LES NOUVEAUX RICHES EN LEURS
« PALAIS » : UN ASPECT DE LA
TRANSFORMATION URBAINE DANS LES
PAYS ANCIENNEMENT SOCIALISTES
par
FRANÇOIS RUEGG
Anthropologie urbaine, francophonie et populisme
Que l’anthropologie urbaine soit un domaine relativement nouveau dans le monde francophone n’est un secret pour personne. Le
traducteur du fameux ouvrage d’Ulf Hannerz Exploring the City:
Inquiries Toward an Urban Anthropology, Isaac Joseph, pouvait
ainsi écrire dans sa préface en 1983 :
Le nombre de travaux d’anthropologie urbaine que l’ouvrage d’Ulf
Hannerz présente et discute est impressionnant. Faut-il faire le compte
de tous ceux que le public français ignore ? de ceux qui ne sont pas traduits et de ceux qui sont quasiment absents des débats de la recherche
urbaine en France ? Comment le résultat obtenu sera-t-il interprété :
comme un signe de provincialisme théorique ou comme une absence
d’intérêt pour des problématiques qui ont fait l’histoire de
l’anthropologie anglo-saxonne ? (Joseph 1983 : 7).
Toutefois, au milieu des années 1950 déjà, les travaux d’un ethnologue comme Georges Balandier (Sociologie des Brazzavilles noires, 1955), fondateur ou du moins inspirateur de ce qui va s’appeler
désormais l’anthropologie dynamique, font clairement partie du
domaine de l’anthropologie urbaine, au même titre que ceux de ses
homologues britanniques de l’école de Manchester. Certes, la décolonisation et le rapatriement de l’ethnologie des colonies dans les
métropoles ne sont pas étrangers non plus au développement de
cette branche, parfois d’ailleurs au titre de refuge plutôt que comme un véritable choix de terrain. Gutwirth (2005) avoue ainsi avoir
fait de l’anthropologie urbaine sans le savoir.
Le développement de l’anthropologie urbaine en France est aussi lié au débat plus général sur l’objet de l’anthropologie qui a eu
lieu dans ce pays dans les années 1980, si l’on en juge par cet « état
des lieux » que publie la revue L’Homme en 19861. Il s’agissait en
gros de savoir si, avec la disparition des terrains exotiques, consé1. Voir lhomme.revues.org/persee-124009. Il s’agit du vol. 26, no. 97-98.
Diogène n° 251-252, juillet-décembre 2015.
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quence de la décolonisation et à la création de nouveaux Étatsnations dans les anciennes colonies, on pouvait maintenir
l’ethnologie comme une discipline étudiant les sociétés « simples »
ou si, renonçant à l’exotisme qu’engendre le Grand Partage entre
sociétés « simples » et « complexes », on n’en gardait que la méthode pour se rabattre sur des terrains plus proches, quitte à empiéter
sur le domaine traditionnel des sociologues, à savoir en l’occurrence la ville, comme lieu d’observation. Dans les années qui précèdent, on remarque toutefois déjà un intérêt des sciences humaines en général pour la ville, comme en témoignent les ouvrages qui
paraissent alors sous la plume d’un Henri Lefebvre, dont Le Droit
à la ville (1968), ou La Question urbaine de Manuel Castells en
1972. L’orientation de ces ouvrages est clairement idéologique, on
s’en doute, comme d’ailleurs celle d’une bonne partie de l’anthropologie et de la sociologie urbaines. Il s’agit de montrer comment la
ville reflète « la lutte des classes », dirons-nous pour faire court.
Dans la version ethnicisante qui suivra, la même approche antagoniste montrera comment les minorités sont marginalisées, spatialement, dans les villes et comment les quartiers revêtent désormais
les caractéristiques ethniques de leurs habitants. C’est ainsi que le
terme de ghetto tendra à se généraliser pour désigner des quartiers
ethniques.
Enfin, l’engouement pour l’anthropologie urbaine est à rattacher également à l’intérêt désormais omniprésent pour la vie quotidienne plutôt que pour les grands évènements, décelable dès les
années trente chez les historiens des Annales. Notons encore par
exemple, pour montrer que la ville intéresse aussi les intellectuels
qui découvrent le quotidien dans les années quatre-vingts, le chapitre « Marches dans la ville » de Michel de Certeau, auteur culte
s’il en fut, figurant dans son Invention du quotidien et témoignant
d’une approche plus philosophique que sociologique. Quoi qu’il en
soit, cette orientation « subalterne », serait-on tenté de dire, des
études urbaines, dont on sait le succès qu’elle rencontre encore aujourd’hui avec l’étude très répandue des migrants, reflète fort bien
le transfert du primitif là-bas dans la brousse, au populaire et à
l’ethnique ici dans les banlieues, transfert permettant aux anthropologues de conserver leur rôle chevaleresque de défenseurs des
opprimés, comme si l’anthropologie, à peine libérée du complexe
colonial, s’était inféodée désormais à une mission humanitaire. À
moins que la littérature d’un Victor Hugo ou d’un Charles Dickens,
dépeignant la ville comme un enfer ou un cancer, ne soit à l’origine
de cette vision décidément « populiste » (Amselle 2010) de
l’anthropologie urbaine dans son ensemble.
