Société Française de Génétique
Les éléments transposables bactériens
Christophe Merlin, Ariane Toussaint
Société Française
de Génétique
Président
Jean Génermont, Université Paris XI,
Orsay
Président d’honneur
François Jacob, Institut Pasteur, Paris
Vice-présidents
Alain Bernheim, Institut GustaveRoussy, Villejuif
Claude Chevalet, INRA, Centre de
Recherches de Toulouse
Membres du bureau
David Bouchez, INRA, Versailles
Gabrielle Gendrel, Institut Curie,
Paris
Lionel Larue, Institut Curie, Orsay
Marc Lipinski, Institut GustaveRoussy, Villejuif
Gérard Loison, Sanofi-Labège
Micheline Misrahi-Abadou, INSERM,
Paris
Michel Solignac, CNRS, Gif-sur-Yvette
Secrétaire général
Michel Werner, CEA Saclay,
Gif-sur-Yvette
Trésorière
Cécile Fairhead, Institut Pasteur, Paris
Prière d’adresser toute correspondance
concernant le Bulletin de la Société Française de Génétique à Michel Solignac,
CNRS, bâtiment 13, avenue de la Terrasse, 91198 Gif-sur-Yvette Cedex, France.
Comité de rédaction
A. Bernheim
M. Bolotin-Fukuhara
M. Fellous
J. Génermont
M.C. Hors-Cayla
R. Motta
A. Nicolas
M. Solignac
S. Sommer
P. Thuriaux
D. de Vienne
Secrétaire
M.-L. Prunier
m/s n° 8-9, vol. 15, août-septembre 99
A la suite de ses travaux sur l’instabilité génétique chez le maïs, Barbara
McClintock proposa, dès le début des
années 1950, le concept d’éléments
génétiques mobiles. Cette notion
était alors totalement en marge des
idées dominantes sur la structure des
chromosomes. La pertinence de ce
concept ne fut reconnue que dans les
années 1960, à la suite, entre autres,
de la découverte de séquences
d’ADN mobiles chez les bactéries.
Trois familles d’éléments transposables (c’est-à-dire capables d’être
transférés d’un site donneur vers un
site cible sous l’effet d’une enzyme
de recombinaison spécialisée, ou
recombinase) furent alors identifiées
[1] : les IS (insertion sequence), les
transposons et les phages mutateurs.
Les transposons furent mis en évidence grâce aux déterminants de
résistance aux antibiotiques qu’ils
véhiculent entre plasmides et chromosomes. Les IS, plus courtes et sans
déterminant phénotypique, ne
codent que pour leur fonction de
transposition. Elles furent identifiées
au travers des effets polaires qu’elles
provoquent en s’insérant dans un
opéron bactérien, aboutissant à une
perte totale de l’expression des gènes
localisés en aval dans l’opéron [2].
Le bactériophage Mu était le seul
représentant de la troisième catégorie. Dès l’abord, Taylor [3] remarqua
l’analogie entre les propriétés mutatrices de ce phage et les éléments
mobiles du maïs. Il fallut attendre
1983 pour que les travaux de McClintock soient reconnus par l’attribution
d’un prix Nobel.
Au cours des 30 dernières années, le
nombre d’éléments transposables
bactériens et eucaryotes identifiés n’a
cessé de croître, révélant la grande
diversité de leur structure et une
remarquable conservation des mécanismes qui assurent leur mobilité ([46] pour les éléments bactériens).
Notre vision de la dynamique du
génome bactérien a été transformée
par la compréhension de ces mécanismes. Nous apprécions maintenant
la valeur adaptative que ces éléments
procurent aux génomes bactériens
en leur permettant, entre autres, de
faire face à un environnement en
constante évolution [7, 8]. Cela vaut
même pour une période historique
courte : au cours des 50 dernières
années, l’homme a rejeté, dans son
environnement, diverses substances
toxiques comme les métaux lourds,
les antibiotiques, les pesticides ou
autres substances organiques de synthèse (xénobiotiques). Métaux
lourds et antibiotiques ont soumis les
communautés bactériennes à une
forte pression de sélection pour
l’acquisition de gènes de résistance
[9]. Les pesticides et autres xénobiotiques, souvent toxiques et faiblement biodégradables [10], ont également sélectionné des microorganismes capables de les détoxifier
et même de les utiliser comme source d’énergie [7, 8].
Les informations génétiques responsables de la résistance aux antibiotiques ou de la dégradation des xénobiotiques sont très souvent portées
par des éléments génétiques mobiles
tels que plasmides conjugatifs ou
transposons (certains transposons
étant conjugatifs par eux-mêmes) ou
parfois les deux. Cela assure la dispersion rapide d’information géné-
I
Société Française de Génétique
tique au sein des communautés bactériennes [7].
Structure et diversité
des transposons procaryotes
Malgré leur diversité, les éléments
transposables présentent des caractéristiques communes qui ont permis
de les regrouper selon des critères
structuraux ou fonctionnels. Ces classifications ne cessent d’évoluer alors
que de nouvelles données apparaissent dans la littérature. Nous en donnerons quelques aperçus tout en gardant à l’esprit qu’ils pourraient être
remis en cause dans le futur (figure 1).
Les transposons ont été regroupés en
trois classes structurales (classe I, II et
phages mutateurs). Plus récemment,
de nouveaux groupes comme les
intégrons ou les transposons conjugatifs ont été découverts. Par ailleurs, la
caractérisation plus détaillée des éléments qui appartenaient aux classes I
et II a amené à modifier quelque peu
la définition de ces deux classes. La
classe I comportait tous les IS et les
transposons formés de deux
séquences IS flanquant un segment
d’ADN codant pour les fonctions
phénotypiques du transposon (voir
figure 1). La classe II comportait les
transposons ne contenant pas d’IS.
Les séquences d’un très grand
nombre d’IS et de transposons étant
actuellement accessibles, la tendance
est maintenant de classer tous ces
éléments en fonction des similitudes
de séquence des enzymes et des
séquences d’ADN impliquées dans la
transposition [6].
II
Séquences d’insertion (IS)
Les IS sont les éléments transposables les plus simples. Elles ne
contiennent que les informations
génétiques nécessaires à leur transposition et sont donc considérées
comme phénotypiquement cryptiques. De petite taille (généralement
inférieure à 2 500 pb), elles sont le
plus souvent bordées par des
séquences IR (inversement répétées)
de 20 à 40 pb qui sont reconnues par
la machinerie de transposition. Plus
de 500 IS ont été identifiées dans
73 genres incluant 159 espèces
d’eubactéries et d’archaebactéries
[6]. Elles ont été détectées sur tous
les chromosomes procaryotes partiellement ou complètement séquencés
et sur de nombreux plasmides et bactériophages. Seul le chromosome
séquencé de Bacillus subtilis n’a révélé
aucune IS [11], sans qu’on sache s’il
s’agit d’un cas particulier inhérent à
la souche utilisée ou d’une caractéristique générale de l’espèce.
