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La nécropole du Haut Moyen Âge de Courtepin/Fin Dessus

2018, Cahiers d’Archéologie Fribourgeoise (CAF) 20

Fiona McCullough avec la collaboration d’Antoinette Rast-Eicher et Sophorn Nhoem. Des travaux sur les hauts de Courtepin ont amené la découverte de tombes médiévales implantées dans les ruines d’un établissement romain. Bien que seule une partie de la nécropole ait fait l’objet d’une fouille archéologique, cet ensemble se distingue par son architecture funéraire et la qualité du mobilier.

76 Fiona McCullough avec la collaboration d’Antoinette Rast-Eicher et Sophorn Nhoem Des travaux sur les hauts de Courtepin ont amené la découverte de tombes médiévales implantées dans les ruines d’un établissement romain. Bien que seule une partie de la nécropole ait fait l’objet d’une fouille archéologique, cet ensemble se distingue par son architecture funéraire et la qualité du mobilier. Bauarbeiten oberhalb von Courtepin führten zur Entdeckung mittelalterlicher Gräber, die in den Ruinen eines römerzeitlichen Gutshof angelegt worden waren. Der Friedhof, von dem nur ein Bereich Gegenstand archäologischer Ausgrabungen war, zeichnet sich durch seine Grabarchitektur und die Qualität seiner Beigaben aus. CAF 20/2018 Études La nécropole du Haut Moyen Âge de Courtepin/Fin Dessus 77 La nécropole de Courtepin/Fin Dessus Moins d’une dizaine de kilomètres au nord de ouest du cimetière, les inhumations apparais- la ville de Fribourg, sur les hauts du village de saient directement sous la terre végétale (T6, 1 Courtepin au lieu-dit Fin Dessus , des travaux T16 et T17) et certaines ont malheureusement pour la pose d’une conduite d’adduction d’eau été détruites lors de l’ouverture à la pelle méca- au début de l’été 2015 ont permis la découverte nique. En comparaison, les tombes situées plus 2 à l’est (en particulier T11, T20 et T24) étaient 3 d’une villa gallo-romaine et d’un cimetière du Haut Moyen Âge (fig. 1) . Les premières men- implantées bien plus profondément, ce qui sug- tions d’une occupation romaine remontent aux gère que la zone nord-ouest a été arasée et années 1970, lorsque des fragments de tuiles que son niveau de circulation était, à l’époque, sont apparus dans les labours, mais aucun in- beaucoup plus haut qu’aujourd’hui. Au sud et à dice ne laissait présager que le site abritait aussi l’est, le cimetière se prolonge, et il semble que un cimetière du Haut Moyen Âge. Une fouille de sa limite d’extension a été repérée du côté occi- sauvetage a donc été organisée par le Service dental (T8 et T19; voir fig. 2). Les dimensions archéologique de l’État de Fribourg entre le 11 juin et le 13 août 2015 sur une surface de près de 750 m2, qui a livré les restes de deux corps de bâtiments antiques séparés par une cour dans laquelle s’inséraient les tombes médiévales (fig. 2). Les travaux archéologiques s’étant limités à l’emprise de la tranchée destinée à la conduite d’eau, ni les bâtiments romains ni le cimetière n’ont été explorés dans leur intégralité. D’un point de vue géologique, ces vestiges sont implantés dans un substrat formé par les dépôts sableux de la Singine (molasse marine supérieure), affleurant sous une couverture limomoneuse peu épaisse. Une partie des sépultures ont été aménagées dans ce sable molassique – les tombes les plus profondes se situent dans un sable meuble et légèrement humide. Si ce sédiment sableux a facilité le dégagement des squelettes, il a également favorisé les infil- Fig. 1 Vue aérienne du site, détail de la zone fouillée avec les fosses sépulcrales et les ruines romaines trations d’eaux de pluie qui ont provoqué, dans certains cas, une décomposition quasi totale des de l’aire funéraire dans son intégralité ainsi que vestiges osseux. À l’opposé, les ossements qui le nombre total de sépultures restent pour l’ins- ont été découverts dans les limons sus-jacents tant inconnus. De même, l’emplacement des étaient beaucoup mieux conservés. structures d’habitat des personnes enterrées à Fin Dessus n’a pour l’heure pas pu être loca- 1 L’implantation d’un cimetière sur une élévation lisé, mais il est fréquent de retrouver ce type 661 m. naturelle, parfois déjà occupée à l’époque ro- de vestiges dans les ruines de bâtiments gallo- maine, est une pratique fréquente pour la pé- romains, à proximité des cimetières5. riode concernée 4. Ces aires funéraires sont de de Courtepin, une trentaine de fosses sépulcra- Voir l’article de J. Monnier et E. Mouquin, dans ce volume. 3 Les travaux archéologiques de 2015 ont déjà fait l’objet d’un article (voir McCullough et al. 2016). dimension variable et abritent quelques dizaines à plusieurs centaines de sépultures. Dans le cas 2 Coordonnées: 2 577 024 / 1 190 767 / Organisation spatiale du cimetière 4 Nous pouvons citer entre autres pour le canton de Fribourg les exemples de Riaz/Tronche-Bélon (Graenert 2017), Porsel/Champ Dessus (Dafflon 2014), les ont été repérées dans la zone d’emprise des Fétigny/La Rapettaz (McCullough 2008), travaux. Celles situées dans la partie méridio- Le cimetière empiète partiellement sur les murs nale du cimetière n’étaient pas directement me- romains dont les ruines, en partie déjà récupé- Arconciel/Es Nés (Dafflon/Mauvilly nacées et n’ont de ce fait pas été excavées (voir rées dans les siècles qui ont suivi l’abandon 2003), Vuippens/La Palaz (Schwab et fig. 2). Ainsi, sur les 34 inhumations relevées, du bâtiment, ont servi à l’aménagement de la 5 seules 27 ont été fouillées. Dans la partie nord- majeure partie des tombes (construction de Windler/Fuchs 2002, 66. Fribourg/Pérolles (Graenert 2007), al. 1997). Windler et al. 2005, 102, 154-155; 78 T3 2 T1 5 T3 3 T3 4 CAF 20/2018 Études 9 T2 T2 2 T2 7 T1 9 T8 T7 T2 3 T5 T2 T6 T2 1 T3 0 T9 T2 T2 0 T3 T1 0 T1 6 T2 8 T2 5 T1 7 T3 4 1 T1 T4 1 T1 T1 8 T2 6 T1 2 T1 T1 4 3 B A 0 10 m Fig. 2 Plan général du chantier, avec les tombes implantées entre les corps de bâtiment romains (A et B); en traitillé: tombes non fouillées en 2015 79 La nécropole de Courtepin/Fin Dessus coffres en pierres et calage des planches des de mortier. Les pierres de calage étaient en coffrages). Le recoupement de certains murs règle générale plus nombreuses le long des pa- du corps de bâtiment B (T4, T18 et T26) a tou- rois latérales nord et sud qu’au niveau de la tête tefois pu être involontaire et semble avoir limité et des pieds. Dans certains cas, elles ont été l’expansion du cimetière vers le nord. D’autres aménagées sur plusieurs assises, témoignant murs, à l’est et à l’ouest, ont pu servir à délimi- vraisemblablement d’une volonté de stabiliser ter l’espace en formant un enclos funéraire. le terrain sableux le temps de la mise en terre La nécropole est organisée en rangées paral- du défunt9. Malgré l’absence de restes de bois, lèles serrées, avec une orientation systéma- la présence de coffrages en matériaux péris- tique d’ouest en est, à l’exception des tombes sables est attestée par plusieurs indices qui T7 (nord-ouest/sud-est) et T18 (sud-ouest/nord- confirment une décomposition en espace vide: est) qui sont légèrement désaxées. En règle la position verticale des galets de calage, les ef- générale, l’organisation spatiale des cimetières fets d’alignement et de contrainte des osse- mérovingiens est caractérisée par la régularité ments ainsi que la désarticulation de certains des rangées, et les variations d’orientation peu- os. La présence de fragments ligneux sur les vent s’expliquer soit par une différence de data- plaques dorsales des tombes T20 et T24 témoi- 6 tion , soit par la présence d’aménagements gne de l’existence de planches de fond non divers (clôtures, chemins, constructions en bois, clouées, mais simplement maintenues par des 7 etc.) . À Courtepin, aucun agencement particulier pierres de calage ou des chevilles de bois, du de l’aire funéraire n’a été clairement mis en évi- moins dans ces deux cas. Les fosses sépulcra- dence dans la partie explorée, mais un espace les étaient de forme rectangulaire ou trapézoï- vide entre les tombes T1, T12, T14 et T29 pour- dale. Leur longueur variait entre 1,55 et 2,05 m rait correspondre à l’emplacement d’une allée. pour une largeur de 0,3 à 1 m. En règle géné- L’absence de tout recoupement entre les tom- rale, la taille de la fosse était adaptée au défunt, bes sous-entend l’existence d’un système de sauf dans la tombe T12 où la fosse était particu- signalisation des sépultures en surface (tertre, lièrement large, et dans la sépulture T31 où elle 8 amas ou entourage de pierres, piquets en bois ), était plus longue que nécessaire pour l’enfant mais l’érosion ainsi que les travaux agricoles ont qui y avait été inhumé. Le soin particulier ap- 6 entraîné la disparition du niveau de circulation porté à l’aménagement de l’entourage de cer- Gumefens/Sus Fey (Graenert 2015a, 28) médiéval. taines sépultures (en particulier T1 et T510 ) est et de La Tour-de-Trême/A la Lêvra à relever; il pourrait être lié à la position sociale Aménagement des sépultures ont démontré que les inhumations postmérovingiennes étaient moins ordonnées T1 et l’absence de mobilier dans la sépulture T5 et présentaient des orientations diverses ne permettent toutefois pas d’approfondir cette en comparaison avec les sépultures du VIIe siècle. Les mêmes observations avaient déjà été faites pour le cimetière de la Grande Oye à Doubs (Urlacher et al. Les 27 tombes fouillées révèlent plusieurs ty- 1998, 26-28). pes d’aménagements caractéristiques du Haut en pierre sèche (deux tombes) ou mixtes – bois (Graenert/Schönenberger 2005, 166) de l’individu. Le pillage apparent de l’inhumation hypothèse. Moyen Âge: les coffrages à dalles (une tombe), Les études sur les cimetières de Coffrages à dalles et à murets en pierre sèche 7 L’aménagement d’espaces de circu- lation a été mis en évidence entre autres à La Tour-de-Peilz (Steiner 2011, 57-60), Sézegnin (Privati 1983, 67), Kaiseraugst et pierres de calage – (19 tombes), et les tombes (Martin 1991, 3-4, 275-279) et Doubs sans aménagement apparent (cinq tombes). Au- Trois sépultures (T1, T3 et T5) se démarquaient (Urlacher et al. 1998, 57). cune tombe à réduction n’a été découverte dans de toutes les autres par un entourage de dalles 8 Alexandre-Bidon/Treffort 1993, 265-266b. Voir aussi J. Serralongue, cette partie du cimetière et toutes les sépultures et/ou de murets en pierre sèche très soigné et sont individuelles. ininterrompu, placé autour du défunt. Contrai- surface de sépultures du Haut Moyen La majorité des éléments utilisés dans les agen- rement aux coffrages mixtes dans lesquels les Âge en Haute-Savoie», Bulletin d’études cements provient des ruines des bâtiments ro- galets ont servi en premier lieu à caler les plan- mains. On a ainsi retrouvé une grande quantité ches d’un coffre en bois, les aménagements de 9 de fragments de tuiles, de moellons de calcaire ces trois tombes ont pu faire office de vérita- de stabilisation des parois a également et de grès, de gros galets de calcaire et de quart- bles coffrages lithiques, mais l’existence de plan- été proposée pour plusieurs aménage- zite provenant des fondations des murs antiques, ches et de couvercles en bois ne peut pas être et à La Tour-de-Peilz (Steiner 2011, 66). ainsi que des morceaux de tuf et des boulettes exclue. 10 Voir infra, fig. 3 et 5a. «Quelques exemples de marques de préhistoriques et archéologiques alpines II, 1991, 149-156. Cette double fonction de calage et ments à Doubs (Urlacher et al. 1998, 54) 80 CAF 20/2018 Études présentait une coloration légèrement différente sur une dizaine de centimètres de hauteur, ce qui suggère qu’elles avaient été partiellement enterrées – la limite supérieure de cette coloration correspondrait donc au niveau d’inhumation du corps. Cet enfouissement partiel a dû servir à assurer la stabilité de l’ensemble, qui a de surcroît été renforcée par des galets de calage placés contre la face externe des dalles (voir fig. 3b). Ce calage met par ailleurs en évidence les dimensions plus importantes de la a fosse par rapport au coffrage, et seule la dalle étroite de pied semblait s’appuyer directement contre la paroi de la fosse sépulcrale. Dans la sépulture trapézoïdale T3, des murets constituaient la majeure partie de l’entourage; seul l’angle nord-est au niveau des pieds était formé de deux dalles de grès verticales (fig. 4). Les murets comptaient une à deux assises non maçonnées de galets et de blocs de calcaire, de grès et de quartzite. Le basculement du crâne et du fémur droit indique une décomposition en espace vide, donc la présence, au moins, d’un couvercle en matériau périssable. L’humérus b droit était en contact direct avec les éléments Fig. 3 Tombe T1 vue du nord; a) fragments de la dalle de couverture à l’intérieur de la sépulture (décapage 2); b) pierres de calage à l’extérieur des dalles (décapage 3) lithiques de la paroi, ce qui laisse penser que le défunt avait été inhumé sans coffrage en bois. Aucun aménagement particulier n’a été observé 11 Un fragment de scapula, une côte, quelques dents et un fragment de tôle de bronze constituent les seuls éléments qui Située au centre de la zone fouillée, à proximité sur le fond de la fosse, mais il n’est pas exclu d’un espace qui pourrait être interprété comme que le défunt ait été déposé sur une planche en une allée de circulation (voir fig. 2), la sépulture bois. ont été retrouvés dans la sépulture. T1 (fig. 3) possédait un coffrage constitué de dal- La tombe T5, avec son coffrage à murets en 12 À La Tour-de-Peilz, toutes les dalles les en grès coquillier; celle de couverture a été pierre sèche, est une structure de forme trapé- retrouvée brisée en une douzaine de fragments zoïdale très soigneusement construite à l’aide latérales (Steiner 2011, 67). répartis en position subverticale à la base du d’éléments architecturaux récupérés dans la dé- 13 L’analyse anthropologique des remplissage de la tombe (voir fig. 3a), certai- molition romaine (tuiles, moellons, galets) (fig. 5). nement suite à une intervention humaine; l’ab- Elle se trouvait 6 m au sud-ouest de la tombe (Steiner 2011, 241-242). sence de squelette (seuls quelques os épars T1, et son orientation était légèrement désaxée 14 La conservation du bois nécessite se trouvaient en vrac dans le comblement de la vers le sud. Les murets, constitués de quatre à tombe) suggère en effet que le couvercle a été six assises, formaient un coffrage étroit dont les très nombreuses et liées à des facteurs brisé dans le but de récupérer le squelette et/ dimensions étaient adaptées à la taille du dé- multiples comme la profondeur d’enfouis- ou d’éventuels objets qui l’accompagnaient11. funt. Bien qu’aucune dalle de couverture n’ait Deux grandes dalles verticales étaient placées été retrouvée, le déplacement de certains os Pour une description détaillée de la sur les longs côtés de la tombe, et deux petites indique une décomposition en espace vide. La dégradation du bois funéraire, voir se trouvaient aux extrémités; ces dernières, dernière assise de galets et de tuiles n’était pas A. Dietrich, «Dégradation et effondre- contrairement à ce qui a pu être observé sur tout à fait alignée sur les assises précédentes, 15 Voir infra, 89. d’autres sites de la même époque, n’ont pas et une partie des éléments se trouvaient en po- 16 Windler et al. 2005, 158-159; pour servi à maintenir l’écartement entre les dalles sition verticale, vraisemblablement pour mainte- d’extrémité étaient placées de manière à maintenir l’écartement des dalles tombes accolées de La Tour-de-Peilz a confirmé l’existence de liens familiaux des conditions particulières. Une fois ce matériau enterré, les dégradations sont sement, la nature du sol, les infiltrations d’eau, la présence de xylophages, etc. ment des cercueils», in: Guy 1998, 41-47. le canton de Fribourg, on peut par exemple 12 latérales . La base de ces grès avait été taillée à tenir en place un couvercle en matériau organi- Gumefens/Sus Fey (Graenert 2015a, plat tandis que leur bord sommital était plus irré- que. Aucune trace de contenant périssable n’a 11-12). gulier, et la face interne de leur partie inférieure été observée à l’intérieur de la tombe, et au mentionner les tombes 210 et 264 de 81 La nécropole de Courtepin/Fin Dessus vu de l’étroitesse de la chambre ainsi que du contact direct entre certains os et les murets, il est probable que le défunt a été inhumé sans coffrage en bois. L’extrémité orientale de la sépulture était accolée aux pierres de calage de la tombe T30. La chronologie relative entre les deux sépultures n’a pas pu être déterminée, mais comme il s’agit du seul cas de tombes directement accolées, l’hypothèse d’un lien de parenté entre les deux individus peut tout de même être émise13. Coffrages mixtes Fig. 4 Tombe T3 vue du sud La majorité des tombes fouillées en 2015 avaient comme caractéristique commune l’emploi de galets en nombre variable, organisés sur une à trois assises, et ayant servi à caler les planches en bois d’un coffrage non cloué. Dans certains cas, lorsque le sédiment était très meuble, ces pierres ont également pu contribuer à la stabilité des parois de la tombe (T10, T11, T20 et T24). Si aucune trace de bois n’a pu être observée lors de la fouille14, le déplacement de certains os et la présence de bois sur plusieurs objets15 confirment l’existence d’un contenant en matériau périssable. Ce type d’aménagement est très fréquent durant tout le Haut Moyen Âge, mais les a traces ligneuses permettant de confirmer l’utilisation du bois restent rares16. Contrairement aux inhumations en cercueil, contenant mobile dans lequel on transportait le défunt jusqu’au lieu de sa mise en terre, l’inhumation en coffrage non cloué implique que les planches étaient aménagées directement à l’intérieur de la fosse, avant la mise en terre du défunt. Ce dernier, enveloppé nu ou habillé dans un linceul, pouvait être amené sur un brancard jusqu’à l’emplacement de la sépulture, où il était placé entre les planches b Fig. 5 Tombe T5; a) coffrage à murets en pierre sèche; b) coupe depuis le nord d’après une modélisation 3D avant que la tombe ne soit fermée par un couvercle. On trouve quelques rares illustrations de Les tombes en coffrages mixtes de Courtepin processions funéraires dans les manuscrits du peuvent être divisées en deux groupes: celles Haut Moyen Âge et dans certaines églises mé- ne comptant qu’un faible nombre de galets ré- diévales, sur lesquelles on peut voir le défunt partis de manière irrégulière dans la tombe, 17 Evangéliaire de Chartres du IXe placé sur un brancard recouvert d’un drap et et celles possédant un nombre plus important siècle conservé à Paris, Bibliothèque soutenu par deux porteurs17. Des lits funéraires, d’éléments de calage et une disposition quasi qui ont aussi dû servir pour le transport du dé- continue organisée sur plusieurs assises. funt jusqu’au cimetière, figurent également dans des manuscrits des VIe -XIe siècles, mais ils sem18 blent avoir été réservés à une élite . Dans le premier ensemble (T6, T9, T12, T14, nationale, ms. lat. 9386 f° 147r°. Abbaye de Saint-Jean de Müstair GR (XIIe siècle) (J. Goll – M. Exner – S. Hirsch, Müstair: die mittelalterlichen Wandbilder in der Klosterkirche: UNESCO-Welterbe, Zürich T15, T16, T19, T26, T28, T30, T31 et T33; fig. 6), 2007, 237). le nombre de galets dans chaque tombe oscille 18 Treffort 1993, 210-214. 