Avant d’aborder plus précisément les nouveaux riches en leurs
demeures somptueuses, je souhaite encore signaler le flou qui règne au sujet de l’appellation « anthropologie urbaine », à savoir que
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FRANÇOIS RUEGG
si personne ne contestera le truisme voulant que le monde
s’urbanise, on n’est guère parvenu à fixer des limites à la ville ou à
l’urbain (Agier 1996). La ruralisation de la ville peut être tout aussi intéressante à observer que l’urbanisation de la campagne ou ce
que l’on nomme la « rurbanisation ». En ce qui concerne les palais
des nouveaux riches dans les anciens pays socialistes, dont nous
allons parler, ce flou est tout aussi présent, ces demeures pouvant
se situer aussi bien au centre des villes que dans des quartiers enclos (gated communities), ou encore sur le bord des routes principales, de préférence à l’entrée et à la sortie des villes. Cependant,
dans la mesure où notre étude se situe davantage dans le domaine
des représentations sociales et de l’urbanisme, voire de l’architecture, que de la simple anthropologie en ville ou de la ville comme totalité signifiante, nous ne pouvons pas simplement ignorer
l’étude de l’espace au profit de l’interaction sociale ou des réseaux,
comme le suggèrerait une tradition bien établie d’une anthropologie urbaine up to date (Agier 1996).
Les nouveaux riches
De ce qui précède on comprendra que les sources pour étudier
les nouveaux riches dans la région envisagée sont maigres et qu’on
ne peut même pas compter par conséquent sur une ethnographie
abondante. Là aussi, effet de contagion, les études portent avant
tout sur les marginaux, les minorités ethniques et, dans le cas de
la Roumanie et de la Bulgarie, les pauvres Rom (Ruegg 2009). Il
est vrai que la visibilité des nouveaux riches en Europe de l’est et
dans l’ancien monde soviétique est un phénomène récent. Il doit
être compris dans le cadre du comportement des nouvelles élites,
issues de l’accès à de nouveaux emplois ou postes lucratifs dans
l’économie ou la politique d’un côté (qui garantit le capital nécessaire), et de l’autre, de l’accès à une grande variété de produits importés et à l’information sur les modes et l’actualité (qui permet la
réalisation des projets architecturaux en question), autant de choses impossibles sous l’ancien régime. S’il existait bien des riches et
des privilégiés, ceux-ci ne pouvaient guère faire la démonstration
publique de leur richesse. C’est précisément cet aspect – la démonstration publique de la richesse – qui caractérise les nouveaux
riches à l’est, contrairement par exemple à la tradition bourgeoise
(protestante) qui consiste à cacher sa richesse et à pratiquer une
certaine retenue si ce n’est l’avarice, comme on le constate dans
d’austères métropoles calvinistes telles que Genève.
Les nouveaux riches doivent dorénavant, pour être reconnus,
entrer en compétition avec les standards internationaux de la richesse, largement étalés dans les revues mondaines, ou exposés
dans les shows télévisés et autres manifestations de l’industrie du
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luxe. Parmi les signes ou expressions les plus communes et visibles
de la richesse figure en premier lieu la voiture. On se rappellera, à
ce sujet, les études de Roland Barthes (1957) sur les symboles
« contemporains » : la légendaire DS de Citroën en faisait partie,
alors que les modèles allemands et anglais gardent aujourd’hui le
privilège de symboliser la richesse et le prestige à l’est. Outre les
voitures elles-mêmes, exposées devant les palais de leurs propriétaires, leurs symboles figurent aussi parfois parmi les emblèmes
décoratifs architecturaux, comme celui de Mercedes dans les palais
tsiganes roumains2. Le « modèle allemand » a réussi à se maintenir
depuis le XVIIIe siècle en Europe centrale orientale, grâce à une
présence coloniale allemande dont les traces architecturales n’ont
pas disparu dans les villes et les villages, malgré une émigration
massive des anciens colons durant les dernières années du communisme et à nouveau dès l’ouverture des frontières, grâce à une
très généreuse politique d’accueil de la part de l’État allemand, recueillant ses enfants prodigues. Dans l’imaginaire, il est évident
que ce modèle allemand d’efficacité et de réussite dirige encore
bien des choix individuels et collectifs, d’autant plus qu’il se vérifie
et se renforce dans le statut dominant que l’Allemagne occupe au
sein de l’Union européenne, au moins dans le domaine économique.