Sur la base de données fonctionnelles plutôt que structurales, les IS
qui appartenaient à la classe I ont
récemment été cataloguées en
17 familles [6]. Les membres de
douze d’entre elles contiennent un
seul cadre ouvert de lecture qui code
pour la transposase, l’enzyme qui
catalyse la transposition. A partir de
ce même cadre ouvert de lecture, les
IS de certaines familles codent pour
une seconde protéine, version tronquée de la transposase, qui agit
comme régulateur de la transposition. Pour les membres de la famille
IS3, la synthèse de la transposase
(OrfAB) résulte d’un déphasage programmé de la traduction entre deux
cadres ouverts de lecture qui codent
pour une protéine régulatrice de la
transposition (OrfA) et une protéine
de fonction inconnue (OrfB). Enfin,
les IS101 et IS1071 forment une
18e famille [12] se distinguant des
précédentes par les similitudes
qu’elles partagent avec les transposons non composites.
Transposons composites
Deux IS suffisamment proches l’une
de l’autre peuvent agir de concert et
mobiliser le segment d’ADN qu’elles
encadrent. Ces structures sont appelées transposons composites. Les IS
peuvent être en orientation directe
ou inverse. Très souvent, seule l’une
des deux IS du transposon code pour
une transposase fonctionnelle,
l’autre codant souvent pour un régulateur de la transposition. C’est le cas
chez Tn5 et Tn10 [5]. Le segment
d’ADN encadré par les IS n’intervient pas dans la transposition et
peut coder pour n’importe quelle
fonction. Le plus souvent, il s’agit de
gènes de résistance aux antibiotiques
(kanamycine chez Tn5, tétracycline
chez Tn10 ou chloramphénicol chez
Tn9), ou de gènes cataboliques
comme chez Tn3411 (catabolisme du
citrate) ou Tn5280 (catabolisme du
trichlorobenzène). Notons finalement, qu’un même couple d’IS peut
border des segments d’ADN d’origine différente, formant différents
transposons composites. C’est le cas
de IS1071 qui se retrouve sur différents transposons cataboliques [13]
ou de IS1 dont deux copies flanquent un gène de résistance au chloramphénicol dans Tn9 et celui d’une
entérotoxine dans Tn1681.
Transposons non composites
Les transposons non composites se
caractérisent par l’absence d’IS à
leurs extrémités. La plupart d’entre
eux sont apparentés par leur transposase [14] et par leurs séquences terminales de 35 à 48 pb, répétées en
orientation inverse et reconnues par
la transposase. Ces transposons ont
des tailles variables (jusqu’à 70 kb
dans le cas de Tn4651). Ils contiennent des informations génétiques
essentielles à la transposition et des
informations dites « auxiliaires » qui
peuvent être des gènes cataboliques
(Tn4651) ou des gènes de résistance
aux antibiotiques (Tn3, Tn1721).
Comme nous le verrons plus loin, ils
utilisent pour la plupart un mode
réplicatif de transposition engendrant des co-intégrats. La plupart de
ces éléments codent pour une transposase (TnpA) et une résolvase
(TnpR). Cette seconde recombinase
catalyse une recombinaison spécifique du site entre deux copies de
l’élément, ce qui résout les co-intégrats et achève la transposition.
Tn7 appartient à une famille de
transposons non composites qui se
démarque par la nature de son système de transposition. Il fait intervenir
les produits de 5 gènes (tnsA, B, C, D,
E). La transposase peut se composer
des protéines TnsA, B, C et E. Elle
dirige alors la transposition de l’élément vers des sites d’insertion aléatoires. Lorsqu’elle se compose des
protéines TnsA, B, C et D, elle catalyse la transposition en un site unique,
attTn7, localisé près de l’origine de
réplication de la bactérie hôte [5].
Outre le nombre plus élevé de protéines impliquées dans la transposim/s n° 8-9, vol. 15, août-septembre 99
Société Française de Génétique
Figure 1. Structure des éléments
transposables. A. Séquences IS. Les
TnpA = OrfAB
triangles noirs représentent les sétnpA
inh
orfA orfB
quences terminales en répétition inverse (IR). Les IS existent sous une forme simple portant uniquement le gène
tnpA
(IS3)
de la transposase (tnpA), ou sous une
forme contenant un cadre de lecture
qui code pour tnpA et pour inh, verB Transposons composites
sion tronquée de tnpA agissant comme inhibiteur de la transposition. Dans
la famille IS3, la transposase (OrfAB)
IS
IS
XX
résulte d’un déphasage programmé
de la traduction entre deux cadres ouverts de lecture qui codent pour une
C Transposons non composites
protéine régulatrice de la transposition
(OrfA) et une protéine de fonction intnpR
tnpA
res
connue (OrfB). B. Transposons composites. La séquence interne (notée XX)
XX
XX
des transposons composites, contetnpA
tnpR res
nant des gènes de résistance aux antiXX
XX
biotiques ou aux métaux lourds, ou
des gènes cataboliques, est localisée
entre deux IS. C. Transposons non
D Tn7
composites. tnpA et tnpR codent respectivement pour la transposase et la
int ant
IRL
tnsE tnsD tnsC tnsB tnsA
IRR
résolvase. Les boîtes rouges indiquent
le site d’action de la résolvase (res) et
les triangles aux extrémités, les IR,
sites d’action de la transposase. On
E Tn916
distingue deux types de structure seIR
IR
lon la position relative de tnpA et tnpR.
T
Tra
Tra
Tra/T
D. Tn7. Les flèches représentent les
gènes de la transposase. IRL, IRR : séquences terminales en répétition inverse. int, ant : gènes de l’intégron
int xis σ28
tetM leader p60
oriT
mbeA
contenu dans ce transposon. E. Tn916.
Ce transposon conjugatif porte 22 orfs,
F Mu
dont les gènes de l’intégrase et de l’excisionase int et xis (en noir), le gène
O1 O2 O3
tetM de résistance à la tétracycline et
gènes tardifs att R sa séquence leader (en rouge), trois
att L
A
B
c
ner
orfs (en rose) présentant respectivement des similitudes avec un gène qui
code pour une sous-unité σ28 de
l’ARN-polymérase, une protéine de
L1
L2 L3
R3 R2 R1
surface (p60) et une protéine impliquée dans le transfert conjugatif
G Intégrons
(MbeA). Les régions nécessaires à la
Pant
translocation, la conjugaison ou les
deux
sont indiquées par : T, Tra, Tra/T ;
Intégron
Cassette
oriT : origine de transfert. Chaque exint
attI
ant
trémité du transposon porte une IR.