82 CAF 20/2018 Études T6 T9 T12 T14 T15 T16 T19 T26 T28 T30 T31 T33 0 2m Fig. 6 Tombes à galets de calage épars entre un et une vingtaine. Leur emplacement est ment partie du remplissage de la fosse. La variable; ils peuvent se limiter à une zone en par- tombe T12 possède une vingtaine de pierres ticulier ou être répartis tout autour du défunt, (tuf, grès) et de tuiles en position verticale ré- mais en règle générale, ils sont plus nombreux parties le long des bords latéraux, qui devaient à sur les côtés latéraux. Un effet de paroi, formé l’origine s’appuyer contre des planches. D’après par quatre fragments de tuf, apparaît très net- l’emplacement de ces galets, le coffrage en tement le long du tibia droit du squelette de la bois était très large par rapport au défunt, un tombe T6. Un cinquième galet se trouve à proxi- cas unique à Courtepin. Malheureusement, la mité du pied gauche, et un fragment de tuile mauvaise conservation des os ne permet pas s’appuie contre le bord de la fosse, au niveau du de déterminer si la largeur du coffrage était liée genou gauche. Il est possible que d’autres élé- à une position particulière du corps (coudes ments ont existé, mais la partie supérieure de la écartés par exemple) ou à la présence d’un se- tombe a été partiellement détruite par des tra- cond individu dans la tombe (éventuellement un vaux modernes. Dans la tombe T9, les éléments enfant). Les pierres de calage de la sépulture lithiques ne présentent aucun ordre particulier; T14 se situent autour du crâne, le long du fémur il n’est donc pas certain qu’ils aient réellement droit et autour des os des pieds. La pierre qui a servi de calage, d’autant que la différence d’alti- été retrouvée à plat sur le pied gauche devait à tude entre eux suggère qu’ils faisaient simple- l’origine être en position verticale comme toutes 83 La nécropole de Courtepin/Fin Dessus les autres, et elle a dû basculer vers l’intérieur part et d’autre du crâne ainsi que le long des après la décomposition de la planche de couver- bras. Deux pierres se trouvent au niveau du bas- ture. La tombe T15 a été partiellement arasée, sin et du fémur droit, et quelques autres sont mais une pierre de calage subsiste sur la petite placées de part et d’autre des pieds. Le calage bordure, au niveau des pieds. Dans la tombe T16, de la tombe T30 est également réparti de ma- le seul galet conservé, retrouvé contre la paroi nière irrégulière, principalement autour de la tête nord de la fosse, ne peut pas être interprété et des humérus, ainsi que contre le bord orien- avec certitude comme un élément de calage. tal de la fosse. Dans la sépulture T31, quatre Cinq éléments lithiques ont été mis au jour dans galets de calage placés à l’extrémité distale de la sépulture T19: deux blocs superposés ap- la tombe devaient soutenir la planche du petit puyés contre le bord nord à la hauteur du crâne, côté au niveau des pieds, ainsi que celle se trou- deux autres de part et d’autre des humérus, et vant le long de la jambe gauche. L’absence de un gros bloc au niveau des pieds. Les pierres galets dans le reste de la tombe est peut-être placées à la hauteur des bras semblent avoir un simple effet de fouille (ces pierres ont pu servi à caler des planches en bois. Par contre, être arrachées lors de l’ouverture mécanique). le gros bloc de grès découvert au niveau des En dernier lieu, la sépulture T33, presque entiè- pieds a pu avoir été déposé sur la planche de rement détruite lors de l’ouverture à la pelle couverture, avant de légèrement s’affaisser après mécanique, a livré quelques pierres le long de la décomposition du bois. La tombe T26 a partiel- jambe gauche et à proximité de la cheville droite lement recoupé un mur romain; une dizaine de du squelette. Il ressort de cet ensemble qu’au galets et fragments de tuile en position verticale moins une partie des éléments lithiques ont sont répartis autour du squelette, le long de l’hu- servi de calage pour les planches de coffrage, mérus droit, du fémur droit, des pieds et du ge- tandis que d’autres, qui pourraient simplement nou gauche. Au nord et à l’ouest, les planches correspondre à des pierres présentes dans le devaient être maintenues par le mur antique. sédiment de remplissage, n’avaient aucune Dans la sépulture T28, les galets se répartissent fonction particulière. de manière irrégulière autour du squelette sur Le second ensemble (T4, T7, T8, T10, T11, T20 une à deux assises, et sont plus nombreux de et T24; fig. 7) regroupe des tombes comptant un Fig. 7 Tombes à galets de calage sur plusieurs assises T4 T7 T8 T10 T11 T20 T24 0 2m 84 CAF 20/2018 Études nombre plus important de galets (au minimum une vingtaine) disposés sur plusieurs assises et de manière plus régulière autour du défunt. La tombe T4 a recoupé l’un des murs antiques dont une partie des éléments a été réemployée pour l’aménagement du calage. Certains galets qui se trouvent en position déséquilibrée devaient s’appuyer contre une planche en bois, tandis que ceux des bordures est et sud sont aménagés sur deux à trois assises formant des murets. Contrairement à ce que l’on a pu constater pour d’autres tombes de cet ensemble, la quantité de pierres employées ici ne semble pas liée à une volonté de stabilisation du terrain (la sépulture est aménagée dans un sédiment limoneux relativement compact), mais plus simplement au fait que le mur antique recoupé a fourni un certain nombre d’éléments lithiques qui ont pu être réutilisés comme calage ou entourage du coffrage en bois. La tombe T7 présente un entourage lithique quasi continu sur deux à trois Fig. 8 Tombe T11 vue de l’est assises contre les parois est et sud, tandis que les galets sont plus espacés et disposés sur galets indique que ces pierres devaient s’appuyer une seule assise le long des bordures nord et contre les parois d’un contenant en bois. La ouest. Cette répartition différenciée est peut- taille des blocs dans l’aménagement de cette être liée à des questions de stabilité du terrain. tombe est particulièrement frappante – il s’agit La position subverticale de certains éléments d’ailleurs de la tombe la plus riche en mobilier et leur alignement sur un même axe formant un (plaque-boucle et contre-plaque damasquinées, effet de paroi très net indiquent que ces pierres couteau, bague, boucle); un éventuel lien entre s’appuyaient contre un coffrage en bois. Les sé- la qualité de l’architecture de la tombe et l’im- pultures T10, T11, T20 et T24 sont de morpholo- portance du défunt mérite donc d’être suggéré, gie presque identique: elles ont été aménagées même si les tombes les plus soignées (T1 et T5) dans un sédiment très sableux à l’aide d’un im- n’ont livré aucun objet. La tombe T20 possède portant dispositif de calage constitué d’une à également un entourage quasi continu de gros trois assises de gros blocs. Leur profondeur, qui blocs placés sur deux assises: tous ces élé- varie entre 80 et 110 cm sous le niveau de cir- ments sont en position verticale, mais certains culation actuel, les différencie des autres sépul- ont basculé vers l’intérieur après décomposi- tures du cimetière, dont la profondeur moyenne tion des planches en bois. Tout comme pour la est d’une cinquantaine de centimètres. La tombe tombe T11, on observe une absence de galets T10 possède un entourage formé d’une à trois aux angles, qui pourrait être liée à l’emplace- assises réparties exclusivement sur les longs ment de planches latérales dont l’écartement côtés. Une concentration d’une dizaine de gros était assuré par les planches des petits côtés blocs apparaît dans l’angle nord-est et s’ap- (fig. 9)19. On retrouve un agencement lithique parente à une sorte de bourrage volontaire de similaire dans la sépulture T24, avec des bou- l’espace entre les planches et la paroi de la lets particulièrement massifs (jusqu’à 50 cm de fosse. Dans la même zone, un peu plus à l’est, long). La hauteur des aménagements sur les 19 Le site de Soyria à Clairvaux-les- la tombe T11 a livré un aménagement constitué longs côtés est plus importante que celle des Lacs (Jura français) a livré des restes de gros boulets et de pierres anguleuses dispo- tombes T20 et T11 (jusqu’à 50 cm au-dessus de coffrages en bois suffisamment bien sés sur deux à trois assises (fig. 8). Cet entou- du squelette, soit une dizaine de centimètres de ce type de positionnement des planches rage n’est interrompu qu’au niveau des quatre plus), et trois galets visibles dans la paroi occi- (Pétrequin et al. 1980, 180-194 et fig. 17). angles, et la position verticale de la majorité des dentale, derrière le crâne, paraissent marquer conservés pour permettre de confirmer 85 La nécropole de Courtepin/Fin Dessus l’emplacement de la planche de couverture, située une quinzaine de centimètres au-dessus du crâne (fig. 10). L’aménagement des sépultures dans cet ensemble se distingue par la nature du sédiment encaissant et le volume important d’éléments lithiques. Ces blocs semblent avoir rempli une double fonction: le calage des planches en bois et le maintien des parois de la fosse qui, par leur nature sableuse, étaient instables. Vu la différence, en nombre et en taille, entre les blocs des grands côtés et ceux des petits côtés, c’est clairement la fonction de calage des planches Fig. 9 Tombe T20 avec hypothèse de reconstitution des planches de coffrage latérales qui était primordiale; les bords courts de la tombe étaient peut-être tout simplement que le bassin et la mandibule). Ce maintien de maintenus en place par de la terre. L’hypothèse la position originelle est impossible dans le cas d’une utilisation de contenants monoxyles (troncs d’une inhumation en espace vide, même lors de d’arbres évidés) est également à envisager dans l’utilisation d’un linceul serré; l’affaissement des les cas d’absence de calage au niveau de la tête côtes, en particulier, est inévitable. D’autres in- et des pieds, comme c’est le cas à Soyria (F, dices tels que l’observation d’effets de paroi sur Jura) 20. les ossements ou sur d’autres vestiges (pierres, Il semblerait qu’il existe une concordance en- céramiques, objets métalliques) permettent de tre les entourages denses et la présence de reconnaître l’existence d’un contenant en bois. mobilier; dans le premier groupe, 25% des tom- Dans le cas des tombes sans aménagement bes ont livré du mobilier, tandis que dans le se- apparent qui n’ont pas été endommagées ou dé- cond, 57% des tombes en renfermaient. Ces truites, la conservation des os est parfois telle- chiffres ne sont toutefois pas représentatifs de ment mauvaise qu’il est impossible de détermi- la réalité car le cimetière n’a été que partielle- ner avec certitude le type d’inhumation. Aucune ment fouillé, mais ils donnent des pistes intéres- sépulture ne peut donc être formellement inter- santes à explorer dans le cas de travaux futurs. prétée comme inhumation en pleine terre. Tombes sans aménagement apparent Fig. 10 Tombe T24 avec entourage de très gros blocs sur les bords latéraux et trois galets derrière le crâne (emplacement de la planche de couverture) À défaut de restes ligneux ou d’éléments de calage de planches, il est plus difficile de déterminer si le défunt a été inhumé dans un coffrage en bois ou simplement en pleine terre. Au moment de leur découverte, ces deux types de sépultures se ressemblent, et c’est l’observation du déplacement des os à l’intérieur de la tombe qui permet de déterminer s’il s’agit d’une véritable inhumation en pleine terre ou si les contenants en matériaux organiques n’ont simplement laissé aucune trace21: dans le premier cas, le sédiment comblera petit à petit les vides laissés par la décomposition des chairs, et les ossements conserveront leur position anatomique, même si celle-ci sera en déséquilibre (en 20 Pétrequin et al. 1980, 190 et fig. 26. particulier les os des mains et des pieds, ainsi 21 Voir Duday et al. 1990, 29-49. 86 CAF 20/2018 Études À Courtepin, la tombe T2 a été détruite lors de ments osseux après la décomposition des arti- l’ouverture mécanique. Quelques os longs ont culations labiles, qui se dissocient en quelques pu être récupérés, mais ils n’étaient plus dans semaines après le décès, et persistantes, qui se leur position initiale, et aucun autre indice ne désolidarisent entre quelques mois et quelques permet de déterminer le mode d’inhumation. Il années après le décès23. Les positions décrites en va de même pour la sépulture T17 qui af- ici ne correspondent donc plus exactement à cel- fleurait directement sous la terre végétale, et les d’origine, en particulier au niveau des crâ- dont seuls la partie distale de la jambe droite nes, des mains et des pieds. Le crâne aura bas- (tibia, fibula, calcaneum) et quelques fragments culé sur un côté ou l’autre, voire vers l’arrière s’il avait été initialement placé sur un coussin en matériau périssable. Lorsque les mains du défunt ont été placées sur l’abdomen, carpes, métacarpes et phalanges se déplacent dans le vide laissé après la décomposition des viscères pour se retrouver au niveau de la cavité pelvienne. Pour ce qui concerne les pieds en revanche, le déplacement des tarses et métatarses peut être minime lorsque le défunt portait des chaussures ou que ses pieds étaient maintenus en connexion par appui contre un contenant Fig. 11 Tombe T29 avec trois tuiles fragmentées sous le crâne (planche de coffrage ou linceul). Bras, avantbras et jambes subissent en général des dépla- du bassin sont conservés. La tombe T18 a cements moindres, soit une légère rotation la- été implantée dans la partie nord-ouest d’un térale au niveau des têtes de l’humérus et du mur antique, et seule la partie supérieure du fémur. Quant aux côtes et aux coxaux, ils vont squelette (à partir des lombaires) est conser- s’affaisser sur le fond de la fosse, provoquant, vée, le reste ayant été détruit lors des travaux dans le cas du bassin, un écartement des à la pelle mécanique. D’après l’observation du ailes iliaques et une migration du sacrum vers déplacement des os, le défunt a été inhumé l’avant suite à la rupture des articulations sacro- dans un coffrage en bois; les murs romains ont iliaques. L’enveloppement du corps dans un lin- probablement servi de calage pour les planches ceul, dont l’usage est connu grâce à l’iconogra- latérales nord et sud, à moins que leur main- phie médiévale24, peut limiter le déplacement tien n’ait été assuré par des chevilles en bois. des os, mais n’empêche pas la dislocation des L’unique sépulture non perturbée de ce groupe articulations. Il semblerait d’ailleurs que durant 262), Gumefens T195 (Graenert 2015a, est la tombe T29, qui se trouve dans un état le Haut Moyen Âge et jusqu’au XIe siècle, les Taf. 19), Vuippens T111 (Schwab et al. de conservation médiocre. Seuls le crâne et le visages des défunts n’étaient pas recouverts fémur gauche sont partiellement conservés, ce par le linceul, ce qui explique la désarticulation 23 Duday et al. 1990, 29-33. qui ne permet pas de déterminer si la décom- quasi systématique de la mandibule25. 24 Alexandre-Bidon 1993; Treffort position s’est déroulée dans un espace colmaté 22 La Tour-de-Peilz T399 (Steiner 2011, 1997, 120), Monnet-la-Ville (Mercier/ Mercier-Rolland 1794, 26). 1996. Des représentations de linceuls ou vide. Aucun galet de calage n’a été observé Tous les défunts ont été inhumés en décubitus vales suisses, par exemple dans l’église dans cette inhumation, mais trois tuiles romai- dorsal. La position du crâne a pu être détermi- Saint-Martin à Zillis GR où est représen- nes ont été déposées volontairement sous le née pour seize des 27 individus; dans les onze crâne (fig. 11). Ce type d’aménagement sou- autres cas, soit le crâne est trop mal conservé in Zillis (Schweizerische Kunstführer der tenant la tête du défunt, unique à Courtepin, pour que l’on puisse établir avec certitude sa po- GSK), Bern 2008. apparaît dans d’autres cimetières régionaux 22. sition, soit il a été détruit par les travaux moder- figurent dans certaines églises médié- tée une Résurrection de Lazare du milieu du XIIe siècle; voir M. A. Nay, St. Martin 25 Alexandre-Bidon 1993, 203. nes. Dans deux tombes (T10 et T24), le crâne 26 La mauvaise conservation du crâne est centré, dans sept cas (T3, T5, T7, T9, T14, de la tombe T31 ne permet pas de déterminer de manière formelle que celui-ci Position des corps a bien basculé sur sa droite. Le déplacement du maxillaire a pu se produire T19 et T31) 26 il a basculé sur sa droite, et dans six autres (T4, T8, T11, T18, T26 et T28) sur sa lors de l’effondrement de la planche de La plupart des défunts ont été inhumés dans gauche. La présence d’un support non conservé, couverture. des coffrages en bois, entraînant des déplace- mais ayant repoussé le crâne vers l’avant, a été 87 La nécropole de Courtepin/Fin Dessus mise en évidence dans cinq sépultures (T4, T5, exercée sur le côté droit, vraisemblablement cau- T14, T24 et T30), et un seul crâne a basculé sée par l’effondrement de la planche latérale vers l’arrière (T9). Dans cette dernière tombe, du contenant. Une situation comparable a été la planche de coffrage placée derrière le crâne observée dans la tombe S369 de Tournedos- devait se trouver suffisamment loin de la tête sur-Seine/Porte-Joie (F, Eure) 32: grâce aux ves- pour permettre à celle-ci de basculer, tandis tiges conservés du contenant en bois et de ses que dans les autres, la planche de coffrage a pu clous, il a été possible de démontrer que le bas- maintenir la position surélevée du crâne jusqu’à culement de la scapula et de l’humérus avait ce que le vide laissé par le support décomposé été provoqué par la pression de la paroi du (coussin céphalique?) ait été colmaté par le sédiment encaissant27. La position des membres supérieurs a pu être déterminée pour seize individus. La majorité des avant-bras sont repliés sur les coxaux (T3, T4, T8, T11, T14, T15, T16, T19, T20 et T26). La tombe T31, celle d’un juvénile, est la seule qui témoigne d’une inhumation bras allongés le long du corps; cette position est fréquemment associée aux jeunes défunts dans les cimetières fribourgeois28. Dans cinq cas, les bras sont en a position asymétrique: bras droit replié sur le ventre et bras gauche le long de corps (T5), bras droit sur le coxal droit et bras gauche sur le ventre (T6), bras droit le long du corps et bras gauche sur le coxal gauche (T7), bras droit sur le coxal droit et bras gauche le long du corps (T9), bras droit le long du corps et bras gauche sur le coxal droit (T30). Les avant-bras ne sont jamais repliés sur le sternum ou sur le ventre. Cette absence de position haute pourrait être liée à un facteur chronologique; une tendance à b replier les membres supérieurs de plus en plus haut sur le corps a en effet été observée dans 27 La nécropole du Clos d’Aubonne plusieurs cimetières datés entre la fin du VIIe et à La Tour-de-Peilz a livré des restes la première moitié du IXe siècle, soit une période de coussins funéraires en matières organiques (Steiner 2011, 86). 