76
Fiona McCullough
avec la collaboration
d’Antoinette Rast-Eicher
et Sophorn Nhoem
Des travaux sur les hauts de Courtepin ont
amené la découverte de tombes médiévales
implantées dans les ruines d’un établissement
romain. Bien que seule une partie de la nécropole ait fait l’objet d’une fouille archéologique,
cet ensemble se distingue par son architecture
funéraire et la qualité du mobilier.
Bauarbeiten oberhalb von Courtepin führten zur
Entdeckung mittelalterlicher Gräber, die in den
Ruinen eines römerzeitlichen Gutshof angelegt
worden waren. Der Friedhof, von dem nur ein Bereich
Gegenstand archäologischer Ausgrabungen war,
zeichnet sich durch seine Grabarchitektur und die
Qualität seiner Beigaben aus.
CAF 20/2018 Études
La nécropole du
Haut Moyen Âge de
Courtepin/Fin Dessus
77
La nécropole de Courtepin/Fin Dessus
Moins d’une dizaine de kilomètres au nord de
ouest du cimetière, les inhumations apparais-
la ville de Fribourg, sur les hauts du village de
saient directement sous la terre végétale (T6,
1
Courtepin au lieu-dit Fin Dessus , des travaux
T16 et T17) et certaines ont malheureusement
pour la pose d’une conduite d’adduction d’eau
été détruites lors de l’ouverture à la pelle méca-
au début de l’été 2015 ont permis la découverte
nique. En comparaison, les tombes situées plus
2
à l’est (en particulier T11, T20 et T24) étaient
3
d’une villa gallo-romaine et d’un cimetière du
Haut Moyen Âge (fig. 1) . Les premières men-
implantées bien plus profondément, ce qui sug-
tions d’une occupation romaine remontent aux
gère que la zone nord-ouest a été arasée et
années 1970, lorsque des fragments de tuiles
que son niveau de circulation était, à l’époque,
sont apparus dans les labours, mais aucun in-
beaucoup plus haut qu’aujourd’hui. Au sud et à
dice ne laissait présager que le site abritait aussi
l’est, le cimetière se prolonge, et il semble que
un cimetière du Haut Moyen Âge. Une fouille de
sa limite d’extension a été repérée du côté occi-
sauvetage a donc été organisée par le Service
dental (T8 et T19; voir fig. 2). Les dimensions
archéologique de l’État de Fribourg entre le 11 juin
et le 13 août 2015 sur une surface de près de
750 m2, qui a livré les restes de deux corps de
bâtiments antiques séparés par une cour dans laquelle s’inséraient les tombes médiévales (fig. 2).
Les travaux archéologiques s’étant limités à
l’emprise de la tranchée destinée à la conduite
d’eau, ni les bâtiments romains ni le cimetière
n’ont été explorés dans leur intégralité.
D’un point de vue géologique, ces vestiges
sont implantés dans un substrat formé par les
dépôts sableux de la Singine (molasse marine
supérieure), affleurant sous une couverture limomoneuse peu épaisse. Une partie des sépultures ont été aménagées dans ce sable molassique – les tombes les plus profondes se situent
dans un sable meuble et légèrement humide.
Si ce sédiment sableux a facilité le dégagement
des squelettes, il a également favorisé les infil-
Fig. 1 Vue aérienne du site, détail de la zone fouillée avec les fosses sépulcrales et les
ruines romaines
trations d’eaux de pluie qui ont provoqué, dans
certains cas, une décomposition quasi totale des
de l’aire funéraire dans son intégralité ainsi que
vestiges osseux. À l’opposé, les ossements qui
le nombre total de sépultures restent pour l’ins-
ont été découverts dans les limons sus-jacents
tant inconnus. De même, l’emplacement des
étaient beaucoup mieux conservés.
structures d’habitat des personnes enterrées à
Fin Dessus n’a pour l’heure pas pu être loca-
1
L’implantation d’un cimetière sur une élévation
lisé, mais il est fréquent de retrouver ce type
661 m.
naturelle, parfois déjà occupée à l’époque ro-
de vestiges dans les ruines de bâtiments gallo-
maine, est une pratique fréquente pour la pé-
romains, à proximité des cimetières5.
riode concernée 4. Ces aires funéraires sont de
de Courtepin, une trentaine de fosses sépulcra-
Voir l’article de J. Monnier et
E. Mouquin, dans ce volume.
3
Les travaux archéologiques de
2015 ont déjà fait l’objet d’un article
(voir McCullough et al. 2016).
dimension variable et abritent quelques dizaines
à plusieurs centaines de sépultures. Dans le cas
2
Coordonnées: 2 577 024 / 1 190 767 /
Organisation spatiale
du cimetière
4
Nous pouvons citer entre autres
pour le canton de Fribourg les exemples
de Riaz/Tronche-Bélon (Graenert 2017),
Porsel/Champ Dessus (Dafflon 2014),
les ont été repérées dans la zone d’emprise des
Fétigny/La Rapettaz (McCullough 2008),
travaux. Celles situées dans la partie méridio-
Le cimetière empiète partiellement sur les murs
nale du cimetière n’étaient pas directement me-
romains dont les ruines, en partie déjà récupé-
Arconciel/Es Nés (Dafflon/Mauvilly
nacées et n’ont de ce fait pas été excavées (voir
rées dans les siècles qui ont suivi l’abandon
2003), Vuippens/La Palaz (Schwab et
fig. 2). Ainsi, sur les 34 inhumations relevées,
du bâtiment, ont servi à l’aménagement de la
5
seules 27 ont été fouillées. Dans la partie nord-
majeure partie des tombes (construction de
Windler/Fuchs 2002, 66.
Fribourg/Pérolles (Graenert 2007),
al. 1997).
Windler et al. 2005, 102, 154-155;
78
T3
2
T1
5
T3
3
T3
4
CAF 20/2018 Études
9
T2
T2
2
T2
7
T1
9
T8
T7
T2
3
T5
T2
T6
T2
1
T3
0
T9
T2
T2
0
T3
T1
0
T1
6
T2
8
T2
5
T1
7
T3
4
1
T1
T4
1
T1
T1
8
T2
6
T1
2
T1
T1
4
3
B
A
0
10 m
Fig. 2 Plan général du chantier, avec les tombes implantées entre les corps de bâtiment romains (A et B);
en traitillé: tombes non fouillées en 2015
79
La nécropole de Courtepin/Fin Dessus
coffres en pierres et calage des planches des
de mortier. Les pierres de calage étaient en
coffrages). Le recoupement de certains murs
règle générale plus nombreuses le long des pa-
du corps de bâtiment B (T4, T18 et T26) a tou-
rois latérales nord et sud qu’au niveau de la tête
tefois pu être involontaire et semble avoir limité
et des pieds. Dans certains cas, elles ont été
l’expansion du cimetière vers le nord. D’autres
aménagées sur plusieurs assises, témoignant
murs, à l’est et à l’ouest, ont pu servir à délimi-
vraisemblablement d’une volonté de stabiliser
ter l’espace en formant un enclos funéraire.
le terrain sableux le temps de la mise en terre
La nécropole est organisée en rangées paral-
du défunt9. Malgré l’absence de restes de bois,
lèles serrées, avec une orientation systéma-
la présence de coffrages en matériaux péris-
tique d’ouest en est, à l’exception des tombes
sables est attestée par plusieurs indices qui
T7 (nord-ouest/sud-est) et T18 (sud-ouest/nord-
confirment une décomposition en espace vide:
est) qui sont légèrement désaxées. En règle
la position verticale des galets de calage, les ef-
générale, l’organisation spatiale des cimetières
fets d’alignement et de contrainte des osse-
mérovingiens est caractérisée par la régularité
ments ainsi que la désarticulation de certains
des rangées, et les variations d’orientation peu-
os. La présence de fragments ligneux sur les
vent s’expliquer soit par une différence de data-
plaques dorsales des tombes T20 et T24 témoi-
6
tion , soit par la présence d’aménagements
gne de l’existence de planches de fond non
divers (clôtures, chemins, constructions en bois,
clouées, mais simplement maintenues par des
7
etc.) . À Courtepin, aucun agencement particulier
pierres de calage ou des chevilles de bois, du
de l’aire funéraire n’a été clairement mis en évi-
moins dans ces deux cas. Les fosses sépulcra-
dence dans la partie explorée, mais un espace
les étaient de forme rectangulaire ou trapézoï-
vide entre les tombes T1, T12, T14 et T29 pour-
dale. Leur longueur variait entre 1,55 et 2,05 m
rait correspondre à l’emplacement d’une allée.
pour une largeur de 0,3 à 1 m. En règle géné-
L’absence de tout recoupement entre les tom-
rale, la taille de la fosse était adaptée au défunt,
bes sous-entend l’existence d’un système de
sauf dans la tombe T12 où la fosse était particu-
signalisation des sépultures en surface (tertre,
lièrement large, et dans la sépulture T31 où elle
8
amas ou entourage de pierres, piquets en bois ),
était plus longue que nécessaire pour l’enfant
mais l’érosion ainsi que les travaux agricoles ont
qui y avait été inhumé. Le soin particulier ap-
6
entraîné la disparition du niveau de circulation
porté à l’aménagement de l’entourage de cer-
Gumefens/Sus Fey (Graenert 2015a, 28)
médiéval.
taines sépultures (en particulier T1 et T510 ) est
et de La Tour-de-Trême/A la Lêvra
à relever; il pourrait être lié à la position sociale
Aménagement des
sépultures
ont démontré que les inhumations postmérovingiennes étaient moins ordonnées
T1 et l’absence de mobilier dans la sépulture T5
et présentaient des orientations diverses
ne permettent toutefois pas d’approfondir cette
en comparaison avec les sépultures
du VIIe siècle. Les mêmes observations
avaient déjà été faites pour le cimetière
de la Grande Oye à Doubs (Urlacher et al.
Les 27 tombes fouillées révèlent plusieurs ty-
1998, 26-28).
pes d’aménagements caractéristiques du Haut
en pierre sèche (deux tombes) ou mixtes – bois
(Graenert/Schönenberger 2005, 166)
de l’individu. Le pillage apparent de l’inhumation
hypothèse.
Moyen Âge: les coffrages à dalles (une tombe),
Les études sur les cimetières de
Coffrages à dalles et à murets
en pierre sèche
7
L’aménagement d’espaces de circu-
lation a été mis en évidence entre autres
à La Tour-de-Peilz (Steiner 2011, 57-60),
Sézegnin (Privati 1983, 67), Kaiseraugst
et pierres de calage – (19 tombes), et les tombes
(Martin 1991, 3-4, 275-279) et Doubs
sans aménagement apparent (cinq tombes). Au-
Trois sépultures (T1, T3 et T5) se démarquaient
(Urlacher et al. 1998, 57).
cune tombe à réduction n’a été découverte dans
de toutes les autres par un entourage de dalles
8
Alexandre-Bidon/Treffort 1993,
265-266b. Voir aussi J. Serralongue,
cette partie du cimetière et toutes les sépultures
et/ou de murets en pierre sèche très soigné et
sont individuelles.
ininterrompu, placé autour du défunt. Contrai-
surface de sépultures du Haut Moyen
La majorité des éléments utilisés dans les agen-
rement aux coffrages mixtes dans lesquels les
Âge en Haute-Savoie», Bulletin d’études
cements provient des ruines des bâtiments ro-
galets ont servi en premier lieu à caler les plan-
mains. On a ainsi retrouvé une grande quantité
ches d’un coffre en bois, les aménagements de
9
de fragments de tuiles, de moellons de calcaire
ces trois tombes ont pu faire office de vérita-
de stabilisation des parois a également
et de grès, de gros galets de calcaire et de quart-
bles coffrages lithiques, mais l’existence de plan-
été proposée pour plusieurs aménage-
zite provenant des fondations des murs antiques,
ches et de couvercles en bois ne peut pas être
et à La Tour-de-Peilz (Steiner 2011, 66).
ainsi que des morceaux de tuf et des boulettes
exclue.
10 Voir infra, fig. 3 et 5a.
«Quelques exemples de marques de
préhistoriques et archéologiques alpines II, 1991, 149-156.
Cette double fonction de calage et
ments à Doubs (Urlacher et al. 1998, 54)
80
CAF 20/2018 Études
présentait une coloration légèrement différente
sur une dizaine de centimètres de hauteur, ce
qui suggère qu’elles avaient été partiellement
enterrées – la limite supérieure de cette coloration correspondrait donc au niveau d’inhumation du corps. Cet enfouissement partiel a dû
servir à assurer la stabilité de l’ensemble, qui
a de surcroît été renforcée par des galets de
calage placés contre la face externe des dalles
(voir fig. 3b). Ce calage met par ailleurs en évidence les dimensions plus importantes de la
a
fosse par rapport au coffrage, et seule la dalle
étroite de pied semblait s’appuyer directement
contre la paroi de la fosse sépulcrale.
Dans la sépulture trapézoïdale T3, des murets
constituaient la majeure partie de l’entourage;
seul l’angle nord-est au niveau des pieds était
formé de deux dalles de grès verticales (fig. 4).
Les murets comptaient une à deux assises non
maçonnées de galets et de blocs de calcaire, de
grès et de quartzite. Le basculement du crâne
et du fémur droit indique une décomposition en
espace vide, donc la présence, au moins, d’un
couvercle en matériau périssable. L’humérus
b
droit était en contact direct avec les éléments
Fig. 3 Tombe T1 vue du nord; a) fragments de la dalle de couverture à l’intérieur de la
sépulture (décapage 2); b) pierres de calage à l’extérieur des dalles (décapage 3)
lithiques de la paroi, ce qui laisse penser que le
défunt avait été inhumé sans coffrage en bois.
Aucun aménagement particulier n’a été observé
11 Un fragment de scapula, une côte,
quelques dents et un fragment de tôle de
bronze constituent les seuls éléments qui
Située au centre de la zone fouillée, à proximité
sur le fond de la fosse, mais il n’est pas exclu
d’un espace qui pourrait être interprété comme
que le défunt ait été déposé sur une planche en
une allée de circulation (voir fig. 2), la sépulture
bois.
ont été retrouvés dans la sépulture.
T1 (fig. 3) possédait un coffrage constitué de dal-
La tombe T5, avec son coffrage à murets en
12 À La Tour-de-Peilz, toutes les dalles
les en grès coquillier; celle de couverture a été
pierre sèche, est une structure de forme trapé-
retrouvée brisée en une douzaine de fragments
zoïdale très soigneusement construite à l’aide
latérales (Steiner 2011, 67).
répartis en position subverticale à la base du
d’éléments architecturaux récupérés dans la dé-
13 L’analyse anthropologique des
remplissage de la tombe (voir fig. 3a), certai-
molition romaine (tuiles, moellons, galets) (fig. 5).
nement suite à une intervention humaine; l’ab-
Elle se trouvait 6 m au sud-ouest de la tombe
(Steiner 2011, 241-242).
sence de squelette (seuls quelques os épars
T1, et son orientation était légèrement désaxée
14 La conservation du bois nécessite
se trouvaient en vrac dans le comblement de la
vers le sud. Les murets, constitués de quatre à
tombe) suggère en effet que le couvercle a été
six assises, formaient un coffrage étroit dont les
très nombreuses et liées à des facteurs
brisé dans le but de récupérer le squelette et/
dimensions étaient adaptées à la taille du dé-
multiples comme la profondeur d’enfouis-
ou d’éventuels objets qui l’accompagnaient11.
funt. Bien qu’aucune dalle de couverture n’ait
Deux grandes dalles verticales étaient placées
été retrouvée, le déplacement de certains os
Pour une description détaillée de la
sur les longs côtés de la tombe, et deux petites
indique une décomposition en espace vide. La
dégradation du bois funéraire, voir
se trouvaient aux extrémités; ces dernières,
dernière assise de galets et de tuiles n’était pas
A. Dietrich, «Dégradation et effondre-
contrairement à ce qui a pu être observé sur
tout à fait alignée sur les assises précédentes,
15 Voir infra, 89.
d’autres sites de la même époque, n’ont pas
et une partie des éléments se trouvaient en po-
16 Windler et al. 2005, 158-159; pour
servi à maintenir l’écartement entre les dalles
sition verticale, vraisemblablement pour mainte-
d’extrémité étaient placées de manière
à maintenir l’écartement des dalles
tombes accolées de La Tour-de-Peilz a
confirmé l’existence de liens familiaux
des conditions particulières. Une fois ce
matériau enterré, les dégradations sont
sement, la nature du sol, les infiltrations
d’eau, la présence de xylophages, etc.
ment des cercueils», in: Guy 1998, 41-47.
le canton de Fribourg, on peut par exemple
12
latérales . La base de ces grès avait été taillée à
tenir en place un couvercle en matériau organi-
Gumefens/Sus Fey (Graenert 2015a,
plat tandis que leur bord sommital était plus irré-
que. Aucune trace de contenant périssable n’a
11-12).
gulier, et la face interne de leur partie inférieure
été observée à l’intérieur de la tombe, et au
mentionner les tombes 210 et 264 de
81
La nécropole de Courtepin/Fin Dessus
vu de l’étroitesse de la chambre ainsi que du
contact direct entre certains os et les murets,
il est probable que le défunt a été inhumé sans
coffrage en bois. L’extrémité orientale de la sépulture était accolée aux pierres de calage de
la tombe T30. La chronologie relative entre les
deux sépultures n’a pas pu être déterminée,
mais comme il s’agit du seul cas de tombes
directement accolées, l’hypothèse d’un lien de
parenté entre les deux individus peut tout de
même être émise13.
Coffrages mixtes
Fig. 4 Tombe T3 vue du sud
La majorité des tombes fouillées en 2015 avaient
comme caractéristique commune l’emploi de galets en nombre variable, organisés sur une à trois
assises, et ayant servi à caler les planches en
bois d’un coffrage non cloué. Dans certains cas,
lorsque le sédiment était très meuble, ces pierres ont également pu contribuer à la stabilité
des parois de la tombe (T10, T11, T20 et T24). Si
aucune trace de bois n’a pu être observée lors
de la fouille14, le déplacement de certains os et
la présence de bois sur plusieurs objets15 confirment l’existence d’un contenant en matériau périssable. Ce type d’aménagement est très fréquent durant tout le Haut Moyen Âge, mais les
a
traces ligneuses permettant de confirmer l’utilisation du bois restent rares16. Contrairement aux
inhumations en cercueil, contenant mobile dans
lequel on transportait le défunt jusqu’au lieu de
sa mise en terre, l’inhumation en coffrage non
cloué implique que les planches étaient aménagées directement à l’intérieur de la fosse, avant
la mise en terre du défunt. Ce dernier, enveloppé nu ou habillé dans un linceul, pouvait être
amené sur un brancard jusqu’à l’emplacement de
la sépulture, où il était placé entre les planches
b
Fig. 5 Tombe T5; a) coffrage à murets en pierre sèche; b) coupe depuis le nord d’après une
modélisation 3D
avant que la tombe ne soit fermée par un couvercle. On trouve quelques rares illustrations de
Les tombes en coffrages mixtes de Courtepin
processions funéraires dans les manuscrits du
peuvent être divisées en deux groupes: celles
Haut Moyen Âge et dans certaines églises mé-
ne comptant qu’un faible nombre de galets ré-
diévales, sur lesquelles on peut voir le défunt
partis de manière irrégulière dans la tombe,
17 Evangéliaire de Chartres du IXe
placé sur un brancard recouvert d’un drap et
et celles possédant un nombre plus important
siècle conservé à Paris, Bibliothèque
soutenu par deux porteurs17. Des lits funéraires,
d’éléments de calage et une disposition quasi
qui ont aussi dû servir pour le transport du dé-
continue organisée sur plusieurs assises.
funt jusqu’au cimetière, figurent également dans
des manuscrits des VIe -XIe siècles, mais ils sem18
blent avoir été réservés à une élite .