Pant
F. Mu. Représentation discontinue ne
prenant en compte que les régions impliquées dans la transposition. A, B, c,
int
attI
ant
ner : gènes codant pour la transposase
(pA), la protéine activatrice de la transposase (pB) et les répresseurs Repc et ner. c et ner sont séparés par une région régulatrice contenant les opérateurs O1,
O2 et O3 (en rouge) qui, chez le prophage, sont liés au répresseur Repc. O1 et O2 constituent la séquence IAS, activatrice de la transposition. Les extrémités attL et attR du phage contiennent chacune 3 motifs similaires de 22 pb (L1, L2,
L3 et R1, R2, R3) (flèches noires) reconnus par la transposase. G. Intégrons. L’intégron, constitué d’un gène int (rectangle blanc) codant pour l’intégrase, d’un site d’action de l’intégrase (attI) (rectangle rouge) et d’un promoteur (pant),
est représenté séparé ou associé à une cassette (rectangle bistre). Celle-ci contient des gènes de résistance aux antibiotiques (ant) et l’élément de 59 paires de base utilisé comme site de recombinaison pour l’intégration (carré noir).
A
IS
m/s n° 8-9, vol. 15, août-septembre 99
III
Société Française de Génétique
tion, les transposons de cette famille
contiennent un intégron qui, comme
nous le verrons plus loin, leur permet de piéger des informations génétiques auxiliaires, principalement des
gènes de résistance aux antibiotiques
[15, 16].
Transposons conjugatifs
Les transposons conjugatifs (TnC)
sont des éléments chimériques qui
cumulent les propriétés d’intégration
des bactériophages et les propriétés
de transfert des plasmides conjugatifs. Les TnC ont initialement été
identifiés comme agents responsables
de la dispersion des résistances aux
antibiotiques chez les bactéries à
Gram positif en milieu hospitalier
[17]. Cependant, la description
récente de nouveaux éléments de ce
type, chez Bacteroides [18] et Salmonella [19], suggère qu’ils existent aussi
chez les bactéries à Gram négatif.
Tn916, le TnC le mieux caractérisé, a
largement contribué à notre compréhension de la structure et de la mobilité des éléments de ce type. Ils peuvent exister sous deux formes : l’une
linéaire intégrée au génome de
l’hôte, et l’autre circulaire libre, qui
est vraisemblablement la forme
conjugative [17, 20]. Tous les TnC
portent un gène int. Généralement
localisé à l’une des extrémités de
l’élément, il code pour une intégrase
qui catalyse l’excision et l’intégration
de la forme circulaire du transposon.
Les TnC comportent, en outre, une
batterie de gènes impliqués dans le
transfert conjugatif et une origine de
transfert qui ne présentent pas de
similitude avec les systèmes de transfert plasmidiques [17, 18] si ce n’est
dans le cas du transposon biphényle
Tn4371 dont deux gènes de transfert
au moins sont apparentés à ceux des
plasmides de groupe IncPα [21].
Notons finalement que chez les TnC,
la présence de séquences IR aux
extrémités est fréquente, mais pas
générale.
IV
Bactériophages transposables :
cas du phage Mu
Mu (pour « mutateur ») est le plus
connu d’un petit groupe de phages
tempérés transposables aussi appelés
phages mutateurs en raison des
mutations créées lorsqu’ils s’intègrent au hasard dans le génome de
la bactérie hôte [22]. Intégré, Mu
peut persister sous forme de prophage latent, comme tout phage tempéré. Son intégration est une transposition, dans laquelle n’est impliquée
qu’une petite partie de son génome :
les deux extrémités attL et attR, et
deux gènes codant respectivement
pour une transposase (pA) et une
protéine activatrice de la transposition (pB) (figure 1). A l’état de prophage, la transcription de ces deux
gènes est réprimée par un répresseur, lui-même codé par le phage.
Lorsque le phage rentre en phase
lytique, la transcription des gènes
viraux est déréprimée. Le génome
de 38,5 kb est amplifié par un mécanisme de transposition réplicative
(voir plus loin). Le reste du génome
phagique contient les gènes qui
interviennent dans la phase tardive
du développement lytique (essentiellement la synthèse des protéines
d’enveloppe, l’encapsidation de
l’ADN dans les particules virales et la
lyse de la cellule hôte). Les phages
mutateurs partagent avec les TnC la
propriété de pouvoir se transférer
entre cellules. Le mode de transfert
est cependant complètement différent puisque les premiers utilisent la
conjugaison alors que les seconds
utilisent des cycles de lyse et d’infection.
Intégrons
Contrairement aux transposons, les
intégrons sont plutôt des « éléments
mobilisateurs » que des éléments
transposables proprement dits. Nous
ne les discuterons donc pas en détail
ici, sinon pour rappeler qu’ils résident sur les chromosomes, les plasmides ou les transposons, et piègent
des séquences d’ADN appelées « cassettes », en aval du promoteur (Pant)
situé immédiatement en amont de
att I. Ce sont les cassettes qui sont
mobiles bien qu’elles ne véhiculent
pas les gènes qui gouvernent leur
mobilité. Les intégrons sont constitués d’un gène codant pour une intégrase et d’un site d’action pour cette
enzyme, att I. Un autre site d’action
de l’intégrase appelé « élément de
59 paires de bases », localisé sur la
cassette, permet à l’enzyme de catalyser l’intégration ou l’excision des cassettes mobiles dans l’intégron [23].
att I et l’élément de 59 paires de
bases ne partagent que très peu de
similitude. Les cassettes contiennent
le plus souvent un gène de résistance
aux antibiotiques [24].
Mention spéciale : phages tempérés,
plasmides intégratifs
et îlots de pathogénicité
Les phages tempérés ont depuis
longtemps été considérés par certains auteurs comme des éléments
transposables [25]. Ce point de vue
se justifie pleinement aujourd’hui,
au vu des propriétés structurales et
fonctionnelles que ces éléments partagent avec les TnC et les phages
mutateurs. En effet, TnC et phages
lambdoïdes partagent le même
mécanisme d’excision/intégration
catalysé par une enzyme de la famille des intégrases (voir plus loin).
Phages lambdoïdes et mutateurs
partagent quant à eux le même
mode de transfert intercellulaire
par cycle lytique et infection. On
note également des similitudes
entre les transposons conjugatifs et
les plasmides intégratifs, qui codent
tous deux pour une intégrase [26].
