Amoureux des bancs publics
2015, Jardins de France, 635,
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Séminaire De l'aire (2015) http://surlaplacepublique.net/joelle-zask/ Aménager le territoire ? Cette notion a beau être courante, elle ne convient ni en théorie, ni en pratique. On peut aménager la chambre de son enfant à naître, le tiroir de son bureau, un espace clairement délimité au départ. Mais ce n'est pas le cas d'une ville, d'une zone rurale, d'un quartier. La finalité des interventions abordées durant la journée Sur la place publique est de créer des lieux où habiter, non de restructurer des espaces existants. Pour reprendre une distinction rendue centrale par Gordon Matta-Clark, il ne s'agit pas de cosmétique, comme lorsqu'on décore superficiellement un espace en déposant à la surface divers matériaux, mais d'habitat. La distinction entre lieu et espace est d'emblée utile : l'espace, c'est la neutralité, le sans qualité, le sans forme, réceptacle passif de toutes les formes. Dans son usage public et politique, on l'associe volontiers à ces mêmes caractéristiques : l'espace public est un espace où les pouvoirs publics (et ceux qui leur font concurrence) se rendent visibles, se montrent, se manifestent, et ce d'autant mieux que l'espace est vacant, ou même évidé, comme il le fut en ville par les grands travaux du baron Haussmann durant l'Empire. Quant aux membres du public, les citoyens, ils n'y accèdent en droit qu'après avoir abandonné leurs « différences », réputées privées, au profit de leurs seules facultés considérées comme universelles : la raison et la morale fondée sur la raison (Kant). Ainsi purifiés des qualités secondes et « accidentelles » qui les distinguent et donc, les opposent, ils sont alors disposés, croit-on, à apprécier le spectacle de la vie publique, qui ne les inclut pas plus dans sa facture que la représentation théâtre n'inclut le spectateur. Mais ici c'est de lieu qu'il faut parler : le lieu est la portion d'espace dont nous faisons usage et que nous recréons continuellement par l'intermédiaire de nos usages. Sans usages, pas de lieu. Or un usage est un certain rapport au monde, celui de l'exploration. Certes, tout usage dépend de conditions, comme parler dépend de la langue ; faire un cake, des ingrédients et d'un four ; randonner, d'un chemin praticable. Mais il n'en est pas pour autant déterminé : le chemin n'impose ni la forme, ni le rythme de la marche. Contrairement à un rail, il rend possible une pluralité indéfinie d'usages. Réciproquement, les randonneurs modifient et entretiennent le chemin. Ils le nivellent, le complètent, le détournent quand cela est nécessaire, le représentent ou en font une cartographie. On le devine, le chemin est un lieu d'interactions entre des usages non dictés et des éléments concrets modifiables. Ce qui le définit n'est pas la frontière, la clôture, le mur, mais certaines limites qui apparaissent au cours d'expériences de type exploratoire. La distinction entre clôture et limite est ici importante. Tony Smith la mentionnait au sujet de sa sculpture Wandering Rocks (1967) : « mon intention était de produire une nouvelle mesure
Je poursuis ici les réflexions entamées dans « L’État, la Puissance, la Souveraineté… et Nous » et « Fin de l’Histoire ? » Dans ces textes j’avais mis le Nous au centre de l’être politique et à la source de la constitution de l’État, comme lieu d’incarnation de la Souveraineté [être suprême en somme]. Cependant je n’avais fait qu’ébaucher l’examen de ce Nous dans sa consistance ou son essence, sa pertinence. J’ai ressenti la nécessité d’aller plus loin. Stratégiquement je suis parti d’abord de ce qui menace ou vise à détruire le Nous, de façon à peut-être mieux le saisir à partir de sa contradiction. J’ai mis tout cela sous le titre d’Espace Public, notion politique importante dont par exemple Jurgen Habermas s’est beaucoup occupé.
Cahier du LaSUR 38A, 2022
La marche comme moyen de transport de la vie quotidienne reste un grand impensé des politiques de mobilité. La récente recherche menée au LaSUR sur les logiques d’action qui sous-tendent les pratiques modales en Suisse révèle l’existence d’un désir de report vers les mobilités en transports collectifs et les modes de transports actifs, mais montre également que les changements de comportements de mobilité sont souvent contrariés par un manque d’offre. La marche est souvent perçue comme une activité spontanée et gratuite, alors qu’elle est en réalité facilitée ou au contraire entravée par les politiques urbaines. Dans ce contexte, la présente étude fait l’hypothèse que le banc constitue un ingrédient essentiel dans l’attractivité de la marche. Elle analyse les besoins et attentes de la population en matière d’ergonomie de la marche et examine dans quelle mesure et dans quels cas le banc public constitue un dispositif-clé dans une politique de mobilité durable. Elle analyse la diversité des besoins en matière de matérialité des bancs et de leur emplacement et interroge, dans quelle mesure une politique du banc public peut contribuer aux politiques de cohésion sociale et de santé.
1988
Cette recherche porte sur l'espace public envisagé sous l'angle sonore. Le rapport comporte deux parties complémentaires. La première partie est constituée de monographies de lieux de type très différents. La seconde partie tente de préciser et de rassembler quelques ...
