Memoire Madame Bahati Suite 1

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1

République Démocratique du Congo


Ministère de l’Enseignement Supérieur et Universitaire
Archidiocèse de Kinshasa
Université Omnia Omnibus
FACULTE DE GESTION ET MANAGEMENT

B.P 1800 KINSHASA I


KINSHASA - KASA-VUBU

PROBLEMATIQUE DE L’ACCES DES


PATIENTS AUX SOINS DES MALADIES
RENALES A LA CLINIQUE NGALIEME DE
KINSHASA.

BAHATI NDJIAPANDA Rachelle
Mémoire de fin d’études présenté et défendu en vue de
l’obtention du grade de licenciée en Sciences de Santé.

Option : Gestion et Administration des Services de Santé

Directeur : Prof. Dr. Abbé Jean René DIMBASI

Juillet 2024
1

INTRODUCTION GENERALE
1. Présentation, motivation et intérêts de l’étude.
Les maladies des reins sont une cause importante de morbidité et de mortalité
dans le monde1. Afin d’attirer l’attention mondiale sur l’importance de la Santé
rénale, la Société Internationale de Néphrologie (ISN) et la fédération
internationale des fondations du rein ont décrété une journée mondiale du rein
(JMR) chaque deuxième jeudi du mois de mars depuis 2006.
Les maladies rénales concernent de nombreuses personnes. Parce qu’elles sont
souvent sans symptômes précis jusqu’à un stade avancé, les maladies rénales
passent, la plupart du temps, inaperçues. La dégradation de la fonction rénale
s’installe souvent insidieusement pour provoquer, quand elle n’est pas dépistée,
des insuffisances rénales aigües ou chroniques1. Une perte d’efficacité partielle
ou totale des reins entraîne d’importants bouleversements sur la vie quotidienne
(diurèse, vitalité, santé, …)2.
Selon l’ordre des diététistes-nutritionnistes du Québec (2023), les maladies du
rein les plus fréquentes sont la néphropathie diabétique et la
néphroangiosclérose causée par l’hypertension. On retrouve également certaines
maladies génétiques comme la maladie rénale polykystique et des maladies
auto-immunes touchant les reins. Les calculs rénaux, également très fréquents
dans la population, peuvent également affecter la fonction des reins s’ils
surviennent à répétition3.
La maladie rénale constitue un problème de santé publique en autre par
l’existence des défis associés en matière de diagnostic et de la prise en charge
ainsi que du cout élevé de soins. Ces défis sont spécifiquement très préoccupants
dans les milieux à ressources limitées incluant l’Afrique subsaharienne où l’on
en dénombre plusieurs4. Ces derniers peuvent être liés aux patients lui-même,
au système de santé, au financement et ceux d’ordre socio-culturel ainsi que
d’autres inconnus.
1
GBD Chronic Kidney Disease Collaboration. Global, regional, and national burden of chronic kidney disease,
1990-2017: a systematic analysis for the Global Burden of Disease Study 2017. Lancet 2020; 395 (9987): 709-
733.
2
France Rein. Les fonctions du rein. En ligne: https://www.francerein.org/vivre-avec-la-maladie/maladies-et
traitements/les-fonctions-du-rein/. Consulté le 30 octobre 2023.
3
L’Ordre des diététistes-nutritionnistes du Québec. Pourquoi consulter une diététiste-nutritionniste
clinicienne? / Les maladies rénales. https://odnq.org › grand-public › les-maladies-rénales. /. Consulté le 30
octobre 2023.
4
Sumaili EK et al. Santé rénale pour tous en Afrique subsaharienne : défis et perspectives Ann. Afr. Med., vol.
16, n° 2, Mars 2023.
2

En effet, l’Afrique subsaharienne connaît les valeurs les plus faibles de l’indice
de développement humain (34,9 %) durant la période 1990–2017 derrière l’Asie
du sud (45,3 %), l’Asie de l’est et le Pacifique (41,8 %), et nettement en dessous
de la moyenne mondiale5.
Selon le dernier rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2015,
les dépenses courantes de santé étaient en moyenne de 297 USD par habitant et
par an dans la région africaine. Seuls neuf pays de la région dépensaient plus de
500 USD par habitant et par an et la moitié des pays présentaient des dépenses
courantes de santé de moins de 140 USD par habitant et par an 6. Au regard de
ces dépenses de santé limitées, aucun des pays d’Afrique subsaharienne ne peut
faire face au fardeau économique et social lié à la prise en charge de la maladie
rénale chronique et aux thérapies de suppléance rénale7.
Eu égard aux différents défis déjà évoqués, la Société Internationale de
Néphrologie (SIN ou ISN en anglais) propose une approche holistique de la
prévention et de la prise en charge des maladies rénales en lieu et place de se
focaliser sur une ou plusieurs de ses composantes. Les soins de néphrologie
intégrés (SNI) consistent à la combinaison de soins préventifs efficaces de
formes modérées de la maladie rénale chronique (MRC) et des thérapies de
l’Insuffisance rénale chronique terminale (IRCt)8.
Ils prennent en compte également de liens synergiques entre les différentes
options thérapeutiques. Pour améliorer la santé rénale, les décideurs politiques
sont appelés à mettre en place, la couverture sanitaire universelle (CSU) et les
politiques & initiatives visant à atteindre les objectifs de développement durable
(ODD). Ainsi, la MRC sera détectée précocement, la progression de la MRC
pourra être prévenue ou retardée par des traitements simples. Ces derniers
devraient disponibles partout9.

5
D.C. Crews et al. World Kidney Day Steering Committee. Burden, access, and disparities in kidney disease
Kidney Int (2019)
6
M.A. Osman et al. Global nephrology workforce: gaps and opportunities toward a sustainable kidney care
system Kidney Int Suppl (2018)
7
A.K. Bello et al. Global overview of health systems oversight and financing for kidney care Kidney Int Suppl
(2018)
8
Sumaili EK. (2023).op.cit.
9
Idem
3

Le choix d’entreprendre cette étude vient du fait que la maladie rénale est une
maladie fréquente et grave, à forts enjeux de santé publique. Le soutien et le
travail des professionnels de santé sont fondamentaux pour développer le
dépistage de l’insuffisance rénale et améliorer efficacement sa prise en charge et
la qualité de vie des patients.
Ceci ne sera possible que par l’amélioration de l’accès de la population aux
soins de santé notamment ceux en rapport avec le dépistage précoce de la
maladie rénale. C’est pourquoi nous avons la ferme conviction que les résultats
de ce travail peuvent aboutir aux intérêts suivants :
 Sur le plan théorique : la présente recherche constitue à la fois un
plaidoyer à l’endroit des autorités compétentes afin d’améliorer les soins
des maladies rénales en RDC, à travers l’amélioration de la couverture
universelle de soins tel que souhaite le président de la république de la
RDC.
 Cette étude constitue à cet effet un moyen de reunir les données sur les
problèmes ayant trait à l’accès de la population aux soins des maladies
rénales ;
 Sur le plan pratique, ce travail pourrait aboutir à des actions de
sensibilisation de la population sur la prévention des maladies rénales.
0.2. État de la question
Dans cette section nous présentons les condensés des quelques travaux et
ouvrages consultés lesquels illustrent l’existence de problème de l’accessibilité
des patients aux soins des maladies rénales.
En effet, la problématique de l’accès aux soins des maladies rénales n’est pas
nouvelle, plusieurs études ont souligné que les coûts de soins de ces maladies
pourraient significativement diminuer, si la pathologie est prise en charge à un
stade précoce, d’où l’intérêt de la politique de prévention et de lutte contre ce
problème majeur de santé publique10.
Dans le monde, notamment en France, Jean-Philippe Benainet al en 2007, ont
estimé que l'hémodialyse à domicile (HDD) est la technique la plus coûteuse
pour les patients incidents et la moins onéreuse pour les patients prévalents : elle
nécessite un grand nombre de séances d'entraînement (50 séances), mais
l'autonomie du patient acquise entraîne ensuite un faible coût de la prise en
charge11.

