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Les travaux miniers de Castifao.pdf

De manière générale, la quasi-totalité des ouvrages examinés, qu'ils soient de simples recherches ou de petites exploitations, ne semble avoir vu le jour que dans les années 1840-1850, pour s'achever en 1909. Ce soudain intérêt pour les gisements cuprifères de l'Île a été alimenté essentiellement par une méconnaissance géologique et métallogénique. Investisseurs, exploitants, et spéculateurs ne sont pas seuls responsables de ces espérances perdues. On peut aussi y inclure l'administration des mines, qui malgré ses compétences va induire les entrepreneurs en erreur en leur donnant de faux espoirs car ils ignorent encore certains détails de la géologie de l'île. En effet, si la dualité géologique de la Corse est connue dès le début du XIXe siècle, le mode de genèse des gisements de cuivre ne l'est pas. Les notions de charriage et de croûte océanique y sont encore méconnues. A fortiori, on ignore que cette croûte a été transformée, dilacérée, incorporée dans diverses nappes. Certes les ingénieurs ont bien noté l'association fréquente entre les minéralisations cuprifères et les terrains ophiolitiques, mais ils imaginent d'une part que les minéralisations s'enracinent en profondeur et d'autre part qu'elles ne peuvent se suivre en surface que sur de grandes distances. D'après P. Benoit, Ingénieur en Chef des mines, « Il existe en Corse une bande cuprifère d'une longueur assez considérable ou gît le minerai de cuivre dans des conditions tout à fait analogue à celles observées en Toscane… ». Par cette analogie avec le Monte Catini, certains ingénieurs vont avoir l'espoir que les indices de minéralisation déjà reconnus vont donner lieu à de grandes et riches exploitations en Corse. Dans les sources écrites et cartographiques du XIXe siècle, exploitants et ingénieurs du service des mines témoignent de la présence de travaux anciens à Castifao. En effet, des ouvrages sont qualifiés à plusieurs reprises de « travaux génois » sans qu'aucun argument ne soit avancé, et qu'aucune date ne soit précisée. En admettant que l'exploitation ait été réalisée pendant l'occupation Génoise, cette période de gestion politique de la Corse par la Sérénissime s'échelonne entre la fin du XIIIe et la fin du XVIIIe siècle. C'est néanmoins au cours de cette longue période chronologique que l'histoire des techniques évolue considérablement. La prospection des mines de Castifao s'est donc attachée à distinguer les travaux ouverts sans l'usage de la poudre, des travaux de reprises effectués à partir des années 1850. Lors de la prospection plusieurs secteurs issus de cette activité ancienne ont pu être explorés, étudiés et même sondés. Des recherches comme à Arazo ou Tascaracia mais aussi une zone d'exploitation au Ponte marque une activité modeste mais avérée d'une période ou les travaux étaient encore réalisés sans l'usage de la poudre. Les galeries de recherche peu dégradées par les reprises du XIXe siècle ont conservé une architecture caractéristique et des traces de pointerolle. Les vestiges du réseau du Ponte se situent à la cote + 326 m et les plus bas à la cote + 282 m au niveau de la rivière la Tartagine. Les travaux s'étendent sur 300 m de longueur, à flanc de coteau en rive droite. Nous n'avons pu visiter que la partie centrale de l'exploitation, les galerieses plus orientales et septentrionales (essentiellement des galeries de recherche) étant inaccessibles. L'architecture générale se caractérise par quelques chantiers étroits, initialement à ciel ouvert, pouvant atteindre plus de 15 m de hauteur. Ces chantiers sont prolongés par des galeries de recherche longeant une faille plus ou moins minéralisée. Cette dernière assez proche de la surface, où du minerai a été réellement exploité, ne dépasse pas 85 x 40 m pour une profondeur de 15 m. Ces galeries de recherche sont jalonnées par des galeries de recoupe. Une partie du réseau est aussi constituée d'ouvrages d'assistance (exhaure et aération).