Il est d’ailleurs de plus en plus difficile d’établir une barrière entre les
TnC et ces plasmides qui ne se distinguent que par le fait que les
seconds peuvent résider dans leur
hôte, soit intégrés dans le génome,
soit sous la forme d’un plasmide
alors que les premiers n’ont, à ce
jour, jamais été trouvés sous la
forme de plasmide.
A ces nouveaux membres de la grande famille des éléments transposables
s’ajouteront sans doute prochainement les îlots de pathogénicité. Identifiés dans les chromosomes ou les
plasmides de virulence de bactéries
pathogènes des animaux aussi bien
que des plantes, ces îlots contiennent
les gènes codant pour les protéines
responsables de l’interaction du
pathogène avec sa cellule hôte eucaryote. Ils sont associés, soit à un gène
codant pour une intégrase, soit à une
ou plusieurs séquences IS, ce qui suggère qu’ils puissent être transposables [27].
m/s n° 8-9, vol. 15, août-septembre 99
Société Française de Génétique
Les mécanismes de transposition
Excision/Intégration
On entend par transposition, tout
événement au cours duquel une
enzyme de recombinaison spécialisée, ou recombinase, reconnaît spécifiquement les extrémités d’une entité
d’ADN et catalyse son transfert d’un
site donneur vers un site cible. Trois
types de recombinases ont été définis
en fonction de leur activité enzymatique : les transposases, les intégrases
et les résolvases/invertases. Ces
recombinases déterminent le mécanisme de la transposition qui peut se
faire par excision/intégration, être
conservative ou opérer de façon
réplicative [5, 28, 29].
• L’excision/intégration ne fait intervenir aucune synthèse d’ADN et est,
en ce sens, un mode de transposition
conservatif. Elle opère en deux
étapes indépendantes catalysées par
la même recombinase, l’intégrase.
Au cours de la première étape, l’élément transposable s’excise du réplicon donneur sous la forme d’un
intermédiaire circulaire résultant de
la liaison covalente des deux extrémités tandis que le réplicon donneur
est réparé par ligature des fragments
de jonctions. L’intégration quant à
elle, correspond au processus inverse
de l’excision (figure 2).
• La transposition conservative
implique que l’élément transposable
quitte le réplicon donneur pour se
réinsérer au site cible (figure 2). Le
départ du transposon laisse une
brèche dans le réplicon donneur qui,
de ce fait, sera perdu à moins qu’une
autre copie du réplicon ne soit présente dans la cellule hôte et ne puisse servir de réplicon modèle pour
une conversion génique. Celle-ci permettra alors de réparer la brèche à
partir de la copie du transposon présente sur le répliconmodèle [30].
Après transposition et réparation, il y
aura donc deux copies du transposon
dans la cellule, l’une dans le réplicon
donneur, l’autre dans le réplicon
cible.
• La transposition réplicative se distingue de la précédente par le fait
que l’élément transposable ne s’excise pas du réplicon donneur. Il y a formation d’un « co-intégrat » où réplicons donneur et cible sont fusionnés
m/s n° 8-9, vol. 15, août-septembre 99
donneur
Excision
donneur
Intégration
cible
Transposition conservative
Transposition
donneur
cible
Réplicon
modèle
Conversion
Transposition réplicative
Transposition
donneur
Résolution
cible
Co-intégrat
Figure 2. Les différents modes de transposition : excision/intégration, transposition réplicative et transposition conservative. Les réplicons cibles peuvent correspondre à des plasmides ou des chromosomes. L’élément transposable présent initialement sur le réplicon donneur est représenté par un
cadre bordé de deux triangles et son orientation est arbitrairement définie
par une flèche. L’encart illustre la réparation du réplicon donneur par conversion génique lors de la transposition conservative. Les barres noires représentent les sites res qui interviennent dans la résolution de co-intégrat lors
de la transposition réplicative. Voir figure 4 pour une présentation du mécanisme moléculaire des transpositions conservative et réplicative.
V
Société Française de Génétique
3'
5'
Transposon
Transposase
Première
attaque
nucléophile
Réplicon
donneur
R
D
Mg2+
O
D
O
R'
P
E
O
O
O
H
H
3'
5'
H
R
Seconde
attaque
nucléophile
Réplicon
donneur
D
O
Mg2+
O
D
O
R'
P
E
O
O
OH
O
P
3'
5'
R O
O
R'
ADN cible
Site cible
3'
5'
O
3'
5'
Brin
transféré
R O P
OH
O
O
R
D
R'
Mg2+
VI
O
D
O
R'
P
E
par l’intermédiaire de deux copies
du transposon dans la même orientation. Généralement, cette structure
ne persiste pas et une recombinaison
entre les deux copies du transposon
« résout » le co-intégrat en un réplicon donneur identique à l’originel
avant transposition, et un réplicon
cible alourdi d’une copie du transposon (figure 2). Cette résolution fait le
plus souvent intervenir une recombinaison spécifique du site catalysée
par une résolvase codée par le transposon et qui agit au niveau d’un site
Figure 3. Mécanisme du transfert de
brin catalysé par les transposases.
Une jonction transposon/réplicon
cible est représentée liée à un monomère de transposase (cercle
bistre) avec son motif DDE liant des
ions Mg2+. Une molécule d’eau agit
comme nucléophile pour rompre
une liaison phosphodiester et libérer
l’extrémité 3’-OH du transposon.
Cette extrémité 3’-OH conduit une
deuxième attaque nucléophile, de
transestérification, au niveau du site
cible. L’extrémité 3’-OH libérée au
niveau du site cible sert de point de
départ pour une réparation (transposition conservative) ou une duplication (transposition réplicative).
O
OH
res également porté par le transposon
[29]. Dans certains cas, une intégrase
qui reconnaît et agit sur un site att,
remplace cette résolvase [12]. La
résolution peut aussi être assurée par
les enzymes de recombinaison homologue de la bactérie hôte.
Transposase et transposition
Les transposases sont peu conservées
dans leur séquence primaire, mais
contiennent très souvent un motif
conservé DD-E, où le résidu glutamate (E) est généralement séparé des
deux résidus aspartate (D) par
35 acides aminés. Ce motif fut originellement identifié au sein des intégrases de rétrovirus qui appartiennent à cette famille d’enzymes. Il est
impliqué dans la liaison de deux ions
métalliques bivalents et fait partie du
site catalytique de l’enzyme [31].
Le mécanisme d’action de la transposase est particulièrement bien étudié
dans le cas du bactériophage Mu. Sous
forme monomérique, la transposase
MuA se lie à l’ADN phagique, au
niveau des extrémités et d’une séquence activatrice de la transposition (IAS)
pour former un complexe nucléoprotéique appelé « transpososome ».