10
Masimango MI, Sumaili EK, Wallemacq P, Malembaka EP, Hermans MP, Fillée C, et al. Prevalence and risk
factors of chronic kidney disease in South-Kivu, Democratic Republic of Congo. Kidney Int Rep 2020 ; 5 : 1251-
1260.
11
Jean-Philippe Benainet al. Coût de la prise en charge de la dialyse en France. Néphrologie & Thérapeutique
Volume 3, Issue 3, June 2007, Pages 96-106.
4

Par ailleurs, lors de la célébration de la journée mondiale du rein en mars 2015,


l’ONG la Fondation du Rein souligne l’existence des grandes disparités d’accès
à la dialyse chronique Bien que le traitement par dialyse chronique soit
disponible depuis les années 1960 dans les pays développés. Un critère utile
pour évaluer ces disparités est le nombre de nouveaux patients dialysés chaque
année. La France se situe dans le groupe des pays intermédiaires. Les pays où
les nouveaux patients sont les plus nombreux sont les USA (350 pmh), le Japon
(300 pmh), et la Grèce (200 pmh)12.
Selon Pierre-Yves Martin et Michel Burnier (2005), aux Etats-Unis, près de 50
millions d’habitants n’ont pas d’assurance maladie, le traitement de
l’insuffisance rénale terminale est pris en charge par le gouvernement. Cette
prise en charge n’est cependant possible qu’avec un système de santé
performant et de nombreux pays ne peuvent pas offrir la possibilité d’une
dialyse à toutes les personnes qui en auraient besoin13.
En Suisse, la dialyse fait partie des prestations de l’assurance obligatoire des
soins. Il existe en outre une Fédération suisse pour tâches communes des
assureurs-maladie (SVK), qui sur mandats des assureurs-maladie, propose des
assurances pour prestations spéciales. Une commission de dialyse formée de
néphrologues et de représentants de la SVK se réunit plusieurs fois par an avec
pour objectifs la préservation d’une qualité élevée de soins qui prenne également
en compte l’aspect financier de ces prestations14.
À travers une approche de type coût-efficacité de la prise en charge par
l’épuration extra-rénale (EER) en France J.P. Marissal, J.C. Sailly (2002)
indique que d’un point de vue économique, la question de la prise en charge de
l’insuffisance rénale illustre bien deux des problèmes rencontrés dans le
domaine du traitement des pathologies chroniques, à savoir une exigence de
préservation de la vie des patients face à une pathologie influant sur le pronostic
vital, d’une part, et l’existence de contraintes économiques d’autant plus fortes
que les traitements à disposition sont onéreux, d’autre part.15

12
ONG la Fondation du Rein. Journée mondiale du rein en mars 2015, www.semainedurein.fr. Consulté le
20/10/2023
13
Pierre-Yves Martin et Michel Burnier. Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 23 février 2005
14
Idem.
15
J.P. Marissal, J.C. Sailly. Éléments de problématique économique dans le domaine de l'épuration extra-
rénale. Dans Santé Publique 2002/2 (Vol. 14), pages 107 à 119
5

Cependant, la haute autorité de santé (HAS) en 2014 avait suggéré de modéliser


des possibilités de changement dans la trajectoire de soins des patients entre les
différentes modalités de traitement de suppléance et d’évaluer leurs
conséquences d’un point de vue clinique et économique étant donné que les
disparités importantes d’une région à l’autre mais aussi entre les pays, dans le
recours aux différentes modalités de traitement montrent qu’il existe des marges
de manœuvre dans l’évolution des stratégies de prise en charge16.
Par ailleurs, Christian Baudelot et al en 2016 avait déjà signalé que la lutte
contre les inégalités sociales de santé est un enjeu majeur de santé publique.
Certaines de ces inégalités sont à ce jour peu documentées et donc peu présentes
dans les débats. C’est le cas des maladies rénales et de l’accès à leurs traitements
(dialyse et greffe de rein). Diverses mesures pourraient être prises afin
d’atténuer ces inégalités sociales. Une première étape consiste à ne plus faire
comme si elles pouvaient ne pas exister, mais à les reconnaître et à mieux les
connaître, comme le préconise la première recommandation du rapport du Haut
conseil de la santé publique, « Sortir de la fatalité »17.
Lucile Montalescot (2019) a souligné l’importance du rôle de la famille sur la
perception du choix de traitement de la maladie rénale chronique avancée. En
effet ses analyses ont révélé que la cohésion familiale influencée le choix du
traitement de la MRCT18.
En évoquant le parcours de soins des patients atteints de maladie rénale Sophie
Fave (2013) constate que les réseaux de néphrologie ont pour mission de
sensibiliser au dépistage de l’insuffisance rénale, de coordonner les suivis
pluridisciplinaires et favoriser le décloisonnement entre établissements de soins
et médecine de premier recours. Le recours aux réseaux de néphrologie par les
professionnels et les patients reste inégal.19

16
Haute autorité de santé (HAS). Évaluation médico-économique des stratégies de prise en charge de
l’insuffisance rénale chronique terminale en France2014
17
Christian Baudelot et al. Maladies rénales et inégalités sociales d’accès à la greffe en France. Dans Population
2016/1(Vol. 71), pages 23 à 51.
18
Lucile Montalescot. Les patients et leurs proches face à la maladie rénale chronique avancée : étude de leur
ajustement et de leur perception du choix de traitement. Médecine humaine et pathologie. Université Paris
Cité, 2019.
19
Sophie Fave Levert. Parcours de soins des patients atteints de maladie rénale chronique : place et éthique des
réseaux de santé ?. Santé. Université Claude Bernard - Lyon I, 2013.
6

