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Medjber Abdellah
Université Dr Moulay Tahar de Saida (Algérie)
Faculté de Technologie, département de génie civil et hydraulique laboratoire
des ressources hydriques et environnement, Hai Nasr, Saida, Algérie
Berkane Fatiha
Ingénieur Hydraulique, Direction de L’hydraulique, Saida, Algérie
Abstract
The Northwest of Algeria, characterized by a semi-arid climate has
seen in recent decades its surface and ground water potential decrease due to
the scarcity of rainfall. Demographic pressure has increased the difficulties
in the management of water resources, leading to problems of water scarcity
in several areas of the country, especially in low-rainfall areas. From the
hydrogeological point of view, the study area contains many karstic springs
with great importance, which flows can exceed 50 l /s during flood periods.
Aquifer recharge occurs primarily by rainwater.The main objective of this
study was to evaluate the water balance of the karst aquifer situated near the
city of Saida (North-West of Algeria) and to follow its evolution on several
decades. In this region, the karst groundwater is important for drinking
water supply, irrigation and industrial units.This approach to assessment will
be based on the water balance equation by involving precipitation,
evapotranspiration, infiltration and groundwater flow. The total volume of
the groundwater reserves obtained from the balance method represent 45
million m3. These reserves have decreased with time.
Résumé
Le Nord-Ouest Algérien caractérisé par un climat semi-aride a vu ces
dernières décennies ses potentialités en eau superficielles et souterraines
diminuer du fait de la rareté des précipitations. La pression démographique a
augmenté les difficultés dans la gestion des ressources en eau, raison pour
laquelle les problèmes de pénurie d’eau apparaissent dans plusieurs secteurs
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du pays, surtout ceux qui connaissent des apports pluviométriques très bas.
Du point de vue hydrogéologique, la région étudiée renferme des sources
karstiques de grande importance, avec des débits qui dépassent 50 l/s en
périodes de crue. La recharge de la nappe se fait essentiellement par les eaux
de pluie. L’objectif principal de l’étude est d’évaluer le bilan hydrique de la
nappe karstique de la région de Saida (Nord-Ouest de l’Algérie) et de suivre
son évolution au cours des dernières décennies, nappe qui est utilisée pour
l’alimentation en eau potable de la ville de Saida mais aussi pour l’irrigation
et les unités industrielles. Cette approche du bilan sera basée sur l’équation
du bilan hydrique en faisant intervenir les précipitations,
l’évapotranspiration, l’infiltration et les écoulements souterrains. Le volume
total des réserves obtenu à partir de cette méthode du bilan nous donne une
valeur de 45 millions de m3. Ces réserves ont diminuées avec le temps.
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Geologie de la region
La zone d’étude est caractérisée par une géologie complexe et
diversifiée, représentée par des terrains allant du Primaire au Plio-
Quaternaire.
Elle constituée principalement de formations du Jurassique
(dolomies, argiles gréseuses, marnes, calcaires …) avec quelques roches
éruptives et des formations d’âge primaire; les dépressions sont constituées
par des alluvions du Quaternaire.
Les roches (principalement des dolomies et des calcaires) sont très
karstifiées d’après Decamps (1973).
Elles sont recouvertes par l’épaisse formation « argilo gréseuse » du
Callovo-Oxfordien au niveau de la vallée de l’Oued Saïda, et par endroits,
par des formations non consolidées plus récentes (Quaternaire et Plio-
Quaternaire).
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important.
C’est la nappe la plus importante, dont les ressources en eau sont
vraiment intéressantes pour l'alimentation des agglomérations, de l'industrie,
ainsi que pour l'agriculture.
Cette nappe fait l’objet de la présente étude.
Les paramètres hydrodynamiques principaux : transmissivité et
coefficient d’emmagasinement de cette nappe karstique ont été déterminés
par des essais de pompage exécutés sur les forages les plus importants de la
vallée de Saïda .