Cependant, la transposase n’est active
pour le transfert de brin que sous la
forme tétramérique [32]. Le Mg2+
piégé par le motif DD-E interagit alors
avec les extrémités de l’élément et fragilise un pont phosphodiester qui
devient sensible à une attaque nucléophile par une molécule d’eau (figure 3).
La réaction libère les extrémités 3’-OH
de l’ADN phagique qui lancent une
seconde attaque nucléophile contre les
ponts phosphodiester de l’ADN cible y
libérant des extrémités 5’-P sortantes. A
l’issue de cette seconde réaction, les
deux extrémités 3’ de Mu sont liées
aux deux extrémités 5’ du site cible. Ce
scénario de coupures et transestérifications se retrouve pour toutes les transposase à motif DD-E [5, 31, 33]. Toutes
initient la réaction de transfert de brin
en libérant les extrémités 3’-OH du
m/s n° 8-9, vol. 15, août-septembre 99
Société Française de Génétique
Figure 4. Transposition conservative
et réplicative. A. Transposition
A
B
conservative. Les deux brins du
transposon, le réplicon donneur et
le réplicon cible sont respectiveCoupures double brin
Coupures simple brin
ment représentés par des rectangles
blancs, des traits fins (noirs) et des
traits épais (rouges). La transposase
Transposon
clive chaque jonction entre transposon et réplicon donneur, ce dernier
étant libéré sous la forme d’une mo3'
3'
lécule linéaire. Selon les cas, le
e
ou
3'
2 brin est clivé à chaque extrémité
Cible
du transposon qui est alors libéré
3'
5'
5'
sous une forme linéaire, ou les ex5'
trémités 3’-OH se lient aux brins op5'
posés du transposon qui se retrouve
sous la forme d’une épingle à cheveux. Dans le premier cas, les extréTransfert
Transfert
mités 3’-OH attaquent et se lient à la
de brin
de brin
cible en libérant des extrémités
libération
3’ rentrantes. Dans le second, les
des extrémités 5’
épingles sont ouvertes aux extrémi3'
3'
3'
tés, avec formation d’extrémités
3'
3’-OH qui attaquent la cible comme
dans le premier cas. Les séquences
d’ADN simple brin correspondant
au site cible et qui flanquent l’éléréplication aux
ment sont réparées par réplication,
Réplication aux
extrémités 3’
ce qui génère une courte répétition
extrémités 3’
directe à chaque extrémité du transposon. B. Transposition réplicative.
La transposase introduit une coupure simple brin au niveau des jonctions transposon/réplicon donneur.
Comme précédemment, les extrémités 3’-OH de l’élément attaquent et
clivent le site cible en engendrant
des extrémités 5’ sortantes et se
Transposition
lient à ces dernières. La structure
conservative
qui en résulte est le complexe de
transfert de brin ou STC (pour
Co-intégrat
strand transfer complex). Une réplication semi-conservative initiée aux
extrémités 3’-OH de la cible se propage à travers le transposon engenTransposition
drant un co-intégrat qui contient
réplicative
une duplication du site cible. La résolution du co-intégrat (voir figure
2) laisse une copie du transposon
sur le réplicon donneur et l’autre, flanquée de la duplication, sur le réplicon cible.
transposon. En revanche, dans certains
cas (IS10 et IS50, de la famille IS4,
dont deux copies bordent respectivement les transposons Tn10 et Tn5), la
seconde attaque nucléophile ne se fait
pas sur l’ADN cible mais bien sur le 2e
brin de la double-hélice qui a subi la
première coupure, libérant ainsi le
transposon sous forme libre. A chaque
m/s n° 8-9, vol. 15, août-septembre 99
extrémité de l’élément, une nouvelle
attaque nucléophile libère à nouveau
une extrémité 3’-OH qui attaque la
cible. Ce mécanisme est tout à fait semblable à celui des recombinaisons VDJ
au sein des gènes codant pour les
immunoglobulines [33, 34]. Chez
d’autres transposons, enfin, le second
brin de l’extrémité est clivé, libérant
une extrémité 5’-P (figure 4A). C’est par
exemple le cas chez Tn7. Au sein de
l’hétéromultimère qui constitue la
transposase (voir plus haut) la protéine
TnsB produit l’extrémité 3’-OH et c’est
la protéine TnsA qui engendre l’extrémité 5’-P [5].
Une caractéristique constante des
transpositions réplicatives et conser-
VII
Société Française de Génétique
vatives catalysées par les transposases, est la duplication, de part et
d’autre de l’élément intégré, de
quelques paires de bases définissant
le site cible [35]. Celui-ci subit une
coupure décalée 5’sortante à la suite
de la liaison covalente des extrémités 3’-OH du transposon, libérant
des extrémités 3’-OH au site cible.
Comme elles servent d’amorce à la
réplication de l’ADN par la machinerie de l’hôte, les trous laissés par
la coupure décalée de la cible sont
comblés, engendrant cette duplication. En revanche, selon que la
transposase a ou n’a pas clivé
l’extrémité 5’ du transposon, la
transposition sera conservative ou
réplicative (figure 4). Dans le premier cas, les deux brins d’ADN du
transposon sont simultanément
désolidarisés du site donneur et la
synthèse d’ADN s’arrête au niveau
du transposon qui n’est pas répliqué
(transposition conservative). Si en
revanche, le second brin du transposon n’est pas clivé, la synthèse
d’ADN débutée à l’extrémité 3’-OH
de la cible se poursuit à travers le
transposon et le duplique, engendrant un co-intégrat (transposition
réplicative). Ce mécanisme, proposé
à l’origine par Shapiro [36], est utilisé par le phage Mu [22, 37], par les
transposons non composites qui
constituaient la classe II [38] et par
Tn7 lorsque sa protéine TnsA est
inactivée [5].
VIII
Intégrases et intégration
Les intégrases interviennent dans
l’excision et l’intégration des transposons du genre conjugatif (figure 2).