En Afrique, Benkari Ishak (2019) avait constaté que la prise en charge de


l’IRCT génère un fardeau économique considérable. Celui-ci se décline tout
d’abord par les coûts directs liés aux traitements de substitution de la maladie et
ensuit par les pertes de production dues aux effets de la maladie sur l’activité
économique. Ainsi, l’auteur a évaluée le coût de l’IRCT respectivement et de
l’ordre de 1 776 643,2 dinars algériens et 676 571,84 dinars algériens par an20.
M. Asserraji et al (2016) ont rapporté que le Maroc est un pays à ressources
limitées où les dépenses globales du système de santé représentent 5,1 % du PIB
en 2006. Le poids financier des thérapies de suppléance rénale imposera au
système de santé la maîtrise du flux des patients IRCT incidents par un
programme ambitieux de prévention de l’IRC du faite qu’en unité année/patient,
le coût d’hémodialyse s’élève à 132 600 Dirhams (12 040,31 Euros ou 13
684,21 Dollars US)21.
Faisant suite aux efforts du gouvernement de tendre accessible les soins de santé
rénaux au Maroc, Rachid Zammar () a souligné l’impact du plan de
développement économique et social 2000-2004, visant l’extension de
l’assurance maladie obligatoire (AMO) et l’institution d’un régime d’assistance
pour la prise en charge des économiquement faibles (RAMED). Ce projet a
permis l’améloration de l’accès à la santé à travers les soins de dialyse qui sont
jugés nécessaires pour les patients ayant une insuffisance rénale22.
Par ailleurs Cheurfa et al (2013) distingue le coût de la pathologie rénale selon le
point de vue des ménages, celui des financeurs (Assurance maladie,
Complémentaire santé, etc.), et celui des producteurs de soins (médecins,
hôpitaux) et celui de la société. De ce fait, la notion du coût d’une pathologie est
polysémique, son contour et ses composantes diffèrent selon le point de vue
envisagé23.

20
Benkari Ishak. La prise en charge de l’insuffisance rénale chronique. Cas de l’Algérie. Master en Sciences
économiques Spécilaité : Economie de la Santé. Université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou. 2019.
21
M. Asserraji et al. Coût de l’hémodialyse au Maroc. Néphrologie & Thérapeutique. Vol 12 - N° 5 P. 271 -
septembre 2016
22
Evaluation du projet (RAMED). Cas des soins de dialyse dans la région Sous Massa. Journal d’Economie, de
Management, d’Environnement et de Droit (JEMED) ISSN 2605-6461 Vol 2. N° 3, novembre 2019
23
Taous Cheurfa et Nouara Kaïd Tlilane. L’insuffisance rénale chronique terminale en Algérie: aspects
épidémiologiques et économiques. Les cahiers du cread N°112. 2013.
7

Au Mali, le ministère de santé et de développement a indiqué une amélioration


des séances d’hémodialyse plus accessibles à tous les patients. Ces efforts ont
portés sur l’augmentation de la subvention accordée à la dialyse de l’ordre d’un
(1) milliard de FCFA en 2015. Cette subvention a permis au patient de payer
2.500 FCFA par séance de dialyse au lieu de 125 000 FCFA le tarif plein. Ces
efforts de l’Etat se sont accentués avec la prise en compte de la dialyse dans les
actes du régime d’assistance médicale, permettant à cet effet, une prise en
charge à 100% pour les patients dialysés détenteur d’un certificat d’indigence 24.
Selon Abdou Niang et al (2021), au regard des dépenses liées à la prise en
charge des maladies rénales, aucun des pays d’Afrique subsaharienne ne peut
faire face au fardeau économique et social lié à la prise en charge de la maladie
rénale chronique et aux thérapies de suppléance rénale. D’où l’existence des
grandes disparités notées dans la prise en charge de la maladie rénale, ainsi que
dans les moyens déployés pour sa prévention, dans le dépistage des personnes à
risque et à l’accès aux soins spécialisés et aux thérapies de suppléance rénale 25
En RDC, les études menées sur la prévalence de la maladie rénale dans la ville
Province de Kinshasa l'ont estimée à 12,4% et 19,8%. Face à cette maladie dont
la prise en charge reste très onéreuse, le seul moyen efficace de lutte reste
l’intervention coordonnée de bonnes volontés susceptibles par des actions
humanitaires de faciliter le traitement par la dialyse ou hémodialyse ainsi que la
prévention qui est un volet important dans la prise en charge de ces maladies
dans les pays en voie de développement26.
Après une analyse des moyens d'accessibilité financière des patients insuffisants
rénaux à l'hémodialyse ainsi que les facteurs de risque de mortalité de ces
derniers. Henry MundongoTshamba et al (2014) ont constaté que pour un coût
moyen mensuel de 1270$ d'hémodialyse, 52,8% des patients avaient déclaré
avoir un revenu mensuel de 205$ ; 34% 525$ et 13,2% 750$. Et que
l'irrégularité de suivi en hémodialyse a été le facteur de risque de décès en
hémodialyse soit 77% suivie de l'arrêt du traitement27.

24
Mali/Ministère de santé et de développement. Renforcement des capacités du centre de dialyse du CHU
point G. 16 décembre 2015.
25
Abdou Niang et al. Néphrologie en Afrique subsaharienne : passé, présent, futur. Néphrologie &
Thérapeutique. Volume 17, Supplement, April 2021, Pages S37-S44
26
Sumaili E K et al. High prevalence of undiagnosed chronic kidney disease among at-risk population in
Kinshasa, the Democratic Republic of Congo. BMC Nephrology. 2009 Jul 21;
10:18. Google Scholar
27
Henry MundongoTshamba et al. Risk of death and the economic accessibility at the dialysis therapy for the
renal insufficient patient in Lubumbashi city; Democratic Republic of Congo: case series. Pan African Medical
Journal. 2014;19:61
8

Sumaili EK et al (2023) ont rapporté des disparités dans l’accès au traitement de


suppléance rénale. Certains pays subventionnent partiellement ou totalement, le
traitement de la dialyse comme l’Angola, le Cameroun, le Gabon, le Sénégal, la
Guinée équatoriale, etc… En revanche, dans les pays comme le Congo
Brazzaville et la République démocratique du Congo, la majorité de patients
atteints d’IRC paie de leur poche sont particulièrement vulnérables justifiant une
accessibilité plus faible à la dialyse et la forte mortalité 28.
En 2021, Lokulutu aimée a fait remarquer les efforts de la fondation HJ hospial
de rapprocher les soins de santé auprès des personnes les plus vulnérables, sans
impacter sur leurs finances à travers une campagne pour offrir la dialyse aux
personnes qui ont une insuffisance rénale aiguë, et d’offrir, dans la mesure du
possible, une transplantation rénale en ceux qui ont développé une insuffisance
rénale chronique29.
À la lumière de la littérature présentée ci-haut, il ressort que l’accessibilité aux
soins des maladies rénales quel que soit le milieu pose problème, mais les
inégalités des soins sont beaucoup plus accentuées dans les pays de l’Afrique
Subsaharien tel que la RDC. D’où la particularité de cette étude de rechercher
les problèmes qui émaillent l’accessibilité aux soins des maladies rénales.
0.3. Énoncé du problème
La maladie rénale (MR) définie comme l’ensemble des anomalies
fonctionnelle, morphologique et histologique rénales. Elle est un véritable
problème mondial de santé publique et on estime cependant que la prévalence de
la maladie rénale serait 50 fois associée à l’insuffisance rénale terminale
(IRT)30.
En effet, la fonction rénale est évaluée en mesurant le débit de filtration des
reins (DFGe) en millilitre par minute. Le taux normal d’un jeune adulte en santé
est de 120 ml/min, la fonction rénale diminuant graduellement d’environ 1
ml/min/année au cours de la vie. Plusieurs types de maladies rénales peuvent
affecter la fonction des reins et éventuellement causer une insuffisance rénale
chronique. Malheureusement, ces maladies rénales passent souvent inaperçues
étant donné l’absence fréquente de symptômes dans les stades précoces 31.
28
Sumaili EK et al (2023). Op.cit.
29
Lokulutu aimée. RDC : une campagne de la prise en charge gratuite de la dialyse (traitement d’insuffisance
rénale). www.Actualite.CD. 2021. Consulté le 10/10/2023.
30
Samaké M et al. Prévalence de la maladie rénale au service des urgences de l’hôpital Fousseyni Daou de
Kayes.
31
L’Ordre des diététistes-nutritionnistes du Québec (2023). Op.cit.
9

