Lois Ibsen Lamya Al Farûqî,
Islam et famille élargie.
Article originel en anglais : Islam and the Extended Family Prepared for the
Annual Meeting Society for the Scientific Study of Religion, October 24-26
1975, Milwaukee, Wisconsin
Synthèse de l’article, étudiée lors de notre Conversation publique
Redonner une âme à la famille, au Théâtre des Tanneries,
Samedi 24/05/14
www.caravane-en-mouvement.fr/redonner-une-ame-a-la-famille
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SOMMAIRE
1. INTRODUCTION GENERALE ....................................................... 2
2. VISION ISLAMIQUE DE LA FAMILLE .............................................. 4
Richesse dans la composition de la famille ............................. 4
Forte interdépendance des rôles ............................................. 4
3. LA FAMILLE DANS LA SOCIETE AMERICAINE CONTEMPORAINE........ 7
Crise de la famille nucléaire ..................................................... 7
Indétermination et surcharge du rôle de la femme................... 8
Généralisation de l’anonymat et de la solitude ........................ 9
Désintégration de la fibre morale ........................................... 10
Difficulté à être parent et à assurer la socialisation des
enfants ............................................................................................. 11
4. LES PREREQUIS D’UNE FAMILLE ELARGIE.................................. 14
Changer les perceptions que l’on a de la famille
élargie de l’interdépendance qu’elle nécessite ................................ 14
Revaloriser les rôles domestiques auprès de l’opinion
publique ........................................................................................... 14
Décentraliser la politique de travail, de l’éducation et
des loisirs ......................................................................................... 15
Soutenir la famille étendue à travers la loi et la fiscalité ........ 16
Développer une politique de logement adaptée..................... 16
5. LE FUTUR DE LA FAMILLE ELARGIE DANS LES SOCIETES
MUSULMANES ....................................................................... 17
La famille élargie peut-elle exister dans une société
industrielle urbaine ? ........................................................................ 17
Les changements législatifs altèrent-ils l’efficacité de la
famille étendue ?.............................................................................. 17
Quel effet la tendance à l’éparpillement résidentiel
aura-t-elle sur la famille élargie ? ..................................................... 18
Le mouvement de libération de la femme va-t-il faire
rupture avec la famille élargie ? ....................................................... 18
Quel effet la tendance à l’éparpillement résidentiel
aura-t-elle sur la famille étendue ? ................................................... 20
Synthèse de lecture – Lois Ibsen Al Farûqî, Islam et famille élargie
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6. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES UTILISEES ............................ 21
1. INTRODUCTION GENERALE
Quelques mots sur l’auteur
L’américaine Lois Ibsen Lamya al-Faruqi (1926-1986) est
l’épouse d'Ismail al-Farûqî, tous deux parmi les plus grands
penseurs musulmans du XXe siècle. Elle étudiera les arts,
la musique, et les questions autour de la femme, selon une
perspective musulmane.
Parmi ses ouvrages, on peut noter : The Cultural Atlas of Islam, Islam
And Art, Islamic Traditions and the feminist movement: confrontation or
cooperation?, An Extended Family Model from Islamic Culture, Women,
Muslim Society, and Islam.
Comment aborder le sujet de la famille ?
Nous ne cherchons pas à étudier un objet pour l’étudier, à nous contenter
de décrire et de collecter des données « objectives » sur la famille.
L’économiste, le chercheur en sciences politiques, le sociologue,
l’historien, le savant religieux ou tout autre universitaire n’a rempli
qu’une partie de sa fonction lorsqu’il s’est contenté simplement de décrire
« l’objet » de sa recherche et de présenter des données. L’autre partie de
sa fonction, qu’il la réalise en tant que personne ou en collaboration avec
d’autres acteurs, c’est la traduction de la connaissance qu’il a produite en
conseils et prescriptions pour l’action au service de sa société.
Partant de cette conviction méthodologique, nous n’aborderons pas la
famille de manière descriptive. Bien plutôt, nous aborderons la famille
élargie en tant qu’organisation thérapeutique capable de faire face aux
problèmes humains que rencontre la société américaine. Nous voulons
aborder la famille élargie non pas comme une pièce de musée, ou comme
une structure de parenté pratiquée par des gens bizarres dans quelques
sociétés telles que l’Asie et l’Afrique, mais comme un modèle valide à
étudier par des sociologues soucieux de produire de la connaissance pour
aider au développement de la société.
Pour bien comprendre la famille élargie, al ‘â-ilah, il ne suffit pas d’en
collectionner ses manifestations contemporaines dans le monde
musulman : il est nécessaire de la comprendre à travers les grands
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principes exprimés dans le Qur’an, à travers la vie du Prophète (paix sur
lui), à travers les lois qui l’ont gouvernées et à travers ses
développements historiques. Dans cette perspective, nous tâcherons de
comprendre les évolutions actuelles de la famille et leurs impacts sur les
individus ainsi que sur la société.
