Casus Belli Vol. 3 N° 3

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Je fais couler un café bien noir.

C’est
pas le premier de la journée, je vous la
cache pas.
Faut dire que les nuits sont courtes
depuis quelques temps ! Dormir c’est
plus vraiment notre priorité.
C’est une sacré histoire, ce Casus. On
commence à trouver nos marques,
doucement. Troisième numéro déjà,
on a pas relevé le nez de nos PC de-
puis plus de deux mois. Tout le monde
nous disait que le jeu de rôle était
mort, du coup, on s’attendait pas à
tout ça !
C’est que des sorties, des idées, des
motivations et des volontés, y en a pas
mal pour un secteur qui, soi-disant, ne
respire plus !
Non, je vous le dis, le jeu de rôle est
bien vivant. Et on va vous le mon-
trer. À la demande générale et suite
aux 281 coups de fils et messages de
Brand, nous ouvrons une rubrique
Communauté, qui mettra en lumière
toute cette activité loin de s’essouf-
fler. Et on s’efforce de trouver d’autres
moyens de vous faire partager cette vie
et cet enthousiasme que nous avons pu
constater en nous rendant au Monde
du Jeu.
Le magazine que vous tenez entre
les mains continue à évoluer ! Nous
prenons en compte vos demandes,
nous ajoutons des petites choses, nous
cherchons à nous améliorer encore et
toujours. N’hésitez pas à nous envoyer
votre avis, vos critiques, et vos félici-
tations aussi. Ces dernières, on se les
garde pour les fins de nuit, quand le
café ne fait plus vraiment effet.
Ce magazine est le vôtre, continuez à
le faire vivre, changer, devenir ce que
vous aimeriez vraiment. Nous ne le
ferons pas sans vous.

Tristan

C A S U S B E L L I n°3 OCTOBRE 2010 3


Illustration de couverture :
Pierre Berton

3 | Edito |
5-6 | Courriers des Lecteurs |
7-11 | News |
13-18 | Critiques |
14-15 : Z-Corps
16-17 : Les Ombres d’Esteren
18 : Mahamoth
19-26 | Dossier : Polar & Série noire |
20-21 : L’essence du « Noir »
22-24 : Lieux « Noirs »
25-26 : Paint it Black
27-50 | Scénarios |
28-32 : La Chambre Noire - Black Trinity 2/4 -
33-38 : Requiem pour Elizabeth - L’Appel de Cthulhu / Hellywood -
39-43 : On trouve pas de citrons verts dans le désert - C.O.P.S. -
44-49 : Les Noces Rouges - D&D 4 -
50 : Calendrier des manifestations
51-64 | Aides de Jeux |
52-53 : Créatures de Légende : les Mystes ( 2ème partie )
54-55 : Créatures de Légende : les Syllogomanes
56-57 : PJ Only : Tenir la distance
58-59 : Aide pour Polars et Séries Noires : Faiblesses et Vices des héros du « noir »
60-61 : MJ Only : Et une pression pour la douze, une !
62-64 : Le Coin du Scénariste : Déstructurer son scénario
67-69| Critiques en Colonnes |
70-71 | Communauté|
70-71 : Le Monde du Jeu
72 | Autour du Jdr|
72 : Le Donjon de Naheulbeuk : le jeu de société
73 | Classiques & Indés|
74 | Preview |

4 C A S U S B E L L I n°3 OCTOBRE 2010


Bonjour à tous et merci pour vos
Salut Casus!
nombreux mails ce mois encore.
je me permets de t’écrire car je recherche une musique que j’ai trop kiffé avec
Entre le Monde du Jeu, la convention mes potes, on l’écoutait en boucle quand on était en vacances, on a trop de
Octogone et quelques soucis de bons souvenirs sur ce son...c’est un mix de toi et puff dady sur le titre de I’ll
be missing you.
livraison ce mois-ci, nous n’avons pu Je sais pas trop si se fait, mais aurais-tu la possibilité de me l’envoyer par mail au
format mp3 ou de m’envoyer un lien ou je pourrai la trouver??
répondre à tout le monde, mais nous
Dans l’attente je te remercie!!
avons lu vos courriers avec attention Bonne chance pour tous tes projets futurs.
et beaucoup de plaisir. Aurélien

Un mot pour nos abonnés avant


Cher Aurélien,
d’attaquer le courrier des lecteurs. Je suis très heureux d’apprendre que tu as passé de bonnes vacances et que tu as kiffé
notre son mais pour dire la vérité, il y a erreur sur la personne. J’ignore comment tu as
Vous, mieux que quiconque, avez pu pu découvrir notre adresse de contact sans réaliser ta méprise et au fond, peu importe.
constater certains des problèmes de Nous savons qu’un rappeur lyonnais a choisi le patronyme de notre magazine et à la
rédaction, nous attendions avec impatience le moment où ce type de mail nous par-
livraison dont nous avons souffert viendrait par accident. Cela dit, j’avais parié sur plus tard et tu m’as fait perdre un
peu d’argent.
au mois de septembre. Nous vous En bref, on te doit tout de même quelques bons fous rires et comme on est des gars
sympas, on aurait bien aimé te renseigner… Malheureusement, comme toi, nous avons
prions de bien vouloir nous en fait chou blanc.
excuser et nous veillerons à ce que Es-tu sûr que le titre est de nous ? euh de Casus Belli ? enfin de l’autre Casus Belli ?
Parce que le titre de Puff Daddy (quel que soit son nom actuel), il est facile à retrouver
cette situation ne se reproduise plus. - il s’agit de « I’ll be missing you » sur une reprise de « Every breath you take » de Police
- mais en revanche, aucune trace d’un mix incluant notre homonyme.
En compensation pour les retards, Si tu comptes poursuivre tes recherches, je te recommande le site/l’adresse mail de Casus
Belli, le bon cette fois, enfin le tien… J’espère que tu retrouveras ton titre.
comme signalé par mail il y a
quelques semaines, vos abonnements Au plaisir de te relire,
Sincèrement,
seront allongés d’un mois et vous Stéphane Gallot
serez abonné du n°2 au n°14. Merci
Cher Casus !
pour votre compréhension et pour J’ai découvert ton retour avec plaisir cet été (bonne chance à toute l’équipe) et
votre soutien. une question me tarabuste. Puisque tu as repris ton nom, pourquoi recommencer
au numéro 1 ?
Enfin, parce que la question nous a J’espère que tu me répondras (si vous avez le temps, sinon c’est pas très grave),
Ludiquement,
été posée régulièrement ces derniers Eric B.
jours : non, nous n’avons pas eu de
nouvelles de Crylon Hobbit Pâle. Cher Éric,
Un peu qu’on va prendre le temps de te répondre, et d’autant plus que ta question
Peut-être dans les prochains mois… revient souvent en ce moment - ou peut-être est-ce que nous croisons plus de monde ces
derniers jours avec les conventions... ? - Passons.
Et nous voilà partis pour le Courrier
des Lecteurs ! C A S U S B E L L I n°3 OCTOBRE 2010 5
L E C O U R R I E R D E S L E C T E U R S

En fait, comme tu le sais probablement, Casus Belli vient de vivre sa deuxième résur-
rection et commence donc sa troisième vie. Après une première série de 122 numéros,
Casus Belli est revenu d’entre les morts et a repris sa numérotation au numéro 1. Après
39 numéros cette fois, Casus est tombé et nous l’avons relevé.
Comme il s’agit d’une nouvelle équipe et d’un nouveau Casus, nous avons préféré re-
prendre au n°1. D’ailleurs, plus qu’une résurrection, nous souhaitions pour notre ma-
gazine une renaissance, un retour aux origines. Bon, OK, nous avons fait l’impasse sur
la période wargame mais vous aurez compris l’intention. Le numéro 1 symbolise cela.
En espérant avoir répondu à ta question,
Amicalement,
Stéphane Gallot

Bonjour à toute l’équipe,

Tout d’abord, bravo pour votre courage et votre travail. Persévérez !


Dans l’article aides de jeux – l’escrime médiévale (qui se veut historique), celui-ci est intéressant, mais semble
comporter une erreur – historique - justement dans le dernier paragraphe.
En effet, les défenseurs des châteaux forts ne se sont jamais servis d’huile bouillante contre des assaillants ; on
ne trouve aucune trace d’une telle pratique dans les écrits.
L’huile était rare et donc très chère (cf. « les chevaliers en 200 questions » et « Les châteaux forts. De la guerre à la paix »,
par Jean Mesqui, page 117). Certains payaient même les impôts en huile (cf. la châtellenie de Trévoux).
Le terme de mâchicoulis tord le cou à la thèse de l’utilisation de l’huile bouillante puisque étymologiquement,
mâchicoulis vient de l’association de mâcher (écraser, comme pour les aliments) et de coulis (le col, le cou). Par
conséquent, un mâchicoulis (trou en sailli par rapport au mur, qui permet de lâcher des projectiles qui viennent
frapper l’ennemi qui se trouve à la base du mur, tout en restant protégé des tirs adverses), littéralement, signifie
écrase-cou. Or ce n’est pas avec un projectile liquide que l’on mâche le cou de ses ennemis, le terme de mâchi-
coulis suppose donc un projectile solide.
Il y avait d’autres méthodes bien moins couteuses et plus efficaces pour dissuader une troupe de monter à l’assaut:
• les pierres, aisément récupérables un peu partout et stockées avant les sièges. On pouvait les jeter aussi bien à
la main qu’avec des machines de guerre comme les perrières,
• la poix chaude : un mélange de résine et de graisse animale facilement inflammable,
• du sable brûlant : disponible en quantité dans certains endroits, il s’infiltrait un peu partout dans les vêtements
et collait à la peau,
• des flèches et des carreaux,
• toute sorte de choses lourdes qui pouvaient tomber sous la main des défenseurs, comme des poutres ou des
tonneaux d’excréments (lancés lors de sièges en Alsace au XIII° siècle).
Cdlt,
Christophe LEFEBVRE

Bonjour à toi Christophe,


Merci pour cet éclairage historique qui nous permet de corriger une terrible erreur dans l’ar-
ticle « L’Escrime Médiévale » publié dans notre premier numéro. Je t’aurais bien répondu
que nous l’avions fait exprès pour repérer les lecteurs qui suivent mais je réserverais finale-
ment cette porte de sortie pour un courrier futur. En vérité, ton courrier va nous permettre
de faire la lumière sur le texte de « L’Escrime Médiévale » et nous donner l’occasion d’un mea
culpa à destination de John Grümph.
Son article a été très apprécié et a suscité plusieurs débats et de nombreuses demandes de
précisions (dates, références, que faire pour en savoir plus, etc.), mais ce que nos lecteurs ne
savent pas, c’est que nous avons publié sa version de travail et non son article final. Ce
que nos lecteurs ignorent aussi, c’est que l’article de LG était intitulé « L’Escrime Civile au
Moyen-Âge » et qu’à un moment que nous n’avons pu déterminer, celui-ci a été modifié en
« L’Escrime Médiévale » sans que personne ne se souvienne avoir fait la boulette. Autant
dire que ce fut une belle série de foirades !
Alors, dans ces circonstances, avouons.
Oui, LG, nous avons envoyé au graphiste ta version de travail et non la version finale de
ton article. Oui, c’est notre très grande faute. Oui, Tristan sera fouetté à guichet fermé au
prochain Monde du Jeu.
Et pour que tout le mérite qui lui est dû soit rendu à notre auteur, nous proposerons le texte
prévu à l’origine pour l’article en accès libre sur notre site internet (dès celui-ci achevé (les
travaux, on sait quand ça commence…)).
Merci encore Christophe pour l’occasion donnée et pour tes précieuses corrections historiques.
Amicalement,

Stéphane Gallot

À dans un mois pour un nouveau courrier des lecteurs.


Nous attendons vos lettres, écrivez-nous au 63 rue André Bollier / 69307 Lyon Cedex 07
6 C A S U S B E L L I n°3 OCTOBRE 2010 ou par mail à l’adresse : contact@casus-belli.net
News |
« Le Casus Daily est arrivé ! Toutes les nouvelles fraîches du monde rôliste, les
rumeurs, les scandales, les annonces, les lauréats des dernières remises de prix…
Nos reporters travaillent pour vous. Le Casus Daily est arrivé ! Tout il-
lustré, quatre pages d’informations immanquables. Les dernières dépêches
viennent juste de tomber. L’encre est encore fraîche.
À l’issue de cette lecture, vous pourrez enfin briller en société !

Le Casus Daily est arrivé ! 1.20 $, Monsieur. Merci, et bonne lecture ! »

C A S U S B E L L I n°3 OCTOBRE 2010 7


12 C A S U S B E L L I n°3 OCTOBRE 2010
Critiques |

14-15 : Z-Corps Sous les feux de la rampe ce mois-ci les survivants


16-17 : Les Ombres d’Esteren d’une invasion de zombies, intrigues, aventures et
18 : Mahamoth complots sur les terres de Tri-Kazel et l’humanité
errante à travers les étoiles, à la recherche du
Château Blanc.
Dans les coulisses, attendant la deuxième partie du
spectacle : Chicago devenue zone de quarantaine,
l’offensive des cartels sur les métroplexes du
Sixième Monde, de mystérieuses apparitions
de documents à l’université Miskatonic, une
course contre la montre à l’issue incertaine dans
NightCity, une Bible pour les MJ et l’occasion de
prendre la mer enfin offerte aux fiers hommes du
Nord.
Le spectacle commence, suivez bien les deux actes.

C A S U S B E L L I n°3 OCTOBRE 2010 13


C R I T I Q U E S : Z - C O R P S

Enfin un jeu avec du zombie, enfin l’occasion


de jouer de pauvres rednecks acculés par une
invasion de morts-vivants au fin fond du Kansas
ou du Tennessee. Annoncé discrètement par le
7ème Cercle durant l’été, Z-Corps a suscité de
grands espoirs au sein de la rédaction. Et lorsque
l’ouvrage a été présenté au Monde du Jeu, nous
nous sommes jetés dessus. Vous pensez avoir
des cojones ? Prêts à passer en mode survie ?
Bienvenue dans la critique de Z-Corps.

L
e jeu se passe en 2012 aux états-Unis. L’invasion
a commencé il y a six semaines mais l’information a
tardé à être relayée correctement, les médias tradition-
D.R.

nels évoquant une variation de la grippe A extrême-


ment violente et les témoignages alarmistes transmis sur la toile
n’ayant pas été pris au sérieux. La source de l’épidémie semble et sa périphérie sont bombardées un matin sans la moindre
être Topeka, capitale du Kansas, et la multinationale OneWorld, autorisation.
connue notamment pour ses actions humanitaires et ses travaux OneWorld et son charismatique président, Bryan Clark, ont
sur le traitement des eaux, se voit publiquement accusée par plu- depuis contre-attaqué et mis en cause l’armée et les médecins à
sieurs experts. sa solde, les accusant d’être responsables de l’épidémie, incom-
Finalement, en dépit du black-out médiatique, l’atroce vérité pétents à traiter la crise, et coupables de nombreuses exactions
éclate au grand jour : les gens atteints par le virus meurent dans sur la population civile. Lors d’un débat télévisé, Bryan Clark
d’horribles souffrances, avant de se relever et de s’en prendre présente des armes créées par sa corporation pour répondre à
aux vivants. La « maladie » paraît se transmettre par le sang et la l’invasion et propose la création d’une milice spéciale pour lutter
salive. Les griffures, morsures mais aussi les baisers et le contact contre les « infectés ». Seul à dénoncer l’armée et à se dresser face
des blessés sont des vecteurs de contagion. Et le mal s’étend de aux zombies en proposant une solution, il conquiert l’opinion
manière exponentielle, ruinant des cités entières en l’espace de publique.
quelques jours, parfois de quelques heures. Après la débâcle de l’armée et son désaveu par le Congrès des
L’invasion suit son cours et pourtant, dans les métropoles des états-Unis, les unités Z-Corps de OneWorld deviennent la
deux côtes, la chose paraît lointaine, la vie se poursuit. L’Amé- force d’intervention officielle de cette nouvelle lutte et pénètrent
rique s’est coupée en deux : pendant qu’une partie de son terri- le champ de bataille. Depuis la semaine dernière, la multina-
toire connaît la guerre, le reste du pays continue son train-train tionale de Bryan Clark recrute en continu dans la population
quotidien. pour trouver des volontaires. Il est temps de monter sur scène
Avec du retard et de cruelles lacunes d’organisation, l’alerte sa- les filles !
nitaire est décrétée par l’état et la riposte gouvernementale se
met en place avec l’armée au premier plan. Les informations Côté règles, le jeu utilise un système qui a fait ses preuves :
filtrent lentement et la colère monte. l’Open D6 – OGL.
Quatre semaines après le début de la catastrophe, les zones de Tout se joue au D6. Pour chaque caractéristique (Agilité,
quarantaine instaurées par l’armée ont permis de contenir par- Connaissance, Perception, etc.), vous aurez de 2D à 5D. Toutes
tiellement l’infection, mais le Kansas, le Missouri, l’Arkansas, les compétences dépendent d’une caractéristique (Discrétion
le Tennessee, le Texas, la Californie et une partie du Mexique avec Agilité, Courir avec la caractéristique Puissance, etc.). À
sont perdus. Chaque jour de nouveaux cas se déclarent en des la création de votre personnage, vous répartirez des dés entre les
lieux que l’on supposait sains, témoignant de l’inefficacité du caractéristiques et choisirez un certain nombre de compétences.
barrage. Et surtout, l’armée a été débordée par les évènements Ensuite, parmi les compétences choisies, vous déterminerez
et les bavures se sont succédées au cours des semaines : tirs dans celles dans lesquelles vous êtes doué en attribuant des bonus en
la foule sans distinctions entre morts et vivants, camps de ré- valeur ou en dés.
fugiés évoquant de douloureux souvenirs du passé, disparitions En jeu, lorsque vous tenterez une action dont l’issue n’est pas
de journalistes… Cerise sur le gâteau, la capitale du Kansas assurée, le MJ vous demandera de faire un jet et d’atteindre un

14 C A S U S B E L L I n°3 OCTOBRE 2010


C R I T I Q U E S : Z - C O R P S

Plein de secrets, le livre de base se compose de trois parties dis-


tinctes. La première est accessible à tous les joueurs (PJ et MJ) et
présente l’historique, les règles de survie apprises à la radio ou la
télé, de l’équipement, les règles de jeu, et ce que savent les Sur-
vivants. La seconde partie, que ne pourront lire que les recrues
Z-Corps et le MJ, montre les évènements sous un nouveau jour.
En tant qu’employés de OneWorld, vos joueurs auront accès à
un équipement conçu pour la lutte contre les « Hostiles », à de
nouvelles informations concernant les six dernières semaines, et
au Manuel des Contrôleurs qui détaille leurs droits et devoirs.
La partie suivante, « Restricted Area », est destinée aux seuls
seuil de yeux des MJ et représente la plus grande partie de l’ouvrage. Si
difficulté (facile : les zones accessibles aux PJ étaient alléchantes, voilà clairement
10 ; moyen : 15 ; difficile : le cœur de la bête. Vous pourrez découvrir ici la véritable chro-
20) pour parvenir à vos fins, nologie des évènements, l’ensemble des protagonistes de l’his-
la marge de réussite ou d’échec toire, une présentation des états touchés par la quarantaine et de
indiquant la qualité de votre leurs lieux remarquables, quelques règles supplémentaires pour
tentative. Si vous n’avez pas gérer l’expérience, le stress, la folie et ce genre de joyeusetés, de
choisi la compétence concernée nombreux synopsis et enfin, les caractéristiques et particularités
à la création, vous lancerez votre des zombies.
score de caractéristique -1D. Suivent deux scénarios d’introduction, un pour les survivants, un
Si vous possédez cette compétence, vous lancerez le pour les Z-Corps. Cela paraît évident dit comme ça mais cette
nombre de dés dont vous disposez dans la caractéristique liée. Si attention est tout de même agréable.
vous maîtrisez cette compétence, ce que signale un bonus, vous Le livre s’achève avec une « petite liste de références en matière de
ajouterez sa valeur à votre lancer de dés. zombies » et par la traditionnelle feuille de perso.
Signalons deux des particularités qui complètent le système de
règles et lui donnent du piquant : le dé joker et les points de co- Pour conclure, Z-Corps est un beau livre (couverture cartonnée,
jones. À chacun de vos jets de dés, un dé devra être isolé et lancé 256 pages couleur), et l’excellent travail graphique de Florrent,
séparément, il s’agit du dé joker qui représente grosso modo les Jee et Willy Favre le rend très agréable à feuilleter en dépit des
caprices du destin. Si celui-ci donne un 6, vous aurez fait une multiples tâches de sang qui en compliquent parfois la lecture.
réussite critique et vous pourrez relancer le dé joker et addition- Le changement de fond et d’ambiance en fonction des parties
ner les résultats cumulés. Si le dé donne un 1, ce sera au mieux du livre est une très bonne idée qu’il convient de souligner.
une maladresse, au pire un échec critique. Nous attendions ici un jeu bourrin et défoulatoire. Z-Corps a
Enfin, les points de cojones vous permettront de vous dépasser répondu à nos attentes et a su aller au-delà en proposant un jeu à
ou de vous tirer d’un mauvais pas. Vous pourrez vous en servir en secrets au background intelligent et bien conçu. Nous craignions
amont d’un jet pour doubler votre nombre de dés (de quoi faire un jeu limité aux scénarios one-shot et disposant d’une très
un carton dans les zombies) ou après un échec pour relancer les courte durée de vie. À l’évidence, nous avions tort : l’univers créé
dés (de quoi vous relever pour fuir les lieux quand ça dérape). autour de l’épidémie est à même d’inspirer des campagnes et le
fond présenté par l’ouvrage sera développé par une gamme à
Dans Z-Corps, vous pourrez venir. Nous voulions retrouver tous les clichés du genre. Ils sont
jouer des « survivants », c’est- présents, mêlés avec brio, judicieusement utilisés ou juste glissés
à-dire de simples quidams en clin d’œil. Des films de Romero à Walking Dead en passant
pris dans l’étau de l’attaque par les jeux Resident Evil, toute la culture pop et le mythe du
zombie, ou de fraîches recrues zombie ont su s’imbriquer dans le jeu. Et s’il manque quelque
des unités Z-Corps, c’est-à- chose pour vous, pas d’inquiétude, vous trouverez la place pour
dire les mêmes qu’avant mais l’intégrer.
cette fois-ci avec de l’équipe- Reste à recharger les fusils et à monter sur le toit. Ma critique se
ment, un peu d’entraînement termine, mon tour de garde approche.
et des objectifs spécifiques Stéphane Gallot
au-delà de la seule survie.
L’idéal, bien sûr, sera de com- J’apprécie :
mencer avec un joli groupe • Un très beau livre dont peuvent profiter le MJ et les joueurs.
de « monsieur-tout-le-monde » • Un système de règles assez souple et simple.
pour les faire glisser pro- • Deux scénarios d’introduction.
gressivement vers la milice • Enfin un jeu de survie en milieu zombie !
OneWorld. Une fois sortis de
l’Enfer, vos joueurs voudront Je regrette :
probablement y retourner • Des coquilles et des fautes régulières.
pour en découdre. • Quelques points de règles laborieusement expliqués.

C A S U S B E L L I n°3 OCTOBRE 2010 15


C R I T I Q U E S : L E S O M B R E S D ’ E S T E R E N

Lorsque j’ai reçu ce jeu, je ne savais pas ce qui


m’attendait. J’avais entendu parler du projet,
bien sûr, mais n’étant pas un inconditionnel
du médiéval fantastique, je ne m’étais pas
particulièrement renseigné.
Quelle bonne surprise, lorsque je me mis à
parcourir le livre, de découvrir un ouvrage de
qualité, magnifiquement illustré, à la mise en

D.R.
page agréable et travaillée.
e me suis mis à lire rapidement, motivé par la
beauté de l’objet. Le contenu est, au premier
abord, un peu déstabilisant. On découvre le
monde à travers divers échanges de lettres, ex-
traits de conversations, cours magistraux et rap-
ports.
Si cette manière d’amener les choses est originale et faite de De Taol Kaer, royaume où les traditions perdurent malgré les
manière intelligente, les premières pages ne sont pas faciles à changements, à Gwidre, où les continentaux ont implanté la
comprendre. Le background, bien développé, possède son voca- prosélyte religion du Temple du Dieu Unique, et Reizh, où la
bulaire spécifique qui n’est pas évident à appréhender. Magience apportée depuis le continent permet de créer des ar-
Pourtant, après un ou deux chapitres, on s’habitue, on se familia- tefacts et systèmes inconnus jusqu’alors et donne chaque jour de
rise avec ce monde et on entrevoit la richesse de l’univers. nouvelles innovations, le dépaysement est au programme.
Bien sûr, un royaume traditionnel, un religieux et un technolo-
Tout se passe sur la péninsule de Tri-Kazel, coupée du continent gique, ce n’est pas le décor le plus original qui nous ait été offert
par des montagnes infranchissables et une mer déchainée sur ces dernières années.
laquelle la navigation est impossible. Cependant, tout est ici bien pensé, bien amené, rien n’est noir ou
Partagé en trois royaumes, blanc, tout est nuancé. On apprécie donc, et on se laisse prendre
Taol Kaer, Gwidre et Reizh, au jeu avec plaisir.
c’est un environnement in- Une chose que je retiens particulièrement, c’est que la lecture du
hospitalier et dur qui attend background m’a donné envie de voyager dans ce monde. Et c’est
les PJ. Le climat, la nature très bon signe !
hostile hantée par les Féon-
das, créatures étranges et En revanche, les PJ auront certainement besoin d’un certain
malfaisantes, les tensions temps d’adaptation pour saisir le vocabulaire propre à l’univers,
entre les royaumes, rien n’est ses traditions, son essence. L’ouvrage leur étant accessible, s’ils
fait pour leur faciliter la vie. ne sont pas réticents à un peu de lecture, ils pourront mieux
L’arrivée de continentaux entrevoir les spécificités de Tri-Kazel.
sur la péninsule et leur in-
tégration à la société a de Très complet, le background est riche, mais sait rester com-
plus bouleversé la culture de préhensible. Détaillant les régions, la société, les coutumes, la
Tri-Kazel. culture, les factions, l’art et l’artisanat, tout nous est offert pour
rendre la péninsule vivante et cohérente. On trouve même les
Pourtant, voyager à travers rumeurs que les personnages pourront entendre au cours de
ces régions pourra se révé- leurs aventures, conférant aux royaumes une aura de mystère que
ler passionnant, la péninsule le jeu exploite parfaitement.
proposant une variété de
décors et d’ambiances tout à Le système de jeu est original et léger.
fait agréable. Le personnage est défini par cinq Voies (Combativité, Empa-

16 C A S U S B E L L I n°3 OCTOBRE 2010


C R I T I Q U E S : L E S O M B R E S D ’ E S T E R E N

thie, Créativité, Raison et Idéal), chacune ayant une valeur contestablement, et on peut commencer par là, mais dès que
comprise entre 1 et 5. Viennent s’y ajouter 16 Domaines (les l’on pense à aller un peu plus loin, on a un peu peur de «brader»
champs de compétences), d’une valeur de 1 à 5, eux-mêmes les richesses de Tri-Kazel.
subdivisés en Disciplines (qu’on pourrait qualifier de spécialisa- C’est donc avec impatience que l’on attend la suite de la gamme,
tions) dont le score pourra monter jusqu’à 15. qui nous promet, via l’annoncé « Livre 2 – Secrets », de nous
Pour une résolution, le MJ fixe une difficulté (comprise entre 8 délivrer tout le sel du jeu.
et 35), le joueur effectue alors un jet d’1d10 auquel s’ajoutent
une Voie et un Domaine (ou une Discipline, si le personnage En conclusion, nous avons là un très beau jeu, loin des clichés
la possède). usuels du médiéval fantastique. Le monde a une personnalité
La difficulté moyenne étant fixée à 11, il sera aisé pour un per- marquée et très présente, et l’ambiance que les auteurs ont voulu
sonnage compétent de réussir ce qu’il entreprend, parfois sans créer imprègne chaque page du livre. Le système de règles est au
même avoir à jeter le dé. Inversement, un personnage incompé- service de cette ambiance et s’intègre parfaitement au jeu.
tent ne pourra pas effectuer de tâches compliquées. Si vous attendez d’un jeu med-fan qu’il vous serve de défouloir,
Le système de combat, violent et expéditif, donnera à vos joueurs avec des aventures pleines d’actions et d’héroïsme où la plus
l’occasion de réfléchir un peu avant de se lancer à l’assaut, deux grande gloire et les honneurs vous attendent, passez votre chemin.
ou trois coups d’épées pouvant être suffisant pour périr.
Mais si vous souhaitez changer un peu vos habitudes, découvrir
L’absence des caractéristiques habituelles (Force, Constitution, un jeu à l’atmosphère étrange et fascinante, dans lequel chaque
etc.) peut sembler étrange. En effet, on considère que tous les voyage est un périple au sein d’un environnement hostile, où
personnages sont «moyens» dans leurs capacités physiques, l’on ne trouve pas de grand méchants et de beaux héros mais un
mentales et sociales. C’est un habile jeu d’avantages et de dé- monde riche et tout en nuances, alors n’hésitez pas.
fauts qui pourra leur conférer un atout (un charisme ou une en- Tristan
durance au-dessus de la moyenne par exemple) ou un handicap
(comme une santé fragile).

Surtout, les Voies définissent aussi bien un aspect technique


qu’une partie de la psychologie de votre personnage. Et c’est
toute la force de ce système.
La santé mentale (concept que l’on retrouve avec plaisir dans
un univers médiéval fantastique) et ses règles se posent sur les
mêmes bases : définir plus avant votre personnage, donner un
aspect roleplay aux chiffres sur votre feuille.
Tout est fait pour vous pousser à l’interprétation, pour offrir
une personnalité propre à votre alter-ego, avec ses bons et ses
mauvais côtés. Car si le monde n’est jamais ni noir ni
blanc, les personnages ne le sont pas non
plus. Ils sont nuancés, ont
leurs faiblesses, leur face
sombre.

Pour le MJ, en revanche,


un problème se pose rapi-
dement. Si l’ambiance est
claire et le décor posé (les
parties se tourneront plus vers
l’enquête, la compréhension du
monde et la survie que vers la
visite de donjons et le massacre
de monstres), il n’est pas évident
de savoir quoi faire jouer à ces
chers personnages, quels pans du
jeu leur faire explorer. Ce livre se
veut une base, présentant l’uni- J’apprécie :
vers, et y arrive à merveille. Ce- • Un ouvrage de toute beauté
pendant avec tant de choses à • Un background riche et bien présenté
faire découvrir, on se sent un • Un système de jeu au service de l’ambiance
peu perdu.
Je regrette :
Le simple fait de voyager • Que le « Livre 2 – Secrets » ne soit pas encore là !!
est une aventure en soi, in- • Un début de lecture difficile

C A S U S B E L L I n°3 OCTOBRE 2010 17


C R I T I Q U E S : M A H A M O T H

Les XII Singes nous offrent, avec cet opus de


leur collection Intégrales, un jeu qui se définit
lui-même comme étant de « Space & Sorcery ».
Comprenez par là un jeu proposant des
aventures violentes et barbares aussi bien que
mystiques dans le décor d’un space opéra.

L
a Horde, vingt millions d’humains vivant depuis des
siècles dans d’immenses vaisseaux tournoyant sur eux-
mêmes, a tout oublié de ses origines et de ses buts. Tous
vénèrent la Mère, qui les guide vers le Château Blanc, un
asile mythique. Et qui, pour offrir aux hommes les Tox, des dro-
D.R.

gues qui leur permettent de développer des pouvoirs étonnants,


a sacrifié son fils Mahamoth.
Treize vaisseaux perdus dans l’espace, chacun ayant développé Le système de jeu est le système Dk. Entièrement décrit dans
son propre fonctionnement social, sa propre politique et ses le livre, il propose quelques variations, comme les tox, gérées
propres particularités. Une flotte qui est lentement attirée vers comme des atouts, et la création du vaisseau missionnaire des PJ.
Maelstrom, une cité colossale maintenue au-dessus d’un trou Ce système reste simple (pour réussir un jet, il faut faire moins
noir par les Chants du créé, habitée par les Seigneurs simérines, que son score de compétence sur 1d20) et si quelques options
une race étrange et puissante. viennent le pimenter (comme la possibilité de faire appel au
Car si la survie dans les Vaisseaux-Hordes n’est pas aisée, les Chant du créé pour obtenir un bonus, mais en acceptant d’en
périls de l’espace, les attaques extra-terrestres et les dissen- subir plus tard le contrecoup), il sait se faire discret et léger.
sions internes achèvent de noircir le tableau.
Les joueurs incarnent les Missionnaires, membres une caste Si le jeu ne portait pas a priori sur un thème qui me passionnait,
autrefois honorable et respectée, chargée de voyager entre j’ai eu le plaisir d’y trouver un univers riche, même si le nombre
les vaisseaux-Hordes à bord de leurs navettes et de porter la de pages réduit (moins de 80 par livre) ne permet peut-être pas
guerre chez l’ennemi. Aujourd’hui, elle est devenue le refuge de tout développer.
de ceux qui fuient la société, a développé sa propre culture et J’ai particulièrement apprécié le fait que, s’il est tout à fait pos-
sert au commerce, au transport de personnes et de marchan- sible de jouer « aventure » ou « action » avec les combats spatiaux,
dises. évidemment, ses agents sont souvent employés comme les périls des voyages et les combats contre les races extra-ter-
espions ou mercenaires. Ils sont en quelque sorte devenus le restres, il y a suffisamment d’informations, de secrets et d’in-
peuple d’un quatorzième Vaisseau. trigues pour jouer des scénarios plus fins, basé sur la politique,
l’espionnage et les rapports sociaux.
Le jeu se présente sous la forme de deux livres et d’un écran en Tristan
quatre volets. Le premier livre présente l’univers et les règles, et
est lisible par les joueurs. La présentation de l’univers par entrée
encyclopédique est originale et particulièrement agréable. J’apprécie :
Le second, destiné au MJ, regroupe dans sa première partie les • Un jeu que l’on peut adapter à son style de campagne
secrets de Mahamoth : intrigues et complots pour chacun des • Un univers complet et riche
vaisseaux-Horde, les différentes factions et leurs objectifs et • Beaucoup de pistes d’intrigues
moyens, les races extra-terrestres…
La seconde partie est une campagne composée de cinq gros scé-
narios et de sept synopsis pouvant être développés au prix d’un Je regrette :
peu de travail. Cette campagne aux implications importantes • Un univers qui aurait pu être encore plus développé !
pourra changer une partie de l’univers de Mahamoth, sans tou- • Un écran un peu petit (j’aime bien être caché derrière)
tefois le rendre injouable ou sans intérêt.

18 C A S U S B E L L I n°3 OCTOBRE 2010


E N C O U V E R T U R E :

Illustrations : Jérôme « Jee » Huguenin

Suivez nos comptes rendus d’enquête


dans les prochaines pages et partez à
la recherche de l’essence des polars et
séries noires. Visitez les lieux classiques
du genre et découvrez leur faune et
leurs histoires à venir. Puis, après une
pause méritée pour se remplir la panse
en mode dur-à-cuire, passez de l’autre
côté du miroir pour soulever la toile et
découvrir les ficelles du métier, le
secret d’un scénar’ juste dans les cordes.
C A S U S B E L L I n°3 OCTOBRE 2010 19
D O S S I E R : P O L A R & S é R I E N O I R E

Par Stéphane Gallot

RepRise des aFFaiRes l’écRituRe de la Ville

Ma femme me dit toujours de regarder où je marche et j’aurais Ensuite, j’ai mené la chose à l’ancienne, en battant le trottoir et
bien fait de l’écouter pour une fois quand je suis tombé sur cette ses occupants connus. La gare, le champ de course… la tournée
affaire. Mario m’attendait à la gare avec un truc juteux pour moi. complète. C’est à ce moment que l’écriture de la ville a com-
Une enquête sur la « Série Noire », sur le « Polar », rien de plus mencé à devenir un leitmotiv. Chaque indic, chaque foutu taupe
simple, du « tout-cuit » qu’il disait… Juste jeter un œil, compi- ou clochard revenait avec ça, « le polar, c’est un genre où la ville est
ler deux-trois trucs et brosser le profil du suspect. Ça semblait le personnage principal ». Une foutue rengaine qui rentrait dans
dans mes cordes et il voulait que je prenne la relève. J’ai pris le la tête et qui a fini par m’avoir. Avec une base comme celle-là,
job, comme toujours, et ça n’a pas été une partie de plaisir. Mé- si je parvenais à rassembler deux-trois pièces à conviction pour
fiez-vous quand un type vous annonce que ça va être facile. En ficeler le tout : l’ensemble serait plié. Et c’est ce que je me disais,
général, c’est le début des emmerdes. sérieusement en plus. Comme quoi, même sobre…
Voilà le topo. Le genre « Noir », c’est un gros truc. Et le business Avec du recul, je réalise maintenant que tous les gars m’avaient
a commencé il y a belle lurette. J’ai vu deux experts et ils étaient sorti la même phrase, exactement la même, au mot près, un
pas d’accord. Le premier prétendait que les débuts du genre da- truc appris par cœur, du prêt-à-penser… Avec du recul, je peux
taient de l’antiquité et le second n’en voyait l’émergence qu’avec même me voir avancer comme une nouille, le pif en l’air, l’air
les débuts de l’écriture de la ville. L’écriture de la ville, je sais d’un imbécile heureux, et la trappe sous le pied.
pas pourquoi mais ça m’a plu, tout de suite. Rien que le nom, ça Je m’étais fait piéger. Ce qui m’a sauvé finalement, c’est la force
sentait bon les trucs à secouer. Alors, j’ai suivi cette piste. Une de l’habitude. Pour bien remplir tous les trous et pour me pondre
fausse piste. Mais je me rends compte que vous saisirez rien si je un premier mémo d’enquête avec de chouettes tâches de café
poursuis mon compte-rendu de manière foutraque. Reprenons et un bon p’tit goût bacon-oignon, j’ai fait mes devoirs, comme
par les bases. un gentil p’tit écolier. J’ai ouvert mes esgourdes, chaussé les lu-
Le polar et la série noire, ce sont des genres, des styles. On peut nettes que je mets seulement quand je suis sûr que l’rideau est
les appliquer à des bouquins, des films, des séries, de la BD et tiré et que plus personne passera au bureau, traîné un peu, et j’ai
à un truc louche que les gens appellent le jdr. En fait, tout peut enchaîné les classiques et indés. Je me suis tapé des nanars et
être vu en mode « noir ». Après un tour chez les intellos, on des chefs-d’œuvre, j’ai appris des trucs, pleuré une ou deux fois
m’a brossé un profil assez étrange dans lequel même le crime et et je suis presque certain qu’à plusieurs reprises, tous ces types
les détectives ne paraissaient pas nécessaires. Ça, selon les pros, parlaient de moi, de mon quartier ou de ma vie.
c’était pour certaines sous-catégories du genre comme le « roman Mais au final, les jolis trucs que j’avais commencés à aligner dans
d’enquête » et le « policier ». Leur histoire m’avait pas vraiment plu mon calepin ne collaient plus. Le polar comme le noir, ben ils
mais elle était bien servie et les gars connaissaient leur sauce. J’ai pouvaient bien se passer de la ville. Et la moitié de mes notes
pris ce qui tombait. pouvait partir aux chiottes.