C’est pourquoi il est important d’améliorer l’accès aux soins des maladies
rénales étant donné que Le rôle du néphrologue est essentiel pour le diagnostic
étiologique, la mise en place des traitements néphroprotecteurs visant à ralentir
l’évolution de l’insuffisance rénale, ainsi que pour la prise en charge des
facteurs de risque cardio-vasculaires32.
Ainsi le recours au néphrologue permet également de traiter plus précocement
les complications comme l’anémie, troubles phosphocalcique et la prise en
charge en néphrologie permet d’améliorer la morbi-mortalité des patients et
ralentir la progression de la maladie rénale chronique. Chez les patients ayant un
stade d’IRC avancé (DFG=15-29 ml/min/ 1,73 m2) plus le recours au
néphrologue a été précoce avant le stade de suppléance, plus la morbi-mortalité
diminue notamment grâce à une meilleure préparation au traitement de
suppléance33.
Selon J.M. Lofandjola et al (2017), le fardeau de maladies chroniques (surtout
non transmissibles) est le défi majeur mondial de santé publique. La
combinaison d’un développement économique erratique, des systèmes de santé
inadaptés, manquant de capacités de diagnostic et thérapeutique, provoque dans
beaucoup de pays à ressources limitées dont la République démocratique du
Congo (RDC) une impossibilité à gérer l’ampleur actuelle de ces maladies. À
cela s’ajoute la pauvreté répandue et les défis environnementaux34.
L’ONG la Fondation du Rein (2015) a rapporté qu’en 2015, plus de 1 adulte sur
10 souffre d’une affection rénale, soit plus de 600 millions dans le monde et
pourtant, chaque année, en raison d’un diagnostic tardif, des millions de
personnes décèdent prématurément d’insuffisance rénale chronique ou de ses
complications cardiovasculaires. Or, les maladies rénales, même si elles sont le
plus souvent silencieuses, peuvent être détectées et leur évolution ralentie, voire
stoppée35.
Pour lutter efficacement contre ce fléau, à l’initiative de patients et de
professionnels de santé, de nombreuses fondations dédiées à la lutte contre les
maladies rénales ont été créées dans le monde. Chaque Fondation développe
dans son pays des programmes de dépistage, de prévention, de développement
de nouvelles thérapeutiques, d’aide aux malades et d’encouragement à la

32
Modibo Tounkara. Motif de primo-consultation dans le service de néphrologie et d’hémodialyse de L’hôpital
Mali Gavardo. Thèse en médecine univeristé de Bamako.2021
33
Idem.
34
J.M. Lofandjola et al. Fardeau des maladies chroniques en Afrique subsaharienne : plaidoyer pour une mise en
place des soins palliatifs et d’accompagnement en fin de vie en République démocratique du Congo. Ethics,
Medicine and Public Health Volume 3, Issue 3, July–September 2017, Pages 374-380
35
ONG la Fondation du Rein. (2015). Op.cit.
10

recherche. En France, depuis 13 ans, la Fondation du Rein remplit ces


missions36.
Ces stratégies sont destinées à combattre les différentes difficultés des
communautés dans les pays développés ou en voie de développement qui sont
exposées à un risque accru de maladie rénale, du fait de leur situation socio-
économique, ou en raison du coût extrêmement élevé des traitements de
suppléance rénale. Les défis dans ce domaine concernent l’accès à une
éducation à la santé, aux conditions socio-économiques et l’assurance santé 37.
Face à cette situation de crise sanitaire et socio-économique potentielle, la seule
réponse globale réaliste est la prévention des maladies chroniques : la promotion
d’un dépistage précoce et des mesures de prévention est indispensable pour
atteindre l’objectif fixé par l’OMS de réduire, de 2 % par an au cours des 10
prochaines années, les décès liés à une maladie rénale. L’efficacité de la
prévention des maladies rénales et cardiovasculaires est scientifiquement
prouvée38.
De plus la maladie rénale n’entraîne longtemps que peu de symptômes, mais elle
est facile à dépister par des examens très simples sur les urines (recherche
d'albumine) et sur le sang (dosage de la créatinine). Or, aux stades initiaux, la
maladie rénale reste le plus souvent inaperçue. Ainsi, la plupart des personnes au
début de la maladie ne bénéficient pas des traitements préventifs avant la
survenue de l’insuffisance rénale ou des complications cardiovasculaires 39.
C’est pourquoi dépistage doit être une priorité chez les personnes à risque de
maladie rénale : diabétiques et hypertendus, obèses, fumeurs, au-delà de 50 ans,
ou notion familiale de maladie rénale. La plupart des formes de maladie rénale
sont traitables, et leur progression peut être enrayée surtout si le traitement est
débuté dès leur début. Un dépistage et un traitement précoces permettent
souvent d’éviter la progression vers l’insuffisance rénale, la dialyse ou la
greffe40.
Si la richesse des pays développés est associée globalement à une augmentation
du nombre de nouveaux dialysés, à l’intérieur de ces pays, les zones de pauvreté
sont associées à une augmentation encore plus importante de ce nombre.
L’explication pourrait être que les patients ayant un statut socio-économique bas
bénéficient de moins de soins de prévention, sont davantage exposés aux

36
Idem
37
Ibidem
38
. www.renaloo.com. Les états généraux du rein 2015. Consulté le 15/10/2023.
39
Idem
40
Ibidem
11

facteurs de risque environnementaux, et ont un moins bon comportement


nutritionnel41.

