scénario peu probable,
mais il sert de point de repère pour les trois autres évaluations, qui
concernent la mise en place des APE. Bien que l’étude soit centrée sur
l’Afrique de l’Ouest et en particulier le Sénégal, nous modélisons la mise
en place des six accords de partenariat entre l’UE et les pays ACP. Dans
la première évaluation (appelée « Scénario APE »), la mise en place des
six APE dans toutes les zones est comparée à une absence de
changement des politiques commerciales dans le monde. Dans la
deuxième évaluation appelée scénario « Réaliste », nous étudions la
situation actuelle où certains pays ont signé les APE, d’autres pas. Par
exemple en Afrique occidentale, seuls la Côte d’Ivoire et le Ghana ont
accepté. Nous procédons finalement à une dernière évaluation où la mise
en place de tous les APE est comparée à une situation de référence qui
est une application des droits SGP aux pays ACP non PMA. Les résultats
de cette évaluation ne sont pas indiqués dans les tableaux du corps du
texte pour ne pas gêner la lecture des résultats : ils sont placés en annexe
et commentés juste avant la conclusion. Les projections de croissance de
la population active et de croissance de la productivité totale des facteurs
sont incorporés à la fois dans le scénario de référence et dans toutes les
simulations, de telle sorte que la différence entre les deux trajectoires
économiques reflètent bien, et uniquement, l’impact des réformes
commerciales mises en place. Les politiques sont évaluées jusqu’en 2023.
Pourquoi toutes ces estimations ? D’une part, il faut savoir si les pays
qui ont refusé de signer ont eu raison de le faire. D’autre part il faut aussi
réaliser une analyse de sensibilité sur la situation contrefactuelle, et pas
seulement sur l’accord lui-même. D’un côté, l’UE souligne que la seule
alternative aux APE est une annulation pure et simple du régime de
Cotonou : cela signifierait que les taxes portant sur les exportations à
destination de l’UE des pays ACP ne faisant pas partie du groupe des
PMA seraient, au 1er janvier 2008, augmentées au niveau des droits SGP,
seule autre préférence accordée par l’UE à ces pays. Nous évaluons donc
cette option, selon laquelle parallèlement les PMA sont toujours eux
bénéficiaires du régime TSA. Mais d’un autre côté, il semble assez difficile
de considérer qu’en 2008, l’UE va augmenter des droits de douane sur
des importations en provenance de pays en développement, appartenant
pour la plupart au groupe des Petites Economies Vulnérables 20. Il peut
20. L’acronyme anglais est SVE pour Small and Vulnerable Economies.
88
Revue de l’OFCE 107
LES ACCORDS DE PARTENARIAT ÉCONOMIQUE : QUELS ENJEUX POUR LE SÉNÉGAL ?
être même considéré que cet élément a été introduit par l’UE dans la
négociation pour accroître les pressions sur les pays ACP et les inciter à
signer les APE 21. Les deux situations contrefactuelles sont intéressantes.
Bien qu’elles aient commencé en 2002, les négociations des APE ne
sont pas terminées et toutes les modalités de ces accords ne sont pas
encore connues. Néanmoins l’Accord de Cotonou et une série de
documents officiels fournissent des informations relativement détaillées
sur les modalités de cette réforme. Un des principaux aspects de ces
accords est la création d’accords de libre-échange réciproques. À cet
égard l’OMC requiert « que les droits de douane et les autres
réglementations commerciales restrictives [soient]… éliminés pour
l'essentiel des échanges commerciaux entre les territoires constitutifs de
l'union » ou de la zone de libre-échange (article XXIV, 8). Richardson
(2007) note que l’Union européenne a interprété que « l’essentiel des
échanges » pouvait être entendu comme 90 % du commerce réciproque,
soit 100 % des flux pays ACP–UE et 80 % des flux UE–pays ACP. Cette
interprétation permet d’exclure un certain nombre de produits, dits
sensibles dans la libéralisation des importations des pays ACP. L’accord
prévoit que la détermination de cette liste de produits sensibles doit se
faire au niveau régional.
Cette étude étant menée avant l’échéance de décembre 2007 inscrite
dans le texte de l’accord, nous envisageons une mise en place en janvier
2008 des réformes suivantes.
— Chaque groupe APE (le groupe CEDEAO en particulier) met en
place progressivement une zone de libre-échange à partir de janvier 2008.
— L’Union européenne donne un accès libre à chaque groupe de pays
en six ans et sur 100 % de leurs exportations.
— Chaque groupe de négociation APE donne un accès libre aux
produits européens sur douze ans et pour seulement 80 % des
exportations de l’UE. Ainsi une liste de « produits sensibles » est
constituée au niveau de chaque région et définit des produits exclus de la
libéralisation.
Il y a donc une double asymétrie dans la mise en place de ces accords,
en termes de couverture de la libéralisation (100 % contre 80 %) et en
termes de période de mise en place (douze contre six ans). Ensuite, pour
sélectionner les produits sensibles nous utilisons le cadre méthodologique
établi par Jean, Laborde et Martin (2005) qui sur la base d’un modèle
d’économie politique « à la Helpman-Grossman », calculent au niveau fin
un indice de sensibilité à partir des tarifs et du commerce initiaux. La liste
des produits sensibles est ainsi établie sur la base de la maximisation de
cet indice, tant que ces produits ne représentent pas plus de 20 % des
importations totales de la région. Le travail est réalisé au niveau HS6
21. Évidemment, il faut souligner que les pays ACP qui n’ont pas signé au 1er janvier 2008
continuent de bénéficier du régime de Cotonou.
89
Revue de l’OFCE 107
Valdete Berisha-Krasniqi, Antoine Bouët et Simon Mevel
(5,113 produits), 150 pays importateurs et 230 pays exportateurs. Les
données tarifaires sont ensuite agrégées au niveau GTAP selon la
procédure de la pondération par des groupes représentatifs (voir Bouët
et al., 2008).
En ce qui concerne l’intégration régionale, les pays ACP mettent
progressivement en place des mesures de libéralisation de leur
commerce, soit dans le but de constitution de zones de libre-échange,
soit dans le but de constitution d’unions douanières 22. Le groupe
CEDEAO, qui est particulièrement important pour cette étude puisqu’il
inclut le Sénégal, est officiellement une zone de libre-échange depuis
janvier 2000 (ECDPM 2006b), la CEMAC depuis décembre 2000
(ECDPM 2006a). En 2000 toujours, neuf pays du COMESA 23 ont établi
une zone de libre-échange et d’autres pays membres de ce groupe
régional sont supposés mettre en place une union douanière en janvier
2008 (ECDPM 2006e). Les pays du Pacifique ont signé un accord de libreéchange en 2001 appelé le « Pacific Island Countries Trade Agreement »
(ECDPM 2006d). En outre les pays des Caraïbes, appartenant au groupe
CARICOM, ont pour objectif de créer un marché unique en janvier 2008,
mais cette réforme est pour l’essentiel une zone de libre-échange
(ECDPM 2006c). Bien que ces accords indiquent des progrès dans
l’intégration régionale de ces pays, de nombreux obstacles politiques et
administratifs demeurent et beaucoup de ces accords ne sont en fait pas
mis en place. La base de données d’accès au marché, sur laquelle se fonde
cette étude, fait état de cette intégration initiale imparfaite.
3.2. Description des résultats
Les simulations réalisées à l’aide du modèle MIRAGE fournissent de
nombreux indicateurs appréciant l’impact de ces accords sur le Sénégal
et les pays ACP en général. Cette masse d’information est résumée dans
les tableaux 9 à 16, le graphique 1 et l’annexe, et nous nous
concentrons sur le revenu réel, le commerce, les recettes tarifaires et le
taux de change réel.
Sur le tableau 9, trois scénarios sont donc évalués à l’aune de leur
impact sur le revenu réel national. Nous indiquons les impacts sur les
seuls pays concernés directement par les accords, les effets sur les autres
zones étant négligeables. Pour chaque scénario, l’effet global est mesuré
en milliards de dollars américains et en taux de variation, puis sont
indiqués les effets d’efficience allocative (variation des surplus des agents)
et les effets termes de l’échange.
22. Voir ECDPM (2006a–e) pour le détail de ces initiatives.
23. COMESA est l’acronyme anglais pour Common Market for Eastern and Southern Africa.
Les pays membres sont : Burundi, Comores, République démocratique du Congo, Erythrée,
Ethiopie, Kenya, Lybie, Madagascar, Malawi, Maurice, Rwanda, Seychelles, Soudan, Swaziland,
Ouganda, Zambie, Zimbabwe.
90
Revue de l’OFCE 107
9. Variation des revenus réels en 2023 (réforme par rapport au scénario de référence)
Gains de revenu réel (en %)
10,096
0,1
0,1
0,0
8,410
0,1
0,1
0,0
0,3
0,268
0,2
0,1
0,0
0,312
0,2
0,1
0,0
-0,213
-0,4
-0,4
0,3
1,078
2,1
-0,4
1,9
1,083
2,1
-0,4
0,5
1,0155
1,7
-0,9
1,2
0,702
1,2
-0,5
0,9
0,615
1,0
-0,4
0,0
Reste de la CDAA et de l’ESA
-0,186
-0,6
-0,2
-0,3
-0,133
-0,5
1,0
-0,6
-0,126
-0,4
1,0
-0,6
Nigéria
0,0893
0,3
2,3
0,1
-0,227
-0,6
0,2
0,0
-0,043
-0,1
0,0
0,0
Sénégal
Reste de l’Afrique de l’Ouest,
orientale et centrale
Reste de l’Afrique
Caraïbes et Pacifique
-0,033
-0,5
0,3
-1,6
-0,020
-0,3
0,0
-0,8
0,004
0,1
0,0
-0,7
-0,795
-0,4
-0,1
-0,8
-0,709
-0,4
0,1
-0,5
0,093
0,0
0,1
-0,6
2,3148
-0,064
0,5
0,0
3,0
0,0
-1,8
-0,1
0,054
0,908
0,0
0,4
0,0
-0,3
0,0
0,4
0,098
1,009
0,0
0,4
0,0
-0,4
0,0
-0,2
Source : calculs des auteurs basés sur la base de données GTAP6.2 et le modèle MIRAGE.
Gains des termes
de l'échange (en %)
0,1
0,8
Gains d'efficience
allocative (en %)
0,6
1,3
Gains des termes
de l'échange (en %)
0,8
2,1761
Gains d'efficience
allocative (en %)
89,125
Afrique du Sud
Communauté du développement
de l’Afrique australe (CDAA)
Afrique orientale et australe (ESA)
Gains d'efficience
allocative (en %)
Union européenne (27 membres)
Gains de revenu réel
(en milliards de dollars)
Gains de revenu réel
(en milliards de dollars )
Gains de revenu réel
(en milliards de dollars )
Scénario "Réaliste"
Gains des termes
de l'échange (en %)
Gains de revenu réel (en %)
Scénario APE
LES ACCORDS DE PARTENARIAT ÉCONOMIQUE : QUELS ENJEUX POUR LE SÉNÉGAL ?