Nous allons présenter les caractéristiques majeures de la structure
familiale capable d’assurer une fonction thérapeutique face aux
problèmes que nous rencontrons actuellement dans notre société.
Que l’on soit croyant, chrétien, juif, musulman, bouddhiste, athée,
socialiste ou libéral, PDG d’une grande entreprise ou médecin…, le
modèle de la famille a subi toute une série de dommages qui font
qu’aujourd’hui, la famille souffre. Nous pouvons dépasser cette souffrance
à travers un certain modèle de famille élargie.
Dans la première partie de cette synthèse, nous aborderons la famille
élargie ou « al ‘â-ilah », laquelle se définit par sa composition et par
les rôles contrastés de ses membres hommes et femmes.
Dans la seconde partie, nous verrons les problèmes majeurs
auxquels est confrontée la société américaine contemporaine, à savoir
l’indétermination et la surcharge du rôle de la femme, la solitude, la
dégradation du sentiment et du devoir moral et enfin, la difficile
socialisation des enfants.
Dans la troisième partie, nous verrons comment ces problèmes
peuvent être largement réduits grâce au modèle de la famille
élargie. Nous verrons plus précisément les étapes à suivre pour mettre
en œuvre un tel modèle de famille aux USA.
Dans la quatrième partie, nous verrons que le futur de la famille
élargie dans les sociétés musulmanes. Nous verrons plus précisément
comment la famille élargie peut se positionner et s’adapter face au
passage du village à la grande ville, face aux évolutions législatives, face
à la surpopulation et à la planification familiale, et enfin, face au
mouvement de « libération » de la femme.
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2. VISION ISLAMIQUE DE LA FAMILLE
Richesse dans la composition de la famille
Lorsque nous parlons de modèle islamique de la famille, nous parlons
d’un modèle que l’on observe dans l’ensemble de la civilisation islamique,
indépendamment des nombreuses variations existantes dans différentes
régions du monde musulman (Jeffery 1959 : 204).
La famille est une communauté de personnes réunies par des liens du
sang, du mariage et de la solidarité, reliées entre elles par des
responsabilités sociales et morales réciproques. C’est la première école de
l’éducation, de la morale et de la solidarité. C’est un réseau patrilinéaire
et patrilocal qui n’accorde que peu d’importance à l’entité de la famille
nucléaire, sauf chez les musulmans « modernisés ». D’ailleurs, en langue
arabe, on ne dispose pas de terme précis pour désigner la famille
nucléaire.
La famille en arabe, « al ‘â-ilah », inclut trois ou quatre générations
d’individus (père, mère, enfants mariés avec leurs épouses et leurs
enfants, oncles, tantes, grands-parents…) dépendant les uns des autres,
vivant dans une même résidence ou alors dans des habitations séparées
mais proches. Elle peut inclure les différentes cellules familiales d’une
famille polygame, ce qui est possible légalement mais statiquement rare
dans la société musulmane.
Les membres descendent d’un ancêtre paternel commun et sont rattachés
à une communauté et organisation sociale plus grande : la tribu. La tribu
est également une communauté de familles élargies réunies par des liens
du sang, du mariage et de la solidarité, ayant des droits et des devoirs
moraux réciproques. Au sein de la tribu, pour les enfants et pour les
adultes eux-mêmes, toutes les personnes plus âgées sont des ‘amm (oncles
paternelles) et ‘ammah (tantes paternelles). L’enfant, le jeune, l’homme et
la femme sont donc dans une ambiance sociale où ils se sentent tous
comme partageant un lien de parenté. Au-delà de la tribu, au sein de la
communauté des musulmans, ils sont tous « ikhwân » (frères) et
« akhawât » (sœurs).
Forte interdépendance des rôles
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L’homme et la femme sont égaux en valeur devant Dieu et devant la
société. Leurs rôles ne sont pas compétitifs mais différents et
complémentaires (Ahmad 1974 : 15-16, Abdal-Ati 1975 : 2-2, El Hamamsy
1970 : 574). « Pour la femme, son rôle d’épouse et de mère est considéré
comme étant « le plus sacré et le plus important de tous ses rôles »
(Badawi, 1975 :141) » (p5).
Il n’y a rien en islam qui empêche la femme d’assurer d’autres rôles dans
la société dans la mesure où ceux-ci ne se font pas aux dépens des devoirs
domestiques. Les hommes, par compensation, doivent assurer la vie
matérielle à l’ensemble des femmes, épouses, tantes, sœurs, filles… de la
famille élargie.
Al ‘â-ilah est aussi une organisation économique qui a pour charge
d’assurer une assistance aux membres qui en ont besoin.