Selon. P. Marissal, J.C. Sailly (2002, parmi les facteurs non médicaux qui
émergent, il y a la formation des praticiens et les données économiques
(environnement du système de santé, poids du secteur public dans l’offre de
soins et niveau de rémunération des séances différent selon les techniques
d’épuration extra-rénale) contribuent très certainement à expliquer ces
différences. C’est ainsi que des auteurs mettent l’accent sur l’impact du poids du
secteur public dans l’offre de soins42
D’après Leclerc et al. (2000), du point de vue des patients l’accès aux soins des
maladies rénales est associé aux caractéristiques des patients les plus instruits
qui savent aussi mieux s’orienter dans l’univers médical et accèdent plus
souvent que les autres aux meilleurs traitements. Ces patients sont aussi les
mieux informées, en néphrologie comme dans les autres pathologies43.
Quant Bras P-L, Duhamel G (2002), le patient atteint de maladie rénale
chronique devient porteur d’une mission d’autogestion responsable et pérenne
de sa santé et du suivi intégré de sa pathologie. Le terme anglais « Disease
Management » détermine ce suivi conjoint de la maladie rénale chronique par le
patient et par un coordonnateur de soins qui oriente le patient vers les
professionnels compétents44.
Pour Sumaili et al (2021), les défis liés aux patients comprennent, l’ignorance de
la maladie, le recours à la médecine alternative (plantes traditionnelles africaines
ou chinoises non sécurisées, certaines croyances religieuses), la pauvreté, le
niveau éducationnel bas, la peur de la maladie ou du traitement comme la
dialyse ou la greffe rénale et la présentation tardive (à l’apparition de signes
indiquant le stade avancé ou terminal de la maladie).45.
Ceci montre que la maladie rénale constitue un problème de santé publique en
autre par l’existence des défis associés en matière de diagnostic et de la prise en
charge ainsi que du cout élevé de soins. Ces défis sont spécifiquement très
préoccupants dans les milieux à ressources limitées incluant l’ASS où l’on en
dénombre plusieurs46.

41
Rapport REIN 2012, Réseau Epidémiologie et Information en Néphrologie.
42
J.P. Marissal, J.C. Sailly (2002).Opcit
43
leClerC et al. 2000, Les inégalités sociales de santé, Inserm, La Découverte, 448 p
44
Bras P-L, Duhamel G, Grass É. améliorer la prise en charge des malades chroniques : enseignements des expériences
étrangères de « disease management ». Paris, France: IGAS; 2006.
45
Sumaili EK, Ekulu PM, Pakasa NM, Tshala-Katumbay D, Nseka NM. Nephrology in the Democratic Republic of the Congo.
In Moura-Nero JA. Nephrology worldwide. Springer Nature Switzerland AG 2021
46
Idem
12

La MRC en Afrique est typiquement le reflet de l'interaction de plusieurs


facteurs, y compris des facteurs génétiques et environnementaux, et de multiples
défaillances du système de santé. Ces facteurs peuvent être également liés aux
patients lui-même, au système de santé, au financement et ceux d’ordre socio-
culturel ainsi que d’autres inconnus47.
Au stade précoce, la MRC ne peut être détectée que par des tests de laboratoire
(protéinurie qualitative ou semi-quantitative à la bandelette réactive à confirmer
par le dosage quantitatif, l’hématurie, l’urée, la créatinine) qui malheureusement
ne sont toujours pas fiables ou sont simplement inexistants en particulier en
milieu rural. Et pourtant, si elle est détectée précocement, la progression de la
MRC peut être ralentie et même stoppée grâce à des traitements simples et peu
couteux (par exemple les antihypertenseurs anti-protéinuriques, antidiabétiques,
arrêt ou éviction des produits néphrotoxiques sécurisés ou non sécurisés, etc..)48.
Sur le plan épidémiologique environ 750 millions de personnes dans le monde
sont atteintes d'insuffisance rénale chronique (IRC), un stade avancé de la MRC
mais la charge réelle de la MRC en Afrique bien que présumée élevée reste
inconnue en raison de l'absence de registres nationaux, de recensements fiables
et d'études de haute qualité. En outre, le financement limité des études de
population et la faiblesse des dispositifs de laboratoire peuvent expliquer cette
situation49.
Toutefois, il existe des variations notables dans la prévalence et les risques de la
MRC entre les pays d'Afrique du Nord, l’Afrique du Sud et de l'ASS. En effet,
les estimations du fardeau de la MRC ont montré une variabilité importante
selon les méthodes d'évaluation utilisées et la population étudiée 50.
À cet égard, Kaze et al (2018), examinant 98 432 sujets issus de 98 études
réalisées en Afrique dans le cadre d'une méta-analyse de 2018, ont rapporté une
prévalence globale des stades 1 à 5 de la MRC de 15,8 % (IC 95 % : 12,1-19,9)
et une prévalence des stades 3 à 5 de la MRC de 4,6 % (3,3-6,1) dans la
population générale51.
Dans leur enquête, la prévalence de la MRC était également plus élevée dans les
études réalisées en ASS que dans celles réalisées en Afrique du Nord (17,7, IC
95 % 13,7-22,1 vs 6,1, IC 95 % 3,6-9,3, p < 0,001). La MRC présentait une

47
Idem
48
GBD Chronic Kidney Disease Collaboration. Global, regional, and national burden of chronic kidney disease,
1990-2017: a systematic analysis for the Global Burden of Disease Study 2017. Lancet 2020; 395 (9987): 709-
733.
49
Fabian J, George JA, Etheredge HR, Deventer MV, Kalyesubula R, Tomlinson LA et al. Methods and reporting
of kidney function: a systematic review of studies from sub-Saharan Africa. Clin Kidney J 2019; 12 (6): 778-787.
50
Idem
51
Kaze AD, Ilori T, Jaar BG, Echouffo-Tcheugui JB. Burden of chronic kidney disease of the African continent: a
systematic review and meta-analysis. BMC Nephrol 2018; 19 (1): 125.
13

prévalence significativement plus élevée dans les sites sud-africains 14 % (11,9-


16,4) que dans les sites ouest-africains 6,6 % (5,5- 7,9)52 .

Dans une revue systémique centrée sur l'ASS réalisée par Stanifer et al. (2014),
il ressort que que la prévalence globale de la MRC était de 13,9 % (IC 95 %
12,2-15,7) sans différence significative dans la prévalence de la MRC entre les
zones urbaines 12,4 % et les zones rurales 16,5 % (13,8-19,6) 53. De même,
Masimango MI et al (2020) n’ont trouvé aucune différence statistique de la
prévalence de la MRC entre le milieu urbain et rural (13, 6 % versus 14, 1 %, p
=0,82) au Sud Kivu, en République démocratique du Congo (RDC)54.
En République Démocratique du Congo, les ressources allouées et disponibles
pour le secteur de la sante sont insuffisantes, alors que les soins ont un cout
particulièrement dans un environnement socio - politique peu favorable. Nous
les connaissons tous, la majeure partie de la population ne dispose d'aucune
garantie d'obtenir des soins de santé appropries au meilleur cout55.
La sante est donc un des secteurs les plus touchés par la crise économique et ce,
a plusieurs niveaux. L’Etat ne subventionne presque plus les soins de santé de la
population ; celle - ci est au contraire obligée à se prendre en charge, en dépit de
la modicité des revenus des quelques personnes qui travaillent et qui doivent
subvenir aux besoins multiformes d'une grande armée des chômeurs et des
indigents56.
Le financement du système sanitaire de la RDC souffre ainsi d'un grand
paradoxe : alors que les malades sont tenus de supporter la quasi - totalité des
couts financiers de leurs soins de santé et du fonctionnement des formations
médicales qui les accueillent, leurs revenus sont loin de leur permettre de relever
un tel défi57.
Par ailleurs, alors que la crise économique occasionne une forte demande des
soins à cause notamment de la précarité des conditions de vie, d'hygiène
personnelle et publique, de la sous-alimentation, etc., les formations sanitaires
52
Gharbi MB, Elseviers M, Zamd M, Alaoui AB, Benahadi N, Trabelssi EH, et al. Chronic kidney disease,
Hypertension, diabetes, and obesity in the adult population of Morocco: how
to avoid ‘’over’’-and ‘’under’’-diagnosis of CKD. Kidney Int 2016; 89:1363-1371.
53
Stanifer JW, Jing B, Tolan S. The epidemiology of chronic kidney disease in sub-Saharan: a systematic review
and meta-analysis: Lancet Glob Health 2014; 2 (3): 174-181
54
Masimango MI, Sumaili EK, Wallemacq P, Malembaka EP, Hermans MP, Fillée C, et al. nPrevalence and risk
factors of chronic kidney disease in South-Kivu, Democratic Republic of Congo. Kidney Int Rep 2020 ; 5 : 1251-
1260
55
Albert M. S., Estimation des dépenses de soins de santé dans les différents transferts de fonds (ville de
Kinshasa). Université de Kinshasa - D.E.S. en Economie de Sante 2007-2008
56
MINISANTE RDC : Plan directeur de développement sanitaire 2002 - 2009, Kinshasa, Février 2001, p.12
57
Idem
14