Parmi les rares études consacrées aux nouveaux riches dans la
littérature anthropologique française, on trouvera celle de Marc
Abélès (2002), dédiée aux jeunes nouveaux riches des start up californiennes. Cette étude montre avant tout comment la pratique de
la philanthropie se modifie avec les générations, entre la philanthropie culturelle des Fondations bien établies aux États-Unis et
les actions locales des nouveaux riches, souvent inspirées par la
protection de l’environnement. Bien que riches, ces jeunes patrons
ne se font pas remarquer par leurs palaces ; ils se contentent de
voitures de luxe, de grands vins et de repas somptueux, mais font
parfois eux-mêmes leurs courses. Cette étude ne nous servira donc
guère ici directement.
Si l’on se tourne vers une étude plus ancienne, celle de Thorstein Veblen, The Theory of the Leisure Class, datant de 1899, on
trouvera une réflexion plus systématique sur les aspects symboliques de la démonstration de la richesse liés à l’oisiveté. Cependant,
une fois encore, le contexte historique, économique et politique est
complètement décalé par rapport à la région que nous avons retenue. Veblen établit en effet que cette classe riche et oisive établit
son autorité précisément sur le fait qu’elle ne doit pas travailler.
Les nouveaux riches du type self made man, au contraire, se van2. En Europe de l’est, il joue le rôle que le modèle français joue dans les
anciennes colonies françaises, où les Peugeot remplacent les Mercedes
comme signe de prestige.
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FRANÇOIS RUEGG
tent en général d’avoir réussi par leur travail et s’érigent de ce fait
en modèle dans une société libérale où chacun peut potentiellement s’enrichir. Cette évolution morale tardive des classes riches,
allant d’une apologie de l’oisiveté à celle du travail, s’accompagne
également de deux manières de dépenser. Les classes oisives, dans
la tradition soit aristocratique soit grand-bourgeoise qui veut
l’imiter, pratiquent la dépense somptuaire, tandis que les classes
laborieuses, même devenues riches, défendent habituellement la
retenue, l’épargne qui les a amenées à l’opulence. Cependant, on
s’aperçoit rapidement que ces catégories opposées sont beaucoup
trop générales pour refléter la diversité des comportements, notamment des nouveaux riches qui ne se sont pas nécessairement
enrichis par leur travail, comme c’est le cas en Europe de l’est. Aurait-on affaire alors à une forme néo-aristocratique de la dépense
somptuaire chez les nouveaux riches de l’est ? Ou vaut-il mieux recourir à une autre opposition célèbre, inventée par Nietzsche pour
la Grèce ancienne et reprise par Ruth Benedict pour les Indiens
d’Amérique du nord, celle qui distingue les Apolliniens des Dionysiaques ?
La définition du nouveau riche est habituellement attachée au
fait qu’il est certes riche mais, qu’en tant que parvenu, il n’a pas
acquis la culture de la dépense, qui se confond avec le bon goût. En
ce qui concerne les nouveaux riches de la région qui nous intéresse,
nous pouvons remarquer que l’ostentation de la dépense joue un
rôle certain – c’est qu’il s’agit de faire reconnaître sa réussite économique et partant sociale dans un environnement marqué par les
signes extérieurs de la pauvreté et de ce que l’on appelle le sousdéveloppement, particulièrement dans les infrastructures : commodités, système routier, matériaux de construction etc. Le nouveau riche peut difficilement se cacher dans un tel contexte et occupe d’office la place qu’occupaient les classes oisives d’avant la révolution, sans en avoir toutefois la culture ni la reconnaissance historique. En outre, les classes aristocratiques et bourgeoises ayant
été liquidées systématiquement, le nouveau riche sera d’autant
plus visible qu’il est le seul à pouvoir sortir du lot.
Depuis les travaux de Boas et de Malinowski, nous savons que,
aussi bien chez les Indiens Kwakiutl que chez les Trobriandais –
mais Veblen l’a montré bien avant – la dépense somptuaire et ostentatoire procure à ceux qui la pratiquent honneur et considération. Ce mécanisme, avec le clientélisme qui l’accompagne, semble
traverser les frontières culturelles et fonctionner dans toutes sortes
de sociétés, sans qu’on y puisse déceler des emprunts en l’occurrence. Cependant, aux nouveaux riches de l’est la culture et la tradition de la dépense de luxe font totalement défaut, soit parce que
l’accessibilité aux biens de luxe demeure limitée dans leurs pays,
soit parce qu’ils imitent de manière servile les modèles qu’ils
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croient devoir représenter l’accession au sommet de la hiérarchie
sociale, ceux des feuilletons télévisés nord-américains3. On voit en
effet les limousines rallongées apparaître avec la mode des mariages à l’américaine.