Gains de revenu réel (en %)
Libéralisation complète
91
Revue de l’OFCE 107
Valdete Berisha-Krasniqi, Antoine Bouët et Simon Mevel
D’autres effets existent, par exemple ceux sur l’accumulation des
facteurs de production ou sur le degré de différenciation des produits
de telle sorte que pour chaque scénario l’addition des deux dernières
colonnes ne donne pas l’effet global. Le tableau 10 indique les variations
de taux de change réel des seuls pays concernés par les APE et pour
seulement les scénarios « APE » et « Réaliste » (là encore dans le souci
de ne pas surcharger la lecture de ces résultats). Enfin les tableaux 11
et 12 indiquent les variations de commerce bilatéral impliquées par ces
mêmes scénarios. Les tableaux 13, 14, 15 et 16 fournissent les
variations d’exportations et d’importations du Sénégal impliquées par les
APE, par secteur et par partenaire, d’abord dans le cadre du scénario
« APE » (tableaux 13 et 14), puis dans celui du scénario « Réaliste »
(tableaux 15 et 16).
10. Variations du taux de change effectif réel impliquées par les APE en 2023
Scenario APE
Scenario
"Réaliste"
Union européenne (27 membres)
0,30
-0,12
Afrique du Sud
0,80
-0,19
Communauté du développement
de l’Afrique australe (CDAA)
0,57
5,71
Afrique orientale et australe (ESA)
2,65
2,66
Reste de la CDAA et de l’ESA
-0,41
-2,91
Nigéria
-4,11
-0,60
Sénégal
-1,49
0,02
Reste de l’Afrique de l’Ouest,
orientale et centrale
-2,30
-0,36
Reste de l’Afrique
-6,89
0,01
Caraïbes et Pacifique
0,20
1,79
Région
Source : calculs des auteurs basés sur la base de données GTAP6.2 et le modèle MIRAGE
En fait les pays ACP peuvent être classés en trois groupes de pays
selon la nature de la dynamique qui est enclenchée. Le premier groupe
de pays comprend la CDAA, ESA, la zone Caraïbes et Pacifique : ce sont
les pays qui captent la plus grande part des bénéfices en termes de revenu
réel notamment (cf. tableau 9). La mise en place des APE provoque une
forte croissance de leurs exportations : les membres de la CDAA
augmentent par exemple leurs ventes à direction de l’UE et à l’intérieur
92
Revue de l’OFCE 107
LES ACCORDS DE PARTENARIAT ÉCONOMIQUE : QUELS ENJEUX POUR LE SÉNÉGAL ?
de la CDAA (cf. tableau 13). Un phénomène similaire se produit pour les
zones ESA et Pacifique et Caraïbes. En fait, les exportations de viande de
la CDAA, de ESA et de la région Pacifique et Caraïbes à destination de
l’UE se heurtent initialement à un équivalent tarifaire de 121,2 %, 99,9 %,
et 165,5 %, respectivement. Pour le sucre, ces équivalents tarifaires sont
de 81,4 %, 81,3 %, et 23 %, respectivement. Le bouclage du modèle
macroéconomique demande une appréciation du taux de change réel afin
de maintenir la balance courante constante (tableau 10) et ces régions
importent plus en provenance de toutes les autres régions du monde
(excepté la Thaïlande). Ainsi pour ce groupe de pays la réforme APE est
principalement créatrice de commerce.
Le deuxième groupe de pays ou zones est composé de pays tels que
le Nigéria, le Sénégal et la zone reste de l’Afrique de l’Ouest, orientale et
centrale. Tous connaissent une baisse de leur revenu réel en 2023
provoquée par les APE (tableau 9). En fait, la mise en place de cette
réforme ne provoque pas de gain substantiel en termes d’accès au
marché comme pour le premier groupe : les exportations du Sénégal par
exemple vers l’Union européenne ne sont initialement pas taxées (voir
tableau 4). Dès lors l’effet principal de la réforme est d’accroître les
importations du Sénégal en provenance de l’UE au détriment des
importations en provenance du reste du monde qui restent taxées au
niveau initial. L’effet détournement de commerce est donc majeur.
L’effet prédominant est la croissance des importations en provenance
de l’UE de telle sorte que les taux de change réels des pays/zones de ce
groupe se déprécient afin de maintenir le solde courant constant. Les
exportations du Sénégal à destination du monde entier bénéficient de cet
effet. Dans le cas du Nigéria, ses exportations vers les autres pays
d’Afrique de l’Ouest n’augmentent pas malgré la mise en place de l’union
douanière car elles sont principalement composées de produits primaires,
notamment du pétrole, qui sont initialement peu, ou pas du tout, taxés à
l’importation.
Enfin, les termes de l’échange de ces pays se détériorent, ce qui est la
conséquence classique des détournements de commerce, et d’une
structure de tarifs différenciés selon les pays partenaires. Le Sénégal
importe par exemple plus de riz de l’UE et moins de Thaïlande, plus de
viande de l’UE et moins d’Amérique du Sud et d’Amérique du Nord, plus
de textile/habillement de l’UE et moins de Chine, d’Inde, d’Amérique
centrale et d’Afrique du Sud… (cf. tableau 14). En outre la détérioration
des termes de l’échange est aussi alimentée par une concurrence accrue
reçue par le Sénégal sur ses exportations à destination de l’UE qui s’ouvre
à d’autres pays.
93
Revue de l’OFCE 107
94
Reste de l’Afrique
Caraïbes et Pacifique
Reste du monde
Reste de l’Afrique de l’Ouest,
orientale et centrale
Sénégal
0,2
48,2
0,2
1,3
-17,8 -15,4 -12,3
-15,4
-0,2
0,5
0,0
14,2
6,6
-10,1
-9,8
-8,9
-0,3
2,1
-0,1
0,0
Inde
Japon
Thaïlande
Reste de l’Asie
Afrique du Sud
-0,2
0,1
0,2
0,1
0,3
0,1
0,1
0,1
0,2
1,3
38,3
39,4
-0,1
-0,1
0,0
-0,1
0,0
-0,1
0,0
0,0
0,0
1,3
2,7
-0,2
0,0
0,1
-0,2
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
2,3
Reste de la CDAA
et de l’ESA
31,3
Afrique orientale et
australe (ESA)
Nigéria
Communauté
du développement de
l’Afrique australe (CDAA)
14,3
Chine
Reste de l’Amérique
du Nord et centrale
28,1
Amérique du Sud
Union européenne
(27 membres)
États-Unis
Reste de l’Amérique
du Nord et centrale
Amérique du Sud
États-Unis
Exportateurs
39,5
-7,0
-1,0
0,2
0,3
0,0
0,3
0,2
0,2
0,4
0,3
3,8
16,8
12,9
-21,5 -13,4 -14,2
-10,4
-0,1
2,6
Chine
0,1
0,2
0,1
-0,1
0,0
-0,1
0,0
0,0
0,0
3,5
11,3
2,4
-12,0 -13,0 -12,0
-10,2
-0,1
1,7
0,0
Inde
0,2
0,2
0,2
0,0
0,1
0,0
0,1
0,2
0,1
2,9
11,7
4,1
-12,1 -13,8 -11,3
-10,6
0,0
2,3
0,1
Japon
Thaïlande
Reste de l’Asie
Afrique du Sud
CDAA
0,1
0,0
0,1
0,0
0,1
0,0
0,0
0,1
0,1
1,2
0,8
-5,9
-11,7 -25,8 -19,5
-19,9
0,0
-8,0
0,0
-0,1
0,1
0,1
-0,1
0,3
-0,2
-0,1
0,0
0,0
2,5
14,5
6,2
-12,3
-8,8
-6,7
-10,1
-0,2
2,8
0,0
0,0
0,1
0,1
-0,1
0,0
-0,1
-0,1
0,0
0,0
2,8
14,0
5,5
-11,0 -11,7
-9,6
-10,6
-0,2
2,2
0,0
-1,9 -2,3 -2,3 -2,4 -2,5 -2,3 -2,4
1,2
-28,9 -21,8 -25,5 -31,5 -22,2 -27,8 -26,9 -28,7
13,0
52,4
2,9
-25,5
-2,4 -2,2
91,4 -44,6
-19,6 -15,3 -13,8
-38,2 -32,9 -32,7
-12,5 -2,1
1,3 -2,3
-38,7 -24,1 -28,5 -28,5
Valdete Berisha-Krasniqi, Antoine Bouët et Simon Mevel
Importateurs
Union européenne
(27 membres)
Revue de l’OFCE 107
11. Variations de commerce bilatéral impliquées par les APE en 2023 (volume en %) – Scénario « APE »
11bis. Variations de commerce bilatéral impliquées par les APE en 2023 (volume en %) – Scénario « APE »
55,2 -19,9
Reste de la CDAA
et de l’ESA
15,7
6,2
10,5
6,4
5,8
9,0
11,9
11,5
7,1
Nigéria
5,1
2,4
5,1
2,2
2,9
5,8
5,7
6,8
Sénégal
5,7
6,6
6,5
6,7
7,4
8,9
6,3
12,9
7,9
7,4
7,1
9,3
6,4
0,0
0,2
0,1
-0,1
0,1
74,1 -10,1
-9,1
-7,7
0,1
-0,2
Reste de l’Afrique
de l’Ouest,
orientale et centrale
Reste de l’Afrique
Caraïbes et Pacifique
Reste du monde
0,0
0,0
-13,1 -12,3 -17,1 -17,6 -13,4 -18,5 -18,6 -14,0
5,9
-9,8
17,3
90,1
26,2
4,3
3,9
25,9
6,7
6,8
8,5
7,2
7,3
8,2
-0,1
0,1
0,2
-8,0
-8,2
-7,1
-0,1
0,0
0,0
Source : calculs des auteurs basés sur la base de données GTAP6.2 et le modèle MIRAGE.