Dans le premier ensemble (T6, T9, T12, T14,
nationale, ms. lat. 9386 f° 147r°. Abbaye
de Saint-Jean de Müstair GR (XIIe siècle)
(J. Goll – M. Exner – S. Hirsch, Müstair:
die mittelalterlichen Wandbilder in der
Klosterkirche: UNESCO-Welterbe, Zürich
T15, T16, T19, T26, T28, T30, T31 et T33; fig. 6),
2007, 237).
le nombre de galets dans chaque tombe oscille
18 Treffort 1993, 210-214.
82
CAF 20/2018 Études
T6
T9
T12
T14
T15
T16
T19
T26
T28
T30
T31
T33
0
2m
Fig. 6 Tombes à galets de calage épars
entre un et une vingtaine. Leur emplacement est
ment partie du remplissage de la fosse. La
variable; ils peuvent se limiter à une zone en par-
tombe T12 possède une vingtaine de pierres
ticulier ou être répartis tout autour du défunt,
(tuf, grès) et de tuiles en position verticale ré-
mais en règle générale, ils sont plus nombreux
parties le long des bords latéraux, qui devaient à
sur les côtés latéraux. Un effet de paroi, formé
l’origine s’appuyer contre des planches. D’après
par quatre fragments de tuf, apparaît très net-
l’emplacement de ces galets, le coffrage en
tement le long du tibia droit du squelette de la
bois était très large par rapport au défunt, un
tombe T6. Un cinquième galet se trouve à proxi-
cas unique à Courtepin. Malheureusement, la
mité du pied gauche, et un fragment de tuile
mauvaise conservation des os ne permet pas
s’appuie contre le bord de la fosse, au niveau du
de déterminer si la largeur du coffrage était liée
genou gauche. Il est possible que d’autres élé-
à une position particulière du corps (coudes
ments ont existé, mais la partie supérieure de la
écartés par exemple) ou à la présence d’un se-
tombe a été partiellement détruite par des tra-
cond individu dans la tombe (éventuellement un
vaux modernes. Dans la tombe T9, les éléments
enfant). Les pierres de calage de la sépulture
lithiques ne présentent aucun ordre particulier;
T14 se situent autour du crâne, le long du fémur
il n’est donc pas certain qu’ils aient réellement
droit et autour des os des pieds. La pierre qui a
servi de calage, d’autant que la différence d’alti-
été retrouvée à plat sur le pied gauche devait à
tude entre eux suggère qu’ils faisaient simple-
l’origine être en position verticale comme toutes
83
La nécropole de Courtepin/Fin Dessus
les autres, et elle a dû basculer vers l’intérieur
part et d’autre du crâne ainsi que le long des
après la décomposition de la planche de couver-
bras. Deux pierres se trouvent au niveau du bas-
ture. La tombe T15 a été partiellement arasée,
sin et du fémur droit, et quelques autres sont
mais une pierre de calage subsiste sur la petite
placées de part et d’autre des pieds. Le calage
bordure, au niveau des pieds. Dans la tombe T16,
de la tombe T30 est également réparti de ma-
le seul galet conservé, retrouvé contre la paroi
nière irrégulière, principalement autour de la tête
nord de la fosse, ne peut pas être interprété
et des humérus, ainsi que contre le bord orien-
avec certitude comme un élément de calage.
tal de la fosse. Dans la sépulture T31, quatre
Cinq éléments lithiques ont été mis au jour dans
galets de calage placés à l’extrémité distale de
la sépulture T19: deux blocs superposés ap-
la tombe devaient soutenir la planche du petit
puyés contre le bord nord à la hauteur du crâne,
côté au niveau des pieds, ainsi que celle se trou-
deux autres de part et d’autre des humérus, et
vant le long de la jambe gauche. L’absence de
un gros bloc au niveau des pieds. Les pierres
galets dans le reste de la tombe est peut-être
placées à la hauteur des bras semblent avoir
un simple effet de fouille (ces pierres ont pu
servi à caler des planches en bois. Par contre,
être arrachées lors de l’ouverture mécanique).
le gros bloc de grès découvert au niveau des
En dernier lieu, la sépulture T33, presque entiè-
pieds a pu avoir été déposé sur la planche de
rement détruite lors de l’ouverture à la pelle
couverture, avant de légèrement s’affaisser après
mécanique, a livré quelques pierres le long de la
décomposition du bois. La tombe T26 a partiel-
jambe gauche et à proximité de la cheville droite
lement recoupé un mur romain; une dizaine de
du squelette. Il ressort de cet ensemble qu’au
galets et fragments de tuile en position verticale
moins une partie des éléments lithiques ont
sont répartis autour du squelette, le long de l’hu-
servi de calage pour les planches de coffrage,
mérus droit, du fémur droit, des pieds et du ge-
tandis que d’autres, qui pourraient simplement
nou gauche. Au nord et à l’ouest, les planches
correspondre à des pierres présentes dans le
devaient être maintenues par le mur antique.
sédiment de remplissage, n’avaient aucune
Dans la sépulture T28, les galets se répartissent
fonction particulière.
de manière irrégulière autour du squelette sur
Le second ensemble (T4, T7, T8, T10, T11, T20
une à deux assises, et sont plus nombreux de
et T24; fig. 7) regroupe des tombes comptant un
Fig. 7 Tombes à galets de calage sur plusieurs assises
T4
T7
T8
T10
T11
T20
T24
0
2m
84
CAF 20/2018 Études
nombre plus important de galets (au minimum
une vingtaine) disposés sur plusieurs assises et
de manière plus régulière autour du défunt. La
tombe T4 a recoupé l’un des murs antiques dont
une partie des éléments a été réemployée pour
l’aménagement du calage. Certains galets qui
se trouvent en position déséquilibrée devaient
s’appuyer contre une planche en bois, tandis
que ceux des bordures est et sud sont aménagés sur deux à trois assises formant des murets.
Contrairement à ce que l’on a pu constater pour
d’autres tombes de cet ensemble, la quantité
de pierres employées ici ne semble pas liée à
une volonté de stabilisation du terrain (la sépulture est aménagée dans un sédiment limoneux
relativement compact), mais plus simplement
au fait que le mur antique recoupé a fourni un
certain nombre d’éléments lithiques qui ont pu
être réutilisés comme calage ou entourage du
coffrage en bois. La tombe T7 présente un entourage lithique quasi continu sur deux à trois
Fig. 8 Tombe T11 vue de l’est
assises contre les parois est et sud, tandis que
les galets sont plus espacés et disposés sur
galets indique que ces pierres devaient s’appuyer
une seule assise le long des bordures nord et
contre les parois d’un contenant en bois. La
ouest. Cette répartition différenciée est peut-
taille des blocs dans l’aménagement de cette
être liée à des questions de stabilité du terrain.
tombe est particulièrement frappante – il s’agit
La position subverticale de certains éléments
d’ailleurs de la tombe la plus riche en mobilier
et leur alignement sur un même axe formant un
(plaque-boucle et contre-plaque damasquinées,
effet de paroi très net indiquent que ces pierres
couteau, bague, boucle); un éventuel lien entre
s’appuyaient contre un coffrage en bois. Les sé-
la qualité de l’architecture de la tombe et l’im-
pultures T10, T11, T20 et T24 sont de morpholo-
portance du défunt mérite donc d’être suggéré,
gie presque identique: elles ont été aménagées
même si les tombes les plus soignées (T1 et T5)
dans un sédiment très sableux à l’aide d’un im-
n’ont livré aucun objet. La tombe T20 possède
portant dispositif de calage constitué d’une à
également un entourage quasi continu de gros
trois assises de gros blocs. Leur profondeur, qui
blocs placés sur deux assises: tous ces élé-
varie entre 80 et 110 cm sous le niveau de cir-
ments sont en position verticale, mais certains
culation actuel, les différencie des autres sépul-
ont basculé vers l’intérieur après décomposi-
tures du cimetière, dont la profondeur moyenne
tion des planches en bois. Tout comme pour la
est d’une cinquantaine de centimètres. La tombe
tombe T11, on observe une absence de galets
T10 possède un entourage formé d’une à trois
aux angles, qui pourrait être liée à l’emplace-
assises réparties exclusivement sur les longs
ment de planches latérales dont l’écartement
côtés. Une concentration d’une dizaine de gros
était assuré par les planches des petits côtés
blocs apparaît dans l’angle nord-est et s’ap-
(fig. 9)19. On retrouve un agencement lithique
parente à une sorte de bourrage volontaire de
similaire dans la sépulture T24, avec des bou-
l’espace entre les planches et la paroi de la
lets particulièrement massifs (jusqu’à 50 cm de
fosse. Dans la même zone, un peu plus à l’est,
long). La hauteur des aménagements sur les
19 Le site de Soyria à Clairvaux-les-
la tombe T11 a livré un aménagement constitué
longs côtés est plus importante que celle des
Lacs (Jura français) a livré des restes
de gros boulets et de pierres anguleuses dispo-
tombes T20 et T11 (jusqu’à 50 cm au-dessus
de coffrages en bois suffisamment bien
sés sur deux à trois assises (fig. 8). Cet entou-
du squelette, soit une dizaine de centimètres de
ce type de positionnement des planches
rage n’est interrompu qu’au niveau des quatre
plus), et trois galets visibles dans la paroi occi-
(Pétrequin et al. 1980, 180-194 et fig. 17).
angles, et la position verticale de la majorité des
dentale, derrière le crâne, paraissent marquer
conservés pour permettre de confirmer
85
La nécropole de Courtepin/Fin Dessus
l’emplacement de la planche de couverture, située une quinzaine de centimètres au-dessus du
crâne (fig. 10).
L’aménagement des sépultures dans cet ensemble se distingue par la nature du sédiment
encaissant et le volume important d’éléments lithiques. Ces blocs semblent avoir rempli une
double fonction: le calage des planches en bois
et le maintien des parois de la fosse qui, par leur
nature sableuse, étaient instables. Vu la différence, en nombre et en taille, entre les blocs
des grands côtés et ceux des petits côtés, c’est
clairement la fonction de calage des planches
Fig. 9 Tombe T20 avec hypothèse de reconstitution des planches de coffrage
latérales qui était primordiale; les bords courts
de la tombe étaient peut-être tout simplement
que le bassin et la mandibule). Ce maintien de
maintenus en place par de la terre. L’hypothèse
la position originelle est impossible dans le cas
d’une utilisation de contenants monoxyles (troncs
d’une inhumation en espace vide, même lors de
d’arbres évidés) est également à envisager dans
l’utilisation d’un linceul serré; l’affaissement des
les cas d’absence de calage au niveau de la tête
côtes, en particulier, est inévitable. D’autres in-
et des pieds, comme c’est le cas à Soyria (F,
dices tels que l’observation d’effets de paroi sur
Jura) 20.
les ossements ou sur d’autres vestiges (pierres,
Il semblerait qu’il existe une concordance en-
céramiques, objets métalliques) permettent de
tre les entourages denses et la présence de
reconnaître l’existence d’un contenant en bois.
mobilier; dans le premier groupe, 25% des tom-
Dans le cas des tombes sans aménagement
bes ont livré du mobilier, tandis que dans le se-
apparent qui n’ont pas été endommagées ou dé-
cond, 57% des tombes en renfermaient. Ces
truites, la conservation des os est parfois telle-
chiffres ne sont toutefois pas représentatifs de
ment mauvaise qu’il est impossible de détermi-
la réalité car le cimetière n’a été que partielle-
ner avec certitude le type d’inhumation. Aucune
ment fouillé, mais ils donnent des pistes intéres-
sépulture ne peut donc être formellement inter-
santes à explorer dans le cas de travaux futurs.
prétée comme inhumation en pleine terre.
Tombes sans aménagement
apparent
Fig. 10 Tombe T24 avec entourage de très gros blocs
sur les bords latéraux et trois galets derrière le crâne
(emplacement de la planche de couverture)
À défaut de restes ligneux ou d’éléments de calage de planches, il est plus difficile de déterminer si le défunt a été inhumé dans un coffrage en bois ou simplement en pleine terre.
Au moment de leur découverte, ces deux types
de sépultures se ressemblent, et c’est l’observation du déplacement des os à l’intérieur de
la tombe qui permet de déterminer s’il s’agit
d’une véritable inhumation en pleine terre ou si
les contenants en matériaux organiques n’ont
simplement laissé aucune trace21: dans le premier cas, le sédiment comblera petit à petit les
vides laissés par la décomposition des chairs, et
les ossements conserveront leur position anatomique, même si celle-ci sera en déséquilibre (en
20 Pétrequin et al. 1980, 190 et fig. 26.
particulier les os des mains et des pieds, ainsi
21 Voir Duday et al. 1990, 29-49.
86
CAF 20/2018 Études
À Courtepin, la tombe T2 a été détruite lors de
ments osseux après la décomposition des arti-
l’ouverture mécanique. Quelques os longs ont
culations labiles, qui se dissocient en quelques
pu être récupérés, mais ils n’étaient plus dans
semaines après le décès, et persistantes, qui se
leur position initiale, et aucun autre indice ne
désolidarisent entre quelques mois et quelques
permet de déterminer le mode d’inhumation. Il
années après le décès23. Les positions décrites
en va de même pour la sépulture T17 qui af-
ici ne correspondent donc plus exactement à cel-
fleurait directement sous la terre végétale, et
les d’origine, en particulier au niveau des crâ-
dont seuls la partie distale de la jambe droite
nes, des mains et des pieds. Le crâne aura bas-
(tibia, fibula, calcaneum) et quelques fragments
culé sur un côté ou l’autre, voire vers l’arrière
s’il avait été initialement placé sur un coussin en
matériau périssable. Lorsque les mains du défunt ont été placées sur l’abdomen, carpes, métacarpes et phalanges se déplacent dans le vide
laissé après la décomposition des viscères pour
se retrouver au niveau de la cavité pelvienne.
Pour ce qui concerne les pieds en revanche, le
déplacement des tarses et métatarses peut
être minime lorsque le défunt portait des
chaussures ou que ses pieds étaient maintenus
en connexion par appui contre un contenant
Fig. 11 Tombe T29 avec trois tuiles fragmentées sous le crâne
(planche de coffrage ou linceul). Bras, avantbras et jambes subissent en général des dépla-
du bassin sont conservés. La tombe T18 a
cements moindres, soit une légère rotation la-
été implantée dans la partie nord-ouest d’un
térale au niveau des têtes de l’humérus et du
mur antique, et seule la partie supérieure du
fémur. Quant aux côtes et aux coxaux, ils vont
squelette (à partir des lombaires) est conser-
s’affaisser sur le fond de la fosse, provoquant,
vée, le reste ayant été détruit lors des travaux
dans le cas du bassin, un écartement des
à la pelle mécanique. D’après l’observation du
ailes iliaques et une migration du sacrum vers
déplacement des os, le défunt a été inhumé
l’avant suite à la rupture des articulations sacro-
dans un coffrage en bois; les murs romains ont
iliaques. L’enveloppement du corps dans un lin-
probablement servi de calage pour les planches
ceul, dont l’usage est connu grâce à l’iconogra-
latérales nord et sud, à moins que leur main-
phie médiévale24, peut limiter le déplacement
tien n’ait été assuré par des chevilles en bois.
des os, mais n’empêche pas la dislocation des
L’unique sépulture non perturbée de ce groupe
articulations. Il semblerait d’ailleurs que durant
262), Gumefens T195 (Graenert 2015a,
est la tombe T29, qui se trouve dans un état
le Haut Moyen Âge et jusqu’au XIe siècle, les
Taf. 19), Vuippens T111 (Schwab et al.
de conservation médiocre. Seuls le crâne et le
visages des défunts n’étaient pas recouverts
fémur gauche sont partiellement conservés, ce
par le linceul, ce qui explique la désarticulation
23 Duday et al. 1990, 29-33.
qui ne permet pas de déterminer si la décom-
quasi systématique de la mandibule25.
24 Alexandre-Bidon 1993; Treffort
position s’est déroulée dans un espace colmaté
22 La Tour-de-Peilz T399 (Steiner 2011,
1997, 120), Monnet-la-Ville (Mercier/
Mercier-Rolland 1794, 26).
1996. Des représentations de linceuls
ou vide. Aucun galet de calage n’a été observé
Tous les défunts ont été inhumés en décubitus
vales suisses, par exemple dans l’église
dans cette inhumation, mais trois tuiles romai-
dorsal. La position du crâne a pu être détermi-
Saint-Martin à Zillis GR où est représen-
nes ont été déposées volontairement sous le
née pour seize des 27 individus; dans les onze
crâne (fig. 11). Ce type d’aménagement sou-
autres cas, soit le crâne est trop mal conservé
in Zillis (Schweizerische Kunstführer der
tenant la tête du défunt, unique à Courtepin,
pour que l’on puisse établir avec certitude sa po-
GSK), Bern 2008.
apparaît dans d’autres cimetières régionaux 22.
sition, soit il a été détruit par les travaux moder-
figurent dans certaines églises médié-
tée une Résurrection de Lazare du milieu
du XIIe siècle; voir M. A. Nay, St. Martin
25 Alexandre-Bidon 1993, 203.
nes. Dans deux tombes (T10 et T24), le crâne
26 La mauvaise conservation du crâne
est centré, dans sept cas (T3, T5, T7, T9, T14,
de la tombe T31 ne permet pas de déterminer de manière formelle que celui-ci
Position des corps
a bien basculé sur sa droite. Le déplacement du maxillaire a pu se produire
T19 et T31) 26 il a basculé sur sa droite, et dans
six autres (T4, T8, T11, T18, T26 et T28) sur sa
lors de l’effondrement de la planche de
La plupart des défunts ont été inhumés dans
gauche. La présence d’un support non conservé,
couverture.
des coffrages en bois, entraînant des déplace-
mais ayant repoussé le crâne vers l’avant, a été
87
La nécropole de Courtepin/Fin Dessus
mise en évidence dans cinq sépultures (T4, T5,
exercée sur le côté droit, vraisemblablement cau-
T14, T24 et T30), et un seul crâne a basculé
sée par l’effondrement de la planche latérale
vers l’arrière (T9). Dans cette dernière tombe,
du contenant. Une situation comparable a été
la planche de coffrage placée derrière le crâne
observée dans la tombe S369 de Tournedos-
devait se trouver suffisamment loin de la tête
sur-Seine/Porte-Joie (F, Eure) 32: grâce aux ves-
pour permettre à celle-ci de basculer, tandis
tiges conservés du contenant en bois et de ses
que dans les autres, la planche de coffrage a pu
clous, il a été possible de démontrer que le bas-
maintenir la position surélevée du crâne jusqu’à
culement de la scapula et de l’humérus avait
ce que le vide laissé par le support décomposé
été provoqué par la pression de la paroi du
(coussin céphalique?) ait été colmaté par le sédiment encaissant27.
La position des membres supérieurs a pu être
déterminée pour seize individus. La majorité des
avant-bras sont repliés sur les coxaux (T3, T4,
T8, T11, T14, T15, T16, T19, T20 et T26). La
tombe T31, celle d’un juvénile, est la seule qui
témoigne d’une inhumation bras allongés le long
du corps; cette position est fréquemment associée aux jeunes défunts dans les cimetières
fribourgeois28. Dans cinq cas, les bras sont en
a
position asymétrique: bras droit replié sur le ventre et bras gauche le long de corps (T5), bras
droit sur le coxal droit et bras gauche sur le
ventre (T6), bras droit le long du corps et bras
gauche sur le coxal gauche (T7), bras droit sur
le coxal droit et bras gauche le long du corps
(T9), bras droit le long du corps et bras gauche
sur le coxal droit (T30). Les avant-bras ne sont
jamais repliés sur le sternum ou sur le ventre.
Cette absence de position haute pourrait être
liée à un facteur chronologique; une tendance à
b
replier les membres supérieurs de plus en plus
haut sur le corps a en effet été observée dans
27 La nécropole du Clos d’Aubonne
plusieurs cimetières datés entre la fin du VIIe et
à La Tour-de-Peilz a livré des restes
la première moitié du IXe siècle, soit une période
de coussins funéraires en matières
organiques (Steiner 2011, 86).
29
un peu plus tardive qu’à Courtepin .
28 McCullough 2013; McCullough/
Dans la majorité des sépultures, les genoux
Monnier 2014.
ne sont pas resserrés – seuls les squelettes des
29 Steiner 2011, 266-267. Une évo-
tombes T28 et T33 présentent ce cas de figure.
lution similaire a été observée à Sion/
Sous-le-Scex VS (Antonini 2002, 110).