C’est ici que le grand théoricien de l’imitation peut nous être
utile. Gabriel Tarde (1890) a bien étudié les mécanismes quasi
universels de l’imitation entre les humains. Dans les palais, comme
nous le verrons, cette dernière est reine : c’est qu’en copiant Versailles ou un temple grec, je m’approprie un peu de la gloire liée à
cette architecture. Pour Tarde, l’imitation est le véritable moteur
social. Néanmoins, Tarde ne s’est pas intéressé en particulier à
l’architecture.
C’est sur la base de ces théories de la dépense somptuaire et de
l’imitation4 que je vais tenter d’interpréter le développement spectaculaire de formes d’architecture ostentatoire qui caractérisent les
nouveaux riches de l’ancien monde socialiste, mais plus spécialement les nouveaux riches tsiganes que j’ai pu observer de près. Ne
pouvant développer tous les aspects de ce phénomène, j’en retiendrai deux : la lutte pour la reconnaissance ou l’obtention d’un statut social élevé, d’une part, et la dépense somptuaire, de l’autre.
L’invention d’une ascendance honorable
et le besoin de reconnaissance
Un des éléments centraux dans la recherche de statut social est
la preuve d’un passé, glorieux ou non, comme le montrent aussi
bien les quartiers de noblesse en Europe que les généalogies dans
les sociétés traditionnelles. À défaut d’origine ou d’ancêtres nobles,
on pourra s’inscrire dans une lignée en en reprenant les apparences. Si ceux qui adoptent la perruque et la canne sont plutôt rares,
ceux qui reproduisent les modèles architecturaux prestigieux dans
leur résidence sont, en revanche, très nombreux. L’histoire de
l’architecture doit être évoquée ici. Les représentations sociales de
l’habitat que le propriétaire tient pour honorables et prestigieuses
sont alors prises comme modèles pour la construction de la maison
et de l’organisation de l’espace domestique. L’année 1989 marque
bien évidemment le tournant de cette nouvelle mode. C’est à partir
de cette année qu’il devient possible d’étendre ses activités économiques avec ou en fonction de l’ouest. Le processus opère dans les
deux sens. On utilise les nouvelles possibilités de mobilité créées
par l’ouverture des frontières : soit on fait des affaires à l’ouest, par
3. La nouveauté de leur fortune ne semble pas les avoir encore obligés à la
légitimer comme c’est le cas des nouveaux riches de deuxième génération,
établis depuis plus longtemps et qui, pour ce faire, pratiquent la
philanthropie, collectionnent des œuvres d’art etc.
4. On pourrait y ajouter celle de Sperber (1996) sur la contagion des idées.
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FRANÇOIS RUEGG
exemple en vendant des métaux (précieux) ou en envoyant mendier
ses familiers et/ou clients, soit on participe au développement des
activités économiques des entreprises occidentales à l’est. Cela
peut avoir lieu aussi bien dans les nouvelles filiales des firmes internationales que dans le vaste marché des ONG, financé par les
organismes intergouvernementaux ou le secteur privé de l’ouest.
Enfin, les postes-clés dans les nouvelles administrations de l’État
permettent d’acquérir parfois de rapides fortunes. En ce qui
concerne les Rom, c’est plutôt l’économie dite informelle (Ruegg
2013) qui leur permet d’ériger de vastes palais dans les villes ou les
périphéries de l’Europe centrale orientale. Sans ces références et
sans se reporter à l’histoire de l’architecture et des styles récurrents, on comprendra difficilement le phénomène des palais.
Si l’on accepte le fait que, pour les nouveaux riches, le besoin de
racines est primordial, on comprendra donc qu’ils s’aventurent peu
dans leurs projets architecturaux vers le dernier cri de
l’architecture contemporaine. Au contraire, ils s’efforceront de se
glisser dans une tradition existante, si possible ancienne et vénérable, et de s’en présenter comme les héritiers. Cela explique leur
recours à des éléments architectoniques représentatifs, tels que les
colonnes ou les chapiteaux, sélectionnés en fonction de leur putative « noblesse » et ancienneté. Mais il faut dire que cette stratégie
est loin de ne concerner que les nouveaux riches et encore moins
les nouveaux riches de l’époque postsocialiste. L’histoire de
l’architecture regorge d’exemples de styles réinventés, habituellement précédés par la préposition néo : c’est le cas du néo-gothique
et du néo-classique pour ne nommer que des exemples bien connus.