Les mines de cuivre du Centre Corse : Les travaux miniers de Castifao Florian LELEU, Arkemine SARL Recherche & Archéologie Préventive Association pour la Recherche Archéologique en Corse En 2015, une première prospection thématique a été entreprise sur une dizaine de sites miniers du Centre Corse (Haute-Corse). Cette investigation archéologique avait plusieurs objectifs dans la mesure où à l'exception des mines de fer de Farinole, les gisements miniers n'ont jamais fait l'objet d'étude. Dans ce contexte scientifique, l'opération de prospection thématique devait permettre : - de faire un récolement des sources écrites et bibliographiques ; -d'explorer et d'enregistrer les vestiges afin de les caractériser ; - et enfin de proposer un phasage chronologique de chaque site minier. Au terme de cette première campagne, l'ensemble des objectifs scientifiques n'ayant pu être accomplis de manière exhaustive pour l'ensemble des sites, l'étude archéologique a été poursuivie en 2016. Au vu des résultats obtenus, le site minier de Castifao se singularise par la présence de travaux "anciens". De manière générale, la quasi-totalité des ouvrages examinés, qu’ils soient de simples recherches ou de petites exploitations, ne semble avoir vu le jour que dans les années 1840-1850, pour s’achever en 1909. Ce soudain intérêt pour les gisements cuprifères de l’Île a été alimenté essentiellement par une méconnaissance géologique et métallogénique. Investisseurs, exploitants, et spéculateurs ne sont pas seuls responsables de ces espérances perdues. On peut aussi y inclure l’administration des mines, qui malgré ses compétences va induire les entrepreneurs en erreur en leur donnant de faux espoirs car ils ignorent encore certains détails de la géologie de l’île. En effet, si la dualité géologique de la Corse est connue dès le début du XIXe siècle, le mode de genèse des gisements de cuivre ne l’est pas. Les notions de charriage et de croûte océanique y sont encore méconnues. A fortiori, on ignore que cette croûte a été transformée, dilacérée, incorporée dans diverses nappes. Certes les ingénieurs ont bien noté l’association fréquente entre les minéralisations cuprifères et les terrains ophiolitiques, mais ils imaginent d’une part que les minéralisations s’enracinent en profondeur et d’autre part qu’elles ne peuvent se suivre en surface que sur de grandes distances. D’après P. Benoit, Ingénieur en Chef des mines, « Il existe en Corse une bande cuprifère d’une longueur assez considérable ou gît le minerai de cuivre dans des conditions tout à fait analogue à celles observées en Toscane… ». Par cette analogie avec le Monte Catini, certains ingénieurs vont avoir l’espoir que les indices de minéralisation déjà reconnus vont donner lieu à de grandes et riches exploitations en Corse. Lors de la prospection plusieurs secteurs issus de cette activité ancienne ont pu être explorés, étudiés et même sondés. Des recherches comme à Arazo ou Tascaracia mais aussi une zone d’exploitation au Ponte marque une activité modeste mais avérée d’une période ou les travaux étaient encore réalisés sans l’usage de la poudre. Les galeries de recherche peu dégradées par les reprises du XIXe siècle ont conservé une architecture caractéristique et des traces de pointerolle. Ponte n°2 Ponte n°3 Tranchée +326 Percée +318 Cheminée +307 Recherches +307 Tranchée +319 TB +295 Extrait du plan de l’Ingénieur des Mines E. Sévoz (1868) TB +295 Dans les sources écrites et cartographiques du XIXe siècle, exploitants et ingénieurs du service des mines témoignent de la présence de travaux anciens à Castifao. En effet, des ouvrages sont qualifiés à plusieurs reprises de « travaux génois » sans qu'aucun argument ne soit avancé, et qu'aucune date ne soit précisée. En admettant que l’exploitation ait été réalisée pendant l’occupation