29 un peu plus tardive qu’à Courtepin . 28 McCullough 2013; McCullough/ Dans la majorité des sépultures, les genoux Monnier 2014. ne sont pas resserrés – seuls les squelettes des 29 Steiner 2011, 266-267. Une évo- tombes T28 et T33 présentent ce cas de figure. lution similaire a été observée à Sion/ Sous-le-Scex VS (Antonini 2002, 110). La position des pieds est variable, mais dans 30 Il s’agit d’une position qui n’est pas certains cas, le maintien des os en connexion anatomique ainsi que leur posture appointée vers c gèrent le port de chaussures et un appui contre dans l’axe du tibia tandis que le talus et le calcanéum sont placés à angle 30 le bas, en hyperextension taphonomique , sug- naturelle: les métatarsiens se trouvent Fig. 12 Quelques exemples de pieds en hyperextension; a) tombe T7; b) tombe T26; c) tombe T30 une paroi de coffrage (fig. 12). droit par rapport à l’épiphyse distale du tibia. Selon Lola Bonnabel, le pied était appuyé contre la paroi du contenant qui a maintenu la position des métatarses Un cas particulier a été observé dans la sépul- cercueil lors de l’effondrement de ce dernier. ture T16; la scapula droite a été découverte en Contrairement au cas français, où le coxal et vue postérieure, et la tête humérale droite était le fémur ont également subi un déplacement 31 Cette tombe est apparue directe- déplacée en direction des premières vertèbres mésial, seuls l’humérus et la scapula de l’indi- ment sous la terre végétale, et le crâne thoraciques (fig. 13) 31. Cette inversion de la po- vidu de la tombe T16 de Courtepin sont concer- sition anatomique est liée à une forte pression nés. L’ulna et le radius ont gardé leur position lors de la décomposition des chairs (Bonnabel 1998, 73). ainsi qu’une partie des cervicales ont été détruits lors de l’ouverture mécanique. 32 Carré/Guillon 2012, 342-346. 88 CAF 20/2018 Études vers objets informes). Huit tombes ont livré du mobilier funéraire contemporain de l’inhumation, soit 30% de l’ensemble (fig. 14). Bien que ce pourcentage ne puisse être considéré comme vraiment représentatif puisque ce cimetière n’a été que partiellement exploré, ce nombre provisoire est néanmoins élevé et se situe dans la moyenne supérieure des pourcentages obtenus pour d’autres cimetières régionaux (12% à Gumefens/Sus Fey FR, 13% à La Tour-de-Peilz/ Clos d’Aubonne VD, 20% à Vuippens/La Palaz FR, 22% à Fétigny/La Rapettaz FR, 24% à Riaz/ Tronche-Bélon, 25% à Arconciel/Es Nés FR, 27% à Yverdon-les-Bains/Pré de la Cure VD, 32% à Saint-Sulpice/Sur les Mausannes VD, 35% à Erlach/Totenweg BE, 48% à Lausanne/Bel-Air VD). Fig. 13 Tombe T16 avec scapula droite en position postérieure Le corpus mobilier de Courtepin se compose d’origine, ce qui indique que l’articulation du de sept garnitures de ceinture, deux bagues, un coude était déjà disjointe lors de l’affaissement couteau et une petite boucle. D’après leur posi- de la planche, tandis que celle entre l’humérus tion dans la tombe, tous ces objets étaient por- et la scapula était suffisamment intacte pour tés par le défunt et n’ont pas été simplement maintenir la connexion entre les deux os. La déposés en offrande au moment de la mise en dislocation de l’articulation du coude, considé- terre. À l’exception de la tombe T11, qui se dis- rée comme persistante, indique que la chute de tingue par l’association d’une garniture bipartite, la planche s’est produite plusieurs mois, voire d’un couteau, d’une bague et d’une petite boucle 33 années après l’ensevelissement . Le coxal droit en tôle de bronze, les autres sépultures n’ont li- ainsi que la jambe droite étant également restés vré qu’une seule catégorie d’objet, à savoir des en position d’origine, soit la planche était déjà garnitures de ceinture ou des bagues. trop décomposée pour entraîner un déplacement des os, soit elle s’est fracturée au niveau du coude du défunt, auquel cas seule sa partie Garnitures de ceinture occidentale s’est effondrée. Les observations réalisées sur ce squelette confirment que le Parmi les 27 tombes fouillées, sept ont livré des vide à l’intérieur du coffrage a été maintenu garnitures de ceinture. Deux de ces garnitures pendant un temps relativement long, et qu’il n’y proviennent de tombes d’adolescents (T16 et a pas eu de colmatage partiel par infiltration de T31), les autres sont associées à des tombes sédiment durant ce laps de temps. Ceci nous d’adultes (T4, T11, T15, T20 et T24). La distance donne une idée de la qualité du coffrage funé- entre les plaques-boucles et les contre-plaques raire, dont il ne reste aucune trace matérielle. ainsi que la position et l’emplacement des plaques dorsales (face contre terre au niveau des lombaires) confirment que les ceintures étaient Mobilier funéraire bien portées par les défunts autour de leur taille lors de l’inhumation. À l’exception de la garniture Le cimetière de Courtepin ayant été implanté en bronze de la tombe T16, toutes les boucles dans les ruines d’un bâtiment gallo-romain, le se trouvaient sur le côté gauche du squelette. remplissage des tombes a livré un grand nombre d’objets de cette époque, en position secondaire Boucle simple (clous, tessons de céramique, monnaies, faune, 33 Duday et al. 1990, 31. pâte de verre, fragments de tôle, fragments Une seule boucle simple, en fer et sans décor, a d’enduits peints, scories, tiges métalliques et di- été mise au jour durant cette campagne (fig. 15; 89 La nécropole de Courtepin/Fin Dessus Tombe Sexe Inv. Position Matière Désignation Restes organiques T4 ind. 1029-5 sur ilion gauche fer plaque-boucle trapézoïdale restes de deux textiles T11 ind. 1022-1 intérieur avant-bras droit fer contre-plaque damasquinée restes de bois et de deux textiles 1022-2 sous avant-bras gauche fer plaque-boucle damasquinée restes de cuir (ceinture) et de textile 1022-3 directement à l’est de la plaque-boucle fer, bronze, bois couteau restes de deux types de cuir (fourreau; 1022-4 directement au nord de la plaque-boucle bronze boucle - 1022-5 phalange main indéterminée, sur coxal gauche bronze bague - poche?) et restes de textile T15 T16 T20 T24 M ind. ind. ind. 1012-1 sous avant-bras droit fer, argent plaque-boucle damasquinée - 1012-2 extérieur bras droit fer, argent contre-plaque damasquinée - 1021-1 sous avant-bras droit bronze étamé plaque-boucle circulaire gravée restes de cuir et de textile (laine) 1021-2 sous avant-bras gauche bronze étamé contre-plaque circulaire gravée - 1038-1 intérieur bras droit, sur lombaires fer contre-plaque damasquinée restes de cuir 1038-2 intérieur bras gauche, sur lombaires fer plaque-boucle damasquinée restes de cuir et de textile (laine) 1038-4 intérieur bras droit, sur lombaires fer plaque dorsale damasquinée restes de bois et de textile 1025-1 entre avant-bras droit et lombaires fer plaque dorsale damasquinée restes de bois, restes de cuir, de peau et de deux textiles 1025-2 sur lombaires fer contre-plaque damasquinée restes de cuir et de deux textiles 1025-5 sur lombaires fer plaque-boucle damasquinée restes de cuir (ceinture) et de deux textiles T26 F? 1026-1 sur coxal gauche bronze bague - T31 ind. 1043-1 sur coxal gauche fer boucle de ceinture restes de textile Fig. 14 Dépôts funéraires retrouvés dans les tombes pl. 13). Découverte dans la sépulture T31, sur été retrouvée sous l’avant-bras droit, la contre- le coxal gauche d’un juvénile enterré dans un plaque sous l’avant-bras gauche (fig. 16). Ses contenant en bois, elle constitue l’unique objet deux éléments, en bronze étamé et sans bos- porté par le défunt au moment de l’inhumation. settes, sont scutiformes (fig. 17). La contre- Des fragments de textile ont été par endroits plaque présente les mêmes échancrures ainsi décelés sur sa face avant, d’autres, de cuir, sont qu’une encoche pour la pointe de l’ardillon. conservés sur sa face arrière; les premiers pro- Deux tenons perforés assurent l’articulation de viennent certainement du vêtement du défunt, la boucle qui est ovale, étroite, de section ar- les seconds vraisemblablement de sa ceinture. quée oblique et décorée de quatre groupes de Plus courte, plus large et de section moins trois stries parallèles transversales. Le décor de oblique que les boucles des autres garnitures de la plaque-boucle consiste en quatre cercles ocu- ceinture de Courtepin, elle s’apparente à celles lés estampés (trois en bordure et un au centre) découvertes dans le cimetière d’Arconciel/Es reliés entre eux par des traits incisés formant 34 Nés, datées entre 550 et 670 apr. J.-C . Dans un motif approximativement cruciforme. Il est le nord-ouest de la Suisse actuelle, ce genre de intéressant de noter que l’emplacement des boucle était fréquemment porté, autant par des trois cercles placés en bordure correspond au hommes que par des femmes, à partir de la fin positionnement des bossettes habituellement du VIe siècle et durant tout le VIIe siècle35. présentes sur les plaques rondes de ce type. Fig. 15 Tombe T31, boucle simple en fer avec restes textiles Le bord de la plaque est rehaussé de lignes, de Garniture en bronze bandes hachurées et de motifs en escalier incisés. L’ardillon, à base scutiforme échancrée et L’unique garniture en bronze (pl. 7) a été dé- pointe recourbée, est orné d’un masque humain couverte dans la tombe T16, qui abritait un-e incisé très stylisé, qui renvoie au double masque adolescent-e de 15-17 ans. La plaque-boucle a incisé visible au centre de la contre-plaque. Ce 34 Dafflon/Mauvilly 2003. 35 Marti 2000, 82-83, Martin 1991, 88-90. 90 CAF 20/2018 Études Ce type de garniture est surtout répandu dans le nord-est de la France entre le dernier tiers du VIe et le premier quart du VIIe siècle, ainsi que dans la vallée du Rhin à partir du deuxième quart du VIe et jusqu’au début du VIIe siècle36. Il semblerait que leur centre principal de production se situe entre Paris et la Manche, où ces plaques auraient été fabriquées en série dans un même atelier, tandis que le décor aurait été ajouté Fig. 16 Tombe T16 avec garniture bipartite en bronze sous les os des avant-bras dans un second temps37. L’absence de rivets et la présence d’une contre-plaque sont des caractéristiques peu courantes, mais plusieurs exemples sont attestés en Normandie ainsi que dans l’Aisne38. Les décors de cercles oculés, motifs géométriques et masques humains sont très fréquents dans ces régions sur les plaques rondes en bronze (parfois également étamées), et plusieurs cas de décors de cercles à l’emplacement des bossettes ont été relevés39. Le décor de masques humains est connu à partir de la seconde moitié du VIe siècle et continue à figurer sur les garnitures durant tout le VIIe siècle, y compris sur les éléments en fer damasquiné 40. La plupart des auteurs s’accordent pour dire que ces masques revêtent une symbolique chrétienne, surtout dans les cas où ils sont associés à une croix ou un nimbe41. L’association Fig. 17 Tombe T16, garniture de ceinture circulaire en bronze à décor incisé (masques humains et motifs géométriques) d’un masque et d’une croix entourés d’un ruban de marches d’escalier figure sur une plaqueboucle de Londinières (F, Seine-Maritime), où dernier se présente sous la forme d’une croix à le masque apparaît dans un cadre cruciforme à deux bras arrondis à leurs extrémités, alors que trois bras42. À Goudelancourt-lès-Pierrepont (F, les deux autres ont été remodelés en visages Aisne), un visage humain surmonté d’une croix qui se font face et sont reliés par le menton. est gravé sur une plaque-boucle datée entre Dans les deux cas, les masques sont gravés de 560 et 640, et une seconde croix est placée sur la même manière: les yeux et le nez sont figurés la base de l’ardillon43. Quatre masques reliés par deux cercles irréguliers prolongés par deux par le menton et formant un motif cruciforme lignes de part et d’autre d’une incision centrale. figurent au centre d’une plaque-boucle éga- Sur la contre-plaque, des bandes hachurées, lement découverte à Londinières 44. L’ardillon un ruban de marches d’escalier et des lignes de l’une des plaques-boucles de Curtil-Sous- 1978, 84-85, 165 et Taf. 29 Karte 4. délimitent un espace scutiforme autour de ce Burnand (F, Saône-et-Loire; T280), datée fin 37 Périn 1985, 767-769. double masque. Les bords de la contre-plaque VIe /début VIIe siècle, est décoré d’un masque sont décorés de bandes hachurées, de lignes et humain très stylisé 45. À Noiron-sous-Gevrey (F, 39 Lorren 2001, 221 et pl. XX.5. de motifs en escalier incisés identiques à ceux Côte-d’Or), trois plaques-boucles circulaires en 40 McCullough 2008, 163-165; Lorren de la plaque-boucle, et la tranche qui fait face à bronze avec bossettes, décorées de cercles 2001, 231; Windler 1994, 56. la boucle porte des incisions obliques. oculés reliés par des traits incisés parallèles, 36 Lorren 2001, 214-215; Périn 19731974, 71-97; Frey 2006, 41-43; Furger 38 Lorren 2001, 214-243; Nice 2008, 198-200. 41 Lorren 2001, 231-243. Au revers des deux plaques se trouvent trois sont datées du début du VIIe siècle46. Sur la 43 Nice 2008, 200, S.228B. languettes percées disposées en V, permettant base de l’ardillon de la troisième plaque de cet 44 Lorren 2001, 242-243 et pl. XXIV.8. de les fixer à la ceinture. Des restes de textile et ensemble figure une représentation stylisée 46 Aronovici-Martin 1978, 67-68, de cuir minéralisés ont été repérés au niveau de d’un masque humain encadrée de motifs géo- pl. 33.1-3. l’articulation entre la plaque et la boucle. métriques. Plusieurs plaques-boucles rondes 42 Lorren 2001, 241 et pl. XXIV.6. 45 Gaillard de Semainville 1980, pl. 4.1. 91 La nécropole de Courtepin/Fin Dessus en bronze ornées de cercles oculés et sans bos- rée et détruite lors de l’ouverture mécanique. settes ont été découvertes en Saône-et-Loire Toutes les garnitures en fer ont été retrouvées 47 (Curtil-sous-Burnand et Blanot) . Le décor de dans des tombes d’adultes inhumés dans des la plaque-boucle mise au jour dans la tombe 6 coffrages en bois maintenus par des pierres de de Blanot est très similaire à celui de Courtepin calage. À l’exception de la plaque-boucle de la par son absence de bossettes et son décor géo- tombe T4, tous ces éléments de garnitures sont métrique constitué de «quatre cercles concen- damasquinés. triques ponctués réunis par des doubles traits en arc de cercle»48. En comparant les plaques- La plaque-boucle en fer linguiforme, sans décor boucles de Blanot et de Courtepin à une petite mais à bords mouvementés, de la sépulture T4 49 plaque-boucle de Curtil-sous-Burnand (T64) , on peut se demander si le décor de cercles oculés liés par des traits n’est pas le résultat d’une stylisation poussée de corps de serpents, les cercles correspondant aux yeux et les traits marquant les corps. La présence de garnitures de ceinture d’influence ou d’origine franque dans des cimetières du canton de Fribourg et d’ailleurs en Suisse est un phénomène qui a déjà été relevé50. L’exemplaire de la tombe T16 de Courtepin vient donc enrichir ce corpus. Trois plaques rondes en bronze dont deux à motifs de visages humains ont été mises au jour à Fribourg durant le XIXe siècle, mais elles ont disparu depuis51. À Riaz/ Tronche-Bélon, une plaque-boucle en bronze de la fin du VIe siècle, ronde, décorée de motifs géométriques sur toute sa surface et avec une Fig. 18 Tombe T4, plaque-boucle linguiforme en fer sans décor tresse reliant deux rivets, renvoie également aux modèles du nord-est de la France52. Enfin, (fig. 18) a été découverte sur l’ilion gauche d’un à Kaiseraugst AG, une plaque-boucle du même individu adulte de sexe indéterminé, en-dessous type, identique à un exemplaire de Picardie, au- de l’avant-bras gauche. La plaque, d’une largeur rait été produite, selon Max Martin, dans un ate- maximale identique à celle de la boucle, fait lier du nord de la France à la fin du VIe siècle53. état, côté boucle, de deux perforations de fixa- Sans analyses génétiques ou isotopiques, il tion à l’emplacement de rivets qui ne sont pas est impossible de déterminer si la jeune per- conservés; une troisième perforation, distale, sonne inhumée dans la tombe T16 de Courtepin n’est que partiellement visible. Des fragments était elle aussi d’origine franque, si elle a hérité de deux types de textiles ont été découverts sur pl. 4.2-4. la surface de la plaque et sur la boucle. 48 Gaillard de Semainville 1980, 84. cette garniture de l’un de ses proches en tant que symbole du pouvoir de sa famille, ou si elle l’a simplement reçue en cadeau. Plaques-boucles et autres garnitures en fer À Kaiseraugst, ce type de garniture, parfois 47 Gaillard de Semainville 1980, 83-86, 49 Gaillard de Semainville 1980, pl. 4.4. 