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D O S S I E R : P O L A R & S é R I E N O I R E

L’ampleur du truc était dingue. Fallait voir les machins que l’impression d’être une princesse !
pouvaient sortir les chinois et les scandinaves… J’en ai lu rien Au départ, je me rappelle avoir fait le malin. Perdu pour perdu,
qu’une page à mon chien et j’ai dû mettre la bête sous Prozac autant jouer la carte du style, non ? Après, je crois que j’ai juste
parce qu’elle s’était mise à déprimer. Et pourtant, toutes les fou- gueulé. Et quelques heures plus tard, comprenant que personne
tues histoires se déroulaient une fois sur deux à la campagne, n’avait appelé les urgences ou les flics, que personne ne les ap-
dans des bleds paumés, sans la ville. Fausse piste. pellerait, je me suis relevé comme un grand, tout seul dans le
caniveau.

RetouR à la case dépaRt À cet instant précis, j’ai cru voir une seconde le fameux truc qui
collait toutes les pièces, et à travers mes yeux rougis et gonflés,
la réponse : c’était le désespoir. Le « noir » était une littérature
Il a fallu tout reprendre à zéro. La case départ, elle me connait du désespoir. Un genre lié par le désespoir. Des héros essoufflés
bien, j’ai même pris des coups avec elle une fois. Bref, la tour- endurant continuellement les brimades d’un monde injuste, ou
née des indics 2.0 allait s’amorcer et je comptais bien l’arroser se dressant en vain pour lutter contre l’adversité pour voir leurs
comme il faut et l’accompagner d’un bon cocktail. Un jour, il efforts corrompus à chaque nouvelle aube, tout cela transpirait
faudra que je vous parle des cocktails. la merde, la sueur et la tristesse. Le monde était gris et il y avait
Enfin, après quelques heures à causer avec Joe le Casseur, un comme un goût d’espoir brisé.
gars sympa du coin et le seul indic qu’avait l’air tuyauté, je suis Et tout cela était assez vrai, à l’exception de la conclusion. Oc-
reparti sur de meilleures bases. En fait, je m’étais laissé aveugler cupé à geindre sur mon sort, j’avais omis le plus important. Et
par un écran de fumée. Le Polar et la Série Noir sont souvent l’important, c’est que je me relevais.
réduits à des stéréotypes : le détective, les journaleux, la ville, des
gars qui portent bien l’imper et le chapeau, une intrigue en rap- la désillusion
port avec le crime d’un côté ou de l’autre de la loi, bla bla bla…
Des clichés qui ont de la classe, pas de doutes. Mais des clichés. Le fin mot de l’affaire ne m’est venu que plus tard, au terme
Ça, c’était des codes de base, rien d’autres que les artifices qui d’une longue journée à se tenir les reins devant la machine à
avaient mis le genre sur le devant de la scène, le canard qui cache écrire pour pondre un second rapport d’enquête. Quand je suis
le putain d’iceberg ! La comédie se résume pas au mariage heu- rentré me faire rafistoler par la matrone, en passant la porte, mes
reux final, le noir se résume pas facilement… jérémiades et mes conneries sur le désespoir se sont instantané-
Après ça, je suis allé me coucher parce que ma femme me dit ment évaporées. J’avais pas oublié mon aventure dans la ruelle,
toujours que je sers à rien passé quinze verres. Et au petit matin, pas plus que mes valses précédentes, sur d’autres affaires ou pour
loué soit l’Empereur (et ma femme par la même occasion), la la seule joie de recevoir. Mais tout ça était bien loin, j’étais sur le
lumière m’est apparue à travers les crevasses du plafond. seuil, mon fauteuil et mon verre étaient prêts, à peine à quelques
J’avais louché sur les détails, inspecté les indices à la loupe, fait pas, et les premières notes d’un vieux tube retro se baladaient
dix fois le tour de la liste des suspects… et à part des cernes et la entre la chambre et le salon.
gueule de bois, j’avais pas gagné grand-chose. Il me fallait une
vue d’ensemble, il était temps de prendre de la distance. Assez La conclusion s’imposa alors soudain, tandis que je m’affalais en
vite, j’ai réalisé que les préliminaires qui m’avaient semblé une me tenant la mâchoire, savourant les légères douleurs résiduelles
belle perte de temps allaient finalement se montrer utiles. En que je comptais bien faire passer au bourbon. L’essence du genre
l’espace de quelques nuits d’enquête, j’avais accumulé un sacré « noir » n’avait rien à voir avec le désespoir. Ou pas tout à fait. Pas
paquet d’infos sur le milieu. Y avait du bon et du moins bon, plus en tout cas qu’avec l’écriture de la ville…
mais en tout cas, ça faisait de la matière à travailler. Non, le « noir », enfin je le comprenais, c’était l’écriture de la
Comme d’hab’, avec méthode, j’ai étalé le merdier et classé désillusion, des courses vers le précipice menées le sourire aux
les pièces à conviction. Le premier essai plutôt concluant fut lèvres et en toute connaissance de la fin inévitable.
le classement par ordre chronologique. La cafetière a souffert Que les mecs partent brisés et luttent avec acharnement pour une
cette matinée là, mais peu avant midi et la halte traditionnelle au cause perdue, qu’ils se contentent de faire les funambules sur le
diner tenu par Suzy, la toile prenait forme, avec les maîtres en fil du rasoir ou qu’ils perdent leur innocence au fil de la trame,
tête d’affiche et des flèches partant dans toutes les directions le fond demeure le même. L’essence du genre reste cette même
pour aller vers les derniers arrivants. Un beau portrait de famille, lumière noire : la désillusion. Qu’elle soit inscrite dès les premières
ou plutôt un jeu de piste. Non, c’est des conneries tout ça. En pages ou prenne les protagonistes à la gorge progressivement.
vrai, c’était un puzzle… Je souriais en hochant lentement la tête, les idées enfin claires

l’écRituRe du désespoiR
et mon affaire résolue, au moins jusqu’au prochain rebondis-
sement, quand l’escalier signala que ma dame descendait. Ma
femme en robe rouge, prête à monter en piste pour un évène-
Je repensais la chose sur le trajet du bureau. Il manquait un liant. ment quelconque qu’il fallait feindre n’avoir pas oublié.
Il y avait un truc derrière tout ça, un élément commun justifiant Mais en l’aidant à mettre son manteau, prétendant n’avoir que
que le tout tienne ensemble. De quoi imbriquer les pièces les des éraflures, je sus avec certitude qu’enfin j’avais tapé juste, que
unes dans les autres, lier Chandler et Miller, caler Les amants j’étais dans le vrai. Je sus aussi que j’étais foutu et pris au piège,
de la nuit à côté de Gone Baby Gone… J’en étais là de mes mais pas abattu par cette pensée pour autant. À l’heure des
réflexions quand des guignols ont débarqué pour me proposer constats, pour ce genre qui aime tant en faire : le « noir », c’est
une valse. Et autant dire qu’à quatre contre un, ils m’ont donné l’écriture de la désillusion. Aussi sûr que ce soir la nuit sera belle.

C A S U S B E L L I n°3 OCTOBRE 2010 21


D O S S I E R : P O L A R & S é R I E N O I R E

Par Emmanuel Gharbi

La gare centraLe toujours prêt à en parler contre une cigarette. Le seul souci, c’est
La gare centrale est comme le cœur obscène de la ville, irriguant la qu’il est schizophrène, évadé de l’asile psychiatrique. Difficile de
dévoreuse d’un flux sanguin vicié. Symbole d’espoir pour ceux qui savoir quand on peut croire à ses divagations…
y débarquent sans savoir qu’il s’agit de l’antichambre de leur propre
descente aux enfers, elle est la dernière étape avant le néant pour ceux Accroche : le corps truffé de balles d’un type au lourd ca-
qui cherchent à fuir la ville, leur vie, leurs erreurs… ou leurs poursui- sier judiciaire est retrouvé dans le parc. Ce n’est que le premier
vants. Tous sont invisibles au milieu des banlieusards qui arpentent d’une longue série. La police parle de règlements de compte
le hall matin et soir pour rejoindre leurs bureaux ou leurs logis, plan- mais se trompe : le tueur est un père de famille dont la fille a été
qués derrière le journal du jour. assassinée dans le parc. Psychotique, il provoque délibérément
les agresseurs en se baladant la nuit puis les abat froidement.
Un habitué : sous ses dehors de brave père de famille be- Le temps est compté avant qu’un innocent ne croise sa route…
donnant, Ed Blunt est un prédateur de la pire espèce. Sa cible :
les jeunes fugueuses échouées à la gare centrale sans argent, une casse automobiLe
adresse ou contacts. Il les aborde en souriant, leur offrant un Derrière les grilles rouillées, protégées par des chiens féroces, les rebuts
sandwich, et se présente comme un travailleur social désireux du rêve américain s’entassent dans des piles dantesques de tôle frois-
de leur trouver une place dans un refuge. En réalité, c’est un sée. Les bricoleurs y trouvent leur bonheur, surtout si leur business
rabatteur pour un des réseaux de prostitution les plus violents requiert l’utilisation de voitures discrètes et gonflées dont les proprié-
de la ville. taires de la casse font commerce. Une fois le coup effectué, un passage
dans le broyeur et il ne reste plus aucune trace. C’est aussi le lieu idéal
Accroche : avant de se faire flinguer en pleine rue par des pour un deal furtif ou une exécution loin des regards curieux…
membres du syndicat, Mario Stiletti, journaliste freelance, a dis-
simulé son dossier croustillant sur les liens mairie-mafia dans
une consigne de la gare. La consigne est déjà sous la surveillance
d’une section anti-
corruption qui at-
tend de voir qui va se
pointer. Mais un flic
« La ville est une jungle peuplée de
ripou a filé l’info aux prédateurs. Quelle que soit l’époque
malfrats : une équipe ou la cité, voilà une vérité que ceux
de nervis est en route
pour récupérer les in-
qui veulent mettre à nu ses entrailles
formations compro- feraient bien de ne pas oublier… »
mettantes.

Le parc
Sur les pelouses, des étudiants révisent leurs cours, des gosses jouent,
des joggers suent et des mémères promènent leurs chiens. Mais la
faune du parc ne se limite pas à ces bons citoyens. On y trouve des jun-
kies en manque et leurs dealers, des clochards vociférants, des membres
de gangs, des prostituées fatiguées et des pervers sexuels. Même les
plus téméraires savent qu’il ne faut pas y pénétrer la nuit ni s’enfoncer
dans les buissons touffus bordant les allées.

Un habitué : Jeff Kowalik croque des portraits approxi-


matifs des touristes qui s’aventurent dans le parc. Il passe ses
nuits dans une cahute de cartons, sous le petit pont de pierre où
s’embrassent les amoureux. Jeff voit beaucoup de choses et est

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D O S S I E R : P O L A R & S é R I E N O I R E

Un habitué : Martin adore les bagnoles. Il a appris la mé- Accroche : « Messieurs, avec ce dernier coup, nous pour-
canique en maison de redressement et depuis, il passe sa vie à les rons tous prendre notre retraite. Dans trois jours, le syndicat
bricoler amoureusement. Ce job à la casse, et la caravane cras- va profiter du grand prix pour blanchir l’argent des machines à
seuse qui va avec, c’est presque un rêve. Sa réputation commence sous. Des caisses de billets usagés vont transiter par le champ de
à gonfler et ses clients sont fidèles. Dommage qu’il doive autant courses. Tout ce que nous avons à faire, c’est entrer, neutraliser
d’argent à des types peu recommandables. Pour l’instant, ils se les gardes et sortir avec le pactole. Voici mon plan… »
sont contentés de lui casser les doigts de la main gauche.

Accroche : le vieux gardien de la casse est tombé par ha- Les urgences
sard sur un cadavre emmailloté, fourré dans le coffre arrière Au plus noir de la nuit, le personnel débordé tente de gérer acciden-
d’une Cadillac. Depuis que les flics fouillent les alentours, ils tés de la route, victimes d’agression, individus pris de démence et
ont trouvé plus d’une dizaine de surprises équivalentes. Il sem- familles folles d’inquiétude. Les flics y larguent des clodos puants
blerait qu’un tueur en série ait choisi de stocker ici ses trophées en pleine crise de delirium tremens ou de vieilles femmes incon-
macabres. Un grand déballage qui inquiète les truands du coin : tinentes dont personne ne veut. Lorsque pointe l’aube, un calme
eux aussi ont enterré ici des choses qu’ils voulaient voir oubliées. presque surnaturel tombe sur les urgences et ceux qui ont réussi à
survivre à la nuit...

La boutique du prêteur Une habituée : Nina Rawley est infirmière depuis 20 ans.
sur gages Belle malgré ses cernes, elle fait toujours de son mieux pour apai-
Sur les étagères du prêteur sur gages s’entassent les dérisoires trésors ser les douleurs, physiques ou morales, des gens qui atterrissent
des plus désespérés. Rien à cirer de leur détresse : il a un business à aux urgences. Nina ne parle jamais de ses propres problèmes,
faire tourner, ce qui exclut toute compassion. Parfois, un miséreux fait de son mari alcoolique ou du médecin qui la harcèle. Une fille
un scandale parce qu’il n’a pas réuni assez vite la somme due et que bien, qui a même des états d’âme lorsqu’elle pique des flacons
sa breloque a été vendue, mais le prêteur sur gages est tranquille. Il a de morphine dans la pharmacie pour arrondir ses fins de mois.
un arrangement avec les durs du coin, qu’il aide à écouler tout un tas
de marchandises volées… Accroche : un flingage entre bandes rivales a laissé deux
types sur le carreau, qui arrivent en même temps aux urgences.
Un habitué : Nino est un représentant de commerce d’un Les familles éplorées hurlent dans la salle d’attente, les copains
genre un peu particulier. Son business, c’est la vente de flingues, des deux jeunes s’amassent aux alentours et s’insultent tandis
de préférence « propres », avec les numéros de série brulés à qu’un pasteur du quartier tente maladroitement de calmer les
l’acide. Le choix est large et il ne pose pas de questions. Pour le esprits. Pourquoi ne pas profiter de la confusion pour régler son
contacter, il faut passer par le prêteur sur gages. À votre conve- compte à Aldo, le repenti qui survit depuis son exécution man-
nance, Nino vous donnera rendez-vous dans l’arrière-boutique quée dans le service des soins intensifs ? Pour se faire des amis,
ou dans la chambre d’un hôtel de passe. il suffit de le débrancher.

Accroche : le sergent Joe Dimble bat le pavé du quartier


depuis des années et y a un peu trop pris ses aises. Il mange gra-
tuitement, se sert dans les étals et menace le prêteur sur gages
de manger le morceau quant à ses livres de compte maquillés.
Lorsque le bon sergent se fait planter par un junkie halluciné,
faut-il y voir la main d’un commerçant du quartier ? Ou le flic
ripou avait-il d’autres secrets inavouables ?

Le champ de courses
Difficile de trouver un lieu qui engendre autant d’émotions, de l’ex-
citation au désespoir. On y foule aux pieds les tickets perdants jetés
au sol avec rage. Toutes les strates sociales sont représentées, retenant
leur souffle en attendant les résultats. C’est aussi un des terrains de
jeu préférés de la mafia : injections de cocktails dopants aux animaux,
écrémage des recettes et blanchiment d’argent sale.

Un habitué : ancien jockey devenu alcoolique lorsque son


genou brisé a mis fin à sa carrière, Barry claudique toujours du
côté des paddocks où il se fait pourtant rabrouer en permanence.
Il est intarissable sur les chances de tel ou tel et connaît toutes
les arcanes du champ de courses. Il gère une petite combine de
paris parallèles, ce qui peut lui valoir, si cela s’ébruite, de perdre
son autre genou… au mieux.

C A S U S B E L L I n°3 OCTOBRE 2010 23


D O S S I E R : P O L A R & S é R I E N O I R E

Le moteL La saLLe d’audience


On y transite, on s’y planque, on y fixe un rendez-vous coupable… Tous les jours s’y rejoue la comédie humaine, à guichets fermés. Les
Le motel est un point de chute anonyme idéal pour quelques heures de acteurs ? Les avocats commis d’office dépassés ou désabusés qui cô-
sommeil volées. Qui se soucie des cancrelats et des taches sur le couvre- toient les arrogants ténors du barreau. Les victimes aux abois et les
lit moisi ? Le tenancier ne pose pas de questions et contre quelques criminels d’occasion également prostrés, séparés les uns des autres
billets, il peut fournir quelques commodités illégales. Il peut aussi vous par une unique travée. De vrais durs qui attendent le montant de
balancer s’il vous a reconnu, alors il vaut toujours mieux ne dormir leur caution avec un bâillement sonore. Des juges luttant avec leurs
que d’un œil… propres contradictions. Insultes, lamentations, cris et malédictions…
Il se passe toujours quelque chose.
Une habituée : Leslie, prostituée et junkie constamment
défoncée, reçoit ses clients, pour la plupart de miteux représen- Une habituée : Elizabeth Rourke est profileuse en jurés.
tants de commerce, dans une des chambres du motel. Personne Embauchée par de grands cabinets d’avocat, cette discrète qua-
ne prend jamais au sérieux cette grande fille décharnée aux yeux dragénaire aux allures de prof de fac s’installe au fond de la salle
vitreux, mais Leslie voit tout ce qui se passe dans le motel. Si d’audience lors de la sélection des jurés et conseille à l’avocat,
un deal a eu lieu, ou si quelqu’un d’étrange a fait escale ici, elle d’un signe convenu d’avance, de révoquer ceux qu’elle estime
le saura… dangereux pour le client. Parfois, il ne faut pas plus d’un seul juré
pour faire basculer une sentence.
Accroche : une femme de ménage harassée découvre une
femme trépassée et un bébé bien vivant dans une des chambres. Accroche : qu’est ce qui a pu pousser le juge Edward, vé-
La mère fuyait son compagnon, un repris de justice violent, mais ritable parangon de vertu, à avaler le canon d’un revolver dans
elle a fait une très mauvaise rencontre… Le père est bien décidé son bureau du palais de justice ? Faut-il croire cette jeune femme
à récupérer son enfant et le tueur sadique choisit déjà sa pro- échevelée qui affirme être sa fille cachée ? Faut-il croire que le
chaine victime. juge était accablé de remords ? Ce serait porter crédit aux décla-
rations de la famille qui continue à clamer l’innocence du der-
nier homme qu’il a fait exécuter.

Par Le Grümph

De la même manière que vous aimez


frimer lorsque votre personnage
servi avec des petits pains grillés et une bonne quantité
d’oignons frais. Le Slider est, quant à lui, un petit hambur-
Le petit déjeuner
commande un cocktail hyper hype Le diner ouvre tôt dans la nuit – s’il ferme seulement.
ger servi dans un pain réchauffé à la vapeur, pratique pour
ou une bière locale (et qui existe On y sert donc une grande variété de plats chauds et re-
l’entrée ou les en-cas. Connaissez-vous le Patty Melt ?
réellement) – histoire de renfor- constituants. Des porridges d’abord, à base d’avoine ou de
Remplacez le gros pain au sésame par deux tranches de
cer le roleplay – vous aimeriez bien maïs nixtamal si vous aimez la nourriture native-american
commander autre chose que deux pain de mie, mettez une tranche très fine de bœuf haché,
(c’est le Grits). De la viande aussi, bacon, saucisses, jam-
œufs au plat ou un cheeseburger le fromage et faites griller le tout au beurre, à la plancha,
bon, andouille, chicken wings, poisson-chat, croquettes de
quand vous vous installez dans un pour que le fromage fonde. Dans le nord du pays, on met
saumon, crab cakes. Variez le menu selon les régions :
diner pour causer avec votre indic. le fromage à l’intérieur de la masse de viande, c’est un
au sud-ouest vous apprécierez les huevos rancheros, avec
Voici quelques plats traditionnels Jucy Lucy – à laisser reposer quelques minutes avant de
œufs frits sur galette de maïs agrémentés de sauce chili,
à balancer à votre MJ (ou à vos déguster pour ne pas en mettre partout.
fèves et avocat. Sur la côte est, goûtez au Scrappel, un
joueurs) pour rester dans l’ambiance.
porridge de porc, maïs et farine bien assaisonné, frit à la
poêle et servi dans du pain. Dans le New Jersey, deman-
Les fritures
Le Hamburger Un bon diner ne serait rien sans ses fritures. Les French
dez le Pork Roll – de toute manière, c’est le seul endroit
où vous en trouverez hors de Phillie. Ajoutez une ample
Le sandwich à la viande hachée, avec laitue, tomates, fries, pour commencer – de simples frites en fait. Mais
profusion de viennoiseries en tout genre et vous devriez
oignons, pickles et fromage. Quoi de plus classique. Sa- tout passe dans le bain d’huile : quart de poulet, chicken
être calé pour la journée…
vez-vous que vous pouvez commander plusieurs types wings (il existe de multiples manières de les préparer selon
de hamburgers ? Il y a le Double-Decker (ou le triple) la tête du patron), tranches d’intestins de porc, foie, jam-
Et n’oubliez pas : le café est à volonté et plus vous don-
avec deux ou trois tranches de viande. Vous pouvez bien bon, œufs, boulettes de viande hachée, poisson, huîtres,
nerez de pourboire à la serveuse, mieux vous serez traité.
entendu exiger des suppléments bacon ou fromage. Dans hachis divers… Avec une bonne sauce bien piquante, tout
le sud, demandez donc un Slopper, un hamburger sans passe – matin, midi et soir ! N’hésitez pas à surprendre
pain au-dessus et littéralement recouvert de sauce Chile, les joueurs et à façonner la réputation du cuistot !

24 C A S U S B E L L I n°3 OCTOBRE 2010


D O S S I E R : P O L A R & S é R I E N O I R E

Gharbi & Jérô me Larré


Par Emmanuel

noir
à mê me de fo rm er la base d’un scénario
Trouver une intrigue nt aisé. Les romans, fil
ms et
os e de re la ti ve me être
est quelque ch es id ée s qu i ne demandent qu’à
nt de bo nn
séries télé grouille sa cro-sainte partie du
week-end.
al im en te r vo tr e
reprises pour ête policière.
ab us iv em ent le noir à l’enqu
On rédu it so uv en t particulière-
le s ap pa re nc es et certains clichés
Toutefois, malg ré etc.),
ti ve , vo ix of f, en vironnement urbain,
ec
ment bien ancrés(dét ir dans tous les univer
s ou presque,
jo ue r en mo de no e par
les PJ peuvent da va nt ag e par une ambiance qu
e en fa it
ce qui se caractéris ai lleurs souvent au se
cond plan.
am e, qu i pa ss e d’
un type de tr aider à écrire un
ti cl e a po ur but non pas de vous
Aussi, ce t ar vous plaît
il o, ma is à ad ap ter une intrigue qui
scénario ex-n ih servir
de no ir , qu el qu e soit le jeu. Afin de
afin de la jouer en mo une des trames les pl
us éculées :
us al lo ns ut il is er un moyen
d’exemple, no gr ou pe pa rt à la recherche d’
ur an t, le
le chef des PJ se mo ge r de l’Amérique du dé
but du XXe
Hi st oi re de ch an odal.
de le guérir. e in tr igue dans le Japon fé
pl ac er ce tt
siècle, nous allons

1°) choisir un thÈme sir la justice, quitte à être abandonné par les miens ? » donnera deux
résultats très différents.
La première chose à faire est de vous assurer que l’intrigue choi- Exemple : Le thème choisi est « Vaut-il mieux un usurpateur
sie met en avant un des thèmes du noir, ou d’en choisir un qui dévoué ou un dilettante légitime? »
correspond à ce que vous avez envie de proposer à vos joueurs.
Le thème correspond à ce dont le scénario traite vraiment, au 2°) déterminer Le secret
fond sous-jacent, et peut être très éloigné du fil directeur que
vont suivre les PJ, fil qui ne sera parfois qu’un simple prétexte. PJ, adversaires, victimes et criminels, tout le monde cache
Souvent le noir aborde des thèmes sociaux liés aux barrières in- quelque chose. Mais il existe un secret principal, enfoui, qui est
visibles qui divisent les hommes (communautés, moralité, mar- à l’origine de tous les évènements que traversent les PJ. Quelle
ginalité) et/ou au fait que personne n’est réellement innocent que soit la raison pour laquelle ils sont sollicités au départ, un
et que tout un chacun peut céder aux mêmes vices (perversion, scénario noir tourne généralement autour du principe suivant :
dépendance, mégalomanie, etc.). « les protagonistes s’approchent de plus en plus de la découverte

urrents du noir :
Le plus facile est de formuler le thème comme une question
mettant en avant deux éléments qui s’opposeront pendant la queLques thÈmes réc
partie. Ainsi, faire jouer un même scénario avec pour thème corruption, l’intolérance, la ven-
la violence, le communautarisme, la
« peut-on trouver la rédemption par la violence ? » ou « faut-il choi- session, le poids du passé, la culpa-
geance, la justice, la rédemption, l’ob
la perversion de l’innocence ou
bilité, l’ambition, l’aliénation, la solitude,
des institutioCns,A laS jalou sie, la cupidité, etc.
U S B E L L I n°3 OCTOBRE 2010 25
D O S S I E R : P O L A R & S é R I E N O I R E

d’une vérité que d’autres cherchent absolument à cacher ». mations contradictoires pour les faire douter des motivations
En effet, les diverses révélations ou péripéties rencontrées ne sont de leurs interlocuteurs. C’est aussi le moment de leur faire une
que des couches de mystère que l’on enlève petit à petit jusqu’à première révélation qui les motivera et leur donnera le sentiment
la révélation du secret. Celui-ci est souvent dérisoirement trivial, d’avancer … jusqu’au moment où ils buteront sur un mystère
une simple vérité honteuse en relation avec le thème montrant encore plus épais.
que même les ennemis les plus farouches peuvent se révéler pa- Exemple : Les PJ sont chargés par le seigneur d’aller chercher
thétiques. Le secret typique n’est jamais à même de bouleverser le remède auprès du médecin, mais tombent sur son cadavre. Le
l’univers et semble généralement insignifiant face ce que les PJ fils, pris de panique, l’a tué pour protéger son secret. Ils appren-
ont dû traverser pour le découvrir, créant un contraste sur lequel nent que le remède n’est plus là et constatent que l’assistant a
vous pourrez jouer. bien du mal à simuler le chagrin.
Exemple : Un médicament a été utilisé en secret par le fils du
seigneur lorsqu’il est revenu blessé de la guerre pour avoir cher- 5°) enchaîner avec Le miLieu
ché à impressionner son père. Sa mère, morte depuis, s’est don-
née au médecin en échange du remède. Le seigneur, malade à Les PJ naviguent ensuite à travers les couches successives du
son tour, a besoin de ce remède. Malheureusement, ce dernier secret et alternent entre les factions, qui font tout ce qu’elles
nécessite un ingrédient particulièrement rare en provenance de peuvent pour les manipuler ou les faire céder : chantage, séduc-
Chine et ne peut donc être préparé à nouveau. Le jeune homme tion, corruption, menaces, agressions physiques, etc. Même ceux
ne peut se résoudre à laisser qui que ce soit apprendre ce qui qui semblent les aider ne le font pas gratuitement. C’est aussi le
s’est passé. moment où l’adversité se renforce. Plus la pression s’intensifie,
plus ils sont proches de la vérité. La partie doit atteindre son
3°) créer La(es) communauté(s) paroxysme avec un choix crucial : ou les PJ décident d’utiliser
les moyens de leurs adversaires, se « damnant » pour avoir une
Le protagoniste noir (le ou les « héros ») ne se caractérise pas chance, ou ils jouent selon les règles et perdent.
par sa volonté de changer le monde et n’est pas habituellement Exemple : Les PJ sont invités par les différents intervenants
destiné à un quelconque voyage initiatique. Si on ne peut lui qui souhaitent tous orienter leur (en)quête. À force de pression,
reprocher de manquer de détermination – généralement de la l’assistant, que tout accuse, révèle la liaison du médecin avec la
fierté mal placée – il n’est que rarement le moteur de ses propres mère du jeune seigneur. Comme son père avant lui, le fils en-
aventures. Les ennuis ont plus tendance à lui tomber dessus que gage les PJ et leur demande de trouver le meurtrier du méde-
lui à leur courir après, quand ce n’est pas sa simple présence cin, avec pour objectif de contrôler ainsi la progression de leurs
qui les provoque. Concrètement, les PJ sont avant tout des té- recherches. Les PJ sont plus tard agressés par des partisans du
moins, explorateurs d’une communauté – ville, parti politique, jeune samouraï. Ils les vaincront mais comprendront qu’il s’agit
bas-fonds, mafia, etc. – qu’ils (re)découvrent au fur et à mesure d’hommes de la suite de l’héritier. Le fils sera désormais sur la
qu’ils approchent du secret principal. sellette et quoi qu’il advienne, il est certain à présent que le clan
Aussi, la prochaine étape est de « cartographier » la communauté ne sortira pas indemne de cette histoire.
que vont explorer les PJ et de la remplir de factions, de PNJ et de
lieux hauts en couleur. L’idée est de décliner le thème de façon 6°) terminer par La fin
à ce qu’il transparaisse dans chacun d’eux. Quoi qu’il en soit, La fin comportEra trois phasEs :
avant la fin de la partie les PJ devront se positionner par rapport
à la question posée par le thème. Les différents membres de la • La traversée des enfers, où les PJ perdent ce qui leur restait
communauté offriront ainsi autant d’exemples que de réponses d’innocence et sont confrontés à une opposition maximale ;
possibles. • La révélation du secret ;
Exemple : En plus des PNJ mentionnés plus haut, on peut ima- • La conclusion réelle, souvent amère, car si les PJ ont réussi
giner les éléments suivants : des membres loyaux de la suite du à vaincre, ils n’ont pas triomphé du système/du mal et ce qu’ils
jeune seigneur qui ne reculeront devant rien pour le protéger, y combattaient sera bientôt remplacé par quelque chose de pire.
compris perdre leur statut ; l’assistant dont le médecin s’attribue Le dernier point est important : si un scénario noir peut évoluer
les mérites, qui sait que le bon docteur est un charlatan ; un très librement, il vaut mieux en prévoir l’issue. Une conclusion
maître de thé venu au château pour vendre un chargement de qui tombe à plat est le meilleur moyen de laisser un goût de
mousquets et qui serait ravi que les choses dégénèrent pour ne gâchis à tout le monde...
pas repartir avec sa marchandise, etc. Exemple : Les PJ, désormais considérés comme des renégats,
doivent tenter le tout pour le tout pour arriver jusqu’au seigneur
4°) commencer par Le début et lui révéler qu’il va mourir non par leur faute mais par la tra-
hison des siens. On peut imaginer, au grand dam des PJ, que le
Si créer une communauté et avoir une idée des secrets de chacun seigneur pardonne à son fils. On peut aussi choisir d’en rajouter
vous permet d’improviser avec une certaine aisance, structurer une couche en décidant que ce dernier apprend que sa mère et le
votre scénario et en préparer les moments-clés permettra d’en médecin s’aimaient et qu’il était issu de leur union (faisant ainsi
améliorer grandement l’efficacité. de lui le meurtrier de son vrai père et non seulement le respon-
Ainsi, l’introduction se fera de préférence au corps défendant sable involontaire de la mort du seigneur).
des PJ et aura pour objectif de les confronter à la première
couche de mystère. Donnez-leur autant que possible des infor-

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Scénarios |

28-32 : La Chambre Noire - Black Trinity 2/4 - Vous voulez entendre une histoire ? Continuez
33-38 : Requiem pour Elizabeth - L’Appel de Cthulhu / Hellywood - votre chemin.
39-43 : On trouve pas de citrons verts dans le désert - C.O.P.S. - Ici, les histoires sont à jouer, il ne suffit pas d’être
simple spectateur, il vous faudra vivre chaque
44-49 : Les Noces Rouges - D&D 4 -
instant, prendre des décisions, agir aux moments
50 : Calendrier des Manifestations opportuns et survivre à de nombreuses péripéties
pour connaître l’issue de ces aventures. Vous vous
en pensez capable ? Vous croyez avoir les tripes ?
Confiez ce cahier à votre MJ ou prenez-en le rôle.
Le frisson de l’aventure est là, à votre portée.
Saisissez-le !

C A S U S B E L L I n°3 OCTOBRE 2010 27


S C é N A R I O S : B L A C K T R I N I T Y

Auteur : Anthony « Yno » Combrexelle | Illustrateurs : Willy « Brain Salad » Favre & Anthony « Yno » Combrexelle

LA CHAMBRE NOIRE
Pour tout univers contemporain / Black Trinity

Ce scénario s’adresse indifféremment à des personnages nouvellement créés ou à un groupe préexis-


tant. Si les personnages se fréquentent depuis plusieurs scénarios, cette intrigue peut s’intercaler dans le
cours d’une campagne alors qu’ils vaquent à leurs occupations habituelles. S’ils ne se connaissent pas
et qu’il s’agit d’un tout premier scénario, cette histoire peut justement permettre de les lier. En effet, les
personnages se retrouvent tous au centre d’un même mystère : une série de photographies sur lesquelles
ils apparaissent alors qu’ils n’ont jamais été pris en photo ensemble et ne se sont jamais rendus dans le
local faiblement visible sur les clichés : une étrange chambre noire.

FILATURE pister à son tour. Les possibilités sont mystère et de l’Aventure ou ne voient pas
nombreuses et chacune d’entre elles (mis de raisons suffisantes pour s’intéresser à
Les personnages s’affairent peut-être à à part la fuite) permettra d’obtenir le Jeffrey Miles, l’étrange détective disparaî-
leur prochaine enquête, à se faire beaux même lot d’informations. tra mystérieusement (voir « Un gêneur en
pour un rendez-vous galant, à sortir la moins ») en laissant un dossier complet
poubelle ou à se rendre sur leur lieu de Jeffrey miles, détective sur les personnages. De quoi inciter la
travail, toujours est-il que chacun de Le suiveur est un détective privé nommé police à les considérer comme les poten-
leur côté, ils se sentent observés. C’est Jeffrey Miles. C’est un enquêteur discret, tiels suspects d’un possible crime…
tout d’abord indéfinissable, une simple pugnace mais conscient de ses limites. Il
impression, mais au fur et à mesure que n’est pas du genre à risquer sa vie pour Les faits
le temps passe, que la vigilance s’accroît, un client. Aussi, si les personnages se Il y a trois semaines, Samantha Novack
la désagréable sensation d’être suivi se montrent « persuasifs », il ne fera pas a engagé Miles pour retrouver son mari,
renforce. de rétention d’informations et livrera le Earl Donovan, photographe de mode
Une silhouette juste saisie à un coin de peu qu’il sait. Après tout, il s’interroge réputé dans le milieu, et disparu depuis
rue, dans le reflet d’une vitrine, un bruit sur la nature des photos et l’endroit où la semaine précédente. Dans son appareil
sourd entendu derrière soi, une voiture elles ont été prises mais ne considère pas photo fétiche, retrouvé dans son studio,
qui apparaît sans cesse dans le rétrovi- les personnages comme particulièrement figurait une série de clichés mettant en
seur, des pas étouffés dans la cage d’es- suspects. Du moins tant qu’ils n’agissent scène des inconnus : les personnages.
calier, le clapet de la boîte aux lettres qui pas irraisonnablement. L’enquête de Miles lui a permis de les
grince juste après le passage du facteur : Si pour une raison ou une autre le détec- identifier et il cherche maintenant à
quelqu’un les file. Qu’ils soient seuls ou tive n’est pas/plus en mesure de livrer connaître leurs liens avec Donovan. Il les
en groupe, dans toutes ces diverses scènes les informations qui suivent, sa voiture a donc suivis pour tenter d’en apprendre
à faire jouer, les personnage sont épiés. (autant dire sa planque) contient un davantage, sans résultat.
Une fois la paranoïa légitimée (l’ombre dossier suffisamment explicite (photos, Le détective possède une photo de presse
qui les pourchasse a enfin commis une notes, rapports, adresses, numéros de d’Earl Donovan qu’il peut montrer aux
erreur), les personnages peuvent agir téléphone, observations) pour que les personnages. Ceux-ci ne le reconnaitront
comme bon leur semble : tendre un piège personnages puissent en apprendre plus pas ou seulement pour l’avoir vu à la télé
à leur suiveur, le confronter, tenter de sur le mystère qui les entoure. ou dans un magazine, ils ne l’ont jamais
le semer ou au contraire, essayer de le Si les personnages refusent l’appel du rencontré.