L'étude des aquifères situés dans les karsts, montre que la
karstification entraîne l'apparition d'une organisation des écoulements. La
structure qui en résulte confère à cet aquifère des caractéristiques très
particulières qui le distinguent nettement des aquifères poreux et fissurés. Son
approche nécessite souvent la reconnaissance préalable du degré de
structuration des écoulements. L'aquifère karstique est particulièrement
complexe et pose le plus de problèmes à l'hydrogéologue. Cela tient au fait
que ses caractéristiques sont mal définies et que le mode d'écoulement des
eaux y est tout à fait particulier Bakalowicz (1999) et Bakalowicz (2010).
Les valeurs obtenues de la transmissivité sont très variées, traduisant
l’hétérogénéité hydrodynamique de l’aquifère. Ces valeurs sont de l’ordre de
1.10-3 m2/s en moyenne. Les fortes valeurs (1.10-2 m2/s) se rencontrent plus
souvent dans la vallée de Saïda dans certains forages et plus rarement sur le
plateau (Nord- est). Des valeurs plus faibles, de l’ordre 1.10-4 et parfois 1.10-
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apparaissent dans certains forages au nord dans la vallée de Saïda. Ceci est
dû à la diminution dans cette région de l’épaisseur de l’aquifère. Par
conséquent toutes les valeurs peuvent être rencontrées, qui montrent une
grande hétérogénéité dans l’ensemble à l’exception de quelques zones
apparemment plus homogènes Les transmissivités doivent se répartir en
fonction de deux facteurs particuliers :
* Degré de la karstification lié à la densité des fissures et des failles,
donc à l’intensité de la tectonique.
* Epaisseur de l’aquifère suffisante en comparaison des rejets pour
que les communications hydrodynamiques entre les blocs ne soient pas
gênées malgré le désordre des masses carbonatées.
Les valeurs du coefficient d’emmagasinement sont de l’ordre de
1.10-5 au niveau de la nappe captive (vallée de Saida) et de 1.10-3 vers l’est,
là où la nappe n’est plus artésienne mais encore en charge. Les valeurs du
coefficient d’emmagasinement manquent pour la partie libre de la nappe
pour des raisons techniques. Elles devraient être de l’ordre de 1.10-3 à 1.10-2.
Ici encore, il faut noter la même hétérogénéité. Les mêmes
considérations peuvent être faites notamment en ce qui concerne la
tectonique.
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Elements Du Bilan
Dans le choix du temps du bilan, c'est la périodicité qui intervient. La
périodicité quasi annuelle des phénomènes météorologiques est la plus
intéressante. La période n'est pas toujours rigoureusement de 12 mois. Le
bilan d'un an ne se ferme pas toujours, car d'une année à l'autre les
phénomènes météorologiques ne se répètent pas exactement. Cette différence
imputable aux erreurs et aux variations annuelles des phénomènes autour
d'une moyenne disparaît dans les bilans multi-annuels.
Dans sa formulation la plus générale le bilan hydrique s'écrit:
P= Q+ETr+R(u+h) (1)
Tout ce qui tombe (P) dans un espace hydrologique et dans un laps de
temps donné soit s'écoule (Q) soit repart dans l'atmosphère par
évapotranspiration (ETr), soit participe à la recharge des réserves en eau du
sol (Ru) ou du sous-sol (Rh).
Les variations de réserves peuvent être également négatives et
contribuer aux écoulements et/ou à l'évapotranspiration.
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karstiques de la région.
Un seul oued non pérenne coule en terrain dolomitique, mais surtout
en période de crue. Il prend sa source à Ain-Foufot, dont il porte le nom et
rejoint Ain-Tiffrit la piézométrie ainsi que l’aspect relativement limpide de
l’eau montre que cet écoulement correspond entièrement au drainage de
l’aquifère karstique.Tout cet écoulement est mesuré par la station
hydrométrique de Tiffrit.
Nous rappelons que l’impluvium dolomitique pour l’ensemble de
tous les bassins est limité par les contacts avec les affleurements des terrains
détritiques d’une part et d’autre part par les lignes à la fois topographiques et
piézométriques de partage des eaux du Sud et de l’Est.