50 Graenert 2017, 204-205. accompagnée d’une contre-plaque, fait partie 51 Ces plaques avaient été vendues d’un ensemble daté vers 610/62054; environ 30% au musée de Berlin en 1893, mais elles d’entre elles appartiennent à des femmes, 20% ont disparu durant la Seconde Guerre mondiale (Schwab 1982, 77-78). à des hommes, 50% à des individus de sexe in- 52 Tombe T157.1: Graenert 2017, Cinq tombes ont livré des garnitures en fer: une déterminé. Lorsque l’on a affaire à des plaques- 64, Taf. 122; Frey 2006, 34-42 et 356; plaque-boucle (T4; pl. 2), deux garnitures bipar- boucles seules, comme à Courtepin, ces garni- tites (T11 et T15; pl. 5 et 6) et deux tripartites tures sont le plus souvent retrouvées dans des (T20 et T24; pl. 9 et 11). Une plaque dorsale iso- tombes féminines. C’est le cas de la tombe 5 ensemble C7, fin de la phase ZS D. lée (pl. 13), retrouvée dans les déblais du bâti- de la nécropole de Köniz/Oberwangen BE, qui a 55 Ch. Kissling, «Köniz, Oberwangen. ment romain, pourrait provenir de la tombe T18 livré une garniture similaire, exempte de contre- située à proximité, ou d’une tombe non repé- plaque, qui appartenait à une femme adulte55. Graenert 2002, 39, fig. 6. 53 Martin 1991, 119, Taf. 82.7. 54 Martin 1991, 101-104, 269-270: Ein frühmittelalterliches Gräberfeld in Oberwangen», ArchBE 2015, 156: Grab 5/2000. 92 CAF 20/2018 Études Fig. 19 Tombe T11, garniture bipartite en fer damasquiné Des garnitures analogues, datées du premier e tiers du VII siècle, ont été mises au jour dans 56 de forme trapézoïdale à bords mouvementés; chacune compte trois rivets: deux près de la ainsi que boucle et un dernier, saillant, sur le bord dis- dans plusieurs sépultures de la seconde moitié tal. Le décor monochrome est constitué d’une le cimetière de Saint-Vit (F, Doubs) e du VII siècle, à Bülach ZH (tombes 181, 195, 57 tresse centrale à brins pointillés sur fond plaqué 255, 294 et 297) . Elles présentent une grande d’argent, encadrée par des motifs de hachures. variété dans la découpe de leurs bords, avec des Les bords mouvementés des côtés latéraux 57 Werner 1953, 27, Taf. XV et XVI. courbes, des lignes droites et des angles s’al- sont rehaussés par deux bandes d’argent, l’une 58 Windler 1994, 56-58. ternant de multiples façons, mais leur contour large et l’autre fine. Une frise en dents de scie 59 Elgg Grab 78 (Windler 1994, 57-58, général demeure linguiforme. Selon Joachim épouse le contour de la base de l’ardillon, et les 56 Gizard 2003, 161-162. Taf. 31.3). Werner, cette grande variété sous-entend l’exis- rivets sont décorés d’un simple fil d’argent des- 61 Ces garnitures ont été définies par tence de multiples centres de production. La sinant un motif cruciforme. L’ardillon est agré- J. Werner comme le type Bülach; il s’agit nécropole d’Elgg ZH a également livré une série menté de hachures encadrant un motif central à 60 Werner 1953, Taf. XXIX.2. de garnitures trapézoïdales tripartites à de garnitures en fer non damasquiné et à bords quatre lobes, similaire à l’exemplaire provenant deviennent très étroites et allongées découpés ou mouvementés, mais il s’agit tou- de la tombe 2 de la nécropole de Jonen AG60, (Werner 1953, 31-44). jours de garnitures tripartites58; l’exemplaire le et deux frises de lignes hachurées pour l’une, plus proche de la plaque-boucle de Courtepin y en dents de scie pour l’autre ornent la boucle. queue d’aronde. Les formes plus tardives 62 Il s’agit de plaques plus étroites et allongées, à bords mouvementés et avec un décor animalier très stylisé (Werner e 59 est daté du premier tiers du VII siècle . 1953, 31 et 35-37). 63 McCullough 2008, 165, fig. 19. Ce genre de décor hachuré encadrant un entrelacs à brins pointillés rehaussé de modestes La garniture découverte au niveau de l’abdomen placages d’argent ainsi que la rareté du style Abb. 127. du défunt inhumé dans la tombe T11 (fig. 19) se animalier constituent des caractéristiques des 65 Volketswil: Werner 1953, Taf. XXVI.2 compose d’une plaque-boucle et d’une contre- garnitures du type Bülach, qui sont datées du plaque en fer damasquiné et plaqué d’argent. premier tiers du VIIe siècle 61, tandis que les 66 Hartmann 2009, 44-46. La plaque-boucle a été retrouvée sous l’avant- bords sinueux des plaques renvoient plutôt aux 67 Doubs S. 296 et S. 377 (Urlacher bras gauche, la contre-plaque entre l’avant-bras modèles du type Berne-Soleure, qui remontent et al. 1998, 151-153); Yverdon T43 et droit et les lombaires. Au moment de sa mise au deuxième tiers du siècle62. 64 Kissling/Ulrich-Bochsler 2006, et ASSP 1911, 201; Selzach: Werner 1953, Taf. XXVIII.7. T52 avec plaques-boucles seules de forme similaire, mais sans décor, l’une en terre, le défunt portait sa ceinture à laquelle Une plaque trapézoïdale à rivet distal saillant dans une tombe féminine, l’autre dans étaient suspendus un couteau en fer ainsi découverte dans la nécropole de Fétigny est une tombe masculine. Ces éléments sont qu’une bague en bronze; une petite boucle en datée aux alentours de 630/640 63 : ses bords VIe/début du VIIe siècle. (Steiner/Menna bronze se trouvait également dans la tombe (fig. légèrement découpés, le placage relativement 2000, 144-145). 20). La plaque-boucle et la contre-plaque sont important et la présence de motifs animaliers un peu plus anciens et datent de la fin du 93 La nécropole de Courtepin/Fin Dessus permettent de la situer à la transition entre les sous l’avant-bras droit, et une contre-plaque, deux styles. À Kallnach/Bergweg BE, la garni- mise au jour près de la bordure sud de la sépul- ture tripartite de la tombe masculine 117 pré- ture. Ce déplacement vers le sud peut être dû sente une forme similaire à celle de Courtepin, soit à une migration des éléments métalliques à mais son placage, plus couvrant, est compa- l’intérieur du coffrage en bois durant la décom- 64 rable au décor de la plaque de Fétigny . Les position, soit au fait que la ceinture n’était pas garnitures tripartites de Volketswil/Hegnau ZH autour de la taille du défunt mais simplement et de Selzach SO possèdent un entrelacs central posée sur sa hanche droite au moment de la sur fond argenté, et un décor marginal composé mise en terre. Cependant, comme la plaque- de hachures, de motifs d’échelle et de zigzags65. boucle a été retrouvée sous l’avant-bras, suggé- La forme générale des plaques, dont l’extrémité rant ainsi que la ceinture était bien portée par distale trahit encore une légère forme en queue le défunt, la première hypothèse semble la plus d’aronde, renvoie au type Bülach, tandis que le plausible. Le décor de cette garniture bipartite fait qu’elles soient plus allongées et munies de est constitué de fils d’argent damasquinés qui bords très légèrement mouvementés marque le forment une alternance de motifs en escalier, début de l’évolution vers le type Berne-Soleure. d’échelles ou de nids d’abeille, ainsi que d’une Les plaques trapézoïdales à bords mouvemen- frise de points épousant la base de l’ardillon, tés et rivet saillant découvertes dans la nécro- qui n’est pas conservé (fig. 21). Ces motifs pole d’Aesch BL appartiennent au deuxième géométriques encadrent un décor central ins- e 66 style et sont datées du milieu du VII siècle : crit dans un cadre rectiligne, représentant une leur décor présente un placage plus important, vannerie oblique à brins pointillés sur un fond à un damasquinage bichrome (argent et laiton) placage d’argent. L’extrémité en queue d’aronde et des motifs animaliers déjà très stylisés. Sur des plaques est ornée de têtes d’animaux, et la plaque-boucle de la tombe 8, la subdivision la boucle est décorée de groupes de trois fils du décor est toutefois encore similaire à celle d’argent séparés par des motifs cruciformes. observée sur la garniture de la tombe T11 de Courtepin: un entrelacs central sur fond d’argent et des lignes hachurées comblent l’espace Fig. 20 Tombe T11 en cours de fouille, avec le mobilier dégagé: 1 plaque-boucle; 2 contre-plaque; 3 couteau; 4 petite boucle; 5 bague entre le motif central et les bords de la plaque, eux-mêmes rehaussés d’une bande d’argent épousant le contour mouvementé de la garniture. Cette plaque-boucle, qui se rattache au tout début du second style, soit un peu avant le milieu du VIIe siècle, illustre bien l’évolution des garnitures trapézoïdales de type Bülach, déjà amorcée sur la garniture de Courtepin, dont on peut dater la fabrication, comme celle de Fétigny, 1 à la période de transition entre les deux styles, soit vers les années 630/640. L’absence de plaque dorsale dans la tombe T11 autorise à émettre l’hypothèse qu’il pourrait s’agir d’une tombe féminine. En effet, plusieurs 4 2 3 garnitures trapézoïdales bipartites de Doubs (F, Doubs) et d’Yverdon-les-Bains ont été attribuées à des femmes 67, mais vu le mauvais état de conservation des os, l’étude anthropologique n’a pas permis de confirmer cette allégation. La garniture trapézoïdale à extrémité en queue d’aronde de la tombe T15 est composée de deux éléments: une plaque-boucle, découverte 5 94 CAF 20/2018 Études Fig. 21 Tombe T15, garniture bipartite en fer damasquiné Fig. 22 Tombe T20, garniture tripartite en fer damasquiné 68 Les brins à motifs d’échelle sont toutefois plus courants pour le type Les rivets, dont deux subsistent sur la plaque Tour-de-Peilz et à Lausanne70, ainsi que dans le mais aucun sur la contre-plaque, sont égale- nord du pays, dans des nécropoles soleuroise, ment décorés de motifs cruciformes composés zurichoise et zougoise71. Dans le royaume franc, d’un double fil d’argent damasquiné. le cimetière de Goudelancourt-lès-Pierrepont a Ce genre de garniture à queue d’aronde déco- livré une plaque-boucle à queue d’aronde avec rée de motifs géométriques encadrant un entre- champ central décoré d’une vannerie à brins Bülach (Werner 1953, 31). lacs central à brins pointillés sur fond plaqué obliques pointillés encadrée d’un décor géo- 69 Lorren 2001, 367-368; Marti 2000, d’argent se rattache au type Bülach et remonte métrique; Alain Nice date cette garniture entre 91 et note 323; Martin 1991, 102; Martin au premier tiers du VIIe siècle68. La partie dis- 600 et 670 apr. J.-C.72. Les motifs centraux des- 70 La Tour-de-Peilz T322 (Steiner 2011, tale en queue d’aronde, souvent rehaussée de sinant des vanneries ou des nattés de bandes 126 fig. 87); Lausanne/Bel-Air trouvaille têtes animalières, évoque un type de garnitures pointillées sur placage d’argent sont nombreux isolée (Leitz 2002, Taf. 72.5). dont le centre de diffusion principal se trouve dans le nord de la France, de la Lorraine à la Taf. XXVIII. 8), Elgg ZH (Windler 1994, en Burgondie (Suisse occidentale et Bourgogne Manche73. Selon Claude Lorren, il ne s’agit pas Grab 131), Baar ZG (Müller 2010, 381, actuelles) 69. Plusieurs garnitures comparables, d’une évolution chronologique des entrelacs à Taf. 79.4-5, Grab 103). décorées d’un motif central de vannerie et da- bords arrondis, car les deux modes existent en 1971, 46-48; 103-104. 71 Balsthal SO (Werner 1953, 31-34, 72 Nice 2008, 185. e 73 Lorren 2001, 396-399; Périn 1985, tées du premier tiers du VII siècle, ont été re- parallèle, mais d’une évolution stylistique qui se 487. trouvées en Suisse romande, notamment à La traduit par une multiplication des brins. 95 La nécropole de Courtepin/Fin Dessus bords, une frise en nids d’abeille insérée entre les lignes géométriques. Sur la partie la plus large des plaques, une courte bande de motifs en escalier figure entre les rivets et l’entrelacs. Des fils d’argent rayonnent en étoile depuis le centre de chaque rivet pour rejoindre un fil en entourant la base. La boucle est décorée de huit groupes de trois fils d’argent séparés par un fil en dents de scie, tandis que la base de l’ardillon scutiforme reprend l’alternance de lignes et de dents de scie que l’on observe sur les plaques, délimitant ainsi un champ central rehaussé d’un motif tissé. Des garnitures similaires ont été mises au jour à Doubs74, dans le nord et l’ouest de la Suisse75 ainsi que dans l’est et le nord de la France76 ; Fig. 23 Tombe T24, avec les plaques en fer de la ceinture toutes remontent au premier tiers du VIIe siècle, Fig. 24 Tombe T24, garniture tripartite en fer damasquiné bichrome La garniture tripartite de la tombe T20 se rat- plus précisément entre 610/620 et 630 / 64077. tache également au type Bülach du premier Le décor de la plaque dorsale de Courtepin dif- tiers du VIIe siècle. Elle est constituée d’une fère toutefois de ces exemplaires dans le sens plaque-boucle et d’une contre-plaque linguifor- où la majorité des garnitures dorsales citées 2003, 162, fig. 6. mes à trois rivets, ainsi que d’une plaque dor- ci-dessus possèdent un entrelacs quadrilobé, 75 Werner 1953, Taf. XXVII-XXVIII; sale quadrangulaire à quatre rivets (fig. 22). Des alors que celle de Courtepin est décorée d’une restes textiles ont par ailleurs été retrouvés tresse à quatre brins similaire à celles que l’on Motschi 2007, 48-51; Müller 2010, 380, sur toutes ses faces. Les trois éléments sont observe sur les plaques dorsales des garnitures Taf. 157; Windler 1994, 60-61, Grab 61; damasquinés: le décor monochrome, identique à queue d’aronde. sur les trois plaques de la garniture, est consti- 74 Urlacher et al. 1998, S. 208; Gizard Weber 2015, 50-51, Streufund; Martin 1991, 105-107, 270-272, Abb.138; Graenert 2002, 42, fig. 8; Leitz 2002, Grab 83, Taf. 23; Schwab et al. 1997, 200-201. tué d’un entrelacs central à quatre brins poin- La tombe T24 (fig. 23) a également livré une 76 Gaillard de Semainville 1980, pl. 15; tillés séparés par des bandes d’argent sur un garniture tripartite, qui est vraisemblablement Lorren 2001, 368-369 et pl. LXIII; Nice fond de lignes hachurées. D’autres motifs géo- la plus récente de cet ensemble. Découverte métriques alternant lignes et dents de scie ainsi au niveau des lombaires, la plaque-boucle se que frise de points remplissent l’espace entre trouvait du côté gauche du squelette, la contre- le décor central et les bordures – la plaque dor- plaque sur la droite et la plaque dorsale directe- sale comporte en plus, sur deux de ses quatre ment à l’ouest de la contre-plaque, face contre 2008, 181-184 (le décor de natté qui figure sur la base de l’ardillon de la tombe S. 351 rappelle celui de la tombe T20 de Courtepin). 77 Pour une synthèse des datations des différentes régions, voir Urlacher et al. 1998, 210-211, fig. 173. 96 CAF 20/2018 Études terre. De nombreux restes de textile et de cuir Deux fils de laiton et deux d’argent encadrent le ont été retrouvés à la fois sur les faces supé- motif central, en épousant le contour de la base rieure et inférieure des éléments métalliques. des rivets qui sont rehaussés de fils de laiton La plaque-boucle et la contre-plaque sont lingui- en étoile. formes, voire presque triangulaires, et portent Cette garniture se rattache à la période de tran- trois rivets dont l’un distal et saillant (fig. 24). Le sition entre les types Bülach et Berne-Soleure: décor bichrome (argent et laiton) est composé présence d’une plaque dorsale, relative modes- d’un ruban d’argent bordé d’un fil de laiton créant tie du placage dans un décor bichrome à réper- un entrelacs central en forme de huit, avec des toire géométrique, longueur des plaques rela- motifs de croix placés entre les brins de l’entre- tivement courte. En Suisse, la tombe 87 de la lacs. Le reste des plaques est orné de bandes nécropole de Lausanne/Bel-Air a livré une garni- hachurées d’argent et de laiton, et le bord est ture triangulaire datée du premiers tiers du VIIe rehaussé d’une bande d’argent et d’un fil de siècle, dont la forme et le décor sont très pro- laiton qui contournent la base des rivets par ches de la nôtre78. Les plaques triangulaires du l’intérieur – seul le rivet distal, placé sur une cimetière d’Elgg (tombes 51 et 244) sont un excroissance saillante, n’est pas intégré au dé- peu plus tardives du point de vue de leur décor, cor. La particularité de cette garniture est la qui comporte quelques motifs animaliers et un présence de ce qui s’apparente à la lettre S, placage dominant, mais leur datation reste tou- entre les deux rivets du côté large de la plaque tefois antérieure à 65079. À Kaiseraugst, la garni- et de la contre-plaque. Il pourrait s’agir d’un ture linguiforme à rivet distal saillant de la sé- motif animalier très stylisé, ou des initiales du pulture 462 possède un entrelacs central à brins propriétaire. La boucle, très large par rapport à la pointillés un peu plus ancien que le décor à ban- plaque, est ornée de groupes de traits transver- des d’argent de Courtepin; elle est datée un saux en fils de laiton. La plaque dorsale carrée peu avant 630 par M. Martin80. Un décor simi- est décorée de plusieurs arcs de cercle formés laire, constitué de larges bandes d’argent et de par des doubles fils d’argent; plusieurs paral- fils de laiton, a été observé sur une garniture lèles incitent à penser que ce décor s’apparen- tripartite de Gelterkinden/Eifeld BL; datée entre tait à un cercle recoupé par deux arcs de cercle. 620/640 et 66081, elle comprend une plaque dorsale ornée d’arcs de cercle constitués par deux Fig. 25 Plaquette dorsale isolée découverte dans les déblais bandes d’argent, assez proches de celles de Courtepin. La plaque dorsale de la tombe 108 de Baar arbore un motif central plus soigné qu’à Courtepin, mais qui semble identique: un cercle recoupé par deux arcs82. Ce motif rappelle également certaines plaques dorsales de garnitures tripartites ornées d’une croix de saint André inscrite dans un cercle83. Un autre parallèle, tant au niveau de la forme que du décor, est attesté du côté de la Saône-et-Loire, à Curtil-sousBurnand84; Henri Gaillard de Semainville le place également à la transition entre les courants Bülach et Berne-Soleure, soit vers 630/640, avec comme arguments l’existence d’une plaque dor-sale carrée et la modestie du placage. Dans le nord de la France, des plaques triangulaires similaires à la nôtre ont été mises au jour à Lorleau (F, Eure) et à Verson (F, Calvados), où elles remontent au VIIe siècle85. Au vu de ces parallèles, une datation de la garniture de la tombe T24 de Courtepin vers 630/640 nous semble tout à fait plausible. 