La position des pieds est variable, mais dans
30 Il s’agit d’une position qui n’est pas
certains cas, le maintien des os en connexion
anatomique ainsi que leur posture appointée vers
c
gèrent le port de chaussures et un appui contre
dans l’axe du tibia tandis que le talus
et le calcanéum sont placés à angle
30
le bas, en hyperextension taphonomique , sug-
naturelle: les métatarsiens se trouvent
Fig. 12 Quelques exemples de pieds en hyperextension; a) tombe T7; b) tombe T26; c) tombe T30
une paroi de coffrage (fig. 12).
droit par rapport à l’épiphyse distale du
tibia. Selon Lola Bonnabel, le pied était
appuyé contre la paroi du contenant qui
a maintenu la position des métatarses
Un cas particulier a été observé dans la sépul-
cercueil lors de l’effondrement de ce dernier.
ture T16; la scapula droite a été découverte en
Contrairement au cas français, où le coxal et
vue postérieure, et la tête humérale droite était
le fémur ont également subi un déplacement
31 Cette tombe est apparue directe-
déplacée en direction des premières vertèbres
mésial, seuls l’humérus et la scapula de l’indi-
ment sous la terre végétale, et le crâne
thoraciques (fig. 13) 31. Cette inversion de la po-
vidu de la tombe T16 de Courtepin sont concer-
sition anatomique est liée à une forte pression
nés. L’ulna et le radius ont gardé leur position
lors de la décomposition des chairs
(Bonnabel 1998, 73).
ainsi qu’une partie des cervicales ont été
détruits lors de l’ouverture mécanique.
32 Carré/Guillon 2012, 342-346.
88
CAF 20/2018 Études
vers objets informes). Huit tombes ont livré du
mobilier funéraire contemporain de l’inhumation,
soit 30% de l’ensemble (fig. 14). Bien que ce
pourcentage ne puisse être considéré comme
vraiment représentatif puisque ce cimetière n’a
été que partiellement exploré, ce nombre provisoire est néanmoins élevé et se situe dans la
moyenne supérieure des pourcentages obtenus pour d’autres cimetières régionaux (12% à
Gumefens/Sus Fey FR, 13% à La Tour-de-Peilz/
Clos d’Aubonne VD, 20% à Vuippens/La Palaz
FR, 22% à Fétigny/La Rapettaz FR, 24% à Riaz/
Tronche-Bélon, 25% à Arconciel/Es Nés FR, 27%
à Yverdon-les-Bains/Pré de la Cure VD, 32% à
Saint-Sulpice/Sur les Mausannes VD, 35% à Erlach/Totenweg BE, 48% à Lausanne/Bel-Air VD).
Fig. 13 Tombe T16 avec scapula droite en position postérieure
Le corpus mobilier de Courtepin se compose
d’origine, ce qui indique que l’articulation du
de sept garnitures de ceinture, deux bagues, un
coude était déjà disjointe lors de l’affaissement
couteau et une petite boucle. D’après leur posi-
de la planche, tandis que celle entre l’humérus
tion dans la tombe, tous ces objets étaient por-
et la scapula était suffisamment intacte pour
tés par le défunt et n’ont pas été simplement
maintenir la connexion entre les deux os. La
déposés en offrande au moment de la mise en
dislocation de l’articulation du coude, considé-
terre. À l’exception de la tombe T11, qui se dis-
rée comme persistante, indique que la chute de
tingue par l’association d’une garniture bipartite,
la planche s’est produite plusieurs mois, voire
d’un couteau, d’une bague et d’une petite boucle
33
années après l’ensevelissement . Le coxal droit
en tôle de bronze, les autres sépultures n’ont li-
ainsi que la jambe droite étant également restés
vré qu’une seule catégorie d’objet, à savoir des
en position d’origine, soit la planche était déjà
garnitures de ceinture ou des bagues.
trop décomposée pour entraîner un déplacement des os, soit elle s’est fracturée au niveau
du coude du défunt, auquel cas seule sa partie
Garnitures de ceinture
occidentale s’est effondrée. Les observations
réalisées sur ce squelette confirment que le
Parmi les 27 tombes fouillées, sept ont livré des
vide à l’intérieur du coffrage a été maintenu
garnitures de ceinture. Deux de ces garnitures
pendant un temps relativement long, et qu’il n’y
proviennent de tombes d’adolescents (T16 et
a pas eu de colmatage partiel par infiltration de
T31), les autres sont associées à des tombes
sédiment durant ce laps de temps. Ceci nous
d’adultes (T4, T11, T15, T20 et T24). La distance
donne une idée de la qualité du coffrage funé-
entre les plaques-boucles et les contre-plaques
raire, dont il ne reste aucune trace matérielle.
ainsi que la position et l’emplacement des plaques dorsales (face contre terre au niveau des
lombaires) confirment que les ceintures étaient
Mobilier funéraire
bien portées par les défunts autour de leur taille
lors de l’inhumation. À l’exception de la garniture
Le cimetière de Courtepin ayant été implanté
en bronze de la tombe T16, toutes les boucles
dans les ruines d’un bâtiment gallo-romain, le
se trouvaient sur le côté gauche du squelette.
remplissage des tombes a livré un grand nombre
d’objets de cette époque, en position secondaire
Boucle simple
(clous, tessons de céramique, monnaies, faune,
33 Duday et al. 1990, 31.
pâte de verre, fragments de tôle, fragments
Une seule boucle simple, en fer et sans décor, a
d’enduits peints, scories, tiges métalliques et di-
été mise au jour durant cette campagne (fig. 15;
89
La nécropole de Courtepin/Fin Dessus
Tombe
Sexe
Inv.
Position
Matière
Désignation
Restes organiques
T4
ind.
1029-5
sur ilion gauche
fer
plaque-boucle trapézoïdale
restes de deux textiles
T11
ind.
1022-1
intérieur avant-bras droit
fer
contre-plaque damasquinée
restes de bois et de deux textiles
1022-2
sous avant-bras gauche
fer
plaque-boucle damasquinée
restes de cuir (ceinture) et de textile
1022-3
directement à l’est de la plaque-boucle
fer, bronze, bois
couteau
restes de deux types de cuir (fourreau;
1022-4
directement au nord de la plaque-boucle
bronze
boucle
-
1022-5
phalange main indéterminée, sur coxal
gauche
bronze
bague
-
poche?) et restes de textile
T15
T16
T20
T24
M
ind.
ind.
ind.
1012-1
sous avant-bras droit
fer, argent
plaque-boucle damasquinée
-
1012-2
extérieur bras droit
fer, argent
contre-plaque damasquinée
-
1021-1
sous avant-bras droit
bronze étamé
plaque-boucle circulaire gravée
restes de cuir et de textile (laine)
1021-2
sous avant-bras gauche
bronze étamé
contre-plaque circulaire gravée
-
1038-1
intérieur bras droit, sur lombaires
fer
contre-plaque damasquinée
restes de cuir
1038-2
intérieur bras gauche, sur lombaires
fer
plaque-boucle damasquinée
restes de cuir et de textile (laine)
1038-4
intérieur bras droit, sur lombaires
fer
plaque dorsale damasquinée
restes de bois et de textile
1025-1
entre avant-bras droit et lombaires
fer
plaque dorsale damasquinée
restes de bois, restes de cuir, de peau et
de deux textiles
1025-2
sur lombaires
fer
contre-plaque damasquinée
restes de cuir et de deux textiles
1025-5
sur lombaires
fer
plaque-boucle damasquinée
restes de cuir (ceinture) et de deux
textiles
T26
F?
1026-1
sur coxal gauche
bronze
bague
-
T31
ind.
1043-1
sur coxal gauche
fer
boucle de ceinture
restes de textile
Fig. 14 Dépôts funéraires retrouvés dans les tombes
pl. 13). Découverte dans la sépulture T31, sur
été retrouvée sous l’avant-bras droit, la contre-
le coxal gauche d’un juvénile enterré dans un
plaque sous l’avant-bras gauche (fig. 16). Ses
contenant en bois, elle constitue l’unique objet
deux éléments, en bronze étamé et sans bos-
porté par le défunt au moment de l’inhumation.
settes, sont scutiformes (fig. 17). La contre-
Des fragments de textile ont été par endroits
plaque présente les mêmes échancrures ainsi
décelés sur sa face avant, d’autres, de cuir, sont
qu’une encoche pour la pointe de l’ardillon.
conservés sur sa face arrière; les premiers pro-
Deux tenons perforés assurent l’articulation de
viennent certainement du vêtement du défunt,
la boucle qui est ovale, étroite, de section ar-
les seconds vraisemblablement de sa ceinture.
quée oblique et décorée de quatre groupes de
Plus courte, plus large et de section moins
trois stries parallèles transversales. Le décor de
oblique que les boucles des autres garnitures de
la plaque-boucle consiste en quatre cercles ocu-
ceinture de Courtepin, elle s’apparente à celles
lés estampés (trois en bordure et un au centre)
découvertes dans le cimetière d’Arconciel/Es
reliés entre eux par des traits incisés formant
34
Nés, datées entre 550 et 670 apr. J.-C . Dans
un motif approximativement cruciforme. Il est
le nord-ouest de la Suisse actuelle, ce genre de
intéressant de noter que l’emplacement des
boucle était fréquemment porté, autant par des
trois cercles placés en bordure correspond au
hommes que par des femmes, à partir de la fin
positionnement des bossettes habituellement
du VIe siècle et durant tout le VIIe siècle35.
présentes sur les plaques rondes de ce type.
Fig. 15 Tombe T31, boucle
simple en fer avec restes
textiles
Le bord de la plaque est rehaussé de lignes, de
Garniture en bronze
bandes hachurées et de motifs en escalier incisés. L’ardillon, à base scutiforme échancrée et
L’unique garniture en bronze (pl. 7) a été dé-
pointe recourbée, est orné d’un masque humain
couverte dans la tombe T16, qui abritait un-e
incisé très stylisé, qui renvoie au double masque
adolescent-e de 15-17 ans. La plaque-boucle a
incisé visible au centre de la contre-plaque. Ce
34 Dafflon/Mauvilly 2003.
35 Marti 2000, 82-83, Martin 1991,
88-90.
90
CAF 20/2018 Études
Ce type de garniture est surtout répandu dans
le nord-est de la France entre le dernier tiers du
VIe et le premier quart du VIIe siècle, ainsi que
dans la vallée du Rhin à partir du deuxième quart
du VIe et jusqu’au début du VIIe siècle36. Il semblerait que leur centre principal de production se
situe entre Paris et la Manche, où ces plaques
auraient été fabriquées en série dans un même
atelier, tandis que le décor aurait été ajouté
Fig. 16 Tombe T16 avec garniture bipartite en bronze
sous les os des avant-bras
dans un second temps37. L’absence de rivets et
la présence d’une contre-plaque sont des caractéristiques peu courantes, mais plusieurs
exemples sont attestés en Normandie ainsi que
dans l’Aisne38. Les décors de cercles oculés,
motifs géométriques et masques humains sont
très fréquents dans ces régions sur les plaques
rondes en bronze (parfois également étamées),
et plusieurs cas de décors de cercles à l’emplacement des bossettes ont été relevés39. Le décor de masques humains est connu à partir de
la seconde moitié du VIe siècle et continue à figurer sur les garnitures durant tout le VIIe siècle,
y compris sur les éléments en fer damasquiné 40. La plupart des auteurs s’accordent pour
dire que ces masques revêtent une symbolique
chrétienne, surtout dans les cas où ils sont associés à une croix ou un nimbe41. L’association
Fig. 17 Tombe T16, garniture de ceinture circulaire en bronze à décor incisé (masques
humains et motifs géométriques)
d’un masque et d’une croix entourés d’un ruban
de marches d’escalier figure sur une plaqueboucle de Londinières (F, Seine-Maritime), où
dernier se présente sous la forme d’une croix à
le masque apparaît dans un cadre cruciforme à
deux bras arrondis à leurs extrémités, alors que
trois bras42. À Goudelancourt-lès-Pierrepont (F,
les deux autres ont été remodelés en visages
Aisne), un visage humain surmonté d’une croix
qui se font face et sont reliés par le menton.
est gravé sur une plaque-boucle datée entre
Dans les deux cas, les masques sont gravés de
560 et 640, et une seconde croix est placée sur
la même manière: les yeux et le nez sont figurés
la base de l’ardillon43. Quatre masques reliés
par deux cercles irréguliers prolongés par deux
par le menton et formant un motif cruciforme
lignes de part et d’autre d’une incision centrale.
figurent au centre d’une plaque-boucle éga-
Sur la contre-plaque, des bandes hachurées,
lement découverte à Londinières 44. L’ardillon
un ruban de marches d’escalier et des lignes
de l’une des plaques-boucles de Curtil-Sous-
1978, 84-85, 165 et Taf. 29 Karte 4.
délimitent un espace scutiforme autour de ce
Burnand (F, Saône-et-Loire; T280), datée fin
37 Périn 1985, 767-769.
double masque. Les bords de la contre-plaque
VIe /début VIIe siècle, est décoré d’un masque
sont décorés de bandes hachurées, de lignes et
humain très stylisé 45. À Noiron-sous-Gevrey (F,
39 Lorren 2001, 221 et pl. XX.5.
de motifs en escalier incisés identiques à ceux
Côte-d’Or), trois plaques-boucles circulaires en
40 McCullough 2008, 163-165; Lorren
de la plaque-boucle, et la tranche qui fait face à
bronze avec bossettes, décorées de cercles
2001, 231; Windler 1994, 56.
la boucle porte des incisions obliques.
oculés reliés par des traits incisés parallèles,
36 Lorren 2001, 214-215; Périn 19731974, 71-97; Frey 2006, 41-43; Furger
38 Lorren 2001, 214-243; Nice 2008,
198-200.
41 Lorren 2001, 231-243.
Au revers des deux plaques se trouvent trois
sont datées du début du VIIe siècle46. Sur la
43 Nice 2008, 200, S.228B.
languettes percées disposées en V, permettant
base de l’ardillon de la troisième plaque de cet
44 Lorren 2001, 242-243 et pl. XXIV.8.
de les fixer à la ceinture. Des restes de textile et
ensemble figure une représentation stylisée
46 Aronovici-Martin 1978, 67-68,
de cuir minéralisés ont été repérés au niveau de
d’un masque humain encadrée de motifs géo-
pl. 33.1-3.
l’articulation entre la plaque et la boucle.
métriques. Plusieurs plaques-boucles rondes
42 Lorren 2001, 241 et pl. XXIV.6.
45 Gaillard de Semainville 1980, pl. 4.1.
91
La nécropole de Courtepin/Fin Dessus
en bronze ornées de cercles oculés et sans bos-
rée et détruite lors de l’ouverture mécanique.
settes ont été découvertes en Saône-et-Loire
Toutes les garnitures en fer ont été retrouvées
47
(Curtil-sous-Burnand et Blanot) . Le décor de
dans des tombes d’adultes inhumés dans des
la plaque-boucle mise au jour dans la tombe 6
coffrages en bois maintenus par des pierres de
de Blanot est très similaire à celui de Courtepin
calage. À l’exception de la plaque-boucle de la
par son absence de bossettes et son décor géo-
tombe T4, tous ces éléments de garnitures sont
métrique constitué de «quatre cercles concen-
damasquinés.
triques ponctués réunis par des doubles traits
en arc de cercle»48. En comparant les plaques-
La plaque-boucle en fer linguiforme, sans décor
boucles de Blanot et de Courtepin à une petite
mais à bords mouvementés, de la sépulture T4
49
plaque-boucle de Curtil-sous-Burnand (T64) , on
peut se demander si le décor de cercles oculés
liés par des traits n’est pas le résultat d’une stylisation poussée de corps de serpents, les cercles correspondant aux yeux et les traits marquant les corps.
La présence de garnitures de ceinture d’influence ou d’origine franque dans des cimetières
du canton de Fribourg et d’ailleurs en Suisse est
un phénomène qui a déjà été relevé50. L’exemplaire de la tombe T16 de Courtepin vient donc
enrichir ce corpus. Trois plaques rondes en
bronze dont deux à motifs de visages humains
ont été mises au jour à Fribourg durant le XIXe
siècle, mais elles ont disparu depuis51. À Riaz/
Tronche-Bélon, une plaque-boucle en bronze de
la fin du VIe siècle, ronde, décorée de motifs
géométriques sur toute sa surface et avec une
Fig. 18 Tombe T4, plaque-boucle linguiforme en fer sans décor
tresse reliant deux rivets, renvoie également
aux modèles du nord-est de la France52. Enfin,
(fig. 18) a été découverte sur l’ilion gauche d’un
à Kaiseraugst AG, une plaque-boucle du même
individu adulte de sexe indéterminé, en-dessous
type, identique à un exemplaire de Picardie, au-
de l’avant-bras gauche. La plaque, d’une largeur
rait été produite, selon Max Martin, dans un ate-
maximale identique à celle de la boucle, fait
lier du nord de la France à la fin du VIe siècle53.
état, côté boucle, de deux perforations de fixa-
Sans analyses génétiques ou isotopiques, il
tion à l’emplacement de rivets qui ne sont pas
est impossible de déterminer si la jeune per-
conservés; une troisième perforation, distale,
sonne inhumée dans la tombe T16 de Courtepin
n’est que partiellement visible. Des fragments
était elle aussi d’origine franque, si elle a hérité
de deux types de textiles ont été découverts sur
pl. 4.2-4.
la surface de la plaque et sur la boucle.
48 Gaillard de Semainville 1980, 84.
cette garniture de l’un de ses proches en tant
que symbole du pouvoir de sa famille, ou si elle
l’a simplement reçue en cadeau.
Plaques-boucles et autres garnitures en fer
À Kaiseraugst, ce type de garniture, parfois
47 Gaillard de Semainville 1980, 83-86,
49 Gaillard de Semainville 1980, pl. 4.4.
50 Graenert 2017, 204-205.
accompagnée d’une contre-plaque, fait partie
51 Ces plaques avaient été vendues
d’un ensemble daté vers 610/62054; environ 30%
au musée de Berlin en 1893, mais elles
d’entre elles appartiennent à des femmes, 20%
ont disparu durant la Seconde Guerre
mondiale (Schwab 1982, 77-78).
à des hommes, 50% à des individus de sexe in-
52 Tombe T157.1: Graenert 2017,
Cinq tombes ont livré des garnitures en fer: une
déterminé. Lorsque l’on a affaire à des plaques-
64, Taf. 122; Frey 2006, 34-42 et 356;
plaque-boucle (T4; pl. 2), deux garnitures bipar-
boucles seules, comme à Courtepin, ces garni-
tites (T11 et T15; pl. 5 et 6) et deux tripartites
tures sont le plus souvent retrouvées dans des
(T20 et T24; pl. 9 et 11). Une plaque dorsale iso-
tombes féminines. C’est le cas de la tombe 5
ensemble C7, fin de la phase ZS D.
lée (pl. 13), retrouvée dans les déblais du bâti-
de la nécropole de Köniz/Oberwangen BE, qui a
55 Ch. Kissling, «Köniz, Oberwangen.
ment romain, pourrait provenir de la tombe T18
livré une garniture similaire, exempte de contre-
située à proximité, ou d’une tombe non repé-
plaque, qui appartenait à une femme adulte55.
Graenert 2002, 39, fig. 6.
53 Martin 1991, 119, Taf. 82.7.
54 Martin 1991, 101-104, 269-270:
Ein frühmittelalterliches Gräberfeld in
Oberwangen», ArchBE 2015, 156: Grab
5/2000.
92
CAF 20/2018 Études
Fig. 19 Tombe T11, garniture bipartite en fer damasquiné
Des garnitures analogues, datées du premier
e
tiers du VII siècle, ont été mises au jour dans
56
de forme trapézoïdale à bords mouvementés;
chacune compte trois rivets: deux près de la
ainsi que
boucle et un dernier, saillant, sur le bord dis-
dans plusieurs sépultures de la seconde moitié
tal. Le décor monochrome est constitué d’une
le cimetière de Saint-Vit (F, Doubs)
e
du VII siècle, à Bülach ZH (tombes 181, 195,
57
tresse centrale à brins pointillés sur fond plaqué
255, 294 et 297) . Elles présentent une grande
d’argent, encadrée par des motifs de hachures.
variété dans la découpe de leurs bords, avec des
Les bords mouvementés des côtés latéraux
57 Werner 1953, 27, Taf. XV et XVI.
courbes, des lignes droites et des angles s’al-
sont rehaussés par deux bandes d’argent, l’une
58 Windler 1994, 56-58.
ternant de multiples façons, mais leur contour
large et l’autre fine. Une frise en dents de scie
59 Elgg Grab 78 (Windler 1994, 57-58,
général demeure linguiforme. Selon Joachim
épouse le contour de la base de l’ardillon, et les
56 Gizard 2003, 161-162.
Taf. 31.3).