28 C A S U S B E L L I n°3 OCTOBRE 2010


S C é N A R I O S : B L A C K T R I N I T Y

Les photos possible (à moins de prendre une semaine cible, Samantha se montrera aussi intri-
Les clichés (au nombre de cinq) ont été complète pour dresser l’inventaire des guée que tendue si elle reconnaît les
pris en rafale dans un lieu sous-exposé. lieux, du bonheur en perspective). personnes qu’elle a vues sur les photos
Les personnages sont nettement visibles d’Earl et leur parle. Elle ne leur fait pas
sur chacune des images, même s’ils ne • En inspectant sommairement la pièce, confiance et se montrera suspicieuse mais
sont pas bien cadrés et ne font pas atten- les personnages pourront découvrir deux les personnages pourront sans nul doute
tion au photographe. Bien qu’ils cachent traces au sol, deux marques de brûlures le comprendre : ils sont eux-mêmes
une grande partie du décor, on discerne d’une cinquantaine de centimètres incapables de justifier leurs apparitions
une chambre d’adulte à la décoration chacune. Les marques sont récentes, un sur les photos !
rétro, au mobilier kitch et au papier- mois tout au plus. Personne ne saura Accessoirement, « Samantha » est la
peint vintage. Aucun élément distinc- dire comment et par quoi elles ont été grande méchante de cette histoire (voir
tif ne permet d’identifier la scène avec générées. Il s’agit des endroits où Earl « L’histoire jusque là »).
exactitude. Donovan et Samantha Novack sont
Les photos sont les dernières prises morts brûlés mais les personnages ne • Eric mccarthy, aSSiStant
par l’appareil de l’artiste. Elles datent peuvent pas encore le deviner. Eric est un jeune homme arrivé récem-
d’un mois – sans doute de la nuit où ment à ce poste. Il suit Samantha dans
Earl Donovan s’est volatilisé – et sont • Le jeu de clefs du penthouse du photo- la plupart de ses déplacements profes-
marquées comme ayant été réalisées à graphe peut être trouvé dans un bureau. sionnels pour Novack Inc. En public, il
4h54 du matin. Samantha possède le sien et Jeffrey Miles se montre parfaitement obséquieux avec
L’appareil a été retrouvé dans le studio de en a un double. À ce jeu de clefs est asso- sa patronne mais la méprise grandement
l’artiste par sa femme qui a remarqué les cié un post-it sur lequel est noté une série en privé. Eric est un arriviste et son arri-
clichés. Elle veut depuis savoir qui sont de chiffres (peut-être un code ?). vée toute fraîche – quelques mois ou
les personnages et quelles relations ils quelques semaines ? Samantha ne s’en
entretenaient avec son époux disparu. • Un fait est particulièrement notable : souvient plus – peut faire une excellente
tous les flashs et projecteurs ont été fausse piste et une victime toute désignée
détruits. Cet événement ne date pas du si besoin est (voir « Un gêneur en moins »).
AU STUDIO récent cambriolage mais d’il y a un mois, Merci Eric.
lorsque Donovan a disparu. Son agent
Les personnages peuvent se rendre au pense que ces dégâts résultent d’un coup • SidnEy BlackStonE, agEnt
studio seuls ou accompagnés de Jeffrey, de sang de l’artiste, d’un ras-le-bol dû à Désagréable, grognon, reniflant sans
Samantha les laissera entrer afin de la fatigue, ce qui appuie la théorie selon arrêt, Sidney a tout ce qu’il faut pour
savoir qui ils sont exactement. Plusieurs laquelle qu’il aurait mis les voiles. Tout paraître antipathique. Ça tombe bien,
personnes se trouvent sur place, mesu- simplement. il l’est. La cinquantaine, transpirant,
rant l’ampleur d’un saccage. À l’évi- coké comme un baril de poudre, l’agent
dence, l’endroit a été fouillé, cambriolé • Fausse piste : si les joueurs ont connais- d’Earl Donovan paraît nerveux, stressé.
et dévasté dans la nuit. Visiblement on sance du titre du scénario, ils pourront Il mentira (voir « Le coup de téléphone »)
cherchait quelque chose. Est-ce que le vouloir inspecter en profondeur le labo et dira ne pas comprendre la disparition
« quelque chose » a finalement été trouvé ? photo de Donovan et les différents appa- de son poulain, encore moins le saccage
Impossible de le dire pour le moment. reils qu’il utilisait. Evidemment c’est une du studio. Il a peur, en partie parce que
Samantha, aidée par son assistant, tente fausse piste, le saccage n’a pas atteint les commissions qui lui permettent de
de déterminer ce qui manque. L’agent cette pièce et il n’y a rien à découvrir. payer sa drogue disparaissent de jour en
d’Earl est là aussi. jour. Tout désagréable qu’il soit, Sidney
• Samantha novack, femme de Muse voit favorablement l’arrivée d’enquêteurs
• Il y a énormément de bazar éparpillé, et compagne d’Earl Donovan depuis supplémentaires. Dans un premier temps,
des décors (des palmiers, une jungle, une dizaine d’années, Samantha est la seule chose qu’il voudra bien déclarer
des montagnes…), des accessoires (des aussi une femme d’affaires à la tête de sur le disparu, c’est qu’Earl, insomniaque
miroirs, des guirlandes de Noël, etc.), du l’agence Novack Inc. D’humeur iras- depuis de nombreuses années, avait l’ha-
matériel photographique, etc. Passer en bitude de travailler la nuit…
revue chaque élément n’est pas Par ailleurs, s’il porte l’étrange nom à
Et Trinité consonance maléfique de « Blackstone »,
alors ? Noire c’est uniquement dans le but de titiller la
fibre paranoïaque des personnages.

ity ?
Black Trin
Black Trinity n’est au
tre que le nouveau
de Trinité Noire. Pourq nom L’histoire jusque là
e une série
intitulé se cach
uoi ce changement ?
ri eu x Depuis la sortie du
Sous ce bien
m ys té ants les uns précédent numéro
né ri qu es, indépend : Casus Belli, « Les XII de Une réalité sordide
de scénario s gé un même lien Singes », éditeur du
, m ai s en tr etenant tous vo us le de rôle « Trinités », jeu Samantha Novack a la quarantaine. Ancien
des autres de. Ainsi, si reçoivent de nombreu
un autre mon nsemble des scéna- retours de joueurs cro x « modèle », autrefois ambassadrice de produits
l’existence d’ l’e yant que Trinité No
pourrez jouer » pour est une variation som ire de beauté et égérie de grands couturiers, elle
souhaitez, vous m en tio n « Black Trinity . souci de simplifier la
bre de leur jeu. Avec
le
rt an t la ine-fa tique
nt as ne peut plus compter uniquement sur sa beauté.
rios compo gn e contempora i- trop imaginatifs et
tâche des joueurs un
peu
e ca m pa op re in tr Devenue depuis quelques années directrice d’une
obtenir un ndant sa pr d’éviter les éventue
io possède cepe pas la connais-
confusions, il a été dé lles agence de mannequinat, Samantha organise avec
Chaque scénar e, et ne requiert de l’ensemble de scé
cidé de modifier le titr
e
gue, sa pr op re tr am re compris et narios génériques pa son mari des petites sauteries pour le gotha local.
au tr es « ép is odes » pour êt sant dans Casus Belli rais- Ces soirées ne sont évidemment pas avares en
sance des en « Black Trinity ».
joué. de prochains
ity es t do nc à suivre dans
Black Trin
sus Belli. 29
numéros de Ca
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une superbe photo prise quelques mois


drogues et en sexe, Samantha prostituant parfois pas menée jusqu’à Charles – ce qui constitue auparavant et représentant le studio
certaines de ses filles et se chargeant elle-même d’ailleurs leur seule chance de ne pas finir brûlés photo de Donovan. Si (et seulement si)
des plus importantes personnalités. Elle et son au premier coup d’œil énervé ! les personnages tentent de jouer au jeu
mari ont combiné leurs talents et mis au point une Par ailleurs, si elle n’a pas fait directement des sept erreurs avec la décoration et
technique de chantage. Pendant qu’elle faisait rechercher son fils, c’est parce qu’elle ne possède les accessoires se trouvant actuellement
tourner les têtes et les corps, il photographiait les pas de photo de Charles, mais aussi parce qu’elle dans le studio, ils pourront se rappeler
d’un grand miroir en pied ornementé de
notables dans d’étranges postures. ne souhaite pas éveiller les soupçons de l’enquê-
motifs indiens vu sur place mais ne figu-
C’est par le biais de ces soirées libertines que teur sur sa réelle identité...
rant pas sur la photo murale.
Samantha a rencontré Nancy Williams. La répu- Dans un meuble, au fond d’une paire de
blicaine – et par ailleurs maire de Silent Peaks chaussures de ville masculines, se trouve
– est lesbienne, et Samantha ne l’a pas laissée la clef d’une consigne automatique de la
indifférente. Une relation s’est établie. Williams, gare de Silent Peaks. Le code est toutefois
qui n’a pas fait son coming-out, reste discrète, ÉVÈNEMENTS introuvable à proximité (il est noté sur le
mais elle n’a pu se retenir d’offrir quelques post-it aperçu plus tôt avec les clés du
cadeaux à Novack. Comme avec les autres, l’an- menacée penthouse dans le bureau du studio…).
cien modèle a pratiqué son jeu de séduction et son Si les personnages suivent Samantha/ Bien en vue dans le salon, près d’un
mari a pris quelques clichés. Sauf que Williams Angeni ou traînent dans les environs du lecteur blu-ray, un tourne-disque et
studio, ils pourront voir une fourgonnette quelques vieux vynils attirent le regard.
n’est pas stupide et n’entend pas se soumettre au
se garer près d’elle dès que son assistant Si les personnages ont joué le scénario
chantage. Elle a donc ordonné à son service de
l’aura laissée et elle se fera agresser par « La place du mort » (CB n°2), vous pouvez
sécurité de retrouver les photos et l’appareil et de des gros bras. Les hommes de main de indiquer que parmi les disques récem-
les détruire. D’où le cambriolage du studio, par Williams sont toujours à la recherche des ment achetés se trouve Sentimental
ailleurs infructueux. photos compromettantes mais l’actuelle Journey de Les Brown. Il s’agit d’un achat
Samantha/Angeni ne sait réellement pas de « Samantha » mais elle se gardera bien
l’irruption du surnaturel de quoi ils parlent et l’affaire est donc de l’avouer et pourra même prétendre
Quand Samantha a reçu un miroir en cadeau compliquée. Si les personnages viennent qu’il s’agit d’un objet appartenant à Earl.
de la part de Nancy Williams, aucune des deux à son secours, profitant de l’incident pour Si les personnages n’ont pas trouvé le
ne pouvait deviner que les flashs répétés de les amadouer, elle se confiera dans l’es- code dans le studio ou si vous estimez
l’appareil d’Earl allaient, en se réfléchissant sur poir d’en apprendre plus sur la dispari- qu’il leur manque quelques informations
tion de son garçon. importantes, vous pouvez les orienter vers
la surface glacée, ouvrir un passage. En l’occur-
Fausse piste : si les personnages se l’ordinateur portable de Donovan. Les
rence, un passage jusqu’à l’époque (1945) et
confrontent aux hommes de Williams, mots de passe pour accéder à sa message-
jusqu’à l’endroit (une chambre) où se trouvait la ceux-ci ne se laisseront pas faire. De plus, rie sont pré-enregistrés et « Samantha »
précédente propriétaire de l’objet, une Indienne les gros bras penseront que les person- n’a pas touché à l’objet parce qu’elle ne
zuni prénommée Angeni (« Ange »). nages sont liés à l’affaire de chantage et sait pas comment le faire fonctionner…
Grâce au passage ouvert entre le studio et sa chercheront à en savoir davantage sur Un bon moyen donc de faire raccrocher
chambre via le miroir, l’Indienne, jusqu’alors eux. Ils les suivront, fouilleront chez eux les wagons à des personnages un peu à
coincée dans une faille temporelle, s’est immis- et pourront même en venir aux mains si la ramasse.
cée dans notre monde en agrippant, comme la situation l’exige.
une ombre, le pied de Samantha. La créature Un gêneur en moins
devenue maléfique a la capacité de brûler les chez Earl Donovan Afin que les personnages comprennent
Avec sa femme, Donovan possède un que les traces de brûlures vues au studio
personnes qu’elle fixe un certain temps. Après
penthouse au dernier étage d’un hôtel sont des indices sur la mort de deux
avoir tué le couple lors de son irruption dans le
particulier. L’ensemble est meublé avec personnages, faites disparaître un des
studio, la créature d’ombres a pris l’apparence goût et respire l’argent. protagonistes de l’histoire (le détective,
de la femme qu’elle avait touchée. Il lui a fallu L’un des murs de l’appartement arbore l’agent, l’assistant voire les gros bras de
plusieurs heures pour recréer le physique de l’an-
cien modèle et plusieurs jours pour appréhender
globalement sa nouvelle vie.
Angeni est à la recherche de son plus jeune fils,
Charles. Elle croit avoir fait irruption en un lieu
où errent les âmes égarées et pense que son fils
est ici. Elle ne sait pas s’il s’est perdu en jouant,
s’il est tombé lui aussi à travers le miroir ou s’il a
été kidnappé mais, voyant les photos des person-
nages dans sa chambre, elle penche pour la troi-
sième hypothèse. Elle a soigneusement supprimé
les photos prises au moment où l’objectif d’Earl a
croisé le miroir et où elle est apparue et n’a gardé
que celles où l’on peut voir les personnages.
Angeni, persuadée que les personnages sont liés à
la disparition de son petit garçon, les a fait recher-
cher. Elle ne les tuera pas tant qu’ils ne l’auront

30 C A S U S B E L L I n°3 OCTOBRE 2010


S C é N A R I O S : B L A C K T R I N I T Y

Williams). Mis à part Samantha, aucun


d’entre eux n’est essentiel pour la suite
de l’histoire, vous pouvez donc choisir
votre victime. Tuer le principal suspect
des personnages peut apporter un rebon-
dissement et un « effet dramatique »
intéressant. Répétez cet effet plusieurs
fois si vous souhaitez accentuer la pres-
sion autour des personnages et leur faire
comprendre que quelque chose rôde et se
rapproche d’eux...

Le coup de téléphone
Si une nouvelle trace d’incendie est
découverte (avec un nouveau mort en
bonus) ou si Blackstone est pressuré par
les personnages, il leur téléphonera pour
convenir d’un rendez-vous au studio.
Là-bas, il avouera ce qu’il sait. Persuadé
que Donovan magouillait dans son dos
sans savoir exactement quoi, l’agent avait
installé une petite caméra qui a filmé la
nuit de la disparition du photographe. Le
matériel de bonne qualité a pu enregistrer
des images et du son mais ne cadrait pas
exactement la scène. On entend la voix
de Donovan et une série de déclics. Des
flashs sont nettement visibles, réverbérés
par les murs. Puis une voix gutturale psal- nancy Williams, politicienne Le miroir
modiant un obscur dialecte indien se fait Lorsque (et seulement si) les personnages Le miroir se trouve toujours dans le
entendre. Après un grand bruit, on voit osent déranger le maire de Silent Peaks, studio, en partie caché dans le désordre
voir courir le photographe, visiblement celle-ci termine une allocution télévisée. résultant du cambriolage.
terrifié. Donovan se retourne, regarde son Devant un parterre de journalistes, elle 2 mètres de haut pour 60 cm de large,
bourreau – qui se trouve hors-champ – affirme condamner l’incendie criminel l’objet maudit est un grand miroir sur
tremble et s’enflamme brusquement lais- du ranch de la défunte église du Premier pied datant du début du siècle dernier.
sant une simple trace de brûlure au sol. Signe, incendie provoqué par des proches Des motifs indiens courent sur toute sa
des membres disparus de la secte (voir bordure. Le dos du miroir est gravé d’une
La consigne « La place du mort » dans CB 2). L’instant phrase : « Pour toi, mon ange. »
La clef trouvée chez Donovan et la médiatique passé, elle accepte de les rece- Si on agite de la lumière directement vers
combinaison notée sur le post-it au studio voir à l’unique condition que les person- la surface du miroir, on peut remarquer
permettent d’ouvrir une des consignes nages lui fournissent des renseignements que la glace ne réfléchit pas normale-
automatiques de la gare de Silent Peaks. ou une preuve (le contenu de la consigne ?). ment. Les reflets se perdent dans ses
À l’intérieur se trouve de quoi éclairer Autrement, elle niera tout en bloc et les profondeurs car le miroir constitue une
les personnages sur le petit trafic auquel fera jeter du bâtiment administratif. Si ouverture vers un autre lieu, dans un
se livrait le couple Donovan-Novack. les personnages possèdent les photos, autre temps et fait office de « sas » surna-
Plusieurs enveloppes et rançons associées elle voudra les récupérer et pourra turel vers la chambre noire d’Angeni.
à des notables et à leurs photos « hautes même accepter de tout raconter (en
en couleurs » sont archivées ici. Samantha « off ») en échange. La chambre noire
apparaît sur toutes ces photos. En regar- La pièce de taille moyenne est une
dant les dates de prises de vue et le carnet Elle était amoureuse de Samantha et lui chambre d’adulte. Un lit double et les
où sont indiquées les transactions, on en veut terriblement. Elle prétend ne pas affaires dans la penderie indiquent
peut facilement comprendre que la seule comprendre le comportement actuel de qu’il s’agit de la chambre d’un couple.
personnalité n’ayant pas encore payé la son ancienne amante, se sent trahie et se Les différents habits révèlent aussi que
rançon demandée est Madame le Maire reproche de l’avoir couverte de cadeaux l’homme est militaire et bedonnant, et la
de Silent Peaks, Nancy Williams. (le miroir peut alors être évoqué). femme fine et de grande stature.
De la petite pièce émane une étrange
odeur de soufre.
Utiliser le miroir La décoration paraît datée des années 50
Pour ouvrir une porte vers l’autre monde, il faut donc illuminer la surface du miroir. Il est possible de le faire et quelques éléments d’origine indienne
sciemment (si les personnages ont connaissance de son étrange propriété) ou sans le vouloir (comme dans le cas du sont visibles ici ou là. Un fétiche zuni est
malheureux photographe et de sa muse). Il suffit d’agiter une lampe ou d’allumer un briquet devant sa surface, accroché au bord de l’unique fenêtre.
ou encore de le photographier avec un flash, pour que la glace disparaisse purement et simplement au profit La chambre est hermétiquement close.
La porte et la fenêtre sont impossibles
d’un chambranle couvert d’inscriptions indiennes donnant sur la chambre noire. Une fois de l’autre côté, la même
à ouvrir et à casser comme si l’endroit
procédure est à appliquer pour revenir.
était un décor entouré de quatre murs de
béton. Le son de voix étouffées, incom-

C A S U S B E L L I n°3 OCTOBRE 2010 31


S C é N A R I O S : B L A C K T R I N I T Y

préhensibles, intrigantes, traverse les soupçons infondés de la créature sur leur


murs. On semble les appeler. rôle de kidnappeur de son garçon. CONCLUSION
Par delà les murs, une vieille chanson se Furieuse, elle exigera qu’ils lui rendent des
fait faiblement entendre Il s’agit encore comptes : « Vous êtes venu chez moi et vous Selon l’endroit où les personnages ont
une fois de Sentimental Journey par Les avez enlevé mon petit garçon ! Pourquoi ? » affronté Angeni, le bâtiment peut prendre
Brown et son orchestre… Dans la foulée, elle crachera quelques feu, embrasé par les assauts de l’indienne
malédictions zunies pour se protéger et ses projections de lumière noire.
Sur l’une des deux tables de chevet se d’eux, les mêmes que celles enregistrées Si Williams n’a pas obtenu les clichés
trouve une photo sous cadre. La photo par la caméra cachée de Blackstone. la compromettant, certains de ses amis
représente une famille, un couple et politiciens feront en sorte que le studio
ses trois enfants : l’homme bedonnant, Comme elle souhaite que les person- soit incendié dans l’espoir de voir
militaire, la cinquantaine, fait penser nages lui avouent où ils séquestrent son détruites toutes les preuves incriminant
à Winston Churchill ; la femme, plus petit garçon, elle hésitera à les brûler. Williams… et chacun d’entre eux.
grande que l’homme, plus jeune aussi, Toutefois, elle peut tuer l’un d’entre eux S’il n’est pas mort, tué par Angeni, Sidney
est d’origine indienne ; les enfants sont pour faire un exemple. Pour se faire, elle Blackstone fera une grosse dépression qui
métissés : un jeune homme d’une ving- n’a qu’à ouvrir grand la bouche et ses yeux le conduira à se faire interner en maison
taine d’années aux cheveux longs, une qui projetteront alors un large faisceau de de repos durant un certain temps.
fine adolescente d’environ quinze ans, et lumière noire. Quiconque regardera ses
un petit garçon d’une dizaine d’années. yeux mourra alors presque immédiate- Quant à Charles, le garçon soupçonné
Ils sourient et paraissent heureux. ment par « combustion non spontanée ». d’avoir été enlevé par les personnages, il
Si les personnages consultent leurs Sans aucun scrupule, elle avouera avoir ne sera pas retrouvé. Du moins, pas dans
montres, ils s’apercevront que le temps grillé Donovan et sa femme et avoir pris ce scénario-ci…
ne s’écoule pas normalement. Quelle que l’apparence de cette dernière.
soit l’heure qu’il devrait être normale- Si les personnages ont joué le scénario
ment, les montres à aiguilles indiquent « La place du mort » (CB n°2) et que vous
qu’il est un peu plus de 4 h 50 (du matin) souhaitez renforcer l’aspect « à suivre » de Corpus Mechanica
tandis que les affichages numériques l’ensemble des scénarios, Angeni pourra Si vous ne disposez de règles pour mettre en scène
clignotent sur 0 h 00, n’indiquant aucune glisser un « Il m’avait parlé de vous » en ce scénario, le système de jeu Corpus Mechanica
peut vous permettre de le gérer. La création de
heure particulière. référence au Faux Vernon vu dans l’épi-
personnage se fait en 5 minutes et les règles tien-
Les personnages ne peuvent pas le savoir sode précédent et qui n’est autre que… nent sur une feuille A4 recto/verso.
mais ils se trouvent en 1945 au moment son fils aîné ! Corpus Mechanica est disponible gratuitement en
précis où la femme – cherchant son téléchargement à cette adresse :
garçon – fouillait la chambre pour le Toute impressionnante qu’elle soit, h t t p : / / w w w. m i s t e r f r a n k e n s t e i n . c o m /
retrouver. Angeni peut cependant être tuée. wordpress/?page_id=3
C’est durant le bref moment où ils se Elle s’est tellement appliquée à singer
trouvent dans cette chambre aux proprié- Samantha Novack et son humanité
tés temporelles fluctuantes que les qu’elle est maintenant aussi mortelle que Musiques de fond
personnages seront photographiés par sa victime. Elle peut donc être blessée par Jouer avec une musique de fond peut être un
Earl Donovan à travers le miroir. une lame ou une arme à feu sans diffi- bon moyen de renforcer l’ambiance autour
Si les personnages brisent le miroir culté. Dans ce cas, elle se met à saigner un d’une table. Voici donc quelques proposi-
alors qu’ils se trouvent à l’intérieur de la liquide de couleur sombre. Elle est aussi tions musicales téléchargeables gratuitement
chambre, ils seront piégés pour l’éternité particulièrement sensible aux flashs et pour rythmer vos séances de jeu.
dans cette petite pièce et ce, sans jamais peut être gênée par de grands contrastes
mourir ni vieillir. lumineux (typiquement : une lumière + Les albums « To Stop an Exploding Man… »
forte dans un lieu sombre). et « Further Than You Think » par Final Light :
Plusieurs moyens existent donc pour la
En plus de titres de morceaux semblant avoir
CONFRONTATION défaire : il est possible de la tuer « natu-
été conçus pour Black Trinity, ces deux albums
rellement » ou en lui renvoyant ses rayons
La « rencontre » entre Angeni/Samantha brûlants avec un miroir, on peut l’en- font la part belle aux ambiances éthérées mêlant
et les personnages peut avoir lieu n’im- fermer dans sa chambre, en la poussant piano, électro et sonorités mélancoliques.
porte où et n’importe quand mais elle à travers le miroir et en brisant la glace, Albums disponibles gratuitement en télé-
serait dramatiquement plus intense si tout comme il est envisageable qu’elle chargement aux adresses suivantes :
elle intervenait au moment où ils revien- s’enfuit, fulminante et réfléchissant à http://www.archive.org/details/LostChildren039
nent dans notre monde, après avoir visité un moyen de châtier les voleurs de petit http://www.archive.org/details/LostChildren081
la chambre, en ressortant du miroir. Ils garçon que sont les personnages.
confirmeraient ainsi involontairement les + L’EP « Pet Slimmers of the Year » et l’album
«…And The Sky Fell » par Pet Slimmers Of The Year :
Adaptation Pendant rock de Final Light, ces deux albums
de Pet Slimmers Of The Year proposent des
Si vous ne comptez pas jouer les prochains scénarios estampillés « Black Trinity » ou que vous voulez spécifiquement utiliser
morceaux plus électriques (et énergiques) pour
ce scénario d’une autre façon, la motivation de la créature provenant de l’autre côté peut être beaucoup plus basique
(« les tuer tous ! ») ou être reliée à votre propre campagne en cours. Après tout, cette créature, toute maléfique qu’elle est, sonoriser les scènes lourdes et tortueuses.
n’a pas demandé à surgir dans notre monde. Elle a été appelée par des circonstances malheureuses (les flashs de l’appareil Albums disponibles gratuitement en télé-
photo contre la surface du miroir) et peut donc virtuellement vouloir tout et n’importe quoi (trouver quelque chose, repartir chargement aux adresses suivantes :
dans son monde et son époque, importer des compatriotes…). http://www.archive.org/details/LostChildren060
http://www.archive.org/details/LostChildren083

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requiem
Un scénario pour l’Appel de Cthulhu / Hellywood

nuel Gharbi
Auteur : Emma ilhaumond
eg Gu
Illustrateur : Gr

Qui a pu assassiner et mutiler une jeune femme innocente ? Quels secrets honteux
peuvent bien cacher les façades rutilantes de ce joli quartier aux pelouses imma-
culées ? Faut-il accorder du crédit aux rumeurs insistantes qui évoquent une
secte vouée aux forces du mal et un monstre sanguinaire ?

avant toute chose…


Ce scénario peut être indistinctement adapté pour l’Appel de Cthulhu ou pour casion. Pour mettre un peu d’ambiance,
Hellywood. C’est pourquoi l’action n’est pas précisément localisée. Le scénario se vous pouvez décider que les accusations
déroule dans un environnement urbain, plus particulièrement dans un quartier riche, de son mari sortent Mme Billings de
un endroit où la bienséance règne et où la police locale se soucie plus de la tranquil- sa léthargie et qu’elle pique une crise
lité des résidents que de justice. Cela peut-être une banlieue huppée ou une petite d’hystérie.
commune de villégiature. Qu’elle soit dans les environs de la ville fictive d’Hellywood,
Heaven Harbor, de Boston ou de San Francisco importe peu, comme les différences Voici ce que les personnages peuvent
entre les années 20 et 1949, cadres respectifs des deux jeux. apprendre chez les Billings :

Comme toute enquête tordue, ce scénario demandera avant tout un meneur de jeu • Elizabeth était une jeune fille adorable,
capable de gérer une action non linéaire et des personnages curieux et entreprenants… gentille et attentionnée. Elle passait l’été
avec ses parents, avant de retourner à
ses études dans un pensionnat suisse.
C’est en grande partie faux : en fait, Liz
a été renvoyée de cette même école car
première partie déjà démêlé des intrigues complexes. Il on l’a surprise à boire de l’alcool. Si on
rumeurs est prêt à verser une très forte somme le presse, Billings révèlera que sa fille
d’argent aux personnages si cela peut les buvait, comme sa mère, et qu’elle était
Cette première partie a pour but de confron- décider. L’homme est désespéré et n’a très perturbée. Mais il ne lui connaissait
ter les personnages au drame qui vient plus rien à perdre. aucun ennemi.
d’avoir lieu et de leur faire rencontrer les • Hier après midi, Liz est allée visiter son
différents protagonistes. Chacun ici semble Les Billings amie Sybill Patterson. D’après Sybill,
avoir quelque chose à se reprocher… elle est partie vers 19 heures. On ne l’a
Dans leur magnifique demeure, les jamais revue. Personne n’a donné l’alerte :
Un horrible drame Billings sont effondrés. Patricia Billings il était lui-même en voyage et sa femme,
semble sous l’influence de l’alcool, explique Billings, ne s’est même pas
Un magnifique matin d’été, les person- éteinte, comme anesthésiée. Il faut peu rendu compte de l’absence de sa fille.
nages sont entraînés dans cette affaire de temps pour se rendre compte que c’est • Billings permet que l’on fouille la
par l’industriel Paul Billings, le père sans doute l’état dans lequel elle passe le chambre d’Elizabeth : celle-ci est très
d’Elizabeth Billings, 19 ans. Le corps plus clair de son temps. Son mari a l’air ordonnée, trop sans doute. On n’y trouve
affreusement mutilé de celle-ci vient très en colère. aucun objet personnel, ni souvenirs, ni
d’être retrouvée au pied d’un ravin boisé, photographies. Il y a bien une magnifique
à quelques centaines de mètres seulement Billings en veut à beaucoup de monde, collection de poupées de porcelaine très
de sa propre maison. au premier rang desquelles la police – qui onéreuses, mais aucune vie ici.
n’a pas su protéger efficacement sa fille
Billings contacte les personnages car il – et sa femme – qu’il accuse de ne pas La loi et l’ordre
a entendu parler d’eux par une connais- s’être occupée d’Elizabeth. En vérité, il
sance commune. Il a de bonnes raisons de est surtout en colère contre lui-même. Il Alors que les personnages sont encore là,
douter de l’efficacité des forces de police adorait sa fille mais n’a jamais su échan- le shérif Brooks et son adjoint Donald
locales et il sait que les personnages ont ger avec elle. Il n’en aura plus jamais l’oc- Nichols, arrivent chez les Billings. Sans

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S C é N A R I O S : R E Q U I E M P O U R E L I Z A B E T H

saluer les PJ, ils tentent de convaincre


l’industriel que des intervenants exté-
rieurs ne feront que mettre l’enquête
en péril. Billings est intraitable et la
conversation tourne très vite à l’aigre. Les
menaces voilées fusent…

Billings quitte les lieux furieux. Nichols,


goguenard, promet aux personnages qu’il
va « les tenir à l’œil ». Il annonce qu’il a
de toute façon un suspect, un certain
Thomas Lambeth, qui semble avoir fui.
Cet étudiant en médecine est une canaille
bien connue. Bilings pourra confirmer
que ce jeune homme connaissait Liz et a
plusieurs fois sonné à sa porte.
S’ils insistent auprès de Billings, les
personnages auront la possibilité de se
rendre à la morgue du Comté pour voir
le corps, malgré les récriminations du
shérif. D’après le légiste, la jeune fille
a été violemment frappée à plusieurs
reprises. Puis la rage du tueur semble
s’être amplifiée et il l’a tailladée à l’aide
d’une lame acérée, sans doute un couteau
de style bowie. Heureusement, la plupart
des terribles blessures semblent avoir été
provoquées post mortem. Si les person-
nages le demandent, le médecin pourra
leur confirmer que la jeune fille n’a pas
été violée, mais qu’elle n’était plus vierge.

Les tensions entre Billings et Brooks ne


sont pas liées à cette affaire : Billings journalistes. Les personnages pourront vieille fille ! Mielleuse, elle invitera les
a plusieurs fois soudoyé le shérif et a apprendre que c’est un groupe de scouts personnages à venir prendre le thé chez
largement usé de son influence pour faci- qui a découvert par hasard le cadavre et elle « quand ils le souhaitent ». Durant
liter sa réélection. En échange, Brooks a a immédiatement prévenu les autorités. toute l’aventure, vous pourrez l’employer
toujours fermé les yeux sur les travers de Le corps était dans un « état terrible », pour déverser rumeurs, fausses pistes et
la famille, notamment lorsque Patricia « affreusement mutilé » et comme « à moitié insinuations fielleuses aux personnages.
errait, ivre morte, sur la voie publique. dévoré par une bête sauvage ». Les élucu-
Un secret plus sombre hante toutefois les brations vont bon train et les personnages • Marvin Spitter, un petit chauve, se
deux hommes : il y a cinq ans, Patricia a peuvent recueillir les premières rumeurs prétend journaliste mais n’anime que la
tué un jeune vagabond au volant de son de monstre ou d’animal enragé errant pauvre feuille de chou locale, le « Report »,
élégante automobile. Brooks a fait dispa- dans le quartier. qui se contente de relayer les annonces
raître le corps. Lui ne le révélera jamais, Plus intéressant, il se murmure que des de soirées de bingo, d’actions caritatives
mais Billings n’a plus rien à perdre et « inscriptions impies » souillaient le corps ou de réceptions mondaines. Il va tout
pourrait être amené à tout déballer aux supplicié. Ce n’est en fait qu’une rumeur faire pour monter cette affaire en épingle.
personnages s’ils font suffisamment mais elle est persistante. Enfin, tout le Spitter est la source de nombreuses
pression, notamment en menaçant de monde s’accorde à dire que la présence du rumeurs, notamment celles concernant
renoncer à l’enquête… cirque n’est certainement pas une coïn- l’aspect surnaturel de l’affaire.
cidence : ces gens là, c’est bien connu,
volent les enfants et sont capables de tout. Citoyens concernés
Dans le parc
Charmant voisinage Dès qu’ils auront commencé à remuer
Il s’agit d’un petit parc ombragé, en la boue et se seront heurtés au shérif, les
bordure des belles demeures du quartier, Lorsqu’ils commenceront leurs investi- personnages seront amicalement abordés
qui se termine par un petit ravin brous- gations, deux personnes vont s’intéresser par deux hommes se présentant comme
sailleux. Au-delà se trouve une vaste aux personnages au point de les aborder. des « citoyens concernés ». Il s’agit du
plaine. Le corps d’Elizabeth a été retrou- Docteur Simmons et de Philip Patterson,
vé là, dans les taillis. Un cirque, qu’une • Mlle Parker, une femme d’une un politicien local, le père de Sybill.
banderole décolorée annonce comme le cinquantaine d’années d’allure revêche,
cirque Baldoni, y est installé. déversera des tombereaux d’immondices Ils sont aimables, bien trop pour être
sur les gens qu’elle n’aime pas… à savoir honnêtes, et expliquent aux personnages
La police a levé le camp mais il reste ici à peu près tout le monde. Insinuations que leur petite communauté est boule-
un attroupement de curieux et plusieurs obscènes, racisme… Une sympathique versée par cette terrible affaire, qu’il ne

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faut pas prêter de crédit aux divagations Le premier sceau a été rompu par le • Martin Mitchell est un jeune homme
des uns et des autres et que laisser tomber sang de la chienne lubrique. faible et effacé, souvent sujet aux moque-
serait peut-être une bonne idée. La bête est alertée, elle attend et ries des autres. Si devant ses amis, Liz
Si les PJ jouent le jeu, ces bons citoyens observe de son œil torve. harcelait également Martin, en privé il
iront jusqu’à leur proposer de l’argent, Les hommes impies feront encore était son confident et son seul véritable
une somme non négligeable, pour aban- couler trois fois le sang. ami. Elizabeth était très déprimée, elle
donner toute recherche. Si les person- Puis la cendre tombera du ciel et la parlait souvent de changer de vie, de
nages refusent, ils n’insisteront pas cette bête foulera le sol. visiter le monde, avant de se refermer et
fois-ci mais reviendront plus tard à la La porte est ouverte. d’évoquer le suicide. Martin sait perti-
charge. Patterson les invitera même nemment que Liz avait une liaison avec
à une soirée chez lui. Son objectif est C’est en fait Marvin Spitter qui est un homme plus âgé qu’elle. Il ne sait pas
de les impressionner et de réitérer ses derrière les tracts. Il est persuadé de qui. Il ne le révèlera pas aux personnages
propositions. En cas de nouveau refus, pouvoir tirer profit de cette affaire tout en de prime abord, mais Liz lui avait confié
Simmons et Patterson auront recours à assouvissant de mesquines vengeances. son journal. Il le conserve religieusement
des menaces voilées. Ils surveilleront ou Confronté, il avouera. Il ne sait rien sur le et ne l’a pas lu. Or la lecture du journal
feront surveiller les PJ pendant toute la fond de l’affaire mais pourra révéler que révèlerait que Liz couchait avec le Dr
durée de leur enquête. le Dr Simmons organise des cérémonies Simmons.
occultes dans sa belle demeure.
Les personnages pourront être témoins
seconde partie À la suite de ce tract, la pression va d’une bagarre entre les deux prétendants
mensonges monter d’un cran. On accuse ouverte- de Liz, Eddy Brooks et Peter Simmons.
ment le cirque. On répète partout que Tous les deux étaient amoureux de la
Les investigateurs commencent à creuser cette petite Elizabeth était effectivement jeune fille et ils s’accusent mutuelle-
sous le vernis des apparences. Cette seconde une marie-couche-toi-là et que tout ça ne ment. Le jeune Brooks pourra révéler
partie expose les informations qu’ils peuvent lui est pas arrivé par hasard. Les rumeurs aux personnages que son père refusait
rassembler. de monstres errants repartent de plus qu’il approche de Liz, ce qui peut éveiller
belle. Malgré les dénégations du coroner, la suspicion des personnages. En fait, le
on raconte avec insistance que la jeune shérif savait qu’elle était portée sur la
Gérer une enquête non linéaire femme a été retrouvée au milieu de signes
cabalistiques. Un luxe de détail enjolive
boisson et ne voulait pas que son fils en
souffre.
les racontars : coq décapité, bougies
Cette histoire dépend fortement des actions des noires, crânes d’animaux... Tout est faux. Chez Thomas Lambeth
personnages et de leur opiniâtreté face à la veule- • Pour Hellywood, les cornus sont immé-
rie et l’hypocrisie d’une société très conservatrice. diatement accusés, même s’il n’y en a Thomas vit chez sa tante, Mme
Si les gens sont enclins à répandre des rumeurs, ils naturellement aucun dans le quartier. Struthers, une originale traitée en paria
font tout pour cacher leurs propres secrets. Le crédit Chacun accuse son voisin d’avoir eu par le quartier. Sa maison mal entrete-
(AdC) ou le statut (HW) des personnages peuvent commerce avec un démon. nue et son jardin luxuriant sont la honte
aider en partie, mais on ne les menacera pas moins • Pour l’AdC, les choses sont plus contras- du voisinage et jurent parmi les pelouses
de poursuites judiciaires ou de représailles. tées : le surnaturel n’est pas une évidence immaculées des villas proches. Le jeune
acceptée comme une réalité commune. homme est très perturbé : ses parents
Laissez les personnages s’organiser, s’imprégner Mais les vieilles superstitions ont la vie sont morts dans un accident d’avion, il a
de l’atmosphère délétère du quartier et multiplier dure et les peurs ataviques remontent à été élevé par une femme à moitié folle, ses
les rencontres. Leurs interlocuteurs ne livreront pas la surface. études de médecin ne se passent pas bien.
leurs informations dès la première entrevue et il Il dérobe régulièrement de la morphine
faudra souvent un moyen de pression. Faites bien Jeunesse dorée et en a revendu à Elizabeth. Il est introu-
comprendre aux joueurs qu’ils doivent, eux aussi, vable depuis la mort de la jeune femme.
avoir recours à des méthodes peu conventionnelles Un des axes d’approche les plus évidents est
s’ils souhaitent obtenir justice pour Elizabeth. bien sûr les jeunes gens proches d’Elizabeth. Miss Struthers est une femme fort
Rythmez l’enquête avec les événements de la troi- Ca ne sera pas facile, leurs parents les tenant à sympathique, si l’on passe sur le fait
sième partie. Servez-vous des éléments pour accen- l’œil. Aux personnages de redoubler de finesse. qu’elle est folle à lier ! L’intérieur de sa
tuer l’ambiance : calme et douce journée d’été, maison est couvert de symboles ésoté-
soudaine et violente averse, orage sec et rageur… • Sybill Patterson est une jeune personne riques et ses rayonnages croulent sous
très désagréable, hautaine et superficielle. les ouvrages occultes, traitant de sorcel-
Le messager de Elle révélera que Liz avait deux préten- lerie, d’esprits, de possession. Tout en
l’apocalypse dants, Eddy, le fils du shérif Brooks, et offrant un excellent thé parfumé aux
Peter, le fils du Dr Simmons. Mais Liz personnages, elle leur expliquera que la
Le lendemain matin de la découverte du n’avait qu’un confident, le jeune Martin jeune Elizabeth « a été choisie », qu’elle est
cadavre de Liz, un tract dactylographié Mitchell. Bousculée, elle révélera aux PJ « la première clé, et que d’autres suivront »
anonyme sera répandu dans le quartier que Liz prenait de la drogue, fournie par pour libérer « le Grand mal d’au-delà les
et Paul Billings en trouvera un dans sa Thomas Lambeth, l’étudiant en méde- dimensions » qui laissera « des cendres à
boîte aux lettres. Il s’agit d’une sorte de cine soupçonné par la police. Elle a égale- perte de vue ». En fait, son laïus paraphrase
prophétie, prédisant le réveil d’une créa- ment menti à la police. Liz est partie de les arguments du tract anonyme. Mme
ture et annonçant d’autres meurtres à chez elle vers 14 heures, pas 19. Les deux Struthers affirme n’y être pour rien. La
venir. Il est sous-entendu qu’une sorte de jeunes filles se sont disputées et Sybill a seule personne avec laquelle elle a discuté
groupe se consacre à cette résurrection et flanqué Liz à la porte. Elle n’a aucune des évènements est Marvin Spitter, le
il salit la mémoire de Liz. idée de l’endroit où elle a pu se rendre… journaliste.