97 La nécropole de Courtepin/Fin Dessus En sus des sept garnitures de ceinture découvertes dans des sépultures, une plaquette dorsale quadrangulaire (fig. 25) a été retrouvée dans les déblais de l’un des bâtiments romains. Cette plaquette appartient à une garniture tripartite de type Bülach, probablement similaire à celles des tombes T15 et T20 (voir fig. 21 et 22). Son décor monochrome est constitué d’un motif central de vannerie à brins pointillés encadré de bandes en échelle et de marches d’escalier. Les rivets sont rehaussés de doubles fils d’argent disposés en croix, et leur base est encerclée d’un fil d’argent. Des plaquettes dorsales similaires, appartenant à des garnitures tripartites de type Bülach et datées du premier tiers du VIIe siècle, ont été mises au jour dans le nord de la Suisse86 et le 1 cm nord de la France87. Les garnitures en fer retrouvées dans les sépul- Fig. 26 Tombe T11, bague en bronze avec monogramme tures de Courtepin se rattachent donc majoritairement au courant Bülach, daté du premiers e trale aplatie et élargie formant un chaton rectan- tiers du VII siècle. Les ensembles mis au jour gulaire (fig. 27). Les côtés du jonc et le chaton dans les tombes T1 et T24 sont les plus récents sont ornés d’incisions. Les motifs sur le chaton et remontent aux années 630/640. Le type Berne- correspondent à un monogramme constitué de Soleure ne figure pas parmi les découvertes, ce deux lettres reliées par une incision diagonale; qui confirme une datation avant le milieu du VIIe l’inscription est identique dans les deux sens de siècle, du moins pour cette partie du cimetière. lecture. De part et d’autre de ce monogramme, deux triangles décorent les côtés du jonc. Parures et accessoires Fig. 27 Tombe T26, bague en bronze avec monogramme Deux bagues en bronze (pl. 4 et 10) ainsi qu’un couteau en fer (pl. 5) et une petite boucle en tôle de bronze (pl. 5) ont été retrouvés à Courtepin. Les bagues 78 Leitz 2002, Taf. 25 et 78. 79 Windler 1994, 66. Une première bague se trouvait dans la tombe 80 Martin 1991, 107, Abb. 272, Taf. 31A. T11, où elle a été découverte autour d’une pha- 81 Marti 2000, 93, Abb. 50. 82 Müller 2010, 382 et Taf. 82. lange reposant sur le coxal gauche. Elle possède 83 Par exemple la garniture de la un jonc de section ovale dont la partie centrale, tombe 105 d’Oberbuchsiten datée de aplatie et élargie, forme un chaton quadrangu- 630/640 (Motschi 2007, Taf. 34). laire sur lequel figure un décor incisé, vraisem- 84 Gaillard de Semainville 1980, 123-124 et 127, pl. 21.62 T. 286. blablement un monogramme (fig. 26). Deux pe- 85 Lorren 2001, 359-360, pl. LII.1-2. tites dépressions circulaires ornent chaque côté 86 Therwil/Benkenstrasse, Grab 5 du jonc, de part et d’autre du chaton. (Marti 2000, 87-91, Abb. 44.6); Elgg, Grab 131 (Windler 1994, Taf. 47), Balsthal (Werner 1953, Taf. XXVIII.8c); Dans la tombe T26, la bague a été mise au jour Oberbuchsiten, Grab 65 (Motschi 2007, sur le coxal gauche du squelette, au niveau de Taf. 23); Baar, Grab 103 (Müller 2010, l’acétabulum. Son anneau présente également un jonc de section ovale, avec une partie cen- Taf. 79 et Abb. 117). 1 cm 87 Goudelancourt-lès-Pierrepont, T. 311T (Nice 2008, fig. 262). 98 CAF 20/2018 Études Fig. 28 Tombe T11, mobilier métallique (garniture de ceinture, couteau, bague et fragments d’une petite boucle) On observe un décor latéral proche sur une ba88 88 Urlacher et al. 1998, pl. 46. gue de Doubs . Les bagues à monogrammes, l’exception des garnitures de ceinture et des fréquentes dans la région burgonde, sont da- bagues, seuls deux éléments – mis au jour dans tées du VIIe siècle par M. Martin, mais Andreas la tombe T11 – peuvent être interprétés comme Motschi propose une datation plus précise pour dépôts funéraires. Il s’agit d’un couteau en fer celles d’Oberbuchsiten, à savoir le premier tiers et d’une petite boucle rectangulaire en bronze du VIIe siècle89. Dans la plupart des cas, le mono- (fig. 28) retrouvés près de la plaque-boucle, sur gramme est constitué d’une barre oblique, sou- le côté gauche du squelette (voir fig. 20). vent recoupée perpendiculairement par un «S» Le couteau en fer, étroit (2,1 cm) et d’une lon- plus ou moins stylisé. Deux ou plusieurs lettres gueur supérieure à 11 cm, a été retrouvé pointe figurent en général aux extrémités ou de part et dirigée vers l’est. Sa lame à dos droit est frag- d’autre de la ligne oblique. mentée en deux, et sa soie ainsi que sa pointe manquent. Le couteau constitue un type d’ob- 89 Kaiseraugst (Martin 1991, 68-69, Abb. 36); Yverdon-les-Bains (Steiner/ provient de la démolition de la villa romaine. À Les bagues, généralement portées par les fem- jet fréquemment attesté dans les cimetières du mes, sont parfois présentes dans des tombes Haut Moyen Âge, car il faisait partie intégrante Saint-Sulpice (Marti 1990, 67-68); masculines. La bague à monogramme de la sé- du costume à cette époque90. Les fragments Fétigny (McCullough 2008, pl. 8.43); pulture T26 de Courtepin, semble avoir été por- de cuirs conservés sur les deux faces du cou- Doubs (Urlacher et al. 1998, 131-133); tée par une femme d’une trentaine d’années. teau de la sépulture T11 attestent que celui-ci Menna 2000, 126, pl. 36 et fig. 306); Lausanne (Leitz 2002, pl. 26, 31, 41, 83); Oberbuchsiten (Motschi 2007, 88); était rangé dans son fourreau au moment de Sézegnin (Privati 1983, 52, pl. VI); CurtilSous-Burnand (Ajot 1985, 46); Charnay Le couteau et la petite boucle quadrangulaire (Baudot 1857-1860 pl. XV). Voir aussi Moosbrugger-Leu 1971, 212-216, Taf. 54. l’inhumation. Sur la partie distale de la lame, on distingue les restes de plusieurs petits rivets 90 Marti 2000, 124-126; Steiner/Menna La majorité des pièces métalliques retrouvées en bronze qui devaient renforcer la couture du 2000, 181-182. dans le sédiment de remplissage des tombes fourreau du côté du tranchant de la lame. Des 99 La nécropole de Courtepin/Fin Dessus fragments de textile, provenant probablement de cuir sur le couteau de la tombe T11 suggère du vêtement du défunt, sont conservés sur la que l’ustensile, rangé dans son fourreau, ne se 91 trouvait pas dans la sacoche, mais qu’il avait été partie proximale du couteau . La boucle rectangulaire en tôle de bronze, à fixé à la ceinture à l’aide d’une lanière, égale- section plate, se trouvait à proximité du couteau ment en cuir. Quant aux restes textiles obser- et pourrait appartenir au système de fermeture vés sur le cuir du fourreau, ils indiquent bien d’une aumônière – sacoche en cuir ou en étoffe que ce dernier était en contact avec le vête- fermée par un rabat – également accrochée à la ment du défunt. M. Martin avait déjà observé ceinture. Ce genre d’accessoire, retrouvé princi- qu’à Kaiseraugst, durant le premier tiers du VIIe palement dans les tombes masculines, est le siècle, les couteaux des tombes masculines plus souvent attesté seulement par la présence n’étaient plus placés dans les aumônières ou d’un fermoir métallique dont l’emplacement fixés à celles-ci, mais accrochés à la ceinture est variable92. Les aumônières sont fréquentes dans un fourreau à côté du scramasaxe93. dans les nécropoles qui sont datées entre le deuxième tiers du VIe et le début du VIIe siècle. Les sépultures pouvaient alors contenir toute Restes organiques une série d’objets utilitaires tels des couteaux, briquets, pinces, poinçons, alênes, etc. La dé- Une quinzaine d’objets métalliques – certains couverte, à Courtepin, de restes de deux types éléments de garnitures de ceinture ainsi que le Fig. 29 Restes organiques conservés sur les objets métalliques Tombe Inv. Désignation Matière Face terre/face ciel Restes organiques T4 1029-5 plaque-boucle trapézoïdale fer face ciel deux textiles T11 1022-1 contre-plaque damasquinée fer face terre bois faces terre+ciel deux textiles 1022-2 plaque-boucle damasquinée fer face terre cuir (ceinture) face ciel textile 1022-3 couteau fer, bronze faces terre+ciel cuir: fourreau face terre cuir: fourreau et lanière de suspension? face terre textile laine (recouvre la lanière en cuir) face terre cuir face terre textile laine T16 T20 T24 1021-1 plaque-boucle circulaire gravée bronze étamé 1038-1 contre-plaque damasquinée fer faces terre+ciel cuir (sur face ciel lanière en diagonale) 1038-2 plaque-boucle damasquinée fer face terre cuir faces terre+ciel textile laine 1038-4 plaque dorsale damasquinée fer face terre bois 91 Voir infra fig. 32. face ciel textile 92 Ces éléments peuvent se trouver au face terre bois (cercueil?) face terre cuir (poche? ceinture?) face terre textile lin ou chanvre et 441A (Urlacher et al. 1998, 178-179); face ciel textile laine La Tour-de-Peilz, tombe 191.2 (Steiner face ciel cuir ou peau humaine 2011 171-174, pl. 11.6); Sézegnin, tombe face terre cuir face terre textile 61.9 et 67.15); Saint-Sulpice, tombes face ciel textile 7, 28, 116, 168 (Marti 1990, 95, Abb. face terre cuir (ceinture) 57); Oberbuchsiten (Motschi 2007, 61); face ciel deux textiles lin/chanvre et laine Kaiseraugst, Gräber 37, 55, 858, 961, faces terre+ciel textile 1025-1 1025-2 1025-5 plaque dorsale damasquinée contre-plaque damasquinée plaque-boucle damasquinée fer fer fer niveau du bassin, à côté des lombaires, sur le torse, à côté des bras ou encore à proximité du crâne: Doubs, tombes 256 51 (Privati 1983, pl. II); Lausanne, tombes 200, 246 et 276 (Leitz 2000, pl. 53.12, 1014, 1056, 1058 (Martin 1991, 127-136); T31 1043-1 boucle de ceinture fer Bülach, Gräber 17, 189, 251, 276 (Werner 1953, 25, Taf. 4.18-22). 93 Martin 1991, 131. 100 CAF 20/2018 Études Tombe Inv. Désignation Fils Face ciel/ face terre Diamètre fils (mm) Nombre de fils par cm Armure Matière Qualité Type de vêtement T4 1029-5 plaque-boucle ? face ciel 0,5 12 toile ind. moyenne linceul? z/z face ciel 0,5 ind. sergé 2/2 laine moyenne manteau? ? face terre ? ind. ? animale grossière manteau? z/z faces terre+ciel 0,4-0,5 15 toile lin/chanvre moyenne tunique ? T11 1022-1 contre-plaque 1022-2 plaque-boucle z/z face ciel 0,4-0,5 15 toile lin/chanvre moyenne tunique? 1022-3 couteau z/z face terre+ dos de la lame 0,5-0,3 28/10 toile face trame laine fine surtunique? T16 1021-1 plaque-boucle z/s face terre 0,5 ind. sergé? laine moyenne surtunique? T20 1038-2 plaque-boucle z/s face ciel 0,5-0,8 8/8 sergé 2/2 à chevron laine grossière manteau? 1038-4 plaque dorsale ? face ciel 0,5-0,8 ind. sergé 2/2 à chevron laine? grossière manteau? 1025-1 plaque dorsale T24 T31 zz/zz face terre 0,5 10 panama lin/chanvre grossière drap? linceul? z/s face ciel 0,5-1 ind. sergé 2/2? laine grossière surtunique? 1025-2 contre-plaque zz/zz face terre 0,5 ind. panama lin/chanvre grossière tunique? 1025-2 contre-plaque z/s face ciel 0,5-1 9/8 sergé 2/2 laine grossière manteau? 1025-5 plaque-boucle z/z face ciel 0,3-0,5 19/14 toile lin/chanvre fine linceul? z/s face ciel 0,5-1 9/8 sergé 2/2 laine grossière manteau? z/? face ciel 0,4 15 toile ind. moyenne linceul? 1043-1 boucle Fig. 30 Restes textiles retrouvés sur les objets métalliques couteau – ont livré des restes de textiles, de cuir Restes textiles et/ou de bois qui ont été minéralisés au contact du métal, en raison d’une corrosion rapide due Une quinzaine de restes textiles différents, en au milieu d’enfouissement (fig. 29). laine de mouton, lin ou chanvre, ont pu être ob- Grâce à l’analyse des restes de textiles ainsi servés par microscopie électronique à balayage, conservés94, il est possible de déterminer l’ar- sous leur forme minéralisée à la surface des ob- mure du tissage, c’est-à-dire le mode d’entre- jets métalliques – six des sept garnitures de cein- croisement des fils (toile, sergé, sergé à che- ture en possédaient (fig. 30). vron, etc.), la qualité du tissu (fin ou grossier À l’exception de l’étoffe de la tombe T11, le selon le diamètre des fils et leur nombre par tissage de la laine est plutôt grossier. La qua- cm2 ) et le sens de torsion des fibres (fils en «S» lité du fil, idéale pour un climat frais et humide 95 ou en «Z») . Quant à l’observation microsco- (diamètre de fil variant entre 0,3 et 1 mm pour pique de la morphologie des fibres, elle permet 8 à 9 fils au centimètre, contre 28 pour la laine en outre de différencier leur origine, végétale fine de la tombe T11) correspond à des vête- (lin ou chanvre) ou animale (laine). ments portés par-dessus les tuniques, comme Pour ce qui concerne le cuir, il est en revanche des manteaux ou des capes. Les tissus en fi- plus difficile de déterminer l’espèce animale uti- bres végétales sont de qualité variable, avec été effectuée par Antoinette Rast-Eicher lisée, car le processus d’oxydation de ce maté- un diamètre de fil oscillant entre 0,3 et 0,5 mm (Archeotex, rapport non publié) à l’aide riau peut entraîner la disparition de la surface pour 10 à 19 fils au centimètre. Au niveau des poreuse de la peau, celle qui permet justement techniques de filage et de tissage, tous les fils 94 L’analyse des restes organiques a d’un microscope électronique à balayage (MEB). Pour une brève description du processus d’oxydation, voir l’article de F. Lagger et M.-J. Scholl, dans ce volume. 95 On se sert de ces deux lettres pour indiquer le sens de torsion des fibres 96 l’identification de l’animal . de chaîne placés dans la longueur sont filés en Enfin, dans le cas des restes de bois (plan- «Z», tandis que les fils de trame situés dans la ches de coffrages, manches de couteaux, de largeur sont filés soit en «Z» soit en «S», ces selon la médiane de chacune des lettres. scramasaxes et d’autres outils, etc.), la struc- derniers permettant un tissage plus dense pour 96 À ce sujet, voir Müller 2010, 146- ture cellulaire du bois se conserve également les tissus sergés. 147. par minéralisation, ce qui permet une identifica- Plusieurs types d’armures97 ont pu être mis mure est le mode d’entrecroisement des tion de l’espèce, qui n’a pas pu être effectuée en évidence: la toile, le panama, le sergé 2/2 et fils de chaîne et des fils de trame. dans le cadre de cette étude. le sergé 2/2 à chevron (fig. 31). L’armure la plus 97 Dans le contexte du tissage, l’ar- 101 La nécropole de Courtepin/Fin Dessus Toile Panama Sergé 2/2 Sergé 2/2 à chevron Fig. 31 Les différents types d’armures de Courtepin simple est la toile: le fil de trame passe en alter- tissu en dissimulant les fils de chaîne. Il s’agit d’un nance dessus puis dessous le fil de chaîne; le type de toile utilisé pour les tuniques et fréquem- panama est similaire à la toile, mais les fils de ment retrouvé en contexte romain, mais quelques chaîne et de trame sont doublés, conduisant à exemples du VIIe siècle sont attestés, notamment une plus grande souplesse du tissu; dans l’ar- à Bösingen/Cyrusmatte FR et à Köniz/Oberwangen mure sergée, le fil de trame passe en alternance BE100. Ce fragment de textile doit certainement pro- par-dessus puis par-dessous au moins deux fils venir d’un second vêtement, que le défunt portait 98 de chaîne , avec un décalage entre les rangées par-dessus sa tunique en lin, et contre lequel le cou- pour créer une structure diagonale; enfin, le ser- teau s’appuyait. gé chevron est une variante du sergé, avec une alternance régulière de la direction du tissage qui dessine un motif en zigzag. À Courtepin, les toiles sont principalement en lin ou en chanvre de qualité moyenne; la laine est attestée dans un cas, et la nature de la fibre n’a pas pu être déterminée dans deux autres cas. Les sergés sont toujours en laine. Les matières ainsi que les armures représentées ici appartiennent toutes à des types de textiles connus depuis l’époque romaine, et témoignent de la continuité des techniques de tissage antiques durant le Haut Moyen Âge99. Dans la sépulture T11, deux couches superpo- Fig. 32 Tombe T11, restes textiles sur le couteau sées d’un textile à armure toile en fibres végétales ont été observées sur la face damasquinée de la plaque-boucle. Le défunt ayant été inhumé 98 À Courtepin, les sergés bras repliés sur le bassin, il est probable que sont 2/2, c’est-à-dire que le fil ces restes correspondent aux deux épaisseurs de trame passe sous deux fils de la manche de son vêtement. Sur la contre- de chaîne puis sur les deux fils plaque, deux tissus différents, l’un en laine et suivants et ainsi de suite. D’autres types de sergés (2/1, 3/1, l’autre en fibres végétales, sont préservés; le 2/4 etc.) n’ont pas été observés premier, plus grossier, se trouve uniquement parmi les textiles conservés. au revers de la plaque et doit correspondre aux 99 A. Rast-Eicher, «Römische restes d’un manteau, le second, en lin ou en und frühmittelalterliche Gewebebindungen», in: Windler/ chanvre, retrouvé sur les deux faces de la garni- Fuchs 2002, 115-124. ture, pourrait appartenir à la tunique portée par 100 Informations tirées des le défunt, le fragment face ciel à la manche de rapports non publiés d’A. RastEicher sur les études textiles de cette tunique. L’armure toile face trame en laine, Courtepin et de Bösingen. Pour dont un fragment est conservé sur le dos de la Köniz/Oberwangen, voir Ch. lame et sur la face terre du couteau de la tombe Kissling, «Köniz,Oberwangen. Ein frühmittelalterliches Grä- T11 (fig. 32), est un type de textile dans lequel les fils de trame prédominent à la surface du berfeld in Oberwangen», Fig. 33 Tombe T24, restes textiles sur la plaque-boucle ArchBE 2015, 136-160. 