Werner, cette grande variété sous-entend l’exis-
rivets sont décorés d’un simple fil d’argent des-
61 Ces garnitures ont été définies par
tence de multiples centres de production. La
sinant un motif cruciforme. L’ardillon est agré-
J. Werner comme le type Bülach; il s’agit
nécropole d’Elgg ZH a également livré une série
menté de hachures encadrant un motif central à
60 Werner 1953, Taf. XXIX.2.
de garnitures trapézoïdales tripartites à
de garnitures en fer non damasquiné et à bords
quatre lobes, similaire à l’exemplaire provenant
deviennent très étroites et allongées
découpés ou mouvementés, mais il s’agit tou-
de la tombe 2 de la nécropole de Jonen AG60,
(Werner 1953, 31-44).
jours de garnitures tripartites58; l’exemplaire le
et deux frises de lignes hachurées pour l’une,
plus proche de la plaque-boucle de Courtepin y
en dents de scie pour l’autre ornent la boucle.
queue d’aronde. Les formes plus tardives
62 Il s’agit de plaques plus étroites et
allongées, à bords mouvementés et avec
un décor animalier très stylisé (Werner
e
59
est daté du premier tiers du VII siècle .
1953, 31 et 35-37).
63 McCullough 2008, 165, fig. 19.
Ce genre de décor hachuré encadrant un entrelacs à brins pointillés rehaussé de modestes
La garniture découverte au niveau de l’abdomen
placages d’argent ainsi que la rareté du style
Abb. 127.
du défunt inhumé dans la tombe T11 (fig. 19) se
animalier constituent des caractéristiques des
65 Volketswil: Werner 1953, Taf. XXVI.2
compose d’une plaque-boucle et d’une contre-
garnitures du type Bülach, qui sont datées du
plaque en fer damasquiné et plaqué d’argent.
premier tiers du VIIe siècle 61, tandis que les
66 Hartmann 2009, 44-46.
La plaque-boucle a été retrouvée sous l’avant-
bords sinueux des plaques renvoient plutôt aux
67 Doubs S. 296 et S. 377 (Urlacher
bras gauche, la contre-plaque entre l’avant-bras
modèles du type Berne-Soleure, qui remontent
et al. 1998, 151-153); Yverdon T43 et
droit et les lombaires. Au moment de sa mise
au deuxième tiers du siècle62.
64 Kissling/Ulrich-Bochsler 2006,
et ASSP 1911, 201; Selzach: Werner
1953, Taf. XXVIII.7.
T52 avec plaques-boucles seules de
forme similaire, mais sans décor, l’une
en terre, le défunt portait sa ceinture à laquelle
Une plaque trapézoïdale à rivet distal saillant
dans une tombe féminine, l’autre dans
étaient suspendus un couteau en fer ainsi
découverte dans la nécropole de Fétigny est
une tombe masculine. Ces éléments sont
qu’une bague en bronze; une petite boucle en
datée aux alentours de 630/640 63 : ses bords
VIe/début du VIIe siècle. (Steiner/Menna
bronze se trouvait également dans la tombe (fig.
légèrement découpés, le placage relativement
2000, 144-145).
20). La plaque-boucle et la contre-plaque sont
important et la présence de motifs animaliers
un peu plus anciens et datent de la fin du
93
La nécropole de Courtepin/Fin Dessus
permettent de la situer à la transition entre les
sous l’avant-bras droit, et une contre-plaque,
deux styles. À Kallnach/Bergweg BE, la garni-
mise au jour près de la bordure sud de la sépul-
ture tripartite de la tombe masculine 117 pré-
ture. Ce déplacement vers le sud peut être dû
sente une forme similaire à celle de Courtepin,
soit à une migration des éléments métalliques à
mais son placage, plus couvrant, est compa-
l’intérieur du coffrage en bois durant la décom-
64
rable au décor de la plaque de Fétigny . Les
position, soit au fait que la ceinture n’était pas
garnitures tripartites de Volketswil/Hegnau ZH
autour de la taille du défunt mais simplement
et de Selzach SO possèdent un entrelacs central
posée sur sa hanche droite au moment de la
sur fond argenté, et un décor marginal composé
mise en terre. Cependant, comme la plaque-
de hachures, de motifs d’échelle et de zigzags65.
boucle a été retrouvée sous l’avant-bras, suggé-
La forme générale des plaques, dont l’extrémité
rant ainsi que la ceinture était bien portée par
distale trahit encore une légère forme en queue
le défunt, la première hypothèse semble la plus
d’aronde, renvoie au type Bülach, tandis que le
plausible. Le décor de cette garniture bipartite
fait qu’elles soient plus allongées et munies de
est constitué de fils d’argent damasquinés qui
bords très légèrement mouvementés marque le
forment une alternance de motifs en escalier,
début de l’évolution vers le type Berne-Soleure.
d’échelles ou de nids d’abeille, ainsi que d’une
Les plaques trapézoïdales à bords mouvemen-
frise de points épousant la base de l’ardillon,
tés et rivet saillant découvertes dans la nécro-
qui n’est pas conservé (fig. 21). Ces motifs
pole d’Aesch BL appartiennent au deuxième
géométriques encadrent un décor central ins-
e
66
style et sont datées du milieu du VII siècle :
crit dans un cadre rectiligne, représentant une
leur décor présente un placage plus important,
vannerie oblique à brins pointillés sur un fond à
un damasquinage bichrome (argent et laiton)
placage d’argent. L’extrémité en queue d’aronde
et des motifs animaliers déjà très stylisés. Sur
des plaques est ornée de têtes d’animaux, et
la plaque-boucle de la tombe 8, la subdivision
la boucle est décorée de groupes de trois fils
du décor est toutefois encore similaire à celle
d’argent séparés par des motifs cruciformes.
observée sur la garniture de la tombe T11 de
Courtepin: un entrelacs central sur fond d’argent et des lignes hachurées comblent l’espace
Fig. 20 Tombe T11 en cours de fouille, avec le mobilier dégagé: 1 plaque-boucle;
2 contre-plaque; 3 couteau; 4 petite boucle; 5 bague
entre le motif central et les bords de la plaque,
eux-mêmes rehaussés d’une bande d’argent
épousant le contour mouvementé de la garniture. Cette plaque-boucle, qui se rattache au
tout début du second style, soit un peu avant
le milieu du VIIe siècle, illustre bien l’évolution
des garnitures trapézoïdales de type Bülach, déjà
amorcée sur la garniture de Courtepin, dont on
peut dater la fabrication, comme celle de Fétigny,
1
à la période de transition entre les deux styles,
soit vers les années 630/640.
L’absence de plaque dorsale dans la tombe
T11 autorise à émettre l’hypothèse qu’il pourrait
s’agir d’une tombe féminine. En effet, plusieurs
4
2
3
garnitures trapézoïdales bipartites de Doubs
(F, Doubs) et d’Yverdon-les-Bains ont été attribuées à des femmes 67, mais vu le mauvais état
de conservation des os, l’étude anthropologique
n’a pas permis de confirmer cette allégation.
La garniture trapézoïdale à extrémité en queue
d’aronde de la tombe T15 est composée de
deux éléments: une plaque-boucle, découverte
5
94
CAF 20/2018 Études
Fig. 21 Tombe T15, garniture bipartite en fer damasquiné
Fig. 22 Tombe T20, garniture tripartite en fer damasquiné
68 Les brins à motifs d’échelle sont
toutefois plus courants pour le type
Les rivets, dont deux subsistent sur la plaque
Tour-de-Peilz et à Lausanne70, ainsi que dans le
mais aucun sur la contre-plaque, sont égale-
nord du pays, dans des nécropoles soleuroise,
ment décorés de motifs cruciformes composés
zurichoise et zougoise71. Dans le royaume franc,
d’un double fil d’argent damasquiné.
le cimetière de Goudelancourt-lès-Pierrepont a
Ce genre de garniture à queue d’aronde déco-
livré une plaque-boucle à queue d’aronde avec
rée de motifs géométriques encadrant un entre-
champ central décoré d’une vannerie à brins
Bülach (Werner 1953, 31).
lacs central à brins pointillés sur fond plaqué
obliques pointillés encadrée d’un décor géo-
69 Lorren 2001, 367-368; Marti 2000,
d’argent se rattache au type Bülach et remonte
métrique; Alain Nice date cette garniture entre
91 et note 323; Martin 1991, 102; Martin
au premier tiers du VIIe siècle68. La partie dis-
600 et 670 apr. J.-C.72. Les motifs centraux des-
70 La Tour-de-Peilz T322 (Steiner 2011,
tale en queue d’aronde, souvent rehaussée de
sinant des vanneries ou des nattés de bandes
126 fig. 87); Lausanne/Bel-Air trouvaille
têtes animalières, évoque un type de garnitures
pointillées sur placage d’argent sont nombreux
isolée (Leitz 2002, Taf. 72.5).
dont le centre de diffusion principal se trouve
dans le nord de la France, de la Lorraine à la
Taf. XXVIII. 8), Elgg ZH (Windler 1994,
en Burgondie (Suisse occidentale et Bourgogne
Manche73. Selon Claude Lorren, il ne s’agit pas
Grab 131), Baar ZG (Müller 2010, 381,
actuelles) 69. Plusieurs garnitures comparables,
d’une évolution chronologique des entrelacs à
Taf. 79.4-5, Grab 103).
décorées d’un motif central de vannerie et da-
bords arrondis, car les deux modes existent en
1971, 46-48; 103-104.
71 Balsthal SO (Werner 1953, 31-34,
72 Nice 2008, 185.
e
73 Lorren 2001, 396-399; Périn 1985,
tées du premier tiers du VII siècle, ont été re-
parallèle, mais d’une évolution stylistique qui se
487.
trouvées en Suisse romande, notamment à La
traduit par une multiplication des brins.
95
La nécropole de Courtepin/Fin Dessus
bords, une frise en nids d’abeille insérée entre
les lignes géométriques. Sur la partie la plus large
des plaques, une courte bande de motifs en escalier figure entre les rivets et l’entrelacs. Des
fils d’argent rayonnent en étoile depuis le centre de chaque rivet pour rejoindre un fil en entourant la base. La boucle est décorée de huit
groupes de trois fils d’argent séparés par un fil
en dents de scie, tandis que la base de l’ardillon
scutiforme reprend l’alternance de lignes et de
dents de scie que l’on observe sur les plaques,
délimitant ainsi un champ central rehaussé d’un
motif tissé.
Des garnitures similaires ont été mises au jour
à Doubs74, dans le nord et l’ouest de la Suisse75
ainsi que dans l’est et le nord de la France76 ;
Fig. 23 Tombe T24, avec les plaques en fer de la ceinture
toutes remontent au premier tiers du VIIe siècle,
Fig. 24 Tombe T24, garniture tripartite en fer damasquiné bichrome
La garniture tripartite de la tombe T20 se rat-
plus précisément entre 610/620 et 630 / 64077.
tache également au type Bülach du premier
Le décor de la plaque dorsale de Courtepin dif-
tiers du VIIe siècle. Elle est constituée d’une
fère toutefois de ces exemplaires dans le sens
plaque-boucle et d’une contre-plaque linguifor-
où la majorité des garnitures dorsales citées
2003, 162, fig. 6.
mes à trois rivets, ainsi que d’une plaque dor-
ci-dessus possèdent un entrelacs quadrilobé,
75 Werner 1953, Taf. XXVII-XXVIII;
sale quadrangulaire à quatre rivets (fig. 22). Des
alors que celle de Courtepin est décorée d’une
restes textiles ont par ailleurs été retrouvés
tresse à quatre brins similaire à celles que l’on
Motschi 2007, 48-51; Müller 2010, 380,
sur toutes ses faces. Les trois éléments sont
observe sur les plaques dorsales des garnitures
Taf. 157; Windler 1994, 60-61, Grab 61;
damasquinés: le décor monochrome, identique
à queue d’aronde.
sur les trois plaques de la garniture, est consti-
74 Urlacher et al. 1998, S. 208; Gizard
Weber 2015, 50-51, Streufund; Martin
1991, 105-107, 270-272, Abb.138;
Graenert 2002, 42, fig. 8; Leitz 2002,
Grab 83, Taf. 23; Schwab et al. 1997,
200-201.
tué d’un entrelacs central à quatre brins poin-
La tombe T24 (fig. 23) a également livré une
76 Gaillard de Semainville 1980, pl. 15;
tillés séparés par des bandes d’argent sur un
garniture tripartite, qui est vraisemblablement
Lorren 2001, 368-369 et pl. LXIII; Nice
fond de lignes hachurées. D’autres motifs géo-
la plus récente de cet ensemble. Découverte
métriques alternant lignes et dents de scie ainsi
au niveau des lombaires, la plaque-boucle se
que frise de points remplissent l’espace entre
trouvait du côté gauche du squelette, la contre-
le décor central et les bordures – la plaque dor-
plaque sur la droite et la plaque dorsale directe-
sale comporte en plus, sur deux de ses quatre
ment à l’ouest de la contre-plaque, face contre
2008, 181-184 (le décor de natté qui figure sur la base de l’ardillon de la tombe
S. 351 rappelle celui de la tombe T20
de Courtepin).
77 Pour une synthèse des datations
des différentes régions, voir Urlacher
et al. 1998, 210-211, fig. 173.
96
CAF 20/2018 Études
terre. De nombreux restes de textile et de cuir
Deux fils de laiton et deux d’argent encadrent le
ont été retrouvés à la fois sur les faces supé-
motif central, en épousant le contour de la base
rieure et inférieure des éléments métalliques.
des rivets qui sont rehaussés de fils de laiton
La plaque-boucle et la contre-plaque sont lingui-
en étoile.
formes, voire presque triangulaires, et portent
Cette garniture se rattache à la période de tran-
trois rivets dont l’un distal et saillant (fig. 24). Le
sition entre les types Bülach et Berne-Soleure:
décor bichrome (argent et laiton) est composé
présence d’une plaque dorsale, relative modes-
d’un ruban d’argent bordé d’un fil de laiton créant
tie du placage dans un décor bichrome à réper-
un entrelacs central en forme de huit, avec des
toire géométrique, longueur des plaques rela-
motifs de croix placés entre les brins de l’entre-
tivement courte. En Suisse, la tombe 87 de la
lacs. Le reste des plaques est orné de bandes
nécropole de Lausanne/Bel-Air a livré une garni-
hachurées d’argent et de laiton, et le bord est
ture triangulaire datée du premiers tiers du VIIe
rehaussé d’une bande d’argent et d’un fil de
siècle, dont la forme et le décor sont très pro-
laiton qui contournent la base des rivets par
ches de la nôtre78. Les plaques triangulaires du
l’intérieur – seul le rivet distal, placé sur une
cimetière d’Elgg (tombes 51 et 244) sont un
excroissance saillante, n’est pas intégré au dé-
peu plus tardives du point de vue de leur décor,
cor. La particularité de cette garniture est la
qui comporte quelques motifs animaliers et un
présence de ce qui s’apparente à la lettre S,
placage dominant, mais leur datation reste tou-
entre les deux rivets du côté large de la plaque
tefois antérieure à 65079. À Kaiseraugst, la garni-
et de la contre-plaque. Il pourrait s’agir d’un
ture linguiforme à rivet distal saillant de la sé-
motif animalier très stylisé, ou des initiales du
pulture 462 possède un entrelacs central à brins
propriétaire. La boucle, très large par rapport à la
pointillés un peu plus ancien que le décor à ban-
plaque, est ornée de groupes de traits transver-
des d’argent de Courtepin; elle est datée un
saux en fils de laiton. La plaque dorsale carrée
peu avant 630 par M. Martin80. Un décor simi-
est décorée de plusieurs arcs de cercle formés
laire, constitué de larges bandes d’argent et de
par des doubles fils d’argent; plusieurs paral-
fils de laiton, a été observé sur une garniture
lèles incitent à penser que ce décor s’apparen-
tripartite de Gelterkinden/Eifeld BL; datée entre
tait à un cercle recoupé par deux arcs de cercle.
620/640 et 66081, elle comprend une plaque dorsale ornée d’arcs de cercle constitués par deux
Fig. 25 Plaquette dorsale isolée découverte dans les déblais
bandes d’argent, assez proches de celles de
Courtepin. La plaque dorsale de la tombe 108
de Baar arbore un motif central plus soigné qu’à
Courtepin, mais qui semble identique: un cercle
recoupé par deux arcs82. Ce motif rappelle également certaines plaques dorsales de garnitures
tripartites ornées d’une croix de saint André inscrite dans un cercle83. Un autre parallèle, tant
au niveau de la forme que du décor, est attesté
du côté de la Saône-et-Loire, à Curtil-sousBurnand84; Henri Gaillard de Semainville le place également à la transition entre les courants
Bülach et Berne-Soleure, soit vers 630/640,
avec comme arguments l’existence d’une plaque
dor-sale carrée et la modestie du placage. Dans
le nord de la France, des plaques triangulaires
similaires à la nôtre ont été mises au jour à
Lorleau (F, Eure) et à Verson (F, Calvados), où
elles remontent au VIIe siècle85. Au vu de ces parallèles, une datation de la garniture de la tombe
T24 de Courtepin vers 630/640 nous semble
tout à fait plausible.
97
La nécropole de Courtepin/Fin Dessus
En sus des sept garnitures de ceinture découvertes dans des sépultures, une plaquette dorsale quadrangulaire (fig. 25) a été retrouvée dans
les déblais de l’un des bâtiments romains. Cette
plaquette appartient à une garniture tripartite de
type Bülach, probablement similaire à celles des
tombes T15 et T20 (voir fig. 21 et 22). Son décor
monochrome est constitué d’un motif central de
vannerie à brins pointillés encadré de bandes en
échelle et de marches d’escalier. Les rivets sont
rehaussés de doubles fils d’argent disposés en
croix, et leur base est encerclée d’un fil d’argent.
Des plaquettes dorsales similaires, appartenant à des garnitures tripartites de type Bülach
et datées du premier tiers du VIIe siècle, ont été
mises au jour dans le nord de la Suisse86 et le
1 cm
nord de la France87.
Les garnitures en fer retrouvées dans les sépul-
Fig. 26 Tombe T11, bague en bronze avec monogramme
tures de Courtepin se rattachent donc majoritairement au courant Bülach, daté du premiers
e
trale aplatie et élargie formant un chaton rectan-
tiers du VII siècle. Les ensembles mis au jour
gulaire (fig. 27). Les côtés du jonc et le chaton
dans les tombes T1 et T24 sont les plus récents
sont ornés d’incisions. Les motifs sur le chaton
et remontent aux années 630/640. Le type Berne-
correspondent à un monogramme constitué de
Soleure ne figure pas parmi les découvertes, ce
deux lettres reliées par une incision diagonale;
qui confirme une datation avant le milieu du VIIe
l’inscription est identique dans les deux sens de
siècle, du moins pour cette partie du cimetière.
lecture. De part et d’autre de ce monogramme,
deux triangles décorent les côtés du jonc.
Parures et accessoires
Fig. 27 Tombe T26, bague en bronze avec monogramme
Deux bagues en bronze (pl. 4 et 10) ainsi qu’un
couteau en fer (pl. 5) et une petite boucle en tôle
de bronze (pl. 5) ont été retrouvés à Courtepin.
Les bagues
78 Leitz 2002, Taf. 25 et 78.
79 Windler 1994, 66.
Une première bague se trouvait dans la tombe
80 Martin 1991, 107, Abb. 272, Taf. 31A.
T11, où elle a été découverte autour d’une pha-
81 Marti 2000, 93, Abb. 50.
82 Müller 2010, 382 et Taf. 82.
lange reposant sur le coxal gauche. Elle possède
83 Par exemple la garniture de la
un jonc de section ovale dont la partie centrale,
tombe 105 d’Oberbuchsiten datée de
aplatie et élargie, forme un chaton quadrangu-
630/640 (Motschi 2007, Taf. 34).
laire sur lequel figure un décor incisé, vraisem-
84 Gaillard de Semainville 1980,
123-124 et 127, pl. 21.62 T. 286.
blablement un monogramme (fig. 26). Deux pe-
85 Lorren 2001, 359-360, pl. LII.1-2.
tites dépressions circulaires ornent chaque côté
86 Therwil/Benkenstrasse, Grab 5
du jonc, de part et d’autre du chaton.
