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1969, @nalyses. Revue des littératures franco-canadiennes et québécoise
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Si la critique littéraire a longtemps eu tendance à fétichiser la personne de l'auteur, ce temps-là est certes révolu. Plutôt que de mythifier l'auteur et d'en faire un tabou, notre époque préfère suivre la piste génialement ouverte par Borges avec sa nouvelle « Pierre Ménard, auteur du Quichotte » (1944), dans laquelle un spécialiste français de littérature espagnole se serait mis en tête de récrire le grand roman de Cervantes en le publiant sous son propre nom. L'idée que l'oeuvre ne saurait se confondre avec la personne biographique de l'auteur et que les effets de sens qu'elle engendre peuvent être manipulés pour le plus grand profit du lecteur a, depuis, été théorisée par Barthes
Diacritik, 2019
(With Pierre Bayard and Frédérique Toudoire-Surlapierre), “‘Les écrivains et les artistes ont une sorte de capacité sismographique’. Entretien avec Pierre Bayard” [“‘Writers and Artists Have a Kind of Seismographic Capacity’. Interview with Pierre Bayard”], Frédérique Toudoire-Surlapierre and Augustin Voegele (Eds.), L’Art, machine à voyager dans le temps [Art as a Time Machine], Fabula – Les colloques [Fabula – The Symposiums], 2017. (Interview, 22/03/2017, Librairie “47 degrés Nord” [“47 degrees North” Bookshop], Mulhouse. Symposium. University of Haute-Alsace, 22-25/03/2017.) https://doi.org/10.5281/zenodo.8255809 "Les écrivains et les artistes – certains en tout cas – ont une sorte de capacité sismographique, c’est‑à‑dire une sensibilité particulière pour percevoir ce qui va arriver, ou ce qui peut arriver." (Pierre Bayard)
Critique d’art
S'il fallait en croire le Dictionnaire des idées reçues, le critique, c'est bien connu, est « censé tout connaître, tout savoir, avoir tout lu, tout vu ». La voix de la doxa portée par Flaubert fait briller, non sans perfidie, ce frisson d'omniscience que le nécessaire opportunisme de la critique pourrait bien en effet mettre en jeu. La critique, pratique impure, prédatrice, mixte, arlequine… Le présent numéro ne manque pas d'alimenter le pari méthodologique, voire le vertige épistémologique, qui fait sans doute le délice de ceux qui s'y adonnent, d'une indiscipline construite. Le paysage éditorial et l'atmosphère théorique de saison entretiennent nos intranquilités, occupées aux lectures qu'un nouveau sommaire de Critique d'art ne manque pas d'élargir. Mais nos intranquilités ont aussi à faire à tout ce qu'un sommaire de la revue ne saurait contenir… C'est là sans doute que se cheville le souci critique, dans l'interrogation permanente de son hors-champ, de son extériorité, de son impensé, souci dont découle, serait-ce sous forme de mauvais procès, l'appétit de totalité qu'ironise le Sottisier. Lequel d'ailleurs renvoie aussi la figure du critique (« Quand il vous déplaît, l'appeler Aristarque ») à celle du philologue et du bibliothécaire (d'Alexandrie, en l'occurrence), toujours armé de cette verve ambiguë qui fait que, comme Flaubert le souhaitait, « le lecteur ne [sait] si l'on se fout de lui, oui ou non 1 ». Bref, avec ou malgré Flaubert, accordons-le sans barguigner : quelque chose d'une exaspération gnoséologique habite le critique, et en tout cas le méta-critique. Très concrètement, la question travaille Critique d'art et chaque réunion de rédaction tend à faire vibrer les bornes du territoire bibliographique qu'embrasse la revue-et sans doute ne les déplace-t-elle jamais assez. Le rêve du bibliographe est toujours rempli d'un désir babélien, le syndrome Aristarque de bibliographie universelle ! Mais l'héritage des Lumières a terni, et avec elles la chimère de l'Universalisme, mondialisation aidant 2. Critique d'art ne saurait pour autant se passer d'interroger les modes disciplinaires les plus incertains et les modalités de discours qui échappent même à son intelligence classificatoire. Et puisque l'éditorialiste peut s'autoriser d'un léger surplomb, il viendrait volontiers prendre celle-ci à défaut, ou au moins jouer de ses angles morts. La réflexivité critique mène par exemple à prendre à revers une opposition structurelle de nos numéros, dont l'index (précieux index !) porte la marque. Il liste deux types d'entrées : les Auteurs d'une part ; de l'autre « Faire l'auteur » autrement Critique d'art, 34 | Automne 2009