626,6 -22,4 -22,2
1,0
-14,7 -19,6
Reste du monde
Caraïbes et Pacifique
Reste de l’Afrique
Reste de l’Afrique de l’Ouest,
orientale et centrale
Sénégal
Nigéria
Reste de la CDAA
et de l’ESA
Afrique orientale et
australe (ESA)
Communauté
du développement de
l’Afrique australe (CDAA)
Afrique du Sud
Reste de l’Asie
Thaïlande
Japon
Inde
Chine
Amérique du Sud
Reste de l’Amérique
du Nord et centrale
États-Unis
ESA
-4,9 -15,6
3,9
2,3
21,5
11,4
3,1
12,1
13,6
-2,2 -10,4
-2,6
-9,2
7,6
-3,8
6,2
22,7
14,4
-5,9
37,8
-0,8
2,6
7,7
13,3
6,5
12,3
35,5
24,3
4,9
70,6
-0,6
8,0
7,3
10,0
7,9
0,1
2,6
16,0
6,7
-16,7 -11,1 -11,7
-10,4
0,0
4,1
0,1
-7,0
-8,8
-4,7
4,6
-0,2
-16,1 -15,1 -15,2
-16,9
-9,0
30,0
-8,1
0,0
0,0
2,2
14,0
9,0
-12,4 -13,4 -10,1
-10,2
-0,1
3,1
0,0
LES ACCORDS DE PARTENARIAT ÉCONOMIQUE : QUELS ENJEUX POUR LE SÉNÉGAL ?
Exportateurs
Union européenne
(27 membres)
Importateurs
95
Revue de l’OFCE 107
96
Thaïlande
Reste de l’Asie
Afrique du Sud
Nigéria
Sénégal
Reste de l’Afrique
Caraïbes et Pacifique
Reste du monde
Reste de l’Afrique de l’Ouest,
orientale et centrale
Japon
0,6
0,4
0,3
0,4
0,4
1,6
38,7
27,3
39,9
-1,3
0,3
12,4
0,4
48,4
0,4
-0,3
0,0
0,0
-0,1
0,0
0,1
-0,1
0,1
0,1
1,4
2,7
2,0
-17,8
-1,5
-0,2
-5,8
-0,3
1,0
-0,1
-0,4
0,0
0,1
-0,1
0,0
0,2
0,0
0,1
0,1
2,4
14,3
6,0
-10,1
-1,1
-0,8
-3,5
-0,4
2,6
-0,1
-1,2
0,2
0,3
0,0
0,3
0,3
0,2
0,4
0,3
4,0
16,9
11,7
-21,8
-1,8
-0,7
-3,6
-0,1
3,3
0,0
0,0
0,2
0,1
-0,1
0,0
0,1
-0,1
0,0
0,0
3,5
11,4
3,2
-12,1
-1,3
-0,7
-3,5
-0,2
2,1
0,0
Inde
-0,1
0,0
0,1
-0,2
0,0
0,0
-0,1
0,0
0,0
2,9
11,7
4,2
-12,3
-1,2
-0,6
-4,0
-0,2
2,6
-0,1
Japon
-0,2
0,0
0,1
-0,1
0,1
0,1
0,0
0,1
0,1
1,2
0,8
-4,1
-11,9
-0,9
-0,3
-7,6
-0,1
-7,8
-0,1
Thaïlande
-0,3
0,1
0,0
-0,1
0,3
0,0
-0,1
0,0
0,0
2,5
14,5
6,2
-12,4
-2,3
-0,3
-3,5
-0,2
3,1
-0,1
Reste de l’Asie
-0,1
0,1
0,1
-0,1
0,0
0,1
-0,1
0,0
0,0
2,9
14,1
5,8
-11,1
-1,5
-0,5
-3,6
-0,2
2,6
-0,1
Afrique du Sud
CDAA
-2,7 -2,4
91,4 -44,6
-2,0 -2,4 -2,3 -2,4 -2,6 -2,4 -2,5
1,2
-28,9 -21,8 -25,5 -31,4 -22,3 -27,8 -26,9 -28,7
13,0
52,5
2,8
-25,7
Chine
Reste de la CDAA
et de l’ESA
Inde
0,4
Afrique orientale et
australe (ESA)
Chine
Communauté
du développement de
l’Afrique australe (CDAA)
Amérique du Sud
0,4
Reste de l’Amérique
du Nord et centrale
0,3
Union européenne
(27 membres)
États-Unis
Reste de l’Amérique
du Nord et centrale
Amérique du Sud
États-Unis
-0,1
Exportateurs
-19,8 -3,6 -2,8
-38,3 -23,2 -27,7
-6,2 -2,3
1,6 -2,5
-34,0 -24,0 -28,2 -28,6
Valdete Berisha-Krasniqi, Antoine Bouët et Simon Mevel
Importateurs
Union européenne
(27 membres)
Revue de l’OFCE 107
12. Variations de commerce bilatéral impliquées par les APE en 2023 (volume en %) – Scénario « Réaliste »
12bis. Variations de commerce bilatéral impliquées par les APE en 2023 (volume en % )– Scénario « Réaliste »
42,7 -17,7
Reste de la CDAA et
de l’ESA
15,6
6,3
10,5
6,6
6,0
9,2
12,0
11,6
7,2
Nigéria
0,8
0,0
1,0
0,0
0,3
1,8
1,1
1,7
Sénégal
-1,1
0,2
0,3
0,1
0,3
0,7
0,2
5,0
2,2
1,7
1,6
3,2
0,8
Reste de l’Afrique
-0,1
0,2
0,1
0,0
0,2
Caraïbes et Pacifique
76,9 -10,8
-9,6
-8,2
Reste du monde
-0,1
0,1
-0,1
Reste de l’Afrique
de l’Ouest,
crientale et centrale
0,0
-11,5 -10,8 -14,9 -15,4 -11,7 -15,6 -15,9 -11,3
-4,8 -16,7
Reste du monde
Caraïbes et Pacifique
Reste de l’Afrique
9,3
-7,6
639,3
17,7
90,6
26,5
1,0
9,2
8,5
30,8
11,5
4,0
12,2
0,7
2,1
18,4
8,0
-7,2
0,0
1,4
-3,7
1,4
-5,4
1,1
0,4
0,3
2,0
15,1
6,0
-11,4
52,4
0,0
3,3
0,1
6,5
0,2
1,8
1,5
2,0
5,7
27,7
15,7
-0,7 120,1
5,7
11,0
1,4
4,8
1,6
0,1
0,1
0,2
0,2
2,7
16,1
6,3
-16,8
-2,1
-0,6
-3,8
0,0
4,5
0,1
-8,5
-8,5
-7,6
-7,4
-9,3
-5,0
4,1
-1,3
-16,4
-8,7
-8,6
-12,1
-9,4
29,8
-8,6
0,0
0,2
0,0
0,1
0,0
2,6
14,2
8,5
-12,4
-2,1
-0,5
-3,7
-0,1
3,7
0,0
Source : calculs des auteurs basés sur la base de données GTAP6.2 et le modèle MIRAGE.
-11,0 -14,9
Reste de l’Afrique de l’Ouest,
orientale et centrale
Sénégal
Nigéria
Reste de la CDAA
et de l’ESA
Afrique orientale et
australe (ESA)
Communauté
du développement de
l’Afrique australe (CDAA)
Afrique du Sud
Reste de l’Asie
Thaïlande
Japon
Inde
Chine
Amérique du Sud
Reste de l’Amérique
du Nord et centrale
États-Unis
ESA
-1,8 -13,7
LES ACCORDS DE PARTENARIAT ÉCONOMIQUE : QUELS ENJEUX POUR LE SÉNÉGAL ?
Exportateurs
Union européenne
(27 membres)
Importateurs
97
Revue de l’OFCE 107
98
Chine
Inde
Japon
Thaïlande
Reste de l’Asie
Afrique du Sud
Nigéria
Sénégal
Reste de l’Afrique de l’Ouest,
orientale et centrale
Reste de l’Afrique
Caraïbes et Pacifique
Reste du monde
33,5
34,1
33,6
34,4
34,1
34,1
40,2
64,8
61,1 -11,4
28,8
-7,8
20,7
33,0
97,0
33,3
5,8
5,6
5,8
6,0
5,9
5,9
5,8
8,7
31,6
20,2 -10,3
267,1
1,0
2,2
5,6
31,6
5,6
Produits des cultures
7,9
10,0
9,1
9,4
13,9
8,8
9,8
10,4
11,5
18,6
76,9
30,7 -75,5
77,0
3,2
5,8
9,1
55,1
9,5
Fruits et légumes
6,8
9,3
8,7
9,6
10,4
10,5
10,4
10,3
10,3
15,0
44,7
32,6
-36,3 -14,3
21,7
8,5
23,1
9,4
Autres produits agricoles
5,1
11,2
10,9
10,3
11,1
10,6
11,0
10,9
10,8
19,6
77,4
90,6 -37,2
92,4
10,0 108,3
10,4
Viande
7,2
20,7
20,9
20,2
20,3
20,8
20,6
20,9
20,7
38,6 218,4
59,4 -54,9
22,9 -10,5 -26,5
Riz
8,4
16,3
16,7
16,4
16,5
16,4
16,6
15,5
16,6
18,6
52,8
45,2
Huiles végétales et graisses
11,8
13,8
14,3
14,0
15,2
15,1
14,8
15,1
15,1
18,5
34,2
32,0 -35,0
Lait cru et produits laitiers
37,8
40,9
41,3
40,9
40,9
40,9
41,1
40,4
39,4
46,1
42,4
70,4 -40,3
Sucre
Reste de la CDAA
et de l’ESA
Amérique du Sud
33,9
5,8
Afrique orientale et
australe (ESA)
Reste de l’Amérique
du Nord et centrale
34,2
4,0
Céréales
Communauté
du développement de
l’Afrique australe (CDAA)
États-Unis
30,3
Blé
-8,8
-5,0
-0,3
11,7
20,3
38,5
19,9
52,9
15,9
45,1
16,2
492,1 -12,6
-7,8
14,4
34,8
13,8
-28,6 -19,2
72,8
40,0
35,8
40,6
7,6
9,0
-78,2
9,7
8,7
8,0
8,8
7,7
8,7
7,2
8,7
22,7
21,1
42,5
-6,3
109,9
-4,8
20,6
8,2
88,1
8,2
Boissons et tabac
3,6
4,2
4,2
4,1
4,2
4,1
4,2
4,2
4,2
6,4
16,7
15,9 -13,9
318,3
-1,8
-0,1
4,1
-4,2
4,1
Autres produits alimentaires
5,2
7,2
7,0
6,9
7,0
7,3
6,8
7,1
7,0
11,0
27,9
17,8 -23,3
29,3
-5,8
1,0
6,7
14,1
6,5
Produits de la pêche
3,4
3,6
3,6
3,8
4,2
4,0
4,1
4,1
4,1
8,0
30,9
19,2 -11,9
70,5
-2,7
-2,0
4,0
7,1
3,5
Valdete Berisha-Krasniqi, Antoine Bouët et Simon Mevel
Union européenne
(27 membres)
Revue de l’OFCE 107
13. Variation des exportations du Sénégal par secteur et par destination – impact des APE en 2023 (volume en %) – Scénario « APE »
Caraïbes et Pacifique
Reste de l’Afrique de l’Ouest,
orientale et centrale
20,7 -32,1
274,8
3,4
-3,9
11,0
2,1
10,9
37,2
16,8
0,2
971,3
-1,4
30,5
13,6
18,5
15,6
Pétrole et produits dérivés
Minerais et métaux
Reste du monde
35,4
27,1
Reste de l’Afrique
12,0
14,2
Sénégal
10,7
15,7
Nigéria
10,8
15,6
Reste de la CDAA
et de l’ESA
10,8
13,9
Afrique orientale et
australe (ESA)
9,8
15,4
Afrique du Sud
10,5
13,8
Reste de l’Asie
10,1
15,6
Thaïlande
Amérique du Sud
10,8
17,1
Japon
Reste de l’Amérique
du Nord et centrale
10,3
14,2
Inde
États-Unis
10,3
Textile et habillement
Chine
Union européenne
(27 membres)
Matières premières
6,3
6,6
6,8
6,7
6,8
5,9
6,8
7,0
6,9
9,0
16,9
10,6
-7,0
178,4
-2,6
5,0
6,6
7,9
6,7
13,6
14,5
14,3
14,2
14,4
12,3
14,6
14,2
14,2
15,8
34,3
22,7
0,0
160,3
-0,6
2,1
13,7
15,0
14,4
Produits de l’industrie
automobile
Équipements électroniques
et machines
Produits industriels
manufacturés nda*
11,9
12,0
11,7
12,1
12,4
12,3
12,5
12,4
12,4
16,9
19,9
12,7
4,0
161,2
-5,2
3,1
12,0
11,0
11,6
13,1
13,0
13,1
13,0
12,6
13,0
13,0
12,9
13,0
14,9
18,0
12,8
-3,2
137,2
0,4
4,3
12,8
14,7
13,1
13,7
13,1
13,4
13,5
13,7
13,7
13,6
13,6
13,7
16,4
43,4
18,3 -12,3 1277,9
-1,0
24,0
13,4
14,7
13,5
Autres produits industriels
13,4
13,6
13,8
13,7
12,8
13,3
13,7
13,9
14,1
20,8
30,1
19,8
-1,0
495,3
-1,1
7,6
13,3
15,8
13,8
Commerce et transport
6,3
6,2
6,3
6,1
6,3
6,1
6,2
6,3
6,3
7,6
20,6
13,6
-3,4
-1,8
1,9
0,9
6,2
10,3
6,2
Autres services
5,8
5,7
5,8
5,6
5,8
5,6
5,7
5,7
5,7
7,2
18,6
14,0
-2,9
0,4
1,1
0,6
5,6
10,2
5,7
* nda : non définis autrement.