Selon un modèle initialement proposé pour Tn916 [20], ce processus est
analogue à celui qu’utilisent les bactériophages tempérés de type λ lorsqu’ils s’intègrent ou s’excisent du
génome bactérien [39]. Tout comme
les transposases, les intégrases forment une famille d’enzymes aux
séquences primaires faiblement
conservées mais dont quatre résidus,
qui forment le site catalytique, sont
pratiquement invariants. Ces quatre
résidus sont localisés dans deux
domaines de la moitié carboxy-terminale de l’enzyme [40]. Le domaine I
contient une arginine (R) et le
domaine II une histidine et une arginine (HxxR) séparées d’une tyrosine
(Y) par 34 à 40 acides aminés. Quatre
protomères d’intégrase sont nécessaires pour catalyser une recombinaison spécifique du site entre deux
molécules d’ADN (figure 5A). Chacun
d’eux se lie à la moitié d’un site de
recombinaison pour former un complexe synaptique. Les résidus RHR
du site actif de deux des quatre protomères fragilisent une liaison phosphodiester de l’ADN qui devient sensible à une attaque nucléophile par
la tyrosine catalytique. Il en résulte
un premier clivage de brin à l’issue
duquel le résidu tyrosine est lié à
l’extrémité clivée 3’ de l’ADN par
une liaison 3’-phosphotyrosyl (figure 5B). L’autre extrémité, libérée sous
forme 5’-OH, met en route l’attaque
nucléophile d’un phosphotyrosyl sur
un complexe intégrase/ADN adjacent, reformant ainsi une liaison
phosphodiester ADN/ADN et une
jonction de Holliday (figure 5C).
Ensuite, les deux autres protomères
d’intégrase se mettent (peut-être par
l’isomérisation de la jonction de Holliday) en position d’effectuer un
second échange de brins par un processus identique (figure 5D). Les
quatre protomères d’intégrase se dissocient alors du complexe et libèrent
la structure d’ADN recombinante
(figure 5E). L’intégration d’une structure circulaire catalysée par l’intégrase est un phénomène réversible, la
réaction inverse étant l’excision de
l’élément intégré.
Toute intégration/excision catalysée
par une intégrase met en jeu un site
d’ADN de 20 à 30 pb appelé « site
cœur » dont l’organisation est illustrée dans la figure 6. Riche en AT, il
se compose généralement de deux
domaines de liaison pour l’intégrase,
arrangés en répétition inverse autour
d’un site de clivage appelé « région
de chevauchement » chez λ ou
« séquences associées » chez Tn916.
Comme l’illustre Tn916, cette courte
séquence de 6 à 8 pb n’est pas systématiquement identique entre le site
cœur de l’élément et celui de la cible
bien qu’elle le soit dans le cas du
phage λ. D’autres sites de liaison
pour l’intégrase et les protéines
accessoires participant à la recombi-
naison flanquent le site cœur. Chez
le phage λ par exemple, on compte
trois sites supplémentaires pour la
liaison de l’intégrase et trois sites de
liaison pour la protéine IHF. Celle-ci
courbe l’ADN, permettant le positionnement correct des protomères
d’intégrase (figure 6A, B). Le site
cœur et l’ensemble des sites de fixation de l’intégrase et de IHF constituent le site d’attachement attP.
Chez Tn916, l’excision débute par
des coupures, décalées de 5 à
6 nucléotides à chaque jonction entre
l’élément et son site d’insertion. Les
séquences associées, non homologues, se retrouvent en vis-à-vis dans
l’intermédiaire circulaire où elles forment une courte région non appariée (figure 7). Au niveau de l’ancien
site d’insertion, les deux séquences
simple brin, engendrées par la coupure décalée, sont réunies et ligaturées, formant, elles aussi, une courte
zone non appariée. La réplication
rétablit les appariements mais produit deux types de molécules, l’une
contenant la séquence initiale,
l’autre contenant une séquence différente. Un phénotype muté peut donc
persister dans 50 % de la descendance de la cellule qui a subi l’excision
de l’élément [20].
Quand Tn916 s’intègre, séquences
associées et séquences cibles sont de
nouveau clivées de manière décalée
(5 à 6 nucléotides) et liées les unes
aux autres. Deux nouvelles zones de
non appariement apparaissent entre
les séquences cibles et les séquences
associées apportées par le transposon
(figure 7). Ici encore, une réplication
de l’ADN pourra restaurer l’appariement. Parce que les séquences associées ne sont complémentaires ni
entre elles ni de la séquence cible,
l’insertion de Tn916 (ou de transposons apparentés) n’engendre pas de
« duplication » du site cible, contrairement à ce qui se passe avec les réactions catalysées par les transposases.
La différence entre le phage λ et les
transposons conjugatifs tient à la
capacité de leur intégrase de tolérer
les mauvais appariements au niveau
des séquences qui recombinent. La
variation de la spécificité d’insertion
entre éléments qui utilisent un intégrase pourrait être directement liée à
m/s n° 8-9, vol. 15, août-septembre 99
Société Française de Génétique
A
A Complexe synaptique
RHR
P
B Premier clivage de brin
RHR
Y
P
Y
P
Y
Y
RHR
RHR Y
5'-OH
RHR
P
P
HO-5'
Y
P
Y
RHR
P
P
Y
RHR
C Jonction de Holliday
C
RHR
D
D Second clivage de brin
RHR
Y
P
HO-5'
Y
P
Y
RHR
P
P
Y
RHR
RHR
Y
P
Y
P
RHR
RHR
Y
P
P
Y
RHR
RHR
5'-OH
E
E Produit recombinant
RHR
P
F Produit recombinant
Y
Y
P
P
P
RHR
RHR
P
Y
P
Y
P
P
RHR
Figure 5. Mécanisme du transfert de brin catalysé par les intégrases. A. Les
deux molécules d’ADN intervenant dans la recombinaison spécifique du site
sont respectivement représentées par des lignes grises et rouges. Un dimère
d’intégrase est lié à chaque site cœur. Chaque monomère contient un site catalytique RHRY et catalyse le transfert d’un brin d’ADN. B. L’attaque nucléophile d’une liaison phosphodiester (P) par la tyrosine du site actif (Y) conduit
au clivage d’un brin sur chaque molécule d’ADN. Deux liaisons phosphotyrosyles sont formées et des extrémités 5’-OH sont libérées. C. Ces extrémités
initient une nouvelle attaque nucléophile, au niveau des liaisons phosphotyrosyles du brin opposé, reformant des liaisons phosphodiester et créant une
jonction de Holliday. D et E. Deux autres attaques nucléophiles, au niveau
des deux autres protomères d’intégrase, conduisent au second échange de
brin comme décrit en B et C, générant la structure recombinante finale ou les
deux molécules d’ADN initiales sont fusionnées.
m/s n° 8-9, vol. 15, août-septembre 99
cette tolérance, les éléments les
moins spécifiques ayant les intégrases
les plus permissives. En outre, la similitude des sites cœur des séquences
recombinées lors de l’intégration va
de pair avec celles des séquences
flanquant l’élément inséré. La présence de séquences répétées de part
et d’autre de certains TnC pourrait
donc refléter le degré d’identité
nécessaire entre les deux sites impliqués dans la recombinaison. Outre
leur richesse en AT, les sites de différents éléments utilisant une intégrase
ne présentent pas de similitude.