C A S U S B E L L I n°3 OCTOBRE 2010 35


S C é N A R I O S : R E Q U I E M P O U R E L I Z A B E T H

• Pour l’AdC : de manière subtile, glis- puissante conduite intérieure noire s’est il entretenait une relation avec la jeune
sez dans le discours décousu de la vieille arrêtée… et elle est montée à bord. Paul femme. La seule autre personne à le
dame quelques allusions au Mythe. Ça ne Patterson possède une voiture de ce type. savoir est son ami, Paul Patterson.
fait pas de mal et ça entretient le doute.
• Pour Hellywood : Miss Struthers se N’hésitez pas à confronter les person-
réfère clairement au Jour des cendres, et nages à l’adjoint Nichols. Il prend un La vérité
ses histoires de maître ténébreux peuvent malin plaisir à venir agresser les gens du
évoquer un asservi. cirque, fort de son autorité. Une alter-
La mort d’Elizabeth n’a rien à voir avec une quelconque
cation avec les investigateurs n’est pas à
créature surnaturelle. Comme souvent, les monstres sont ici
La police est venue chercher Thomas, exclure.
mais il n’était pas là. Mme Struthers ne humains.
s’inquiète pas : « Thomas est fort, il s’en Le cirque cache bien un secret, l’un de ses
sort toujours ». Il se cache en fait dans une membres, qui se terre depuis l’annonce Elizabeth est une jeune femme perturbée, mélancolique, qui
vieille cabane construite lorsqu’il était du crime. souffre de la négligence de ses parents. Insatisfaite, aspirant
enfant. Idéalement, les personnages ne à une vie meilleure, elle n’a toutefois pas le courage de se
devraient pas mettre la main sur le jeune • Pour l’AdC : ancien funambule, Andy rebeller ouvertement contre le carcan social qui l’enserre.
homme avant sa mort (voir troisième vient d’un petit village nommé… Suivant l’exemple de sa propre mère, elle sombre dans l’al-
partie). Innsmouth. Il camoufle sous des vête- cool. Fréquentant Thomas Lambeth, elle tâte également de la
ments amples d’affreuses difformités. drogue.
Le cirque Baldoni Bossu, il claudique de manière très
prononcée. Il ne dort que très peu, son
Fantasque, elle flirte avec les deux jeunes hommes qui la
Le cirque installé sur la prairie alimente sommeil perturbé par des cauchemars
toutes les rumeurs. On l’accuse en effet récurrents de cité cyclopéenne sous les courtisent, mais se refuse à eux. Le bon Docteur Simmons
d’encourager la luxure et d’attirer les flots. Pour dissiper ses rêves, il marche remarque ce manège et il entreprend de séduire la jeune
mauvais garçons des quartiers alentours et a pu être entraperçu par des habitants, femme. Elizabeth, qui croit au grand amour, tombe dans les
et d’autres vermines. alimentant les rumeurs relatives à un bras de ce répugnant séducteur, scellant ainsi son destin.
monstre.
Luigi Baldoni, patron du cirque et égale- • Pour Hellywood : Luigi abrite un En effet, Simmons ne voit en elle qu’un trophée interdit. Il
ment clown, est un type avenant. Il tient cornu, une magnifique succube du nom
ses troupes d’une main de fer, conscient de Sabrina. Elle a été accusée de meurtre
que l’environnement est tout sauf bien à tort, mais sait bien que sa nature joue
disposé à leur égard. Il aidera les PJ dans la contre elle. Elle a donc fui. Sa silhouette
mesure de ses moyens. À vrai dire, il leur sculpturale et sa queue fourchue ont
paraîtra sans doute trop sympathique : forcément marqué l’imagination des
un type aussi accueillant, ça cache forcé- quelques jeunes qui l’ont aperçue se
ment quelque chose ! déshabillant dans sa roulotte, en ombre
chinoise…
C’est un petit cirque, présentant quelques
animaux peu impressionnants dont un Les secrets du
lion neurasthénique et un vieil éléphant. bon docteur
Ajoutez quelques baraques foraines, des
camions fatigués, un petit chapiteau Il existe bien une « secte » dans ce joli
rapiécé. Mais Luigi est fier de son cirque, quartier propret. Le Dr Simmons en est
et de sa petite famille, qui ont roulé leur le chef sous le titre pompeux de « témoin
bosse sur toutes les routes du pays. immanent ». Il s’agit surtout d’organiser
des orgies réservées à quelques huiles
Le meneur est invité à peupler le cirque du coin désireuses de s’encanailler. Des
selon ses désirs, en essayant de le rendre femmes de petite vertu sont conviées à
sinistre et/ou pathétique. Quelques participer par le Docteur ; le reste (robes
suggestions : un couple d’acrobates, frère de cérémonies, psalmodies, inscriptions à
et sœur incestueux, un dompteur alcoo- la craie) n’est que mise en scène.
lique en proie au delirium tremens, une Les personnages peuvent toutefois
femme élastique diseuse de bonne aven- tomber dans le panneau et se persuader
ture, une jolie écuyère ingénue, un repris de la réalité d’une sournoise conspiration
de justice assurant les travaux de force… surnaturelle.
• Pour Hellywood, le Dr peut avoir eu
Concernant la mort de Liz, une personne recours à un démon lié à Ashes pour
est primordiale : Nino, un nain présen- « pimenter » ses soirées.
tant un numéro de chiens savants. Il • Pour l’AdC, Simmons a mis la main sur
jouait avec ses chiens dans la prairie un exemplaire des Cultes Innommables
quand il a vu la jeune fille. Liz sortait de (édition anglaise de 1845). Il en a
sa dispute avec Sybill. Elle s’est appro- commencé l’étude mais n’a toutefois
chée des chiens et ils ont passé ensemble jamais mis en pratique ces connaissances.
le reste de l’après-midi, jouant avec les
animaux. Il l’a vue partir vers 19 heures, Le Dr Simmons n’a pas tué Liz, mais il
et remonter l’allée goudronnée. Là, une n’en cache pas moins un lourd secret :

36 C A S U S B E L L I n°3 OCTOBRE 2010


S C é N A R I O S : R E Q U I E M P O U R E L I Z A B E T H

les encouragent en hurlant et lancent des


troisième partie pierres sur les victimes.
fièvre
Arrangez-vous pour que les personnages
Cette dernière partie liste les événements soient présents au cirque lorsqu’a lieu
se vante auprès de Patterson, ne lésinant pas sur les détails qui vont se produire indépendamment des l’attaque, ou qu’ils puissent s’y rendre
graveleux. Le politicien crève de jalousie. Il se met à obser- personnages, mais que les actions de ceux- rapidement. La situation dérape et si rien
ci pourraient bouleverser. Utilisez-les pour n’est fait, plusieurs personnes resteront
ver la jeune fille, toujours plus obsédé par elle. Un soir, au
rythmer l’enquête et aiguiller les joueurs. sur le carreau, le chapiteau et les cara-
volant de sa voiture, il la voit remonter à pied l’allée menant
vanes brûleront, les animaux fous de peur
au cirque. Il lui propose de la raccompagner, Liz ne se méfie Le second meurtre seront pris au piège des flammes, etc.
pas et accepte. Nino, le nain du cirque, a vu cette scène. L’adjoint Nichols est présent, fusil en
Brooks est persuadé de tenir le coupable main, accoudé à sa voiture. Mais il ne
Très vite, Patterson tente de violenter la jeune fille, lui propo- en la personne de Thomas Lambeth et n’a bouge pas d’un pouce et sourit en appré-
sant de l’argent contre ses faveurs. Effrayée, Elizabeth quitte lancé aucune autre investigation. Thomas ciant le spectacle.
la voiture et fuit dans le parc. Hors de lui, le politicien la va commettre une grossière erreur. Il veut
poursuit. Il la rattrape et, perdant la raison, la frappe jusqu’à fuir mais pas sans argent. Persuadé que Le suspect idéal
la tuer. Reprenant ses esprits, il abandonne Liz dans le sous- le Dr Simmons a tué Liz, il décide de le
bois, rentre chez lui et téléphone à l’adjoint Nichols. L’homme faire chanter. Deux nuits après la mort Dès que vous estimez qu’il est temps de
de Liz, il s’introduit dans sa maison et le pousser les personnages à agir, les véhi-
a toujours été un exécutant obséquieux et sans scrupules.
menace. Le Docteur refuse de céder et cules du shérif se précipitent au domicile
Nichols rassure Patterson, se rend auprès du cadavre de Liz,
Thomas s’enfuit après l’avoir frappé. Le de la famille Mitchell et arrête Martin,
le mutile avec son couteau de chasse avant de le jeter dans Dr appelle le poste de police et tombe sur abasourdi. Un couteau de chasse ensan-
le ravin. Nichols. Celui-ci se met immédiatement glanté est retrouvé chez le jeune homme,
en route et réussit à coincer Thomas près ainsi que le journal intime de Liz (sauf si
Nichols est sûr que les gens du cirque seront blâmés. Mais la de la maison de sa tante. Il le frappe à la les PJ ont déjà mis la main dessus). Les
situation va lui échapper… tête de sa matraque, puis le poignarde à conclusions de Brooks sont limpides :
de multiples reprises avant d’abandonner jaloux, Martin a tué Liz. Cela n’a pas suffi
son corps. à assouvir ses pulsions et il a également
éliminé l’amant de la jeune fille, Thomas.
Si vous le souhaitez, les personnages Cela lui suffit parfaitement, et officielle-
peuvent être les premiers à découvrir le ment, l’enquête est close. D’autant que
corps. Ils arpentent le quartier quand Nichols arrachera des aveux complets au
ils entendent hurler un chien. Celui-ci jeune homme…
aboie en direction d’un massif de fleurs.
Thomas y est allongé et ses blessures sont En réalité, c’est Nichols qui a camou-
encore fraîches. flé son couteau chez le jeune homme.
Le temps est compté pour Martin : dès
Cette découverte est une bonne manière l’annonce de son arrestation, Billings
de remettre les personnages sur le grill, le congédie les personnages. Il a son propre
shérif se faisant un plaisir de leur annon- plan : armé d’un petit revolver, il se rend
cer qu’il les tient pour suspects et « qu’il à la prison du comté et ouvre le feu sur le
ne les lâchera pas » tout en leur faisant jeune homme au moment où on s’apprête
comprendre que quitter les lieux aiderait à le transférer…
fortement à faire baisser sa suspicion.
Dans le quartier, la situation devient Confondre les coupables
explosive après ce second meurtre.
Les véritables coupables sont très durs à
Vendetta coincer… de manière légale. Le témoi-
gnage de Nino (s’il a survécu au lynchage)
Le Pasteur Craig, vieil homme nerveux ne pèse pas lourd : il n’a vu qu’une voiture.
et illuminé, organise une veillée de prière Simmons soupçonne Nichols d’avoir tué
dans son église. Entre les incitations à Thomas après qu’il l’ait averti de sa visite,
la haine et les imprécations aux relents mais n’a aucune preuve. Même Billings
apocalyptiques, la réunion vire vite à se persuade de la culpabilité du pauvre
l’émeute, le tract ayant fait son effet. Mlle Martin.
Parker n’est bien sûr pas en reste.
Il faut avoir recours à des moyens détour-
Les bons citoyens présents décident alors nés pour débusquer les tueurs. Patterson
d’organiser une jolie expédition punitive ne résiste pas bien à la pression et peut
des familles. Ils s’arment et se dirigent faire des erreurs si on lui fait croire qu’on
vers le cirque. La scène est surréaliste : de détient des preuves contre lui. Poussé à
braves pères de familles propres sur eux se bout, il est même capable de se suicider.
transforment en bêtes sauvages et libèrent Nichols, lui, ne baissera jamais les bras.
leurs frustrations dans une explosion de Au pire, il rassemblera quelques copains
violence, tandis que leurs douces femmes de l’époque où il tabassait les ouvriers

C A S U S B E L L I n°3 OCTOBRE 2010 37


S C é N A R I O S : R E Q U I E M P O U R E L I Z A B E T H

sadique violent. Il a toujours travaillé pour


les industries Patterson, brisant les grèves
au nerf de bœuf avant de prendre en charge
tous les « indésirables » menaçant la carrière
politique de Paul. Ce boulot d’adjoint est une
récompense pour services rendus, permettant
à Nichols de se la couler douce.

Nichols, Policier (75%), sadique,


hostile, vicieux. Connaissance : 25%,
Savoir-faire : 25%, Sensorielles : 50%,
Influence : 25%, Action : 75%
Nichols, brute sadique +++ 120, 80, 60 / 10

Dr. Simm
Dr Simmons ons
Le docteur Simmons est un solide gaillard, à
la barbe bien taillée, d’un naturel ouvert et
enjoué. Il a hérité de la fortune de sa femme,
morte il y a plusieurs années, et depuis il ne
travaille plus vraiment, se contentant des
consultations données à ses amis. Simmons
est un jouisseur effréné. Il aime l’argent,
les femmes, la bonne chère et les voitures
rapides. Depuis peu, il s’est pris de passion
pour l’occultisme et organise des réunions
sous forme de cérémonies initiatiques. Il
y voit surtout une nouvelle possibilité de
débauche.

Simmons, Docteur hédoniste (75%), jouis-


seur, neutre, résigné. Connaissance : 75%,
Savoir-faire : 75%, Sensorielles : 50%,
Influence : 50%, Action : 25%
pour Patterson et s’attaquera aux PJ dans Simmons, bon vivant ++ 100, 150, 100 / 30
une vicieuse embuscade. Paul
Pa ul PaPatterson
tterson
Tout dépend donc de l’implication des Héritier de l’empire industriel des Patterson Marvin Spitter
Marvin Spitter
personnages. Jusqu’où iront-ils pour et de la considérable fortune qui l’accom-
rendre justice à Elizabeth ? pagne, Patterson a toujours vécu avec l’idée Petit homme chauve, Spitter a conscience
chevillée au corps que rien ne pouvait lui être d’avoir raté sa vie. Ses rêves de journalisme
refusé. Le concept même d’essuyer un refus dans une grande métropole ne se réaliseront
lui est totalement étranger. Il est entré en pas. Parmi ces gens bien nés et fortunés qui
Galerie de portraits politique sur un caprice et maintenant, il rêve le toisent, Spitter crève de jalousie. Il a subi
d’un fauteuil de sénateur. C’est un être veule un dernier affront lorsque le Dr Simmons
et haineux, qui cache sa décrépitude morale a refusé de l’initier dans sa petite société
Sherif Brooks
ShErifbrooks sous d’impeccables costumes de tailleur secrète, lui riant au nez. Spitter voit dans
anglais. cette tragique histoire une occasion inespé-
Adipeux et incompétent, élu par collusion rée de se faire un nom et accessoirement de
d’intérêts, le shérif Brooks est incapable de Paul Patterson, Politicien influent se venger.
mener une véritable enquête de police. Tout (75%), condescendant, hostile, veule.
ce qu’il sait faire, c’est passer à tabac les Connaissance : 50%, Savoir-faire : 25%, Philip Spitter, journaliste raté (50%),
vagabonds qui font l’erreur de pénétrer dans Sensorielles : 50%, Influence : 75%, jaloux, neutre, lâche. Connaissance : 50%,
le quartier. Il n’a qu’une peur : perdre cette Action : 50% Savoir-faire : 25%, Sensorielles : 50%,
place de rêve et pour l’éviter, il fera tout pour Patterson, politicien sournois Influence : 25%, Actions : 25%
protéger la communauté. Même au prix de la ++ 60, 90, 120 / 40 Spitter, journaliste raté + 40, 80, 60 / 10
vérité.
Ad
joint Nichols
Brooks, policier (50%), corruptible, hostile, Adjoint Nichols
hargneux. Connaissance : 25% ;
Savoir-faire : 25%, Sensorielle : 50%, Grand et sec, quoique musclé, Nichols semble
Influence : 25%, Action 50% au premier abord être un homme avenant et
Brooks, shérif corrompu ++ 40 , 60 , 60 / 20 souriant. Mais lorsque l’on plonge son regard
dans ses yeux froids et morts, on se doute
qu’il en va tout autrement. Nichols est un

38 C A S U S B E L L I n°3 OCTOBRE 2010


Ill
us
tra
teu
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col eur
as : T
Le ri
Tu sta
tou n
r

Ce
scénario
peut prendre place n’importe
quand dans la storyline, et à n’importe quel
moment de l’année (évitez quand même les
vacances scolaires). Il part du principe que
les personnages sont sur les horaires 7/15.
Plutôt orienté action, il conviendra à des

Construction joueurs débutants comme expérimentés. Sa

du scénario construction atypique est un exemple de ce


que l’on peut faire avec l’aide de jeu
Chronologiquement, les scènes 2, 4, 6 et 8 arrivent « Déstructurer son scénario » p. 62.
d’abord et composent l’enquête. La scène 10 corres-
pond à l’enlèvement des PJ. Les scène 1, 3, 5, 7 et 9 se
passent après la scène 10 et composent leur évasion.
Enfin, la scène finale vient conclure cette histoire et se
déroule après la scène 9.
Quand vous ferez jouer les scènes (dans l’ordre de leur
numérotation, donc) ne donnez pas d’éléments à vos
joueurs sur ce qui se passe. Le flou, surtout au début,
Scène 1
Sous-sol des entrepôts - J+2 - 8 a.m.
entretenu par leur situation ne fera qu’accentuer le
stress de leur évasion.
L’enquête en elle-même n’est pas Les PJ reprennent conscience
dans une salle sombre. Ils sont
très compliquée, et sert surtout à
désarmés, n’ont pas leur matériel
leur expliquer comment ils en sont
ni leurs plaques, et sont attachés
arrivés à la première scène.
sur des chaises.
Une fois que l’intrigue sera démêlée
Dans la pièce, il n’y a rien d’autre
(d’un côté) et qu’ils seront libres (de qu’eux, et tout est absolument
l’autre), ils pourront conclure leur silencieux. Les murs froids et
affaire. gris sont en béton, comme le
plafond. Ils pourront aisément
Appuyez bien les fins de scène, en deviner qu’ils se trouvent dans un
annonçant par exemple « fondu sous-sol.
au noir » afin que les joueurs ne Les chaises ne sont pas très
soient pas perdus au début de la solides. Il n’est pas impossible de
scène suivante. Vous pouvez aussi les casser (Force / 7+ [2]), mais
leur préciser, lors du passage de la attention, un garde se trouve
scène 1 à la scène 2 que vous reve- derrière la porte. S’ils font du
nez deux jours en arrière, un peu à
la façon d’un film, ou d’une série :
« fondu au noir. Deux jours plus tôt ». C A S U S B E L L I n°3 OCTOBRE 2010 39
S C é N A R I O S : O N T R O U V E P A S D E C I T R O N S . . .

bruit, faites un jet de Perception pour le retard ou une absence. Ils ont immédia- un escalier semble destiné à les ramener
garde (Per. / Vigilance [3] à cause de la tement appelé la police. à la surface.
lourde porte qui les sépare). Depuis, ils n’ont reçu aucune demande de La porte ouverte donne sur une salle de
Si celui-ci les remarque, il entrera, armé rançon, aucun coup de fil, ni vu personne repos pour les gardes (une table, quelques
d’un fusil d’assaut. Toutefois, il essayera de louche rôder près de chez eux. chaises, des matelas au sol).
de les effrayer plutôt que de les tuer. Ils n’ont, à leur connaissance, pas d’en-
nemis, en tous cas personne capable de Laissez les s’organiser pour passer et arri-
Si le garde n’entre pas, il leur sera difficile faire ça. ver jusqu’à l’escalier en haut duquel se
d’ouvrir la porte sans outils de croche- trouve une dernière porte. Lorsqu’il l’ou-
tage. Ils pourront en bricoler à partir de Si les PJ insistent pour savoir qui peut vrent (la clef se trouve sur l’un des gardes
débris de fils de fer trouvés au sol, mais leur en vouloir (Perception / Psychologie de la salle, sinon Agilité / Serrurerie [2]),
avec ces outils de fortune, ça peut être [2]), ils penseront à : la lumière les aveugle un instant et la
long et difficile (trois jets réussis Coord. - l’ancien patron de Matthew, qu’il a scène s’arrête.
/ Serrurerie [2] ; à chaque jet raté, un jet quitté pour une boite plus offrante il y a
de Perception / Vigilance pour le garde).

La scène se clôt lorsque les PJ sont déta-


deux ans, alors qu’il était un chef ingé-
nieur très demandé.
- un « collègue » du Rotary Club, Anton
Scène 4 Los Angeles - J 0 - 10:30 a.m.
chés, débarrassés du garde et que la porte Richard, qui fait pression sur lui pour
est ouverte. qu’il lui vende ses biens immobiliers dans Laissez les joueurs mener l’enquête
Downtown. Il le soupçonne d’avoir déjà comme ils l’entendent. Mais ce quartier

Scène 2 Los Angeles - J 0 - 7 a.m.


fait quelque chose d’illégal pour obtenir
des données qu’il n’aurait jamais dû avoir
sur ces immeubles (sans preuves réelles).
résidentiel riche est très tranquille, Emily
n’est pas la seule enfant à marcher dans la
rue à cette heure-ci, et personne n’a rien
vu de louche.
Roll Call du matin. Mais il ne s’agit que de fausses pistes. Les caméras de sécurité ne donnent pas
Le lieutenant n’a rien de particulier à d’angles de vue intéressants sur les trot-
confier aux PJ, il les laisse vaquer à leurs Cette scène s’arrête lorsque les PJ toirs de cette rue et les PJ n’auront que
occupations. Laissez les donc commencer sortent de la maison des Anderson pour peu d’indices.
une patrouille, reprendre une affaire en commencer leur enquête.
cours, ou simplement se promener.
C’est à 10h qu’ils sont appelés d’ur-
gence : un enlèvement à Beverly Hills.
Ils doivent se rendre immédiatement à La vérité
l’adresse de Matthew Anderson, dont la
fille a disparu ce matin sur le chemin de Matthew Anderson, lorsqu’il a pris son emploi dans sa nouvelle société, a été contacté par
l’école. un trafiquant d’armes, Javier Olmeda, qui avait l’habitude d’acquérir des systèmes électro-
niques (principalement des systèmes de guidage de missiles) auprès de son prédécesseur.
Réticent au départ, Matthew a vite cédé face à l’intérêt financier que cela représentait.
Matthew Anderson Mais, moins organisé et moins prudent que la personne qu’il remplace, il n’est pas passé
loin de se faire prendre à deux reprises. Il a donc décider d’arrêter de fournir Almeda.
On ne trouve rien de particulier sur lui. Mais celui-ci ne l’entend pas de cette oreille, a enlevé sa fille et ne la lui rendra que lorsque
Il est un cadre important d’une grande Anderson honorera leur accord. Sa femme fut la première au courant et a immédiatement
entreprise d’électronique californienne, appelé la police, chose donc Matthew se serait bien passé.
a 35 ans, est marié depuis 12 ans à
Craignant de se faire prendre, il a décidé de ne rien faire pendant l’enquête des C.O.P.S. et
Caroline Anderson (nom de jeune fille :
se fait passer pour une victime.
Carthright) et est le père d’Emily, 9 ans.
Il n’a pas de casier judiciaire, n’a jamais La fillette est détenue par le bras droit d’Olmeda dans une petite maison dans le désert.
été mêlé comme témoin ou parti à une
quelconque affaire. Il possède la moitié

Scène 3
de la société immobilière (avec son beau
père) Carthright & Anderson Invests à Les habitants sont des gens calmes, la
Los Angeles (celle-ci possède et gère plupart du temps sans casier judiciaire, ou
trois immeubles à Downtown) qui ne Sous-sol des entrepôts pour des crimes n’ayant rien de commun
présente rien de louche.
- J+2 - 8:15 a.m. avec la situation : détournement de fonds,
Derrière la porte, les joueurs découvrent arnaque à l’assurance, etc.
Sur place, les PJ trouveront des parents un long couloir. Ils peuvent l’emprunter En fait, leur seule chance de trouver une
éplorés et affolés. sans soucis et trouveront, au bout, une piste est de répertorier des véhicules
Tout ce qu’ils peuvent dire, c’est que porte fermée. S’ils parviennent à l’ouvrir, « inhabituels », c’est à dire ceux qui n’ap-
leur fille est partie à l’école à 8h15. Elle ils découvriront un second couloir, d’une partiennent pas aux habitants.
demandait à y aller à pied, toute seule dizaine de mètre, qui part vers la droite. Il y en a eu cinq ce matin là : deux jardi-
comme une grande, depuis une dizaine Au milieu de ce second corridor, une niers, une société d’électricité, une société
de jours. porte ouverte laisse entendre quelques du câble, une société de nettoyage.
L’école se trouve dans la même rue, deux hommes (ils sont trois) en train de parler
intersections plus loin. La directrice les en espagnol (ils jouent aux cartes et La scène s’arrête lorsque les joueurs
a appelés à 9h15 (les cours commencent discutent du jeu, un personnage avec une entreprennent de vérifier les raisons de la
à 8h30) s’inquiétant de ne pas recevoir bonne connaissance de la langue recon- présence de ces véhicules.
d’appel de leur part pour signaler un naitra un accent salvadorien). Au bout,

40 C A S U S B E L L I n°3 OCTOBRE 2010


S C é N A R I O S : O N T R O U V E P A S D E C I T R O N S . . .

Le loup dans des jets de Discrétion, et vérifiez réguliè-


rement la Perception des manutention-
La société, NetFix L.A., a ses bureaux
dans Downtown, il est donc facile de s’y
la bergerie naires. Ils ne donneront pas forcément rendre depuis le Central.
l’alerte tout de suite. Toutefois, tout ce qui attend les person-
Pour pimenter un peu le début de leur nages est un petit bureau dans un
enquête, vous pouvez révéler un habi- Donnez trois chances aux joueurs : immeuble discret, vide de toute présence
tant de la rue qui a été blanchi dans une
- au premier échec, un ouvrier regardera et de tout mobilier. Il n’y absolument rien
affaire de pédophilie.
dans leur direction sans plus insister. ici. Ils doivent enquêter sur l’entreprise
Il s’appelle Jeffrey Benson, a 51 ans et
vit des rentes de ses placements. Il a - au deuxième, quelqu’un viendra jeter un elle-même.
été accusé d’attouchements sur deux œil, les PJ devront bien se cacher ou l’éli-
enfants à Sacramento il y a 8 mois. Il a miner très discrètement et se dépêcher Ils pourront apprendre, en se rensei-
été innocenté après une enquête bâclée ensuite de sortir. gnant auprès de sources peu légales, les
et a déménagé à L.A. - la troisième fois, les ouvriers alerteront éléments suivants (champ de connais-
Contrairement à ce que pourrait laisser les deux gardes qui surveillent le camion. sance du contact / niveau de l’info) :
penser la situation (enquête foireuse, Là, ça se compliquera, car eux-mêmes - Cette société a des camions qu’on voit
personnage riche), il est totalement appelleront vite des renforts. quelquefois en ville dans des quartiers
innocent. La rumeur est partie d’un père
peu fréquentables (bas quartiers / nv 1).
ouvrier qui a vu là une opportunité de
S’ils vont dans le petit bureau, ils trou- - Un de ces camions a été pris dans une
gagner de l’argent, et un de ses collè-
gues de travail a suivi le mouvement. veront dans l’un des tiroirs fermés à clef fusillade à South Central entre un gang
leurs plaques et armes. Mais laissez les salvadorien et un gang Blood (South
penser seuls à fouiller. D’autant que cela Central, gang Blood, gang salvadorien /

Scène 5 Entrepôt - J+2 - 8:32 a.m.


peut-être bruyant.
S’ils n’y pensent pas, les hommes les lais-
seront là. Ils ne tiennent pas à se faire
nv 2).
- À Skid Row, il est déjà arrivé qu’un gang
salvadorien utilise un de ces camions
prendre avec des plaques de flics dans la pour déplacer des « choses » depuis leur
La porte s’ouvre sur un entrepôt. Il poche. QG vers... on ne sait où (Skid Row, gang
est sombre, mais une grande porte est salvadorien / nv 3).
ouverte à l’autre bout, devant laquelle un La scène se clôt lorsque les PJ sont à la
camion est arrêté. Une dizaine d’hommes fenêtre ou à la porte, prêts à sortir, et
en déchargent des caisses qu’ils empilent qu’ils aperçoivent la camionnette du
dans un coin du bâtiment.
Ces hommes ne sont pas armés, mais il va
câble sur laquelle ils ont lancé une vérifi-
cation dans la scène précédente. NetFix L.A.
de soi que les PJ feraient mieux de ne pas
La société a été créée il y a un peu moins
se faire remarquer. Le lieu est parsemé de deux ans. Elle est possédée à 100%
de caisses, de machines, etc. et il parait
possible de se déplacer en restant discret.
C’est le bordel par une autre entreprise, Global NetFix
Holding, enregistrée dans le Nevada.
Personne ne surveille spécifiquement la Si vos PJ s’attirent les foudres des Tout a été rédigé et fait de manière
zone où se trouvent les PJ. gardes, considérez qu’il y en a beau- tordue, floue. Un personnage avec de
coup dehors, qui arrivent petit à petit. La bonnes connaissances en droit pourra
En revanche, la seule sortie possible, fusillade peut durer et leur évasion se fera vite identifier un montage financier fait
outre la grande porte, est un petit bureau sous un feu nourri. par quelqu’un qui sait brouiller les pistes.
par lequel le personnel passe, A priori, leur but sera de lentement Par ailleurs, il est presque impossible
bouger vers la sortie, en essayant de ne d’avoir la moindre information sur Global
situé à l’autre extrémité de la
pas se prendre de balles. Lorsqu’ils arri- NetFix Holding. Le seul élément iden-
façade. Les portes en sont tifiable est l’expert-comptable qui s’en
vent à une voie vers la sortie, terminez
fermées, mais par les la scène. charge, Devon Cooper, installé à Las
vitres qui donnent sur Vous reprendrez la fusillade où vous Vegas, et les avocats qui ont rédigé les
l’intérieur, on peut l’avez laissée lors de la scène 7, qui sera documents : le cabinet Gavin & Forbes,
voir des fenêtres le trajet sous ce feu jusqu’à une voiture. à Las Vegas aussi.
s’ouvrant sur Il n’est pas facile d’avoir des informa-
le parking où tions sur des personnes exerçant dans

Scène 6
quelques véhi- le Nevada, mais des PJ qui savent se
cules sont garés. renseigner pourront apprendre que
Gavin & Forbes ont la réputation d’être
Los Angeles - J0 - 15:00 a.m. des avocats peu regardant sur la nature
Laissez les s’orga- des affaires de leurs clients (criminalité
n i s e r, C’est théoriquement la fin de service financière, Las Vegas / nv 2).
des personnages. Mais certains éléments
faites viennent de tomber : le seul véhicule à Si les joueurs posent la question à
leur n’avoir aucune raison d’être là est cette Matthew Anderson à propos d’éven-
faire camionnette du câble. Leur lieutenant tuelles connaissances dans des
leur demande de faire des heures sups : milieux criminels, il ne comprendra
une disparition, ce n’est pas quelque même pas de quoi ils parlent et ne
chose que l’on fait attendre. donnera aucun élément permettant de
faire avancer l’affaire.
Par ailleurs, étant donné la situation, le
substitut du procureur leur donne le feu
vert pour à peu près tout.

C A S U S B E L L I n°3 OCTOBRE 2010 41


S C é N A R I O S : O N T R O U V E P A S D E C I T R O N S . . .

C&A Invests L.V.


Cette société, si les PJ s’y intéressent, est tout simplement
une branche de Carthright & Anderson Invests, la société
du père de la petite disparue. Ils n’en ont pas entendu
parler jusque là, la société étant enregistrée au Nevada.
S’ils contactent Matthew Anderson à ce sujet, il dira en
avoir entendu parler, mais prétendra que c’est son beau-
père qui la gère, lequel est injoignable car actuellement en
voyage en Asie (ce dernier point est vrai).
Il ment bien sûr, et comprenant que les PJ approchent des
trafiquants, il s’affolera et foncera voler lui-même le matériel
que les trafiquants lui demandent et prendra la route de
Las Vegas.

ensemble d’entrepôts dans la zone indus-


trielle de Vegas. Oui, elle ne le gère pas
seule. Une seconde société, C&A Invests
L.V. est associée dans cette tâche.
Au siège, une secrétaire n’est chargée que
de répondre au téléphone et ne pour-
ra renseigner en rien les personnages.
La scène finit lorsque les joueurs prennent La scène se clôt lorsqu’ils sont tous dans Toutefois, elle possède un numéro de
la route de Las Vegas. En revanche, ils ne un véhicule et que celui-ci démarre. téléphone pour joindre son supérieur,
pourront pas continuer leur enquête de Pablo Hernandez.
nuit là-bas, et devront donc la reprendre
le lendemain matin. Ils doivent en effet
se présenter aux autorités locales et faire
Scène 8 Las Vegas - J+1 - 6 a.m.
Celui-ci est introuvable. En effet, il est
dans la maison du désert, avec la petite.
valider leur autorisation officielle. Il a coupé son portable pour ne pas
Ils doivent se rendre au commissariat être repérable. Les PJ pourront tout de
Poussez les tout de même à prendre la central à 6h pour informer les autori- même apprendre que c’est un crimi-
route le soir-même (via leur lieutenant tés de Las Vegas de leur enquête. Une nel au Salvador, recherché pour trafic
par exemple) afin qu’ils soient sur place fois ceci fait (c’est une simple forma- d’armes, meurtres, enlèvements, associa-
au plus tôt. lité de quelques minutes), ils peuvent tion de malfaiteurs, etc. Il a un casier long
commencer. comme le bras.