(Marti 2000, 87-91, Abb. 44.6); Elgg,
Grab 131 (Windler 1994, Taf. 47),
Balsthal (Werner 1953, Taf. XXVIII.8c);
Dans la tombe T26, la bague a été mise au jour
Oberbuchsiten, Grab 65 (Motschi 2007,
sur le coxal gauche du squelette, au niveau de
Taf. 23); Baar, Grab 103 (Müller 2010,
l’acétabulum. Son anneau présente également
un jonc de section ovale, avec une partie cen-
Taf. 79 et Abb. 117).
1 cm
87 Goudelancourt-lès-Pierrepont,
T. 311T (Nice 2008, fig. 262).
98
CAF 20/2018 Études
Fig. 28 Tombe T11, mobilier métallique (garniture de ceinture, couteau, bague et fragments d’une petite boucle)
On observe un décor latéral proche sur une ba88
88 Urlacher et al. 1998, pl. 46.
gue de Doubs . Les bagues à monogrammes,
l’exception des garnitures de ceinture et des
fréquentes dans la région burgonde, sont da-
bagues, seuls deux éléments – mis au jour dans
tées du VIIe siècle par M. Martin, mais Andreas
la tombe T11 – peuvent être interprétés comme
Motschi propose une datation plus précise pour
dépôts funéraires. Il s’agit d’un couteau en fer
celles d’Oberbuchsiten, à savoir le premier tiers
et d’une petite boucle rectangulaire en bronze
du VIIe siècle89. Dans la plupart des cas, le mono-
(fig. 28) retrouvés près de la plaque-boucle, sur
gramme est constitué d’une barre oblique, sou-
le côté gauche du squelette (voir fig. 20).
vent recoupée perpendiculairement par un «S»
Le couteau en fer, étroit (2,1 cm) et d’une lon-
plus ou moins stylisé. Deux ou plusieurs lettres
gueur supérieure à 11 cm, a été retrouvé pointe
figurent en général aux extrémités ou de part et
dirigée vers l’est. Sa lame à dos droit est frag-
d’autre de la ligne oblique.
mentée en deux, et sa soie ainsi que sa pointe
manquent. Le couteau constitue un type d’ob-
89 Kaiseraugst (Martin 1991, 68-69,
Abb. 36); Yverdon-les-Bains (Steiner/
provient de la démolition de la villa romaine. À
Les bagues, généralement portées par les fem-
jet fréquemment attesté dans les cimetières du
mes, sont parfois présentes dans des tombes
Haut Moyen Âge, car il faisait partie intégrante
Saint-Sulpice (Marti 1990, 67-68);
masculines. La bague à monogramme de la sé-
du costume à cette époque90. Les fragments
Fétigny (McCullough 2008, pl. 8.43);
pulture T26 de Courtepin, semble avoir été por-
de cuirs conservés sur les deux faces du cou-
Doubs (Urlacher et al. 1998, 131-133);
tée par une femme d’une trentaine d’années.
teau de la sépulture T11 attestent que celui-ci
Menna 2000, 126, pl. 36 et fig. 306);
Lausanne (Leitz 2002, pl. 26, 31, 41, 83);
Oberbuchsiten (Motschi 2007, 88);
était rangé dans son fourreau au moment de
Sézegnin (Privati 1983, 52, pl. VI); CurtilSous-Burnand (Ajot 1985, 46); Charnay
Le couteau et la petite boucle quadrangulaire
(Baudot 1857-1860 pl. XV). Voir aussi
Moosbrugger-Leu 1971, 212-216, Taf. 54.
l’inhumation. Sur la partie distale de la lame, on
distingue les restes de plusieurs petits rivets
90 Marti 2000, 124-126; Steiner/Menna
La majorité des pièces métalliques retrouvées
en bronze qui devaient renforcer la couture du
2000, 181-182.
dans le sédiment de remplissage des tombes
fourreau du côté du tranchant de la lame. Des
99
La nécropole de Courtepin/Fin Dessus
fragments de textile, provenant probablement
de cuir sur le couteau de la tombe T11 suggère
du vêtement du défunt, sont conservés sur la
que l’ustensile, rangé dans son fourreau, ne se
91
trouvait pas dans la sacoche, mais qu’il avait été
partie proximale du couteau .
La boucle rectangulaire en tôle de bronze, à
fixé à la ceinture à l’aide d’une lanière, égale-
section plate, se trouvait à proximité du couteau
ment en cuir. Quant aux restes textiles obser-
et pourrait appartenir au système de fermeture
vés sur le cuir du fourreau, ils indiquent bien
d’une aumônière – sacoche en cuir ou en étoffe
que ce dernier était en contact avec le vête-
fermée par un rabat – également accrochée à la
ment du défunt. M. Martin avait déjà observé
ceinture. Ce genre d’accessoire, retrouvé princi-
qu’à Kaiseraugst, durant le premier tiers du VIIe
palement dans les tombes masculines, est le
siècle, les couteaux des tombes masculines
plus souvent attesté seulement par la présence
n’étaient plus placés dans les aumônières ou
d’un fermoir métallique dont l’emplacement
fixés à celles-ci, mais accrochés à la ceinture
est variable92. Les aumônières sont fréquentes
dans un fourreau à côté du scramasaxe93.
dans les nécropoles qui sont datées entre le
deuxième tiers du VIe et le début du VIIe siècle.
Les sépultures pouvaient alors contenir toute
Restes organiques
une série d’objets utilitaires tels des couteaux,
briquets, pinces, poinçons, alênes, etc. La dé-
Une quinzaine d’objets métalliques – certains
couverte, à Courtepin, de restes de deux types
éléments de garnitures de ceinture ainsi que le
Fig. 29 Restes organiques conservés sur les objets métalliques
Tombe
Inv.
Désignation
Matière
Face terre/face ciel
Restes organiques
T4
1029-5
plaque-boucle trapézoïdale
fer
face ciel
deux textiles
T11
1022-1
contre-plaque damasquinée
fer
face terre
bois
faces terre+ciel
deux textiles
1022-2
plaque-boucle damasquinée
fer
face terre
cuir (ceinture)
face ciel
textile
1022-3
couteau
fer, bronze
faces terre+ciel
cuir: fourreau
face terre
cuir: fourreau et lanière de suspension?
face terre
textile laine (recouvre la lanière en cuir)
face terre
cuir
face terre
textile laine
T16
T20
T24
1021-1
plaque-boucle circulaire gravée
bronze étamé
1038-1
contre-plaque damasquinée
fer
faces terre+ciel
cuir (sur face ciel lanière en diagonale)
1038-2
plaque-boucle damasquinée
fer
face terre
cuir
faces terre+ciel
textile laine
1038-4
plaque dorsale damasquinée
fer
face terre
bois
91 Voir infra fig. 32.
face ciel
textile
92 Ces éléments peuvent se trouver au
face terre
bois (cercueil?)
face terre
cuir (poche? ceinture?)
face terre
textile lin ou chanvre
et 441A (Urlacher et al. 1998, 178-179);
face ciel
textile laine
La Tour-de-Peilz, tombe 191.2 (Steiner
face ciel
cuir ou peau humaine
2011 171-174, pl. 11.6); Sézegnin, tombe
face terre
cuir
face terre
textile
61.9 et 67.15); Saint-Sulpice, tombes
face ciel
textile
7, 28, 116, 168 (Marti 1990, 95, Abb.
face terre
cuir (ceinture)
57); Oberbuchsiten (Motschi 2007, 61);
face ciel
deux textiles lin/chanvre et laine
Kaiseraugst, Gräber 37, 55, 858, 961,
faces terre+ciel
textile
1025-1
1025-2
1025-5
plaque dorsale damasquinée
contre-plaque damasquinée
plaque-boucle damasquinée
fer
fer
fer
niveau du bassin, à côté des lombaires,
sur le torse, à côté des bras ou encore à
proximité du crâne: Doubs, tombes 256
51 (Privati 1983, pl. II); Lausanne, tombes
200, 246 et 276 (Leitz 2000, pl. 53.12,
1014, 1056, 1058 (Martin 1991, 127-136);
T31
1043-1
boucle de ceinture
fer
Bülach, Gräber 17, 189, 251, 276 (Werner
1953, 25, Taf. 4.18-22).
93 Martin 1991, 131.
100
CAF 20/2018 Études
Tombe
Inv.
Désignation
Fils
Face ciel/
face terre
Diamètre fils
(mm)
Nombre de
fils par cm
Armure
Matière
Qualité
Type de
vêtement
T4
1029-5
plaque-boucle
?
face ciel
0,5
12
toile
ind.
moyenne
linceul?
z/z
face ciel
0,5
ind.
sergé 2/2
laine
moyenne
manteau?
?
face terre
?
ind.
?
animale
grossière
manteau?
z/z
faces terre+ciel
0,4-0,5
15
toile
lin/chanvre
moyenne
tunique ?
T11
1022-1
contre-plaque
1022-2
plaque-boucle
z/z
face ciel
0,4-0,5
15
toile
lin/chanvre
moyenne
tunique?
1022-3
couteau
z/z
face terre+
dos de la lame
0,5-0,3
28/10
toile face trame
laine
fine
surtunique?
T16
1021-1
plaque-boucle
z/s
face terre
0,5
ind.
sergé?
laine
moyenne
surtunique?
T20
1038-2
plaque-boucle
z/s
face ciel
0,5-0,8
8/8
sergé 2/2 à chevron
laine
grossière
manteau?
1038-4
plaque dorsale
?
face ciel
0,5-0,8
ind.
sergé 2/2 à chevron
laine?
grossière
manteau?
1025-1
plaque dorsale
T24
T31
zz/zz
face terre
0,5
10
panama
lin/chanvre
grossière
drap? linceul?
z/s
face ciel
0,5-1
ind.
sergé 2/2?
laine
grossière
surtunique?
1025-2
contre-plaque
zz/zz
face terre
0,5
ind.
panama
lin/chanvre
grossière
tunique?
1025-2
contre-plaque
z/s
face ciel
0,5-1
9/8
sergé 2/2
laine
grossière
manteau?
1025-5
plaque-boucle
z/z
face ciel
0,3-0,5
19/14
toile
lin/chanvre
fine
linceul?
z/s
face ciel
0,5-1
9/8
sergé 2/2
laine
grossière
manteau?
z/?
face ciel
0,4
15
toile
ind.
moyenne
linceul?
1043-1
boucle
Fig. 30 Restes textiles retrouvés sur les objets métalliques
couteau – ont livré des restes de textiles, de cuir
Restes textiles
et/ou de bois qui ont été minéralisés au contact
du métal, en raison d’une corrosion rapide due
Une quinzaine de restes textiles différents, en
au milieu d’enfouissement (fig. 29).
laine de mouton, lin ou chanvre, ont pu être ob-
Grâce à l’analyse des restes de textiles ainsi
servés par microscopie électronique à balayage,
conservés94, il est possible de déterminer l’ar-
sous leur forme minéralisée à la surface des ob-
mure du tissage, c’est-à-dire le mode d’entre-
jets métalliques – six des sept garnitures de cein-
croisement des fils (toile, sergé, sergé à che-
ture en possédaient (fig. 30).
vron, etc.), la qualité du tissu (fin ou grossier
À l’exception de l’étoffe de la tombe T11, le
selon le diamètre des fils et leur nombre par
tissage de la laine est plutôt grossier. La qua-
cm2 ) et le sens de torsion des fibres (fils en «S»
lité du fil, idéale pour un climat frais et humide
95
ou en «Z») . Quant à l’observation microsco-
(diamètre de fil variant entre 0,3 et 1 mm pour
pique de la morphologie des fibres, elle permet
8 à 9 fils au centimètre, contre 28 pour la laine
en outre de différencier leur origine, végétale
fine de la tombe T11) correspond à des vête-
(lin ou chanvre) ou animale (laine).
ments portés par-dessus les tuniques, comme
Pour ce qui concerne le cuir, il est en revanche
des manteaux ou des capes. Les tissus en fi-
plus difficile de déterminer l’espèce animale uti-
bres végétales sont de qualité variable, avec
été effectuée par Antoinette Rast-Eicher
lisée, car le processus d’oxydation de ce maté-
un diamètre de fil oscillant entre 0,3 et 0,5 mm
(Archeotex, rapport non publié) à l’aide
riau peut entraîner la disparition de la surface
pour 10 à 19 fils au centimètre. Au niveau des
poreuse de la peau, celle qui permet justement
techniques de filage et de tissage, tous les fils
94 L’analyse des restes organiques a
d’un microscope électronique à balayage
(MEB). Pour une brève description du
processus d’oxydation, voir l’article de
F. Lagger et M.-J. Scholl, dans ce volume.
95 On se sert de ces deux lettres pour
indiquer le sens de torsion des fibres
96
l’identification de l’animal .
de chaîne placés dans la longueur sont filés en
Enfin, dans le cas des restes de bois (plan-
«Z», tandis que les fils de trame situés dans la
ches de coffrages, manches de couteaux, de
largeur sont filés soit en «Z» soit en «S», ces
selon la médiane de chacune des lettres.
scramasaxes et d’autres outils, etc.), la struc-
derniers permettant un tissage plus dense pour
96 À ce sujet, voir Müller 2010, 146-
ture cellulaire du bois se conserve également
les tissus sergés.
147.
par minéralisation, ce qui permet une identifica-
Plusieurs types d’armures97 ont pu être mis
mure est le mode d’entrecroisement des
tion de l’espèce, qui n’a pas pu être effectuée
en évidence: la toile, le panama, le sergé 2/2 et
fils de chaîne et des fils de trame.
dans le cadre de cette étude.
le sergé 2/2 à chevron (fig. 31). L’armure la plus
97 Dans le contexte du tissage, l’ar-
101
La nécropole de Courtepin/Fin Dessus
Toile
Panama
Sergé 2/2
Sergé 2/2 à chevron
Fig. 31 Les différents types d’armures de Courtepin
simple est la toile: le fil de trame passe en alter-
tissu en dissimulant les fils de chaîne. Il s’agit d’un
nance dessus puis dessous le fil de chaîne; le
type de toile utilisé pour les tuniques et fréquem-
panama est similaire à la toile, mais les fils de
ment retrouvé en contexte romain, mais quelques
chaîne et de trame sont doublés, conduisant à
exemples du VIIe siècle sont attestés, notamment
une plus grande souplesse du tissu; dans l’ar-
à Bösingen/Cyrusmatte FR et à Köniz/Oberwangen
mure sergée, le fil de trame passe en alternance
BE100. Ce fragment de textile doit certainement pro-
par-dessus puis par-dessous au moins deux fils
venir d’un second vêtement, que le défunt portait
98
de chaîne , avec un décalage entre les rangées
par-dessus sa tunique en lin, et contre lequel le cou-
pour créer une structure diagonale; enfin, le ser-
teau s’appuyait.
gé chevron est une variante du sergé, avec une
alternance régulière de la direction du tissage
qui dessine un motif en zigzag. À Courtepin, les
toiles sont principalement en lin ou en chanvre
de qualité moyenne; la laine est attestée dans
un cas, et la nature de la fibre n’a pas pu être
déterminée dans deux autres cas. Les sergés
sont toujours en laine. Les matières ainsi que
les armures représentées ici appartiennent toutes à des types de textiles connus depuis l’époque romaine, et témoignent de la continuité des
techniques de tissage antiques durant le Haut
Moyen Âge99.
Dans la sépulture T11, deux couches superpo-
Fig. 32 Tombe T11, restes textiles sur le couteau
sées d’un textile à armure toile en fibres végétales ont été observées sur la face damasquinée
de la plaque-boucle. Le défunt ayant été inhumé
98 À Courtepin, les sergés
bras repliés sur le bassin, il est probable que
sont 2/2, c’est-à-dire que le fil
ces restes correspondent aux deux épaisseurs
de trame passe sous deux fils
de la manche de son vêtement. Sur la contre-
de chaîne puis sur les deux fils
plaque, deux tissus différents, l’un en laine et
suivants et ainsi de suite. D’autres types de sergés (2/1, 3/1,
l’autre en fibres végétales, sont préservés; le
2/4 etc.) n’ont pas été observés
premier, plus grossier, se trouve uniquement
parmi les textiles conservés.
au revers de la plaque et doit correspondre aux
99 A. Rast-Eicher, «Römische
restes d’un manteau, le second, en lin ou en
und frühmittelalterliche Gewebebindungen», in: Windler/
chanvre, retrouvé sur les deux faces de la garni-
Fuchs 2002, 115-124.
ture, pourrait appartenir à la tunique portée par
100 Informations tirées des
le défunt, le fragment face ciel à la manche de
rapports non publiés d’A. RastEicher sur les études textiles de
cette tunique. L’armure toile face trame en laine,
Courtepin et de Bösingen. Pour
dont un fragment est conservé sur le dos de la
Köniz/Oberwangen, voir Ch.
lame et sur la face terre du couteau de la tombe
Kissling, «Köniz,Oberwangen.
Ein frühmittelalterliches Grä-
T11 (fig. 32), est un type de textile dans lequel
les fils de trame prédominent à la surface du
berfeld in Oberwangen»,
Fig. 33 Tombe T24, restes textiles sur la plaque-boucle
ArchBE 2015, 136-160.
102
CAF 20/2018 Études
tenant probablement à un manteau, ainsi qu’un
fragment de toile fine de lin ou de chanvre qui
pourrait provenir d’un linceul.
La présence simultanée de différents types
de toile et de sergé sur certaines garnitures (T4,
T11 et T24; voir fig. 30) permet de mieux appréhender l’habillement des défunts de Courtepin:
une première tunique fine en fibres végétales à
même la peau (camisia) , une seconde en laine
avec manches ( tunica, dalmatique ou gonelle)
ou sans (colobe), toutes deux resserrées à la
taille par une ceinture, et un manteau plus épais
en laine (pallium) porté soit sous la ceinture, soit
par-dessus l’ensemble (ce manteau était parfois
fermé par une ou plusieurs fibules)101. Ce costume, apparemment similaire pour les hommes
et les femmes – la tunique des femmes semble
Fig. 34 Tombe T24, détail des restes organiques (peau humaine?) sur la plaque dorsale
juste avoir été plus longue comme le suggèrent
les restes textiles mis en évidence sur une
garniture métallique retrouvée sous la fibula
de la défunte de la sépulture 221 d’Elgg102 –,
était complété par des braies ou des chausses
lacées sur les jambes. À Courtepin, le fait que
les ceintures étaient portées par les défunts et
non pas déposées sur ou à côté d’eux, comme
c’est parfois le cas dans d’autres cimetières,
démontre que ceux-ci ont été enterrés vêtus de
leurs habits traditionnels et non pas nus, simplement enveloppés dans des draps funéraires.
D’autres textiles conservés sur les objets mé-
Fig. 35 Tombe T11, restes organiques sur le couteau
talliques de Courtepin semblent provenir de tissus autres que les vêtements, comme des lin-
Les deux textiles retrouvés sur la plaque dorsale de la tombe T24 (fig. 33) proviennent de dif-
ceuls ou encore des draps déposés sur le fond
du cercueil.
férentes pièces de tissu. Le premier, un panama
en lin ou en chanvre retrouvé sur l’avers (face
101 À ce sujet, voir R. Marti, «Vergra-
terre), était piégé entre la surface métallique de
Restes de cuir
benes ans Licht gebracht: archäologi-
la plaque et le bois du coffrage; il ne s’agit donc
sche Fundstücke frühmittelalterlicher
pas de restes de la tunique du défunt, mais plu-
Les objets métalliques des sépultures T11, T16,
tôt de fragments du linceul dans lequel le corps
T20 et T24 ont livré les restes d’une dizaine de
2006, 14-21; F. Médard – C. Moulhérat,
était enveloppé au moment de l’inhumation,
morceaux de cuir (voir fig. 29), dont l’état de
«Les textiles mérovingiens: état des
voire d’un drap placé sur le fond du coffrage
conservation n’a pas permis de déterminer l’ori-
et sur lequel reposait le défunt. Le second, un
gine. Sur les garnitures de ceinture, ces restes
E. Peytremann (dir.), L’Austrasie. Société,
fragment de sergé en laine de qualité grossière
se trouvaient toujours au revers, c’est-à-dire sur
économies, territoires, christianisation,
mis en évidence sur le revers (face ciel, contre
la face qui était fixée au cuir.