Génoise, cette période de gestion politique de la Corse par la Sérénissime s'échelonne entre la fin du XIIIe et la fin du XVIIIe siècle. C'est néanmoins au cours de cette longue période chronologique que l'histoire des techniques évolue considérablement. La prospection des mines de Castifao s’est donc attachée à distinguer les travaux ouverts sans l’usage de la poudre, des travaux de reprises effectués à partir des années 1850. Chantier dans le Ponte n°3 Ponte n°1 +282 Vue aérienne du Ponte Projection du Ponte n° 1 Tranchée +326 Projection du Ponte n° 3 Plan A. Raynal de 1908 Projection du Ponte n° 4 Tranchée +319 Bois Fermetures en béton Recherches +307 Percée du n°3 +318 Remblais Ponte n°3 +312 Éboulis Cheminée +307 Ponte n°2 +295 TB +295 Ponte n°1 +282 0 20 m Tranchée +326 Tranchée +319 Recherches +307 Vue aérienne des travaux du Ponte Cheminée +307 Ponte n°3 +312 Percée du n°3 +318 0 2m Ponte n°2 +295 TB +295 TB ? TB +312 Terrasse +312 Ponte n°1 +282 Les vestiges du réseau du Ponte se situent à la cote + 326 m et les plus bas à la cote + 282 m au niveau de la rivière la Tartagine. Les travaux s’étendent sur 300 m de longueur, à flanc de coteau en rive droite. Nous n’avons pu visiter que la partie centrale de l’exploitation, les galerieses plus orientales et septentrionales (essentiellement des galeries de recherche) étant inaccessibles. L’architecture générale se caractérise par quelques chantiers étroits, initialement à ciel ouvert, pouvant atteindre plus de 15 m de hauteur. Ces chantiers sont prolongés par des galeries de recherche longeant une faille plus ou moins minéralisée. Cette dernière assez proche de la surface, où du minerai a été réellement exploité, ne dépasse pas 85 x 40 m pour une profondeur de 15 m. Ces galeries de recherche sont jalonnées par des galeries de recoupe. Une partie du réseau est aussi constituée d’ouvrages d’assistance (exhaure et aération). De manière générale, les travaux sont organisés sur quatre niveaux, du Ponte n° 1 le plus bas au Ponte n° 4. La visite partielle du réseau nous a permis de distinguer trois phases d’exploitation : - La phase I réalisée à la pointerole concerne le faîte des chantiers, en particulier sous les Tranchées+326, +319 et la zone Recherches +307, et peut-être au-dessus de Ponte n°2 +295 ; - La phase II (mixte pointerolle et poudre) concerne les galeries Ponte n°2 et Ponte n°3 et des chantiers attenants ; La phase III (galerie large à l'explosif, à pente faible) concerne une reprise des galeries Ponte n°2 et Ponte n°3. Section 1 Section 2 Section 3 Section 3 ONO ESE NNE SSO Front de taille en gradins Profil Sondage 1 UA 04 Section 1 NNE Afin de tenter de dater ces travaux, une sondage à été réalisé dans l’une des galeries de recherche du Ponte n°2. Malheureusement aucun charbon n’à été conservé dans les sédiments de la galerie. Des investigations complémentaires seront donc menées à la fois sur les archives génoises mais aussi sur le terrain pour préciser la chronologie de l’exploitation. UA 03 Gradins UA 02 SSO Section 2 NNE UA 01 SSO Section 1 Section 2 Section 3 Gradins UA 04 Relevé photogrammétrique d’une galerie de recherche Sondage 01 : UA 01 Creusement de la galerie de recherche UA 02 Sédiment argilo-limoneux brun homogène, très compact UA 03 Sédiment limoneux brun foncé homogène, non compact avec des cailloux et moellons UA 04 Matrice idem UA 03, sans blocs, compact : tassement, piétinement UA 03 UA 03 UA 02 UA 01 Roche 0 1 2m Remblais non fouillé Sondage 1 Vue en plan Données & informatisation : Arkemine, ARAC Avec mes plus sincères remerciements au participants de la prospection : Bruno Ancel, Adrien Arles, Jean-Yves Courtois, Alain Gauthier, Cédric Lheur, Christophe Marconnet, Florian Teyregeol et Émilie Tomas. Les metaux precieux en Mediterranee medievale 6-8 oct. 2016 Aix-en-Provence (France)