Le modèle islamique de la famille a la chance non seulement d’être
soutenu par la société, mais aussi d’avoir une base religieuse qui rappelle
l’importance du mariage, d’avoir des enfants, de prendre soin de ses
parents et de ses proches :
« Ô vous les hommes ! Craignez votre Seigneur qui vous a créés d’un seul
être et qui, ayant tiré de celui-ci son épouse, fit naître de ce couple tant
d’êtres humains, hommes et femmes ! Craignez Dieu au nom duquel vous
vous demandez mutuellement assistance ! Respectez les liens du sang. En
vérité, Dieu vous observe en permanence » (Qur’an, sourate 4 Les
femmes, verset 1).
« Lorsque des proches non héritiers, des orphelins ou des nécessiteux sont
présents au partage de l’héritage, on leur en offrira quelque chose et on
leur adressera quelques paroles aimables » (Qur’an, sourate 4 Les
femmes, verset 8).
« Adorez Dieu, sans rien Lui associer ! Soyez bons envers vos parents, vos
proches, les orphelins, les pauvres, les voisins qu’ils soient de votre sang
ou éloignés, ainsi que vos compagnons de tous les jours, les voyageurs de
passage et les esclaves que vous possédez, car Dieu n’aime pas les
arrogants vantards » (Qur’an, sourate 4 Les femmes, verset 36).
« Donne à ton proche ce qui lui est dû, ainsi qu’au pauvre et au voyageur !
Mais évite toute prodigalité » (Qur’an, sourate 17 Les femmes, verset 26).
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3. LA FAMILLE
DANS
LA
SOCIETE
AMERICAINE
CONTEMPORAINE
Crise de la famille nucléaire
Selon certains chercheurs, la famille nucléaire ou conjugale introduit une
rupture brutale d’avec un système anthropologique qui était dominant
jusqu’à très récemment (Carle C. Zimmerman, cité dans Adams, Bert N.,
The American Family : A Sociological Interpretation, p 353). D’autres
chercheurs, plus optimistes, considèrent que le désordre que l’on constate
aujourd’hui dans la famille nucléaire ou conjugale est simplement le signe
d’une évolution et d’une réorganisation plutôt que d’une désintégration de
la famille (Nimkoff, Schlesky). Que l’on soit dans une perspective
optimiste ou pessimiste, tous constatent que la famille (l’homme, la
femme et l’enfant) souffre actuellement et est inadaptée.
En tant que participants à notre société, nous ne pouvons pas nous
contenter d’observer et de subir ce phénomène : nous devons chercher à
endiguer cette désintégration de la famille ou du moins, à interférer sur le
cours des choses pour que cette évolution aboutisse à un véritable progrès
et non à une destruction sociale. C’est dans cette perspective que nous
allons aborder la famille élargie dans la culture musulmane.
Malgré les tentatives des Kibboutz ou de l’organisation communiste qui
ont essayé de remplacer la famille en externalisant ses fonctions
habituelles et en les assurant via une nouvelle organisation sociale, la
famille, une fois endommagée, a survécu.
Toute une série de changements sociaux (travail des femmes, baisse du
taux de natalité, mobilité résidentielle et professionnelle, les loisirs,
l’urbanisme des villes…) et surtout, un changement majeur au niveau des
idées, à savoir le rapport de l’homme au religieux (dogme et institutions)
ont bouleversé la structure de la famille. En effet, « l’organisation
religieuse n’exerce plus l’influence stabilisatrice qu’elle exerçait
auparavant sur la famille, et il y a un profond manque de consensus pour
distinguer ce qui est bien de ce qui est mal, ce qui est désirable de ce qui
est indésirable » (p7).
La crise de la famille nucléaire se manifeste en ce que celle-ci produit :
Une indétermination et une surcharge dans les rôles de la femme
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7
Une généralisation de l’anonymat, de la solitude et de l’exclusion
Une désintégration du devoir moral
Une difficulté à être parent et à assurer la socialisation des enfants
La famille élargie est la solution à toute cette série de problèmes
contemporains qui sont la manifestation de la crise de la famille
nucléaire.
Indétermination et surcharge du rôle de la femme
« L’un des problèmes auxquels est confronté la société occidentale actuelle
est l’indécision dans le rôle de la femme au sein de la famille et de la
société. Tout en reconnaissant les injustices dont les membres-femmes de
la société ont souffert en différents lieux et périodes de l’histoire, nous
suggèrerions que le bon remède ne tient pas dans un individualisme
rampant lequel amène la femme à abandonner ses responsabilités à son
époux, à ses parents et mêmes à ses enfants, dans le cadre de ses efforts
pour « se libérer » ». (…) Bien plutôt, cette soi-disant liberté est en train
de créer une nouvelle forme d’esclavage pour beaucoup de femmes. Les
femmes sont appelées à porter plus que leur simple charge sociale. Elles
sont sommées de combiner le rôle de femme travaillant au foyer et de
mère avec celui d’un travail ou d’une carrière professionnelle, sinon, elles
risquent la condamnation de la société. La société exige qu’une large
population des femmes assure à la fois un rôle d’homme et de femme.