Actes des XXXVIe journées interna-
le dos du défunt), provient d’un vêtement que le
Kleidung», Kunst + Architektur in der
Schweiz 57.4: Kleidung im Mittelalter,
recherches et nouvelles découvertes
dans l’Est de la France», in: J. Guillaume –
tionales d’archéologie mérovingienne
(Nancy, 2005), Nancy 2008, 131;
défunt portait par-dessus sa tunique en lin, dont
Dans la sépulture T11, deux fragments de cuir
Rast-Eicher 2005; C. Enlart, Manuel
des restes étaient également conservés sur le
sont minéralisés au revers de la boucle, ce qui
d’archéologie française depuis les temps
revers de la contre-plaque. Enfin, les faces ciel
prouve que la ceinture était fermée au moment
Le costume, Paris 1916, 13-20.
de la plaque-boucle et de la contre-plaque ont
de l’inhumation. Sur le revers de la plaque-boucle
102 Windler 1994, 107.
livré des fragments de sergé 2/2 en laine appar-
en bronze de la tombe T16, deux lambeaux de
mérovingiens jusqu’à la Renaissance III:
103
La nécropole de Courtepin/Fin Dessus
cuir appartenant vraisemblablement à la ceinture ont été conservés au niveau de la charnière,
entre la plaque et la boucle. Plusieurs petits morceaux de cuir très minéralisés subsistent également sur le revers de la plaque-boucle et de la
contre-plaque de la tombe T20, et un fragment
de cuir allongé, peut-être une lanière, traverse
en diagonale la face damasquinée de la contreplaque. Dans la tombe T24, les trois éléments
métalliques de la ceinture présentent des restes de cuir. Sur la face terre de la plaque dorsale (c’est-à-dire la face damasquinée qui était
positionnée contre le fond de la fosse), deux
petits morceaux de cuir se trouvaient à proximité du bord de la pièce; il pourrait s’agir ici de
fragments de la ceinture qui ont migré depuis le
revers. Sur la face ciel, une couche de matière
organique, qui peut être interprétée comme du
Fig. 36 Tombe T24, détail des restes de bois sur la plaque dorsale
cuir ou de la peau humaine au vu des petits plis
observés en surface, est perceptible (fig. 34).
Dans les tombes T20 et T24, quelques frag-
Les restes de cuir observés sur le revers de la
ments ligneux sont conservés sur les faces da-
plaque-boucle et de la contre-plaque montrent
masquinées des plaques dorsales (fig. 36). Lors-
que dans ce cas aussi, la ceinture était fermée
que la ceinture est portée par le défunt, cette
au moment de l’inhumation. Les perforations de
face se retrouve en contact avec le fond de la
la couture du bord de la ceinture visibles sur le
sépulture (face terre), et la présence de bois
fragment de cuir situé au revers de la boucle
sur les plaques permet de confirmer l’existence
confirment cette conclusion.
d’une planche de fond.
Le cas du couteau de la tombe T11 est particulièrement intéressant, car deux cuirs différents sont conservés sur ses deux faces. Les
Anthropologie
restes du fourreau sont particulièrement bien
visibles vers la pointe de la lame (fig. 35): on
L’étude des ossements de Courtepin a été effec-
distingue en effet, le long du bord tranchant, les
tuée par Sophorn Nhoem, dans le cadre de son
restes du cuir avec les perforations de la cou-
travail de Master en archéologie à l’Université
ture, par ailleurs renfoncée par plusieurs petits
de Berne104. Le but de son analyse était d’obte-
rivets en bronze. Sur la partie large de la lame
nir un maximum d’informations biologiques à
se trouvent les restes d’un second fragment de
partir des ossements récoltés, afin de pouvoir
cuir, plus fin et partiellement recouvert par des
établir une vue d’ensemble de la population in-
restes textiles; il pourrait s’agir de la lanière de
humée (âge et sexe, état de santé, traumas et
suspension du couteau à la ceinture.
maladies; fig. 37).
Aucun squelette n’était malheureusement pré-
Restes de bois
servé dans son intégralité: le plus complet se
trouvait dans la tombe T5 (73,8% d’ossements
Du bois minéralisé a été observé sur des objets
103
provenant de trois tombes (voir fig. 29) .
préservés), le moins bien conservé dans la sépulture T29 (1,7% d’ossements préservés). Les
103 Aucune détermination des bois n’a
pour l’instant encore été réalisée.
104 Ce travail (Nhoem 2017) a été réa-
Sur le revers (face terre) de la contre-plaque
déterminations sont donc tributaires de l’état
de la tombe T11, on distingue un fragment de
de conservation relativement mauvais des os-
de l’Institut de médecine forensique du
bois fin et allongé placé en diagonale, qui pour-
sements.
Département d’anthropologie physique
rait correspondre à un objet glissé entre la ceinture et le vêtement.
L’estimation de l’âge au décès (fig. 38 et 39)
a révélé la présence de 22 adultes (81,5%) et de
lisé sous la direction du Dr Sandra Lösch
de l’Université de Berne et du Pr. Albert
Hafner de l’Institut de sciences archéologiques de l’Université de Berne.
104
CAF 20/2018 Études
Tombe
Sexe
Âge min.
Âge max.
Âge moyen
Classe d'âge
Taille (cm)
Pathologies
Mobilier
T1
ind.
-
-
-
mature
-
-
-
T2
ind.
-
-
-
mature
-
-
-
T3
M
40
60
50
mature
167.5 ± 4.8
-
-
T4
ind.
25
50
37.5
adulte
-
-
plaque-boucle
T5
M
40
60
50
mature
166.9 ± 4.9
fracture cicatrisée sur phalange de la main
-
T6
ind.
11
13
12
enfant II
-
-
-
T7
ind.
40
50
45
mature
-
-
-
T8
F
40
60
50
mature
-
-
-
T9
M
50
70
60
âgé
175.1 ± 4.8
coup tranchant peri-mortem
-
T10
ind.
25
35
30
adulte
-
-
-
T11
ind.
25
35
30
adulte
-
-
garniture bipartite,
couteau, bague
T12
ind.
20
40
30
adulte
-
-
-
T14
ind.
14
16
15
juvénile
-
hypoplasie dentaire
-
T15
M
45
60
52.5
mature
172.2 ± 4.7
croissance osseuse sur le métacarpe 1
garniture bipartite
T16
ind.
15
17
16
juvénile
-
-
garniture bipartite
T17
ind.
15
18
16.5
juvénile
-
-
-
T18
M
50
70
60
âgé
-
arthrose sur les vertèbres cervicales
-
T19
M?
-
-
-
mature
170.1 ± 4.7
-
-
T20
ind.
30
50
40
mature
-
-
garniture tripartite
T24
ind.
-
-
-
adulte
-
-
garniture tripartite
T26
F?
25
35
30
adulte
-
-
bague
T27
ind.
-
-
-
mature
-
-
-
T28
M?
40
50
45
mature
-
-
-
T29
ind.
-
-
-
mature
-
-
-
T30
M
25
35
30
adulte
165.1 ± 4.9
-
-
T31
ind.
14
17
15.5
juvénile
-
blessure circulaire cicatrisée sur l'os frontal
gauche
boucle
T33
ind.
-
-
-
mature
-
-
-
Classes d’âge: enfant II = 7-13 ans; juvénile = 14-19 ans; adulte = 20-39 ans; mature = 40-59 ans; âgé = plus de 60 ans
Fig. 37 Données anthropologiques concernant les squelettes de Courtepin
cinq immatures (18,5%), le plus jeune étant un
moyenne pour les hommes, qui s’élève à 169,4
enfant décédé entre 11 et 13 ans (T6). L’absence
± 4,8 cm, est similaire à celle de la population
de nouveau-nés et de très jeunes enfants, phé-
masculine d’autres cimetières fribourgeois106.
nomène très fréquent dans les cimetières du
105 Windler et al. 2005, 174-176.
106 B. Kaufmann – M. Schoch, Ried/
Haut Moyen Âge, est peut être liée à la position
Mühlehölzli. Ein Gräberfeld mit früh-
sociale des plus petits, qui devaient avoir atteint
mittelalterlichen und hallstattzeitlichen
un certain âge avant de pouvoir être enterrés
Bestattungen. Anthropologie (AF 1b),
Pathologies et traumatismes
avec le reste de la communauté105. Le faible
Plusieurs types de lésions et affections ont laissé
Domdidier. Chapelle Notre-Dame-de-
nombre d’enfants peut également être lié à la
leurs stigmates sur les ossements de Courtepin
Compassion. Anthropologie (AF 9b),
mauvaise conservation des os, ou encore au
(voir fig. 37). Quelques marqueurs de stress ont
regroupement des ossements dans une zone
ainsi pu être observés, par exemple des tra-
107 L’hypoplasie dentaire est un arrêt
qui n’a pas encore été explorée. Quant à l’esti-
ces de cribra orbitalia (lésions poreuses visibles
de la croissance dentaire visible sous
mation du sexe, elle a été entravée par la mau-
au niveau du toit de l’orbite) sur le défunt de
la forme de rainures horizontales et lié
vaise conservation des os, ce qui explique que
la tombe T30 et de l’hypoplasie dentaire (dé-
traumatismes, maladies chroniques,
sur un total de 27 squelettes, seuls sept indi-
faut dans le développement de l’émail) dans
etc.). L’observation des marqueurs
vidus masculins et deux féminins ont pu être
les tombes T14 et T30107. Dans les deux cas,
d’hypoplasie est utilisée pour déterminer
formellement identifiés (voir fig. 38). La stature
il s’agit de pathologies généralement causées
de stress durant leur enfance et en
a pu être évaluée pour six individus masculins,
par des carences alimentaires ou par certaines
estimer la durée.
d’après la mesure des os longs (fig. 40); la taille
maladies chroniques, ce qui pourrait expliquer
Freiburg 1983; W. Schoch – B. Kaufmann,
Fribourg 1992; Graenert 2015b, 88;
Graenert 2017, 223.
à des périodes de stress (malnutrition,
si des individus ont connu des périodes
105
La nécropole de Courtepin/Fin Dessus
Âge
Féminin
%
Masculin
%
Ind.
%
Total
%
0-6 mois
-
-
-
-
-
-
-
-
6 mois-6 ans
-
-
-
-
-
-
-
-
7-13 ans
-
-
-
-
1
3.7
1
3.7
14-19 ans
-
-
0
-
4
14.8
4
14.8
20-39 ans
1
3.7
1
3.7
5
18.5
7
25.9
40-59 ans
1
3.7
4
14.8
8
29.7
13
48.2
60 ans et plus
-
-
2
7.4
-
-
2
7.4
Total
2
7.4
7
25.9
18
66.7
27
100
Fig. 38 Estimation de l’âge et du sexe des défunts au moment du décès
14
12
10
8
6
4
2
60 ans et plus
40-59 ans
20-39 ans
14-19 ans
0 - 6 mois
6 mois - 6 ans
7-13 ans
0
Fig. 39 Nombre de décès par tranche d’âge
Longueur des os
Estimation de la taille d'après l'os
Tombe
Sexe
Âge
Hu
Ra
Fe
Ti
Hu
Ra
Fe
Ti
Taille moyenne
T3
M
40-59
31.5
-
-
35.6
168.7
-
-
166.3
167.5 ± 4.8
T5
M
40-59
31.3
23.6
44
35.4
168.1
167.1
166.6
165.9
166.9 ± 4.9
T9
M
60+
33.9
-
49.1
-
175.2
-
175
-
175.1 ± 4.8
T15
M
40-59
-
-
46.8
39.1
-
-
171.2
173.3
172.2 ± 4.7
T19
M?
40-59
-
-
47.4
36.5
-
-
172.2
168.1
170.1 ± 4.7
T30
M
20-39
-
22.3
44.6
34.7
-
163.2
167.6
164.5
165.1 ± 4.9
Taille moyenne (n=6) (cm)
169.4 ± 4.8
Hu = humérus; Ra = radius; Fe = fémur; Ti = tibia
Fig. 40 Taille moyenne des individus masculins, d’après la longueur des os longs
le décès de ces personnes à un âge peu avancé
rieuses ou ne sont représentées que par une ra-
par rapport aux autres défunts du cimetière, à
cine. Ce nombre est un peu plus élevé que dans
savoir 14 à 16 ans pour le premier, 25 à 35 pour
d’autres cimetières du canton de Fribourg, par
le second.
exemple Ried/Mühlehölzli et Riaz/Tronche-Bélon.
L’observation des dents a pu se faire pour 18
Des traces d’arthrose ont été relevées chez
individus; treize souffraient de caries (72,2%),
sept individus: au niveau des hanches (T1, T5,
108 B. Kaufmann – C. Hillenbrand-
un quota comparable à celui du cimetière de
T7, T9 et T15), des genoux (T2, T7 et T15), des
Unmüssig – N. Xirotiris – C. Papageor-
Gumefens/Sus Fey108. Sur un total de 241 dents
épaules (T3, T9 et T15) et des coudes (T7 et
examinées, 62 (25,7%) montrent des lésions ca-
T9). Une spondylarthrite a été observée dans
gopoulou, «Anthropologische Auswertung der menschlichen Skelettreste»,
in: Graenert 2015b, 96-97.
106
CAF 20/2018 Études
a causé la fracture sur l’os frontal ainsi que la
mort de l’individu – aucun signe de cicatrisation
n’a été observé – mesure environ 74 mm de
longueur sur 3 mm de largeur et a traversé la tabula interna entre l’os frontal et la suture coronale droite. Plusieurs fractures apparaissent à
chaque extrémité de la lésion et témoignent de
la violence du geste. Le coup a été porté avec
une force considérable, au moyen d’un objet
tranchant et lourd, probablement une hache de
taille moyenne dont la lame mesurait environ
70-80 mm de long sur 2- 3 mm de large.
Ce genre de blessure mortelle témoignant de
violences interpersonnelles n’est pas rare dans
les cimetières du Haut Moyen Âge, et d’autres
exemples ont été observés à Yverdon-les-Bains
a
et La Tour-de-Peilz notamment109. Quant à la lésion ovalaire sur l’os temporal droit (10 x 8 mm),
elle provient d’une blessure indéterminée qui
semble s’être cicatrisée. L’analyse exclut toute
origine infectieuse ou trépanation, et aucune
trace de découpe ou de forage n’a été relevée.
Malgré le mauvais état de conservation des ossements, l’analyse anthropologique a démontré
que la population inhumée à Courtepin s’insérait
dans la moyenne régionale au niveau des observations métriques. Le pourcentage des caries
reste toutefois plus élevé, ce qui pourrait être
lié à l’alimentation; une analyse des isotopes
b
stables apporterait certainement des éléments
Fig. 41 Lésions visibles sur le crâne de la tombe T9; a) fracture due à un coup porté à l’aide
d’un objet tranchant; b) perforation ovalaire due à une blessure indéterminée
de réponse quant au régime alimentaire des personnes qui vivaient en ces lieux durant le Haut
Moyen Âge.
les tombes T15 et T18, sous la forme d’excroissances osseuses visibles sur les facettes
articulaires des vertèbres. Ce genre d’affection
Datation
est fréquent chez les personnes âgées et peut
également être lié à des travaux physiquement
La partie du cimetière qui a été explorée durant
pénibles.
la campagne de 2015 s’insère dans une fourchette chronologique d’environ cinquante ans.
Le seul cas de traumatisme violent a été relevé
Cette datation repose sur la typologie des gar-
sur l’individu de la tombe T9, mort à plus de
nitures de ceinture, dont les formes et les dé-
60 ans. Trois lésions distinctes ont en effet été
cors appartiennent à une période située entre
observées sur son crâne (fig. 41): une fracture
le dernier quart du VIe et le milieu du VIIe siècle
sur l’os frontal droit due à un coup porté avec
(fig. 42). La datation de l’ensemble se base uni-
2000, 247-259), La Tour-de-Peilz (Steiner
un objet tranchant (voir fig. 41a), une lésion
quement sur les tombes à mobilier, soit 30%
2011, 60-61).
ovalaire sur l’os temporal droit (voir fig. 41b) et
des inhumations, mais comme ce matériel four-
110 Steiner 2011, 306. Pour l’importance
une fracture post-mortem située sur la suture
nit une fourchette chronologique suffisamment
par rapport au statut social; voir aussi
coronale gauche, vraisemblablement liée à des
précise, aucune analyse radiocarbone n’a été
Steiner/Menna 2000, 296-297.
causes taphonomiques. Le coup tranchant qui
effectuée.
109 Yverdon-les-Bains (Steiner/Menna
symbolique des garnitures de ceinture
107
La nécropole de Courtepin/Fin Dessus
Les tombes les plus anciennes (T16 et T31),
distinguent toutefois par la qualité de l’aména-
datées entre la fin du VIe siècle et le début du
gement funéraire ou par le nombre d’objets
e
VII , se trouvent dans la zone nord-ouest du cime-
qu’elles renferment.
tière, tandis que les plus récentes (T11 et T24),
D’un point de vue architectural, les tombes
datées vers 630/640, se trouvent au centre.
T1 et T5 ont bénéficié d’une attention toute par-
Ce premier constat semble indiquer que le site
ticulière, avec la mise en place de dalles en grès
s’est développé depuis le nord-ouest vers le
coquillier (T1) ou la construction très soignée de
sud-est (voire d’ouest en est). L’architecture des
murets en tuiles et moellons (T5); paradoxale-
tombes est conforme aux coutumes connues
ment, la richesse de leur architecture contraste
pour le Haut Moyen Âge (coffrages en bois non
avec l’absence de mobilier (on ne peut toute-
cloués, alignement des tombes sur un axe est/
fois exclure un cas de pillage dans le cas de la
ouest, réemploi de matériaux romains), mais elle
tombe T1). Parmi les sépultures avec mobilier,
ne permet pas d’établir une succession chrono-
seule la tombe T11 a livré un dépôt multiple
logique entre les structures. L’absence de re-
(garniture de ceinture damasquinée, couteau,
coupements ou de recouvrements de tombes
bague, fermoir de sacoche), attestant le statut
exclut également toute possibilité de chronolo-
social particulier du défunt. Le mobilier funé-
gie relative. Seule une fouille intégrale du site
raire est proportionnellement plus nombreux
permettrait de rassembler un maximum d’élé-
chez les immatures, avec deux tombes sur cinq
ments de datation et de mieux comprendre
qui en contiennent contre six sur 22 chez les
l’évolution diachronique du cimetière.
adultes. Par ailleurs, la présence d’objets chez
les adultes diminue avec l’âge (on dénombre
quatre tombes à mobilier chez les 20-39 ans,
Conclusions et
perspectives
deux chez les 40-59 ans et aucune chez les
plus de 60 ans). Une observation similaire a été
faite à La Tour-de-Peilz où Lucie Steiner émet
La nécropole de Courtepin s’insère dans la tradi-
l’hypothèse que les personnes plus âgées ont
tion des espaces funéraires du Haut Moyen Âge
été enterrées sans les éléments métalliques de
de Suisse occidentale: nécropole rurale sans lien
leur ceinture, qu’ils auraient déjà légués à leur
avéré avec une église, tombes orientées d’ouest
descendance, tandis qu’un individu décédé à
en est, garnitures de ceinture métalliques, coffra-
un jeune âge aura été enterré avec une garni-
ges en dalles, réutilisation d’un site gallo-romain.
ture destinée à marquer son appartenance au
La majorité des défunts ont été inhumés soit
lignage ou au groupe social au sein duquel il
sans mobilier, soit avec, comme seul objet, une
aurait dû obtenir une place s’il avait atteint la
garniture de ceinture. Plusieurs sépultures se
maturité110.
Fig. 42 Évolution chronologique des garnitures de ceinture de Courtepin
T31
550
575
600
625
650
T16
T4
T15
T20
T11
T24
108
CAF 20/2018 Etudes
Lors de cette première campagne de fouilles,
mobilier qu’au niveau de l’architecture funéraire,
des dents ont été prélevées lorsque leur état de
une fouille exhaustive de l’intégralité du site mé-
conservation le permettait, et stockées en pré-
riterait d’être envisagée. Elle permettrait une
vision d’analyses ADN (détermination du sexe
étude approfondie de la nécropole, de la popu-
y compris pour les immatures, liens de parenté,
lation et du mobilier, voire peut-être de mettre
migrations, épidémiologie telle l’intolérance au
en évidence, dans les ruines de l’habitat gallo-
lactose par exemple, mise en évidence de ma-
romain, d’éventuelles constructions médiévales
ladies héréditaires et/ou contagieuses etc.).
liées au cimetière ou à l’habitat contemporain.