2006
Bourdieu quand ils travaillaient ensemble dans cette prestigieuse institution, oserait-on dire que Jacques Bouveresse mène une double vie ? Celle de ses travaux en philosophie analytique, dont l'oeuvre est reconnue en France et à l'étranger et celle, moins connue, de ses engagements sur le rôle du journalisme et des médias dans les sociétés contemporaines. En 2005, Jacques Bouveresse a organisé un colloque au Collège de France et une série d'émissions sur France Culture autour du satiriste viennois Karl Kraus (1874-1936) à qui il a consacré un livre : Schmock ou le journalisme. La grande bataille de Karl Kraus 1. Karl Kraus est l'auteur de très nombreux textes sur la presse de son époque, textes qu'il publiait dans sa revue Die Fackel (Le Flambeau) 2. Deux de ses phrases me laissent un goût amer : « … Le national-socialisme n'a pas anéanti la presse, mais la presse a produit le national-socialisme. » Ou encore, dans le même registre : « Omnisciente et omniprésente dans l'espace des faits est cette puissance (la presse) qui s'est établie comme providence terrestre sur les croyants de toutes zones. » Fallait-il envisager la presse toujours prête à se vendre au plus fort et tout lecteur prompt à croire les récits que les médias lui font du monde ? Karl Kraus fustigeait sans cesse le monde de la presse pour ses concessions aux stéréotypes que la langue impose, aux marchés financiers et aux injustices sociales qu'ils entraînent, aux pouvoirs politiques… Je me demande aujourd'hui pourquoi je voudrais tempérer ces discours. N'y at -il pas dans ces dénonciations des évidences incontournables ? Pourtant elles me semblent données sans preuve, dans les vocables de la philosophie qui, parfois, peuvent faire l'économie d'une observation fine des objets médiatiques et de leurs effets comme nous l'imposent les sciences sociales… Pour exposer mes doutes à Jacques Bouveresse, j'ai eu le privilège d'être accompagné par Rémy Rieffel dont le livre Que sont les médias ? 3 venait d'être publié. Le titre de son livre opposait sa prudence aux accusations portées par Karl Kraus et son traducteur Jacques Bouveresse : que (nous) font les médias ? Nous pouvions engager le débat : aujourd'hui, dans les sociétés occidentales, dans les pays qui vivent sur les acquis de la culture de la démocratie, doit-on envisager les médias comme cet espace vendu aux intérêts du marché, et les lecteurs et téléspectateurs comme des croyants sans esprit critique ? Cette « confrontation-portrait » fait suite à celle de Marie-José Mondzain (« L'exigence des regards », MédiaMorphoses n°12) et de Marc Augé (« Le rivage des images », MédiaMorphoses n°14). Elle est illustrée par Florence Bonhivers.
Canadian Journal of Family Law, 2019
L’auteur offre un tour d’horizon des manières dont le droit québécois désavantage les relations polyamoureuses. Dans la première partie, l’auteur définit le polyamour, le monoamour et certaines notions connexes. Dans les sections subséquentes, il avance une catégorisation du traitement juridique du polyamour. Selon son analyse, quatre angles sont exploités pour orienter les relations conjugales vers le monoamour et hors du polyamour : (1) limiter à deux le nombre de parents par enfant (biparenté vs pluriparenté), (2) faciliter la prestation de soins de conjoint·e à conjoint·e, (3) protéger les conjoint·es contre des vulnérabilités économiques, et (4) prohiber certains comportements polyamoureux (criminalisation de la polygamie). Bien que l’analyse juridique se concentre sur le Québec, cette catégorisation pourra certainement être adaptée pour examiner l’état du droit dans le reste du Canada. Par cet article, l’auteur pose les bases d’une réflexion sur le traitement juridique du polyamour. Une telle réflexion devient de plus en plus pressante alors qu’un nombre grandissant d’enfants vivent dans des ménages polyamoureux, que certains enfants naissent de ces unions et que plusieurs partenaires formalisent un des couples au travers du mariage, vulnérabilisant alors les autres relations. Peut-être souhaitera-t-on conserver certaines mesures (comme la criminalisation de la polygamie) tout en en délaissant d’autres (comme la limite de deux parents par enfant). Cet article permet de mieux repérer comment le droit catalyse ou inhibe des types de relations conjugales.
2015
Cette nouvelle enquete sur les publics des Eurockeennes de Belfort s’inscrit dans ce qu’on peut desormais appeler une tradition, meme si elle est inedite en France et sans doute en Europe s’agissant d’un grand festival de rock. La recurrence d’etudes, ainsi que leur orientation sociologique, a certes un equivalent avec Avignon et les travaux de Jean-Louis Fabiani et de son equipe, mais pour le theatre. En effet, on chercherait en vain un festival de musiques amplifiees s’ouvrant a la recherche avec la meme regularite et le meme souci d’une analyse a distance des protagonistes et de leurs interets immediats. C’est pour nous la deuxieme experience de travail sur les Eurockeennes. La premiere, menee en 2010, avait donne lieu a la publication en 2012 d’un ouvrage, chez l’Harmattan : « Un territoire de rock. Le(s) public(s) des Eurockeennes de Belfort », dans la collection Logiques Sociales. Cette recherche faisait parfois reference a deux etudes precedemment realisees par l’institut SCP...
L'objectif de ce projet est la création d'actions sonores dans l'espace public, de nature contextuelle, dans le but d'inviter les gens à écouter l'environnement, les personnes et eux-mêmes. Cela en interrompant momentanément le quotidien pour nous écouter et essayer de générer une réflexion et un dialogue avec les lieux et les personnes ; pour tenter de retrouver la perception de notre environnement sonore, de sensibiliser, de penser et de remettre en question nos expériences sonores, de différents critères, objectifs et subjectifs, personnels, sociaux, économiques, politiques…