Résolvases et invertases
La grande majorité des transposons
qui utilisent la transposition réplicative et produisent des co-intégrats résolvent ces derniers en deux molécules,
par une recombinaison spécifique du
site catalysée par une « résolvase »
(figure 2). Les résolvases appartiennent
à la même famille d’enzymes que les
invertases. Les premières agissent sur
des séquences en orientation directe
appelées res. Les mieux caractérisées
sont celles codées par Tn3 et γδ. Les
secondes recombinent des séquences
en orientation inverse (aussi appelées
IR bien qu’elles n’aient rien de commun avec celles qui sont reconnues
par les transposases) provoquant
l’inversion du segment d’ADN qui les
sépare. Ce type de recombinaison, qui
se produit indépendamment de toute
transposition, peut connecter ou
déconnecter un gène de son promoteur, permettant ainsi l’expression
alternative de deux gènes. L’invertase
de Mu (Gin) assure par exemple
l’expression alternative de deux
couples de gènes impliqués dans la
synthèse des protéines qui forment les
fibres de la particule virale, ce qui
étend le spectre d’hôte du virus. Une
autre invertase (Hin) détermine le
changement sérotypique de Salmonella [42]. La recombinaison spécifique
du site ne se borne donc pas à promouvoir la mobilité de séquences
d’ADN. Elle intervient dans d’autres
fonctions biologiques (pour plus de
détails, voir [12]).
Contrairement aux transposases et
aux intégrases, les résolvases et les
invertases ont des séquences en acides
aminés semblables. Toutes contien-
IX
Société Française de Génétique
A
attPλ
IHF
B
INT
site cœur
Phage λ
IHF
IHF
INT
région de chevauchement
Fis Xis
IHF
attP
IHF
attB
intégration
IHF
Lambda
IHF
Fis Xis
IHF
Figure 6. Structure des sites att du
phage λ et du transposon Tn916.
A. Structure des ADN substrats de la
recombinaison par l’intégrase du
bactériophage λ. Le site minimum de
recombinaison est le site cœur (20 à
30 pb), qui constitue le site spécifique d’insertion du génome de λ sur
le chromosome de E. coli K12, attB.
B. Sur le génome du phage, la région
impliquée dans la recombinaison,
attP, contient de nombreux sites permettant la liaison des protéines accessoires IHF, FIS et Xis. Les rectangles blancs ou rouges et les
triangles noirs représentent respectivement les sites de fixation des domaines carboxy- et amino-terminaux
de l’intégrase. C. Chez Tn916, comme chez λ, il existe deux types d’interactions ADN/intégrase. Ces interactions mettent en jeu des domaines
différents de l’intégrase et des séquences différentes sur l’ADN. Les
symboles sont les mêmes que dans
la section B.
site cœur
séquences associées
C
Tn916
Tn916
site cible
Domaine
C-terminal de
liaison à l'ADN
Domaine
N-terminal de
liaison à l'ADN
Intégration
Intégrase
Tn916
X
nent une sérine catalytique en position 10 et, à l’extrémité carboxy-terminale, un motif de liaison à l’ADN par
lequel elles se fixent respectivement
aux sites res ou IR. Ceux-ci sont aussi
apparentés par leur séquence nucléotidique et leur organisation. Les sites
res sont constitués de trois sous-sites.
La réaction de transfert de brin se fait
au sein du site I (figure 8). L’assemblage du complexe de résolution met en
jeu 6 dimères de résolvase, et deux
sites res dans la même orientation et
localisés sur la même molécule
d’ADN (figure 8A). Lors de l’échange
de brin, le radical hydroxyle de la sérine catalytique initie une attaque
nucléophile sur l’ADN et introduit
une cassure double-brin décalée de
2 paires de bases. La sérine forme un
lien covalent 5’-phosphosérine avec
l’ADN, libérant des extrémités 3’-OH
sortantes (figure 8C). Celles-ci servent
ensuite de nucléophile pour rompre
la liaison 5’P-Ser du double-brin partenaire, libérant la recombinase et terminant la réaction d’échange de brin
[29].
Le mode d’action des invertases est
semblable à celui des résolvases, à la
différence près que l’inversion
n’implique que deux dimères d’invertase. Chacun d’eux se lie à l’un des
sites IR qui doivent aussi être sur le
même ADN circulaire pour pouvoir
se recombiner. L’assemblage du complexe d’inversion est optimisé par la
présence de protéines qui courbent
l’ADN, FIS dans le cas de l’invertase
Gin de Mu, FIS et HU dans le cas de
l’invertase Hin de Salmonella [29].
La transposition :
variation sur le thème couper-coller
Les recombinaisons catalysées par les
transposases, les intégrases ou les
résolvases/invertases partagent des
caractéristiques communes tout en
ayant des mécanismes d’action différents. Toutes catalysent des réactions
de transestérification, au cours desquelles l’énergie libérée par la première attaque nucléophile est conservée pour effectuer le transfert de
brin. Intégrases et résolvases/invertases catalysent une réaction en deux
m/s n° 8-9, vol. 15, août-septembre 99
Société Française de Génétique
séquence
associée
Tn916
séquence
associée
Excision
intermédiaire
circulaire
+
transfert de brin ne s’effectuant
qu’après une migration de branche
au sein de cette jonction.
Au sein des trois familles de recombinases, on trouve cependant des
enzymes qui sont très spécifiques
dans le choix de leur site d’action (la
transposase de Tn7 et l’intégrase de
λ par exemple), et d’autres qui le
sont beaucoup moins (la transposase
de Mu ou l’intégrase de Tn916).
L’évolution semble donc avoir joué
de la même manière sur ces familles
de protéines, peut-être pour tendre à
un équilibre entre le fardeau que
représente, pour la cellule hôte, la
persistance de l’élément qui modifie
et mute son génome et le bénéfice
que cette cellule peut tirer de la présence de l’élément.
Intégration
Tn916
Réplication
Tn916
+
Figure 7. Modèle d’excision et intégration du transposon Tn916. Deux coupures décalées surviennent 6 bases au-delà de chaque extrémité de transposon (carrés et cercles). Ces six bases constituent les séquences associées.