Scène 7 Entrepôts - J+2 - 8:51 a.m.


Ils ont trois pistes : le comptable Devon
Cooper, le cabinet Gavin & Forbes
et la société Global NetFix Holding
Il est considéré comme le bras droit de
Javier Olmeda, chef d’un cartel salvado-
rien, trafiquant d’arme de son état. Nul
elle-même. ne sait où celui-ci se trouve actuellement.
Les deux premiers ne donneront rien. La scène prend fin lorsque les person-
Si les PJ n’ont pas décidé de simplement Devon Cooper ne sait pas grand chose, nages décident de se rendre aux entrepôts.
aller à l’affrontement ou s’ils ne se sont et il est soumis au secret professionnel.
pas fait attaqué en essayant de rester
discret, ils sont dans le petit bureau.
Si ce n’est pas le cas, référez vous à l’enca-
Le faire lever demanderait de longues,
nombreuses et complexes démarches.
S’ils se rendent au cabinet Gavin &
Scène 9 Entrepôts - J+2 - 9:07 a.m.
dré « C’est le bordel » de la scène 5. Forbes, ils seront éconduits. Pas de
rendez-vous possible, rien à déclarer, Cette scène, très simple, est une course
Donc, les PJ sont dans une situation quelques menaces subtiles : ils ne dépas- poursuite. Les personnages ont réussi
délicate. Dehors, une dizaine de gardes seront pas la secrétaire. à voler un véhicule et fuient. Les trafi-
patrouillent par groupes de deux ou trois. En revanche, la société Global NetFix quants se lancent à leur poursuite dans
Il y a environ 20 mètres complètement Holding a quelques secrets à révéler. trois véhicules distincts. Dans chacun
à découvert (un parking) entre eux la Au niveau administratif (ces informations d’eux, il y a un pilote et un tireur.
première voiture. Par ailleurs, la camion- peuvent être trouvées à Vegas, grâce à la Tant qu’ils sont dans la zone indus-
nette NetFix (qu’il serait judicieux d’em- collaboration des services locaux) : bien trielle, ceux-ci n’hésiteront pas à faire
mener comme pièce à conviction) se qu’elle soit enregistrée à Las Vegas, elle feu. Si les PJ réussissent à retourner en
trouve à une trentaine de mètres. fait partie d’un groupe financier qui a son ville (après 3 rounds de poursuite, lancez
De l’autre côté du parking, un autre siège au Salvador. Il est impossible d’ob- 1d10 à chaque round : sur un 10, il s’agira
entrepôt bouche la vue. S’ils observent tenir des noms. Certaines informations du dernier avant de rentrer en ville, au
les toits, ils verront des tireurs postés en (pourtant obligatoires) sont manquantes second jet, sur un 9+, au troisième 8+,
haut. faites leur comprendre qu’ils sont dans les informations en provenance du etc.), les salvadoriens les laisseront filer
dans une vaste zone industrielle : il est Salvador (qui a dit corruption ?). et retourneront rapidement évacuer leur
inutile d’espérer s’évader à pied. Elle possède un siège un peu à l’écart du matériel et prendre la fuite.
Autant dire que ce sera compliqué. centre, administre plusieurs immeubles S’ils ont pris la camionnette de la société
Laissez les imaginer un plan, mais n’hé- d’habitations, participe à des projets de câble, ils trouveront un post-it collé
sitez pas à faire venir des renforts si les de construction, possède de l’immobi- sur le tableau de bord. Celui-ci indique :
gardes se font descendre trop vite. lier dans tout le Nevada et co-gère un R95 - ml 185 - N. sur 30 ml.

42 C A S U S B E L L I n°3 OCTOBRE 2010


S C é N A R I O S : O N T R O U V E P A S D E C I T R O N S . . .

Scène finale
• Attitude lors d’un interrogatoire
Il s’agit d’indications pour rejoindre la Agressif -2
maison dans le désert où est retenu la Inquisiteur -1
Froid + 1
fillette : sur la route 95, au mile 185, on
Poli 0
trouve un chemin qui part vers le nord, la À ce stade de l’histoire, si tout va bien, Amical +2
maison étant à 30 miles. les PJ ont a peu près compris ce qui • Equipement
s’était passé. Arme : Pistolet Mitrailleur ou Fusil
La scène prend fin lorsque la poursuite Mitrailleur en fonction du niveau de
brutalité que vous souhaitez.
se termine. Ils peuvent vouloir arrêter Anderson, Talkie-walkie
les trafiquants, et ils n’ont toujours pas
retrouvé la petite fille. S’ils ont volé la Garde entrepôt type

Scène 10
camionnette, ils peuvent savoir où la
• Caractéristiques :
maison se trouve. Sinon, ils devront
Carrure 3
passer par des interrogatoires pour le Coordination 4
Las Vegas - J+1
découvrir, donc choper les trafiquants Perception 3
Cette scène un peu particulière n’a qu’un rapidement. Réflexe 4
but : ramener les personnages à la scène 1. Ceux-ci sont retournés à l’entrepôt pour Charme 3
Éducation 3
Les trafiquants ont des oreilles dans la plier bagage. Ils doivent intervenir relati- Sang-froid 3
police de Las Vegas et savent que les PJ vement vite s’ils veulent les prendre. Point de vie 19
en ont après eux. Ils décident donc de les Ils peuvent craindre la police de Vegas • Compétences :
enlever et de les retenir le temps que leur (puisque Olmeda y a des oreilles) et déci- Armes de poing 6 +
Armes d’épaule 5 +
deal soit conclu. der d’intervenir seuls, mais ça risque de
Corps à corps 7 +
tourner au carnage. Intimidation 5 +
Il va vous falloir anticiper les actions de Tir en rafales 6 +
vos joueurs : s’ils décident de faire appel S’ils interviennent trop lentement, la Conduite 6 +
à des renforts, les trafiquants intervien- gamine est déposée par les trafiquants • Attitude lors d’un interrogatoire
Agressif -2
dront à un moment où ils sont encore près de son école et ils ont quitté les lieux. Inquisiteur -1
seuls, par exemple sur le point de rendez- Toutefois, si Anderson n’est pas venu à Froid + 1
vous décidé avec la police de Las Vegas, Vegas, il est retrouvé mort quelques jours Poli 0
avant que celle-ci arrive. plus tard, sa voiture ayant été piégée. Amical +2
• Equipement
S’ils vont seuls aux entrepôts, c’est plus
Arme : Pistolet Mitrailleur ou Fusil
facile : leurs ennemis les attendent. Dans Si Anderson a pris la route de Vegas, Mitrailleur en fonction du niveau de
tous les cas, une dizaine d’hommes armés il aura donné aux trafiquants ce qu’ils brutalité que vous souhaitez.
les encerclent et les emmènent, non sans veulent. Il est encore sur place avec eux Talkie-walkie
les avoir délestés de leur matériel. Ils si les PJ interviennent rapidement dans
seront amenés dans les sous-sols, atta- les entrepôts. Et s’ils n’interviennent pas,
Matthew Anderson
chés à des chaises, et, une fois n’est pas Anderson se fera choper pour le vol de • Caractéristiques :
coutume, interrogés. matériel dans son entreprise. Charme 3
C’est Javier Olmeda qui s’en charge. Il Éducation 3
Sang-froid 3
essaye de savoir quelles informations sont Dans la petite maison, il n’y a aucun
• Attitude lors d’un interrogatoire
en leur possession. Il les menace, mais ne moyen de communication, donc Agressif +2
les torture pas : enlever des flics est assez Hernandez attend qu’on vienne l’y cher- Inquisiteur +1
grave comme ça. cher, et il est seul avec la gamine. Froid -1
Poli 0
Amical -2
Faites les jets d’interrogatoires après Bref, laissez les résoudre l’affaire comme
avoir testé en roleplay ce que les joueurs ils l’entendent. Pablo Hernandez
veulent bien dire. N’hésitez pas à les
isoler, afin que chacun donne sa version,
et faites monter la pression.
Les jets d’interrogatoire viendront après,
CASTING • Caractéristiques :
Charme 3
Éducation 3
Sang-froid 3
pour voir si l’un d’eux craque et rapporte • Attitude lors d’un
le contenu de l’enquête. interrogatoire
Pour un succès, Olmeda n’aura pas grand Agressif -1
Garde sous-sol type Inquisiteur -2
chose, mais pourra apprendre que c’est la Froid 0
petite qu’ils recherchent. • Caractéristiques : Poli -1
Pour deux succès, il apprendra aussi Carrure 3 Amical 0
Coordination 4
qu’Anderson n’a rien balancé et ce que les
PJ pensent de lui.
Perception 3 Javier Olmeda
Réflexe 4
Charme 2 • Caractéristiques :
Pour trois succès, il aura tous les détails Éducation 2 Charme 3
dont il a besoin. Ceci fait, les personnages Sang-froid 3 Éducation 3
Point de vie 19 Sang-froid 3
seront drogués et laissés dans la salle. • Compétences : • Compétences :
La scène prend fin lorsqu’ils perdent Armes de poing 6 + Réthorique : 6 +
conscience. Armes blanches 7 + Intimidation : 4 +
Armes d’épaule 6 + Eloquence : 6 +
Corps à corps 7 + • Attitude lors d’un interrogatoire
Intimidation 5 + Toutes attitudes : -2
Tir en rafales 6 +

C A S U S B E L L I n°3 OCTOBRE 2010 43


Un scenario D&D4 pour personnages de niveau 2

Noces Rouges la naissance d'une aventurière


Auteurs : John Grümph, avec l’aide de Jean « Alahel » Fridrici et de Jérôme « Brand » Larré
Illustrateur : Le Grümph

C’est le début du printemps, les personnages sont engagés pour escorter un jeune homme de bonne famille
qui s’en va se marier dans les montagnes – un travail somme toute tranquille, bien payé, et avec une belle
fête en prime. Mais, alors que le jour des noces arrive sans véritable problème, rien ne se passe comme prévu
et les personnages doivent affronter des forces surnaturelles afin que leur protégé survive à ses épousailles.

La situation Une manière de voir


Le village de Puisaye est situé au fond d’une profonde vallée au pied de Ce scénario tourne autour d’une idée simple : comment devient-on aventu-
hautes montagnes enneigées. C’est une région d’élevage ; les pâtures sont rier ? Quelle est la différence entre les PJ et les PNJ ? En effet, la propor-
occupées tout l’été par de très nombreux troupeaux. Ses moutons sont répu- tion d’aventuriers dans la population de D&D4 est très faible. Il s’agit d’élus
tés pour donner la meilleure laine de la région, une fibre douce et fine, solide qui s’engagent sur des voies héroïques jusqu’à approcher la divinité. De
pourtant, qui s’arrache sur tous les marchés de la plaine. Autant dire que les l’autre côté, il y a les gens du commun, qui vaquent à leurs occupations et
bergers de Puisaye sont riches, écoutés et que les seigneurs des ports les ne connaissent rien à la magie. Comment passer de l’un à l’autre ? J’ai ma
traitent avec considération. petite réponse :
Ceci est dû, en grande partie, à un pacte passé avec le Seigneur des Premièrement, comme les sorciers ou les prêtres, en acceptant un pacte
Loups, une entité féerique mineure qui règne sur la vaste Forêt de la Barre. avec une entité ou un dieu.
À chaque génération, ce dernier choisit un berger qui devient alors un Deuxièmement, en subissant un choc si terrible qu’il change votre nature.
sorcier du pacte féerique chargé de veiller au respect les lois naturelles : Après l’attaque de votre village ou parce qu’une fois de plus on vous a
les hommes élèvent des moutons dodus, laissent les gros loups noirs de laissé pour mort après une bataille, vous refusez soudain de rester le jouet
la forêt manger ceux dont ils ont besoin et le Seigneur des Loups bénit du destin.
ceux qui restent. troisièmement, en faisant preuve d’une immense volonté personnelle.
Toute votre vie, vous avez voulu devenir l’un de ces magnifiques paladins.
Un matin, vous êtes l’un d’entre eux.
ser un geste
L’argument qu’elle se dépoi-
Dans cette histoire, deux des protagonistes subissent ces changements
majeurs. Quelle résonance cette histoire trouvera-t-elle avec le passé des
traillait, remon- personnages-joueurs ? Peut-être est-ce l’occasion d’un petit flashback pour eux.
Janin Riquel était le benjamin d’une tait ses jupons et
riche famille de bergers de Puisaye. Cet appelait à l’aide.
été, alors qu’il menait les troupeaux dans Aussitôt, on vint de toute part : le père Mais d’autres événements compliquent
les alpages, il a aidé une jeune louve bles- crut comprendre la situation d’un regard. cette journée déjà promise à quelques
sée dans sa tentative d’enlèvement d’un L’étranger fut assommé, roué de coups et beaux esclandres. Tout d’abord, tandis
agneau. Impressionné par son courage et condamné par la vindicte tandis que les que les cérémonies commencent sous
sa compassion, le Seigneur des Loups lui matrones s’assuraient que le pire ne soit l’égide du prêtre d’Avandra venu des
a proposé le pacte du sorcier, que Janin pas arrivé… et que le mariage de Liane plaines et du prêtre d’Erathis local, le
s’est empressé d’accepter. N’ayant rien dit était encore possible. bourreau Shadar-Kai fait une sinistre
aux siens durant plusieurs semaines, il est La nuit suivante, on alla quérir le bour- apparition. Sa présence pèse sur la céré-
redescendu au village au début de l’au- reau Shadar-Kai des Marais de la Combe monie et tout le monde sait qu’elle signi-
tomne, des rêves de voyage plein la tête. et, à l’aube, la tête du malheureux roulait fie probablement que quelqu’un perdra
Dès son retour, il s’est confié à sa sœur au sol… La vie pouvait reprendre à la tête le lendemain matin. Ensuite,
jumelle, Liane. Mais celle-ci n’a pas Puisaye. parmi les bardes engagés pour l’occa-
supporté l’idée que son frère la quitte : Quelques mois plus tard. Liane doit se sion se cache le frère du serviteur exécuté
Janin serait un aventurier et pas elle ? marier avec le cadet d’une riche famille quelques mois plus tôt, venu se venger
Qu’avait-elle fait de mal pour n’être pas marchande des plaines. Elle n’a guère du village et de ses habitants. Enfin, un
ainsi bénie ? Pourquoi devrait-elle rester le choix et redoute de se retrouver à énorme loup noir se présente devant les
ici quand son propre jumeau irait décou- nouveau enfermée dans un cadre familial portes du village au moment du festin.
vrir le monde ? La jeune fille fut saisie qu’elle déteste : après l’autorité du père, C’est le Seigneur des Loups en personne.
d’une jalousie meurtrière. Se saisissant celle du mari et la corvée d’une portée Sans nouvelle de son protégé depuis
du lourd bâton de berger du patriarche de chiards capricieux. Elle a donc prévu l’automne, il veut le voir. Il ignore que
accroché au-dessus de la cheminée, elle de devenir veuve si vite qu’elle n’aura pas Janin a été assassiné, son âme n’ayant
fendit le crâne de Janin. Elle était encore à subir l’outrage d’une nuit de noce – si jamais rejoint le royaume de la Reine
là, couverte de sang, hébétée, quand un possible en profitant de la fortune de feu Corneille !
serviteur la surprit. L’homme, nouveau son époux – et cherche le moyen de quit- En effet, le bâton du patriarche possédait
au village, n’eut pas le temps d’esquis- ter ces montagnes maudites. une tête en métal et, dans la masse, assez

44 C A S U S B E L L I n°3 OCTOBRE 2010


de traces de résidium pour que l’âme du Profitez-en pour introduire quelques orchestre de bardes s’installe pour faire
jeune sorcier soit capturée. Janin est deve- descriptions qui serviront plus tard, faire danser les convives tandis que quelques
nu le bâton et ce dernier un artéfact. Il ne comprendre aux personnages qu’ils sont musiciens locaux se tiennent prêts à les
se rappelle plus de ses derniers instants exceptionnels et investis de pouvoirs remplacer durant les pauses.
et à force d’entendre raconter l’histoire, uniques. Ils sont enviés et pourtant Les enjeux de cet acte : ce premier acte
il est convaincu d’avoir été assassiné par tenus à l’écart par les simples gens qui se mêle les personnages à la vie intime du
le supposé violeur. Liane a d’ailleurs senti méfient d’eux ou en ont peur. Certains, village, à ses secrets et à ses pratiques
que quelque chose est arrivé au bâton. plus hardis, leur demandent « comment ça parfois un peu brutales. Plus ils découvri-
Irrésistiblement attirée par cet artéfact, fait d’être un aventurier ?». ront d’informations, plus ils pourront agir
qu’elle ne peut s’empêcher de toucher Josque de trésine et sa mère : Josque efficacement plus tard. À eux de choisir
et auquel elle se surprend à parler, elle est le fiancé de Liane. Leurs parents ont s’ils interviennent ou laissent le carnage
reviendra le prendre en cas de danger. conclu cet arrangement il y a plusieurs se produire, même si on peut imaginer
Janin, de son côté, fera tout ce qui est en mois déjà, pour resserrer les liens qu’ils protégeront leur employeur.
son pouvoir pour la protéger. commerciaux entre les deux familles.
Au milieu de toutes ces histoires de Josque a une vingtaine d’années ; il Scène 1 : un bourreau et un loup
famille, les personnages ont une mission est sûr de lui, vif, mais son intelligence Alors que la cérémonie s’achève, une
à accomplir : s’assurer que le fiancé s’en est bornée par ce qu’il croit savoir de rumeur enfle parmi les spectateurs. Le
sorte sain et sauf… la vie. Sa mère est effacée, usée par des bourreau Shadar-Kai du Marais de la
années de mariage dans la bourgeoisie Combe vient d’arriver ! Peu après, la
Note au MJ marchande des plaines. Le père est resté foule s’agite à nouveau quand un énorme
Le déroulement de ce scénario dépend grandement des choix profession-
nels et moraux des personnages, qui ont réellement le pouvoir de calmer les
à Trésine, retenu par une crise de goutte. loup noir, aussi grand qu’un cheval, s’in-
choses comme de provoquer un véritable massacre. Partez du principe que le Leur convoi se compose d’un prêtre vite à son tour.
déroulement ci-après correspond à des joueurs impliqués et plutôt compatis- d’Avandra, d’une dizaine de serviteurs et Les enjeux de la scène : vient le moment
sants. Ils peuvent aussi contempler tout ça d’un œil vaguement goguenard et de rouliers et d’un char à bœuf chargé de de faire intervenir les deux principaux
laisser faire, au risque de rater leur mission initiale, de ruiner leur réputation
bagages et de présents pour leurs hôtes. éléments perturbateurs du scénario, qui
et de ramener un cadavre à sa famille. C’est à eux de voir…
Puisaye : le village est situé à la limite ne manqueront pas de titiller la curiosité
entre les derniers bois et les herbages des joueurs. Soignez les entrées de ces
Introduction : d’altitude. C’est un gros bourg juché sur deux créatures, instaurez un climat de
que la montagne est belle un talus et entouré d’une épaisse palis- peur et de méfiance parmi la population,
sade. Les maisons de pierre, longues mais aussi de profond respect.
Les personnages ont été engagés pour et massives, ont généralement deux ou Le bourreau Shadar-Kai : le bourreau est
escorter un convoi nuptial des plaines trois niveaux. Le premier est réservé aux un individu de plus de deux mètres, aux
jusqu’au cœur des montagnes proches. bêtes et l’odeur du suif est particulière- cheveux blancs et aux membres musclés.
Ils sont les seuls aventuriers ment marquante. Au centre de Puisaye se Serré dans une épaisse combinaison de
présents – tous les autres dresse un temple de bois, dédié à érathis, cuir et de métal, on ne voit de son visage
membres de la caravane qui jouxte le grand bâtiment consacré à la qu’une mince bouche, des yeux acérés au
sont de simples civils. tonte et au traitement des laines. bleu aussi métallique que perturbant, et
Leur mission est de Liane : Liane est une belle jeune fille de nombre d’anneaux s’enfonçant dans ses
protéger le futur 17 ans aux longs cheveux blond cendré. chairs. Installé à une table, il se contente
marié et sa mère Elle est souvent d’humeur sombre, ce qui de siroter les verres qu’on lui sert. Il ne
jusqu’à leur retour a fini par creuser deux amères fossettes dit rien et ne répond que par des sourires
à la ville. aux commissures de ses lèvres. Si elle énigmatiques.
Une fois arri- semble d’abord peu enchantée par le Le Loup : Le Seigneur des Loups en
vés à Puisaye, mariage, son attitude devient pourtant personne. Ses yeux pétillent d’amusement
les personnages un peu plus agréable après la cérémonie. et d’intelligence, mais aussi de vigilance.
sont invités à La cérémonie : le mariage commence Ils semblent chercher quelque chose. On
participer à la céré- en milieu de matinée. Il est célébré par ne laisse guère les enfants s’approcher,
monie, au festin et à la le prêtre d’érathis local et celui d’Avan- mais, malgré la peur, on le nourrit avec
fête qui s’ensuit. dra – venu avec le promis – devant tout respect et même le prêtre d’érathis lui
Les enjeux de la scène : le village qui s’en réjouit. Le père de la rend hommage.
cette introduction peut mariée pavane, se frappe le torse, étreint
durer plus ou moins ses amis avec une mâle virilité et arbore Scène 2 : des cadavres
longtemps selon l’hu- un sourire resplendissant. Liane, elle, a dans le placard
meur du meneur et les yeux cernés, une moue renfrognée et Les personnages tentent d’en apprendre
des joueurs. peu avenante. Josque est trop aveuglé par plus sur le village et ses secrets.
sa propre personne et sa supériorité illu- Les enjeux de la scène : ce défi de
soire de citadin pour s’en rendre compte. compétence permet aux personnages d’en
savoir davantage sur ce qui se trame, quitte
à deviner la scène suivante et s’y préparer.
Acte I :
un festin compromis Défi de compétence :
se renseigner sur le passé de Puisaye
La cérémonie finie, des tréteaux sont
montés dans tout le village et on Mise en place : les personnages se mêlent à la popula-
commence à les garnir de mets et de tion locale, posent des questions, écoutent, observent, et
boissons. La fête va commencer. Un large tentent d’en apprendre plus sur Puisaye et sur ses deux
étranges visiteurs.
Niveau : 2 (facile 5, moyen 10, difficile 15)
C A S U S B E L L :I 1 (nécessite
Complexité n ° 3 O4 C T O B Ravant
succès 45
E 2 03 1échecs)
0
Le terrain : la zone de combat est envahie exemple parce que sa mère n’arrive pas
Compétences principales : Intuition, Connaissance de la de tables. Il faut réussir un test d’Acroba- à le retrouver. Ajoutez des événements
rue, Diplomatie, Histoire, Arcanes, Perception. tie ou d’Athlétisme (DD10) pour passer à la fête (la course en sac, le concours
Arcanes (DD10) : les personnages réunissent leurs par-dessus sans les faire tomber. Si un de palets, de chiens de berger, une folle
connaissances à propos du Gisombre et des êtres personnage est repoussé dans une table, danse, un mystère ou d’une farce), nouez
féeriques. celle-ci se renverse et le personnage est des relations entre les personnages et des
Connaissance de la rue (DD 5) : ils interrogent les invités au sol. villageois (amourettes, gamins impres-
et se mêlent à la foule. Les adversaires (rencontre facile – niveau sionnables qui veulent devenir comme
Diplomatie (DD 15) : ils parlent avec les principaux prota- 2, 625 XP) : 1 barde vengeur (contrôleur eux, etc.). Ils doivent être occupés et ne
gonistes de l’histoire (Liane, son père, quelques témoins niveau 5), 3 musiciens à cordes (sbire s’apercevoir de rien sur le moment.
proches) sans brusquer les choses. niveau 2) et 13 musiciens déterminés
Histoire (DD 15) : ils se rappellent les histoires à propos (sbire niveau 1). Les sbires tentent de Scène 2 : passer le village
de la région. tuer les convives qui fuient dans tous au peigne fin
Intuition (DD 10) : ils tentent de comprendre les senti- les sens, mais prennent la menace des Les personnages doivent retrouver
ments et les peurs des personnes présentes. personnages très au sérieux. Josque. Il y a des signes de bagarre du
Perception (DD 5) : ils écoutent les conversations et côté des latrines. Quelque chose lui est
rumeurs. forcément arrivé !
Réussite : chaque succès leur donne quelques informa- Acte II : Les enjeux de la scène : ce défi de
tions. S’ils parviennent à obtenir quatre succès, ils devi- une mariée malheureuse… compétence doit amener les personnages
nent ou comprennent les intentions du barde – tuer les Le calme revient. Les musiciens locaux à pointer du doigt la culpabilité de Liane
personnes à la table des mariés. prennent le relais – bien contents qu’on avant qu’elle ne s’enfuie. Ils mènent l’en-
Échec : le barde passe à l’action avant que les person- se soit débarrassé des étrangers. Le festin quête dans un village aviné où personne
nages n’en apprennent plus. reprend et l’alcool coule à flot, mais les ne les prend au sérieux. Ils interrogent
Les informations : chaque succès donne l’un des blocs personnages, félicités (ou pas) pour leur les témoins et fouillent les maisons en
d’information suivants. bravoure, restent sans doute prudents. sachant que le temps leur est compté.
1 succès : l’identité des personnes présentes, dont celle Les enjeux de cet acte : bien qu’ils soient
des deux invités surprises. Quelques informations géné- désormais en alerte, le protégé des Défi de compétence : retrouver Josque
rales sur l’histoire du village et l’origine de ses richesses. personnages disparaît. Personne n’a rien
2 succès : la peur suscitée par le bourreau (et son rôle vu dans ce village qui recèle d’innom- Mise en place : Les personnages fouillent le village et
dans l’exécution d’un meurtrier à l’automne dernier) et brables cachettes, et, alors que la pres- posent des questions.
le respect dû au Seigneur des Loups. Les malheurs de la sion monte petit à petit, ils s’échinent à Niveau : 2 (facile 5, moyen 10, difficile 15)
pauvre Liane et de son frère jumeau à l’automne. chercher un disparu dont personne ne Complexité : 2 (nécessite 6 succès avant 3 échecs)
3 succès : un compte-rendu complet des événements de se soucie. Tous sont persuadés qu’il est Compétences principales : Perception, Intuition,
ces derniers mois. Quelques informations sur cette tête parti consommer son union avec la douce Intimidation, Diplomatie, Bluff.
de mule de Liane qui a des idées bizarres pour une fille. Liane ou cuver son vin – la mirabelle des Perception (DD 5) : les personnages fouillent les maisons
« On respecte Avandra dans les montagnes, mais quand montagnes, ça cogne, mon bon monsieur. et les bergeries.
même… ces histoires de voyage et d’aventure… » Ils vont finalement tomber sur une mariée Intuition (DD 10) : ils réfléchissent aux motivations des
4 succès : le barde et ses amis sont des étrangers, qui complètement paniquée : si elle a réussi convives, notamment des deux époux.
viennent de la même région que le serviteur exécuté. Ils à dissimuler son époux mourant (bon Intimidation (DD 10) : ils font pression sur les habitants du
regardent la table des mariés et de la famille avec des débarras) elle est maintenant désem- village pour connaître la vérité.
expressions peu amènes. parée. Elle n’a pas vraiment réfléchi Bluff (DD 10) : les gamins du village les aideront s’ils se
au moyen de justifier la disparition de montrent convaincants.
Josque ou sa fuite, elle veut partir aussi Diplomatie (DD10) : ils trouvent un petit groupe de volon-
Scène 3 : ça va barder ! loin et aussi vite que possible, mais n’a taires prêts à les aider.
Alors que les musiciens passent entre les pas pris le temps de bien s’organiser, elle Diplomatie (DD 15) : le Seigneur des Loups est resté calme
tables, en une longue sarabande, pour a juste rassemblé quelques affaires, dont jusqu’à présent, mais s’agite désormais. Afin d’en apprendre
saluer les convives, ils sortent soudain des le bâton du patriarche. Cette scène doit davantage, il peut mettre son odorat à leur service. Il connaît
armes et attaquent la table de la mariée. être poignante et intégrer des subtilités Liane (elle a la même odeur que Janin), mais ne sait pas
Si les personnages ont pu prévoir les morales liées à la psychologie et au passé retrouver Josque.
intentions du barde, ils peuvent s’arran- des personnages (qui étaient-ils avant de Réussite : les personnages retrouvent Liane (et Josque
ger pour que le combat s’engage dans une devenir aventuriers ?) inconscient) au moment où elle finit de boucler ses affaires.
zone moins exposée. Si elle est dénoncée, le village se ligue contre elle et la
Les enjeux de la scène : voici la première Scène 1 : un époux trop saoul situation deviendra critique lorsque le Seigneur des Loups
bagarre de la journée. Elle n’est pas bien Josque a l’air d’avoir de plus en plus chaud. se rangera du côté de la meurtrière (voir Scène 3).
difficile et engage surtout des sbires. Il sue à grosse gouttes et se sent de moins Échec : Josque est introuvable et Liane a quitté le village.
Il faut néanmoins que les personnages en moins bien au fur et à mesure que les Accompagnés par le Seigneur des Loups ou suivis par celui-
parviennent à protéger les époux et leur toasts se succèdent. Il s’éloigne discrète- ci, les personnages se lancent sur sa piste, qui les entraîne
famille. Les musiciens se rendent assez ment, pendant que les personnages sont vers les montagnes. Lorsqu’ils rejoignent Liane, elle prétend
facilement s’ils voient que le combat est occupés ailleurs, mais ne revient pas. ne pas savoir où se trouve Josque. La confrontation est sans
perdu et tentent de fuir. N’oubliez pas Les enjeux de la scène : Les person- doute plus calme qu’au village, mais la course-poursuite a
que seuls les personnages sont des aven- nages devraient redoubler d’attention, pris du temps.
turiers. Les invités de la fête – y compris mais l’attitude de Josque semble bien
le père, l’époux et Liane (pour l’instant) – naturelle. Des gens du village, Liane Scène 3 : la naissance d’une
sont de simples passants (des sbires atta- même, proposent de l’aider, et il faut aventurière
quant à +0, avec des défenses égales à 10 un certain moment avant que sa dispa- Les personnages ont retrouvé Liane.
et infligeant seulement 1 point de dégât). rition ne devienne inquiétante, par Elle est responsable de la disparition de

46 C A S U S B E L L I n°3 OCTOBRE 2010


Josque, cela ne fait aucun doute. Elle ne
s’en cache pas, mais refuse de se rendre ou Acte III :
d’être aidée. Elle affirme qu’il va mourir et … et un marié mal en point
que personne n’y peut rien. Soudain, elle
tombe à genoux en hurlant, puis se relève Liane finit par avouer. Elle était prête à Compétences principales : Perception, Nature, Soins,
d’un bond : quelque chose a changé en tout pour ne pas devenir l’épouse d’un Athlétisme, Endurance.
elle. Fini les larmes et les tremblements. bourgeois, pour ne pas rester prison- Perception (DD 5) : les personnages font attention où ils
Elle est maintenant une aventurière, prête nière du village. Elle a empoisonné son mettent les pieds et ont un bonus de +2 à leur prochain jet.
à défendre chèrement sa peau. mari avec une potion mortelle achetée au Nature (DD 5) : ils s’orientent dans les marais.
Les enjeux de la scène : D’une part, bourreau Shadar-Kai et demain à l’aube, Nature (DD 15) : ils essaient de repérer l’endroit où vivent
mettre en scène le désespoir de Liane il aura cessé de vivre. Elle ne sait pas s’il les araignées aquatiques.
ainsi que son courage et sa détermina- existe un antidote. Soins (DD 15) : ils repèrent plusieurs plantes médicinales
tion à prendre en main son destin qui Les enjeux de l’acte : le dernier acte est qui pourront être utiles.
font d’elle une aventurière, une voleuse, le plus simple à faire jouer : les person- Endurance (DD 10) : ils se concentrent plus sur leur
prête à tout pour la liberté. Ensuite, faire nages ont moins d’une nuit pour trouver mission que sur les dangers des marais.
ressentir l’urgence de retrouver Josque et l’antidote et l’apporter à leur client. Bien Athlétisme (DD 5) : ils s’entraident pour passer les divers
de tirer les vers du nez de la mariée, par la entendu, rien ne se passe jamais comme obstacles.
force si nécessaire. Faites en sorte que les prévu et une dernière épreuve les attend Arcane (DD10) : ils lancent un rituel mineur aidant à loca-
joueurs soient partagés entre la compas- avant la fin. Nous voilà donc dans de la liser les araignées.
sion envers une personne qui refuse, à pure aventure, avec de l’exploration, des Réussite : les personnages trouvent les soies d’araignées
raison sans doute, de laisser les autres combats, et une horloge qui égrène ses et sont sur le chemin du retour à temps.
décider de sa vie et le besoin d’en sauver heures… Toutes blessent, la dernière tue. Échec : chaque échec indique que les personnages font
une autre. une rencontre à 200 XP, chacune avec des habitants des
La confrontation : Liane n’est pas prête à marais (drakes, gobelins, créatures mineures du Gisombre,
abandonner sa liberté chèrement acquise, Scène 1 : le poison Shadar-Kai etc.), destinée à les fatiguer et les ralentir. Au bout de trois
et ce, même si les villageois l’entourent. Les personnages retrouvent un Josque échecs, l’aube se lève et il est trop tard pour ramener l’an-
Quand elle semble sur le point de céder, brûlant de fièvre, vrillé de douleur. Les tidote au village.
Janin apparaît à ses côtés sous une forme prêtres sont peu confiants sur son avenir.
fantomatique, provoquant le ralliement Le poison : le poison Shadar-Kai est de la
immédiat du Seigneur des Loups. Le Sève de Saxyphrage, extraite d’une plante
combat est difficile, mais les combat- des marais et préparée alchimiquement.
tants font montre de courtoisie et de Un test de Soins (DD10) permet d’iden- Scène 3 : un bourreau
respect. L’entité féerique ne tue personne tifier le poison tandis qu’un même test très désappointé
et protège plus qu’elle n’attaque, n’hési- (DD15) rappelle qu’il existe un antidote : Le bourreau Shadar-Kai veut la mort
tant pas à proposer une tractation si les la soie d’une petite araignée aquatique de Josque. Il ne supporterait pas de voir
personnages ne réussissent à convaincre vivant dans la même région. Les person- contrarier les effets un poison efficace
Liane de se rendre. nages ont jusqu’au lendemain matin pour qu’il a fourni et de ne pas payer la Reine
Les adversaires (rencontre moyenne – faire le nécessaire. Il n’y a qu’un endroit Corneille comme il se doit. Il va donc
niveau 3, 725 XP) : le Seigneur des Loups où trouver ces araignées : les Marais de tenter d’empêcher les personnages de
(soldat niveau 7), Liane (franc-tireur la Combe. rentrer au village.
niveau 1), Janin (invoqué par le bâton Les Marais de la Combe : situés dans Les enjeux de la scène : voici le dernier
du patriarche, contrôleur de niveau 3), une profonde dépression au cœur de la combat de cette aventure. Il va être diffi-
6 loups invoqués (sbire niveau 2). Le vallée, les marais sont imprégnés par cile et de son issue dépendra la vie de
Seigneur des Loups fait toujours le le Gisombre et une porte s’y dissimule Josque. Le bourreau tente avant tout de
minimum de dégâts possibles (il retient certainement. Tout y est gris, étrange, les ralentir ou de détruire le butin ramené
ses coups). Si Liane tombe ou s’il est en oppressant. des Marais.
péril, le combat s’arrête et le Seigneur des Les conditions de l’affrontement : cette
Loups conjure la pitié des personnages et Scène 2 : les Marais de la Combe confrontation peut se dérouler de manière
des villageois, en échange d’une bénédic- Les personnages se rendent dans les continue sur plusieurs terrains différents
tion supplémentaire pour l’année à venir. Marais pour y trouver l’antidote. si les personnages tentent de fuir ou de
Si une majorité des personnages est en Les enjeux de la scène : les personnages se décrocher. Embuscades et jeux de cache-
péril, il leur offre de cesser le combat et retrouvent dans une région dangereuse, cache se succèdent. Les joueurs peuvent
de le laisser partir avec Liane. Dans tous de nuit, à rechercher une bestiole minus- choisir des stratégies de sacrifice mais
les cas, il obtient de Liane qu’elle leur cule dans la vase. Et l’heure tourne… S’ils n’hésitez pas à rajouter des sbires tant que
indique où est Josque. ne sont pas du tout taillés pour la vie au vous estimez que les personnages peuvent
grand air et que leur relation n’est pas les gérer. Finissez en apothéose avec le
trop mauvaise, le seigneur féerique peut bourreau.
Ce combat peut se révéler très difficile pour les personnages, mais leur adjoindre un loup qui leur servira de Les adversaires (rencontre diffi-
de fait, personne n’a intérêt à le mener à son terme – ni le Seigneur guide. cile – niveau 5, 1000 XP) : le bourreau
des Loups, ni les villageois, ni même les personnages. Vous pouvez Shadar-Kai (franc-tireur niveau 6 élite),
faire intervenir des médiations de la part des prêtres, des demandes Défi de compétence : 3 esclaves-archers Shadar-Kai (artilleur
des villageois, un long discours enflammé de Liane elle-même où trouver l’antidote niveau 2), 5 Fils de l’Ombre (sbire niveau 1).
elle peut enfin se débarrasser de ses frustrations et de ses haines Le bourreau invoque autant de Fils de
adolescentes. Utilisez un défi de compétence pour raisonner Liane
Mise en place : Les personnages explorent les l’Ombre supplémentaires qu’il le peut
entre deux coups d’épée ou amenez les joueurs à comprendre ses
Marais de la Combe pour trouver les araignées. pour ralentir et gêner les personnages,
motivations et ses besoins…
Niveau : 2 (facile 5, moyen 10, difficile 15) tout en restant à distance...
Complexité : 2 (nécessite 6 succès avant 3
échecs)
C A S U S B E L L I n°3 OCTOBRE 2010 47
Attaque : +7 contre AC
Conclusion : Réussite : 2 dégâts Acte II
les histoires d’amour For 14 (+3) • Dex 16 (+4) • Sag 10 (+1)
LE SEIGNEuR DES LouPS
finissent toujours… Con 12 (+2) • Int 10 (+1) • Cha 10 (+1)
Alignement non aligné • Soldat niveau 7 (meneur)
Langages Commun Créature féerique de taille M
Il n’est pas de conclusion prédétermi- Équipement Instruments de musique (seigneur féerique) 300 xp
née à cette histoire et les personnages bricolés et transformés en armes. PV 77 ; péril 39
auront fort à faire pour trouver une fin CA 23 ; Vigueur 17; Réflexes 19; Volonté 17
satisfaisante. Si les personnages revien- SIMo, BARDE vENGEuR Vitesse 5
nent à temps, il leur faut encore réussir • Contrôleur niveau 5 (meneur) Sauvegarde +5 contre le
un test de Soins (DD 10) pour préparer Humanoïde naturel de taille M Charme Initiative +11
l’antidote et le faire ingérer à Josque. Ce (Humain) 200 xp Perception +4
dernier en est quitte pour redescendre PV 55 ; péril 27 Vision des étoiles
CA 18 ; Vigueur 16; Réflexes 16 ; Volonté 17 Traits
dans la vallée, marié mais sans femme,
Vitesse 5 Initiative +3 O Aura du seigneur • Aura 10
avec tous les problèmes diplomatiques Perception +3 Les alliés du Seigneur des Loups dans
qui pourront advenir par la suite entre sa Traits l’aura obtiennent une réussite critique
famille et le village. Protégé sur un jet de 19 ou 20 (un jet de 19
Le barde vengeur gagne un bonus de +2 n’est pas un touché automatique).
à toutes ses défenses quand au moins O Avantage de combat
Caracteristiques un de ses alliés lui est adjacent. Quand le Seigneur des Loups touche
des adversaires Actions simples
m Rapière (arme) • à volonté
une cible contre laquelle il a un avantage
de combat, celle-ci se retrouve à terre.
Acte I Attaque : +9 contre CA Actions simples