ARC, Action et Recherche Culturelles, 2013
Compte-rendu de Pierre Bayard, Demain est écrit, Paris, Minuit, « Paradoxe », 2005. Publié dans Acta Fabula, 2006. « Sous le pont Mirabeau coule la Seine… » : Voyez couler le temps linéaire classique. Mais Apollinaire, qui n'avait ja, ja, jamais navigué, du moins en eau douce, n'avait pas assez regardé la Seine ; il n'a pas perçu les contre-courants, ni les turbulences. Oui, le temps coule comme la Seine, mais à condition de bien l'observer. Toute l'eau qui passe au pont Mirabeau n'aboutira pas forcément à la Manche ; maints petits filets retournent vers Charenton ou vers l'amont… » Michel Serres, Eclaircissements, Champs-Flammarion, 1994, p. 90. C'est précisément à une semblable navigation à rebours que nous convie Pierre Bayard dans son dernier ouvrage, Demain est écrit, dans les méandres, les contre-courants et les turbulences chronologiques d'une temporalité singulière, celle de l'histoire littéraire, des auteurs et de leurs oeuvres. L'ouvrage se propose d'inventorier et de tenter de comprendre une série de cas pour le moins étranges, au rebours de nos catégories de pensée, où l'oeuvre d'un écrivain semble moins rendre compte d'un passé qu'annoncer l'avenir.
Nouvelle revue d’esthétique, 2008
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Or, rien à faire: pour le meilleur ou pour le pire, nous sommes avant tout des interprètes. Des herméneutes modérés – et souvent, immodérément. La culture naît aussi de notre avidité de déchiffrer des signes, et la tradition musicale n'échappe pas à cette règle. Dans cet art sans originaux, l'empressement à interpréter est inévitable; et de même que, dans toute communauté, les outils et le fruit de l'expression quotidienne des signes extérieurs finissent par constituer un bien précieux, une valeur commune, pour les spécialistes de la musique – compositeurs, interprètes, musicologues ou simples mélomanes – cette valeur à la fois muable et passablement insaisissable qu'est le son a entraîné toute sorte de spéculations et d'affirmations contradictoires, qui n'ont de commun que leur nature périssable. La version originale de ce text apparaître dans l’Historia mínima de la música en occidente, El Colegio de México, Turner, 2013, pp.369-377
Europe, n° PAB / Cahun, 2017
Pierre Albert-Birot se décline de bien des façons, PAB-peintre, PAB-directeur de revue, PAB-poète, etc. Il faut y ajouter PAB-éditeur, de 1917 à 1938, et préciser qu’ils’agit essentiellement d’autoédition, entreprise sur laquelle se concentre cette analyse.
Bayard ignoré. Une figure européenne de l'humanisme guerrier, Actes du colloque tenu au Musée de l'Armée les 12 et 13 juin 2017 (à paraître en 2019), 2017
Aussi abondante que soit l'historiographie relative à Bayard, on ne saurait dire que ses états de service militaires ont fait l'objet d'une étude détaillée, tant les historiens se sont comme résignés de l'épais brouillard qui entoure sa vie. Dans sa biographie de référence, parue en 1992, Jean Jacquart affirme ainsi que « les érudits du XIX e siècle ont collecté, publié et utilisé les trop rares documents où Bayard intervient ou apparaît 1 ». Sans doute s'est-il trop fié aux travaux antérieurs, tels ceux de Camille Monnet, en Dauphiné, ou d'Henri Lepage, qui a trouvé de fort beaux documents dans le chartrier des ducs de Lorraine, mais s'est avancé à affirmer que « les procès-verbaux des « monstres et revues » [de la compagnie du duc de Lorraine, dont Bayard était alors lieutenant] n'existent malheureusement plus 2 ». L'histoire procédant par accumulations successives, il convient de saluer les découvertes et les apports des pionniers de la discipline ou de ses grands noms, et certes pas de leur reprocher d'avoir laissé de l'ouvrage aux générations suivantes. C'est ici le cas, puisque Bayard apparaît à pas moins de vingt reprises dans les montres d'armes des compagnies d'ordonnance auxquelles il a appartenu, et cela du tout début de sa carrière jusqu'à ses derniers jours 3 . Ces documents, soustraits aux archives de la Chambre des comptes de Paris, se trouvent dans les collections de montres conservées à la Bibliothèque nationale de France, et plus particulièrement celles constituées par François-Roger de Gaignières et Nicolas-Pascal Clairambault. Parmi ces vingt pièces, une seule d'entre elles a été repérée et éditée par J. Roman, dans son édition de la Très joyeuse… histoire du gentil seigneur de Bayart 4 .