Les deux extrémités du transposon sont ligaturées pour former un intermédiaire circulaire. Les renflements indiquent des zones non appariées (cercle
blanc, carrés rouges). Deux nouvelles coupures décalées ouvrent la structure
circulaire et le site cible (triangles). La ligature du transposon dans sa cible
produit à nouveau deux zones non appariées (triangles-carrés) qui sont résolues lors de la réplication de l’ADN. Lors de son excision, le transposon
laisse derrière lui une courte séquence non appariée, complémentaire de celle qu’il a emportée (cercles rouges, carrés blancs). Elle est résolue par la réplication, engendrant deux types de séquences dont l’une seulement est la
séquence sauvage avant l’insertion. Un gène peut donc rester muté après
l’excision du transposon.
étapes et assurent la conservation de
l’énergie entre les étapes en formant
un intermédiaire covalent avec l’ADN.
Les transposases, en revanche, assurent la transestérification en une
étape. Les transposases et les résolvases/invertases engendrent des
extrémités 3’-OH, alors que les intém/s n° 8-9, vol. 15, août-septembre 99
grases produisent des extrémités 5’OH. Les résolvases effectuent des
coupures décalées de 2 paires de
bases et transfèrent deux brins
d’ADN simultanément alors que les
intégrases comme celle du phage λ
transfèrent un brin pour produire
une jonction de Holliday, le second
Conséquences génétiques
de la mobilité des transposons
A côté de leur rôle adaptatif dans
l’amplification et la dispersion de
gènes ou groupes de gènes à forte
valeur sélective (résistances aux antibiotiques, voies cataboliques, toxines,
gènes de virulence, etc.), les éléments transposables ont inéluctablement des effets mutateurs sur les
génomes cibles. Comme ils contiennent des signaux d’arrêt de la traduction et de la transcription, ils inactivent le gène cible et tous ceux du
même opéron localisés en aval du
site d’insertion, phénomène qui a été
à l’origine de leur découverte. En
outre, ces éléments contiennent des
promoteurs dont certains dirigent
l’expression des gènes de l’élément
et d’autres pointent vers l’extérieur
de l’élément et peuvent transcrire
l’ADN de l’hôte localisé en amont ou
en aval du site d’insertion. Certains
gènes cryptiques de l’hôte peuvent
donc être activés lorsqu’un IS ou un
transposon s’insère en amont,
comme c’est le cas pour l’opéron bgl
de E. coli [42]. De même, des gènes
cryptiques localisés sur l’élément
peuvent être exprimés à partir d’un
promoteur de l’hôte situé aux abords
du site d’insertion.
Présents à plus d’une copie sur un
génome, les éléments transposables
(et plus particulièrement les
XI
Société Française de Génétique
A
II
I
III
III
I
II
B
Site I
Site II
Site III
C
S
S
S
S
S
S
S
Coupure
S
Transfert de brin
HO-3'
HO-3'
S
S
3'-OH
3'-OH
S
3'-OH
3'-OH
S
S
HO-3'
S
S
Rotation
de 180°
S
HO-3'
Figure 8. Recombinaison catalysée par les résolvases. A. Topologie de l’ADN
lors de l’association de 6 dimères de résolvase et de deux sites res. I, II et III :
sites de fixation d’un dimère de résolvase (voir texte pour plus de détails).
Chaque boule bistre représente un monomère de résolvase. B. Organisation
des sites I, II et III sur l’ADN linéaire. C. Détails de la réaction de recombinaison au site I. La sérine catalytique de chaque monomère de résolvase lance
une attaque nucléophile sur un brin d’ADN, libérant une extrémité 3’-OH sortante et forme avec l’ADN clivé un complexe covalent 5’-phosphosérine. Les
extrémités 3’-OH lancent ensuite une attaque nucléophile sur la liaison phosphosérine de l’autre ADN, réalisant le transfert de brin. La réaction entraîne
une modification du superenroulement de l’ADN recombiné.
XII
séquences IS) engendrent de ce fait
des zones d’ADN homologues. Au
sein d’un même réplicon, le système
de recombinaison homologue de
l’hôte, en agissant sur ces zones
d’homologie au niveau de deux
copies placées dans la même orientation, provoquera une délétion et
donc la perte d’information génétique. En revanche, une recombinaison entre deux copies en orientation
inverse d’un même élément provoquera l’inversion de la séquence
d’ADN comprise entre ces éléments,
ce qui peut avoir une incidence sur
l’expression de certains gènes qui se
retrouveraient par exemple connectés à un nouveau promoteur.
La transposition réplicative, lorsqu’elle s’effectue entre deux réplicons (réaction intermoléculaire)
passe par la formation d’un co-inté-
grat au sein duquel les deux réplicons sont fusionnés (figures 2 et 4).
La même réaction, lorsqu’elle se
produit entre un transposon et un
site cible du même réplicon (réaction intramoléculaire), provoque la
perte ou l’inversion d’un segment
de ce réplicon. La transposition
réplicative s’accompagne donc
d’un remaniement profond de la
structure du génome de la bactérie
hôte.
Les transposons ont donc d’importants effets délétères pour l’hôte qui
les héberge et leur pérennité nécessite une régulation drastique de leurs
activités. Ce ne sont cependant pas
des éléments génétiques purement
« égoïstes », dans la mesure où
l’acquisition de nouveaux gènes sous
la forme d’éléments transposables est
une voie majeure d’adaptation des
bactéries à l’accumulation de substances toxiques dans leur environnement.
On sait aussi depuis peu que des
populations bactériennes clonales
subissent des modifications de leur
génome même lorsqu’elles sont cultivées pendant de très nombreuses
générations dans un même milieu.
Des populations dominantes, qui différent par leur phénotype et leur
génotype, se succèdent dans ces cultures à long terme [43]. Les
séquences IS endogènes semblent
jouer un rôle dans les restructurations du génome qui produisent ces
types dominants [44]. Les éléments
transposables seraient donc une source de flexibilité génomique considérable, mise à profit par les cellules
hôtes pour répondre aux stress liés à
l’environnement ■
Remerciements
Nous remercions M. Chandler, J. Mahillon et
C. Wyndhal pour de nombreuses discussions.
Notre travail expérimental est subventionné
par un programme TOURNESOL (France/
Flandres), par le ministère de l’Éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la
recherche (UPRES 2023) et par le Fonds
pour la recherche scientifique médicale (Belgique).
m/s n° 8-9, vol. 15, août-septembre 99
Société Française de Génétique
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TIRÉS À PART
A. Toussaint.
Christophe Merlin
Docteur ès sciences. Université Joseph-Fourier, Laboratoire de microbiologie, BP 53,
38041 Grenoble Cedex 9, France.
Ariane Toussaint
Directeur de recherche au CNRS, Université Joseph-Fourier, Grenoble et Université
Libre de Bruxelles, Laboratoire de génétique des procaryotes, 67, rue des Chevaux,
B-1640 Rhodes Saint-Genèse, Belgique.
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