sont de plus en plus incapables de répondre à cette demande à cause notamment


du délabrement de leurs infrastructures et équipements et de la démotivation du
personnel médical58.

Alors que la politique nationale actuelle a pour option fondamentale « la


satisfaction des besoins de sante de toute la population, qu'elle soit en milieu
urbain ou en milieu rural. » il faudrait agir pour améliorer l'accessibilité aux
soins par la couverture adéquate en infrastructures de sante, par
l'approvisionnement en équipements et en médicaments essentiels, le
déploiement des ressources humaines sur toute l'entendue du pays et la
mobilisation des ressources financières59
Tenant compte du vieillissement de la population, l’évolution des
comportements de notre société africaine comme occidentale et les avancées
scientifiques qui rendent compte d’un nombre croissant de patients atteints de
maladies rénales. Nous sommes ainsi interpellés par la question de
l’accessibilité des patients aux soins de santé des maladies rénales. En
répondant à la question suivante : quels sont les problèmes que rencontrent les
patients pour accéder aux soins des maladies rénales ?

0.4. Hypothèse d’étude

L’hypothèse étant une réponse anticipée à une question de recherche, dans le


cadre de cette étude, nous formulons l’hypothèse suivante : la problématique de
l’accès aux soins des maladies rénales serait d’ordre individuel, financier et
institutionnel.

05. Objectifs de l’étude

0.5.1. Objectif général


Le présent travail souhaite contribuer à l’amélioration de l’accès des patients
aux soins de santé rénale au moyen de l’identification des problèmes qui sont à
l’origine de cette inaccessibilité.

0.5.2. Objectifs spécifiques


D’une manière spécifique cette recherche compte :
- Présenter une revue de la littérature sur la maladie rénale et l’accessibilité
aux soins;

58
Ministere de la sante de la RDC, Po litique et strategies de financement du secteur sante, Kinshasa,
septembre 2004, p.10
59
Idem
15

- Décrire le profil caractéristique des patients suivis pour les maladies


rénales à la clinique Ngaliema ;
- Mener des investigations pour identifier les différents problèmes que
rencontrent les patients pour accéder aux soins des maladies rénales;
Formuler un projet pour améliorer l’accès de la population aux soins des
maladies rénales.

0.6. Méthodes et Techniques

0.6.1. Méthodes
La méthode est comprise ici comme toute démarche scientifique qui est un mode
de raisonnement théorique et qui aide le chercheur à étudier un sujet donné 60.
Dans le cadre de cette rédaction, nous avons reconnu à la méthode descriptive,
analytique et celle de l’enquête.
0.6.1.1 Méthode descriptive
Elle consiste à décrire, nommer ou caractériser un phénomène de sorte qu’il
apparaisse familier. Elle vise à recueillir des données numériques comparables
en mesurant une ou plusieurs variables dans un univers donné. Essentiellement,
elle recueille des constatations très précises sans être en mesure de les replacer
dans leur contexte plus large ou de les expliquer. Comme l'indique le
qualificatif, elle décrit une situation en y introduisant des précisions uniformes 61.
Cette méthode a été choisie pour décrire le système actuel de l’accès aux soins
de santé des maladies non transmissibles en générale et celle des maladies
rénales en particulier.
0.6.1.2 Méthode d’enquête sur terrain
Le terme « enquête » recouvre un ensemble de méthodes d’investigation
techniquement différentes, mais utilisant toutes le mode déclaratif qui consistent
à interroger des individus dont les réponses constituent la matière informative.
Entretien et questionnaire sont les deux procédures types, chacune se déclinant
en une variété de techniques62.
Le choix entre l’entretien et le questionnaire dépend du contenu d’information
recherché car chaque technique apporte une information spécifique.
Dans ce travail, les informations ont été collectées par interview des patients à
l'aide des questionnaires, des discussions et des observations directes des faits et
pratiques sur le terrain.

60
DUVERGER. M, méthodes de science sociales, PUF, paris, 1961, P.40
61
Bokongo libakea, J-M., Notes de cours d’initiation à la recherche scientifique, éd feu torrent, Kinshasa, 2013,
p. 33
62
Daniel Caumont. Les techniques d’enquête. Dans Les études de marché (2016), pages 72 à 98. Mis en ligne sur
Cairn.info le 25/04/2022
16

Le questionnaire a comporté des questions ouvertes, semi fermées et fermées


formulées pour identifier les problèmes de l’accès aux soins des maladies
rénales.

0.6.1.2 Méthode analytique


Elle consiste à décomposer et analyser l’objet d’étude en allant du plus
complexe ou plus simple. L'analyse comporte des objectifs multiples que l'on
retrouve dans toute étude et qui constituent, en quelque sorte, un modèle qui
inspire le chercheur dans ses efforts pour décomposer et interpréter la réalité. On
peut les énumérer de la manière suivante : a) identifier les facteurs pertinents ; b)
montrer leur interdépendance ; c) évaluer leur importance relative ;d) élaborer
des schémas d'explication ; e) construire une théorie particulière 63.
Nous l’avons choisie parce qu’elle permet de réfléchir sur les problèmes qui
empêchent l’accès aux soins des maladies rénales.
0.6.2 Technique de recherche
Par définition, les techniques de recherche constituent un outil de collecte de
données, une servante de la méthode pour atteindre un objectif précis64.
A ce stade, nous avons utilisé les techniques d’observation, d’interview
structurée et documentaire
0.6.2.1Technique d’observation
Ici, le chercheur effectue un effort systématique pour enregistrer aussi
fidèlement et complètement que possible les faits qu'il voit et entend dans des
situations concrètes déterminées d'avance et reliées à la question centrale.
L'observation découle donc d'un but précis et se déroule habituellement selon un
plan d'ensemble préétabli : le chercheur a en tête des questions précises sur ce
qu'il a à observer.
Cette technique nous a permis de nous rapprocher le plus possible des
expériences vécues par les patients en rapport avec les soins des maladies
rénales, dans une large mesure, leurs attitudes, leurs attentes, leurs aspirations.
0.6.2.2 Technique d’interview structurée
Selon Albert BRIMO, l'interview est la technique qui a pour but d'organiser un
rapport de communication verbale entre l'enquêteur et l'enquêté, afin de
63
Bokongo libakea, J-M0 2013. Op.cit.
64
NZONGOLA, « introduction à la science politique », éd. Dumont noir, Lubumbashi, 1973, P.13
17