MuSICIEN DÉtERMINÉ
• Sbire niveau 1
Humanoïde naturel de taille M
(Humain) 25 px
PV 1 ; une attaque ratée n’inflige
jamais de dégâts à un sbire
CA 14; Vigueur 13; Réflexes 11; Volonté 11
Vitesse 6 Initiative +0
Perception +0
Traits
Solidarité bardique
Un musicien bénéficie d’un bonus de
pouvoir de +2 à toutes ses défenses
quand au moins deux autres musiciens se
situent dans un rayon de 5 cases de lui.
Actions simples
m Coup de flûtiau acéré (arme) • à volonté
Attaque : +5 contre CA
Réussite : 2 dégâts.
For 14 (+2) • Dex 10 (+0) • Sag 10 (+0)
Con 12 (+1) • Int 9 (–1) • Cha 11 (+0)
Alignement non aligné
Langages Commun
Équipement Instruments de musique
Réussite : 1d8 + 2 dégâts m Morsure • à volonté
bricolés et transformés en armes
C Gueuler un ordre • à volonté Attaque : +12 contre CA
Effet : Explosion de proximité 10 (cible Réussite : 1d8 + 4 dégâts, 2d8
MuSICIEN À CoRDES
un allié) : la cible peut effectuer une +4 contre une cible à terre
• Sbire niveau 2
attaque de base en action libre et se décaler R Défi sauvage • rencontre
Humanoïde naturel de taille M
d’une case avant ou après l’attaque. Effet : Distance 10 ; la cible est marquée
(Humain) 31 xp
C Chant d’inspiration • recharge 5+ jusqu’à la fin de la rencontre ou jusqu’à ce
PV 1 ; une attaque ratée n’inflige jamais
Effet : Explosion de proximité 10 (cible que le Seigneur des Loups meure ; elle subit
de dégâts à un sbire
un sbire tombé) ; le sbire récupère son 4 dégâts pour chaque tour durant lequel
CA 16 ; Vigueur 13 ; Réflexes 14 ; Volonté 11
point de vie et reprend le combat. elle n’attaque pas le Seigneur des Loups.
Vitesse 6 Initiative +4
C Hésitation mortelle (charme) • rencontre Actions de mouvement
Perception +6
Attaque : explosion de proximité 5 (cible Éclipse féérique (téléportation) • rencontre
Traits
les ennemis) ; +9 contre Volonté Effet : le Seigneur des Loups
Solidarité bardique
Réussite : La cible ne peut pas utiliser d’ac- peut se téléporter de 5 cases
Un musicien bénéficie d’un bonus de
tion simple au cours de son prochain tour. Réactions
pouvoir de +2 à toutes ses défenses
Compétences Diplomatie +10, Compassion sauvage • à volonté
quand au moins deux autres musiciens se
Intuition +8, Larcin +10 Déclenchement : quand un allié à moins de 5
situent dans un rayon de 5 cases de lui.
For 15 (+4) • Dex 12 (+3) • Sag 12 (+3) cases du Seigneur des Loups subit des dégâts.
Actions simples
Con 12 (+3) • Int 14 (+4) • Cha 16 (+5) Effet (réaction immédiate): la moitié
r Viole de trait (arme) • à volonté
Alignement non aligné des dégâts de l’attaque est annulée et le
Attaque : Distance15/30; +9 contre AC
Langages Commun Seigneur des Loups subit l’autre moitié
Réussite : 3 dégâts
Équipement épée longue, Compétences Athlétisme +12,
m Coup de botte (arme) • à volonté
chemise de maille, boucle Arcanes +7, Histoire +7, Nature +9

48 C A S U S B E L L I n°3 OCTOBRE 2010


For 18 (+7) • Dex 22 (+9) • Sag 13 (+4) raté par une attaque qui le vise FILS DE L’oMBRE
Con 13 (+4) • Int 14 (+5) • Cha 16 (+6) Effet (Réaction immédiate) : Distance • Sbire niveau 1
Alignement non aligné 10 ; l’allié visé peut se décaler de deux Humanoïde ombreux de taille M 25 px
Langages Commun, Elfique cases et effectuer une attaque de base. PV 1 ; une attaque ratée n’inflige jamais
Compétences Discrétion +10, Arcanes+10 de dégâts à un sbire
LIANE For 10 (+1) • Dex 15 (+3) • Sag 13 (+2) CA 13; Vigueur 11 ; Réflexes 15 ; Volonté 12
• Franc-tireur niveau 1 Con 14 (+3) • Int 9 (+0) • Cha 18 (+5) Vitesse 6 ; immatériel
Humanoïde naturel de taille M Alignement non aligné Immunités maladies, poisons ; Résistance 10
(Humain) XP 100 Langages Commun nécrotique ; Vulnérabilité 5 radiant
PV 27 ; péril 13 Initiative +3
CA 15; Vigueur 12 ; Réflexes 15; Volonté 13 LouP INvoquÉ Perception +0
Vitesse 6 Initiative +6 • Sbire niveau 2 Vision des ténèbres
Perception +1 Bête naturelle de taille M 31 xp Actions simples
Traits PV 1 ; une attaque ratée n’in- m Caresse ombreuse (nécrotique) • à volonté
Avantage de combat flige jamais de dégâts à un sbire Attaque : +4 contre Réflexes
Liane inflige 2d6 dégâts supplémen- CA 16 ; Vigueur 14 ; Réflexes 14 ; Volonté 13 Réussite : 4 dégâts nécrotiques et
taires à toutes les cibles contre lesquelles Vitesse 8 Initiative +5 la cible est ralentie jusqu’à la fin du
elle a un avantage de combat Perception +7 prochain tour du Fils de l’Ombre
Frappe de la mante Vision des étoiles Actions de mouvement
Liane a automatiquement un avantage Actions simples Glissé ombreux • rencontre
de combat contre toutes les cibles sur m Morsure • à volonté Effet : le Fils de l’Ombre se
lesquelles elle a l’initiative au premier tour. Attaque : +7 contre CA décale jusqu’à 6 cases
Actions simples Réussite : 4 dégâts (5 dégâts contre une cible Compétences Discrétion +8
m Dague (arme) • à volonté à terre. Si le loup invoqué a un avantage de For 3 (–4) • Dex 17 (+3) • Sag 10 (+0)
Attaque : +7 contre CA combat contre sa cible, celle-ci tombe à terre) Con 13 (+1) • Int 4 (–3) • Cha 15 (+2)
Réussite : 1d4 + 3 dégâts For 13 (+2) • Dex 14 (+3) • Sag 13 (+2) Alignement non aligné
r Dague (arme) • à volonté Con 14 (+3) • Int 2 (–3) • Cha 10 (+1) Langages Commun
Attaque : distance 5/10; +7 contre CA Alignement non aligné
Réussite : 1d4 + 3 dégâts Languages — ESCLAvE-ARCHER SHADAR-KAI
M Frappe habile • à volonté • Artilleur niveau 2
Effet : Liane peut se décaler jusqu’à 3 cases et Acte III Humanoïde ombreux de taille M 125 xp
effectuer une attaque de base au corps à corps PV 31 ; péril 16
à n’importe quel moment de ce déplacement BouRREAu SHADAR-KAI CA 16 ; Vigueur 13; Réflexes 14; Volonté 13
sans provoquer d’attaque d’opportunité. • Franc-tireur niveau 6 (élite) Vitesse 5
Compétences Acrobaties +10, Humanoïde ombreux de taille M 500 px Immunités maladies, poisons ;
Discrétion +8, Larcin +10 PV 136 ; péril 68 Résistance 5 nécrotique ; Vulnérabilité 5
For 12 (+1) • Dex 16 (+3) • Sag 11 (+0) CA 20; Vigueur 19 ; Réflexes 19 ; Volonté 17 radiant Initiative +6
Con 10 (+0) • Int 10 (+0) • Cha 14 (+2) Vitesse 6 Perception +3
Alignement non aligné Jets de sauvegarde +2 ; Point d’action 1 Vision des ténèbres
Langages Commun Initiative +9 Actions simples
Équipement 4 dagues, le bâton du patriarche Perception +5 m Épée courte (arme) • à volonté
Vision des étoiles Attaque : +5 contre CA
JANIN Actions simples Réussite : 1d6 + 2 dégâts
• Contrôleur niveau 3 m Chaîne à crocs (arme) • à volonté R Arc long (arme) • à volonté
Humanoïde naturel de taille M Attaque : allonge 2; +11 contre CA Attaque : distance 20/40; +6 contre CA
(Humain) 150 xp Réussite : 2d4 + 3 dégâts. Réussite : 1d10 dégâts et la cible est
PV 46 ; péril 23 M Danse de la mort (nécrotique, arme) ralentie (sauvegarde annule)
CA 17; Vigueur 14; Réflexes 15; Volonté 16 • recharge 56 Actions de mouvement
Vitesse 6, immatériel Initiative +3 Effet : le bourreau Shadar-Kai se décale Glissé ombreux • rencontre
Perception +2 de 6 cases et effectue 3 attaques de Chaîne Effet : l’esclave-archer se
Actions simples à crocs à n’importe quel moment durant décale jusqu’à 6 cases
m Bâton du patriarche (arme) • à volonté son mouvement. Il ne peut attaquer une Actions déclenchées
Attaque : +7 contre CA cible qu’une seule fois, mais il inflige Contrainte de l’esclave • à volonté
Réussite : 1d6 dégâts 1d6 dégâts nécrotiques supplémentaires Déclenchement : quand l’es-
R Rayon aveuglant • à volonté pour chaque attaque successive réussie. clave-archer est marqué
Attaque : distance 10; +7 contre Vigueur Invocation de Fils de l’Ombre • recharge 56 Effet (Réaction immédiate) :
Réussite : 2d6 dégâts et la cible est Effet : le bourreau Shadar-Kai invoque l’esclave-archer n’est plus marqué
aveuglée (sauvegarde annule) 1d2 Fils de l’Ombre qui apparais- For 15 (+3) • Dex 17 (+4) • Sag 14 (+3)
R Racines féeriques • recharge 5 6 sent à 10 cases ou moins de lui Con 13 (+2) • Int 3 (–3) • Cha 3 (–3)
Attaque : distance 10; +7 contre Volonté Actions de mouvement Alignement non aligné
Réussite : 3d6 dégâts ; la cible subit Marche dans l’ombre (téléportation) • rencontre Languages Commun
3d6 dégâts si elle se déplace durant Effet : le bourreau Shadar-Kai se télé- Equipment épée courte, arc long
son tour (sauvegarde annule) porte de 3 cases et devient immatériel
Actions mineures jusqu’au début de son prochain tour.
m Envoûtement (charme) • à volonté Compétences Acrobaties +14, Discrétion +14
Effet : Janin envoûte le plus proche For 17 (+6) • Dex 18 (+7) • Sag 14 (+5)
adversaire. Toutes les attaques qui Con 12 (+4) • Int 10 (+3) • Cha 11 (+3)
touchent cet adversaire infligent 1d6 Alignement non aligné
dégâts supplémentaires. Plusieurs adver- Langages Commun
saires peuvent être envoûtés à la fois. Équipement Chaîne à crocs, armure de cuir
Actions déclenchées
R Marionnettiste • à volonté
Déclenchement : quand un allié est

C A S U S B E L L I n°3 OCTOBRE 2010 49


é V è N E M E N T S

CALENDRIER DES
MANIFEStAtIoNS
Pour annoncer vos manifestations, conventions, salons et autres évènements du monde rôliste dans les pages
de Casus Belli, écrivez-nous à l’adresse suivante : manif@casus-belli.net
N’oubliez pas de nous préciser le lieu et la date de l’évènement, et laissez-nous un petit descriptif de ce qui
s’y passera ainsi qu’une adresse internet de contact. Nous nous ferons un plaisir de relayer l’information !

• tournoi du Lion d’or à • L’Appel de Cornouaille • L’Enfer du Jeu à d’animation et vente, plus de 200
Arras (62) à quimper (29) Colomiers (31) jeux en démonstration gratuite,
22 au 24 octobre 30 et 31 octobre 5 au 7 novembre des zones d’initiation gratuite
à tous les types de jeux et bien
Sur le thème « Bas les masques », In Nomine Ludis organise sa Au programme du week end : plus encore.
le Cénacle d’Arras organise première convention « L’appel de jeux de rôle, Magic, GN, jeux http://joutesdutemeraire.fr/
la quatrième édition de cette Cornouaille » à Quimper: tournois de plateau, jeux de figurines nancy/
convention dans les locaux de de « Magic l’assemblée », tables et wargames, soirée enquête
l’Office Culturel de la ville d’Ar- libres de jeux de rôle, initiations et diverses animations, salle • Festival du jeu de
ras. Au programme : jeux de rôle, à des jeux de plateaux, sur le Gascogne à Colomiers. Montpellier (34)
jeux de plateau, jeux de figu- thème « la cité engloutie ». http://enferdujeu.free.fr/ 7 novembre
rines, jeux de cartes, démonstra- http://www.innomineludis.fr/
tion de GN. • terminus Ludi Ce festival a pour vocation de
http://www.cenacle-arras.fr/ • Gare Aux Dragons à Rennes (35) faire découvrir ou redécouvrir le
conv2010/index.html à Bordeaux (33) 6 et 7 novembre jeu de société moderne à tous,
30 et 31 octobre petits et grands, simples curieux
• Nuit du Jeu Venez découvrir un programme ou intrigués et évidemment de
à tournon sur Rhône (07) Au Centre d’Animation du Grand riche à la Maison de Quartier réunir tous les passionnés du
23 et 24 octobre Parc à Bordeaux, retrouvez jeux Francisco Ferrer : des jeux de genre au cours d’une journée
de rôle, animations, murder party cartes traditionnels, des jeux de conviviale et hautement ludique.
Jeux de rôle, jeux de plateau et concours de scénarios sur le société, de stratégie, des jeux http://montpellier.festivaldu-
et jeux de cartes à la Maison thème « se mettre au vert ». sur-dimensionnés en bois, des jeu.fr/
pour Tous. http://www.dragonstresor- jeux sur table pour tout âge et
http://www.turris-fortissima.fr/ setcontes.org/ tout public, des jeux de figurines
avec leurs décors, des parties • Festival En Jeux à
• Week-end • D’rôle de Conv II à d’initiation au jeu de rôle, des Bruxelles (Belgique)
«Découvertes rolis- Wingersheim (67) costumes historiques et fantas- 26 au 28 novembre
tiques» à Caudrot (33) 30 octobre tiques pour découvrir les jeux de
23 et 24 octobre rôle « Grandeurs Natures », des Au programme du festival :
Sur le thème de la Boite de tournois de jeux de rôle et des débats (conférence avec les
Une rencontre ludique au Centre Pandore, venez participez à soirées-enquêtes (inscription professionnels du jeu), anima-
Culturel de Caudrot où chacun des jeux de rôle, des jeux de sur réservation), des contes et tions pour les 3-6 et les 6-12
pourra faire connaître ses créa- société et des jeux de figurines des tours de magie, un espace ans, braderie jeux, workshop
tions, partager ses goûts et à la Maison des Associations de ouvert de mini-conférences pour (des tables rondes théma-
découvrir de nouveaux jeux (jeux Wingersheim. découvrir ou présenter un jeu, tiques), une exposition (de Vinci
de rôle, jeux de plateau, jeux de http://www.droles-de-jeux.org/ des animations et des serveurs à Small World), une exposition
cartes, jeux de société, etc.). en costume… d’illustrations de jeux et un
• Les éveillés de http://www.terminusludi.fr/ concours destiné aux profes-
• La nuit D6 trouilles l’imaginaire sionnels du jeu, restauration et
à Gardanne (13) à Montivilliers (76) • Joutes du témé- bar sur place... Mais aussi la
30 octobre 30 et 31 octobre raire à Nancy (54) 5ème Fantastique.Convention
6 et 7 novembre des jeux avec des tournois et
Au programme de cette conven- L’association « Démons et une nocturne du jeu le samedi
tion sur le thème de l’horreur : Merveilles » vous propose le Au programme de ce festival : jusqu’à minuit (au moins).
jeux de rôle, jeux de plateau, samedi après midi : initiation aux tournois de jeux de rôle, tour- http://www.legobelin.net/
jeux de figurines, défilé de dégui- jeux de rôle, jeux de plateaux, nois officiels de jeux de société, blog/index.php/2010/10/04/542-
sement, tombola, vide grenier jeux de figurines. Puis du samedi tournois de jeux de figurines, la-5eme-fantastiqueconven-
ludique à la Maison du Peuple de soir jusqu’au lendemain, jeux de tournois régionaux et nationaux tion-des-jeux
Gardanne. rôle. de jeux de cartes à collectionner,
http://www.lgdj.org/nd6t/ rencontres avec des auteurs de
jeux et des éditeurs, des stands

50 C A S U S B E L L I n°3 OCTOBRE 2010


Aides de jeux |

52-53 : Créatures de Légende : les Mystes ( 2ème partie ) Il nous a fallu tabasser nos indics, écumer les rues
54-55 : Créatures de Légende : les Syllogomanes et lâcher des pots-de-vin, mais le boulot a payé.
56-57 : PJ Only : Tenir la distance Nous en savons maintenant bien plus. Vous allez
en apprendre vous aussi en feuilletant les extraits
58-59 : Aide pour Polars et Séries Noires : Faiblesses et Vices
de rapports qui suivent.
des héros du « noir »
De nouvelles données sur les Mystes, qui avaient
60-61 : MJ Only : Et une pression pour la douze, une ! déjà fait l’objet d’une enquête le mois dernier, un
62-64 : le Coin du Scénariste : Déstructurer son scénario topo sur les Syllogomanes, ces types louches qui
collectionnent tout, des infos pour savoir comment
se la jouer dur-à-cuire, tenir la distance, mettre la
pression et poser avec style ses vices et faiblesses…
Pour finir, passez par le coin du scénariste, il a
des trucs à vous dire sur la déconstruction des
scénarios.

C A S U S B E L L I n°3 OCTOBRE 2010 51


A I D E S D E J E U X : C R é A T U R E S D E L é G E N D E

Auteur & Illustrateur : Le Grümph

Le mois dernier, vous


avez pu découvrir les
héritiers des antiques
Mystères d’Eleusis,
une partie de leur
histoire, leur caractère
ambigu, leur rôle de
gardien des Portes des
Enfers dans chaque
cité, certains de leurs
ennemis et la part
qu’ils prennent dans le
monde contemporain.
Ce mois-ci, nous
vous proposons de les
découvrir plus avant à es Mystes peuvent être utilisés comme personnages au
centre d’une campagne ou comme figurants – qu’ils soient
travers leurs faiblesses, antagonistes ou alliés aux personnages des joueurs. Comme
ils existent depuis l’antiquité, ils peuvent aisément intervenir dans n’importe quel
leurs ennemis et une contexte historique occidental. Toutefois, c’est certainement dans les univers contem-
porains et fantastiques qu’ils se couleront le mieux. Voici quelques éléments supplémen-
partie de leur histoire. taires à utiliser pour les faire intervenir en le jeu.

52 C A S U S B E L L I n°3 OCTOBRE 2010


gende

La nuit et le jour alentours de l’an mil, il ne restait rien à conquérir. Les Mystes
Le pouvoir des Mânes ne se manifeste que la nuit. Souvenir connurent alors cinq siècles de relatif équilibre, qui faillirent
métaphorique de Perséphone condamnée à passer six mois par bien leur être fatals, à cause de la montée en puissance des ma-
an sous terre ou simple écho de leur passage dans les ténèbres giciens et des chrétiens.
éternelles, les Mânes ont acquis une faiblesse : elles ne suppor- C’est avec la conquête des Amériques et, dans une certaine
tent pas la lumière du soleil. Mais les Mystes ne sont pas des mesure, de l’Australie, que les Mystes connurent un nouvel es-
vampires et peuvent agir de jour : ils sont alors de simples mor- sor. Tant de nouveaux territoires vierges de cités et de villes que
tels. Que faire dans ces conditions ? Comment se protéger de ses les colons allaient défricher (sur le dos des autochtones). Les
ennemis ? Ceci explique en partie la nature discrète de ces ac- Mystes n’eurent pas un beau rôle dans cette histoire – prônant
teurs du monde occulte. Plus d’un gardien est tombé aux mains l’élimination des populations locales pour faire de la place aux
de ses ennemis quand l’esprit des Mânes sommeillait. nouvelles communautés venues d’Europe et passant régulière-
ment de la parole au geste.
Toutes les cités américaines – du minuscule village blotti au-
Les ennemis des Mystes tour d’un carrefour aux plus grandes agglomérations – possè-
Outre les Larves qui sont un antagoniste « naturel » farouche, les dent une porte des Enfers bien cachée. Des villes qui, comme
Mystes ont accumulé nombre d’ennemis à travers les âges. Dès Los Angeles, résultent de l’accumulation de multiples cultures
l’antiquité, les Mystes eurent à affronter une autre tradition éso- et communautés initialement éparses, possèdent des centaines
térique, celle de l’Hermès Trismégiste. Congruence de l’Hermès de Portes – et les Mystes qui leur sont attachés se regardent en
* c’est-à-dire grec et du Thot égyptien, dieux psychopompes* de la magie et chien de faïence.
passeurs de de l’écriture, l’Hermès Trismégiste représentait une toute autre De nombreux Mystes américains revenus en Europe au cours
l’âme des approche de la nature secrète de l’univers, une approche liée aux du 20e siècle ont trouvé les anciennes Portes des Enfers fermées
morts vers
sciences d’alors (alchimie, astronomie, magie des nombres) à ou détruites par les chrétiens. Certaines Portes n’existaient plus,
les Enfers
opposer aux mystères initiatiques d’éleusis. Quand les Mystes d’autres présentaient des altérations résultant de l’absence de ri-
parvenaient à l’immortalité par le culte des enfers, les magiciens tuels durant des siècles, d’autres encore avaient été annexées par
recherchaient le Grand Œuvre qui leur donnerait la vie éternelle des sociétés magiques proches de l’Hermès Trismégiste qui y
par la perfection. Autant dire que Mystes et magiciens ne se sont puisaient l’énergie nécessaire à leurs propres rituels.
jamais entendus et que les querelles philosophiques pouvaient
parfois dégénérer en conflits plus mortels.
Mais les plus grands ennemis des Mystes furent les chrétiens. Changement de patron
Après la fin de leurs persécutions, grâce à Constantin et l’ac- Aujourd’hui, le plus gros souci des Mystes est d’ordre cosmogo-
cession du christianisme au rang de religion officielle avec nique ou philosophique : ils ne savent plus précisément quelle
Théodose, les chrétiens entamèrent à leur tour un long cycle de est la nature des Mânes et des Larves. Le monde a connu des
persécution et d’élimination systématique de toutes les autres changements majeurs au cours des deux mille dernières années.
croyances – culte de Mithra, cultes romains, judaïsme, cou- Le plus important pour les Mystes, sans doute, fut l’essor de
rants divers désignés comme hérétiques par les vainqueurs des cette petite secte venue de Galilée qui finit par s’emparer de
joutes théosophiques, etc. Bien entendu, les Mystes furent des l’Empire Romain. Car, au-delà des persécutions, les chrétiens
proies de choix pour les chrétiens et ils furent pourchassés avec changèrent aussi la cosmogonie usuelle.
ténacité. Bon nombre de Portes des Enfers furent comblées, Les Enfers grecs et romains accueillaient toutes les âmes. Elles
les pierres sacrées furent brisées, les Mystes éliminés. Ceux-ci étaient jugées au carrefour et, selon leurs mérites, envoyées vers
durent apprendre à se cacher et à dissimuler Portes et rituels. le Tartare ou ailleurs. Mais les chrétiens ont changé la donne.
Heureusement, lorsque le système de persécution chrétien attei- Faut-il croire aux neufs cercles des enfers de Dante, avec un
gnit son apogée avec l’Inquisition, les Mystes n’étaient presque Lucifer trônant au centre et expiant le pire des crimes ? L’En-
plus que des légendes pour la plupart des gens. Leur survie fut fer chrétien a-t-il remplacé les Enfers antiques ? N’y a-t-il plus
tout de même difficile. À la moindre erreur, c’était le bûcher… que des diables et des pêcheurs de l’autre côté des Portes ? Les
Aujourd’hui, les fondamentalistes et les mouvements d’extrême- Mystes sont perturbés par ces questions auxquelles ils ne peu-
droite laissent toujours planer le danger au-dessus des Mystes vent répondre.
– quand ils trouvent un os à ronger, ils ne le lâchent plus et leurs Certains ont choisi de rester fidèles aux anciens cultes, mais
membres se croient investis d’une mission divine. d’autres, marqués par les persécutions chrétiennes, en sont ve-
nus à considérer Lucifer comme l’équivalent d’un Prométhée,
car il défia Dieu en donnant la connaissance aux hommes. Pour
La conquête de l’ouest eux, le Dieu du Livre est impitoyable et vengeur ; il guide les
L’histoire des Mystes a toujours accompagné l’extension de la hommes par la soumission et la punition. Ils considèrent le
civilisation occidentale – en fait, les Mystes n’existent pas (pas Christ comme l’envoyé de Lucifer, venu apporter un autre mes-
sous cette forme en tout cas) dans les autres cultures humaines. sage aux hommes, mais trahi et dévoyé par les serviteurs du Dieu
Les Mystes se développèrent avec l’expansion de la civilisation unique. Ces Mystes pratiquent désormais une sorte de culte
hellénique puis avec Rome et envoyèrent des représentants tout syncrétique, chrétien, luciférien et étrusque – et ils sont de plus
autour de la Méditerranée et par-delà mur d’Hadrien. Ils conti- en plus nombreux.
nuèrent à croître – plus secrètement – avec l’empire de Charle-
magne, de Neustrie au duché de Spolète et jusqu’en Saxe. Aux

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Auteur : Le Grümph
Illustrateur : Greg Guilhaumond

E
n 1947, c’est plus de cent trente tonnes de détritus di- La Syllogomanie est un trouble obses-
vers qui furent sortis de la maison des frères Collyer à sionnel compulsif (en anglais, on les
Harlem, NYC – des poussettes de bébé, des chariots appelle compulsive hoarders). Les ma-
de poupée, des bicyclettes rouillées, de la nourriture lades amassent un grand nombre d’ob-
avariée, une collection d’éplucheurs à patate, des fu- jets dans leur maison, jusqu’à causer des
sils, carabines et pistolets, des chandeliers en verre et inconforts majeurs à eux-mêmes, à leurs
en cristal, plusieurs boules de bowling, des appareils proches et à leurs voisins. Sans compter
photographiques, une capote de voiture, un cheval d’arçon, des mannequins de les dangers innombrables qu’ils occa-
couture, des portraits et des images, des photos pornographiques, des bustes de sionnent – incendie, infestation de ver-
plâtre, un immense tas de ressorts de sommier, des chaises pour bébé, un poêle à mine, rats et opossums, cafards et puces.
fioul, plus de vingt-cinq mille livres (sur la médecine, l’ingénierie ou le droit), des Durant des décennies, les Syllogomanes
organes humains dans des bocaux (le père des frères Collyer était médecin), le peuvent ainsi accumuler toutes sortes
châssis d’une vieille voiture, des tapisseries, des dizaines de tapis superposés, des d’objets, précieux parfois, parfaitement
centaines de mètres de coupons de tissus, des horloges partout, quatorze pianos communs et ordinaires le plus souvent,
(droits et à queue), un clavecin, des instruments à corde et à vent en quantité, en une multitude d’exemplaires inutiles.
des disques par centaines, d’innombrables paquets de magazines et de journaux Ce qui commence comme une aimable
remontant à plusieurs décennies, des boîtes et des boîtes de boutons, d’épingles, collectionnite vaguement excentrique
d’écrous, de vis, des chaises pliantes, des fauteuils, des machines à coudre, une évolue vers un véritable dérangement
presse à vin, des faisceaux de vieux parapluies attachés entre eux… psychologique.
Si ce cas étrange et extrême peut amuser ou interpeler – la propriété des Collyer
à New York était immense et s’élevait sur trois étages – il n’est pourtant pas isolé. À moins que les médecins et la société
Il s’agit même d’une affection mentale connue et étudiée. ne se trompent complètement…

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Capsules temporelles tout ce qu’ils peuvent trouver et piller. Ils sont missionnés pour
cela et, une fois atteint l’âge vénérable, ils disparaissent et leur
Ainsi que le savent les chamans et les sorciers, les affections Sambaqui avec eux.
mentales sont souvent la représentation physique d’un lien par-
ticulier entre l’individu et certaines manifestations surnaturelles Collections et collectionneurs
que le commun ne perçoit pas*. Le plus étrange sans doute, c’est que certains Syllogomanes –
Les Syllogomanes n’échappent pas à la règle. Pour quelques cas plus sensibles peut-être à l’influence de l’entité mystérieuse qui
connus (par la famille ou les journaux), il existe des milliers d’in- les unit – savent toujours précisément ce qu’il y a dans leur in-
dividus dans le monde dont personne n’entend jamais parler. Ils descriptible foutoir. À chaque fois qu’ils ajoutent un objet ou
finissent simplement, une fois leur tâche accomplie, par glisser qu’ils en perdent un, ils en ont une conscience aigüe. Pire, il
hors du temps et par disparaître. arrive qu’ils sachent parfaitement où s’arrête leur collection et
Une tâche ? Effectivement. où commencent celles de leurs semblables. Comme ce sont des
Les Syllogomanes partagent une compulsion commune qui leur amasseurs avides, ils répugnent à laisser partir des fragments de
fut insufflée – sur quels critères, nul ne le sait – par une entité leurs trésors, mais c’est là pourtant que se nichent l’objet unique,
aussi vieille que le monde. Son nom nous est inconnu. Peut-être l’indice essentiel, l’idée géniale après lesquels courent les per-
est-elle signalée dans quelques livres anciens ; peut-être appa- sonnages : un article d’un journal dont les archives ont brûlé, un
raît-elle dans des légendes préhistoriques remontées à nous par exemplaire d’une publicité ancienne dont les tracts se retrou-
l’antiquité ; ou simplement est-elle à l’origine de nos comporte- vent sur plusieurs scènes de crime, des archives photographiques
ments accumulateurs, d’hommes capables de construire greniers d’une fête communale oubliée, le tire-bouchon promotionnel
et réserves. Elle se cache peut-être derrière nos mères nourri- d’un mois de janvier précis que demande le démon du savoir en
cières, nos dieux des moissons, du commerce et de la richesse. échange de ses conseils… Un Syllogomane peut être l’équivalent
La tâche des Syllogomanes est de construire des Sambaqui. de votre fixer préféré, de votre indic habituel, lorsque vous menez
Nous utilisons ce mot, faute d’un terme sans doute plus précis – une enquête un peu complexe, aux ramifications étonnantes. Bien
mais tous les mystères liés à ces êtres hors du commun ne nous sûr, il faudra braver l’odeur, les insectes, le chaos et la paranoïa de
furent pas révélés. Un Sambaqui désigne, dans le langage des celui-ci pour parvenir à mettre la main sur la preuve cruciale que
archéologues, des décharges humaines fossilisées : les os et les vous cherchez. Mais le jeu en vaut la chandelle.
coquillages entassés là par des générations d’hommes, en même
temps que tesselles et éclats, tissus et ordures, se désagrègent et Cosmique troupier
leur calcium fossilise et conserve à jamais tout ce à quoi ils sont L’entité elle-même et les savoirs qu’elle protège sont à même
mêlés. Ce sont des trésors extraordinaires pour les explorateurs d’intéresser n’importe quel aventurier de l’étrange. Qui ne don-
des temps passés**. nerait pas sa main droite pour accéder à l’un des Sambaqui ainsi
Les Sambaqui des Syllogomanes sont d’une espèce un peu dif- retiré de la trame du temps ? Quel archéologue, obnubilé par
férente. Lorsqu’un Syllogomane arrive au terme de sa vie – et à une idée étrange, une découverte insolite ou une intuition dé-
condition que personne n’ait interféré dans le processus – son mente, ne voudrait pas trouver là les preuves qui lui donneraient
bric-à-brac extraordinaire disparaît soudainement. Il devient le prix Smith-Wintemberg ou le prix Martorell ?
une sorte de capsule temporelle, un morceau d’histoire de la Vous pouvez en faire l’objet d’une quête ésotérique pour Trini-
terre et des hommes préservé à jamais par une gangue surna- tés ou Nephilim, une étape obligatoire sur les chemins du Gol-
turelle. C’est ainsi sans doute que l’entité antédiluvienne, cos- conda, une épopée pulp complète où Nazi, archéologues fous et
mique qui sait, fait collection de collections. aventuriers intrépides se tirent la bourre d’un bout à l’autre de
la terre…
En jeu Vous pouvez aussi penser qu’un scientifique du quatrième millé-
naire pourrait apprendre à tordre le continuum pour les déceler
Les Syllogomanes sont des créatures de légende qui peuvent in- et y accéder. Dans ce cas, l’entité serait-elle, non pas un Grand
tervenir de nombreuses manières selon les univers et les époques. Ancien (ou un protecteur de la Terre), mais le dernier représen-
tant d’une race de Précurseurs ?
Dragons psychotiques Dans tous les cas, quels incroyables Graals ces Sambaqui ren-
Les dragons sont connus pour amasser des quantités incroyables ferment-ils ?
de trésors et d’objets magiques, des collections numismatiques
étendues et tout un fatras d’œuvres d’art assez extraordinaires. *Note : vous l’avez certainement remarqué, ceci est un magazine de
C’est même pour cela qu’on les chasse et qu’on tente de les cam- jeu de rôle. Tout comme la magie ne marche pas vraiment, les propos
brioler. Ce que l’on passe souvent sous silence, c’est l’incroyable que nous tenons ici sont assez généralement, de l’ordre de l’extrapola-
quantité d’objets sans intérêt, de trucs cassés, abîmés, rouillés, tion imaginaire. Ou pas.
qui s’empilent dans tous les recoins de leurs cavernes et de leurs **Le terme s’applique aussi aux nids de certains rongeurs nord-amé-
antres. S’il fallait réellement que les aventuriers fouillent ces ricains. À cause de la méthode de construction (un amoncellement
monceaux de bidules et trient boutons de culotte et pièces de d’objets naturels ou artificiels conservés par de l’urine), ces nids per-
cuivre, les expéditions sous la montagne prendraient vite l’allure durent à travers les âges – certains ont plus de quarante mille ans
de visite chez une vieille tante acariâtre qui pique – une obliga- d’ancienneté. Ils remplacent aujourd’hui l’étude des pollens pour ex-
tion, jamais un plaisir. Mais les choses ont une raison d’être et plorer le temps et les climats. Est-ce que ces espèces de rats sont aussi
ce n’est pas par simple confort que les dragons entassent ainsi concernées par l’entité des Syllogomanes ?