Dans la plupart des cas, ces femmes ont échoué dans les deux. En
conséquence de leur lutte, les membres-hommes de la société sont
poussés, corrélativement, vers un double rôle : être des pourvoyeurs
matériels, des salariés, tout en ayant tendance à s’occuper des enfants, à
cuisiner et à blanchir les vêtements. Un tel mélange des responsabilités,
tant pour l’homme que pour la femme, est condamné à donner pour
résultat la frustration et la tragédie » (p9).
La femme, lorsqu’elle est cadre à l’extérieur, épouse et mère à l’intérieur,
n’a plus l’énergie et la disponibilité intellectuelle, morale et affective pour
soutenir son couple et ses enfants. Du coup, pour pouvoir assurer son
double rôle externe et interne, la femme a plutôt intérêt à fonder un
couple sans enfant. Ou alors, le couple a recours à une baby-sitter.
Lorsque la mère et le père travaillent, les enfants sont livrés à euxmêmes jusqu’à ce que leurs parents rentrent du travail.
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La délinquance et le suicide ne cessent d’augmenter chez les enfants et
chez les jeunes aux USA. Souvent, les tensions qui pèsent sur la mère et
le père sont telles qu’elles conduisent au divorce, ce qui entraîne une
aggravation en chaîne des problèmes avec les parents célibataires qui
peinent davantage encore à assumer leur double rôle externe et interne.
De telles difficultés peuvent être allégées dans le cadre d’un modèle de
famille élargie dans lequel les personnes âgées ou non-mariées assurent
en partie la charge d’éduquer les enfants, au profit de la mère que cette
dernière travaille à l’extérieur ou non. La femme peut ainsi jouir d’une
véritable libération en se consacrant à ses responsabilités familiales ou
alors, si d’autres femmes au sein de la famille sont libres et souhaitent
assurer ses responsabilités familiales, elle peut poursuivre une carrière
professionnelle de manière plus apaisée. L’organisation de la famille
élargie rend ceci possible d’avoir une carrière professionnelle sans
endommager l’un des membres de la famille ou une partie de la société.
Généralisation de l’anonymat et de la solitude
Le second problème auquel est confrontée la société occidentale actuelle
est la solitude : la famille nucléaire crée beaucoup d’exclusion et de
solitude.
Tout d’abord celle des hommes et des femmes âgées qui n’ont plus leur
place dans la famille nucléaire et qu’on envoie dans des maisons de
retraite. Dans la famille islamique, les personnes âgées ont leur place et
continuent à remplir une fonction importante pour les membres de la
famille : celle de rendre des services, de transmettre et de conseiller…
Dans leurs derniers jours, ils sont accueillis dans la famille et sont traités
avec un amour filial. Ce respect ne dépend pas du bon vouloir des
familles : c’est une directive exprimée par Dieu dans le Qur’an :
« Ton Seigneur t’ordonne de n’adorer que Lui, de traiter avec bonté ton
père et ta mère. Et si l’un d’eux ou tous les deux atteignent, auprès de toi,
un âge avancé, ne leur dis pas : «Fi !» Ne leur manque pas de respect,
mais adresse-leur des paroles affectueuses ! (Qur’an, sourate 17 Le
voyage nocturne, verset 23).
« Et par miséricorde, fais preuve à leur égard d’humilité et adresse à Dieu
cette prière : «Seigneur ! Sois miséricordieux envers eux comme ils l’ont
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été envers moi, quand ils m’ont élevé tout petit ! » (Qur’an, sourate 17 Le
voyage nocturne, verset 24).
« Nous avons recommandé à l’homme d’être bon envers son père et sa
mère ; mais «si ceux-ci te poussent à M’associer ce dont tu n’as aucune
connaissance, ne leur obéis pas.» C’est vers Moi que vous ferez tous
retour, et Je vous ferai, alors, connaître toutes vos œuvres » (Qur’an,
sourate 29 L’araignée, verset 8).
« Nous avons recommandé à l’homme d’être bienveillant à l’égard de ses
parents, car sa mère a enduré de multiples souffrances en le portant dans
son sein, en le mettant au monde et en l’allaitant deux années durant
jusqu’au sevrage. Sois donc reconnaissant envers Moi et envers tes
parents ! C’est vers Moi que se fera votre retour » (Qur’an, sourate 31
Luqmân, verset 14).
« Nous avons recommandé à l’homme d’être bienveillant envers son père
et sa mère. Sa mère le porte dans la douleur et le met au monde dans la
douleur. Et pendant trente mois, elle endure les fatigues de sa gestation
et de son allaitement. Quand il atteint sa maturité, à l’âge de quarante
ans, il dira : « Seigneur, fais que je sois reconnaissant envers Toi pour les
bienfaits dont Tu nous as comblés, moi et mes parents, et que
j’accomplisse de bonnes œuvres que Tu agréeras ! Fais aussi que ma
postérité soit d’une bonne moralité ! Je reviens repentant vers Toi et me
déclare du nombre des soumis » (Qur’an, sourate 46 Al Ahqâf, verset 15).