Une fouille intégrale du site offrirait la possi-
La fouille du reste du cimetière permettrait éga-
bilité de faire d’autres types d’échantillonnages
lement de déterminer si cet espace funéraire a
tels que des prélèvements de sédiment en vue
continué à être utilisé au-delà du milieu du VIIe
d’études de parasitologie ou encore d’analyses
siècle, et de réaliser une analyse spatiale com-
d’isotopes stables. Ceci permettrait non seule-
plète (répartition du mobilier et des tombes par
ment de cerner la nature des aliments consom-
sexe et par âge, nombre de sépultures, analyse
més par les personnes enterrées à Courtepin,
de la typologie des tombes et des positions
mais aussi de mettre en évidence d’éventuelles
des corps). De même, l’intégration des ves-
disparités alimentaires entre les individus selon
tiges gallo-romains dans l’organisation de l’aire
leur âge, leur sexe ou encore leur appartenance
funéraire ainsi que leur éventuelle réutilisation
sociale.
comme clôture ou caveau familial ne pourront
Au vu de la richesse des 27 sépultures qui ont
pu être explorées à Courtepin, tant au niveau du
être déterminées que si le site est exploré dans
son intégralité.
109
La nécropole de Courtepin/Fin Dessus
Catalogue des tombes
ans, taille indéterminée, décubitus dorsal;
en position anatomique; pieds orientés vers
squelette en mauvais état de conservation;
l’extérieur, bonne conservation des tarses,
crâne ayant basculé vers l’avant et sur sa
métatarses du pied gauche plus ou moins
Tombe T1 (pl. 1)
gauche, mandibule retombée sur les cervi-
conservés en position anatomique et s’ap-
Tombe: coffre trapézoïdal en dalles de grès
cales avant le basculement du crâne; épaules
puyant contre les bords du coffrage en pierre
coquillier constitué de quatre dalles posées
non resserrées, avant-bras croisés au niveau
(orientés vers l’extérieur et le bas). Certains
de chant, dont l’une est fissurée (nord);
du sacrum; côtes et vertèbres non conser-
déplacements osseux (aplatissement des
dalle de couverture brisée en une dizaine de
vées; bassin très partiellement conservé;
côtes et ascension de leur tête notamment,
fragments retrouvés dans le remplissage;
une partie des métacarpes placés sur le
dislocation de la mandibule, léger aplatis-
pierres de calage placées contre les faces
pubis droit; jambes non resserrées;
sement des coxaux, dislocation partielle du
extérieures des dalles; sépulture vraisembla-
les deux talus ainsi que le calcanéum droit
rachis) confirmeraient une décomposition
blement pillée; orientation W/E, 185 x 60 cm
sont conservés.
en espace vide, donc l’existence, au moins,
(int.), 215 x 100 cm (ext.).
Mobilier: – 1 plaque-boucle de ceinture sur
d’une planche de couverture.
Individu: adulte de sexe et de taille indéter-
l’ilion gauche, fer non damasquiné; boucle
Mobilier: –
minés, plutôt mature (40 - 59 ans), position
ovale de section rectangulaire très oblique,
initiale inconnue.
L. 30 mm, l. 45/63 mm (int./ext.); restes de
Tombe T6 (pl. 3)
Mobilier: –
textile en laine, filage z/z, diam. fils 0,5 mm,
Tombe: coffrage rectangulaire mixte (bois et
sergé 2/2; plaque, L. 85 mm, l. 58 mm; pe-
pierres de calage – cinq fragments de tuf);
Tombe T2 (pl. 1)
tits restes de textile très minéralisé, filage non
tombe partiellement détruite lors de l’ouver-
Tombe: type indéterminé (tombe détruite
déterminé, diam. fils 0,5 mm, env. 12 f/cm,
ture mécanique; orientation W/E, 145 x
lors de l’ouverture mécanique); quelques os
armure toile, pas de prélèvement (minéralisa-
30 cm (int.), 155 x 40 cm (ext.).
des membres inférieurs (tibia, fibula, calca-
tion trop importante); datation: 1 tiers VII s.;
Individu: enfant de sexe indéterminé, 11-13
néum et talus) conservés.
CTP-FD 2015-178/1029-5
ans, taille indéterminée, décubitus dorsal;
er
e
crâne non conservé, présence d’une molaire
Individu: adulte de sexe indéterminé, plutôt
mature (40 - 59 ans), taille indéterminée, posi-
Tombe T5 (pl. 2)
définitive usée et d’une incisive supérieure,
tion initiale inconnue.
Tombe: coffrage trapézoïdal en pierre sèche
fragment de mandibule déplacé sur la droite
Mobilier: –
(galets, moellons et fragments de tuiles sur
(crâne probablement tourné vers la droite);
quatre à six assises); coffrage très soigné;
rachis et côtes non conservés; diaphyse de
Tombe T3 (pl. 1)
orientation W/E, 175 x 25 cm (int.), 205 x
l’humérus droit partiellement conservée,
Tombe: coffrage trapézoïdal en pierres et
85 cm (ext.).
posée sur un fragment de tuile; avant-bras
dalles (grès et calcaire); orientation W/E,
Individu: adulte de sexe masculin, 40-60 ans,
droit partiellement conservé (diaphyses
185 x 47 cm (int.), 215 x 100 cm (ext.).
env. 167 cm, décubitus dorsal; squelette très
uniquement) replié sur le coxal droit, méta-
Individu: adulte de sexe masculin, 40-60 ans,
bien conservé; crâne tourné sur sa droite,
carpes conservés au niveau de l’ilion droit;
167-168 cm, décubitus dorsal; crâne ayant
probablement surélevé par un coussin, man-
du côté gauche, ne subsistent que les dia-
basculé sur sa droite, usure presque totale
dibule quasiment en position anatomique
physes de l’avant-bras, apparemment repliés
de la denture supérieure; bras droit resserré
(très léger déplacement vers les cervicales);
sur le ventre; bassin partiellement conservé
contre le corps; avant-bras légèrement repliés
épaules resserrées, humérus en contact
(une partie des ilions, ischion gauche partiel);
sur les ilions; jambes non resserrées; pieds
direct avec les parois du coffrage; corps
têtes des fémurs en mauvais état de conser-
pointés vers l’avant et vers la droite; rotule,
vertébraux disparus, arcs bien conservés;
vation; genoux non resserrés; pied gauche
tibia et fémur droits déplacés légèrement sur
côtes conservées; insertions au niveau des
quasi intégralement conservé, en parfait état
la droite; tous les os en position anatomique
vertèbres quasiment toutes en connexion;
de connexion, orteils orientés vers le pied
sauf la tête; inhumation en contenant péris-
avant-bras gauche le long du corps, avant-
droit (présence de chaussures?), pied droit
sable, éventuellement avec linceul.
bras droit replié sur l’abdomen, main droite
partiellement conservé (talus et calcanéum).
Mobilier: –
posée sur la crête iliaque gauche (la main
Mobilier: –
devait être recourbée: métacarpes orientés
Tombe T4 (pl. 2)
vers le coude et phalanges orientées vers
Tombe T7 (pl. 3)
Tombe: coffrage trapézoïdal mixte (bois et
le coxal); bassin en partie conservé, bonne
Tombe: coffrage rectangulaire mixte (bois et
pierres de calage – galets et tuiles); peu d’élé-
conservation du coxal droit: ischion et
pierres de calage) avec entourage de galets
ments lithiques au niveau de la tête; orienta-
pubis conservés et en position anatomique;
continu sur une à trois assises sur les bords
tion W/E, 180 x 35 cm (int.), 200 x 70 cm (ext.).
lombaires et sacrum conservés; genoux
est et sud; position subverticale de certains
Individu: adulte de sexe indéterminé, 25-50
légèrement resserrés, patellas conservées
galets et alignement formant un effet de
110
CAF 20/2018 Études
paroi indiquant que les pierres étaient asso-
fragments de tuiles et de tuf; calage?); orien-
ans, taille indéterminée, décubitus dorsal;
ciées à un coffrage en bois; orientation NW/
tation W/E, 180 x 50 cm (int.), 200 x 80 cm
squelette très mal conservé; crâne ayant
SE, 173 x 43 cm (int.), 215 x 80 cm (ext.).
(ext.).
basculé sur la gauche, mandibule retombée
Individu: adulte de sexe indéterminé, 40 - 50
Individu: adulte de sexe masculin, 50-70 ans,
sur les cervicales; côtes et vertèbres non
ans, taille indéterminée, décubitus dorsal;
taille env. 175 cm, décubitus dorsal; squelette
conservées; humérus droit non conservé,
squelette en mauvais état de conservation;
en mauvais état de conservation; crâne légè-
gauche placé le long du corps; avant-bras
crâne ayant basculé sur sa droite, mandibule
rement basculé vers la droite et vers l’arrière;
repliés sur l’abdomen, gauche sur la plaque-
retombée sur les cervicales; bras droit le long
mandibule retombée sur les cervicales; épau-
boucle; bassin très mal conservé; jambes
du corps, bras gauche replié sur le bassin;
les resserrées; avant-bras droit légèrement
non resserrées, diaphyses conservées;
côtes non conservées, dernières thoraciques
replié sur le coxal droit, main posée sur le
pieds non conservés.
et lombaires partiellement conservées (arcs
pubis, bras gauche le long du corps, main
Mobilier: – 1-2 garniture de ceinture bipar-
uniquement); quelques métacarpes de la
posée sur le col du fémur; côtes et vertèbres
tite, fer damasquiné d’argent; datation:
main gauche conservés; bassin non conservé;
non conservées; bassin partiellement conser-
630/640. – 1 plaque-boucle à boucle ovale
jambes non resserrées; pieds appointés;
vé; jambes non resserrées, patellas en place;
de section rectangulaire oblique sous l’avant-
individu inhumé en espace vide au vu des
pied gauche absent, talus et calcanéum droits
bras gauche; boucle, L. 35 mm, l. 36/58 mm
déplacements des os.
conservés; défunt inhumé dans un contenant
(int./ext.); plaque, L. 81 mm, l. max. 44 mm;
Mobilier: – 1 bande informe (non illustrée)
périssable (déplacement de la mandibule).
face ciel: textile fin en lin ou chanvre (en
pliée à proximité de l’humérus droit, fer, pro-
Mobilier: –
deux couches pouvant correspondre aux
bablement en position secondaire;
deux épaisseurs d’une manche du vêteTombe T10 (pl. 4)
ment), filage z/z, diam. fils 0,4-0,5 mm, env.
Tombe: coffrage trapézoïdal mixte (bois et
15 f/cm, armure toile; face terre: quelques
Tombe T8 (pl. 3)
pierres de calage) avec entourage irrégulier
restes de cuir très minéralisés sur le revers
Tombe: coffrage trapézoïdal mixte (bois et
sur une à trois assises réparties exclusive-
de la plaque et de la boucle (ceinture fer-
pierres de calage) avec entourage de galets
ment sur les longs côtés; concentration
mée lors de l’inhumation); CTP-FD 2015-
irrégulier (dégagement incomplet de la struc-
d’une dizaine de gros blocs à l’angle nord-
178/1022-2 – 2 contre-plaque entre l’avant-
ture n’ayant pas permis de documenter
ouest; orientation W/E, 205 x 25 cm (int.),
bras droit et les lombaires, L. 83 mm, l. max.
correctement les aménagements du cof-
205 x 58 cm (ext.).
37; face ciel: textile très minéralisé, lin ou
frage); orientation W/E, ind. x 60 cm (int.),
Individu: adulte de sexe indéterminé, 25-35
chanvre, filage z/z, diam. fils 0,4-0,5 mm,
ind. x 90 cm (ext.).
ans, taille indéterminée, décubitus dorsal;
env. 15 f/cm, armure toile; face terre: restes
Individu: adulte de sexe féminin, 40 - 60 ans,
squelette entièrement décomposé partielle-
de bois en diagonale; très petit reste de
taille indéterminée, décubitus dorsal; sque-
ment conservé (occipital, pariétaux, mandi-
textile grossier, fibres animales (mouton?),
lette en mauvais état de conservation; crâne
bule, diaphyses des humérus, des fémurs et
et petit fragment très minéralisé, filage z/z,
ayant basculé sur la gauche, mandibule re-
du tibia droit); négatif de certains os (colora-
diam. fils 0,4-0,5 mm, env. 15 f/cm, armure
tombée sur les cervicales; tête de l’humérus
tion sombre de la terre) encore visible locale-
toile; CTP-FD 2015-178/1022-1 – 3 couteau
gauche resserrée sur la scapula; avant-bras
ment; présence de multiples blocs de calage
à proximité de l’avant-bras gauche, fer,
croisés sur l’abdomen, mains placées sur
en position verticale suggérant l’existence
L. > 11 mm, l. max. 2,1 cm; restes du four-
les ilions opposés; bassin très partiellement
d’un contenant en bois.
reau en cuir (avec rivets) et d’une seconde
conservé; jambes non resserrées; pied droit
Mobilier: –
couche de cuir pouvant provenir d’une la-
CTP-FD 2015-178/1013-1
tourné vers la droite, pied gauche tourné
nière de suspension, fragment de textile en
vers la gauche; épaule gauche probablement
Tombe T11 (pl. 4-5)
laine de mouton sur le dos de la lame, filage
appuyée contre le bord d’un coffrage en
Tombe: coffrage rectangulaire mixte (bois et
z/z, diam. fils 0,5 - 0,3 mm, 28/10 f/cm, toile
bois (effet de paroi très marqué sur le côté
pierres de calage) avec aménagement de
face trame; CTP-FD 2015-178/1022-3
gauche); largeur importante de la fosse sug-
gros boulets et de pierres anguleuses sur
– 4 petite boucle rectangulaire à proximité
gérant que le défunt a été inhumé dans un
deux à trois assises; entourage continu sur
de l’avant-bras gauche, bronze, section
contenant en bois.
les quatre côtés; position verticale de la ma-
plate, dimensions indéterminées; CTP-FD
Mobilier: –
jorité des galets (appui contre les parois d’un
2015-178/1022-4 – 5 bague autour d’une
contenant en bois); gros bloc une trentaine
phalange de l’une des deux mains, sur le
Tombe T9 (pl. 4)
de cm au-dessus de la tête (base du bloc à
coxal gauche, bronze, section ovale, partie
Tombe: coffrage ovalaire mixte (bois et pier-
659.42, sommet du crâne à 659.16); orienta-
centrale aplatie et élargie, décor incisé,
res de calage); éléments lithiques répartis
tion W/E, 185 x 35 cm (int.), 210 x 85 cm (ext.).
diam. 17 mm, chaton: 12 x 5 mm;
de manière irrégulière dans la fosse (galets,
Individu: adulte de sexe indéterminé, 25 -35
CTP-FD 2015-178/1022-5
111
La nécropole de Courtepin/Fin Dessus
Tombe T12 (pl. 6)
Individu: adulte de sexe masculin, 45-60 ans,
plaque circulaire, L. 53 mm, l. 63 mm; face
Tombe: coffrage rectangulaire mixte (bois et
env. 172 cm, décubitus dorsal; squelette per-
terre: restes de cuir très mal conservés, tex-
pierres de calage) avec entourage composé
turbé par la pelle mécanique; crâne, humé-
tile en laine de mouton, filage z/s, diam. fils
d’une vingtaine de galets (tuf, grès) et frag-
rus gauche et côtes manquants; avant-bras
0,5 mm, sergé; CTP-FD 2015-178/1021-1
ments de tuiles le plus souvent en position
repliés sur le sacrum, mains superposées,
– 2 contre-plaque sous l’avant-bras gauche,
verticale (appui contre des planches d’un
phalanges plus en position anatomique; bas-
L. 51 mm, l. 58 mm; CTP-FD 2015-178/
coffrage en bois, très large par rapport au
sin mal conservé; jambes non resserrées;
1021-2
défunt); orientation W/E, ind. x 55 cm (int.),
pieds tournés vers la gauche; métatarses du
ind. x 90 cm (ext.).
pied gauche appointés et s’appuyant proba-
Tombe T17 (pl. 7)
Individu: adulte de sexe indéterminé, 20-40
blement à l’origine contre une planche de
Tombe: forme indéterminée; orientation
ans, taille indéterminée, décubitus dorsal;
coffrage.
W/E; dimensions indéterminées.
squelette très partiellement conservé
Mobilier: – 1-2 garniture de ceinture bipartite,
Individu: juvénile de sexe indéterminé, 15-18
(diaphyses des fémurs et des tibias).
fer damasquiné d’argent; datation: 1er tiers
ans, taille indéterminée, décubitus dorsal;
Mobilier: –
e
VII s. – 1 plaque-boucle sous l’avant-bras
squelette quasi entièrement détruit à l’ouver-
droit; boucle ovale de section rectangulaire
ture mécanique: ne restent que le tibia et la
Tombe T13
oblique, L. 28 mm, l. 35/53 mm (int./ext.);
fibula droits, le talus et le calcanéum droits
Non fouillée
plaque, L. 63 mm, l. 39 mm; CTP-FD 2015-
et une partie du bassin (ischion droit et frag-
178/1012-1 – 2 contre-plaque à l’extérieur du
ment de l’ilion gauche); épiphyse proximale
Tombe T14 (pl. 6)
bras droit L. 59 mm, l. 40 mm; CTP-FD 2015-
du tibia non soudée.
Tombe: coffrage trapézoïdal mixte (bois et
178/1012-2
Mobilier: –
calage réparties de manière irrégulière dans
Tombe T16 (pl. 7)
Tombe T18 (pl. 8)
la tombe; orientation W/E, 170 x 40 cm (int.),
Tombe: coffrage en bois de forme indé-
Tombe: forme indéterminée; tombe implan-
200 x 80 cm (ext.).
terminée; tombe avec un seul galet contre
tée entre deux murs antiques et recoupée
Individu: juvénile de sexe indéterminé, 14-16
la paroi nord de la fosse (élément de ca-
par la pelle mécanique; orientation SW/NE,
ans, taille indéterminée, décubitus dorsal;
lage?); orientation W/E, 180 x 45 cm (int.),
ind. x env. 30 cm.
squelette en mauvais état de conservation;
180 x 45 cm (ext.).
Individu: adulte de sexe masculin, 50-70 ans,
crâne tourné vers sa droite, mandibule
Individu: juvénile de sexe indéterminé, 15-17
taille indéterminée, décubitus dorsal; sque-
retombée sur les cervicales; épaule droite
ans, taille indéterminée, décubitus dorsal;
lette conservé uniquement dans sa partie
resserrée, peut-être appuyée contre une
crâne disparu (recoupé par la pelle méca-
supérieure (du crâne aux lombaires); crâne
planche de contenant en bois; épaule gauche
nique); épaules resserrées, tête de l’humé-
ayant légèrement basculé sur sa gauche et
non resserrée; extrémités proximales des
rus droit déplacée vers les vertèbres, sca-
vers l’arrière, mandibule retombée sur les
avant-bras plus en connexion avec les humé-
pula droite en position postérieure; côtes
cervicales; humérus droit déplacé vers l’ex-
rus et déplacées de quelques centimètres
et vertèbres très mal conservées; avant-
térieur, partie supérieure du sternum conser-
en direction du bassin (décomposition en
bras repliés sur les lombaires, mains pro-
vée, rachis conservé, côtes non conservées;
espace vide); avant-bras repliés sur le bassin,
bablement croisées; ilion droit plutôt bien
avant-bras gauche replié sur les lombaires,
os des mains non conservés; rachis très
conservé contrairement à l’ilion gauche;
avant-bras droit non conservé; une partie de
mal conservé (quelques cervicales et thora-
jambes légèrement resserrées, épiphyses
l’ilion gauche conservée; inhumation dans un
ciques); bassin très partiellement conservé;
des os longs inférieurs non soudées, patellas
contenant en bois (déplacement des os).
membres inférieurs conservés, jambes non
en position anatomique; pieds tournés vers
Mobilier: –
resserrées, patellas manquent, épiphyses
l’extérieur; déplacement des os (scapula
Remarque: une plaque dorsale en fer damas-
distales du fémur droit et des tibias non sou-
et humérus droits, mise à plat des coxaux)
quiné d’argent (CTP-FD 2015-178/1006-4)
dées; au niveau des pieds, seul le talus droit
indiquant une décomposition en espace vide
retrouvée dans cette zone lors de l’ouverture
est conservé.
(coffrage en bois); maintien en position des
mécanique pourrait provenir de cette tombe
Mobilier: –
patellas indiquant la présence d’un vêtement
(voir pl. 13).
pierres de calage); une dizaine de pierres de
serré ou d’un linceul.