102 CAF 20/2018 Études tenant probablement à un manteau, ainsi qu’un fragment de toile fine de lin ou de chanvre qui pourrait provenir d’un linceul. La présence simultanée de différents types de toile et de sergé sur certaines garnitures (T4, T11 et T24; voir fig. 30) permet de mieux appréhender l’habillement des défunts de Courtepin: une première tunique fine en fibres végétales à même la peau (camisia) , une seconde en laine avec manches ( tunica, dalmatique ou gonelle) ou sans (colobe), toutes deux resserrées à la taille par une ceinture, et un manteau plus épais en laine (pallium) porté soit sous la ceinture, soit par-dessus l’ensemble (ce manteau était parfois fermé par une ou plusieurs fibules)101. Ce costume, apparemment similaire pour les hommes et les femmes – la tunique des femmes semble Fig. 34 Tombe T24, détail des restes organiques (peau humaine?) sur la plaque dorsale juste avoir été plus longue comme le suggèrent les restes textiles mis en évidence sur une garniture métallique retrouvée sous la fibula de la défunte de la sépulture 221 d’Elgg102 –, était complété par des braies ou des chausses lacées sur les jambes. À Courtepin, le fait que les ceintures étaient portées par les défunts et non pas déposées sur ou à côté d’eux, comme c’est parfois le cas dans d’autres cimetières, démontre que ceux-ci ont été enterrés vêtus de leurs habits traditionnels et non pas nus, simplement enveloppés dans des draps funéraires. D’autres textiles conservés sur les objets mé- Fig. 35 Tombe T11, restes organiques sur le couteau talliques de Courtepin semblent provenir de tissus autres que les vêtements, comme des lin- Les deux textiles retrouvés sur la plaque dorsale de la tombe T24 (fig. 33) proviennent de dif- ceuls ou encore des draps déposés sur le fond du cercueil. férentes pièces de tissu. Le premier, un panama en lin ou en chanvre retrouvé sur l’avers (face 101 À ce sujet, voir R. Marti, «Vergra- terre), était piégé entre la surface métallique de Restes de cuir benes ans Licht gebracht: archäologi- la plaque et le bois du coffrage; il ne s’agit donc sche Fundstücke frühmittelalterlicher pas de restes de la tunique du défunt, mais plu- Les objets métalliques des sépultures T11, T16, tôt de fragments du linceul dans lequel le corps T20 et T24 ont livré les restes d’une dizaine de 2006, 14-21; F. Médard – C. Moulhérat, était enveloppé au moment de l’inhumation, morceaux de cuir (voir fig. 29), dont l’état de «Les textiles mérovingiens: état des voire d’un drap placé sur le fond du coffrage conservation n’a pas permis de déterminer l’ori- et sur lequel reposait le défunt. Le second, un gine. Sur les garnitures de ceinture, ces restes E. Peytremann (dir.), L’Austrasie. Société, fragment de sergé en laine de qualité grossière se trouvaient toujours au revers, c’est-à-dire sur économies, territoires, christianisation, mis en évidence sur le revers (face ciel, contre la face qui était fixée au cuir. Actes des XXXVIe journées interna- le dos du défunt), provient d’un vêtement que le Kleidung», Kunst + Architektur in der Schweiz 57.4: Kleidung im Mittelalter, recherches et nouvelles découvertes dans l’Est de la France», in: J. Guillaume – tionales d’archéologie mérovingienne (Nancy, 2005), Nancy 2008, 131; défunt portait par-dessus sa tunique en lin, dont Dans la sépulture T11, deux fragments de cuir Rast-Eicher 2005; C. Enlart, Manuel des restes étaient également conservés sur le sont minéralisés au revers de la boucle, ce qui d’archéologie française depuis les temps revers de la contre-plaque. Enfin, les faces ciel prouve que la ceinture était fermée au moment Le costume, Paris 1916, 13-20. de la plaque-boucle et de la contre-plaque ont de l’inhumation. Sur le revers de la plaque-boucle 102 Windler 1994, 107. livré des fragments de sergé 2/2 en laine appar- en bronze de la tombe T16, deux lambeaux de mérovingiens jusqu’à la Renaissance III: 103 La nécropole de Courtepin/Fin Dessus cuir appartenant vraisemblablement à la ceinture ont été conservés au niveau de la charnière, entre la plaque et la boucle. Plusieurs petits morceaux de cuir très minéralisés subsistent également sur le revers de la plaque-boucle et de la contre-plaque de la tombe T20, et un fragment de cuir allongé, peut-être une lanière, traverse en diagonale la face damasquinée de la contreplaque. Dans la tombe T24, les trois éléments métalliques de la ceinture présentent des restes de cuir. Sur la face terre de la plaque dorsale (c’est-à-dire la face damasquinée qui était positionnée contre le fond de la fosse), deux petits morceaux de cuir se trouvaient à proximité du bord de la pièce; il pourrait s’agir ici de fragments de la ceinture qui ont migré depuis le revers. Sur la face ciel, une couche de matière organique, qui peut être interprétée comme du Fig. 36 Tombe T24, détail des restes de bois sur la plaque dorsale cuir ou de la peau humaine au vu des petits plis observés en surface, est perceptible (fig. 34). Dans les tombes T20 et T24, quelques frag- Les restes de cuir observés sur le revers de la ments ligneux sont conservés sur les faces da- plaque-boucle et de la contre-plaque montrent masquinées des plaques dorsales (fig. 36). Lors- que dans ce cas aussi, la ceinture était fermée que la ceinture est portée par le défunt, cette au moment de l’inhumation. Les perforations de face se retrouve en contact avec le fond de la la couture du bord de la ceinture visibles sur le sépulture (face terre), et la présence de bois fragment de cuir situé au revers de la boucle sur les plaques permet de confirmer l’existence confirment cette conclusion. d’une planche de fond. Le cas du couteau de la tombe T11 est particulièrement intéressant, car deux cuirs différents sont conservés sur ses deux faces. Les Anthropologie restes du fourreau sont particulièrement bien visibles vers la pointe de la lame (fig. 35): on L’étude des ossements de Courtepin a été effec- distingue en effet, le long du bord tranchant, les tuée par Sophorn Nhoem, dans le cadre de son restes du cuir avec les perforations de la cou- travail de Master en archéologie à l’Université ture, par ailleurs renfoncée par plusieurs petits de Berne104. Le but de son analyse était d’obte- rivets en bronze. Sur la partie large de la lame nir un maximum d’informations biologiques à se trouvent les restes d’un second fragment de partir des ossements récoltés, afin de pouvoir cuir, plus fin et partiellement recouvert par des établir une vue d’ensemble de la population in- restes textiles; il pourrait s’agir de la lanière de humée (âge et sexe, état de santé, traumas et suspension du couteau à la ceinture. maladies; fig. 37). Aucun squelette n’était malheureusement pré- Restes de bois servé dans son intégralité: le plus complet se trouvait dans la tombe T5 (73,8% d’ossements Du bois minéralisé a été observé sur des objets 103 provenant de trois tombes (voir fig. 29) . préservés), le moins bien conservé dans la sépulture T29 (1,7% d’ossements préservés). Les 103 Aucune détermination des bois n’a pour l’instant encore été réalisée. 104 Ce travail (Nhoem 2017) a été réa- Sur le revers (face terre) de la contre-plaque déterminations sont donc tributaires de l’état de la tombe T11, on distingue un fragment de de conservation relativement mauvais des os- de l’Institut de médecine forensique du bois fin et allongé placé en diagonale, qui pour- sements. Département d’anthropologie physique rait correspondre à un objet glissé entre la ceinture et le vêtement. L’estimation de l’âge au décès (fig. 38 et 39) a révélé la présence de 22 adultes (81,5%) et de lisé sous la direction du Dr Sandra Lösch de l’Université de Berne et du Pr. Albert Hafner de l’Institut de sciences archéologiques de l’Université de Berne. 104 CAF 20/2018 Études Tombe Sexe Âge min. Âge max. Âge moyen Classe d'âge Taille (cm) Pathologies Mobilier T1 ind. - - - mature - - - T2 ind. - - - mature - - - T3 M 40 60 50 mature 167.5 ± 4.8 - - T4 ind. 25 50 37.5 adulte - - plaque-boucle T5 M 40 60 50 mature 166.9 ± 4.9 fracture cicatrisée sur phalange de la main - T6 ind. 11 13 12 enfant II - - - T7 ind. 40 50 45 mature - - - T8 F 40 60 50 mature - - - T9 M 50 70 60 âgé 175.1 ± 4.8 coup tranchant peri-mortem - T10 ind. 25 35 30 adulte - - - T11 ind. 25 35 30 adulte - - garniture bipartite, couteau, bague T12 ind. 20 40 30 adulte - - - T14 ind. 14 16 15 juvénile - hypoplasie dentaire - T15 M 45 60 52.5 mature 172.2 ± 4.7 croissance osseuse sur le métacarpe 1 garniture bipartite T16 ind. 15 17 16 juvénile - - garniture bipartite T17 ind. 15 18 16.5 juvénile - - - T18 M 50 70 60 âgé - arthrose sur les vertèbres cervicales - T19 M? - - - mature 170.1 ± 4.7 - - T20 ind. 30 50 40 mature - - garniture tripartite T24 ind. - - - adulte - - garniture tripartite T26 F? 25 35 30 adulte - - bague T27 ind. - - - mature - - - T28 M? 40 50 45 mature - - - T29 ind. - - - mature - - - T30 M 25 35 30 adulte 165.1 ± 4.9 - - T31 ind. 14 17 15.5 juvénile - blessure circulaire cicatrisée sur l'os frontal gauche boucle T33 ind. - - - mature - - - Classes d’âge: enfant II = 7-13 ans; juvénile = 14-19 ans; adulte = 20-39 ans; mature = 40-59 ans; âgé = plus de 60 ans Fig. 37 Données anthropologiques concernant les squelettes de Courtepin cinq immatures (18,5%), le plus jeune étant un moyenne pour les hommes, qui s’élève à 169,4 enfant décédé entre 11 et 13 ans (T6). L’absence ± 4,8 cm, est similaire à celle de la population de nouveau-nés et de très jeunes enfants, phé- masculine d’autres cimetières fribourgeois106. nomène très fréquent dans les cimetières du 105 Windler et al. 2005, 174-176. 106 B. Kaufmann – M. Schoch, Ried/ Haut Moyen Âge, est peut être liée à la position Mühlehölzli. Ein Gräberfeld mit früh- sociale des plus petits, qui devaient avoir atteint mittelalterlichen und hallstattzeitlichen un certain âge avant de pouvoir être enterrés Bestattungen. Anthropologie (AF 1b), Pathologies et traumatismes avec le reste de la communauté105. Le faible Plusieurs types de lésions et affections ont laissé Domdidier. Chapelle Notre-Dame-de- nombre d’enfants peut également être lié à la leurs stigmates sur les ossements de Courtepin Compassion. Anthropologie (AF 9b), mauvaise conservation des os, ou encore au (voir fig. 37). Quelques marqueurs de stress ont regroupement des ossements dans une zone ainsi pu être observés, par exemple des tra- 107 L’hypoplasie dentaire est un arrêt qui n’a pas encore été explorée. Quant à l’esti- ces de cribra orbitalia (lésions poreuses visibles de la croissance dentaire visible sous mation du sexe, elle a été entravée par la mau- au niveau du toit de l’orbite) sur le défunt de la forme de rainures horizontales et lié vaise conservation des os, ce qui explique que la tombe T30 et de l’hypoplasie dentaire (dé- traumatismes, maladies chroniques, sur un total de 27 squelettes, seuls sept indi- faut dans le développement de l’émail) dans etc.). L’observation des marqueurs vidus masculins et deux féminins ont pu être les tombes T14 et T30107. Dans les deux cas, d’hypoplasie est utilisée pour déterminer formellement identifiés (voir fig. 38). La stature il s’agit de pathologies généralement causées de stress durant leur enfance et en a pu être évaluée pour six individus masculins, par des carences alimentaires ou par certaines estimer la durée. d’après la mesure des os longs (fig. 40); la taille maladies chroniques, ce qui pourrait expliquer Freiburg 1983; W. Schoch – B. Kaufmann, Fribourg 1992; Graenert 2015b, 88; Graenert 2017, 223. à des périodes de stress (malnutrition, si des individus ont connu des périodes 105 La nécropole de Courtepin/Fin Dessus Âge Féminin % Masculin % Ind. % Total % 0-6 mois - - - - - - - - 6 mois-6 ans - - - - - - - - 7-13 ans - - - - 1 3.7 1 3.7 14-19 ans - - 0 - 4 14.8 4 14.8 20-39 ans 1 3.7 1 3.7 5 18.5 7 25.9 40-59 ans 1 3.7 4 14.8 8 29.7 13 48.2 60 ans et plus - - 2 7.4 - - 2 7.4 Total 2 7.4 7 25.9 18 66.7 27 100 Fig. 38 Estimation de l’âge et du sexe des défunts au moment du décès 14 12 10 8 6 4 2 60 ans et plus 40-59 ans 20-39 ans 14-19 ans 0 - 6 mois 6 mois - 6 ans 7-13 ans 0 Fig. 39 Nombre de décès par tranche d’âge Longueur des os Estimation de la taille d'après l'os Tombe Sexe Âge Hu Ra Fe Ti Hu Ra Fe Ti Taille moyenne T3 M 40-59 31.5 - - 35.6 168.7 - - 166.3 167.5 ± 4.8 T5 M 40-59 31.3 23.6 44 35.4 168.1 167.1 166.6 165.9 166.9 ± 4.9 T9 M 60+ 33.9 - 49.1 - 175.2 - 175 - 175.1 ± 4.8 T15 M 40-59 - - 46.8 39.1 - - 171.2 173.3 172.2 ± 4.7 T19 M? 40-59 - - 47.4 36.5 - - 172.2 168.1 170.1 ± 4.7 T30 M 20-39 - 22.3 44.6 34.7 - 163.2 167.6 164.5 165.1 ± 4.9 Taille moyenne (n=6) (cm) 169.4 ± 4.8 Hu = humérus; Ra = radius; Fe = fémur; Ti = tibia Fig. 40 Taille moyenne des individus masculins, d’après la longueur des os longs le décès de ces personnes à un âge peu avancé rieuses ou ne sont représentées que par une ra- par rapport aux autres défunts du cimetière, à cine. Ce nombre est un peu plus élevé que dans savoir 14 à 16 ans pour le premier, 25 à 35 pour d’autres cimetières du canton de Fribourg, par le second. exemple Ried/Mühlehölzli et Riaz/Tronche-Bélon. L’observation des dents a pu se faire pour 18 Des traces d’arthrose ont été relevées chez individus; treize souffraient de caries (72,2%), sept individus: au niveau des hanches (T1, T5, 108 B. Kaufmann – C. Hillenbrand- un quota comparable à celui du cimetière de T7, T9 et T15), des genoux (T2, T7 et T15), des Unmüssig – N. Xirotiris – C. Papageor- Gumefens/Sus Fey108. Sur un total de 241 dents épaules (T3, T9 et T15) et des coudes (T7 et examinées, 62 (25,7%) montrent des lésions ca- T9). Une spondylarthrite a été observée dans gopoulou, «Anthropologische Auswertung der menschlichen Skelettreste», in: Graenert 2015b, 96-97. 106 CAF 20/2018 Études a causé la fracture sur l’os frontal ainsi que la mort de l’individu – aucun signe de cicatrisation n’a été observé – mesure environ 74 mm de longueur sur 3 mm de largeur et a traversé la tabula interna entre l’os frontal et la suture coronale droite. Plusieurs fractures apparaissent à chaque extrémité de la lésion et témoignent de la violence du geste. Le coup a été porté avec une force considérable, au moyen d’un objet tranchant et lourd, probablement une hache de taille moyenne dont la lame mesurait environ 70-80 mm de long sur 2- 3 mm de large. Ce genre de blessure mortelle témoignant de violences interpersonnelles n’est pas rare dans les cimetières du Haut Moyen Âge, et d’autres exemples ont été observés à Yverdon-les-Bains a et La Tour-de-Peilz notamment109. Quant à la lésion ovalaire sur l’os temporal droit (10 x 8 mm), elle provient d’une blessure indéterminée qui semble s’être cicatrisée. L’analyse exclut toute origine infectieuse ou trépanation, et aucune trace de découpe ou de forage n’a été relevée. Malgré le mauvais état de conservation des ossements, l’analyse anthropologique a démontré que la population inhumée à Courtepin s’insérait dans la moyenne régionale au niveau des observations métriques. Le pourcentage des caries reste toutefois plus élevé, ce qui pourrait être lié à l’alimentation; une analyse des isotopes b stables apporterait certainement des éléments Fig. 41 Lésions visibles sur le crâne de la tombe T9; a) fracture due à un coup porté à l’aide d’un objet tranchant; b) perforation ovalaire due à une blessure indéterminée de réponse quant au régime alimentaire des personnes qui vivaient en ces lieux durant le Haut Moyen Âge. les tombes T15 et T18, sous la forme d’excroissances osseuses visibles sur les facettes articulaires des vertèbres. Ce genre d’affection Datation est fréquent chez les personnes âgées et peut également être lié à des travaux physiquement La partie du cimetière qui a été explorée durant pénibles. la campagne de 2015 s’insère dans une fourchette chronologique d’environ cinquante ans. Le seul cas de traumatisme violent a été relevé Cette datation repose sur la typologie des gar- sur l’individu de la tombe T9, mort à plus de nitures de ceinture, dont les formes et les dé- 60 ans. Trois lésions distinctes ont en effet été cors appartiennent à une période située entre observées sur son crâne (fig. 41): une fracture le dernier quart du VIe et le milieu du VIIe siècle sur l’os frontal droit due à un coup porté avec (fig. 42). La datation de l’ensemble se base uni- 2000, 247-259), La Tour-de-Peilz (Steiner un objet tranchant (voir fig. 41a), une lésion quement sur les tombes à mobilier, soit 30% 2011, 60-61). ovalaire sur l’os temporal droit (voir fig. 41b) et des inhumations, mais comme ce matériel four- 110 Steiner 2011, 306. Pour l’importance une fracture post-mortem située sur la suture nit une fourchette chronologique suffisamment par rapport au statut social; voir aussi coronale gauche, vraisemblablement liée à des précise, aucune analyse radiocarbone n’a été Steiner/Menna 2000, 296-297. causes taphonomiques. Le coup tranchant qui effectuée. 109 Yverdon-les-Bains (Steiner/Menna symbolique des garnitures de ceinture 107 La nécropole de Courtepin/Fin Dessus Les tombes les plus anciennes (T16 et T31), distinguent toutefois par la qualité de l’aména- datées entre la fin du VIe siècle et le début du gement funéraire ou par le nombre d’objets e VII , se trouvent dans la zone nord-ouest du cime- qu’elles renferment. tière, tandis que les plus récentes (T11 et T24), D’un point de vue architectural, les tombes datées vers 630/640, se trouvent au centre. T1 et T5 ont bénéficié d’une attention toute par- Ce premier constat semble indiquer que le site ticulière, avec la mise en place de dalles en grès s’est développé depuis le nord-ouest vers le coquillier (T1) ou la construction très soignée de sud-est (voire d’ouest en est). L’architecture des murets en tuiles et moellons (T5); paradoxale- tombes est conforme aux coutumes connues ment, la richesse de leur architecture contraste pour le Haut Moyen Âge (coffrages en bois non avec l’absence de mobilier (on ne peut toute- cloués, alignement des tombes sur un axe est/ fois exclure un cas de pillage dans le cas de la ouest, réemploi de matériaux romains), mais elle tombe T1). Parmi les sépultures avec mobilier, ne permet pas d’établir une succession chrono- seule la tombe T11 a livré un dépôt multiple logique entre les structures. L’absence de re- (garniture de ceinture damasquinée, couteau, coupements ou de recouvrements de tombes bague, fermoir de sacoche), attestant le statut exclut également toute possibilité de chronolo- social particulier du défunt. Le mobilier funé- gie relative. Seule une fouille intégrale du site raire est proportionnellement plus nombreux permettrait de rassembler un maximum d’élé- chez les immatures, avec deux tombes sur cinq ments de datation et de mieux comprendre qui en contiennent contre six sur 22 chez les l’évolution diachronique du cimetière. adultes. Par ailleurs, la présence d’objets chez les adultes diminue avec l’âge (on dénombre quatre tombes à mobilier chez les 20-39 ans, Conclusions et perspectives deux chez les 40-59 ans et aucune chez les plus de 60 ans). Une observation similaire a été faite à La Tour-de-Peilz où Lucie Steiner émet La nécropole de Courtepin s’insère dans la tradi- l’hypothèse que les personnes plus âgées ont tion des espaces funéraires du Haut Moyen Âge été enterrées sans les éléments métalliques de de Suisse occidentale: nécropole rurale sans lien leur ceinture, qu’ils auraient déjà légués à leur avéré avec une église, tombes orientées d’ouest descendance, tandis qu’un individu décédé à en est, garnitures de ceinture métalliques, coffra- un jeune âge aura été enterré avec une garni- ges en dalles, réutilisation d’un site gallo-romain. ture destinée à marquer son appartenance au La majorité des défunts ont été inhumés soit lignage ou au groupe social au sein duquel il sans mobilier, soit avec, comme seul objet, une aurait dû obtenir une place s’il avait atteint la garniture de ceinture. Plusieurs sépultures se maturité110. Fig. 42 Évolution chronologique des garnitures de ceinture de Courtepin T31 550 575 600 625 650 T16 T4 T15 T20 T11 T24 108 CAF 20/2018 Etudes Lors de cette première campagne de fouilles, mobilier qu’au niveau de l’architecture funéraire, des dents ont été prélevées lorsque leur état de une fouille exhaustive de l’intégralité du site mé- conservation le permettait, et stockées en pré- riterait d’être envisagée. Elle permettrait une vision d’analyses ADN (détermination du sexe étude approfondie de la nécropole, de la popu- y compris pour les immatures, liens de parenté, lation et du mobilier, voire peut-être de mettre migrations, épidémiologie telle l’intolérance au en évidence, dans les ruines de l’habitat gallo- lactose par exemple, mise en évidence de ma- romain, d’éventuelles constructions médiévales ladies héréditaires et/ou contagieuses etc.). liées au cimetière ou à l’habitat contemporain. Une fouille intégrale du site offrirait la possi- La fouille du reste du cimetière permettrait éga- bilité de faire d’autres types d’échantillonnages lement de déterminer si cet espace funéraire a tels que des prélèvements de sédiment en vue continué à être utilisé au-delà du milieu du VIIe d’études de parasitologie ou encore d’analyses siècle, et de réaliser une analyse spatiale com- d’isotopes stables. Ceci permettrait non seule- plète (répartition du mobilier et des tombes par ment de cerner la nature des aliments consom- sexe et par âge, nombre de sépultures, analyse més par les personnes enterrées à Courtepin, de la typologie des tombes et des positions mais aussi de mettre en évidence d’éventuelles des corps). De même, l’intégration des ves- disparités alimentaires entre les individus selon tiges gallo-romains dans l’organisation de l’aire leur âge, leur sexe ou encore leur appartenance funéraire ainsi que leur éventuelle réutilisation sociale. comme clôture ou caveau familial ne pourront Au vu de la richesse des 27 sépultures qui ont pu être explorées à Courtepin, tant au niveau du être déterminées que si le site est exploré dans son intégralité. 