Avant la karstification les surfaces affleurantes dolomitiques étaient
soumises à un ruissellement superficiel important avec fonction de bassins
versants topographiques à la faveur de phénomènes d’érosion et de
dissolution superficiels. Ensuite une tectonique cassante a pu intervenir
compte tenu de la nature de ces terrains carbonatés. Des failles se sont
constituées de façons tout à fait indépendantes de la formation des bassins
versants topographiques encore fonctionnels. Ces failles ont favorisé une
karstification liée aux lignes de force tectoniques. Cette karstification s’est
développée de plus en plus en profondeur favorisant l’infiltration et la
constitution d’une nappe dont le sens d’écoulement est également
indépendant de la formation des bassins versants. Actuellement ces bassins
versants ne sont presque plus fonctionnels car la plus grande partie de
l’infiltration doit absorber l’eau qui ruisselait lorsque la dolomie était
compacte. Cette explication est évidemment très schématique et ne fait pas
intervenir les autres terrains plus récents et non carbonatés qui au cours de
ces phénomènes ont été décapés également par l’érosion.
La carte piézométrique présentée donne la réponse à toute une série
de questions importantes concernant la circulation et la répartition des eaux
souterraines de la nappe karstique.
L’écoulement souterrain est orienté en général Sud est – Nord ouest.
La ligne principale de partage des eaux souterraines suit
approximativement la limite topographique Sud des bassins versants ; les
hauteurs de Djebel Sidi Youssef, Djebel El Yhoudia, Djebel El Leba.
Au sud de cette ligne de partage, l’écoulement souterrain est dirigé
vers la plaine des Mâalif ; Khalfallah et la dépression du Chott Chergui plus
loin ce qui n’est pas visibles sur cette carte.
Au Nord, le flux souterrain est réparti en plusieurs bassins
hydrogéologiques délimités par des lignes de partage des eaux. Il y en a
quatre :
- Bassin hydrogéologique de Saïda avec deux sous-bassins Rebahia et
Hammam Rabi.
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Les Sources
La vidange de la nappe karstique se réalise exclusivement par les
sources. Deux zones de décharge se distinguent :
- Zone Ouest drainant le bassin hydrogéologique de Saïda.
- Zone Nord drainant les trois autres bassins hydrogéologiques de
Tiffrit, d’Ain Soltane et de Balloul d’après Boudjemaa (2006).
Outre les sources se trouvant dans les zones citées, il existe encore
des lignes de décharge diffuses (suintement) dont le débit est mesurable
uniquement à la base des jaugeages différentiels sur le tronçon
correspondant. Dans le tableau 2 nous présentons la liste des sources
karstiques de la région.
Tableau 2. Liste des sources karstiques au niveau de la région
BASSIN HYDROGEOLOGIQUE SOURCES
Ain -Zerga , Source de Poirier, Ain -Moussoualuf , Ain
-Ben Soltane , Source Ronde , Ain -Fakhroun , Source
Tiède , Source de la Tranchée , Ain -Hadjar , Ain
Bassin Hydrogéologique
Tagourarelt, Ain -Tameshoum, Ain -beida, Ain- Said
de Saida
Fatah, Ain -Touta, Ain -Es Srhirat, Ain -Mathnia, Ain
Messaoud, Ain -Karma, Ain - Fakroun et autres petites
sources (noms inconnus).
Bassin Hydrogéologique Tiffrit, Toufout, autres petites sources (noms inconnus).
de Tiffrit
Bassin Hydrogéologique Ain -Yahia, Ain -Sultane, Ain- M’Nir, Ain -Fertas, Ain-
du Plateau d’Ain -Soltane Kerma et petites sources voisines, Station Sidi Yahia.
Ain- Bou Amar, Ain- Balloul, Ain- Seridj, Ain Souig,
Bassin Hydrogéologique
Ain- Ras Guersif, Ain -Mizraf, Ain- Tefaha, Ain El -
du Plateau d’Ain Balloul
Hadjel et d’autres sources et suintements.
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Forages et puits
Pour les prélèvements de ses ressources en eau souterraines locales,
la région de Saïda est passée de 675 points d’eau exploités en 2003 à 1166
points d’eau en 2004 comprenant :
67 forages et 3 sources pour l’alimentation en eau potable, 455 forages, 343
puits et 301 points de prélèvements pour l’irrigation (Source Direction des
ressources en eau de Saida).