La Renaissance ne procède pas autrement, affirmant avec force la
valeur des civilisations antiques – grecque et romaine. À son tour,
l’Italie donnera le ton, surtout à l’est comme on sait pour l’architecture savante et urbaine – qu’il nous suffise d’évoquer SaintPetersbourg, de même que la France et l’Angleterre. Les imitations
tardives nord-américaines des monuments historiques célèbres,
que ce soit le Palazzo Vecchio de Florence à Boston ou les répliques
de Las Vegas, participent de la même intention de créer ou plutôt
de réinventer la tradition, c’est-à-dire de retrouver et de se réapproprier un passé honorable qui vous place au-dessus de tout soupçon. Umberto Eco (1985), dans son essai consacré au « faux » et
plus particulièrement dans le chapitre intitulé « Les châteaux enchantés » le confirme : « L’emphase baroque, le vertige éclectique et
le besoin d’imiter prévalent là où la richesse n’a pas de fondement
historique » (1985 : 45). Que dire alors des nouveaux quartiers de
Batumi en Géorgie, dont les édifices évoquent eux aussi qui
l’Angleterre, qui la France mais aussi des figures héroïques de la
Grèce (fig. 1) ?
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Fig. 1. Batumi, Géorgie. Projet de construction en cours d’un hôtel.
Il est utile de distinguer deux faces de la recherche d’une honorable origine. D’un côté, c’est l’ancienneté de la tradition qui ennoblit celui qui l’adopte ; de l’autre, c’est le caractère aristocratique
du bâtiment ou du monument choisi. En effet, il ne viendrait à
l’idée de personne de reproduire une caverne de troglodyte ! Cela
explique évidemment la préférence des nouveaux riches pour la
Grèce et Rome. Toutefois, selon le même principe, un palais vaut
mieux qu’une maison bourgeoise. C’est pourquoi le château de Versailles demeure un des modèles les plus populaires, la référence la
plus prestigieuse. Entre les nouveaux riches contemporains et le
modèle de Versailles, il existe néanmoins un exemple intermédiaire fort intéressant d’imitation architecturale aristocratique, pratiquée cette fois par un roi, certes périphérique, à savoir Louis II de
Bavière à Herrenchiemsee, en 1885. Intéressant, parce que Louis II
partage cette même attraction pour le noble et l’ancien et que sa
mégalomanie fera qu’il pourra à peine habiter ce petit Versailles,
de même que les Rom riches laissent le plus souvent leurs palais
inhabités. Mais comme nous l’avons déjà dit plus haut, les Empereurs russes étaient eux aussi fascinés par les modèles centraux :
italien, français ou allemand. La mode architecturale occidentale
ne se répandra dans les Provinces roumaines qu’à la fin du XIXe
siècle, tandis que les villes et les édifices aristocratiques s’inspirent
de modèles byzantin ou ottoman. Je me souviens d’avoir visité en
Olténie la maison de campagne d’un Boyard, transformée en mu-
138
FRANÇOIS RUEGG
sée, qui mêlait les deux traditions : les deux salons que comportait
l’étage noble étaient l’un « à la turque », pourvu de tapis et de coussins et éclairé de vastes fenêtres sur tout le pourtour, tandis que
l’autre avait adopté la mode viennoise avec son piano de concert,
ses tables et ses chaises, et des tentures d’époque. On peut étendre
cet exemple à tout le sud-est européen qui, après avoir pratiqué les
villes jardins ottomanes aux maisons fermées par un mur, adoptèrent le modèle éclairé de villes au dessin géométrique dont les maisons aux nombreuses fenêtres donnant sur la rue annonçaient la
valeur du propriétaire (Ruegg 1991).
Démontrer sa richesse
Le deuxième message que livrent ces palais c’est de bien montrer que la dépense n’a pas de limite. Les dimensions de la propriété, les grilles, les matériaux utilisés (marbre), le décor constitué de
statues, de niches et de colonnes, les toits fantaisistes et enfin les
annexes et leur contenu, voitures de luxe, tout tend vers cet unique
but. L’emplacement du palais peut également jouer un rôle essentiel, ce qui nous ramène plus précisément à l’anthropologie urbaine.
La présence et la signification de symboles politiques et ethniques dans les villes d’Europe orientale constituent un domaine
bien étudié par l’anthropologie politique, qu’il s’agisse de saints ou
de héros nationaux. L’érection et la démolition des statues, le culte
qui leur est rendu, leur situation stratégique dans l’espace urbain,
les défilés commémoratifs enfin, occupent une place de choix dans
la littérature postsocialiste. L’exemple de Cluj en Roumanie, avec
la double présence hongroise et roumaine et les stratégies symboliques respectives qui s’y réfèrent, est devenu un classique pour la
démonstration de ce phénomène de mise en scène symbolique. Cependant, l’installation tout aussi symbolique des nouveaux riches
au centre, dans les quartiers historiques ou dans les nouveaux
quartiers qu’ils se réservent en périphérie, demeure à l’ombre pour
l’instant dans le climat multiculturaliste et ethnicisant de la recherche.