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A I D E S D E J E U X : P J O N L Y

Tenir la
distance
Auteur : Stéphane Gallot
Illustrateur : Didier Guiserix

Si vous souhaitez vous lancer dans le noir, il vous faudra un personnage à l’épreuve
de la ville, capable de supporter les coups du sort et de relever la tête quand les ennuis
commenceront à pleuvoir. Pour résumer, il vous faudra un dur-à-cuire. Le travail est dans
ce cas un peu particulier.

V
otre premier impératif : tenir la dis- était beau, grand, fort, etc. Et vous avez tous pratiqué au moins
tance. Vous avez tous en mémoire ces une fois un système sans caractéristique marquant la beauté
héros abîmés, traînant leurs carcasses en physique. Passé l’instant de présentation des personnages (il est
dépit des blessures, du moral en berne, comme ci, comme ça…), avez-vous vraiment ressenti une im-
avançant toujours, portés par une force portante différence ? Non. Et une caractéristique doit être signi-
inexorable alors que l’univers semble fiante en jeu. Donc à moins d’être sublimement attirant - ce que
s’acharner contre eux, ces gars qui re- vous marquerez en vous attribuant un score excellent - autant
fusent de quitter le ring avant le dernier round, ces gars pour être quelconque, ou moche.
qui le combat n’est pas terminé tant qu’ils peuvent se relever.
Voilà votre modèle. Et il connaît d’infinies variations : détective, Durant les parties, cela permettra de distinguer clairement les
dandy, journaliste, boxeur, flic, musicien… tout est possible, différents profils autour de votre table. Certains PJ seront harce-
même des mélanges. L’important, c’est que ce soit un dur ! lés par le sexe opposé pour leur physique, il leur faudra en pro-
fiter pour obtenir renseignements, faveurs et plaisirs ; d’autres
Vous voulez traduire ça en termes de jeu ? Rien de plus simple. seront quelconques et devront se résoudre à passer inaperçus ou
Pour mettre sur pied un gars qui ne renonce pas dans le cadre de à avoir du talent pour se faire remarquer, deux situations dont
vos propres aventures, commencez par booster au maximum la les joueurs devraient tirer parti en roleplay ou simplement pour
Volonté ou la Constitution (ou tout autre équivalent dans le sys- faire avancer les intrigues (passer inaperçu n’étant pas un avan-
tème que vous pratiquez). C’est ainsi que vous donnerez à votre tage inintéressant) ; enfin, les personnages hideux pourront le
alter ego le moyen de résister aux terribles affronts que votre justifier par leur historique s’ils le souhaitent (balafre, malforma-
cruel MJ ne manquera pas de vous faire. Toutefois, ne montez tion, brûlure, etc.) mais auront surtout intérêt à en user pour in-
que l’une des deux parce qu’un dur-à-cuire doit avoir quelques timider leur prochain ou au contraire attirer la compassion voire
faiblesses. Après tout, l’objectif est de faire un personnage qui se la pitié. Varier la formule vous donnera finalement accès à une
relève toujours, pas un bonhomme qui ne tombe jamais (ça, c’est plus grande marge d’interactions qu’avec l’habituel ensemble
un paladin, pas un dur-à-cuire). Ensuite, ce sera à vous de négo- de PJ allant de sublime à beau-moyen-plus-parce-qu’il-restait-
cier auprès de votre MJ pour que votre perso se relève malgré sa plus-assez-de-points.
jambe pétée au nom de sa Volonté, continue à protéger ses potes
après deux heures de torture au nom de sa Constit’, etc. En résumant vos affaires à « excellent », « moyen » et « mauvais »,
Bref, une fois ces points placés en Constit’ ou en Volonté, ré- non seulement vous saurez comment employer votre PJ en
partissez les autres selon le type de personnage que vous vou- toutes circonstances et comment le « typer », mais surtout, si
drez incarner. À ce stade, un truc important : évitez à tout prix vous voulez vous voir attribuer un surnom en quelques séances,
l’équilibre, la polyvalence. Pour chaque caractéristique ou com- qu’il soit « classieux » ou juste « funky », rien de mieux qu’une
pétence, vous devrez faire en sorte que votre perso soit excel- réussite critique ou un joli fumble lors d’un moment dramatique
lent, juste dans la moyenne ou mauvais en insistant autant que de l’aventure. Enfin, des scores élevés devraient vous garantir
possible sur les scores excellents et mauvais pour atteindre des une petite réputation dans votre domaine autour de votre table
sommets. Vos aptitudes et votre savoir-faire doivent vous sin- et dans votre milieu au sein du jeu. De quoi susciter des intrigues
gulariser, vous distinguer justement du quidam. Un personnage secondaires, une petite vie un poil originale entre les scénarios et
déséquilibré, c’est la matière dont on fait les vrais (anti)héros. Et un argument pour avoir un cercle vers lequel se tourner quand
puis, signalons-le, c’est quand même fun à incarner. tout se met à flamber.
Vous voulez un exemple ? Prenons l’apparence (ou le Charisme, Vos points sont répartis, attaquez à présent l’historique et là
la Beauté…). Vous avez tous déjà eu une table où tout le monde encore, pas de demi-mesure. Faites dans l’intense et frappez fort.

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Les bonheurs comme les malheurs devront être grands, impor- syndrome du martyr qui veut raconter ce qu’il a vécu. De partie
tants et une part du vécu de votre personnage devra être encore en partie, laissez filtrer de rares éléments et faites-le en agissant
prégnante dans sa vie actuelle. Dans le noir, le poids du passé est plutôt qu’en discutant.
un thème récurrent, exploitez-le. Un exemple : « Joe le Casseur » n’est pas un mauvais bougre et
autour de la table, tout le monde se demande comment un type
Une astuce : plutôt que de faire un historique détaillé sous la de 60 kg a pu obtenir un tel surnom. Après tout, il est calme,
forme d’un récit, concentrez-vous sur les pivots qui ont fait gentil, pondéré. Mais Joe a des petits problèmes de contrôle et il
basculer la vie de votre personnage, qui l’ont fait tel qu’il est. en a bavé quand il était plus jeune à cause d’un père autoritaire
Commencez par déterminer l’ambiance familiale de votre per- et violent. Jusque-là, il n’a rien dit à ce propos et il n’en parlera
sonnage, puis créez un souvenir important qu’il garde de son pas mais le MJ placera tôt ou tard une situation mettant en scène
enfance, un autre pour son adolescence et un dernier pour sa vie certains souvenirs douloureux de Joe et là, à ce moment précis,
d’adulte. Chacun de ces souvenirs devra avoir une importance Joe ne se mettra pas à pleurer en déballant son histoire aux autres
particulière pour lui ou être l’instant d’un caprice du destin ou PJ. Non. Joe va péter une durite et leur fera comprendre en deux
d’un choix aux conséquences lourdes (qu’il soit fait ou non par temps trois mouvements d’où lui est venu son surnom. La scène
votre alter ego). Vous avez quatre éléments à inventer, voilà la achevée (et le mauvais père aussi, peut-être), cette partie de l’his-
tâche bellement réduite, et sans que la psychologie de votre dur- torique de Joe sera inscrite au fer rouge dans l’esprit des autres
à-cuire n’ait à en souffrir. Un dernier conseil en passant : les joueurs, plus qu’une anecdote glissée le premier jour avant le
vies trop sombres attirent la pitié plus que la sympathie et vous premier scénar’.

souhaitez faire un dur, pas un martyr… Veillez donc toujours à En résumé, un personnage qui agit soudainement et sans préve-
donner au moins un bon souvenir à vos persos, un truc auquel nir dans une situation particulière donnera beaucoup plus de sa-
ils pourront se raccrocher pour ne pas complètement s’effondrer. veur et d’impact à son passif qu’un bon gars qui s’épanche après
Vous venez de brosser votre perso et vous n’y êtes pas allé avec la deuxième bière. Pour faire vivre vos stigmates, attendez le
le dos de la cuillère ? Parfait. Maintenant, en partie, préparez- moment propice. Votre bon MJ connaît votre historique et saura
vous à faire l’inverse. Autour de la table, il vous faudra veiller à vous donner l’occasion de briller (si toutefois ce bon Monsieur
interpréter les choses de manière subtile. évidemment, sorti de suit bien les conseils de Brand dans les pages MJ Only).
la création de son perso, on veut en mettre plein la vue aux autres Enfin, les clichés - employés à bon escient - sont une valeur sure
et dévoiler le plus vite possible ce qui rend son PJ aussi classe ! pour poser une ambiance. Ne négligez pas les faiblesses et vices
Ne le faites pas. Conservez une aura de mystère et attendez les typiques du genre qui donneront un charme supplémentaire à
temps de crise pour révéler les forces qui vous habitent, qu’elles votre personnage et l’ancreront dans une certaine tradition des
soient positives ou négatives. Jouez en finesse et/ou alternez des héros du « noir ». À cette fin, je vous laisse plonger dans l’article
périodes de calme et de craquage. Une nouvelle fois, évitez le suivant : « Faiblesses et vices des héros du noir » par Pierre Nuss.

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À l’inverse des logiques habituelles de développement,


la finalité d’un personnage « noir » est sa lente auto-
• Sortir des ornières destruction. Que cela passe par son comportement so-
Rebondissons sur l’aide de jeu du cial, les conséquences de choix désastreux ou les fi-
dernier numéro (« les désavantages ») : lets d’une femme fatale, attendez-vous à être secoués.
il en faudra pour créer un véritable
personnage « noir ». En effet, un tel Aussi, pour mieux diriger votre roleplay, pourquoi ne
protagoniste a souvent été peu gâté pas décider vous-mêmes de votre chute future ? Voilà
par la vie, ou se sent (parfois à tort) tel
un misérable anonyme dans une so- quelques points à approfondir avec votre MJ pour mau-
ciété qui l’engloutit. Les tares les plus gréer comme VOUS l’entendez sur ce monde de merde.
communes du « genre noir » sont l’al-
coolisme désabusé, la peur de l’autre, la mégalomanie et la ten- action quel que soit le temps écoulé. Un homme qui a tué sera
dance à la dépression. Allons plus loin et tournons-nous vers ce considéré comme un tueur et, même après avoir purgé sa peine,
qui fait la majorité des protagonistes du genre, le passé criminel. le restera jusqu’à sa mort. C’est parce qu’il traîne ces lourdes
Le PJ peut avoir commis des crimes atroces par le passé, ne pas casseroles à vie que l’atmosphère autour d’un personnage de-
avoir été attrapé par les forces de l’ordre ou s’en être repenti. meure lourde et fortement palpable. La principale motivation
Pour le bien-être du MJ, ne le faites pas commencer en cavale. Il de ce type de personnage est le retour à une vie « normale »,
est beaucoup plus intéressant de garder la marque d’une exaction vue avec nostalgie et bien souvent idéalisée. Peut-être est-ce cet
révolue que de la vivre en direct, ce qui détournerait l’attention impossible retour qui va le pousser vers l’aventure ? Par exemple,
de l’aventure prévue. dans « Les Amants de la nuit » de Nicholas Ray (1949), le héros
Aux yeux de la société, le personnage sera caractérisé par cette trouve l’amour en préparant un cambriolage de banque. Une fois

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le coup accompli, il fuit avec sa dulcinée, ses anciens comparses conditionnelle... Un ancien complice est en prison, il a besoin
à leurs trousses. d’acheter sa protection. Le personnage va-t-il ne rien donner,
risquant de le laisser mourir ? Un accident est si vite arrivé : les
Certains personnages sont acculés, au pied du mur (comme dans anciens complices iront-ils jusqu’à menacer les enfants du per-
« She Hate Me », de Spike Lee). Isolés, sans aucune vision du fu- sonnage si leur père ne les aide pas sur ce mauvais coup juteux ?
tur, ils se noient dans l’anonymat, rongés par la nécessité et n’hé- Finalement, quel père/mari/fils bienveillant prendra le risque de
siteront pas à tout tenter pour s’en sortir. Les vraies dernières retrouver sa famille dans un sac poubelle ? Soignez vos compa-
chances sont rarement légales. Dans le noir, un petit employé gnons d’infortune, et transformez-les en excuses pour justifier
de banque projetant de voler son employeur n’est pas inhabituel. vos actes.

D’autres personnages peuvent ne pas encore être sortis des rails La femme fatale : le personnage la connait ou va la rencontrer.
de la société, mais désirer pourtant les quitter, par lassitude, dé- Elle n’est pas forcément fatale par sa beauté implacable, mais
goût ou volonté de nuire. Aspirant à une marginalité salvatrice, dans son essence-même. C’est elle qui mènera inexorablement
constamment sur le fil du rasoir, ils luttent avec les convenances le héros à sa perte, qui le confrontera à des choix le dépassant.
sociales qu’ils aimeraient briser. Cela peut être le cas d’un comp- Elle peut présenter de nombreux visages : être une femme douce
table, fétichiste morbide, qui passera à l’acte ce soir dans sa cave, désirant tirer un criminel de son milieu, ou au contraire une
prenant pour victime sa voisine de palier. Cela pourrait arriver femme baignant dans le crime et y attirant ses proies. Peu im-
dans votre immeuble. porte la façon ou les moyens, par amour (pas forcément partagé),
le personnage perdra beaucoup. Ne laissez pas le MJ la choisir,
• Le jeu intérieur mais décrivez-lui celle qui caractérisera au mieux l’émotion que
vous souhaitez développer pour votre personnage. Soumission ?
Dans le « genre noir », le personnage est constamment confronté Flamme inconditionnelle ? Manipulation ?
à des choix pouvant profondément influencer sa vie. Vous pou- Si vous avez à en jouer une, gardez à l’esprit qu’elle ne doit don-
vez donc vous attendre à être confronté à des choix cornéliens, ner que l’espoir d’une relation, sans jamais se livrer entièrement.
mieux encore, prenez les devants et choisissez-les avec votre MJ ! Le doute et le non-dit sont ses armes, la manipulation est sa
Ces choix se font souvent entre le Bien et le Mal, mais ils sont raison d’être.
plus intéressants lorsque seules deux mauvaises options se pré- Les exemples les plus canoniques sont Phyllis Dietrichson
sentent. Le choix du moindre mal est en lui-même une accep- dans « Assurance sur la mort » (elle fait signer une assurance-vie
tation du mal et pousse la personne au vice. Même si ces choix à son mari puis organise son meurtre avec l’aide de l’assureur)
vous paraissent mineurs au départ, un simple détail peut tout de Wylder (1944) ou encore Elsa ‘Rosalie’ Bannister dans
faire basculer. Le personnage en aura vite conscience et doutera « La Dame de Shanghai » de Welles (1947).
ensuite de façon constante. Retournez le problème pour des PJ féminins : pour elles aussi, il
Généralement désabusé, le héros du « noir » subit la structure existe des hommes fatals (James Bond de Ian Fleming, Heath-
tragique de la narration : quoiqu’il fasse, il ne pourra pas gagner cliff dans « Les Hauts de Hurlevent », ou le Dracula de Bram
ou seulement au prix de grands sacrifices et en a une conscience Stoker).
aigüe. Le personnage subira une perte, peu importe laquelle,
mais comme ses actions sont motivées par des choix désespérés, • Jeu avec l’environnement
il faudra qu’il paie le prix fort pour continuer un peu à (sur)vivre.
Dans « Les Amants de la nuit », un ancien complice du héros
• Le jeu extérieur veut lui faire reprendre du service à ses côtés. Devant le sapin
de Noël, seul avec le héros, l’ancien complice va jouer avec une
Nous avons vu que le personnage est brisé en son for intérieur. boule du sapin jusqu’à ce qu’elle casse, menaçant ainsi métapho-
Dans certains cas toutefois, il est guéri ou s’imagine l’être. riquement son vis-à-vis d’une hypothétique vengeance contre sa
Cependant, son entourage ne croit jamais à la guérison ou au famille, le sapin étant ici le symbole de l’unité familiale.
pardon, et réactive continuellement le passé. L’entourage craint Trouvez des symboles du même genre qui pourraient vraiment
la rechute du personnage et le stigmatise, ce qui le poussera effrayer les PNJ que vous rencontrerez dans vos parties. La me-
à terme à la récidive. L’environnement global (amis, famille, nace doit être latente, inéluctable. Dans le « genre noir », le héros
forces de l’ordre, gouvernement) continue de ne voir que ses subit mais rejette parfois la pression sur les autres (la secrétaire,
fautes, sans forme de pardon possible. Le personnage doit se le clochard, le gamin qui passe et qui prend une tarte).
rebeller face à cela. Ses compagnons en profitent et le poussent Comme dans toute évolution de personnage, l’environnement
à replonger. doit à terme ressentir le glissement du personnage vers la vio-
lence. étudiez les habitudes de votre personnage et modifiez-les
Un bon PJ « noir » passe par la création de au fur et à mesure. écolo convaincu, il se tournera peu à peu vers
seconds rôles orientant son jeu. Parlez-en à votre de grosses cylindrées. D’ordinaire timide, il se mettra en avant et
MJ pour trouver vos propres leviers extérieurs. marchera sur les autres. Croyant converti, il mettra en doute ses
convictions avant de devenir un mécréant sans foi ni loi.
• Les compagnons d’infortune : on garde toujours des relations, C’est l’environnement et la vision par l’autre qui caractérisent
même quand elles sont mauvaises. Les anciens complices restent le mieux un personnage « noir ». Donnez donc aux autres les
parfois présents et tentent le personnage pour qu’il replonge. moyens de faire parler de vous.
Un coup facile, sans problème ? Être vu pourrait coûter une Pierre Nuss

C A S U S B E L L I n°3 OCTOBRE 2010 59


A I D E S D E J E U X : M J O N L Y

Auteur : Jérôme Larré


Illustrateur : Didier Guiserix

Et une pression pour la 12,


UNE !
Les différents articles de ce numéro donnent de nombreux éléments pour jouer du Noir. Il
reste toutefois un point essentiel, qui dépasse de loin les limites du genre : mettre la pression
aux joueurs. Car que ce soit dans les allées de Brooklyn, du Metroplexe, ou d’une cité
médiévale, vos PJ seront seuls face à la ville et ne pourront se fier à personne…

Sur la brèche Évitez-leur les conflits triviaux : Les sbires anonymes qui meu-
rent par paquets entiers sont utiles dans un registre pulp, mais

C
ertains genres se caractérisent par une contre-productifs pour instaurer un climat oppressant. À part
ambiance oppressante où les person- une éventuelle menace cachée, chaque opposant doit être iden-
nages sont confrontés à une adver- tifiable, râler, grogner, saigner, jurer, être là pour une raison, faire
sité omniprésente. Non seulement leur avancer l’histoire, et donner l’impression de pouvoir, sinon les
tâche n’est pas aisée mais tout semble se tuer, au moins sérieusement les handicaper.
liguer contre eux et pouvoir basculer à Confrontez-les à des choses en apparence impossible : monstre
tout moment. Ils ne peuvent plus faire immunisé aux armes non-magiques, criminel dont ils ne pour-
confiance à personne, et la question n’est pas de savoir s’ils vont ront jamais prouver la culpabilité, ennemi supérieur en nombre,
être capables d’éviter les ennuis, mais de rester debout (ou de etc. L’objectif n’est pas de les décourager, mais de les forcer à
se relever) une fois qu’ils y seront confrontés. Ils ne pourront battre en retraite et à aborder le problème différemment. Ils ne
pas se permettre de perdre le fil des aventures de leurs person- peuvent pas faire tomber la mafia ou les ripoux du NYPD, mais
nages. Toute erreur, tout moment de déconcentration se paye peuvent les menacer (la presse sera avertie s’il leur arrive quelque
comptant. Sur ce type de partie, c’est la pression qui va favoriser chose) et négocier une trêve.
l’implication et l’immersion des joueurs – et leur permettre de Ne mordez qu’à la gorge : les joueurs savent que les points de vie
l’apprécier davantage sont là pour être perdus et qu’il n’y a pas à s’inquiéter. C’est la
Ce type d’ambiance est très loin d’être l’apanage d’un genre « monnaie » avec laquelle ils achètent leur progression et payent
unique, ou de ses formes les plus classiques incarnées par des leurs différents choix. Attaquez-vous plutôt à ce qui leur coûte
jeux comme Cthulhu, Hellywood ou Cyberpunk. Il s’agit d’un vraiment, ce à quoi ils tiennent et qu’ils ne pourront pas récupérer
traitement et d’un ton, donc d’une façon de mener, mais, comme aussi facilement : niveaux, équipement, relations, réputation, etc.
souvent, le maître mot est d’éviter la surenchère et de n’utiliser Pas de répit : même inconsciemment, il y a certains lieux que les
ces ficelles que si elles accroissent le plaisir des joueurs pendant joueurs considèrent comme de véritables sanctuaires : chez eux,
la partie. Il existe trois façons principales d’instaurer ainsi de l’Elyseum, la Batcave, le QG, etc. Dynamitez-les. Faites débar-
l’intensité par la pression, notamment en ciblant le joueur plus quer la police ou les méchants et montrez leur qu’ils ne sont en
que le personnage : la difficulté, la méfiance et le suspense. sécurité nulle part. Même le repos doit se conquérir.
un échec est aussi intéressant qu’une réussite : ne diminuez
Rendez-leur la vie difficile ! pas les échecs. Tant que vous ne ridiculisez pas les personnages
et que l’action peut raisonnablement échouer, mettez-les en
Le moyen le plus intuitif pour augmenter la pression est de jouer scène et relancez l’histoire. Luke Skywalker n’aurait jamais su
sur la difficulté de ce que vous présentez à vos joueurs. Ironi- que Dark Vador était son père s’il avait réussi son jet de discré-
quement, à part dans les jeux à niveaux où elle est intrinsèque, tion. De même, n’hésitez pas à mettre en scène des victoires en
cette notion pourtant universelle est rarement mise en avant. demi-teinte, temporaires ou qui ont exigé un tel sacrifice qu’elles
Proposez des challenges trop ardus et ils se décourageront ou en semblent dérisoires.
seront frustrés, trop faciles et ils s’ennuieront. Entre les deux, Abusez leurs sens : les sens d’un personnage correspondent gé-
il vous appartient de jongler entre les défis réellement tendus, néralement à ce que le meneur décrit. Commencez à changer vos
qu’ils seront fiers d’avoir remportés et dont ils se souviendront, descriptions en fonction de son état de santé ou d’esprit, voire don-
et les moments de récupération, nécessaires pour mettre en va- nez clairement deux versions différentes d’une même scène à deux
leur les premiers. joueurs différents. Ils monteront instantanément en pression.

60 C A S U S B E L L I n°3 OCTOBRE 2010


A I D E S D E J E U X : M J O N L Y

Forcez-les à faire des choix : mettez-les face à leurs valeurs et Il suffit qu’un des joueurs ait la possibilité matérielle de com-
leurs contradictions. Forcez-les à se salir les mains. Il y a long- muniquer avec vous à l’insu des autres pour faire naître le doute.
temps qu’un combat ordinaire ne fait plus frémir personne. Par Pariez sur le mauvais cheval : il y a toujours un joueur plus
contre pour de nombreux joueurs, faire un choix difficile avec propice à une morale élastique ou aux petites gaffes qui mettront
des enjeux élevés est une situation beaucoup plus tendue. Sur- les autres dans l’embarras. Mettez-le en situation de faire des
tout si ce choix oppose, par exemple, les convictions et les in- erreurs, faites qu’il s’en tire sans encombre et arrangez-vous pour
térêts du personnage, ou ceux du groupe. C’est une chose de que les autres puissent se poser des questions sur ses intentions.
tenter le paladin avec toujours plus de pouvoir, mais c’est autre- La confiance devrait rapidement s’éroder.
ment plus intéressant de l’amener à la déchéance justement pour Accentuez les déséquilibres : si vous voulez que deux COPS
poursuivre son idéal ou faire le bien. se déchirent, faites oublier ce qu’ils ont en commun pour attirer
Faites les assumer : une fois les décisions prises, encore faut-il leur attention sur ce qui les sépare. L’un peut jouer un playboy
en supporter les conséquences. Il doit toujours y avoir des effets de Venice, l’autre un père de famille de South Central. Pour cela,
visibles de leurs prises de position : sur eux, la façon dont ils sont rien ne vaut les cadeaux de votre part (information, pouvoir, sta-
perçus, leurs compagnons ou sur le monde. Montrez-leur qu’ils tut, équipement), surtout si ceux qui les reçoivent les méritent
ne vivent pas dans un univers en carton-pâte et que ce n’est pas moins que leurs compagnons...
parce qu’ils sont des héros que personne ne souffre de leurs actes. Donnez-leur des objectifs contradictoires et faites les choisir
entre leurs compagnons et eux-mêmes : le point le plus évident,
Divisez-les ! mais pas toujours le plus facile à utiliser avec subtilité. Faites en
sorte qu’ils aient à la fois besoin les uns des autres, mais que leurs
Dans l’esprit de nombreux joueurs, il n’existe qu’une seule chose objectifs restent antagonistes. Le mari et l’amant, surtout si l’un
sur laquelle ils peuvent compter de façon certaine : leurs cama- est un gangster et l’autre un flic, peuvent s’unir pour retrouver la
rades. Ils doivent certes endurer quelques railleries ou tentatives femme qui les lie, mais il est fort probable qu’aucun ne souhaite
laborieuses d’incarner des animosités raciales, mais savent que que l’autre arrive à ses fins.
si quoi que ce soit de sérieux arrive, ils seront là pour se serrer
les coudes. Un autre moyen particulièrement efficace d’instaurer Tenez-les en haleine !
un climat oppressant est justement de les obliger à se méfier les
uns des autres. Enfin, le dernier outil pour maintenir la pression, le suspense,
Donnez-leur une vraie raison d’être ensemble : cela peut sem- bénéficiera bientôt d’un MJ Only à lui tout seul. Il repose sur le
bler paradoxal, mais c’est pourtant le prérequis pour tout le reste. sentiment que le danger peut surgir à n’importe quel moment et
Si les personnages ne sont pas contraints de rester ensemble, que les phases de récupération n’en sont pas, ou peuvent ne pas
l’idée même d’avoir quelqu’un qui suit le groupe à contrecœur, en être. Comme dans le cas de la méfiance, l’essentiel est avant
et donc la suspicion, s’évanouit. tout d’instaurer le doute. Les joueurs se chargeront tous seuls
Séparez-les : pas besoin de longs apartés pour faire naître la d’imaginer le pire.
suspicion. Quelques signes, regards ou papiers échangés avec
une fausse discrétion, et les joueurs se méfieront naturellement.

C A S U S B E L L I n°3 OCTOBRE 2010 61


A I D E S D E J E U X : L E C O I N D U S C é N A R I S T E

Auteur : Tristan

Il n’est pas facile de surprendre ses joueurs. On cherche


souvent une idée qui pourrait les sortir de la routine du
scénario classique. Alors on crée un traître, on imagine
une intrigue tarabiscotée ou on change de registre le
temps d’une partie.
Comment ça, déstructurer ? Et, si, tout simplement, on les surprenait par la façon de
Ils sont habitués, nos chers PJ, à une écriture et une
mener le scénario ?
structure classique : une exposition qui installe l’in-
trigue, un développement qui déroule l’histoire et un dénoue-
ment avec la confrontation finale et la résolution, le tout dans 2) Développement :
l’ordre chronologique. Les étapes par lesquelles vos joueurs vont passer pour dénouer
Bien sûr, tout ceci n’est pas à jeter, bien au contraire ! Aucun cette intrigue, que ce soit dans un ordre chronologique ou pas.
scénario digne de ce nom ne peut s’écrire sans ces trois phases. Ex. : Prenons leurs enquêtes sur ces meurtres. Nous introduirons
Mais on pourrait déstructurer tout ça et aborder les choses d’une d’abord le premier meurtre dont ils ont eu la charge, mais qui
autre manière, les servir à nos joueurs d’une façon différente. s’avèrera être le deuxième de la série, puis le troisième, intervenu
Même la plus basique des intrigues prendra alors une saveur pendant leur enquête. Ensuite nous présenterons le premier
particulière. crime, une affaire prétendument résolue qui paraît maintenant
Bien sûr, cela vous demandera un peu de travail, mais n’est-ce sous un autre jour et qu’ils reprendront lorsqu’ils auront com-
pas tentant de créer une partie dont les joueurs se souviendront, pris qu’elle est liée à leur enquête. Enfin, certains éléments sur
juste grâce à la façon dont vous aurez choisi de la présenter ? cette dernière affaire leur seront apportés par un interrogatoire
du présumé meurtrier qui croupit en prison (en fait un complice,
Alors allons-y, bousculons les habitudes. mais pas le vrai coupable).

D’abord l’intrigue... 3) Conclusion :


La compréhension de l’intrigue.
La première chose à faire pour déstructurer son scénario est de Ex. : Ils ont un suspect, des preuves, le supérieur valide le tout et
l’envisager sous un autre angle. Ne pensez plus chronologique- ils vont arrêter le type.
ment !
Les seules choses auxquelles vous devez penser, à ce stade de
Il vous faut évidemment garder les trois phases classiques : ex- l’écriture, sont les éléments que vos joueurs auront à découvrir.
position, développement, dénouement. Mais plutôt que de les Pour la façon, la question ne se pose pas encore.
penser de la façon habituelle (début, milieu, et fin de l’histoire), Dans notre exemple, je n’évoque rien de la mise en scène du
pensez-les en termes d’intrigue : scénario : ce n’est pas le plus important. Ce qui compte, c’est de
construire non pas chronologiquement, mais dans l’ordre d’ac-
1) introduction : quisition des informations.
Vos personnages découvrent l’intrigue. Elle n’en est pas forcé-
ment à son début, mais c’est leur premier contact avec elle, don- ... puis la chronologie
nez-leur suffisamment d’informations pour qu’elle se mette en
place, que les PJ sachent ce qu’ils ont en face d’eux. C’est là que Maintenant que vous savez dans quel ordre les éléments de l’in-
vous choisissez le point de départ du scénario. trigue vont parvenir aux PJ, décidez du contexte, de l’enchaîne-
Ex. : Les PJ sont flics, et ils enquêtent sur une série de trois ment des scènes, de ce que vous voulez faire jouer. L’important
meurtres. Le point d’entrée sera une scène où ils vont voir leur est que les personnages aient les informations dans le bon ordre.
supérieur avec leur dossier et lui font un rapport pour qu’il ap- C’est là que votre idée de déstructuration prend toute sa valeur.
puie leur demande d’un mandat d’arrêt contre un suspect. Enchaînez les scènes qui n’ont rien à voir entre elles, mais gardez

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A I D E S D E J E U X : L E C O I N D U S C é N A R I S T E

un minimum de cohérence : vos joueurs doivent toujours avoir un angle nouveau. Utiliser les flashbacks n’importe quand, juste
suffisamment d’informations pour appréhender correctement ce pour « changer », n’est pas une bonne chose, sauf si ce ne sont
qu’ils sont en train de faire et pour pouvoir (ré)agir. que de courts éléments narratifs ou de simples informations
À ce stade, votre introduction doit être définie et vous devez déjà (mais là, on ne parle plus de déstructuration, il s’agit juste d’un
connaître le point de départ des PJ. moyen malin et sympathique de faire passer les éléments du scé-
Ex. : vous écrivez vos scènes, décrivez la découverte des crimes, nario).
les pistes suivies par les PJ, le tout entrecoupé de scènes « au pré-
sent » où ils exposent leurs théories à leur supérieur, se justifient, L’aMNéSiE ET LES SOuvENiRS
interrogent le complice qui est retenu dans le commissariat ou Vous avez là un outil très intéressant : la mémoire de vos joueurs.
en prison (ce qui fera aussi avancer l’enquête), etc. Après qu’ils aient été frappés amnésie, vous pouvez leur rendre
des bribes de souvenirs au rythme qui vous plaît, et dans l’ordre
Et une fin ! que vous souhaitez.

Pour la fin, je vous conseille de revenir au présent. Bien sûr, cela Vous pouvez respecter une certaine logique chronologique ou
pourrait être une scène passée, mais il sera tout de même pré- simplement distiller les souvenirs dans l’ordre (ou le désordre)
férable de placer la conclusion au « moment où les personnages qui vous semble approprié, en usant d’une logique purement
jouent ». narrative.
Les joueurs doivent avoir tous les éléments nécessaires à la Les recouvrements de mémoire n’ont besoin d’aucune autre
conclusion de l’histoire. Ils en savent assez pour tout com- logique que l’enchaînement de l’esprit : ainsi, une information
prendre, pour mettre fin aux agissements du méchant, pour ré- dont ils se souviennent peut les amener à une autre scène-sou-
cupérer la puce volée, pour s’échapper, etc. venir sans que cela paraisse absurde.
Ex. : une fois leur enquête exposée par les PJ, leur supérieur
donne son feu vert pour l’arrestation (les joueurs savent enfin,
comme leur hiérarchie, ce qui incrimine le suspect), et vous pou-
vez à présent leur faire jouer l’épilogue. La folie et les illusions
Outils de déstructuration Cet outil à première vue séduisant sera très difficile à manier.
Mais déconstruire le scénario en faisant jouer alternativement
des scènes réelles et des scènes fantasmées/illusoires vous
LE fLaShBaCk
permettra de mettre en scène l’intrigue d’une façon vraiment
Sans aucun doute l’outil le plus simple à utiliser, et le plus pratique. Le
unique.
flashback intervient comme ça dans l’histoire, sans s’annoncer et sans
Dans ce cas de figure, l’intrigue se construit de façon clas-
raison particulière. Il est purement narratif.
sique. Vous n’avez pas à vous préoccuper autant de la chrono-
logie des évènements.
Quelques petites choses à garder à l’esprit au moment de l’utiliser :
Il vous faudra prévoir une partie de l’intrigue d’un point de vue
• évitez les flashbacks trop lointains, afin que vos joueurs ne
« réaliste » et une autre d’un point de vue « métaphorique », ou
trouvent pas étrange d’avoir la même feuille de personnage, sur-
décalé de la réalité.
tout s’il y a de l’action.
C’est la perception que les personnages ont du scénario qui
• sachez les placer intelligemment, ne négligez pas le présent, et
est déconstruite, et cela offre une expérience de jeu plus que
revenez-y par moments, en laissant vos joueurs utiliser les infor-
grisante.
mations qu’ils ont acquises, le temps d’une scène.
Ex. : sous l’effet d’une malédiction, les personnages souffrent
• faites attention à ne pas en abuser, en proposant des tonnes
périodiquement d’illusions. Ils doivent donc mener leur aven-
de flashbacks dans le désordre à vos joueurs. Il faut garder de la
ture en alternant des périodes calmes et des périodes agitées
cohérence.
où leur perception de la réalité est altérée (ils se croient sou-
• afin de bien enchaîner les flashbacks, et ne pas perturber vos
dainement chevaliers au service du roi, en mission dans une
joueurs, respectez une certaine chronologie. Du plus ancien au
région maudite infestée par le chaos… et il n’en est rien).
plus récent, ou l’inverse, peu importe, mais si les flashbacks sont
Proposez à vos personnages de jouer à fond ces rôles pendant
nombreux, essayez de ne pas les mélanger.
leurs accès de délire.
Quelles que soient les hallucinations des PJ, les « méchants »
La déstructuration doit servir votre récit, l’enrichir, lui donner
sont bien des méchants, et l’intrigue reste valable. Elle est sim-
plement présentée différemment.
Quelques exemples
d’utilisation des flashbacks
• Jouer sur deux tableaux en alternant avec le présent et un unique flashback, les Brisez la linéarité
deux se développant/révélant parallèlement au fil de l’avancée des PJ.
• Intercalez entre chaque scène d’une affaire présente de courtes enquêtes La grande difficulté de ce type de scénario est de ne pas en faire
menées précédemment par les PJ et qui s’avèrent liées entre elles et à l’histoire un canevas trop rigide. En effet, vous serez contraint de baliser
en cours. le chemin afin que l’enchaînement des scènes paraisse logique et
• Lors d’une soirée chez l’ambassadeur, à chaque fois que vos joueurs mangent un que l’ensemble demeure cohérent.
rocher au chocolat, ils revivent un évènement de la semaine passée qui leur donne
un nouvel indice sur le coupable – lequel doit bien être à cette réception.
C A S U S B E L L I n°3 OCTOBRE 2010 63
A I D E S D E J E U X : L E C O I N D U S C é N A R I S T E

Aussi, n’hésitez pas à placer des éléments secondaires dans votre L’intermède n’a rien à voir avec l’histoire, mais il offre une pers-
scénario. Qu’ils soient liés à l’intrigue principale ou dépendent pective nouvelle sur l’ambassadeur.
d’une toute autre histoire, ne les rendez pas indispensables. Les personnages peuvent aussi ne jamais ouvrir ce coffre : le
Prévoyez à l’avance ce qui déclenchera ces scènes : un objet, une scénario n’en souffrira pas.
rencontre, etc. Quel que soit le moment du scénario où le dé-
clencheur se présente, faites jouer un flashback en rapport avec Pour le plaisir !
lui.
Vous obtiendrez des éléments réactifs aux actions des joueurs, Gardez à l’esprit que si vous utilisez ces méthodes, c’est avant
leur donnant l’impression (pas si fausse) que le scénario évolue tout pour le plaisir de faire jouer un scénario original. N’en faites
avec eux, et non malgré eux. pas quelque chose de fastidieux et de trop complexe : vous lasse-
Comme ces scènes seront facultatives, faites les plutôt courtes, riez vos chers joueurs, qui ne demandent qu’à s’amuser.
afin de ne pas déséquilibrer votre scénario dans le cas où les N’oubliez pas non plus que nous ne sommes pas au cinéma !
joueurs les déclencheraient toutes, ou n’en provoqueraient au- Ne proposez pas un scénario trop rigide où les joueurs n’ont rien
cune. d’autre à faire que subir l’histoire qui se déroule sous leurs yeux.