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Figure 7. Courbe de l’évolution des débits d’exploitation des forages de la nappe karstique
sur la période 1975 – 2000.
Parmi les forages existants, il n’y a que 30 forages en exploitation
permanente pour notre période d’étude.
Tableau 4. Valeurs des débits d’exploitation des forages de la nappe karstique
Débit
Date de Utilisation des Eaux
N Nom du Forage d’exploitation
Réalisation AEP/IND./IRR
° (l/s)
1 F.48 10 1968 IND
2 Benadouane 5 1983 AEP
3 F.27 37 1972 AEP/IND
4 F.62 52 1972 AEP/IND
5 F.4 26 1973 AEP
6 Tamesna 1 4 1964 AEP
7 Oued Chikh (Sidi-
12 1971 AEP
Gacem)
8 Tagouraya 3 1989 AEP
9 SNMC 5 1980 IND
10 F. 112 2 1975 AEP
11 Benaouali I (Sidi-
11 1968 AEP
Ghiat)
12 Lakraa 12 1967 AEP
13 I.T.G.C. 24 1993 AEP
14 F1. Ain-El-Hadjar 25 1980 AEP/IND
15 C.S.D. 10 1980 IND
16 Sidi - Khalfallah 3 1988 AEP
17 Morghad 15 1969 AEP
18 Timetlas 10 1991 AEP
19 El-kelia 2 1969 AEP
20 Ferme Aissani 4 1985 AEP/IRR
21 F63 10 1970 AEP
22 Oum - Doude 12 1987 AEP
23 Oued Falette 12 1988 AEP
24 Ouled Djelloul 5 1990 AEP
25 Khourichfa 1 5 1984 AEP
26 Aioun- Branis 1 4 1985 AEP
27 Bouamar 11 1985 AEP
28 Touahria 5 1986 AEP
29 Taourouit 8 1993 AEP
30 Ain- Soltane 1 3 1995 AEP
Total débits 347
Source : Direction des ressources en eaux de Saida. (AEP: Alimentation en eau potable ;
IND : Industrielle ; IRR : Irrigation).
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Conclusion
Ce travail nous a permis d’avoir une vue sur l’hydrogéologie de la
région de Saida ou est située la nappe karstique qui présente une grande
importance pour la région car elle alimente en eau la population et les unités
économiques.
La comparaison des séries pluviométriques récentes et anciennes
montre que la moyenne des précipitations a connue une baisse ces dernières
décennies (période 1913-1938 et 1975 – 2000), cette baisse avoisine les
25% pour la région de Saida qui se caractérise par un climat semi-aride.
Cette fluctuation climatique s’est répercutée négativement sur les
réserves en eau des nappes souterraines qui sont alimentées principalement
par les précipitations.
L’écoulement aux sources qui était de 1568 l/s est passé à 1170 l/s et
certaines sources se sont asséchées.
Les résultats de notre étude sur le bilan de la nappe souterraine de
Saida montrent que les réserves sont passées de 57.4 Hm3 à 45 hm3 sur les
deux périodes d’étude. Face à des ressources en eau qui deviennent de plus
en plus limitées et une demande en eau croissante par les différents secteurs
utilisateurs en plein essor et de surcroit dans une région semi-aride où la
sécheresse persiste depuis des décennies, il est nécessaire de mettre en place
un schéma d’exploitation plus efficace pour une gestion optimale et
rigoureuse à long terme des ressources en eau de cette nappe.
References:
Bakalowicz M., (1979. Contribution de la géochimie des eaux à la
connaissance de l’aquifère karstique et de la karstification. Doctorat ès
sciences naturelles, université P.et M. Curie, Paris.
Bakalowicz M. et A.Mangin (1980). L'aquifère karstique. Sa définition, ses
caractéristiques et son identification. Mémoire hors série, Soc. géol. France
11,71-79.
Bakalowicz M. (1999). Guide technique n° 3, connaissances et gestion des
ressources en eau souterraine dans les régions karstiques. AERM and C.
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