C’est l’intrusion des Rom riches en ville de Timișoara qui a mis
le feu aux poudres. Durant ces dernières années, on a pu assister à
des manifestations des citadins de Timișoara contre ces Rom qui
ont acquis des immeubles d’un quartier historique « frauduleusement », soit en forçant les habitants à déguerpir sous la menace,
soit en ayant corrompu les autorités. Il est difficile de comprendre
ces manifestations anti-Rom de Timișoara sans faire référence à
leur implantation dans la ville qui vient contredire l’image de Rom
pauvres et périphériques. Le véritable crime de lèse-majesté que
représentent aux yeux des citadins l’achat de maisons et la cons-
LES NOUVEAUX RICHES EN LEURS « PALAIS
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truction de « palais » par les Rom au cœur de la ville n’en est qu’un
exemple parmi d’autres. Cependant, quelqu’un a bien dû vendre
ces propriétés, même sous la contrainte, et quelqu’un a dû délivrer
des titres de propriété et/ou des permis de construire… L’intérêt de
cette histoire est qu’elle met en évidence le paysage imaginaire de
la ville et le paysage imaginaire des ethnies qui la peuplent. En
fait, la révolte est issue de cette impression de lèse-majesté, de ce
que Mary Douglas décrit dans Purity and Danger (1966) comme
souillure, provenant de l’impression que quelque chose n’est pas à
sa place. Il s’agit moins d’ethnicité que de la représentation sociale
des Rom, qui leur assigne d’office une place dans la périphérie. Or
Rom ou non, le principe des nouveaux riches demeure que pour
être vu il faut se rendre visible !
Dans des pays où la collectivisation a banni toute singularité et
transformé les résidences aristocratiques et les églises en hôpitaux
et hospices divers, quand ce n’est pas en hangars, la campagne n’a
que peu d’attrait et de prestige historiques et panoramiques, si l’on
excepte les monastères et les quelques ruines de châteaux qui ont
survécu. C’est pourquoi seule la ville garantit la visibilité et la reconnaissance nécessaire, ou du moins une position en bord de route
principale dans le voisinage d’une ville, ou encore d’un quartier
protégé, antithèse du ghetto. Les Rom, à l’instar des autres nouveaux riches, suivent ce modèle.
Palais tsiganes ou maisons de nouveaux riches ?
L’apparition et la multiplication en Roumanie de maisons individuelles à plusieurs étages et bien visibles, soit dans les villes, soit
le long d’axes importants, appartenant à des nouveaux riches rom
a tôt fait de défrayer la chronique. Très vite on a parlé de « Palais
Tsiganes » (Palatele ţiganeşti) et les media se sont gaussés de ces
palais majestueux, recouverts de marbre, pourvus de colonnettes
dorées, ornés de lions et de toutes sortes d’éléments évoquant
l’opulence. On trouve aussi sur YouTube des images de ces palais
et des débats à leur propos. Un ouvrage plus sérieux, véritable album de photographies de ces résidences somptueuses, comportant
également le texte d’un sociologue, est paru en 2008. Il est intéressant de constater que ce texte (Gräf 2008) a d’abord été publié
comme « working paper » dans une série consacrée aux minorités,
comme s’il s’agissait évidemment d’un phénomène ethnique. Ce
simple fait montre bien que l’affaire est déjà classée. Or nous nous
proposons de montrer que les choses ne sont pas si simples et que
ce n’est là qu’une interprétation possible parmi d’autres, plus adéquates à notre avis.
Lors d’une recherche en 2009 en république de Moldova, nous
avions pu photographier les cousins, ou plutôt les oncles moldaves
140
FRANÇOIS RUEGG
de ces palais dans la ville de Soroca (fig. 2). Là, la « tradition » remontait bien au-delà de la fin du régime soviétique. Des constructions semblables, reproduisant des styles et des monuments historiques, souvent vides et non terminées, peuplaient un quartier de
Fig. 2. Soroca, Rep. Moldova. Palais tsigane imitant un monument historique.
la ville, le quartier rom sur la colline. Selon nos informateurs, ces
villas avaient été construites avec la fortune de Rom ayant accumulé de l’or lors de leurs pérégrinations dans l’ancien monde soviétique. Des palais semblables surgissent aussi maintenant en Bul-
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141
garie et dans d’autres pays des Balkans. Un des rares auteurs à
avoir publié une étude sur l’habitat des Rom en Roumanie, Delépine (2007), mentionne en passant ces palais, mais le titre de son ouvrage est Quartiers tsiganes, ce qui en indique l’orientation également ethnique.