Source : calculs des auteurs basés sur la base de données GTAP6.2 et le modèle MIRAGE.
LES ACCORDS DE PARTENARIAT ÉCONOMIQUE : QUELS ENJEUX POUR LE SÉNÉGAL ?
Communauté
du développement de
l’Afrique australe (CDAA)
13bis. Variation des exportations du Sénégal par secteur et par destination – impact des APE en 2023 (volume en %) – Scénario « APE »
99
Revue de l’OFCE 107
100
Caraïbes et Pacifique
-6,1
-27,7 -17,6
10,9
9,1
1,0
-1,2
-4,4
-18,3
-4,5
Produits des cultures
39,8
-6,1
-5,8
-5,6
-7,1
-5,7
-5,8
-6,9
-6,7
-9,8
-50,1 -27,3
37,7
245,2
3,2
4,5
-5,5
-34,0
-5,6
Fruits et légumes
48,7 -22,3 -22,3 -22,1 -22,3 -22,3 -22,3 -22,3 -22,3 -23,7
-46,4 -39,0
-4,3
85,2 -14,3 -18,1 -22,1
-36,1 -22,2
Autres produits agricoles
17,5 -10,3 -10,4 -10,1 -10,4 -10,2 -10,3 -10,3 -10,4 -12,9
-41,8 -33,8
22,1
43,5
-40,6 -10,2
Viande
82,5 -25,9 -26,0 -25,6 -26,0 -26,0 -25,9 -26,2 -26,0 -30,3
-69,1 -54,0
31,7
Riz
78,6
-45,3 -33,6
21,7
14,8
-6,6
-6,6
-6,4
-6,7
-6,5
-6,5
-6,0
-6,6 -10,1
Huiles végétales et graisses
26,1 -24,0 -24,1 -23,9 -24,2 -24,0 -24,1 -24,1 -24,1 -26,7
-53,1 -42,0
Lait cru et produits laitiers
14,0 -42,9 -42,9 -42,7 -42,9 -42,8 -42,9 -42,7 -42,9 -45,3
-65,8 -61,6 -16,0
Sucre
5,8 -12,6 -12,6 -12,3 -12,6 -12,4 -12,5 -12,7 -12,6 -15,9
-0,3
43,2 -10,5
115,5
9,0
58,2 -12,6
-3,8 -10,1
3,1 -25,6
-43,9 -25,8
5,1
-25,1
-6,2
-9,3 -23,8
-43,2 -24,0
-53,4 -42,8
-42,4 -32,1
11,2
151,7
-4,8
-4,1 -12,3
25,6 -13,3
-6,7
-17,2 -11,8
3,8
50,6
-1,8
-1,9
Autres produits alimentaires
13,3 -20,5 -12,2 -12,1 -12,2 -12,1 -20,5 -12,3 -12,2 -13,9
-28,7 -21,6
3,7
80,8
-5,8
Produits de la pêche
14,2
-22,0 -15,9
2,6
-3,7
-2,7
-6,5
-6,5
-5,7
-6,4
-5,8
-6,6
-5,7 -13,3
-6,4
-6,5
-5,8
-6,5
-5,8
-6,5
-8,2
-6,4
56,8 -19,2 -27,3 -42,6
Boissons et tabac
-5,8
Reste du monde
Sénégal
-4,6
Reste de l’Afrique
Nigéria
Reste de l’Afrique de l’Ouest,
orientale et centrale
Reste de la CDAA
et de l’ESA
-4,5
Afrique du Sud
-4,6
Reste de l’Asie
-56,2 -30,9
-4,5
Thaïlande
-9,6 -30,8
-4,6
Japon
-7,8
-4,4
Inde
-29,2
-4,6
Chine
13,5
-4,6
Amérique du Sud
Afrique orientale et
australe (ESA)
Communauté
du développement de
l’Afrique australe (CDAA)
Reste de l’Amérique
du Nord et centrale
-59,6 -51,6
9,3
États-Unis
8,9 -31,4 -31,1 -30,9 -31,2 -31,0 -31,2 -31,2 -31,2 -34,8
Céréales
-5,7
8,4 -12,0
23,3
-6,4
-27,5 -12,4
-8,1
-5,7
-18,4 -12,1
-9,7
-6,5
Valdete Berisha-Krasniqi, Antoine Bouët et Simon Mevel
Blé
Union européenne
(27 membres)
Revue de l’OFCE 107
14. Variation des importations du Sénégal par secteur et par provenance impact des APE en 2023 (volume en %) – Scénario « APE »
Caraïbes et Pacifique
Reste du monde
Reste de l’Afrique de l’Ouest,
orientale et centrale
-33,2 -21,8
-5,0
54,5
-2,6
0,4
-14,6
-40,8 -23,6
-3,7
47,0
-0,6
1,8 -12,9
-22,7 -12,6
12,8 -28,6 -15,7 -15,4 -15,7 -15,5 -28,5 -15,6 -15,6 -18,0
-40,6 -28,3
1,8
92,7
-5,2
-0,4 -15,5
-24,0 -15,5
9,1 -18,9 -11,2 -11,2 -11,3 -11,3 -19,6 -11,4 -10,9 -13,8
-36,9 -24,2
-0,4
50,5
0,4
0,5 -11,1
-19,6 -11,0
16,2 -22,9 -12,9 -12,8 -12,7 -12,7 -22,9 -12,9 -12,9 -14,7
-45,8 -21,6
4,1
121,5
-1,0
-0,2 -12,8
-19,6 -12,8
0,1 -13,2
-21,9 -13,2
Produits de l’industrie
automobile
Équipements électroniques
et machines
Produits industriels
manufacturés nda*
-9,0
-6,6
-6,6
-6,9
-6,7
-8,6
-8,7
-9,0
-8,8 -17,0
-9,0
11,2
Reste de l’Afrique
-8,9 -10,0
22,3 -29,0 -13,1 -12,8 -13,1 -12,9 -29,0 -13,1 -13,2 -15,4
-6,7
Sénégal
10,0 -16,8
Minerais et métaux
-6,3
Nigéria
Pétrole et produits
Afrique du Sud
-28,5 -14,6
Reste de l’Asie
2,2 -14,4
Thaïlande
-1,4
Japon
3,4
137,3
Inde
-3,0
6,8
-6,7
Chine
-1,0
-59,1 -38,6
-6,6
Amérique du Sud
-36,6 -23,3
72,4 -37,3 -14,5 -14,6 -14,5 -14,5 -37,2 -14,7 -14,4 -15,7
États-Unis
73,5
Textile et habillement
Union européenne
(27 membres)
Reste de la CDAA
et de l’ESA
-6,8
Afrique orientale et
australe (ESA)
Communauté
du développement de
l’Afrique australe (CDAA)
-8,4
Matières premières
-6,9
-8,8
-8,4
Autres produits industriels
16,6 -24,3 -12,8 -13,1 -13,3 -13,2 -24,3 -13,3 -13,4 -14,7
-38,2 -25,4
2,9
70,9
-1,1
Commerce et transport
-3,3
-3,2
-4,1
-3,9
-4,1
-3,9
-3,2
-4,0
-4,1
-5,4
-16,8 -11,0
7,5
5,8
1,9
2,5
-3,9
-8,6
-4,0
Autres services
-3,7
-3,5
-4,4
-4,2
-4,4
-4,2
-3,5
-4,3
-4,4
-5,9
-17,4 -12,2
5,4
1,8
1,1
1,4
-4,2
-9,1
-4,3
* nda : non définis autrement.
Source : calculs des auteurs basés sur la base de données GTAP6.2 et le modèle MIRAGE.
LES ACCORDS DE PARTENARIAT ÉCONOMIQUE : QUELS ENJEUX POUR LE SÉNÉGAL ?