109 La nécropole de Courtepin/Fin Dessus Catalogue des tombes ans, taille indéterminée, décubitus dorsal; en position anatomique; pieds orientés vers squelette en mauvais état de conservation; l’extérieur, bonne conservation des tarses, crâne ayant basculé vers l’avant et sur sa métatarses du pied gauche plus ou moins Tombe T1 (pl. 1) gauche, mandibule retombée sur les cervi- conservés en position anatomique et s’ap- Tombe: coffre trapézoïdal en dalles de grès cales avant le basculement du crâne; épaules puyant contre les bords du coffrage en pierre coquillier constitué de quatre dalles posées non resserrées, avant-bras croisés au niveau (orientés vers l’extérieur et le bas). Certains de chant, dont l’une est fissurée (nord); du sacrum; côtes et vertèbres non conser- déplacements osseux (aplatissement des dalle de couverture brisée en une dizaine de vées; bassin très partiellement conservé; côtes et ascension de leur tête notamment, fragments retrouvés dans le remplissage; une partie des métacarpes placés sur le dislocation de la mandibule, léger aplatis- pierres de calage placées contre les faces pubis droit; jambes non resserrées; sement des coxaux, dislocation partielle du extérieures des dalles; sépulture vraisembla- les deux talus ainsi que le calcanéum droit rachis) confirmeraient une décomposition blement pillée; orientation W/E, 185 x 60 cm sont conservés. en espace vide, donc l’existence, au moins, (int.), 215 x 100 cm (ext.). Mobilier: – 1 plaque-boucle de ceinture sur d’une planche de couverture. Individu: adulte de sexe et de taille indéter- l’ilion gauche, fer non damasquiné; boucle Mobilier: – minés, plutôt mature (40 - 59 ans), position ovale de section rectangulaire très oblique, initiale inconnue. L. 30 mm, l. 45/63 mm (int./ext.); restes de Tombe T6 (pl. 3) Mobilier: – textile en laine, filage z/z, diam. fils 0,5 mm, Tombe: coffrage rectangulaire mixte (bois et sergé 2/2; plaque, L. 85 mm, l. 58 mm; pe- pierres de calage – cinq fragments de tuf); Tombe T2 (pl. 1) tits restes de textile très minéralisé, filage non tombe partiellement détruite lors de l’ouver- Tombe: type indéterminé (tombe détruite déterminé, diam. fils 0,5 mm, env. 12 f/cm, ture mécanique; orientation W/E, 145 x lors de l’ouverture mécanique); quelques os armure toile, pas de prélèvement (minéralisa- 30 cm (int.), 155 x 40 cm (ext.). des membres inférieurs (tibia, fibula, calca- tion trop importante); datation: 1 tiers VII s.; Individu: enfant de sexe indéterminé, 11-13 néum et talus) conservés. CTP-FD 2015-178/1029-5 ans, taille indéterminée, décubitus dorsal; er e crâne non conservé, présence d’une molaire Individu: adulte de sexe indéterminé, plutôt mature (40 - 59 ans), taille indéterminée, posi- Tombe T5 (pl. 2) définitive usée et d’une incisive supérieure, tion initiale inconnue. Tombe: coffrage trapézoïdal en pierre sèche fragment de mandibule déplacé sur la droite Mobilier: – (galets, moellons et fragments de tuiles sur (crâne probablement tourné vers la droite); quatre à six assises); coffrage très soigné; rachis et côtes non conservés; diaphyse de Tombe T3 (pl. 1) orientation W/E, 175 x 25 cm (int.), 205 x l’humérus droit partiellement conservée, Tombe: coffrage trapézoïdal en pierres et 85 cm (ext.). posée sur un fragment de tuile; avant-bras dalles (grès et calcaire); orientation W/E, Individu: adulte de sexe masculin, 40-60 ans, droit partiellement conservé (diaphyses 185 x 47 cm (int.), 215 x 100 cm (ext.). env. 167 cm, décubitus dorsal; squelette très uniquement) replié sur le coxal droit, méta- Individu: adulte de sexe masculin, 40-60 ans, bien conservé; crâne tourné sur sa droite, carpes conservés au niveau de l’ilion droit; 167-168 cm, décubitus dorsal; crâne ayant probablement surélevé par un coussin, man- du côté gauche, ne subsistent que les dia- basculé sur sa droite, usure presque totale dibule quasiment en position anatomique physes de l’avant-bras, apparemment repliés de la denture supérieure; bras droit resserré (très léger déplacement vers les cervicales); sur le ventre; bassin partiellement conservé contre le corps; avant-bras légèrement repliés épaules resserrées, humérus en contact (une partie des ilions, ischion gauche partiel); sur les ilions; jambes non resserrées; pieds direct avec les parois du coffrage; corps têtes des fémurs en mauvais état de conser- pointés vers l’avant et vers la droite; rotule, vertébraux disparus, arcs bien conservés; vation; genoux non resserrés; pied gauche tibia et fémur droits déplacés légèrement sur côtes conservées; insertions au niveau des quasi intégralement conservé, en parfait état la droite; tous les os en position anatomique vertèbres quasiment toutes en connexion; de connexion, orteils orientés vers le pied sauf la tête; inhumation en contenant péris- avant-bras gauche le long du corps, avant- droit (présence de chaussures?), pied droit sable, éventuellement avec linceul. bras droit replié sur l’abdomen, main droite partiellement conservé (talus et calcanéum). Mobilier: – posée sur la crête iliaque gauche (la main Mobilier: – devait être recourbée: métacarpes orientés Tombe T4 (pl. 2) vers le coude et phalanges orientées vers Tombe T7 (pl. 3) Tombe: coffrage trapézoïdal mixte (bois et le coxal); bassin en partie conservé, bonne Tombe: coffrage rectangulaire mixte (bois et pierres de calage – galets et tuiles); peu d’élé- conservation du coxal droit: ischion et pierres de calage) avec entourage de galets ments lithiques au niveau de la tête; orienta- pubis conservés et en position anatomique; continu sur une à trois assises sur les bords tion W/E, 180 x 35 cm (int.), 200 x 70 cm (ext.). lombaires et sacrum conservés; genoux est et sud; position subverticale de certains Individu: adulte de sexe indéterminé, 25-50 légèrement resserrés, patellas conservées galets et alignement formant un effet de 110 CAF 20/2018 Études paroi indiquant que les pierres étaient asso- fragments de tuiles et de tuf; calage?); orien- ans, taille indéterminée, décubitus dorsal; ciées à un coffrage en bois; orientation NW/ tation W/E, 180 x 50 cm (int.), 200 x 80 cm squelette très mal conservé; crâne ayant SE, 173 x 43 cm (int.), 215 x 80 cm (ext.). (ext.). basculé sur la gauche, mandibule retombée Individu: adulte de sexe indéterminé, 40 - 50 Individu: adulte de sexe masculin, 50-70 ans, sur les cervicales; côtes et vertèbres non ans, taille indéterminée, décubitus dorsal; taille env. 175 cm, décubitus dorsal; squelette conservées; humérus droit non conservé, squelette en mauvais état de conservation; en mauvais état de conservation; crâne légè- gauche placé le long du corps; avant-bras crâne ayant basculé sur sa droite, mandibule rement basculé vers la droite et vers l’arrière; repliés sur l’abdomen, gauche sur la plaque- retombée sur les cervicales; bras droit le long mandibule retombée sur les cervicales; épau- boucle; bassin très mal conservé; jambes du corps, bras gauche replié sur le bassin; les resserrées; avant-bras droit légèrement non resserrées, diaphyses conservées; côtes non conservées, dernières thoraciques replié sur le coxal droit, main posée sur le pieds non conservés. et lombaires partiellement conservées (arcs pubis, bras gauche le long du corps, main Mobilier: – 1-2 garniture de ceinture bipar- uniquement); quelques métacarpes de la posée sur le col du fémur; côtes et vertèbres tite, fer damasquiné d’argent; datation: main gauche conservés; bassin non conservé; non conservées; bassin partiellement conser- 630/640. – 1 plaque-boucle à boucle ovale jambes non resserrées; pieds appointés; vé; jambes non resserrées, patellas en place; de section rectangulaire oblique sous l’avant- individu inhumé en espace vide au vu des pied gauche absent, talus et calcanéum droits bras gauche; boucle, L. 35 mm, l. 36/58 mm déplacements des os. conservés; défunt inhumé dans un contenant (int./ext.); plaque, L. 81 mm, l. max. 44 mm; Mobilier: – 1 bande informe (non illustrée) périssable (déplacement de la mandibule). face ciel: textile fin en lin ou chanvre (en pliée à proximité de l’humérus droit, fer, pro- Mobilier: – deux couches pouvant correspondre aux bablement en position secondaire; deux épaisseurs d’une manche du vêteTombe T10 (pl. 4) ment), filage z/z, diam. fils 0,4-0,5 mm, env. Tombe: coffrage trapézoïdal mixte (bois et 15 f/cm, armure toile; face terre: quelques Tombe T8 (pl. 3) pierres de calage) avec entourage irrégulier restes de cuir très minéralisés sur le revers Tombe: coffrage trapézoïdal mixte (bois et sur une à trois assises réparties exclusive- de la plaque et de la boucle (ceinture fer- pierres de calage) avec entourage de galets ment sur les longs côtés; concentration mée lors de l’inhumation); CTP-FD 2015- irrégulier (dégagement incomplet de la struc- d’une dizaine de gros blocs à l’angle nord- 178/1022-2 – 2 contre-plaque entre l’avant- ture n’ayant pas permis de documenter ouest; orientation W/E, 205 x 25 cm (int.), bras droit et les lombaires, L. 83 mm, l. max. correctement les aménagements du cof- 205 x 58 cm (ext.). 37; face ciel: textile très minéralisé, lin ou frage); orientation W/E, ind. x 60 cm (int.), Individu: adulte de sexe indéterminé, 25-35 chanvre, filage z/z, diam. fils 0,4-0,5 mm, ind. x 90 cm (ext.). ans, taille indéterminée, décubitus dorsal; env. 15 f/cm, armure toile; face terre: restes Individu: adulte de sexe féminin, 40 - 60 ans, squelette entièrement décomposé partielle- de bois en diagonale; très petit reste de taille indéterminée, décubitus dorsal; sque- ment conservé (occipital, pariétaux, mandi- textile grossier, fibres animales (mouton?), lette en mauvais état de conservation; crâne bule, diaphyses des humérus, des fémurs et et petit fragment très minéralisé, filage z/z, ayant basculé sur la gauche, mandibule re- du tibia droit); négatif de certains os (colora- diam. fils 0,4-0,5 mm, env. 15 f/cm, armure tombée sur les cervicales; tête de l’humérus tion sombre de la terre) encore visible locale- toile; CTP-FD 2015-178/1022-1 – 3 couteau gauche resserrée sur la scapula; avant-bras ment; présence de multiples blocs de calage à proximité de l’avant-bras gauche, fer, croisés sur l’abdomen, mains placées sur en position verticale suggérant l’existence L. > 11 mm, l. max. 2,1 cm; restes du four- les ilions opposés; bassin très partiellement d’un contenant en bois. reau en cuir (avec rivets) et d’une seconde conservé; jambes non resserrées; pied droit Mobilier: – couche de cuir pouvant provenir d’une la- CTP-FD 2015-178/1013-1 tourné vers la droite, pied gauche tourné nière de suspension, fragment de textile en vers la gauche; épaule gauche probablement Tombe T11 (pl. 4-5) laine de mouton sur le dos de la lame, filage appuyée contre le bord d’un coffrage en Tombe: coffrage rectangulaire mixte (bois et z/z, diam. fils 0,5 - 0,3 mm, 28/10 f/cm, toile bois (effet de paroi très marqué sur le côté pierres de calage) avec aménagement de face trame; CTP-FD 2015-178/1022-3 gauche); largeur importante de la fosse sug- gros boulets et de pierres anguleuses sur – 4 petite boucle rectangulaire à proximité gérant que le défunt a été inhumé dans un deux à trois assises; entourage continu sur de l’avant-bras gauche, bronze, section contenant en bois. les quatre côtés; position verticale de la ma- plate, dimensions indéterminées; CTP-FD Mobilier: – jorité des galets (appui contre les parois d’un 2015-178/1022-4 – 5 bague autour d’une contenant en bois); gros bloc une trentaine phalange de l’une des deux mains, sur le Tombe T9 (pl. 4) de cm au-dessus de la tête (base du bloc à coxal gauche, bronze, section ovale, partie Tombe: coffrage ovalaire mixte (bois et pier- 659.42, sommet du crâne à 659.16); orienta- centrale aplatie et élargie, décor incisé, res de calage); éléments lithiques répartis tion W/E, 185 x 35 cm (int.), 210 x 85 cm (ext.). diam. 17 mm, chaton: 12 x 5 mm; de manière irrégulière dans la fosse (galets, Individu: adulte de sexe indéterminé, 25 -35 CTP-FD 2015-178/1022-5 111 La nécropole de Courtepin/Fin Dessus Tombe T12 (pl. 6) Individu: adulte de sexe masculin, 45-60 ans, plaque circulaire, L. 53 mm, l. 63 mm; face Tombe: coffrage rectangulaire mixte (bois et env. 172 cm, décubitus dorsal; squelette per- terre: restes de cuir très mal conservés, tex- pierres de calage) avec entourage composé turbé par la pelle mécanique; crâne, humé- tile en laine de mouton, filage z/s, diam. fils d’une vingtaine de galets (tuf, grès) et frag- rus gauche et côtes manquants; avant-bras 0,5 mm, sergé; CTP-FD 2015-178/1021-1 ments de tuiles le plus souvent en position repliés sur le sacrum, mains superposées, – 2 contre-plaque sous l’avant-bras gauche, verticale (appui contre des planches d’un phalanges plus en position anatomique; bas- L. 51 mm, l. 58 mm; CTP-FD 2015-178/ coffrage en bois, très large par rapport au sin mal conservé; jambes non resserrées; 1021-2 défunt); orientation W/E, ind. x 55 cm (int.), pieds tournés vers la gauche; métatarses du ind. x 90 cm (ext.). pied gauche appointés et s’appuyant proba- Tombe T17 (pl. 7) Individu: adulte de sexe indéterminé, 20-40 blement à l’origine contre une planche de Tombe: forme indéterminée; orientation ans, taille indéterminée, décubitus dorsal; coffrage. W/E; dimensions indéterminées. squelette très partiellement conservé Mobilier: – 1-2 garniture de ceinture bipartite, Individu: juvénile de sexe indéterminé, 15-18 (diaphyses des fémurs et des tibias). fer damasquiné d’argent; datation: 1er tiers ans, taille indéterminée, décubitus dorsal; Mobilier: – e VII s. – 1 plaque-boucle sous l’avant-bras squelette quasi entièrement détruit à l’ouver- droit; boucle ovale de section rectangulaire ture mécanique: ne restent que le tibia et la Tombe T13 oblique, L. 28 mm, l. 35/53 mm (int./ext.); fibula droits, le talus et le calcanéum droits Non fouillée plaque, L. 63 mm, l. 39 mm; CTP-FD 2015- et une partie du bassin (ischion droit et frag- 178/1012-1 – 2 contre-plaque à l’extérieur du ment de l’ilion gauche); épiphyse proximale Tombe T14 (pl. 6) bras droit L. 59 mm, l. 40 mm; CTP-FD 2015- du tibia non soudée. Tombe: coffrage trapézoïdal mixte (bois et 178/1012-2 Mobilier: – calage réparties de manière irrégulière dans Tombe T16 (pl. 7) Tombe T18 (pl. 8) la tombe; orientation W/E, 170 x 40 cm (int.), Tombe: coffrage en bois de forme indé- Tombe: forme indéterminée; tombe implan- 200 x 80 cm (ext.). terminée; tombe avec un seul galet contre tée entre deux murs antiques et recoupée Individu: juvénile de sexe indéterminé, 14-16 la paroi nord de la fosse (élément de ca- par la pelle mécanique; orientation SW/NE, ans, taille indéterminée, décubitus dorsal; lage?); orientation W/E, 180 x 45 cm (int.), ind. x env. 30 cm. squelette en mauvais état de conservation; 180 x 45 cm (ext.). Individu: adulte de sexe masculin, 50-70 ans, crâne tourné vers sa droite, mandibule Individu: juvénile de sexe indéterminé, 15-17 taille indéterminée, décubitus dorsal; sque- retombée sur les cervicales; épaule droite ans, taille indéterminée, décubitus dorsal; lette conservé uniquement dans sa partie resserrée, peut-être appuyée contre une crâne disparu (recoupé par la pelle méca- supérieure (du crâne aux lombaires); crâne planche de contenant en bois; épaule gauche nique); épaules resserrées, tête de l’humé- ayant légèrement basculé sur sa gauche et non resserrée; extrémités proximales des rus droit déplacée vers les vertèbres, sca- vers l’arrière, mandibule retombée sur les avant-bras plus en connexion avec les humé- pula droite en position postérieure; côtes cervicales; humérus droit déplacé vers l’ex- rus et déplacées de quelques centimètres et vertèbres très mal conservées; avant- térieur, partie supérieure du sternum conser- en direction du bassin (décomposition en bras repliés sur les lombaires, mains pro- vée, rachis conservé, côtes non conservées; espace vide); avant-bras repliés sur le bassin, bablement croisées; ilion droit plutôt bien avant-bras gauche replié sur les lombaires, os des mains non conservés; rachis très conservé contrairement à l’ilion gauche; avant-bras droit non conservé; une partie de mal conservé (quelques cervicales et thora- jambes légèrement resserrées, épiphyses l’ilion gauche conservée; inhumation dans