Une légitimité à double sens ?
et Foucault. Dans le domaine de la création, elle a ouvert la voie à l'autofiction et à divers jeux sur le concept d'auteur, comme on en trouve par exemple chez Marcel Bénabou (Pourquoi je n'ai écrit aucun de mes livres, 1986) et Dany Laferrière (Je suis un écrivain japonais, 2008).
Pierre Bayard exploite ici sur le mode critique ce riche filon. On se souvient qu'il avait déjà retenu l'attention avec Comment améliorer les oeuvres ratées? (2000) et Comment parler des livres qu'on n'a pas lus? (2007). En 2009, il est revenu sur le concept oulipien de plagiat par anticipation jadis proposé par François Le Lionnais. Toujours dans la même veine, il explore maintenant diverses configurations où la relation de l'auteur à son oeuvre est soit incertaine, soit volontairement brouillée ou, encore, gagnerait à être rendue fluide et mobile. Il traite ainsi d'une douzaine d'oeuvres réparties en quatre sections.
Les cas où l'attribution d'un auteur à une oeuvre est incertaine, en raison de son ancienneté, se prêtent très bien à ce jeu. Ainsi, parmi les nombreuses hypothèses proposées sur l'auteur de l'Odyssée, la plus originale est probablement celle de Samuel Butler selon qui cette oeuvre aurait été composée par une femme, vivant en Sicile, encore jeune et dont le père était magistrat. Comme le montre Bayard, les effets d'une telle hypothèse sont loin d'être négligeables, car elle attire « l'attention du lecteur vers toute une série d'aspects qui n'auraient pas nécessairement frappé celui qui s'en tiendrait à l'hypothèse traditionnelle » (p. 24). C'est le cas de la place des personnages féminins, de la peinture des prétendants et de la rencontre d'Ulysse avec Nausicaa. Cet exemple d'attribution fictive confirme la thèse centrale de ce livre selon laquelle l'auteur est une machine à mettre en marche l'imagination et à sécréter, sinon un véritable roman, du moins des éléments de fiction, plus ou moins développés et coordonnés selon les fantasmes du lecteur et la place qu'ils accordent à leur capacité de fantasmer (p. 28).
Hamlet est un autre cas particulièrement fécond de projection d'un auteur imaginaire. Bayard expose ainsi comment Sigmund Freud, poursuivant une intuition qu'il avait eue très tôt, s'est fait le champion de la thèse selon laquelle le véritable auteur d'Hamlet serait Edward de Vere. Ce dernier avait en effet perdu son père quand il était très jeune, et cet événement devait, selon le psychanalyste, contribuer à développer chez lui un complexe d'OEdipe inconscient favorisant le terrible débat intérieur auquel sera confronté son personnage le plus célèbre. La démarche de Freud n'est pas gratuite, cependant, car « l'établissement de la filiation avec Edward de Vere prouve l'importance de la découverte freudienne », ainsi que le signale Bayard (p. 37) en s'appuyant sur une analyse de Serge Viderman.
De même, les études relativement récentes visant à attribuer à Corneille le Dom Juan de Molière, entre autres pièces, a pour effet d'en faciliter une lecture « différente de ce qu'elle était, et par certains côtés enrichie » (p. 47). Là encore, Bayard montre l'intérêt de distinguer entre auteur réel (« personne physique ayant créé l'oeuvre »), auteur intérieur (« part secrète de l'auteur dans laquelle s'effectue le processus de l'oeuvre ») et auteur imaginaire (« représentation que les lecteurs se font de l'auteur d'une oeuvre ») ce dernier étant d'autant plus présent à la conscience du lecteur qu'il a été érigé en mythe par la tradition scolaire. Dans le cas de Molière et Corneille, ces mythes ont pour effet d'amener le lecteur à n'en aborder les pièces que sous « leur aspect comique ou tragique au détriment d'autres directions de lecture possibles » (p. 49) et donc d'en réduire la richesse.