Reste de l’Amérique
du Nord et centrale
14bis. Variation des importations du Sénégal par secteur et par provenance impact des APE en 2023 (volume en %) – Scénario « APE »
101
Revue de l’OFCE 107
102
-1,9
1,7
1,5
1,2
1,6
1,5
1,8
1,6
1,6
6,3
25,2
19,1 -33,8
Reste du monde
Caraïbes et Pacifique
Reste de l’Afrique
Reste de l’Afrique de l’Ouest,
orientale et centrale
Sénégal
Nigéria
Reste de la CDAA
et de l’ESA
Afrique orientale et
australe (ESA)
Communauté
du développement de
l’Afrique australe (CDAA)
Afrique du Sud
Reste de l’Asie
Thaïlande
Japon
Inde
Chine
Amérique du Sud
Reste de l’Amérique
du Nord et centrale
Etats-Unis
Blé
1,4
-0,9
-3,5
0,6
51,7
1,0
Céréales
-1,9
0,1
0,1
-0,1
0,1
0,4
0,2
0,2
0,1
2,9
24,6
11,7 -15,0
278,6
0,0
1,0
-0,1
25,7
-0,1
Produits des cultures
-1,3
0,3
0,0
-0,2
3,4
0,3
0,2
0,6
1,8
7,7
61,5
17,1 -77,9
144,0
0,7
7,6
1,1
43,9
-0,2
Fruits et légumes
-1,7
0,2
0,2
-0,1
0,3
0,8
0,2
0,3
0,3
4,5
31,6
17,5 -17,3
-33,0
-0,2
23,7
-0,1
13,0
0,0
7,5
61,0
50,7 -43,5
146,1
-0,3
10,9
-0,2
92,7
0,0
15,4 164,5
37,5 -62,7
68,8
-0,4
-3,2
0,0
16,5
-0,2
Autres produits agricoles
-5,1
0,4
0,3
-0,1
0,3
0,5
0,2
0,6
0,4
-11,4
0,3
0,5
0,0
0,3
0,8
0,2
0,6
0,4
Riz
-6,1
0,6
0,7
0,5
0,7
0,8
0,6
0,6
0,7
2,6
32,1
23,1 -18,2
-1,9
0,4
44,8
0,1
26,6
0,4
Huiles végétales et graisses
-2,1
0,0
0,4
0,1
0,6
0,6
0,2
0,5
0,5
3,5
17,2
15,5 -43,4
517,4
-1,3
5,2
-0,2
20,3
0,1
Viande
Lait cru et produits laitiers
Sucre
-2,4
0,1
0,5
0,2
0,1
0,5
0,3
-0,2
0,3
4,0
2,4
19,0 -57,7
39,0
-1,1
78,6
-0,5
-2,8
0,0
-78,7
0,4
-0,4
-1,1
-0,3
-1,2
-0,5
-1,7
-0,5
12,4
10,5
25,4 -14,4
102,3
-7,2
16,0
-0,9
76,1
-0,9
Boissons et tabac
-0,5
0,1
0,2
0,1
0,2
0,2
0,1
0,2
0,2
2,4
12,2
9,9 -17,3
595,7
0,0
1,1
0,1
-7,6
0,1
Autres produits alimentaires
-1,3
0,3
0,3
0,2
0,3
0,4
0,3
0,6
0,3
3,8
20,1
10,4 -28,9
45,2
-2,4
1,2
0,1
7,4
0,1
Produits de la pêche
-0,1
0,2
0,2
0,1
0,3
0,3
0,3
0,2
0,3
4,0
26,1
13,5 -14,1
72,1
-1,5
3,0
0,2
3,8
0,1
Valdete Berisha-Krasniqi, Antoine Bouët et Simon Mevel
Union européenne
(27 membres)
Revue de l’OFCE 107
15. Variation des exportations du Sénégal par secteur et par provenance impact des APE en 2023 (volume en %) – Scénario « Réaliste »
23,1
8,8 -36,3
Reste du monde
Caraïbes et Pacifique
2,4
Reste de l’Afrique
0,5
Reste de l’Afrique de l’Ouest,
orientale et centrale
0,5
Sénégal
0,5
Nigéria
Afrique du Sud
0,6
Reste de la CDAA
et de l’ESA
Reste de l’Asie
0,5
Afrique orientale et
australe (ESA)
Thaïlande
0,2
Communauté
du développement de
l’Afrique australe (CDAA)
Japon
0,5
Inde
Reste de l’Amérique
du Nord et centrale
États-Unis
0,2
Chine
0,7
Amérique du Sud
Matières premières
503,8
0,0
0,7
0,6
-6,3
0,6
Textile et habillement
0,8
2,2
1,1
0,7
0,8
1,0
0,8
0,9
0,8
11,5
21,3
4,0 -12,7 1030,8
0,0
24,8
0,7
3,8
0,9
Pétrole et produits
1,0
1,2
1,3
1,1
1,2
1,2
1,1
1,2
1,2
3,9
11,4
5,1 -11,8
194,9
0,3
6,2
1,1
2,6
1,1
Minerais et métaux
1,1
0,9
1,1
0,7
0,9
1,1
0,9
0,9
0,9
3,3
18,5
9,1 -11,2
184,7
0,3
0,0
0,7
2,8
0,9
0,2
0,2
0,5
0,1
0,3
0,3
0,3
0,3
0,3
4,3
7,1
1,1
-8,1
176,8
0,1
-0,5
0,1
-0,1
0,2
0,5
0,6
0,7
0,5
0,7
0,6
0,6
0,6
0,6
2,1
4,9
1,2 -13,9
143,6
0,4
-0,5
0,5
2,4
0,6
3,5
3,1
3,2
3,0
3,2
3,3
3,1
3,1
3,1
5,7
30,4
8,8 -19,7 1324,5
1,9
22,4
3,0
4,7
3,1
Autres produits industriels
0,5
0,6
0,9
0,6
0,7
0,7
0,6
0,7
0,7
6,6
16,4
6,7 -11,7
490,8
-1,2
4,2
0,5
3,2
0,6
Commerce et transport
0,2
0,2
0,3
0,2
0,3
0,3
0,2
0,3
0,3
1,6
13,9
6,2
-9,0
-0,2
0,2
-1,2
0,2
4,4
0,2
Autres services
0,1
0,1
0,2
0,1
0,2
0,2
0,1
0,2
0,2
1,6
12,5
6,9
-8,1
-1,1
0,1
-1,0
0,1
4,8
0,2
Produits de l’industrie
automobile
Équipements électroniques
et machines
Produits industriels
manufacturés nda*
* nda : non définis autrement.
Source : calculs des auteurs basés sur la base de données GTAP6.2 et le modèle MIRAGE.
LES ACCORDS DE PARTENARIAT ÉCONOMIQUE : QUELS ENJEUX POUR LE SÉNÉGAL ?
Union européenne
(27 membres)
15bis. Variation des exportations du Sénégal par secteur et par provenance impact des APE en 2023 (volume en %) – Scénario « Réaliste »
103
Revue de l’OFCE 107
104
-2,5
-7,6 -42,8
-27,9 62,0
Reste du monde
-2,5
Caraïbes et Pacifique
-2,4
Reste de l’Afrique
-2,5
Reste de l’Afrique de l’Ouest,
orientale et centrale
-2,4
Sénégal
Afrique du Sud
-2,0
Nigéria
Reste de l’Asie
Reste de la CDAA
et de l’ESA
Thaïlande
Afrique orientale et
australe (ESA)
Japon
Communauté
du développement de
l’Afrique australe (CDAA)
Inde
-2,3
Chine
Reste de l’Amérique
du Nord et centrale
-2,7
Amérique du Sud
États-Unis
0,7
-2,3
-0,9
17,1
-1,8
-39,1
-2,0
Céréales
1,0
-0,1
-0,1
0,1
-0,1
-0,1
-0,1
-0,1
-0,1
-1,7 -24,3
-11,8 16,3
6,2
0,0
-0,1
0,1
-15,0
0,0
Produits des cultures
2,9
0,5
0,8
1,0
-0,5
0,7
0,9
-0,4
-0,2
-3,5 -46,7
-19,4 47,8
232,8
0,7
4,3
1,0
-30,6
1,0
Fruits et légumes
0,8
-0,3
-0,4
-0,2
-0,4
-0,5
-0,3
-0,4
-0,4
-2,2 -31,4
-18,9 22,9
114,0
-0,2
0,4
-0,2
-18,7
-0,3
Autres produits agricoles
1,9
-0,6
-0,7
-0,4
-0,7
-0,8
-0,6
-0,8
-0,8
-3,6 -35,6
-22,3 35,7
38,5
-0,3
0,6
-0,4
-35,3
-0,5
Viande
2,7
-0,9
-1,0
-0,5
-1,0
-1,3
-0,8
-1,4
-1,0
-6,9 -58,6
-35,7 77,2
43,0
-0,4
23,0
-0,6
-25,9
-0,7
Riz
5,3
-0,3
-0,3
-0,1
-0,4
-0,4
-0,1
-0,2
-0,3
-4,1 -41,7
-25,7 30,2
102,8
0,4
3,8
0,1
-20,9
-0,1
Huiles végétales et graisses
0,9
-1,7
-1,9
-1,5
-1,9
-2,0
-1,7
-2,0
-1,9
-5,3 -39,5
-22,3 48,9
81,1
-1,3
7,4
-1,5
-27,5
-1,7
Lait cru et produits laitiers
1,0
-1,7
-1,9
-1,5
-1,7
-2,0
-1,7
-1,6
-1,8
-6,0 -41,3
-30,1 44,9
58,7
-1,1
7,8
-1,4
-20,7
-1,6
Sucre
8,1
-6,9
-7,0
-6,7
-7,0
-7,0
-6,8
-7,2
-7,0
-10,5 -38,8
-24,7 18,6
151,7
-7,2
-5,1
-6,7
-23,4
-6,8
Boissons et tabac
0,9
-0,4
-0,2
-0,1
-0,2
-0,2
-0,4
-0,2
-0,2
-1,2 -12,3
-5,8 10,0
52,9
0,0
1,4
-0,1
-2,8
-0,1
Autres produits alimentaires
0,5
-1,6
-2,7
-2,6
-2,7
-2,8
-1,6
-2,8
-2,7
-4,6 -21,0
-11,9 15,2
88,5
-2,4
14,5
-2,5
-10,0
-2,6
-1,5
-1,7
-1,7
-1,6
-1,8
-1,8
-1,7
-1,7
-1,7
-3,6 -18,1
-10,5
-1,1
-1,5
24,7
-1,6
-5,3
-1,7
Produits de la pêche
7,9
Valdete Berisha-Krasniqi, Antoine Bouët et Simon Mevel
Blé
Union européenne
(27 membres)
Revue de l’OFCE 107
16. Variation des importations du Sénégal par secteur et par provenance impact des APE en 2023 (volume en %) – Scénario « Réaliste »
Textile et habillement
5,5
1,0
Reste du monde
-16,5
Caraïbes et Pacifique
-32,5
Reste de l’Afrique
-2,7
Reste de l’Afrique de l’Ouest,
orientale et centrale
-0,5
Sénégal
-0,5
Nigéria
-0,3
Reste de la CDAA
et de l’ESA
Communauté
du développement de
l’Afrique australe (CDAA)
-0,6
Afrique orientale et
australe (ESA)
Afrique du Sud
-0,6
Reste de l’Asie
Chine
-0,2
Thaïlande
Amérique du Sud
-0,4
Japon
Reste de l’Amérique
du Nord et centrale
-0,3
Inde
États-Unis
-0,7
0,0
11,7
-0,5
-2,6
-0,5
0,1
-0,5
-0,6
-0,7
-0,8
-1,0
-0,5
-0,8
-0,6
-2,1
-52,5
-25,9 24,4
144,3
0,0
9,6
-0,6
-17,8
-0,7
Pétrole et produits
-0,1
-0,5
-0,8
-0,6
-0,9
-0,9
-0,5
-0,9
-0,8
-2,2
-27,1
-12,9
3,4
63,2
0,3
4,8
-0,7
-7,5
-0,7
Minerais et métaux
0,0
-0,4
-0,6
-0,3
-0,6
-0,6
-0,3
-0,5
-0,6
-3,4
-32,3
-11,0 10,4
48,7
0,3
8,8
-0,4
-12,2
-0,4
0,1
-0,3
-0,2
0,0
-0,3
-0,2
-0,3
-0,2
-0,2
-3,3
-29,7
-12,8 20,1
106,1
0,1
8,3
0,0
-10,7
-0,1
Produits de l’industrie
automobile
Équipements électroniques
et machines
Produits industriels
manufacturés nda*
0,1
-0,2
-0,2
0,0
-0,3
-0,3
-0,2
-0,3
-0,3
-3,0
-28,9
-12,7 12,5
50,5
0,4
5,6
0,0
-10,1
-0,2
-0,4
-0,8
-1,2
-1,1
-1,2
-1,2
-0,7
-1,2
-1,2
-3,5
-38,6
-9,9 18,2
131,5
1,9
6,5
-1,0
-9,2
-1,1
Autres produits industriels
-0,4
-0,8
-1,7
-1,6
-1,8
-1,9
-0,7
-1,8
-1,9
-3,6
-30,0
-13,1 16,6
81,6
-1,2
6,3
-1,7
-12,1
-1,7
Commerce et transport
0,1
0,0
-0,1
0,1
-0,1
-0,1
0,0
-0,1
-0,1
-1,6
-13,4
-6,4 12,1
0,4
0,2
1,8
0,1
-5,1
0,0
Autres services
0,1
0,0
-0,1
0,0
-0,1
-0,1
0,0
-0,1
-0,1
-1,8
-13,8
-7,2 10,2
1,5
0,1
1,4
0,0
-5,4
-0,1
* nda : non définis autrement.