Tombe T15 (pl. 6)
Mobilier: – 1-2 garniture de ceinture bipartite,
e
e
Tombe T19 (pl. 8)
Tombe: coffrage trapézoïdal mixte (bois et
bronze; datation: fin VI -début VII s.
Tombe: coffrage trapézoïdal mixte (bois et
pierres de calage); tombe partiellement ara-
– 1 plaque-boucle sous l’avant-bras droit;
pierres de calage); deux galets superposés
sée, pierre de calage au niveau des pieds;
boucle ovale de section rectangulaire très
au niveau du crâne contre le bord nord, deux
orientation W/E, ind. x 50 (int.), ind. x 50 (ext.)
oblique, L. 21 mm, l. 38/53 mm (int./ext.);
autres de part et d’autre des humérus, et un
112
CAF 20/2018 Études
gros bloc au niveau des pieds; orientation
2015-178/1038-1 – 3 plaque dorsale à l’inté-
en lin ou chanvre très mal préservé, filage
W/E, 185 x 37 cm (int.), 200 x 64 cm (ext.).
rieur du bras droit, L. 49 mm, l. 46 mm; face
zz/zz, deux fils, diam. fils 0,5 mm, env. 10 f/
Individu: adulte, plutôt de sexe masculin, plu-
terre: restes de bois; face ciel: textile (laine?)
cm, panama (basket weave) ; restes de bois
tôt mature (40-59 ans), taille env. 170 cm,
complètement minéralisé, diam. fils 0,5 -
recouvrant le textile sur une partie de la
décubitus dorsal; squelette en mauvais état
0,8 mm, probablement sergé 2/2;
plaque; quelques restes de cuir au bord de la
de conservation; crâne ayant basculé sur
CTP-FD 2015-178/1038-4
plaque; face ciel: textile en laine de mouton,
son côté droit, mandibule retombée sur les
filage z/s, diam. fils 0,5 -1mm, sergé 2/2,
cervicales; épaules très resserrées (probable
Tombes T21, T22 et T23
probablement identique à celui du bout de
linceul?), bras droit le long du corps, mais sur
Non fouillées
la plaque-boucle, et fragment de matériau
la tête du fémur; bras gauche replié sur l’ilion
organique (cuir? peau humaine?); CTP-FD
gauche; bassin très partiellement conservé,
Tombe T24 (pl. 10-11)
quelques arcs de vertèbres lombaires conser-
Tombe: coffrage rectangulaire mixte (bois et
vés; jambes non resserrées, pieds appointés;
pierres de calage, probable planche de fond)
Tombe T25
effet de paroi très marqué le long du côté
avec entourage quasi continu de gros blocs
Non fouillée
droit du squelette; épaule droite probable-
sur deux à trois assises; orientation W/E,
ment en appui contre la planche du coffrage.
190 x 40 cm (int.), 215 x 98 cm (ext.).
Tombe T26 (pl. 10)
Mobilier: –
Individu: adulte de sexe indéterminé, plutôt
Tombe: coffrage rectangulaire mixte (bois et
de sexe masculin (détermination archéo-
pierres de calage) avec une dizaine de galets
Tombe T20 (pl. 8-9)
logique), 20 -39 ans, taille indéterminée;
et fragments de tuile en position verticale
Tombe: coffrage rectangulaire mixte (bois et
décubitus dorsal; squelette quasi entière-
répartis autour du squelette; recoupe par-
pierres de calage, avec probable planche de
ment décomposé; mandibule retombée sur
tiellement un mur antique; orientation W/E,
fond) avec entourage quasi continu de gros
les cervicales, crâne surélevé et basculé vers
190 x 55 cm (int.), 200 x 65 cm (ext.).
blocs sur deux assises et en position verti-
l’avant (présence d’un coussin?); diaphyse de
Individu: adulte, plutôt de sexe féminin, 25 -
cale, certains ayant basculé vers le squelette
l’humérus gauche conservée, position des
35 ans, taille indéterminée, décubitus dorsal;
après décomposition des planches en bois;
avant-bras indéterminée; diaphyse du fémur
mandibule retombée sur les cervicales et
orientation W/E, 155 x 35 cm (int.), 200 x
gauche conservée ainsi qu’une partie des
crâne ayant basculé sur sa gauche; épaules
64 cm (ext.).
diaphyses des deux tibias.
non resserrées, tête de l’humérus droit ayant
Individu: adulte de sexe indéterminé, plutôt
Mobilier: – 1-3 garniture de ceinture tripar-
basculé vers l’extérieur; quelques fragments
de sexe masculin (détermination archéo-
tite, fer damasquiné d’argent et de laiton;
de côtes et de vertèbres conservés; bassin
logique), 30 - 50 ans; taille indéterminée; dé-
datation: vers 630 / 640 – 1 plaque-boucle
partiellement conservé (ilions et ischion
cubitus dorsal; squelette quasi entièrement
sur les lombaires; boucle ovale de section
droit); avant-bras repliés sur les coxaux,
décomposé; occipital et pariétaux conservés;
rectangulaire oblique, L. 37 mm, l. 34/55 mm
mains probablement croisées sur le sacrum;
bras gauche (diaphyses uniquement) légè-
(int./ext.); plaque, L. 123 mm, l. 40 mm; face
genoux non resserrés, patellas en position
rement replié sur le coxal; négatifs des deux
ciel: textile de lin ou chanvre très minéralisé,
anatomique, pieds tournés vers l’extérieur et
fémurs et du tibia gauche montrant que les
filage z/z, diam. fils 0,3 - 0,5mm, 19/14 f/cm,
appointés (en appui contre les planches du
genoux n’étaient pas resserrés.
armure toile, textile en laine de mouton au
coffrage?), excellente connexion entre les
bout de la plaque, filage z/s, diam. fils 0,5 -
os du pied droit (tarses, métatarses et pha-
fer damasquiné d’argent; datation: 1 tiers
1 mm, 9/8 f/cm, sergé 2/2; face terre: restes
langes en connexion anatomique).
VIIe s. – 1 plaque-boucle à l’intérieur du
de cuir de la ceinture (bord du cuir avec cou-
Mobilier: – 1 bague sur le coxal gauche,
coude gauche; boucle ovale de section rec-
ture visible sur le revers de la boucle);
bronze, section ovale, partie centrale aplatie
tangulaire très oblique, L. 31 mm, l. 35/58
CTP-FD 2015-178/1025-5 – 2 contre-plaque
formant un chaton rectangulaire avec mono-
mm (int./ext.); plaque, L. 108 mm, l. 49 mm;
sur les lombaires, L. 86 mm, l. 46 mm; face
gramme incisé, diam. 18 mm, chaton
face ciel: textile en laine, filage z/s, forte tor-
ciel: au bout de la plaque, textile en laine de
9 x 7 mm; CTP-FD 2015-178/1026-1
sion en chaîne et trame, diam. fils 0,5 - 0,8 cm,
mouton identique à celui de la face ciel de
8/8 f/cm, sergé 2/2 à chevron; face terre:
la plaque-boucle; face terre: restes de cuir
Tombe T27 (pl. 12)
cuir et petit fragment de sergé 2/2; CTP-FD
et, à l’extrémité distale de la plaque, petits
Tombe: forme indéterminée (tombe pertur-
2015-178/1038-2 – 2 contre-plaque à l’inté-
fragments de textile très minéralisé en lin ou
bée); orientation indéterminée, dimensions
rieur du bras droit, L. 79 mm, l. 49 mm;
chanvre, filage z/z, diam. fils 0,5 mm, pa-
indéterminées.
restes organiques (probablement cuir) très
nama; CTP-FD 2015-178/1025-2 – 3 plaque
Individu: adulte de sexe indéterminé, plutôt
minéralisés sur les deux faces, dont un frag-
dorsale entre l’avant-bras droit et les lom-
mature (40 - 59 ans), taille indéterminée, posi-
ment en diagonale sur la face ciel; CTP-FD
baires, L. 45 mm, l. 43 mm; face terre: textile
tion initiale inconnue; tibias inversés; reste
Mobilier: – 1-3 garniture de ceinture tripartite,
er
2015-178/1025-1
113
La nécropole de Courtepin/Fin Dessus
du squelette manquant.
ayant légèrement basculé vers l’extérieur,
encore en place, fémurs basculés vers l’ex-
Mobilier: –
carpes sur la tête du fémur, humérus gauche
térieur mais patella droite encore en position
ayant légèrement basculé vers l’intérieur,
anatomique (maintien par des habits ou un
Tombe T28 (pl. 12)
tout comme l’avant-bras (l’ulna se trouve
linceul), genoux resserrés, présence d’une
Tombe: coffrage rectangulaire mixte (bois et
au-dessus du radius), replié sur l’abdomen
phalange sous la rotule droite, pieds tournés
pierres de calage) avec entourage de galets
avec la main gauche sur le coxal droit; bassin
vers l’extérieur (calcanéum et talus conser-
répartis de manière irrégulière autour du
partiellement conservé, coxaux affaissés sur
vés sur les deux pieds).
squelette sur une à deux assises; orientation
le fond de la fosse; jambes non resserrées;
Mobilier: –
W/E, 190 x 40 cm (int.), 215 x 90 cm (ext.).
pieds bien conservés, tournés vers l’extérieur
Individu: adulte, plutôt de sexe masculin, 40 -
et appointés.
Tombe T34
50 ans, taille indéterminée, décubitus dorsal;
Mobilier: –
Non fouillée
ne subsistent que les négatifs de certains
Tombe T31 (pl. 13)
Tombe indéterminée (pl. 13)
os (tibias et calcanéum-talus gauches) ainsi
Tombe: coffrage trapézoïdal mixte (bois et
Plaque dorsale, fer damasquiné d’argent,
qu’un fragment de diaphyse du fémur gauche
pierres de calage) avec quatre galets de
découverte dans les déblais à proximité de
et le crâne en très mauvais état; mandibule
calage à l’extrémité distale de la sépulture;
T18; L. 44 mm, l. 42 mm; datation: 1er tiers
retombée sur les cervicales, crâne légère-
orientation W/E, dimensions indéterminées.
VIIe s.; CTP-FD 2015-178/1006-4
ment tourné vers la gauche; fémur gauche
Individu: juvénile de sexe indéterminé, 14 -17
partiellement conservé, négatifs des tibias
ans, taille indéterminée, décubitus dorsal;
montrant que les genoux étaient resserrés
squelette en mauvais état de conservation;
(10 cm d’écart entre les tibias), pied gauche
mandibule retombée sur les cervicales et
orienté vers la gauche; individu probablement
crâne ayant basculé sur la droite; bras gauche
enveloppé dans un linceul.
le long du corps; bassin très partiellement
Mobilier: –
conservé (une partie de l’ilion droit); épi-
squelette presque entièrement décomposé;
physes des membres inférieurs non conserTombe T29 (pl. 12)
vées, patella droite conservée en position
Tombe: forme indéterminée, sans entourage;
anatomique; pieds non conservés.
orientation W/E; dimensions indéterminées;
Mobilier: – 1 boucle ovale sur le coxal gauche,
trois fragments de tuiles placés sous le crâne.
fer, section rectangulaire oblique, L. 26 mm,
Individu: adulte de sexe indéterminé, plutôt
l. 45/61 mm (int./ext.); ardillon et traverse
mature (40 - 59 ans), taille indéterminée, dé-
non conservés; pas de décor; face ciel: frag-
cubitus dorsal; squelette presque entière-
ments de textile, matière indéterminée, très
ment décomposé; uniquement quelques
minéralisés, filage z/?, diam. fils 0,4 mm,
fragments du crâne et une partie de la dia-
15 f/cm, armure toile; face terre: restes de
physe du fémur gauche conservés.
cuir; datation: fin VIe-VIIe s.; CTP-FD 2015-
Mobilier: –
178/1043-1
Tombe T30 (pl. 12)
Tombe T32
Tombe: coffrage trapézoïdal mixte (bois et
Non fouillée
pierres de calage) avec entourage de galets
répartis de manière irrégulière autour du
Tombe T33 (pl. 13)
squelette sur une à deux assises; orientation
Tombe: coffrage mixte (bois et pierres de
W/E, 170 x 40 cm (int.), 210 x 70 cm (ext.).
calage) de forme indéterminée (tombe pres-
Individu: adulte de sexe masculin, 25 -35 ans,
que entièrement détruite par la pelle méca-
env. 165 cm, décubitus dorsal; crâne ayant
nique); quelques galets encore en place le
basculé en avant après dislocation de la man-
long de la jambe gauche et à proximité de la
dibule, partie du maxillaire déplacée contre la
cheville droite; orientation W/E, dimensions
paroi sud; clavicules en position anatomique;
indéterminées.
côtes très mal conservées, sternum quasi
Individu: adulte de sexe indéterminé, plutôt
complet; bras droit le long du corps, humé-
mature (40 - 59 ans), taille indéterminée, dé-
rus maintenu en face latérale, avant-bras
cubitus dorsal; seuls les membres inférieurs
114
CAF 20/2018 Études
textile: indéterminé
textile: toile
textile: toile face trame
textile: panama
textile: sergé 2/2
textile: sergé à chevron
cuir
bois
peau
Toutes les tombes sont publiées à l'échelle 1:20, les objets
métalliques à l'échelle 2:3, sauf les bagues (1:1)
115
La nécropole de Courtepin/Fin Dessus
Tombe T1
0
Tombe T2
Planche 1
Tombe T3
1m
116
CAF 20/2018 Études
Tombe T4
Tombe T5
1
1
0
Planche 2
2 cm
117
La nécropole de Courtepin/Fin Dessus
Tombe T7
Tombe T6
1
Tombe T8
Planche 3
118
CAF 20/2018 Études
Tombe T9
Tombe T11
2
1
4
5
3
Tombe T10
5
0
Planche 4
2 cm
119
La nécropole de Courtepin/Fin Dessus
2
1
4
3
0
Planche 5
2 cm
120
CAF 20/2018 Études
Tombe T12
Tombe T14
Tombe T15
2
1
2
1
0
Planche 6
2 cm
121
La nécropole de Courtepin/Fin Dessus
Tombe T16
1
2
2
Tombe T17
Planche 7
1
0
2 cm
122
CAF 20/2018 Études
Tombe T18
Tombe T20
3
2
Tombe T19
Planche 8
1
123
La nécropole de Courtepin/Fin Dessus
2
1
3
0
Planche 9
2 cm
124
CAF 20/2018 Études
Tombe T26
Tombe T24
3
1
2
1
1
0
Planche 10
2 cm
125
La nécropole de Courtepin/Fin Dessus
2
1
3
0
Planche 11
2 cm
126
CAF 20/2018 Études
Tombe T27
Tombe T29
Planche 12
Tombe T28
Tombe T30
127
La nécropole de Courtepin/Fin Dessus
Tombe T31
Tombe T33
1
Tombe indéterminée
1
0
Planche 13
2 cm
0
2 cm
128
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131
Résumé / Zusammenfassung
Découvert lors de la pose d’une conduite d’eau sur le versant nord-ouest d’une colline surplombant le village de Courtepin,
le cimetière de Fin Dessus, implanté dans les ruines d’une villa romaine, est daté entre la fin du VIe et la première moitié du
VIIe siècle. Seule la partie menacée par les travaux a été explorée, soit une trentaine de sépultures orientées ouest/est, mais
le cimetière se prolonge vers le sud et l’est – au moins une quinzaine d’autres tombes ont été repérées. Le mode d’aménagement des sépultures est varié et comprend un coffrage en dalles de grès coquillier, des murets en pierre sèche dont une
partie des éléments proviennent du bâtiment gallo-romain, et des galets servant à caler des planches de coffrages en bois
non cloués.
La partie fouillée du cimetière compte 27 inhumations, dont 22 adultes et 5 immatures. La mauvaise conservation des ossements liée à la nature sableuse du terrain a malheureusement entravé la détermination du sexe, de l’âge et d’éventuelles
pathologies: parmi les 22 adultes, seuls sept hommes et deux femmes ont pu être formellement reconnus. Des marqueurs de
stress provoqués par des carences alimentaires ou des maladies chroniques ont été observés chez deux individus décédés
relativement jeunes. Plusieurs adultes présentaient des traces d’arthrose ainsi que de fréquentes caries, ce qui est comparable à ce qui a pu être observé dans d’autres nécropoles du Haut Moyen Âge de nos régions. Le cas le plus remarquable est
celui d’un individu d’une soixantaine d’années décédé des suites d’un violent coup de hache à la tête.
En ce qui concerne les vestiges mobiliers, huit tombes ont livré du matériel métallique, dont des garnitures de ceinture en
bronze (une), en fer non décoré (une) ou damasquiné (six), deux bagues, un couteau et une petite boucle d’aumônière. La garniture de ceinture en bronze décorée de motifs chrétiens incisés et produite dans un atelier du nord de la France évoque une
origine étrangère ou des relations avec une personne issue du royaume des Francs pour au moins l’un des défunts. Des
restes minéralisés de textiles, de cuir ou encore de bois ont été retrouvés sur la majorité des objets; le bois provient du
coffrage de la tombe, le cuir correspond aux restes de ceintures ou de lanières d’attache, et les différents types de textiles
permettent de se faire une idée des vêtements portés par les défunts. Grâce à l’identification des armures de tissage et de
la nature des fibres (animales ou végétales), il a été possible de définir la présence de sous-vêtements, de tuniques, de
manteaux, de linceuls et de draps, dont la finesse et la souplesse varient selon l’armure et la grosseur des fils.
Die Nekropole von Fin Dessus, die oberhalb des Dorfes Courtepin bei der Verlegung einer Wasserleitung zum Vorschein kam,
reicht in die Zeit zwischen dem Ende des 6. Jahrhunderts und der ersten Hälfte des 7. Jahrhunderts zurück. Sie wurde in den
Überresten einer römischen Villa, am nordwestlichen Hang eines Hügels angelegt. Einzig das von den Bauarbeiten betroffene
Friedhofsareal war Gegenstand archäologischer Untersuchungen; es besteht aus rund 30 West-Ost orientierten Gräbern. Die
Bestattungszone setzt sich in südliche und östliche Richtung fort, mindestens ein Dutzend Gräber konnten in diesen Bereichen
gefasst werden. Der Grabbau ist vielfältig und umfasst eine Steinkiste aus Muschelkalkplatten, Trockenmauern aus Steinen
– darunter auch wiederverwendetes Material aus den römischen Ruinen – sowie Steine, die zum Verkeilen von ohne Nägel
gefügten Holzeinbauten dienten.
Die Nekropole zählt 22 Bestattungen von Erwachsenen sowie 5 Grabstätten von nicht erwachsenen Personen. Die schlechte Erhaltung der Knochen, die auf den sandigen Untergrund der Fundstelle zurückzuführen ist, erschwerte eine Geschlechtsdiagnose und das Erkennen eventueller pathologischer Erscheinungen. Von den 22 Erwachsenen konnten nur sieben als
männlich und zwei als weiblich bestimmt werden. Bei zwei relativ jungen Individuen waren Hinweise auf physiologischen
Stress zu beobachten, der durch Mangelernährung oder chronische Krankheiten verursacht wird. Wie in anderen frühmittelalterlichen Friedhöfen der Region zeigen mehrere Erwachsene arthritische Veränderungen und viele von ihnen Karies. Bemerkenswert ist der Fall eines ca. 60-jährigen Mannes, der an den Folgen eines heftigen Schlages mit dem Beil auf den Kopf
gestorben ist.
Was das Sachgut betrifft, so kamen in acht Gräbern Metallgegenstände zu Tage: Gürtelgarnituren aus Bronze (1), Eisen (1)
oder tauschiertem Eisen (6), zwei Ringe, ein Messer und eine kleine Taschenschnalle. Die mit christlichen Motiven versehene, bronzene Gürtelgarnitur stammt aus einer Werkstatt im Norden Frankreichs und könnte auf ausländische Wurzeln ihres
verstorbenen Trägers weisen. An den meisten Objekten fanden sich mineralisierte Textil-, Leder- oder Holzreste. Das Holz
stammt aus den Grabeinbauten, das Leder von den Gurt- oder Befestigungsriemen und die unterschiedlichen Textilien geben
uns eine Vorstellung davon, welche Kleider die Bestatteten trugen. Dank der Bestimmung der Gewebebindungen und Faserarten (tierische oder pflanzliche) gelang der Nachweis von Unterwäsche, Tuniken, Mänteln, Leichen- und Grabtüchern, deren
Feinheit und Geschmeidigkeit sich je nach Art der Bindung und der Dicke des Fadens unterscheiden.