permettre à l'enquêteur de recueillir certaines informations de l'enquête


concernant un objet précis.65.
Elle nous a été utile dans la mesure où nous avons interviewé tête à tête les
patients suivis pour maladie rénale ; ainsi que toute personne susceptible de nous
fournir des informations nécessaires relatives à notre sujet
0.6.2.3 Technique documentaire
Autrement appelée « observation indirecte », c'est une technique qui porte sur
des documents écrits ou non écrits, afin d'en tirer des informations nécessaires à
la recherche66.
Grâce à cette technique, nous aurons à consulter et à explorer les différents
documents, tels que le dictionnaire, les livres, l'internet...afin d'y tirer des
éléments nécessaires en rapport avec notre sujet.
0.7. DELIMITATION DU SUJET
Tout travail scientifique ne peut se concevoir ni se réaliser sans que ses limites
soient établies dans le temps et dans l’espace.
Selon REZSOHAZY, toute démarche scientifique procède inévitablement par
un découpage de la réalité. Il n’est pas possible d’étudier, de parcourir tous les
éléments influents jusqu’au bout de temps67.
Du point de vue spatial, notre champ de recherche les patients suivis à la
clinique Ngaliema pour une maladie rénale.
Du point de vue temporel, notre étude couvre la période allant de novembre en
décembre 2023.
0.8 SUBDIVISION DU TRAVAIL
Hormis l’introduction de la conclusion ce travail se divise en quatre chapitres :
Le premier chapitre concerne le cadre théorique
Le second chapitre est consacré au cadre méthodologique
Le troisième chapitre s’étale sur les résultats de l’enquête
Le quatrième chapitre développe notre dossier projet

65
BRIMO, A., méthodes des sciences sociales, éd. mont chrétien, Paris, 1971, p.207
66
Idem
67
REZSOHAZY.R, théorie et critiques des faits sociaux, la naissance du livre, Ed. Broeck, Bruxelles, 1971,
P.69,
18

CHAPITRE PREMIER : CADRE THEORIQUE

Selon Pierre Paquet (2023), le cadre théorique est la base sur laquelle toute
recherche est construite. Il permet de structurer une étude, mais également
d’introduire et de décrire le concept ou le sujet de recherche. Il est surtout
présent dans les analyses d’exploration autant que dans les études théoriques 68.

Les fonctions d’un cadre théorique dans une étude de recherche scientifique sont
entre autres de trouver les idées à développer, de définir les moyens par lesquels
le faire et de déterminer les données statistiques avec lesquelles prouver les
résultats. En définitive c’est le squelette théorique de la recherche sur un sujet 69.

Ainsi, dans le présent chapitre, nous allons aborder les généralités de notre
étude, lesquelles porteront sur les définitions des concepts, et la théorie
explicative sous examen c’est-à-dire la littérature sur la maladie rénale et
l’accessibilité aux soins.

1. 1. Définition des concepts

 Accessibilité aux soins de santé:


Selon Picheral (2001), c'est la capacité matérielle d'accéder aux ressources
sanitaires et aux services de santé, elle présente au moins trois dimensions:
sanitaire, financière et culturelle. L'accessibilité traduit la possibilité de recourir
aux prestataires de soins et n'a donc qu'une valeur potentielle (desserte) 70.
Indicateur social (inégalités) et indicateur de santé fréquemment utilisés,
l'accessibilité est une condition de l'accès aux soins mais ne détermine pas à elle
seule le recours aux soins effectif (c'est à dire l'utilisation effective du système).
L'accessibilité se dit aussi de la possibilité financière de recourir à des services
de santé (couverture, assurance sociale) ou à une innovation médicale (pratique,
technique, équipement, diffusion)71.
 Problématique

68
Pierre Paquet. 10 conseils pour réussir le cadre théorique d’un mémoire. Consulter dans
ExpertMemoire.com le 15/10/2023.
69
Idem
70
Picheral H. (2001). « Dictionnaire raisonné de géographie de la santé. » Montpellier, Université Montpellier 3
- PaulValery.P320-332
71
Idem
19

Le terme problématique est polysémique, il signifie « un problème considéré du


point de vue des différents aspects à traiter ».
Le dictionnaire Le Petit Larousse illustré (2017), le définit comme « ensemble
des questions qu’une science ou une philosophie se pose relativement à un
domaine particulier72.
Dans cette étude nous l’approchons comme l’ensemble de problème ou obstacle
à l’accès aux soins des maladies rénales.
 Problème institutionnel
Il concerne un problème lié à l’organisation du système de santé, précisément
des fonctionnements de service de santé, la qualité du personnel de santé, les
disponibilités de matériels de soins.
 Problème individuel
Le problème individuel se rapporte aux caractéristiques individuelles des
patients sur le plan démographique, culturel et comportemental.
 Problème socioéconomique
Le problème socio-économique concerne la dimension financière qui suppose
un équilibre entre le coût la qualité des prestations sanitaires, d'une part, et le
pouvoir d'achat des populations d'autre part. Dans plusieurs pays d'Afrique,
l'accès aux services de santé reste problématique, surtout pour les populations
désavantagées qui exercent des activités économiques faiblement rentables 73
 Les maladies rénales
La maladie rénale (MR) définie comme l’ensemble des anomalies
fonctionnelle, morphologique et histologique rénales. Les maladies du rein les
plus fréquentes sont la néphropathie diabétique et la néphroangiosclérose causée
par l’hypertension74.
On retrouve également certaines maladies génétiques comme la maladie rénale
polykystique et des maladies auto-immunes touchant les reins. Les calculs

72
Le Petit LAROUSSE illustré 2017. Paris : éd. LAROUSSE, 2017
73
OMS, 2018: « Combler le fossé en une génération, instaurer l'équité en santé en agissant sur les
déterminants sociaux de la santé » commission des déterminants sociaux de la santé, résumé analytique
rapport final. p.33
74
L’Ordre des diététistes-nutritionnistes du Québec (Mars 2023). Op.cit.
20

rénaux, également très fréquents dans la population, peuvent également affecter


la fonction des reins s’ils surviennent à répétition75.

Pour Koné Fatoumata Diamoye (2020), on parle des pathologies rénales lorsque
les reins ne parviennent plus à assumer leur fonction d’épuration de l’organisme,
notamment à cause de la perte des néphrons et des glomérules fonctionnels, il en
résulte un état pathologique appelé « insuffisance rénale », laquelle se traduit par
une augmentation des taux sanguins d'urée et de créatinine ainsi que par une
baisse du pH (acidose métabolique)76.