Une première analyse nous permet de constater une grande variété dans le style de ces palais : les uns, à l’ouest de la Roumanie,
reproduisent un style à la française, avec mansardes et escaliers
monumentaux, alors que les autres, dans la même région, prennent pour modèle l’architecture bourgeoise du début du XXe siècle
de la capitale. Tout à l’est du pays, le style des nouvelles maisons
rom dépend de l’affiliation religieuse, parfois confondue avec
l’ethnie. Ainsi les Rom turcs ou musulmans reproduisent-ils des
maisons évoquant plutôt l’Inde, leur patrie originelle putative.
Dans la même ville, Constanţa, les Rom roumains et orthodoxes
adoptent le style néo-bourgeois, lui-même imitation de l’architecture savante « nationale » néo-byzantine ! En Moldovie, on trouvera des imitations des styles soviétique et moghol de l’Asie centrale.
Notre but n’est pas de procéder ici à une typologie des styles de
palais « tsiganes » mais bien de remettre en question cette étroite
définition ethnicisante. Pour cela il faut élargir dès le départ la
perspective et considérer l’ensemble des nouvelles constructions,
urbaines ou non, les plus voyantes. Or, dans un quartier résidentiel de la ville roumaine de Cluj, nous avons trouvé un exemple de
« palais » néo-classique appartenant à un médecin et correspondant presque trait pour trait à un palais « tsigane », peut-être
moins « fleuri » (fig. 3). La filiation gréco-romaine, la monumentalité, les éléments décoratifs du portique à l’entablement et jusqu’aux
grilles qui enferment la propriété, tout respire la reproduction
miniaturisée d’un palais antique censé conférer à son propriétaire
une ascendance noble et un caractère respectable. Les déjà célèbres
palais arméniens de la banlieue d’Erevan5 méritent eux aussi une
mention dans ce contexte. On y retrouve exacerbés tous les éléments que nous avons relevés : références historiques, luxueux matériaux de construction, bassins, jets d’eau … L’inspiration ici regarde davantage du côté d’Hollywood que d’Athènes (fig. 4).
Orientation nationale et internationale des villes
en Europe de l’est et dans l’ancien monde soviétique
À une échelle encore plus grande, celle des développements urbains dans les pays postsocialistes, il est intéressant d’observer
deux tendances, divergentes mais simultanées, l’une nationale ou
ethnique, l’autre internationale ou mondialisée. Nous avions repé-
5. Voir youtube.com/watch?v=6UrE6e8J_Rw
142
FRANÇOIS RUEGG
ré chez les Rom de Roumanie et de la République de Moldova les
deux tendances, l’une néo-classique et se référant aux canons de
Fig. 3. Cluj. Palais néoclassique d’un médecin roumain.
l’art occidental, revue par les séries télévisées américaines, l’autre
nationale et ethnique, soit imitant l’architecture de la nation titulaire, les Roumains, ou dans le cas des Moldaves le grand frère soviétique, soit se rattachant à des origines mythiques, indiennes ou
mogholes. Ces références symboliques ne sauraient se limiter aux
Rom ni constituer un phénomène ethnique, ni contemporain seu-
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143
lement, bien au contraire. Nous avons essayé de montrer, au
moyen de quelques exemples seulement, que la recherche de légitimité des nouveaux riches et des aristocrates périphériques se fait
par le rattachement à des origines antiques et mythiques : que ce
soit aux États-Unis d’Amérique, en Russie ou en Europe,
l’imitation des styles et des monuments prestigieux est le moyen le
Fig. 4. Palais d’un nouveau riche arménien dans la banlieue d’Erevan.
plus répandu pour atteindre ce but. On pourrait consacrer tout un
volume au développement de la ville de Batumi en Géorgie orientale et à ses bâtiments neufs évoquant les capitales européennes,
comme symbole de la volonté de la Géorgie de se rapprocher de
l’Europe, voire de l’Union européenne. À part la reproduction de la
place des Vosges et la présence de statues symbolisant l’attachement à la culture antique, on trouvera aussi des reproductions hollywoodiennes d’architecture, tel cet hôtel anglais en construction
illustré par la figure 1.
Un bref regard sur le développement d’une ville d’Asie centrale
et plus précisément d’Astana, la nouvelle capitale du Kazakhstan,
permet de confirmer cette double tendance, nationale et internationale, du développement urbain. On peut considérer à bon droit
le Président Nazarbaev, qui a décidé de déplacer la capitale
d’Almaty à Akmola dans le nord en 1997, comme le nouveau riche
exemplaire, étant donné l’étendue de son pouvoir et de son intervention dans le plan d’urbanisme de cette ville nouvelle. Astana
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FRANÇOIS RUEGG
illustre magnifiquement cette double volonté de construire une
identité nationale monumentale, d’une part, et d’appartenir aux
nations riches, d’autre part. La construction nationale s’articule
notamment autour de la langue kazakhe, largement oubliée durant
l’ère soviétique et redécouverte en 1991, la religion, syncrétisme
islamo-chamanique, mise en relation avec le nomadisme, comme
mode de vie antique, et la postmodernité, liée aux richesses du
sous-sol qui font du Kazakhstan une nation postsoviétique enviée.