Ensuite, il y a la solitude des hommes et des femmes, jeunes et vieux,
célibataires, divorcés, veufs, parents seuls avec enfants, personnes
gagnant bien leur vie ou personnes sans ressources… La famille élargie
réduit largement l’exclusion et la solitude individuelle et accueille chacun
en lui donnant une place et un rôle vertueux qui rend service aux autres
et dont il tire aussi des avantages.
La multiplication des sites de rencontres témoigne de la crise des
relations chez les hommes et les femmes célibataires ou divorcés. La
famille élargie constitue un réseau social qui fournit à chacun une place
et des relations honorables.
Désintégration de la fibre morale
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Le troisième problème auquel est confrontée la société, c’est celui de la
désintégration de la sensibilité morale chez les individus. La famille
nucléaire, en échouant dans la socialisation des enfants et des individus,
produit de l’exclusion, de la solitude, de l’anonymat et de l’insécurité qui
sont les sources majeures de la désintégration morale.
« Un modèle de famille élargie pourrait offrir à la fois à l’homme et à la
femme, le choix de s’accomplir eux-mêmes dans leur carrière
professionnelle ou dans la famille, ou dans les deux à différentes périodes
de leur vie, sans risquer que leurs enfants, qu’eux-mêmes ou que la
société en soient affectés, du fait de l’échec dans une éducation à la
maison pour leurs enfants. Aucune éducation morale ou intellectuelle ne
peut espérer réussir si on la laisse entre les mains des enfants, des écoles,
des bandes de la rue, ou d’une télévision incontrôlée. Aucun sentiment de
sécurité ne peut être apporté à un enfant dont les membres adultes de la
famille n’ont pas de temps à lui accorder » (p12).
Etant donné les rythmes de vie professionnelle, le haut turnover des
voisins, l’isolement et l’anonymat régnant dans la société, le voisinage ou
la vie entre voisins n’est plus possible. Aussi bien l’homme que la femme
sont arrachés d’un lieu, d’une ville voire d’un pays à l’autre. La poursuite
des études dans les grandes écoles d’une part, et d’autre part, les
opportunités professionnelles accentuent la dispersion des citoyens à
travers le pays et à l’international et tuent tout sentiment d’appartenance
à une même famille, à une même ville ou à une même culture...
« L’individu est définitivement un étranger parmi des étrangers, ne
ressentant aucune pression à se conformer aux attentes morales et
sociales des anciens amis et des membres de la famille. Personne ne le
connaît : il est donc libéré de tout scrupule moral dans ses actes ainsi que
dans ses idées. La réintégration de tels adultes dans l’organisation de la
famille élargie laquelle est soucieuse de son bien-être moral et physique
pourrait fournir un grand bénéfice tant à la société qu’à ses membres
individuels » (p13).
D’ailleurs, même lorsqu’un individu vit dans un même espace urbain
toute sa vie, cela ne suffit pas à lui fournir un sentiment d’appartenance
sociale ni à développer son sens de la solidarité.
Difficulté à être parent et à assurer la socialisation des
enfants
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Le quatrième problème auquel est confrontée notre société, c’est la
difficulté d’être parents face à des enfants. Les parents ont perdu le
contrôle sur leur famille, ils se sentent perdus, dépassés et inadaptés à
leurs enfants (Woodward et Malamud).
Al ‘â-ilah résout largement la difficulté à être parents que ressentent les
couples et les parents célibataires. En effet, plus le nombre d’adultes est
important dans la maison et moins les enfants ont l’occasion de se
retrouver livrés à eux-mêmes, soumis à la tyrannie de leurs pairs et de la
société de consommation. C’est pour cette raison que la famille élargie
vivant dans une résidence commune est plus forte et efficace dans
l’éducation des enfants notamment, qu’une famille élargie dispersée dans
des résidences éloignées mais dont les membres restent reliés par des
devoirs d’entraide, de soutien et de fraternité.
De même, les problèmes de discipline des enfants seraient largement
réduits si les enfants voyaient que leurs parents sont soutenus par leurs
tantes, oncles, grands-parents… dans leurs décisions.
« La force du nombre d’adultes (dans une famille et sous le même toit) est
un élément stabilisateur face au caprice des jeunes qu’aucune équipe
époux-épouse ou qu’aucun parent seul ne saura apporter » (p14).
Par ailleurs, le conflit qui peut parfois affecter la relation entre un
adulte et l’un des enfants dans une famille nucléaire est atténué lorsque
ce parent n’est qu’un adulte parmi de nombreux adultes dans la famille.
Dans une telle situation, l’enfant peut se relier à un autre adulte, ce qui
permet d’éviter toute une série de problèmes psychologiques qui trouvent
un terreau favorable dans la configuration d’une famille nucléaire où les
relations tournent dans un cercle fermé qui devient tortueux voire vicieux
pour le père, la mère et l’enfant.