Dans une autre section, Bayard aborde des cas de changements partiels d'auteurs. Romain Gary s'est ainsi caché sous le pseudo d'Émile Ajar, afin de proposer une lecture de son oeuvre ultérieure qui ne passerait pas par le prisme de ses premiers romans. Dans un texte posthume révélant la supercherie, Romain Gary s'en explique ainsi : « J'étais las de n'être que moi-même. J'étais las de l'image Romain Gary qu'on m'avait collée sur le dos une fois pour toutes depuis trente ans » (p. 58). Comme quoi, l'auteur réel peut se trouver en désaccord profond avec l'auteur imaginaire que le public voit en lui.
Dans le cas du sulfureux J'irai cracher sur vos tombes, l'alias de Vernon Sullivan est apparu nécessaire à Boris Vian non seulement pour aider à faire accepter l'extrême violence du récit, mais aussi parce que cet alias exprimait bien tout un aspect de sa personnalité qui le rapprochait de la culture américaine. En fait, comme le reconnaît Bayard, tout individu est constitué de diverses personnalités susceptibles d'apparaître selon les circonstances. Toutefois, « de par son travail sur soi et sur le langage, l'écrivain est conduit, plus encore que quiconque, à faire émerger les multiples personnalités qui l'habitent » (p. 70).
Parfois, la sensibilité particulière d'un auteur va se trouver mieux adaptée à un courant littéraire d'une époque postérieure, ce qui pourrait conduire chez certains à une accusation de « plagiat par anticipation ». Pour Bayard, « Alice au pays des merveilles aurait ainsi pu être écrit par un écrivain surréaliste » (p. 78).
Ce dernier exemple prépare bien le lecteur de cet ouvrage au grand jeu de réattribution ludique de quelques oeuvres bien connues. L'Étranger serait ainsi dû en fait à Franz Kafka, ce qui est assez défendable, tandis qu'Autant en emporte le vent serait de Léon Tolstoï, ce qui exige un peu plus de bonne volonté de la part du lecteur. Poussant un cran plus loin, Bayard imagine ensuite de jouer à ce jeu à travers les différents arts, allant de la philosophie à la musique en passant par le cinéma et la peinture : Freud pourrait donc bien être l'auteur de L'Éthique de Spinoza, Alfred Hitchcock celui du Cuirassé Potemkine tandis que le Cri aurait été peint par le grand compositeur allemand Robert Schumann. Brillamment menées, ces démonstrations en arrivent cependant à devenir assez prévisibles et à évoquer de très classiques sujets de dissertation.
Par ses postulats, cet ouvrage semblait fort éloigné de la critique du XIXe siècle qui accordait une place considérable à la personne de l'auteur. Dans sa préface aux Mémoires de Saint-Simon, Sainte-Beuve rappelait ainsi l'enfance de ce dernier pour trouver une réponse à la question « Comment cette vocation historique si prononcée se forma-t-elle ? » Or, ce sont les mêmes points d'ancrage dans l'enfance de Tolstoï que Bayard invoque ici pour suggérer que l'auteur russe aurait pu être fasciné par la guerre de Sécession tout comme il l'avait été par « les récits de l'invasion napoléonienne » (p. 98). Par un curieux paradoxe de l'histoire, un jeu de réattribution qui avait été rendu possible par le découplage de l'oeuvre d'avec son auteur réel, en arrive à ramener au premier plan les données analyses, vol. 6, nº 1, hiver 2011 468 biographiques et la saisie de l'auteur sous une image cohérente seule façon de produire des effets de sens crédibles et percutants. L'auteur est mort, sans doute, mais ses masques sont plus vivants que jamais !
Nature Communications
Proceedings of the Japan Academy. Series A, Mathematical sciences, 2015
Altarul Reîntregirii , 2020
Praktikum Pertemuan ke 13 14 15 data Warehouse2024, 2024
Aquaculture, 2007
Color Research & Application, 2010
Bulletin of the American Physical Society, 2007
bioRxiv (Cold Spring Harbor Laboratory), 2022
Journal of Structural Geology, 2020
INFLUENCE OF E-LEARNING FACILITIES ON ACADEMIC PERFORMANCE OF ACCOUNTING STUDENTS IN USMANU DANFODIYO UNIVERSITY, SOKOTO, COE MINNA CAMPUS, 2024
Economia: Globalização e desenvolvimento 2, 2022