Ex. : si les personnages décident de braquer le coffre de l’ambas- Et enfin, rappelez-vous le plus important : tout ça, c’est pour le
sadeur, ils y trouveront des bijoux. Ils vivent alors un flashback : plaisir !!
une course poursuite en train de dégénérer dans les rues de la
ville. Ils sont intervenus, mais un des voleurs s’est enfui avec Un exemple de scénario déstructuré vous est proposé dans ce
son butin, à l’exception d’une broche qui est tombée de son sac. numéro. Rendez-vous p. 39 pour découvrir cette aide de jeu mise en
Une broche qui de toute évidence est assortie à une parure qui scène avec C.O.P.S.
se trouve dans ce coffre.

Quelques exemples de
scénarios déstructurés
De nombreux films utilisent la déstructuration du scénario. Certains en tirent même leur richesse !

L’exemple le plus parlant est Memento (Réal. : C. Nolan - Scen. : J. Nolan & C. Nolan - 2000).
Ici, la construction est parfaite : nous n’en savons jamais assez pour tout saisir avant la chute, mais jamais trop peu et pourtant nous accumulons les informations.
C’est une écriture idéale pour ce type de scénario.

Pour vous aventurer plus loin dans ce concept, jetez donc un œil sur ces autres films,
mis en valeur par la façon dont leur scénario a été structuré :

Pulp fiction (Réal. : Q. Tarantino - Scen. : Q. Tarantino & R. Avary - 1994)


The usual Suspects (Réal. : B. Singer - Scen. : C. McQuarrie - 1995)
Reservoir Dogs (Réal. : Q. Tarantino - Scen. : Q. Tarantino & R. Ava ry - 1992)
il était une fois en amérique (Réal : S. Leone - Scen. : H. Grey, L. Benvenuti, P. De Bernardi, E. Medioli, F. Arcali, F. Ferrini & S. Leone - 1984)

Dans un autre genre, avec un jeu sur la mémoire des personnages


(et bien que l’intrigue reste linéaire) :

Las vegas Parano (Réal. : T. Gilliam - Scen. : T. Gilliam, T. Grisoni, T. Davies & A. Cox - 1998)
very Bad Trip (Réal : T. Philipps - Scen. : J. Lucas & S. Moore - 2009)

Pour le parallèle entre réalité et illusions, deux chefs-d’œuvre de David Lynch :

Lost highway (Réal. : D. Lynch - Scen. : D. Lynch & B. Gifford - 1997)


Mulholland Drive (Réal. : D. Lynch - Scen. : D. Lynch - 2001)

Et enfin, parce que certains jeux vidéos peuvent aussi s’avérer très riches au niveau de la (dé)construction du scénario :

Silent hill : Shattered Memories (Edit. : Konami - Dev. : Climax - 2010)


Second Sight (Edit. : Codemasters - Dev. : Free Radical Design - 2004)
uncharted 2 : among Thieves (Edit. : Sony Computer Entertainment – Dev : Naughty Dog – 2009)

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C R I T I Q U E S

D.R.
D.R.
D.R.

Dead Like Me La Bible du Meneur de Jeu


Cyberpunk 3.0 Footbridge Editions
Production française sortie récemment à la surprise générale Comme son nom l’indique, La Bible du Meneur de Jeu (BMJ) est
- la gamme Cyberpunk 3.0 étant gelée - Dead Like Me est une un recueil de conseils et d’outils à destination des MJ désireux de
campagne en 5 volets destinée aux punks prêts à en découdre. se perfectionner ou de ceux qui souhaitent sauter le pas et passer
Proposant la découverte d’une nouvelle Alterculture et une de l’autre côté de l’écran.
cavalcade à travers tout NightCity et au-delà, Dead Like Me écrit avec la volonté affichée de former un ouvrage de réfé-
sera l’occasion de pousser vos PJ en leur mettant la pression du rence, le livre est organisé autour des cinq tâches principales qui
premier au dernier scénario. Commençant sur les chapeaux de attendent le MJ : le choix des différentes composantes du jeu, la
roues et promettant des pauses toujours repoussées et qui ne création de la campagne, celle du scénario, l’animation de la par-
viendront finalement jamais, la campagne a été prévue pour tie et le suivi d’une session sur l’autre. Pour chacune d’entre elles,
être haletante et pour garder les joueurs à bout de souffle, l’auteur présente un ensemble de techniques et des exercices
contraints à relever la tête et combattre pour mériter chaque ou des exemples permettant de voir concrètement ce qu’elles
courte bouffée d’oxygène. Clairement et dès les premiers apportent.
instants, chacun autour de la table saura qu’il s’agit ici d’une Point négatif, l’ouvrage, première parution du nouvel éditeur
question de vie ou de mort et que le choix se résume à avancer Footbridge, souffre indubitablement d’erreurs de jeunesse, dont
ou crever. une maquette peu agréable qui ne rend pas justice aux efforts
Forcément, l’ensemble est un peu dirigiste, mais les séquences didactiques du texte.
s’enchaînent naturellement et le rythme enlevé des scénarios Au point de vue du fond en revanche, le recueil fait ce qu’on
vous donnera plaisir à lire la campagne puis à harceler vos attend de lui et c’est bien là l’essentiel. Tout ce qui compose
joueurs d’une étape à la suivante sans que ceux-ci perdent leur la base du rôle de MJ est ici compilé sous la forme de conseils
si chère illusion de liberté. Faites-les souffrir, ne leur laissez pas pertinents et de méthodes utiles clairement destinées à accom-
le temps de réfléchir, ils vous remercieront. pagner les débutants. Est également fourni un carnet regroupant
On regrettera peut-être une légère diminution de cadence une une douzaine de documents conçus pour faciliter certaines des
fois parvenu à la dernière partie, baisse de régime que l’on phases de l’élaboration d’une campagne ou de son suivi (cartes
pardonnera sans mal tant « l’affrontement final » promet en pour la création de scénario, interactions PJ/PNJ, etc.). Ceux-
terme de roleplay et de mise en scène. ci sont clairs, d’un usage immédiat, et pourront aisément servir
Bien écrit, bien conçu, le supplément a bénéficié d’un travail d’inspiration aux MJ ressentant le besoin de les personnaliser.
efficace pour ses illustrations, ses plans et sa mise en page, des La Bible du Meneur de Jeu est donc à recommander aux MJ
points à souligner. débutants pour lesquels elle constituera un bon socle généraliste
En résumé, pas de doute, les amoureux du futur sombre seront avec lequel démarrer. Le spécialiste n’y trouvera probablement
reconnaissants de ce sursaut heureux de leur gamme favorite pas les méthodes les plus avancées, mais ce n’est pas l’objectif
et profiteront avec plaisir de cette campagne qui donne d’un tel manuel et au final, il faut reconnaître que ce dernier
définitivement l’envie de replonger dans Cyberpunk et d’errer comble un réel vide. Espérons qu’il ouvrira la voie à d’autres
par les rues de NightCity, déterminé à imposer sa légende, par ouvrages, peut être encore plus spécialisés ou pratiques.
la force si possible.
Stéphane Gallot Brand

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C R I T I Q U E S

D.R.
D.R.

Cartels Fantômes Roi des Mers


Shadowrun 4 Yggdrasill
La drogue est un sujet qui n’avait jamais vraiment été développé Vous le savez sans doute déjà, les hommes du Nord sont des
dans l’univers Shadowrun, et si les BTL n’ont de cesse d’appa- marins, et pourtant jusqu’ici nous n’avions rien sur leurs navires.
raître en fond depuis les débuts, les stupéfiants et leurs réseaux C’est enfin chose faite. Et de belle façon !
n’avaient pas à ce jour été abordés en profondeur. Comme les autres livres de la gamme, Rois des Mers commence
Je m’attendais donc à découvrir dans ces pages un pan incon- par mettre les points sur les i, balayant les clichés et idées reçues,
nu du Sixième Monde présenté sous la forme récréative d’une et restitue leur sens à des termes aujourd’hui mal employés.
campagne, un programme honnête pour lequel je ne vibrais pas Viennent ensuite un rappel des avantages des chemins des eaux
pour autant d’impatience, moins en tout cas que pour d’autres et une rapide description des principales voies maritimes em-
suppléments comme Unwired. Autant le dire, j’avais tout faux pruntées par les hommes de la Scandia, détaillant les trajets ainsi
et je suis allé de surprise en surprise au long des 192 pages de que les intérêts commerciaux de ces itinéraires.
pur bonheur que recèle Cartels Fantômes. Loin de mes attentes Puis sont abordés les aspects techniques des navires, avec une
initiales, la campagne s’est révélée être un trip haut de gamme, description précise des « chevaux des mers » ainsi qu’un petit cours
un voyage d’enfer aux quatre coins du monde éveillé dont on ne sur leurs créations, présentant les avantages et inconvénients des
sort pas indemne. différents types, chaque vaisseau ayant été créé par un maître
Le livre s’ouvre sur les bases de données de ShadowSea et per- artisan avec un but bien précis (commerce, raid, transport de
met de mesurer l’ampleur des dégâts causés par une nouvelle guerriers, etc.). Une fois ce chapitre achevé, vous disposerez de
drogue éveillée qui sera le fil rouge du supplément et de la cam- toutes les informations nécessaires à l’organisation d’une expédi-
pagne. Le tempo (ou flipside) est une création de génie et sera tion, quel qu’en soit le but. Ne manquent à ce stade que les règles
le support de nombreuses intrigues à venir, c’est une certitude. de combat maritime, qui suivent évidemment. Encore une fois,
Quelques anciens y verront peut-être même la Menace Insecte informations et détails sur le combat naval (très risqué vous vous
2.0 tant les enjeux et mystères autour de cette drogue ont su être en rendrez compte) précèdent les règles, ajoutant à nouveau au
développés avec brio par les auteurs. « réalisme » tant apprécié de ce jeu. Et c’est là qu’on trouve la
Après cette remarquable ouverture dont la lecture est un ré- vraie merveille de ce supplément… Par-delà les confins : la suite
gal, vous serez dans l’ambiance, paré pour le feu. De Seattle à de la campagne !!
Hong-Kong en passant par L.A., l’Europe et l’Amazonie, les On est face à du lourd, du très lourd même. Ce long scénario
scénarios vous feront voir du pays. Divisée en quatre grands en trois chapitres reprend la campagne immédiatement après
chapitres, la campagne est bien pensée et offre des situations Les 9 Mondes et pour les retardataires, il est possible de prendre
variées. Par ailleurs, si les scénarios prévus sont parfois brossés la campagne en cours. Je ne dévoilerai rien de ce petit chef
rapidement, laissant un peu de boulot au MJ, le travail est là et d’œuvre, si ce n’est que vous et vos joueurs n’êtes pas au bout de
on reste proche du clef en main. vos peines. Bizarrement, le supplément s’achève avec un petit
Au terme de ces aventures, vos PJ auront peut-être, à raison, le scénario très court, sans aucun lien avec la campagne, ce qui dé-
sentiment d’avoir manqué des éléments mais ils auront vécu une çoit un peu. Ce dernier est très bien mais perd de sa valeur placé
grande campagne et traversé avec succès le meilleur supplément juste après son grand frère. En bref, arrêtez de lire pauvres fous
écrit à ce jour pour la gamme Shadowrun 4. Vivement la suite ! et courez dans vos boutiques !

Stéphane Gallot Requiem

68 C A S U S B E L L I n°3 OCTOBRE 2010


C R I T I Q U E S

D.R.
D.R.

Insectes L’Affaire Armitage


Shadowrun Vintage Cthulhu
Deuxième ouvrage de la collection Shadowrun Vintage, Insectes Ce supplément propose une campagne pour Cthulhu qui n’a rien
a la difficile mission de succéder à Harlequin, la plus célèbre de commun avec ce que nous avons l’habitude de voir.
campagne de l’univers Shadowrun. Un pari tendu que le supplé- Le coeur de l’ouvrage se trouve dans les dernières pages : dix
ment relève avec brio. documents, écrits de la main de Henry Armitage, et que celui-ci
Commençant par un excellent scénario (ceci dit sans nostal- et ses proches retrouvent petit à petit dans leurs affaires. Dix do-
gie), l’ouvrage présente ensuite le compte rendu d’enquête de cuments qui racontent plusieurs enquêtes menées par Armitage
deux journalistes mettant au jour les horreurs tapies derrière une et son équipe et qui conduisent à une fin atroce. Dix documents
organisation prétendument humanitaire. Agréable à lire, cette que le professeur ne se souvient pas avoir écrits, et pour cause...
partie permet de mieux cerner l’ensemble de l’affaire et vous fera il ne l’a pas encore fait.
plonger tout à fait dans l’atmosphère toute particulière de ce Les joueurs se retrouvent avec les documents en main et vont
supplément. devoir enquêter sur ce qui est (ou va) arriver, démêler cette intri-
Vous pénétrerez alors dans la part la plus importante d’Insectes, gue et comprendre comment éviter une issue funeste.
un guide complet de la ville de Chicago au fil des sombres Ils vont pouvoir librement faire le tour des PNJ, organisations,
évènements de 2055-58. Mise en texte via l’artifice de posts lieux, objets cités dans les pages remises au compte-goutte, et
et documents divers laissés en accès libre sur les forums de reconstituer le puzzle.
Shadowland (l’ancêtre de ShadowSea), cette partie développe en Le reste de l’ouvrage est ce qui fait toute l’originalité de ce sup-
profondeur la chronologie, la géographie et l’ambiance d’une plément. Car la campagne n’est pas écrite.
Chicago devenue zone de quarantaine suite à une invasion Les documents, bien sûr, ont une logique que les PJ pourront
inattendue et l’explosion d’une charge nucléaire tactique. Dé- suivre et comprendre. Mais pour le reste, il n’y a aucun canevas,
crivant l’ensemble des opérations d’envergure et détaillant les aucune piste à suivre, aucune balise. Le MJ devra accompagner
acteurs majeurs de la zone sensible, ce guide fait de Chicago les joueurs dans leurs enquêtes et improviser en fonction des
la seule ville véritablement à même d’éloigner vos runners de plans qu’ils échafauderont.
leurs ombres habituelles. Si vous avez débuté Shadowrun avec De nombreux conseils sont là pour l’y aider, et tout est pensé
la 3ème ou la 4ème édition, sachez par ailleurs que vous pourrez pour lui simplifier la tâche. Le plus gros de l’ouvrage est un cata-
découvrir dans ces pages l’une des plus mythiques menaces du logue de PNJ, lieux, factions, objets… décrits selon qu’ils soient
Sixième Monde et l’origine de certaines craintes désormais bien bons, neutres ou méchants, sinistres ou sans intérêts, importants
ancrées chez les runners vétérans. ou pas. C’est au MJ de faire ses choix et de décider qui sont les
Au final, Insectes présente un matériel de premier ordre et la mauvais et qui sont les alliés, à quel point ils sont impliqués,
forme fait honneur au fond tout au long de ses 192 pages. On quel objet est majeur, mineur ou simplement faux. C’est au MJ,
regrette la présence d’un unique scénario mais l’ensemble de en bref, de construire sa campagne, en fonction des actes de ses
l’enquête et le contexte développé dans la dernière partie du livre joueurs, afin de leur offrir le meilleur déroulement possible.
ouvrent un terrain de jeu enfin apte à concurrencer Seattle en Une campagne pleine de conseils, pour laquelle on préfèrera
terme d’ambiance et d’intérêt, pour le temps d’une escapade ou peut-être un MJ expérimenté, et qui offrira une expérience
plus si affinités. Vétérans nostalgiques ou runners débutants, ne unique à toute la table.
passez pas à côté !
Stéphane Gallot Tristan

C A S U S B E L L I n°3 OCTOBRE 2010 69


Casus PEOPLE
Par Jérôme Larré, Stéphane Gallot, Tristan, Pierre B. & tant d’autres...

Parce que le ridicule ne fait qu’1D6 points de dégâts

Ce mois-ci, nous avons le plaisir d’inaugurer


une nouvelle rubrique ! Consacrée à notre
joyeuse et dynamique communauté, elle

Le monde
sera le moyen de parler des conventions qui
s’organisent tout au long de l’année sur l’en-
semble des terres francophones, des associa-

dU jeU
tions qui font vivre notre passion, mais aussi
des diverses initiatives qui nous semblerons
mériter un coup de projecteur.
Bien sûr, et quoique certains membres de
la rédaction soient en mesure d’écrire un
« guide du routard rôliste », nous ne sommes
pas forcément au courant de tout. aussi, si
vous souhaitez nous faire connaître vos ini-
tiatives ou pensez que quelque chose doit S Di6 DENt !
vu DAN
absolument figurer dans ces colonnes, n’hési-
tez pas à nous écrire à l’adresse qui vous est
dédiée : manif@casus-belli.net
Stéphane n’a pas de
moustache en vrai
(enfin c’est ce qu’il dit)

A N C E !!!
v ENGE au score
Retou1r • Di6Dent 1
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• etc.
n°3 OCTOBRE 2010
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ause
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...
C O M M U N A U T é

À tout seigneur, tout


honneur ! Com-
ment pourrions-
nous ouvrir cette rubrique au-
trement qu’avec le Monde du
sionnant. Le Monde du Jeu s’inscrit clairement en tant que
principal événement de la communauté rôliste francophone et
comme une occasion trop rare de rassembler en masse joueurs,
auteurs, illustrateurs et éditeurs au même endroit pour témoi-
gner de notre passion commune dans une ambiance survoltée.
Jeu, le principal salon franco- Pour les plus enthousiastes (ou les plus forcenés), c’est aussi le
phone traitant du jeu de rôle ? lieu idéal pour se tenir au courant de tout ce qui se fait, se pré-
évidemment, Casus Belli était pare, se teste, glaner les dernières rumeurs ou indiscrétions, etc.
présent avec une bonne partie Le reste de l’année, il faudra suivre nos news.
de la rédaction répartie entre Pour nous, ce furent trois jours riches en fous rires et en décou-
notre stand et ceux des divers vertes, l’occasion de pouvoir enfin rencontrer nos lecteurs, et si
hane (sans moustache).
Didier Guiserix (à gauche) et Stép éditeurs. le week-end fut physiquement éprouvant, nous retenons surtout
Ce second week-end de sep- de ces trois jours qu’ils furent une fête du monde rôliste et du
tembre, ce ne sont pas moins de monde ludique en général. Nous en sommes revenus épuisés
69.000 personnes que nous avons vues af- mais heureux, et les cartons pleins de nouveaux projets pour les
fluer dans les allées du salon parisien. À mois qui approchent.
l’affut des nouveautés et de leurs auteurs et En bref, nous attendons avec impatience l’année prochaine et
illustrateurs favoris, les rôlistes « hardcore » espérons vous y retrouver aussi nombreux que pour cette édition.
étaient au rendez-vous, bien décidés à jouer, Souhaitons que le salon ne pâtisse pas du manque de succès in-
tailler le bout de gras sur les stands et arracher quiétant du Festival du Jeu Vidéo, qui lui avait pourtant permis
quelques dédicaces. Plus surprenant, la plu- de trouver une deuxième jeunesse.
part des exposants ont pu constater la présence Un dernier mot pour finir : un grand merci aux Atomic Bamboos
de nombreux joueurs occasionnels - voire de et aux Samsung Girlz !
Rédac’ chef : une vie parfaits néophytes - ravis de pouvoir mettre à
de souffrances.
jour leur connaissance du monde rôliste et de rir :
s, vous pouviez découv
découvrir la diversité pléthorique de jeux ori- Au rayon des nouveauté
ginaux disponibles en français. L’année 2010
semble être une année de retour au jdr pour nombre d’anciens - LivRES DE BaSE : val à l’ambiance
1
(Agathe), un jeu médié
joueurs, souhaitons que le mouvement continue. • Les Ombres d’Esteren tiqu ;
es
inspiré des mythes cel
gothique et horrifique de simples sur-
Derrière leurs étals, les éditeurs avaient sorti le grand jeu ! ), qui permet d’in ner
car
• Z-Corps (7ème cercle
1
équipées dans un
Dernier grand salon parisien depuis la disparition de la Gencon de décontamination sur
vivants ou des équipes
française, le Monde du Jeu est devenu un lieu de choix pour les zombies ;
middle-west infesté par sorcery » où les
présenter nouveautés et avant-premières et il était bien difficile ), un jeu de « space &
• Mahamot (XII Singes
1
dan s de vas tes vaisseaux
de savoir où donner de la tête et du porte-monnaie en présence des générations
humains vivent depuis terrestres;
des civilisations extra-
de tant de belles choses. Pour vous aider à faire vos choix mais spatiaux et rencontrent de rôle historique
ssacre (Matagot) le jeu
surtout pour le plaisir, les équipes du Grog et d’Opale (entre • Te Deum pour un ma gue rres de religions,
t ce qui concerne les
autres associations) organisaient des parties sur l’ensemble des de référence pour tou tion aug mentée ;
erbe deuxième édi
trois jours et autant dire qu’elles eurent fort à faire pour tenir présenté dans une sup prê te à jou er – un « burst » -,
une campag ne
• Deadline (John Doe),
2
les joueurs déchainés au milieu du bruit et de la fureur du salon. rs la Tom Clancy
à
pirée des techno-thrille
dans une ambiance ins
annoncée ;
sur fond de fin du monde ty MJ (Biblio-
Du côté de la presse ludique, le salon a également été placé sous neu r de jeu1 (Footbridge) et Dir
• La bible du me aux angles d’ap-
le signe de l’effervescence et ce fut l’occasion de se lancer ou de livres de conseils aux MJ
thèque Interdite), deux
se faire connaître du public pour plusieurs nouveaux magazines. érents.
proche radicalement diff
Casus Belli bien sûr, dont le retour a surpris nombre de visiteurs
qui n’avaient pas eu l’occasion de lire le n°1, mais aussi Di6dent, - SuPPLéMENTS : ;
cercle) pour Yggdrasill
un copieux quadrimestriel axé jeux de rôle qui présentait son • Rois des mers (7ème
1

Cer cle ) pou r Cth ulh u;


me
• L’affaire Armitage (7è
1
numéro 0 en pdf, et Ludika, un mensuel très généraliste qui ) pour Trinités ;
es Occultes (XII Singes
2
souhaite traiter de tous • Livre VII : Les Servic
ges) pour Bia ;
• Ghost dance (XII Sin
2
les types de jeux « tra- tal adventure ;
et la dés ola tion (Matagot) pour Me
ditionnels » (figurines, • La guerre pour Rogue Trader ;
(Bibliothèque Interdite)
• L’Appel des Étendues
3

cartes, plateau et jdr) et r Sci on ;


que Interdite) pou
• Scion : Dieu (Bibliothè
3
qui sera disponible en unk 203 X ;
m) pour Cyberp
• Dead Like Me (Orifla
1

boutiques à partir de r Pat hfin der Jdr ;


ok) pou
• Le bestiaire (Black Bo
2

novembre. bre lun e 2


(Bl ack Bo ok) pour Pathfinder ;
Som
• Le Recueil du val de is premiers tomes
En résumé, l’année es2 (Black Book), les tro
• Le Retour des Ténèbr le rec uei l associé
pagnon ave c
aura été marquée à la de la campagne et le com2 ;
re pour Pat hfin der
fois par une affluence Descente en Ombreter run ;
record et un nombre tels Fan tôm es 1
(Bl ack Book) pour Shadow
• Car Sha dow run vintage.
pour la collection
• Insectes (Black Book)
1
de sorties impres-
t numéro de Casus Belli
1
Critiqué dans le présen Casus Belli
Le 7ème Cercle rep
résenté ici par ue dans le numéro 2 de
2
Dont la critique est par chain
et Neko (de droite à gauche). C A S U S B E L L I dans nnos O Ces
° 3 pag B R le
T Odès mo
E 2010is pro 71
Jee, Kristoff 3
Qui sera critiqué
A U T O U R D U J D R

Le Donjon de NaheulbeuK
Célébrité oblige, nous avons testé pour vous Le donjon
de Naheulbeuk : le jeu de société.

P
our les malheureux qui ne connaissent pas l’univers de
Naheulbeuk (et pour les autres aussi, du coup), voici
un aperçu : chacun des joueurs (de 3 à 6) incarne un
aventurier loufoque, membre d’une compagnie dont le
but est de récupérer la douzième statuette de Gladeulfeurha, ar-
tefact légendaire permettant l’accomplissement de la prophétie,
actuellement en possession du terrible Zangdar. Ce dernier se nométrer. Pour le test d’équilibre par exemple, le joueur doit se
trouve bien à l’abri au fin fond du donjon, véritable labyrinthe lever de sa chaise, tourner (éventuellement plusieurs fois) autour
de salles obscures, remplies de pièges infâmes, où errent toutes de la table et se rasseoir – le tout avant la fin du temps convenu
sortes de créatures aussi stupides que diaboliques. Un univers et avec une carte sur la tête (qui ne doit bien évidemment pas
bourré d’humour et de références aux jeux de rôle. tomber). Les tests peuvent être individuels ou de groupe, auquel
Le donjon de Naheulbeuk est un jeu en coopération, chacun cas tout le monde doit mettre la main à la pâte.
des membres de la compagnie dépendant des autres, pour le
meilleur ou pour le pire. 3. Les bastons.
Dans la boîte vous trouverez le livre de règles, des accessoires Chaque joueur dispose d’un nombre de cartes baston (indiqué
(plateau, cartes, pions, etc.), ainsi qu’un livret d’initiation per- sur la feuille de personnage) distribuées au début de chaque
mettant de découvrir le jeu et ses règles au fur et mesure de affrontement et défaussées à la fin celui-ci. Sur ces cartes fi-
l’avancée du groupe dans l’aventure. gure une lettre permettant de constituer des mots (encore une
Une fois ma bande de bras cassés réunis et les rôles distribués, fois précisés sur la feuille de personnage) correspondant à des
nous avons bien évidemment commencé par le scénario d’ini- attaques. Les héros ont le droit d’échanger des cartes, et pour
tiation. Première bonne surprise, le système de règles est très chaque mot posé et crié, ils piochent trois nouvelles cartes.
bien expliqué et d’une simplicité enfantine. J’y reviendrai un peu Une fois le temps écoulé, on calcule le nombre de coups portés
plus loin. par chaque joueur, le but étant d’atteindre voire de dépasser le
À la fin du scénario d’initiation (que nous avons perdue en nombre de points de vie du monstre.
groupe et à cause du Nain) nous nous sommes attaqués à la créa- Chaque personnage dispose d’un talent et d’une capacité spé-
tion de notre premier vrai donjon. De nombreuses cartes don- ciale (plus ou moins utile pour le groupe), ainsi que de points de
jon permettent de créer un labyrinthe différent à chaque partie vie qu’il peut perdre au cours d’une baston (s’il perd, ou ne cogne
(mais il existe plusieurs donjons pré-créés). Une fois le donjon pas, etc.), dans un piège, et dans d’autre cas selon les cartes don-
mis en place, nous nous sommes retrouvés devant l’entrée. C’est jon. Une fois tous ses points de vie perdus, le héros meurt. Sa
à ce moment qu’il faut déterminer qui de la compagnie ouvrira la feuille de personnage est mélangée à celles restée dans la dé-
marche pour la première salle. L’heureux élu, appelé le Preums, fausse, et le joueur retire un perso dans le tas. Si, coup de bol, il
changera à chaque nouvelle salle, et sera considéré comme le retombe sur le sien, il reprend ledit perso là où il en était (avec
leader du groupe (c’est aussi celui qui ramasse le premier, en cas ses niveaux, son équipement, etc.). Sinon, il continue la partie
de piège par exemple). Le Preums tire donc une carte donjon et mais avec un nouveau personnage de niveau 1.
la lit à voix haute aux autres joueurs. Trois types d’événements
peuvent alors survenir : les choix¸les tests et les bastons. En conclusion, génial ! Tout est fait pour que les initiés et les
autres plongent dans l’ambiance délirante de la BD, et c’est une
1. Les choix. réussite. Ce jeu est la garantie de nombreuses heures de rigolade.
Il arrive qu’une salle offre plusieurs possibilités à nos héros. Testé, validé et approuvé !
La décision est prise à la majorité (en cas d’égalité, le Preums Requiem
tranche). Par exemple : « la porte d’entrée du donjon (salle nu-
méro 1). Les joueurs ont le choix entre frapper à la porte, cro- J’apprécie :
cheter la serrure ou faire le plus de bruit possible pour attirer les • l’univers et l’ambiance de la BD sont vraiment bien retranscrits
gardes dehors. ». • La simplicité des règles
• Le p’tit guide d’initiation (on peut jouer sans devoir lire les règles)
2. Les tests.
Pour progresser dans le repaire de Zangdar, les héros doivent Je regrette :
surmonter de nombreuses épreuves. Il en existe de 8 sortes • Le minuteur de mauvaise qualité
(d’équilibre, d’escalade, de dextérité, etc.), que les joueurs doi-
vent réaliser dans un temps imparti. Le petit minuteur (qui n’est J’aime pas :
pas très pratique et légèrement défectueux) permet de les chro- • Le ménestrel

72 C A S U S B E L L I n°3 OCTOBRE 2010


Classiques
& indés
• Côté lecture,
si vous n’avez pas encore eu la chance de
plonger dans l’œuvre de James Ellroy,
autour du Polar et de la Série Noire
• Au cinéma,
il vous faudra passer par les classiques
et voir au moins Le Faucon Maltais (de
lors de sa première diffusion.
Enfin, parce que le “noir” peut ac-
compagner d’autres genres et s’éloi-
corrigez le tir dans les meilleurs délais. Il John Huston, 1941). gner des contextes réalistes, nous vous
est l’un des plus grands maîtres du genre Si vous avez apprécié ce premier tour conseillons de voir ou revoir Strange
aujourd’hui. En commençant par Le d’horizon, nous vous encourageons à vi- Days (de Kathryn Bigelow, 1995), l’ex-
Dahlia Noir, qui est déjà devenu un clas- sionner dans les meilleurs délais Dark Blue cellent Dark City (de Alex Proyas, 1998)
sique, vous pourrez faire vos premiers pas (de Ron Shelton, 2002) qui offre proba- et le grand classique Blade Runner (de
fièrement accompagné à travers les ombres blement son meilleur rôle à Kurt Russel, Ridley Scott, 1982).
de Los Angeles. Dernières heures à Denver (de Gary Fle-
Si d’ailleurs, vous recherchez des classiques, der, 1995), qui aurait mérité plus d’atten- • Pour compléter votre culture BD,
l’œuvre de Raymond Chandler n’attend tion lors de sa sortie, Payback (de Brian voici deux titres que vous êtes désormais
que vous. L’auteur ayant créé les codes mo- Helgeland, 1999), qui a su respecter l’en- dans l’obligation de connaître : Blacksad
dernes du genre et donné une impulsion semble des codes du genre tout en jonglant (de Díaz Canales et Guarnido) et Sin
nouvelle à cette littérature, un détour par entre comédie et polar, un pari difficile, et City (de Frank Miller). La première sé-
ses écrits s’impose. Selon votre sensibilité, bien sûr les chefs-d’œuvre plus connus que rie rend un hommage vibrant au polar, la
peut-être attaquerez-vous avec Adieu ma sont L.A. Confidential (de Curtis Hanson, deuxième a su faire du roman graphique
jolie ou qui sait, peut-être irez-vous trouver 1997), Heat (de Michael Mann, 1995) et noir un art à part entière. Deux œuvres
Le grand sommeil ? Chinatown (de Roman Polanski, 1974). bien différentes qui inspirent un im-
Le chef-d’œuvre de Herbert Lieberman, Plus globalement, nous vous recomman- mense respect.
Necropolis, vous permettra de mieux ap- dons chaudement l’ensemble des films
préhender la notion d’écriture de la ville primés au Festival du Film Policier de Co- • Coté animé,
tant le New-York de la fin des seventies gnac (malheureusement disparu depuis Cowboy Bebop de Shinichiro Watanabe
vit dans ses pages, jusqu’à devenir un 2007). sera pour vous une source d’inspiration po-
personnage à part entière. Grand prix de Pour aller plus loin et découvrir le polar lar à exploiter sans modération.
littérature policière 1978, ce livre extrê- et la série noire autrement, jetez-vous sur
mement documenté vous fera suivre le les films de Johnnie To, immense maître • Coté manga,
quotidien particulier du médecin légiste du polar « made in hong-kong » auquel Que ce soit en papier ou en anime, l’ex-
en chef de la « Grande Pomme », un quo- nous devons notamment P.T.U. (2003), cellent Monster de Naoki Urasawa est
tidien qu’a bouleversé la disparition ré- Exilé (2006), Breaking News (2004), The un polar à l’ambiance étrange et déses-
cente de sa fille unique. Mission (1999) et Élection (2005) qui fut pérée, prenant du début à la fin, mettant
Parce que les français savent aussi faire des présenté au Festival de Cannes. en scène avec doigté une intrigue bien
polars et écrire « noir », nous vous recom- En Asie toujours, ne ratez sous aucun ficelée et des personnages souvent plus
mandons la lecture de La Sirène Rouge de prétexte Memories of Murder (de Joon- complexes qu’il n’y parait.
Maurice G. Dantec et de In tenebris de ho Bong, 2003), une merveille venue
Maxime Chattam. de Corée et inspirée de faits réels. Pen- • Enfin, côté jeu vidéo,
Enfin, les ouvrages de Dennis Lehane sont dant les vingt premières minutes, vous Le jeu Heavy Rain édité par Sony Com-
incontournables.Ruez-vous donc sur Mystic penserez sûrement que nous vous avons puter Entertainement et sorti en 2010
River, Shutter Island et surtout sur la série tendu un piège, mais arrivé au générique est un véritable film interactif, dans la
mettant en scène les privés Patrick Kenzie de fin, vous garderez de ce film un sou- droite lignée de thrillers classiques comme
et Angela Gennaro qui commence avec Un venir impérissable. À découvrir aussi : Seven de David Fincher. Vous proposant
dernier verre avant la guerre. Boston ne The Chaser (de Hong-jin Na, 2008), une d’interpréter tour à tour quatre person-
sera plus jamais la même pour vous. Tout perle noire comme seule la Corée semble nages à la recherche d’un tueur en série,
est remarquablement bien écrit (et bien tra- capable d’en créer aujourd’hui. Nommé tout se base sur les choix du joueur pour
duit) et il s’agit d’une œuvre à découvrir de pour le prix de la « Caméra d’Or » à aboutir à l’une des dix-huit fins possibles
toute urgence si vous aimez les personnages Cannes en 2008, le film eut droit à une de l’histoire. L’ambiance sombre et dure du
construits et les polars de qualité. standing ovation de près de 10 minutes jeu en font un titre à ne pas manquer.

C A S U S B E L L I n°3 OCTOBRE 2010 73


WHoDuNIt ?
Casus Belli – Casus Belli – magazine édité par CASUS BELLI PRESSE – 63 rue André Bollier 69307 LYON Cedex 07 – contact@casus-belli.net. Directeur de la Publication : Tristan Blind
Rédacteurs en chef : Tristan Blind & Stéphane Gallot. Premier Détective : Stéphane Gallot. Conseils et Astuce : Didier Guiserix. Direction Artistique, Création Graphique et Maquette :
Pierre Berton - Studio Esprit PI - www.esprit-pi.com. Rédacteurs : Anthony « Yno » Combrexelle, Jean « Alahel » Fridrici, Guillaume « Requiem » Gallot, Emmanuel Gharbi, Le Grümph,
Jérôme «Brand» Larré, Pierre Nuss. Illustrateurs : Brain Salad, Bruno Bellamy, Le Grümph, Greg Guilhaumond (www.gargamatron.fr), Didier Guisérix, Nicolas « Nicozor »Le Tutour (nicolas.
le-tutour@wanadoo.fr), Jérôme « Jee » Huguenin. Photographes : David « Davidalpha » Robert (bien malgré lui) et l’Agence TAKO Presse. Illustration de couverture : Pierre Berton. Nous
tenons à remercier tout particulièrement Mme Jacqueline Berthier, Irène De Launay, Joëlle Rey Miard et Ceridwen pour leur soutien, leur aide et tant d’autres choses. Nous tenons à
présenter nos excuses à Mlle Florianne Berger pour tout le temps pendant lequel nous la privons chaque mois de son compagnon.
Impression : Imprimerie FERREOL, 6 rue du Périgord 69330 MEYZIEU. Distribution : MLP & Millénium. Numéro ISSN : 0243-1327. Commission Paritaire : numéro en attente d’attribution
Dépôt Légal : à parution. Publication Mensuelle – N°3. Octobre 2010. Toutes les illustrations sont la propriété pleine et entière de leurs auteurs et éditeurs respectifs. Tous droits réservés.
Toute reproduction, même partielle, est interdite, sauf accord écrit de l’éditeur.
Casus Belli remercie l’ensemble des éditeurs ayant contribué à faire de ce magazine ce qu’il est aujourd’hui par leur accueil, leur soutien au projet, leur réactivité, et par les autorisations
données pour présenter et/ou travailler sur les gammes dont ils sont responsables. Casus Belli les remercie aussi pour l’autorisation donnée d’utiliser les illustrations de leurs ouvrages
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74 C A S U S B E L L I n°3 OCTOBRE 2010

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