Aussi, l’écart entre les générations se creuse. Il est normal et même
sain que d’une génération à l’autre, on ne voit pas le monde de la même
manière. En revanche, il est problématique que d’une part, des jeunes se
retrouvent totalement livrés à eux-mêmes, sans l’appui des adultes pour
les éduquer et les conseiller, et que d’autre part, des personnes âgées se
retrouvent privées de toute compassion, de toute attention et assistance.
En grandissant dans une ‘â-ilah de trois générations ou plus, l’enfant
apprend à porter une plus grande attention et à témoigner un plus grand
respect pour les générations plus âgées. La présence permanente d’un
membre d’une autre génération permet d’élargir le champ d’intérêt,
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d’idées et d’activités de l’enfant, et par suite, d’apporter une meilleure
formation pour le futur. Enfin, cela permet aux membres âgés de rester
« jeunes » grâce au contact avec les membres plus jeunes.
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4. LES PREREQUIS D’UNE FAMILLE ELARGIE
La famille élargie présente de nombreux avantages mais nécessite cinq
prérequis principaux pour sa diffusion et sa mise en œuvre, à savoir :
Changer les perceptions que l’on a de la famille élargie de
l’interdépendance qu’elle nécessite
Revaloriser les rôles domestiques auprès de l’opinion publique
Décentraliser le travail, l’éducation et le divertissement qui restent
sur-concentrés dans les grandes villes, ce qui génèrent la
dépopulation des villes plus petites
Soutenir la famille élargie à travers la loi et la fiscalité
Développer une politique de logement adaptée
Changer les perceptions que l’on a de la famille élargie de
l’interdépendance qu’elle nécessite
Aujourd’hui, tout ce qui fait obstacle à l’individualisme et donc à
l’indépendance individuelle est perçu comme étant mauvais. Le fait de
dépendre les uns des autres est mal vu. On n’arrive plus à saisir que c’est
justement dans la mesure où nous dépendons des autres et où les autres
dépendent de nous, dans la mesure nous sommes nécessaires à leurs yeux
et que nous nous sentons soutenu par les autres, que nous pouvons
atteindre notre bien-être voire même assurer notre santé morale et
mentale.
Une campagne est nécessaire pour convaincre la société qu’il y a un
mauvais usage de la liberté individuelle qui est devenue centrale au point
de rendre tout lien humain très difficile à tisser sur la durée. Nous devons
briser « la réticence à voir que l’attention excessive accordée à l’individu
isolément des autres est la tragédie de l’homme moderne, conduisant
inévitablement à la dissolution de l’unité et de l’intégrité de la famille »
(Anshen 1959 :11).
Revaloriser les rôles domestiques auprès de l’opinion
publique
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Nous devons changer radicalement dans notre façon de valoriser et de
traiter les rôles domestiques. Alors que les sociétés musulmanes voient la
maternité comme le rôle plus prestigieux pour une femme, les libéraux
occidentaux ont dévalorisés l’enfantement d’un bébé, le foyer et
l’éducation des enfants au point que la plupart des femmes se sentent mal
si elles n’ont pas une activité professionnelle, même si cette activité
n’apporte pas de bénéfice à la société, à sa famille ou à elle-même. Nous
avons été conditionnés à croire que seules les activités professionnelles de
cadres, de secrétaires, d’enseignantes… exigent de l’intelligence et des
compétences. La femme, l’homme et l’enfant souffrent du même
conditionnement.
Nous ne devons pas sous-estimer la valeur des rôles domestiques qui
modèlent les hommes et les femmes de demain en même temps qu’ils
maintiennent l’équilibre et la santé de la société actuelle.
Décentraliser la politique de travail, de l’éducation et des
loisirs
Les grandes villes modernes sont des espaces qui concentrent et
centralisent les entreprises, les grandes écoles et les bonnes conditions de
vie. En dehors de ces grandes villes, les habitants sont davantage livrés à
eux-mêmes.
Dans les sociétés musulmanes, l’urbanisme est structuré non pas selon de
grandes villes mais selon un conglomérat de villages offrant les conditions
de vie nécessaires afin de ne pas contraindre les personnes à s’arracher de
leur communauté de vie pour aller chercher du travail et de meilleures
conditions de vie ailleurs. Des pays tels que l’Egypte et l’Inde ne souffrent
pas seulement d’une fuite des cerveaux du pays vers l’occident mais aussi
une fuite des campagnes vers les grandes villes telles que le Caire ou New
Delhi. En effet, ces pays souffrent du fait que, même dans les villages on
fait tout pour financer les études des enfants dans les grandes villes ou
dans les pays occidentaux. Lorsque le jeune découvre le grand monde des
études, des entreprises et du divertissement, il n’arrive plus à revenir
dans son village d’origine.