un ciques); bassin très partiellement conservé; des os longs inférieurs non soudées, patellas contenant en bois (déplacement des os). membres inférieurs conservés, jambes non en position anatomique; pieds tournés vers Mobilier: – resserrées, patellas manquent, épiphyses l’extérieur; déplacement des os (scapula Remarque: une plaque dorsale en fer damas- distales du fémur droit et des tibias non sou- et humérus droits, mise à plat des coxaux) quiné d’argent (CTP-FD 2015-178/1006-4) dées; au niveau des pieds, seul le talus droit indiquant une décomposition en espace vide retrouvée dans cette zone lors de l’ouverture est conservé. (coffrage en bois); maintien en position des mécanique pourrait provenir de cette tombe Mobilier: – patellas indiquant la présence d’un vêtement (voir pl. 13). pierres de calage); une dizaine de pierres de serré ou d’un linceul. Tombe T15 (pl. 6) Mobilier: – 1-2 garniture de ceinture bipartite, e e Tombe T19 (pl. 8) Tombe: coffrage trapézoïdal mixte (bois et bronze; datation: fin VI -début VII s. Tombe: coffrage trapézoïdal mixte (bois et pierres de calage); tombe partiellement ara- – 1 plaque-boucle sous l’avant-bras droit; pierres de calage); deux galets superposés sée, pierre de calage au niveau des pieds; boucle ovale de section rectangulaire très au niveau du crâne contre le bord nord, deux orientation W/E, ind. x 50 (int.), ind. x 50 (ext.) oblique, L. 21 mm, l. 38/53 mm (int./ext.); autres de part et d’autre des humérus, et un 112 CAF 20/2018 Études gros bloc au niveau des pieds; orientation 2015-178/1038-1 – 3 plaque dorsale à l’inté- en lin ou chanvre très mal préservé, filage W/E, 185 x 37 cm (int.), 200 x 64 cm (ext.). rieur du bras droit, L. 49 mm, l. 46 mm; face zz/zz, deux fils, diam. fils 0,5 mm, env. 10 f/ Individu: adulte, plutôt de sexe masculin, plu- terre: restes de bois; face ciel: textile (laine?) cm, panama (basket weave) ; restes de bois tôt mature (40-59 ans), taille env. 170 cm, complètement minéralisé, diam. fils 0,5 - recouvrant le textile sur une partie de la décubitus dorsal; squelette en mauvais état 0,8 mm, probablement sergé 2/2; plaque; quelques restes de cuir au bord de la de conservation; crâne ayant basculé sur CTP-FD 2015-178/1038-4 plaque; face ciel: textile en laine de mouton, son côté droit, mandibule retombée sur les filage z/s, diam. fils 0,5 -1mm, sergé 2/2, cervicales; épaules très resserrées (probable Tombes T21, T22 et T23 probablement identique à celui du bout de linceul?), bras droit le long du corps, mais sur Non fouillées la plaque-boucle, et fragment de matériau la tête du fémur; bras gauche replié sur l’ilion organique (cuir? peau humaine?); CTP-FD gauche; bassin très partiellement conservé, Tombe T24 (pl. 10-11) quelques arcs de vertèbres lombaires conser- Tombe: coffrage rectangulaire mixte (bois et vés; jambes non resserrées, pieds appointés; pierres de calage, probable planche de fond) Tombe T25 effet de paroi très marqué le long du côté avec entourage quasi continu de gros blocs Non fouillée droit du squelette; épaule droite probable- sur deux à trois assises; orientation W/E, ment en appui contre la planche du coffrage. 190 x 40 cm (int.), 215 x 98 cm (ext.). Tombe T26 (pl. 10) Mobilier: – Individu: adulte de sexe indéterminé, plutôt Tombe: coffrage rectangulaire mixte (bois et de sexe masculin (détermination archéo- pierres de calage) avec une dizaine de galets Tombe T20 (pl. 8-9) logique), 20 -39 ans, taille indéterminée; et fragments de tuile en position verticale Tombe: coffrage rectangulaire mixte (bois et décubitus dorsal; squelette quasi entière- répartis autour du squelette; recoupe par- pierres de calage, avec probable planche de ment décomposé; mandibule retombée sur tiellement un mur antique; orientation W/E, fond) avec entourage quasi continu de gros les cervicales, crâne surélevé et basculé vers 190 x 55 cm (int.), 200 x 65 cm (ext.). blocs sur deux assises et en position verti- l’avant (présence d’un coussin?); diaphyse de Individu: adulte, plutôt de sexe féminin, 25 - cale, certains ayant basculé vers le squelette l’humérus gauche conservée, position des 35 ans, taille indéterminée, décubitus dorsal; après décomposition des planches en bois; avant-bras indéterminée; diaphyse du fémur mandibule retombée sur les cervicales et orientation W/E, 155 x 35 cm (int.), 200 x gauche conservée ainsi qu’une partie des crâne ayant basculé sur sa gauche; épaules 64 cm (ext.). diaphyses des deux tibias. non resserrées, tête de l’humérus droit ayant Individu: adulte de sexe indéterminé, plutôt Mobilier: – 1-3 garniture de ceinture tripar- basculé vers l’extérieur; quelques fragments de sexe masculin (détermination archéo- tite, fer damasquiné d’argent et de laiton; de côtes et de vertèbres conservés; bassin logique), 30 - 50 ans; taille indéterminée; dé- datation: vers 630 / 640 – 1 plaque-boucle partiellement conservé (ilions et ischion cubitus dorsal; squelette quasi entièrement sur les lombaires; boucle ovale de section droit); avant-bras repliés sur les coxaux, décomposé; occipital et pariétaux conservés; rectangulaire oblique, L. 37 mm, l. 34/55 mm mains probablement croisées sur le sacrum; bras gauche (diaphyses uniquement) légè- (int./ext.); plaque, L. 123 mm, l. 40 mm; face genoux non resserrés, patellas en position rement replié sur le coxal; négatifs des deux ciel: textile de lin ou chanvre très minéralisé, anatomique, pieds tournés vers l’extérieur et fémurs et du tibia gauche montrant que les filage z/z, diam. fils 0,3 - 0,5mm, 19/14 f/cm, appointés (en appui contre les planches du genoux n’étaient pas resserrés. armure toile, textile en laine de mouton au coffrage?), excellente connexion entre les bout de la plaque, filage z/s, diam. fils 0,5 - os du pied droit (tarses, métatarses et pha- fer damasquiné d’argent; datation: 1 tiers 1 mm, 9/8 f/cm, sergé 2/2; face terre: restes langes en connexion anatomique). VIIe s. – 1 plaque-boucle à l’intérieur du de cuir de la ceinture (bord du cuir avec cou- Mobilier: – 1 bague sur le coxal gauche, coude gauche; boucle ovale de section rec- ture visible sur le revers de la boucle); bronze, section ovale, partie centrale aplatie tangulaire très oblique, L. 31 mm, l. 35/58 CTP-FD 2015-178/1025-5 – 2 contre-plaque formant un chaton rectangulaire avec mono- mm (int./ext.); plaque, L. 108 mm, l. 49 mm; sur les lombaires, L. 86 mm, l. 46 mm; face gramme incisé, diam. 18 mm, chaton face ciel: textile en laine, filage z/s, forte tor- ciel: au bout de la plaque, textile en laine de 9 x 7 mm; CTP-FD 2015-178/1026-1 sion en chaîne et trame, diam. fils 0,5 - 0,8 cm, mouton identique à celui de la face ciel de 8/8 f/cm, sergé 2/2 à chevron; face terre: la plaque-boucle; face terre: restes de cuir Tombe T27 (pl. 12) cuir et petit fragment de sergé 2/2; CTP-FD et, à l’extrémité distale de la plaque, petits Tombe: forme indéterminée (tombe pertur- 2015-178/1038-2 – 2 contre-plaque à l’inté- fragments de textile très minéralisé en lin ou bée); orientation indéterminée, dimensions rieur du bras droit, L. 79 mm, l. 49 mm; chanvre, filage z/z, diam. fils 0,5 mm, pa- indéterminées. restes organiques (probablement cuir) très nama; CTP-FD 2015-178/1025-2 – 3 plaque Individu: adulte de sexe indéterminé, plutôt minéralisés sur les deux faces, dont un frag- dorsale entre l’avant-bras droit et les lom- mature (40 - 59 ans), taille indéterminée, posi- ment en diagonale sur la face ciel; CTP-FD baires, L. 45 mm, l. 43 mm; face terre: textile tion initiale inconnue; tibias inversés; reste Mobilier: – 1-3 garniture de ceinture tripartite, er 2015-178/1025-1 113 La nécropole de Courtepin/Fin Dessus du squelette manquant. ayant légèrement basculé vers l’extérieur, encore en place, fémurs basculés vers l’ex- Mobilier: – carpes sur la tête du fémur, humérus gauche térieur mais patella droite encore en position ayant légèrement basculé vers l’intérieur, anatomique (maintien par des habits ou un Tombe T28 (pl. 12) tout comme l’avant-bras (l’ulna se trouve linceul), genoux resserrés, présence d’une Tombe: coffrage rectangulaire mixte (bois et au-dessus du radius), replié sur l’abdomen phalange sous la rotule droite, pieds tournés pierres de calage) avec entourage de galets avec la main gauche sur le coxal droit; bassin vers l’extérieur (calcanéum et talus conser- répartis de manière irrégulière autour du partiellement conservé, coxaux affaissés sur vés sur les deux pieds). squelette sur une à deux assises; orientation le fond de la fosse; jambes non resserrées; Mobilier: – W/E, 190 x 40 cm (int.), 215 x 90 cm (ext.). pieds bien conservés, tournés vers l’extérieur Individu: adulte, plutôt de sexe masculin, 40 - et appointés. Tombe T34 50 ans, taille indéterminée, décubitus dorsal; Mobilier: – Non fouillée ne subsistent que les négatifs de certains Tombe T31 (pl. 13) Tombe indéterminée (pl. 13) os (tibias et calcanéum-talus gauches) ainsi Tombe: coffrage trapézoïdal mixte (bois et Plaque dorsale, fer damasquiné d’argent, qu’un fragment de diaphyse du fémur gauche pierres de calage) avec quatre galets de découverte dans les déblais à proximité de et le crâne en très mauvais état; mandibule calage à l’extrémité distale de la sépulture; T18; L. 44 mm, l. 42 mm; datation: 1er tiers retombée sur les cervicales, crâne légère- orientation W/E, dimensions indéterminées. VIIe s.; CTP-FD 2015-178/1006-4 ment tourné vers la gauche; fémur gauche Individu: juvénile de sexe indéterminé, 14 -17 partiellement conservé, négatifs des tibias ans, taille indéterminée, décubitus dorsal; montrant que les genoux étaient resserrés squelette en mauvais état de conservation; (10 cm d’écart entre les tibias), pied gauche mandibule retombée sur les cervicales et orienté vers la gauche; individu probablement crâne ayant basculé sur la droite; bras gauche enveloppé dans un linceul. le long du corps; bassin très partiellement Mobilier: – conservé (une partie de l’ilion droit); épi- squelette presque entièrement décomposé; physes des membres inférieurs non conserTombe T29 (pl. 12) vées, patella droite conservée en position Tombe: forme indéterminée, sans entourage; anatomique; pieds non conservés. orientation W/E; dimensions indéterminées; Mobilier: – 1 boucle ovale sur le coxal gauche, trois fragments de tuiles placés sous le crâne. fer, section rectangulaire oblique, L. 26 mm, Individu: adulte de sexe indéterminé, plutôt l. 45/61 mm (int./ext.); ardillon et traverse mature (40 - 59 ans), taille indéterminée, dé- non conservés; pas de décor; face ciel: frag- cubitus dorsal; squelette presque entière- ments de textile, matière indéterminée, très ment décomposé; uniquement quelques minéralisés, filage z/?, diam. fils 0,4 mm, fragments du crâne et une partie de la dia- 15 f/cm, armure toile; face terre: restes de physe du fémur gauche conservés. cuir; datation: fin VIe-VIIe s.; CTP-FD 2015- Mobilier: – 178/1043-1 Tombe T30 (pl. 12) Tombe T32 Tombe: coffrage trapézoïdal mixte (bois et Non fouillée pierres de calage) avec entourage de galets répartis de manière irrégulière autour du Tombe T33 (pl. 13) squelette sur une à deux assises; orientation Tombe: coffrage mixte (bois et pierres de W/E, 170 x 40 cm (int.), 210 x 70 cm (ext.). calage) de forme indéterminée (tombe pres- Individu: adulte de sexe masculin, 25 -35 ans, que entièrement détruite par la pelle méca- env. 165 cm, décubitus dorsal; crâne ayant nique); quelques galets encore en place le basculé en avant après dislocation de la man- long de la jambe gauche et à proximité de la dibule, partie du maxillaire déplacée contre la cheville droite; orientation W/E, dimensions paroi sud; clavicules en position anatomique; indéterminées. côtes très mal conservées, sternum quasi Individu: adulte de sexe indéterminé, plutôt complet; bras droit le long du corps, humé- mature (40 - 59 ans), taille indéterminée, dé- rus maintenu en face latérale, avant-bras cubitus dorsal; seuls les membres inférieurs 114 CAF 20/2018 Études textile: indéterminé textile: toile textile: toile face trame textile: panama textile: sergé 2/2 textile: sergé à chevron cuir bois peau Toutes les tombes sont publiées à l'échelle 1:20, les objets métalliques à l'échelle 2:3, sauf les bagues (1:1) 115 La nécropole de Courtepin/Fin Dessus Tombe T1 0 Tombe T2 Planche 1 Tombe T3 1m 116 CAF 20/2018 Études Tombe T4 Tombe T5 1 1 0 Planche 2 2 cm 117 La nécropole de Courtepin/Fin Dessus Tombe T7 Tombe T6 1 Tombe T8 Planche 3 118 CAF 20/2018 Études Tombe T9 Tombe T11 2 1 4 5 3 Tombe T10 5 0 Planche 4 2 cm 119 La nécropole de Courtepin/Fin Dessus 2 1 4 3 0 Planche 5 2 cm 120 CAF 20/2018 Études Tombe T12 Tombe T14 Tombe T15 2 1 2 1 0 Planche 6 2 cm 121 La nécropole de Courtepin/Fin Dessus Tombe T16 1 2 2 Tombe T17 Planche 7 1 0 2 cm 122 CAF 20/2018 Études Tombe T18 Tombe T20 3 2 Tombe T19 Planche 8 1 123 La nécropole de Courtepin/Fin Dessus 2 1 3 0 Planche 9 2 cm 124 CAF 20/2018 Études Tombe T26 Tombe T24 3 1 2 1 1 0 Planche 10 2 cm 125 La nécropole de Courtepin/Fin Dessus 2 1 3 0 Planche 11 2 cm 126 CAF 20/2018 Études Tombe T27 Tombe T29 Planche 12 Tombe T28 Tombe T30 127 La nécropole de Courtepin/Fin Dessus Tombe T31 Tombe T33 1 Tombe indéterminée 1 0 Planche 13 2 cm 0 2 cm 128 Bibliographie Alexandre-Bidon 1993 CAF 20/2018 Études approches? 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Seule la partie menacée par les travaux a été explorée, soit une trentaine de sépultures orientées ouest/est, mais le cimetière se prolonge vers le sud et l’est – au moins une quinzaine d’autres tombes ont été repérées. Le mode d’aménagement des sépultures est varié et comprend un coffrage en dalles de grès coquillier, des murets en pierre sèche dont une partie des éléments proviennent du bâtiment gallo-romain, et des galets servant à caler des planches de coffrages en bois non cloués. La partie fouillée du cimetière compte 27 inhumations, dont 22 adultes et 5 immatures. La mauvaise conservation des ossements liée à la nature sableuse du terrain a malheureusement entravé la détermination du sexe, de l’âge et d’éventuelles pathologies: parmi les 22 adultes, seuls sept hommes et deux femmes ont pu être formellement reconnus. Des marqueurs de stress provoqués par des carences alimentaires ou des maladies chroniques ont été observés chez deux individus décédés relativement jeunes. Plusieurs adultes présentaient des traces d’arthrose ainsi que de fréquentes caries, ce qui est comparable à ce qui a pu être observé dans d’autres nécropoles du Haut Moyen Âge de nos régions. Le cas le plus remarquable est celui d’un individu d’une soixantaine d’années décédé des suites d’un violent coup de hache à la tête. En ce qui concerne les vestiges mobiliers, huit tombes ont livré du matériel métallique, dont des garnitures de ceinture en bronze (une), en fer non décoré (une) ou damasquiné (six), deux bagues, un couteau et une petite boucle d’aumônière. La garniture de ceinture en bronze décorée de motifs chrétiens incisés et produite dans un atelier du nord de la France évoque une origine étrangère ou des relations avec une personne issue du royaume des Francs pour au moins l’un des défunts. Des restes minéralisés de textiles, de cuir ou encore de bois ont été retrouvés sur la majorité des objets; le bois provient du coffrage de la tombe, le cuir correspond aux restes de ceintures ou de lanières d’attache, et les différents types de textiles permettent de se faire une idée des vêtements portés par les défunts. Grâce à l’identification des armures de tissage et de la nature des fibres (animales ou végétales), il a été possible de définir la présence de sous-vêtements, de tuniques, de manteaux, de linceuls et de draps, dont la finesse et la souplesse varient selon l’armure et la grosseur des fils. Die Nekropole von Fin Dessus, die oberhalb des Dorfes Courtepin bei der Verlegung einer Wasserleitung zum Vorschein kam, reicht in die Zeit zwischen dem Ende des 6. Jahrhunderts und der ersten Hälfte des 7. Jahrhunderts zurück. Sie wurde in den Überresten einer römischen Villa, am nordwestlichen Hang eines Hügels angelegt. Einzig das von den Bauarbeiten betroffene Friedhofsareal war Gegenstand archäologischer Untersuchungen; es besteht aus rund 30 West-Ost orientierten Gräbern. Die Bestattungszone setzt sich in südliche und östliche Richtung fort, mindestens ein Dutzend Gräber konnten in diesen Bereichen gefasst werden. Der Grabbau ist vielfältig und umfasst eine Steinkiste aus Muschelkalkplatten, Trockenmauern aus Steinen – darunter auch wiederverwendetes Material aus den römischen Ruinen – sowie Steine, die zum Verkeilen von ohne Nägel gefügten Holzeinbauten dienten. Die Nekropole zählt 22 Bestattungen von Erwachsenen sowie 5 Grabstätten von nicht erwachsenen Personen. Die schlechte Erhaltung der Knochen, die auf den sandigen Untergrund der Fundstelle zurückzuführen ist, erschwerte eine Geschlechtsdiagnose und das Erkennen eventueller pathologischer Erscheinungen. Von den 22 Erwachsenen konnten nur sieben als männlich und zwei als weiblich bestimmt werden. Bei zwei relativ jungen Individuen waren Hinweise auf physiologischen Stress zu beobachten, der durch Mangelernährung oder chronische Krankheiten verursacht wird. Wie in anderen frühmittelalterlichen Friedhöfen der Region zeigen mehrere Erwachsene arthritische Veränderungen und viele von ihnen Karies. Bemerkenswert ist der Fall eines ca. 60-jährigen Mannes, der an den Folgen eines heftigen Schlages mit dem Beil auf den Kopf gestorben ist. Was das Sachgut betrifft, so kamen in acht Gräbern Metallgegenstände zu Tage: Gürtelgarnituren aus Bronze (1), Eisen (1) oder tauschiertem Eisen (6), zwei Ringe, ein Messer und eine kleine Taschenschnalle. Die mit christlichen Motiven versehene, bronzene Gürtelgarnitur stammt aus einer Werkstatt im Norden Frankreichs und könnte auf ausländische Wurzeln ihres verstorbenen Trägers weisen. An den meisten Objekten fanden sich mineralisierte Textil-, Leder- oder Holzreste. Das Holz stammt aus den Grabeinbauten, das Leder von den Gurt- oder Befestigungsriemen und die unterschiedlichen Textilien geben uns eine Vorstellung davon, welche Kleider die Bestatteten trugen. Dank der Bestimmung der Gewebebindungen und Faserarten (tierische oder pflanzliche) gelang der Nachweis von Unterwäsche, Tuniken, Mänteln, Leichen- und Grabtüchern, deren Feinheit und Geschmeidigkeit sich je nach Art der Bindung und der Dicke des Fadens unterscheiden.