Source : calculs des auteurs basés sur la base de données GTAP6.2 et le modèle MIRAGE.
LES ACCORDS DE PARTENARIAT ÉCONOMIQUE : QUELS ENJEUX POUR LE SÉNÉGAL ?
Matières premières
Union européenne
(27 membres)
16bis. Variation des importations du Sénégal par secteur et par provenance impact des APE en 2023 (volume en %) – Scénario « Réaliste »
105
Revue de l’OFCE 107
Valdete Berisha-Krasniqi, Antoine Bouët et Simon Mevel
Le troisième groupe comprend l’UE, pour lequel la mise en place des
APE implique un léger accroissement du revenu réel. Ses échanges
bilatéraux (exportations aussi bien qu’importations) avec le CDAA, ESA
et la zone Caraïbes-Pacifique sont fortement stimulés par la réforme
commerciale. Son commerce avec le Sénégal, le Nigéria et le reste de
l’Afrique de l’Ouest, orientale et centrale est modifié de manière
asymétrique : les exportations européennes augmentent nettement plus
que les importations européennes, ce qui reflète strictement l’état initial
des protections réciproques et les spécialisations de chaque zone. Par
exemple, les exportations européennes vers le Sénégal augmentent de
14,3 % alors que les exportations sénégalaises vers l’UE ne s’accroissent
que de 5,7 %. Le commerce UE-Nigéria est modifié de manière encore
plus asymétrique (cf. tableau 13). En dépit d’une forte variation des
exportations dans le secteur du sucre pour l’UE, ses termes de l’échange
ne sont pas significativement modifiés, ce qui reflète le faible niveau de
commerce initial entre l’UE et les zones APE relativement au commerce
de l’UE avec le reste du monde : les exportations européennes vers les
zones APE représentent en 2004 uniquement 0,8 % des exportations
européennes totales. Les importations européennes de ces mêmes zones
représentent aussi moins de 1 % des importations européennes totales,
mais ce même flux représente un quart des exportations totales des pays
ACP.
Dès lors il n’est pas surprenant qu’une des conséquences majeures
des APE pour le Sénégal et d’autres pays d’Afrique de l’Ouest soit une
perte de recettes publiques. Il est bien connu que pour nombre de pays
en développement, les droits de douane représentent une part
importante des recettes publiques. Entre 2001 et 2003, les recettes
douanières représentaient 22 % du total des recettes gouvernementales
dans les pays à faible revenu contre 1 % dans l’OCDE (Fukasaku, 2003).
Le démantèlement des barrières tarifaires sur les importations en
provenance du principal partenaire commercial fait ainsi perdre
d’importantes recettes publiques à certains pays ACP. Par exemple, en
2007, pour le Sénégal, les recettes tarifaires sont évaluées à 194 millions
de dollars, soit 26,3 % des recettes publiques totales. Avec la mise en
place des APE, le Sénégal perdrait selon cet exercice de simulation 46,6 %
(124 millions de dollars) de ses recettes douanières. Autrement dit, en
2023, les recettes tarifaires sont supposées atteindre 266 millions de
dollars sans les APE, mais uniquement 142 millions avec les APE
(cf. figure 1). Le Nigéria subit une perte de recettes douanières de
l’ordre de 31 %, les autres pays de la CEDEAO de 37 %. C’est
évidemment un élément fondamental dans le débat politique portant sur
la question de l’opportunité de cette réforme politique 24.
24. Dans le modèle MIRAGE comme dans d’autres modèles similaires, comme LINKAGE ou
GTAP, la perte de recettes tarifaires est supposée entièrement compensée par la mise en place
d’une taxe forfaitaire non distortive.
106
Revue de l’OFCE 107
LES ACCORDS DE PARTENARIAT ÉCONOMIQUE : QUELS ENJEUX POUR LE SÉNÉGAL ?
En termes de revenu réel, la mise en place des APE implique un gain
11,5 milliards de dollars, avec un bénéfice conséquent pour les zones
CDAA, ESA et Caraïbes-Pacifique, et un léger gain pour l’UE. Les autres
parties négociant les APE perdent en termes de revenu réel à l’application
de cette réforme. Le Sénégal notamment voit son revenu réel baisser de
0,3 % principalement du fait d’une détérioration de ses termes de
l’échange (voir tableau 9).
Le scénario de libéralisation totale est une référence pour juger de
l’importance de l’impact des APE. La suppression totale des barrières
douanières portant sur les produits agricoles et industriels impliquerait un
gain de revenu réel mondial de 337 milliards de dollars en 2023, soit
0,67 % de gain pour l’économie mondiale. Le gain acquis grâce aux APE
ne représente donc que 3,4 % du gain impliqué par une libéralisation
totale. La plupart des pays africains engagés avec l’UE dans la négociation
des APE perdent à une libéralisation totale (sauf le Nigéria et la zone
ESA), notamment par le biais d’une détérioration de leurs termes de
l’échange. Cette détérioration s’explique non seulement par une
croissance des prix agricoles mondiaux (céréales, blé, lait et produits
laitiers), négative pour des pays qui sont importateurs nets dans ce
secteur (c’est notamment le cas du Sénégal), mais aussi par une érosion
de leurs préférences commerciales, érosion qui implique une baisse de
leurs prix à l’exportation.
Évolution des recettes tarifaires du Sénégal (en millions de dollars)
300
250
Référence
200
150
Scénario APE
100
50
0
2001
2003
2005
2007
2009
2011
2013
2015
2017
2019
2021
2023
Source : calculs des auteurs basés sur la base de données GTAP6.2 et le modèle MIRAGE.
Notons finalement que les effets des APE sur les rémunérations de
facteur de production sont faibles. Il est notable que cette réforme
commerciale a des effets négatifs sur chacune de ces rémunérations au
Sénégal, avec notamment des effets négatifs sur la rémunération réelle du
travail non qualifié (-1,6 %) et sur celle de la terre (-2,3 %) : les effets prodéveloppement de ces accords sont donc très incertains.
107
Revue de l’OFCE 107
Valdete Berisha-Krasniqi, Antoine Bouët et Simon Mevel
Le scénario « Réaliste » nous permet de répondre à la question :
certains pays ACP ont-ils eu raison de ne pas signer les accords APE alors
que d’autres les acceptaient ? Pour le Sénégal (tableau 9) la réponse est
affirmative puisque ce scénario envisage un léger gain de l’ordre de
4 millions de dollars en termes de revenu réel. Ce gain est faible, mais
plus importante est la comparaison des tableaux 14 et 16 sur la variation
des importations du Sénégal, par provenance et par produits. Elle montre
qu’il y a beaucoup moins d’effet de détournement d’échanges dans le
scénario « Réaliste ». Ce scénario prévoit la poursuite de l’intégration
régionale puisqu’il était prévu que ces zones de libre-échange soient mises
en place, que les APE soient signés ou non. Dès lors les échanges avec le
Nigéria et la zone reste de l’Afrique de l’Ouest, orientale et centrale
progressent significativement. De la même façon les exportations du
Sénégal progressent vers ces mêmes zones africaines, mais ne connaissent
pas d’évolution marquée en direction de l’UE. Par contre pour le Nigéria,
le fait de ne pas signer les APE alors que les autres zones ont signé
détériore légèrement le revenu réel.