Nous devons décentraliser le pouvoir de créer du travail, des centres
d’éducation et des loisirs localement. « Si nous ne parvenons pas à offrir
de la stabilité aux familles et aux communautés, nous risquons de nous
enliser dans une situation similaire à celle des populations nomades ou à
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celles des familles des migrants travaillant dans les fermes (Woodward et
Malamud 1975 :53) » (p18).
Le coût humain de cette centralisation du travail, de l’éducation et du
divertissement dans quelques grandes villes peut s’évaluer à travers le
taux de consommation en matière de santé, le taux de violence et de
criminalité, la menace de l’écosystème naturel due à cette
surconcentration de populations dans des espaces restreints.
Soutenir la famille étendue à travers la loi et la fiscalité
La quatrième bonne raison de mettre en œuvre un modèle de famille
étendue réside dans les lois et les taxes susceptibles d’encourager les
familles à maintenir les parents âgés à la maison. La loi islamique a joué
un rôle majeur dans le renforcement de la famille étendue à travers les
questions d’héritage et d’accompagnement des parents âgés au sein la
famille. Une réforme de la législation en occident devrait encourager les
familles à soutenir trois générations ou plus, par exemple en les
dispensant de certaines taxes, ou encore, en décrétant des lois sur
l’héritage afin que celui-ci ne se transmette pas seulement à l’épouse ainsi
qu’aux enfants mais aussi à d’autres membres de la famille étendue. La
famille doit être légalement responsable du bien-être de ses parents âgés.
Développer une politique de logement adaptée
Les besoins en logement pour une famille étendue diffèrent de ceux d’une
famille nucléaire. Les grandes résidences qui, au siècle dernier, ont été
découpées en petits appartements, pourraient être à nouveau ouvertes
pour pouvoir accueillir les familles étendues.
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5. LE FUTUR DE LA FAMILLE ELARGIE DANS LES
SOCIETES MUSULMANES
La famille élargie peut-elle exister dans une société
industrielle urbaine ?
Lorsqu’on passe d’une économie agraire à une économie industrielle et
corrélativement, d’une vie de village à une vie urbaine, la famille élargie
peut-elle survivre ?
Certains penseurs occidentaux prévoient qu’en adoptant l’économie
industrielle moderne, le modèle familial des sociétés musulmanes va se
nucléariser.
Cette prévision est tout à fait possible et la tendance actuelle des
musulmans dans les sociétés occidentales et musulmanes confirme un
affaiblissement de la famille élargie et une généralisation de la famille
nucléaire.
Les recherches d’Abu Lughod en Egypte, de Keller et de Mendelson en
Iran, et de Farsoun au Liban, ont montré, au contraire, que la famille
nucléaire n’était pas le seul modèle convenant dans une société
industrielle et que la famille élargie pouvait s’adapter.
Les changements législatifs altèrent-ils l’efficacité de la
famille étendue ?
Le droit de la famille est une branche du droit islamique. Alors que le
droit a beaucoup évolué dans les domaines du commerce, de la criminalité
et de la vie publique, le droit de la famille a résisté aux changements,
probablement parce qu’elle s’enracine dans le Qur’an et parce qu’il y a un
sens inné de la préservation de la famille dans la société. Dans les pays
où le droit de la famille a bouleversé la dépendance mutuelle des
membres de la famille étendue, des études rigoureuses doivent être
menées pour identifier si ces changements n’ont pas affecté la stabilité
même de la famille. Ces études doivent nous permettre de prédire les
impacts des différents types de droits de la famille sur la vie et sur le
fonctionnement de la famille étendue dans les sociétés musulmanes.
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Quel effet la tendance à l’éparpillement résidentiel aura-telle sur la famille élargie ?
Dans certains endroits dans les sociétés musulmanes et plus
généralement, chez les musulmans occidentaux vivant dans les espaces
urbains, la famille élargie a tendance à habiter dans plusieurs résidences
plutôt que dans une résidence unique commune.
Abdal-Ati (1974 :39) soutient que même dans la configuration d’une
famille élargie distribuée dans plusieurs résidences, la dépendance et la
solidarité mutuelles restent effectives. Mais plus la distance entre les
différentes résidences de la famille élargie est importante, plus la
fréquence des contacts diminue, plus la cohésion et l’entraide mutuelle
deviennent difficiles.
Le mouvement de libération de la femme va-t-il faire
rupture avec la famille élargie ?
Si la libération de la femme signifie, comme c’est le cas en occident, rejet
de toute différence entre les rôles de l’homme et la femme, rejet de toute
dépendance et responsabilité mutuelle que le mariage et que la famille
élargie exigent, et si cette conception se diffuse dans les sociétés
musulmanes ou est acceptée en bloc, alors l’effet sur la ‘a-ilah pourrait
être désastreux.