L’urbanisme et l’architecture révèlent admirablement la volonté
politique de l’autocrate : l’allée présidentielle6 trace un axe de la
ville qui part du palais présidentiel, néo-moghol, pour aboutir au
centre commercial Khan Shatyr, sorte de gigantesque yourte devenue l’une des principales attractions touristiques de la ville, en
Fig. 5. Métropolie russe orthodoxe à Astana.
partie à cause de sa plage de sable climatisée… Au centre de cet
axe se dresse une tour dominée par une sphère dorée (Bayterek),
mêlant la tradition populaire – qui en fait un arbre de vie surmonté d’un œuf en or – et la politique. En effet, parvenu au sommet de
l’arbre et dans l’œuf d’or, on peut voir l’empreinte de la main (de
fer) du président, imprimée dans un moulage. Le visiteur peut poser sa main dans celle du président et faire un vœu ! Il n’est pas
besoin d’être grand herméneute pour comprendre cette symbolique,
6. De bonnes images se trouvent sur internet.
LES NOUVEAUX RICHES EN LEURS « PALAIS
»
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joignant le national traditionnel fondateur et l’international postmoderne et riche, ce dernier maîtrisé cependant toujours par le
premier. Du point de vue de la mise en scène religieuse on pourrait
ajouter l’analyse d’autres monuments, telles les nouvelles mosquées ou la Pyramide des religions – manifestation de la volonté
pacifique et multiculturelle du Président – mais également la toute
récente édification de la Métropolie russe orthodoxe dont les rutilantes coupoles (fig. 5) annoncent la présence russe à qui voudrait
en douter et illustrent la tolérance envers les anciens maîtres. Le
nouvel Opéra, quant à lui, est aussi classique ou plutôt néoclassique que les autres salles de concert sont postmodernes. L’ancien
Opéra, en revanche, montrait clairement son caractère national
kazakh, ressemblant davantage à l’église de Saint Basile à Moscou,
fortement orientalisante, qu’au San Carlo de Naples. Véritable
musée vivant de l’architecture, Astana comporte également de vastes zones de gated communities où se replient maintenant des nouveaux riches, toutefois moins inspirés architecturalement que leur
président ou que les Rom de Roumanie. Ici règne plutôt le fonctionnel.
Conclusion
En plaçant les « palais tsiganes » dans le contexte plus vaste des
transformations urbaines survenues dans les pays ex-communistes
sous l’influence d’un nouvel accès à l’argent en vertu de l’abolition
des frontières du « deuxième monde », nous renonçons à en faire
une analyse exhaustive. À notre avis, ces palais sont d’abord
l’expression de mouvements sociaux globaux, débordant largement
les étroites frontières de l’ethnie et de la nation. D’un point de vue
esthétique, ils se comprennent bien mieux dans le cadre général de
politiques de reconnaissance communes à tous ceux qui accèdent à
un nouveau statut que dans celui d’un prétendu mauvais goût
« ethnique » ou de « classe ». Nous visons toutefois moins des réponses à des besoins psychologiques que des stratégies identitaires.
On sait à quel point ces stratégies sont devenues centrales dans
des contextes d’indéfinition et de redéfinition identitaires en fonction de l’absence de racines et de la mobilité (Ruegg 2009).
Or l’analyse de ces stratégies nous permet de sortir des clichés
sociaux et ethniques pour déchiffrer plutôt, dans leurs expressions
symboliques, des comportements idéaux-typiques comme le seraient ceux des nouveaux riches. Que l’on soit Président ou Tsigane, manager ou médecin, Arménien, Roumain ou Kazakh, il faut
dépenser cette nouvelle fortune de manière ostentatoire en reprenant à son compte les exemples les plus anciens et les plus prestigieux ou les plus « actuels ». L’imitation, ainsi que le pressentait
Gabriel Tarde, est un élément-clé dans ce processus. Si la recon-
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FRANÇOIS RUEGG
naissance publique joue un rôle essentiel, l’esprit de revanche peut
aussi se manifester, comme on le voit lorsque les Rom engagent des
Roumains pour la construction de leurs palais, ou lorsque les Présidents tout puissants autocrates font ramper leurs partenaires
commerciaux occidentaux et démocrates pour l’obtention d’un
contrat. Les principaux bénéfices se partagent entre architectes,
vendeurs de marbre, fabricants de palissades en fer forgé et marchands de Mercedes !
François RUEGG.
(Université de Fribourg.)
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