L’annexe fournit donc le résultat des simulations, avec une tarification
au SGP pour les pays ACP non PMA dans la situation de référence. Ce
scénario ne change pas les principales conclusions pour le Sénégal ou les
autres pays d’Afrique de l’Ouest, soit parce que ce sont des PMA, soit
parce qu’ils exportent principalement des produits faiblement taxés
comme pour le Nigéria et le pétrole. De même, beaucoup de pays
d’Afrique de l’Est ou du Sud ne sont pas concernés par le SGP, soit parce
qu’ils sont dans un régime spécifique (zone de libre-échange avec l’UE
pour l’Afrique du Sud), soit parce qu’ils sont PMA (Mozambique,
Tanzanie, Zambie…). En réalité, seules les zones Afrique orientale et
australe et Caraïbes–Pacifique enregistrent un accroissement
significativement supérieur, de leurs revenus réels et de leurs
exportations, par rapport à ce qui a été souligné pour le scenario APE.
Toutefois, même pour ces régions, les variations restent faibles au niveau
global. Ceci est dû essentiellement à un problème d’agrégation. En effet,
au niveau sectoriel, des accroissements d’exportations sont nettement
plus marqués pour les deux régions, la viande, le lait (uniquement pour la
zone Caraïbes–Pacifique), le textile et habillement et les véhicules étant
les principaux produits affectés. Une analyse plus fine avec un meilleur
détail par pays au sein de chaque zone indiquerait certainement de plus
amples variations.
Comment ces résultats s’insèrent-ils dans les autres études récentes
sur le même sujet ? En utilisant aussi le modèle MIRAGE, Bouët et al.
(2007) montrent que les principaux bénéficiaires de cette réforme en
termes de commerce sont les exportateurs européens alors que la
plupart des pays ACP connaissent des augmentations moindres de leurs
exportations. Les exportations des pays non ACP sont négativement
affectées par cette réforme du fait d’un détournement de commerce.
Cette même étude conclut à une augmentation très modeste des
108
Revue de l’OFCE 107
LES ACCORDS DE PARTENARIAT ÉCONOMIQUE : QUELS ENJEUX POUR LE SÉNÉGAL ?
exportations sénégalaises et une perte de 45 % de recettes tarifaires pour
ce même pays. Enfin la mise en place de ces accords nuirait à la
diversification géographique des importations des pays ACP.
La Commission économique pour l’Afrique des Nations Unies conclut,
elle aussi par le biais d’un modèle d’équilibre général calculable, à des
effets négatifs pour les pays ACP si ceux-ci appliquent aux produits
européens la même préférence que leurs produits reçoivent quand ils
entrent dans l’UE (Karingi et al. 2006). En particulier, l’Afrique
subsaharienne subit une perte de ses recettes tarifaires, une détérioration
de ses termes de l’échange et une croissance plus forte de ses
importations par rapport à ses exportations. La mise en place d’une zone
de libre-échange entre l’UE et la totalité de l’Afrique subsaharienne serait
plus positive pour ces pays, mais au prix d’importants bouleversements
macroéconomiques.
D’autres études adoptent une approche en équilibre partiel, ce qui
permet d’analyser plus finement les effets des APE au niveau produits et
pays, même si l’approche est moins cohérente globalement.
Généralement ces études concluent que les principaux bénéficiaires en
termes de commerce sont les exportateurs européens. La Commission
économique pour l’Afrique des Nations Unies prévoit ainsi un
accroissement de 20 % des exportations européennes à destination de
ces pays. Dans les pays ACP le surplus des consommateurs augmenterait
de 509 millions de dollars, parallèlement à une perte de 1,97 milliards de
dollars en recettes fiscales (Karingi et al., 2006 ; Busse et al., 2004;
COMESA Secretariat, 2003; Scollay, 2002; Tekere and Ndlela, 2003).
Dans une étude récente Fontagné et al. (2007) prévoient un
accroissement de 10,7 % du volume des exportations des pays ACP vers
l’UE en 2022, avec notamment une forte croissance des exportations de
bétail. Selon cette étude la perte de recette moyenne pour les pays ACP
sur les importations en provenance de l’UE serait de 71 %, et l’Afrique
de l’Ouest serait la plus touchée. La CEDEAO perdrait 38 % en recette
tarifaire totale, alors que les pays ACP « seulement » 26 %.
La comparaison de ces différentes études n’est pas directe. Il y a des
différences importantes tant au niveau des approches méthodologiques
que du choix des différents paramètres. Les tendances sont identiques,
mais l’importance des effets diffère d’une étude à l’autre. Toutes ces
études ne prennent pas en compte certains coûts d’ajustement, comme
les coûts de réallocation des facteurs d’un secteur de production à l’autre.
Ces études n’intègrent qu’une partie des effets dynamiques qui peuvent
survenir lors de l’ouverture d’un pays à l’échange international. Le modèle
MIRAGE prend en compte des modifications dans l’accumulation de
certains facteurs primaires, modifications qui peuvent être entraînées par
ce processus d’internationalisation (capital, terre). Il inclut aussi des effets
sur le nombre de variétés dans un secteur, le niveau des profits et l’entrée
de nouvelles firmes dans un secteur en distinguant notamment des
109
Revue de l’OFCE 107
Valdete Berisha-Krasniqi, Antoine Bouët et Simon Mevel
secteurs à ajustement rapide (secteurs fragmentés) des secteurs à
ajustement lent (secteurs segmentés). Mais ce modèle n’incorpore pas
toutefois, dans la version qui a été utilisée ici, d’autres relations
dynamiques, notamment entre le degré d’ouverture et la productivité
globale des facteurs. Il est possible d’intégrer ce type de relation et cela
peut accroître les gains liés à l’ouverture de 80 % (voir Bouët, 2008, pour
une lecture critique de cette méthodologie).
4. Conclusions et implications politiques
Cette étude a évalué l’impact potentiel des accords de partenariat
économique en cours de négociation ou mis en place entre l’UE et les
pays ACP. Cette réforme suppose notamment le démantèlement des
barrières commerciales à l’intérieur de chaque groupe de négociation afin
de promouvoir l’intégration régionale et une réforme commerciale
asymétrique qui impliquera l’ouverture (partielle, soit avec des produits
sensibles) de ces économies aux exportateurs européens. La période
d’implémentation sera plus longue du côté ACP.
Pour le Sénégal cette réforme n’améliorera pas son accès aux marchés
extérieurs car cette économie dispose déjà d’un très bon accès à l’UE
avec les accords de Cotonou et l’accord « Tout sauf les armes », mais
aussi aux États-Unis avec l’ « African Growth Opportunity Act ». Cela
pose la question de l’intérêt de cette réforme pour ce pays. Cette étude
confirme ces craintes : les APE seront très faiblement créateurs de
commerce pour le Sénégal, mais aussi pour beaucoup d’autres pays ACP,
et provoqueront d’importants détournements de commerce. On peut
ainsi questionner l’intérêt de ces accords même s’ils apparaissent
bénéfiques pour certains pays ACP comme les zones CDAA, ESA et
Caraïbes-Pacifique.
Si en matière de commerce extérieur l’intérêt de cette réforme est
peu évident pour un pays comme le Sénégal, c’est encore plus vrai en
termes fiscaux. Nous évaluons à 46 % la perte de recettes douanières
pour ce pays, 31 % dans le cas du Nigéria, 37 % pour le reste de la
CEDEAO. C’est bien évidemment un élément politique majeur quand on
connaît l’importance des recettes douanières dans les recettes publiques.
Au total, la mise en place des APE nécessiterait des compensations
financières que l‘UE pourrait verser. Calculées sur la base des variations
de revenu réel indiquées sur le tableau 9, ces compensations annuelles
pourraient être de l’ordre de 20 millions de dollars pour le Sénégal,
227 millions pour le Nigéria, 709 millions pour les autres pays d’Afrique
occidentale, 133 millions pour certains pays perdants de l’Afrique du Sud
et de l’Est.
110
Revue de l’OFCE 107
LES ACCORDS DE PARTENARIAT ÉCONOMIQUE : QUELS ENJEUX POUR LE SÉNÉGAL ?
Ce type de réforme ne peut avoir pour seul objectif de rendre la
politique commerciale européenne vis-à-vis des pays ACP compatible
avec les règles de l’OMC. Des objectifs de développement sont
nécessaires. Certaines études (Curran, Nilsson et Brew, 2008)
soutiennent que le principal objet de ces accords réside dans ce qui ne
relève pas directement de la politique commerciale : investissement,
mesures de facilitation du commerce. Il n’en reste pas moins que la
recherche d’autres solutions relatives à la politique commerciale, peut
être particulièrement intéressante pour les pays d’Afrique de l’Ouest
comme le Sénégal.
Bien que l’Accord de Cotonou ne soit pas compatible avec les règles
de l’OMC, il reste à démontrer si le maintien d’un tel régime susciterait
des plaintes de pays membres. Apres tout, certains schémas préférentiels
américains ne sont pas non plus « OMC-compatibles » comme l’accord
AGOA, préférence accordée à la plupart des pays africains. Même si
certains pays trouvent que cette préférence leur porte préjudice, des
compensations commerciales peuvent être définies. En outre, un pays
comme le Sénégal dispose d’une alternative, la préférence donnée par
l’accord « Tout sauf les armes » qui est lui reconnu comme une
préférence totalement en règle avec les principes de l’organisation
mondiale. Enfin, cette réforme ne met pas assez en avant, ou pas de
manière convaincante, des éléments fondamentaux pour des pays comme
le Sénégal : problèmes des règles d’origine, impacts des mesures
techniques, sanitaires et phyto-sanitaires, infrastructures de transport et
de télécommunication, contrainte de capacité de l’offre dans ces pays.
Références bibliographiques
ADENIKINJU A., et O. ALABA, 2005 : « EU-ACP Economic Partnership
Agreements: Implication for trade and development in West Africa »,
TPRTP, University of Ibadan, Nigeria.
ANSON J., O. CADOT, A. ESTEVADEORDAL, J. de MELO, A. SUWA-EISENMANN
et B. TUMURCHUDUR, 2004 : Rules of Origin in North-South Preferential
Trading Arrangements with an Application to NAFTA, mimeo.
BCHIR, M.-H., Y. DECREUX, J.-L. GUÉRIN, et S. JEAN, 2002 : « Mirage: A
general equilibrium model for trade policy analysis », CEPII Working
Paper, n° 2002-17.
BOS E., M. T. Vu, E. MASSIAH et R. A. BULATAO, 1994 : « World
population projections, 1994-95 », Edition: Estimates and projections
with related demographic statistics, Baltimore, Johns Hopkins University
Press pour la World Bank.
111
Revue de l’OFCE 107
Valdete Berisha-Krasniqi, Antoine Bouët et Simon Mevel
BOUËT A., 2008 : « The Expected Benefits of Trade Liberalization for
World Income and Development », Washington DC, IFPRI Food Policy
Review, 8.