Cependant, si la libération de la femme peut épouser différents objectifs
d’une société à l’autre, si la libération de la femme peut signifier
l’ouverture sur l’esprit coranique concernant l’égalité religieuse, sociale et
politique de la femme, alors il n’y a aucune raison de croire qu’une telle
libération est dangereuse pour la famille élargie. L’égalité dans l’action
des femmes et des hommes (Qur’an 3 : 195 ; 4 : 124 ; 33 : 35-36), leur
égalité dans le droit de divorcer (Qur’an 2 : 228), leur liberté dans la
participation à la vie publique et dans le droit de gagner sa vie (Qur’an 4 :
32), leur droit dans un partage juste de l’héritage des parents (Qur’an 4 :
7)…
« Leur Seigneur a exaucé leurs prières : «Je ne ferai jamais perdre à
aucun d’entre vous, homme ou femme, le bénéfice de ses œuvres. N’êtesvous pas issus les uns des autres? Ceux qui se seront expatriés, qui
auront été chassés de leurs foyers, qui auront souffert pour Ma Cause, qui
auront combattu ou auront été tués à Mon service, à ceux-là Je
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pardonnerai toutes leurs fautes et Je les recevrai dans des Jardins
baignés de ruisseaux, à titre de récompense de la part de leur Seigneur,
car c’est Dieu qui distribue les meilleures récompenses » (Qur’an, sourate
3 La famille de ‘Imran, verset 195).
« Tous ceux, hommes ou femmes, qui, en revanche, auront accompli de
bonnes œuvres tout en ayant la foi seront admis au Paradis ; et tout
dommage, même le plus infime, leur sera épargné » (Qur’an, sourate 4
Les femmes, verset 124).
« Les musulmans et les musulmanes, les croyants et les croyantes, les
hommes pieux et les femmes pieuses, les hommes sincères et les femmes
sincères, les hommes patients et les femmes patientes, ceux et celles qui
craignent Dieu, ceux et celles qui pratiquent la charité, ceux et celles qui
observent le jeûne, ceux et celles qui sont chastes, ceux et celles qui
invoquent souvent le Nom du Seigneur, à tous et à toutes Dieu a réservé
Son pardon et une magnifique récompense » (Qur’an, sourate 33 Les
coalisés, verset 35).
« Il ne convient pas à un croyant ni à une croyante de suivre leur propre
choix dans une affaire, une fois que Dieu et Son Prophète en ont décidé
autrement. Quiconque désobéit à Dieu et à Son Prophète s’égare de toute
évidence » (Qur’an, sourate 33 Les coalisés, verset 36).
« Les femmes divorcées sont tenues d’observer un délai d’attente de trois
périodes menstruelles. Il leur est interdit de dissimuler les germes de
maternité que Dieu a pu déposer en leur sein, pour peu qu’elles croient en
Dieu et au Jour dernier. Durant cette attente, les maris ont un droit
prioritaire à reprendre leurs épouses, s’ils désirent se réconcilier. Les
épouses ont autant de droits que de devoirs qu’il faut respecter suivant le
bon usage, bien qu’une certaine préséance reste acquise aux maris. Dieu
est Puissant et Sage » (Qur’an, sourate 2 La vache, verset 228).
« Il revient aux héritiers mâles une part dans l’héritage laissé par leurs
ascendants ou leurs proches ; de même qu’il revient aux femmes une part
dans l’héritage laissé par leurs ascendants ou leurs proches. Et quelle que
soit l’importance de la succession, cette quotité est une obligation »
(Qur’an, sourate 4 Les femmes, verset 7).
« N’enviez pas les faveurs par lesquelles Dieu a élevé certains d’entre
vous au-dessus des autres. Aux hommes reviendra la part qu’ils auront
méritée par leurs œuvres et aux femmes reviendra la part qu’elles auront
méritée par leurs œuvres. Demandez à Dieu plutôt de vous accorder un
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peu de Sa grâce, car Il est parfaitement au courant de toute chose »
(Qur’an, sourate 4 Les femmes, verset 32).
Ainsi, tous ces droits ont été garantis par l’islam à la femme depuis plus
de 14 siècles. Une telle conception de la femme contraste radicalement
avec le traitement non-islamique et lamentable qui est fait de la femme
dans les sociétés musulmanes. Une telle conception de la femme aura en
fait l’effet salutaire de renouveler et de revivifier la participation de la
femme à la vie de la famille élargie et de la société.
Quel effet la tendance à l’éparpillement résidentiel aura-telle sur la famille étendue ?
Dans certains endroits dans les sociétés musulmanes et plus
généralement, chez les musulmans occidentaux vivant dans les espaces
urbains, la famille étendue a tendance à habiter dans plusieurs
résidences plutôt que dans une résidence unique commune.
Abdal-Ati (1974 :39) soutient que même dans la configuration d’une
famille étendue distribuée dans plusieurs résidences, la dépendance et la
solidarité mutuelles restent effectives. Mais plus la distance entre les
différentes résidences de la famille étendue est importante, plus la
fréquence des contacts diminue, plus la cohésion et l’entraide mutuelle
deviennent difficiles.
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6. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES UTILISEES
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