BOUËT A., L. FONTAGNÉ, S. JEAN, 2005 : « Is Erosion of Tariff Preferences
a Serious Concern? », CEPII working paper, n° 2005-14.
BOUËT A., Y. DECREUX, L. FONTAGNÉ, S. JEAN, et D. LABORDE, 2008 :
« Assessing Applied Protection across the World », Review of
International Economics, à paraître.
BOUËT A., Y. DECREUX, L. FONTAGNÉ, S. JEAN, et D. LABORDE, 2005 :
« Tariff duties in GTAP6: The MacMap-HS6 database, sources, and
methodology », In B. V. Dimaranan et R. A. McDougall (eds.), Global
trade, assistance, and production: The GTAP 6 data base, West
Lafayette, IN, Center for Global Trade Analysis, Purdue University.
BOUËT A., D. LABORDE, et S. MEVEL, 2007 : « Searching for an alternative
to Economic Partnership Agreements », IFPRI Research Brief, n° 10,
Washington, D.C.
BOUËT A., S. MEVEL, et M. THOMAS, 2006 : « The Effects of Peru’s
reciprocal trade agreements with the United States and the European
Union on production and trade: Evidence from a global computable
general equilibrium (CGE) model », IFPRI Research Paper, Washington,
DC.
BRENTON P., 2003 : The value of trade preferences: The economic impact of
Everything but Arms, Washington, DC, World Bank, International
Trade Department.
BUSSE M., A. BORRMANN et H. GROSSMAN, 2004 : The impact of ACP/EU
Economic Partnership Agreements on ECOWAS countries: An empirical
analysis of the trade and budget effects, Hambourg Institute of
International Economics.
CANDAU F. et S. JEAN, 2005 : « What are EU trade preferences worth for
Sub-Saharan Africa and other developing countries? », CEPII Working
Paper, n° 2005-19.
COMESA Secretariat, 2003 : Status of EPAs negotiations, Mimeo, Lusaka,
Zambie.
CURRAN L., L. NILSSON et D. BREW, 2008 : « The Economic Partnership
Agreements: Rationale, Misperceptions and Non-trade Aspects »,
Development Policy Review, 26 (5), pp. 529-553.
DISDIER A.-C., L. FONTAGNÉ et M. MIMOUNI, 2008 : « The Impact of
Regulations on Agricultural Trade: Evidence from SPS and TBT
Agreements », American Journal of Agricultural Economics, 90 (2), pp.
336-350.
112
Revue de l’OFCE 107
LES ACCORDS DE PARTENARIAT ÉCONOMIQUE : QUELS ENJEUX POUR LE SÉNÉGAL ?
ECDPM, 2006a : « Overview of the regional EPA negotiations: CEMAC
Central Africa–EU Economic Partnership Agreement », ECDPM InBrief,
14A, Maastrich.
ECDPM, 2006b : « Overview of the regional EPA negotiations: West
Africa–EU Economic Partnership Agreement », ECDPM InBrief, 14B,
Maastricht.
ECDPM, 2006c : « Overview of the regional EPA negotiations:
Caribbean–EU Economic Partnership Agreement », ECDPM InBrief,
14C, Maastricht.
ECDPM, 2006d : « Overview of the regional EPA negotiations: Pacific–EU
Economic Partnership Agreement », ECDPM InBrief, 14D, Maastricht.
ECDPM, 2006e : « Overview of the regional EPA negotiations: ESA–EU
Economic Partnership Agreement », ECDPM InBrief, 14E, Maastricht.
ECDPM, 2008 : « EPA Negotiations – State of Play in August 2008 »,
www.acp-eu-trade.org.
ECOWAS et EUROPEAN COMMISSION, 2004 : Road map for Economic
Partnership Agreement negotiations between West Africa and the
European Community, adopted at the meeting of Ministers of Trade on
the Economic Partnership Agreement between West Africa and the
European Community, 4 août 2004, Accra, Ghana.
EUROPEAN COMMUNITY et ACP, 2000 : Partnership agreement between the
members of the African, Caribbean and Pacific group of states of the one
part, and the European Community and its member states, of the other
part, signé à Cotonou le 23 juin 2000.
HERIN J., 1986 : « Rules of Origin and Differences between Tariff Levels
in EFTA and in the EC », EFTA Occasional Paper, 13, European Free
Trade Association, Genève, février.
FALVEY R., et G. REED, 1998 : « Economic effects of rules of origin »,
Weltwirtschifliches Archiv, 134, pp. 209-229.
FALVEY R. et G. REED, 2002: « Rules of origin as commercial policy
instruments », International Economic Review, 43 (2), pp. 393-408.
FONTAGNÉ, L., C. MITARITONNA et D. LABORDE, 2007 : An impact study of
the EU–ACP Economic Partnership Agreements (EPAs) in the six ACP
regions, Mimeo.
FUKASUKU K., 2003 : Fiscal Impact of Trade Liberalization. A Review of Recent
Country Experiences in Africa, Ad-hoc Expert Group Meeting of
UNECA in Addis Ababa, 1-2 Octobre.
INAMA S., 2003 : Trade preferences for LDCs: An early assessment of benefits
and possible improvements, ITCD/TSB/2003, United Nations
Conference on Trade and Development, Genève.
113
Revue de l’OFCE 107
Valdete Berisha-Krasniqi, Antoine Bouët et Simon Mevel
JEAN S., D. LABORDE et W. MARTIN, 2005 : « Consequences of alternative
formulas for agricultural tariff cuts », in K. Anderson et W. Martin
(eds.), Trade reform and the Doha Agenda, Washington, DC, World
Bank.
KARINGI S., R. LANG, N. OULMANE, R. PEREZ, S. M. JALLAB et B. HAMMOUDE,
2005 : « Economic and welfare impacts of the EU–Africa Economic
Partnership Agreements », ATPC Work in Progress, n° 10, African
Trade Policy Centre, Economic Commission for Africa, Addis Ababa.
KARINGI S., N. OULMANE, M. SADNI-JALLAB, R. LANG et R. PÉREZ, 2006 :
« Assessment of the Impact of the Economic Partnership Agreement
between the COMESA countries and the European Union », ATPC
Work in Progress, n° 37, United Nations Economic Commission for
Africa, Addis Ababa.
KRISHNA K., et A. O. KRUEGER, 1995 : « Implementing free trade areas:
Rules of origin and hidden protection », in A. Deardorff, J. Levinsohn,
et R. Stern (eds.), New Directions in Trade Theory, East Lansing, Presses
de l’Université du Michigan.
RICHARDSON S., 2007 : Sustainability impact assessment of the EU–ACP
Economic Partnership Agreements: Summary of key findings, policy
recommendations,
and
lessons
learned,
Neuilly-sur-Seine,
PricewaterhouseCoopers pour la Commission européenne.
SCOLLAY R., 2002 : Impact assessment of possible Economic Partnership
Agreements with the EU: A report for ACP secretariat and the Pacific ACP
states, mimeo.
SUBRAMANIAN A., A. MATTOO, et D. ROY, 2002 : « The Africa Growth and
Opportunity Act and its rules of origin: Generosity undermined? »,
World Bank Working Paper, n° 2908, Washington DC.
TEKERE M., et D. NDLELA, 2003 : Impact assessment of Economic Partnership
Agreements on Southern African Development Community and preliminary
adjustment scenarios: Final report, Harare, Zimbabwe, Trade and
Development Studies Centre.
UNCTAD et THE COMMONWEALTH SECRETARIAT, 2001: Duty and quota
free market access for LDCs: An analysis of quad initiatives, Londres et
Genève.
WORLD BANK, 2005 : Global Economic Prospects 2005: Trade, Regionalism
and Development, Washington DC, World Bank.
114
Revue de l’OFCE 107
LES ACCORDS DE PARTENARIAT ÉCONOMIQUE : QUELS ENJEUX POUR LE SÉNÉGAL ?
ANNEXE
Scénario APE avec “SGP pour non PMA” dans la référence
Variation des revenus réels en 2023 (réforme par rapport au scénario de référence)
Scénario SGP pour non
PMA dans la référence
Gains de revenu réel
(en milliards de dollars)
Gains de revenu réel (en %)
Gains d'efficience
allocative (en %)
Gains des termes
de l'échange (en %)
Gains de revenu réel
(en milliards de dollars)
Gains de revenu réel (en %)
Gains d'efficience
allocative (en %)
Gains des termes
de l'échange (en %)
Scénario APE
10,096
0,1
0,1
0,0
9,935
0,1
0,1
0,0
Afrique du Sud
0,268
0,2
0,1
0,0
0,288
0,2
0,1
0,1
Communauté du développement
de l’Afrique australe (CDAA)
1,078
2,1
-0,4
1,9
1,102
2,1
-0,4
6,0
Afrique orientale et australe (ESA)
0,702
1,2
-0,5
0,9
0,814
1,4
-0,5
3,5
Reste de la CDAA et de l’ESA
-0,133
-0,5
1,0
-0,6
-0,132
-0,5
1,0
-1,7
Nigéria
-0,227
-0,6
0,2
0,0
-0,226
-0,6
0,2
-0,6
Sénégal
-0,020
-0,3
0,0
-0,8
-0,020
-0,3
0,0
-1,6
Reste de l’Afrique de l’Ouest,
orientale et centrale
-0,709
-0,4
0,1
-0,5
-0,671
-0,4
0,1
-1,4
Reste de l’Afrique
0,054
0,0
0,0
0,0
0,044
0,0
0,0
0,0
Caraïbes et Pacifique
0,908
0,4
-0,3
0,4
1,014
0,4
-0,3
1,6
Union européenne (27 membres)
Source : calculs des auteurs basés sur la base de données GTAP6.2 et le modèle MIRAGE.
115
Revue de l’OFCE 107
Valdete Berisha-Krasniqi, Antoine Bouët et Simon Mevel
Variation des exportations-impact des APE en 2023 (volume en %)
Scénario APE
Scénario SGP
pour non PMA
dans la référence
Union européenne (27 membres)
1,4
1,4
Afrique du Sud
-0,5
-0,5
Communauté du développement
de l’Afrique australe (CDAA)
10,9
11,0
Afrique orientale et australe (ESA)
10,9
11,8
Reste de la CDAA et de l’ESA
9,9
9,9
Nigéria
3,0
3,0
Sénégal
6,0
6,0
Reste de l’Afrique de l’Ouest,
orientale et centrale
10,4
10,5
Reste de l’Afrique
0,0
0,0
Caraïbes et Pacifique
12,7
12,9
Région
Source : calculs des auteurs basés sur la base de données GTAP6.2 et le modèle MIRAGE.
116
Revue de l’OFCE 107