L'échelle temporelle caractérisant cette pathologie permet de définir


l'insuffisance rénale aiguë (IRA), d'installation brutale et de réversibilité totale
ou partielle, de l'insuffisance rénale chronique (IRC), à évolution plus
silencieuse et insidieuse mettant plusieurs années à se manifester cliniquement 77.

 insuffisance rénale aigüe


Elle est définie comme une chute brutale ou progressive (en quelques jours) de
la filtration glomérulaire, conduisant à l'accumulation dans le sang de toxines
urémiques. Malgré son caractère généralement réversible, il s'agit d'une urgence
clinique. En effet, cette situation peut nécessiter la mise en place d'une épuration
extrarénale par dialyse78.
 La maladie rénale chronique
La maladie rénale chronique (MRC) est caractérisée par l'accumulation de tissu
fibrotique, est l'aboutissement de toute pathologie non normalisée touchant le
rein, quelle qu'en soit la cause.
Ce terme, non spécifique à une étiologie bien déterminée, permet toutefois de
définir une altération graduelle, lente et progressive de la fonction rénale se
manifestant soit par la présence de lésions rénales (fonctionnelles et/ou
structurelles), soit par un DFG inférieur à 60 ml/min/1,73 m² pendant au moins 3
mois79. Elle se caractérise par une perte de 60 à 70 % des néphrons.
75
Idem
76
Koné Fatoumata Diamoye. Plantes médicinales utilisées par les patients du service de néphrologie au CHU
POINT G. thèse en médecine. Université de Bamako 2020.
77
Idem
78
Hilton R. Acute renal failure. BMJ 2006; 333: 786-790
79
National Kidney Foundation. KDOQI clinical practice guidelines for chronic kidney disease: evaluation,
classification and stratification. Am J Kidney Dis 2002; 39: S1-266
21

 Cout de soins :
C’est le montant, exprimé en monnaie, des charges nécessaires l'acquisition ou à
la production d'un bien ou d'un service80.
 Le cout direct : C'est tous les frais imputables à la maladie (consultations,
soins médicaux, achats médicaments examens de laboratoire etc.)
 Le cout indirect: C'est le cout additif aux couts directs (transport, repas du
malade, cout du remplacement à domicile, vols en cas d'absence...)
 Le Cout d'opportunité: C'est ce que le malade pouvait produire s'il n'était
pas malade. (Vente de biens, maisons, etc.)
Dépense de soins de santé :
Elle peut être définie comme l'ensemble des frais payés par un usager des biens
et de services de santé en échange de ces biens et services ainsi consommé. Face
à ces offres de soins de santé, des mécanismes de mobilisation de fonds, les
ressources financières sont essentielles pour rendre réels le paiement des soins
de santé. Elles peuvent être, soit les fonds publics ou l’Etat, soit la taxation des
soins81.
 Revenu:
Il désigne les montants pécuniaires qui sont perçus par un individu ou par une
collectivité comme fruit de son capital, comme rémunération de son travail
(individus, sous l'appellation économique de ménage) et des services rendus et
produits fournis (professionnels et personnes morales) (revenu d'activité), ou
comme allocations de nature sociale (Revenu d'inactivité) 82.
 Soins :
Représente tout moyen par lequel on se force de rendre la santé à un malade ou à
toute personne affichant un déficit fonctionnel, c'est aussi tout moyen permettant
de prévenir une maladie ou son aggravation83.
 Pauvreté :
C’est l'insuffisance de ressources matérielles, comme la nourriture, l'accès à
l'eau potable, les vêtements, le logement, et des conditions de vie en général,

80
Sadiki Fataki Antoine. Problématique de l’accessibilité aux soins de santé primaires par les ménages de la
localité Ntambwa. Mémoire en gestion des institutions de santé université Lubumbashi. 2019
81
Idem
82
Ibidem
83
Bahati Muchumu Denis, l'accessibilité financière aux SSP en ZS de Goma, mémoire inédit, ISTM-Goma
22

mais également de ressources intangibles comme l'accès à l'éducation, l'exercice


d'une activité valorisante, le respect reçu des autres citoyens 84.

1.2. Généralités sur les maladies rénales et l’accessibilité aux soins


1.2.1. Dimensions de l'accessibilité aux soins de santé
1.2.1. 1. L'accessibilité géographique
Elle renvoie à la notion d'obstacle à l'accès d'un service ou d'une infrastructure
où la distance physique est souvent utilisée pour la définir car elle permet une
interprétation plus intuitive de la notion d'obstacle85.
Ainsi, l'accessibilité géographique est souvent considérée comme une mesure de
distance ou de densité de structures dans un espace donné. Ainsi, elle est définit
comme la mesure de proximité, la relation entre la localisation des services et
celle des populations. Cette relation prend en compte la notion de distance-
temps. De plus, l'état de la route (bitumé, non bitumé, boueuse, glissante), le
rayon de proximité du centre de santé font également partie intégrante de
l'accessibilité géographique86.
1.2.1. 2. Accessibilité économique :
Elle renvoie à la combinaison de l'accessibilité géographique qui est l'exemple
des centres de santé et la capacité à atteindre à moindre coûts (coût des soins de
consultation, coût des soins de traitement, coût des soins d'hospitalisation) les
centres de santé et les soins de santé. De ce fait, l'accessibilité économique
renvoie donc à la capacité de la population à disposer des soins de santé à un
coût abordable87.
1.2.1.3. Accessibilité socioculturelle :
Elle fait référence au comportement de la population face aux services de santé,
renvoie aussi à des préférences culturelles et à la capacité d'adaptation des
individus aux soins de santé. Dans le cadre de cette étude, l'accessibilité
socioculturelle renvoie aux pratiques socioculturelles palliatives aux difficultés

84
Idem
85
G.Bressy et C. Konkuyt, Editions Sirey : Management et économie des entreprises, 2008
86
OMS, 2018: « Combler le fossé en une génération, instaurer l'équité en santé en agissant sur les
déterminants sociaux de la santé » commission des déterminants sociaux de la santé, résumé analytique
rapport final. p.33
87
Patricia Joly, Olivier Taieb, 2005 « recours thérapeutiques en milieu rural », Santé en milieu rural, P22.
23

d'accès aux soins de santé modernes. Pour cela, on note la présence des soins de
santé traditionnels (Prières, voyances)88.

1.2.1.4. Accessibilité technique :


Elle s’oriente aux personnels de santé en qualité et en quantité (médecins, sages-
femmes, infirmiers) fait appel à la qualité des soins mis à la disposition des
populations. L'accessibilité technique est le ratio entre les personnels de santé et
la population. Elle renvoie à la qualité des soins, la qualité des infrastructures
sanitaires (hôpitaux, CSI, CMA, HD, dispensaires, hôpitaux publics, hôpitaux
privés). Les types de soins (soins préventifs, soins curatifs, soins spécialisés,
soins généraux), on note également les modes de transport (au dos, porte-tout,
moto, véhicule)89.
1.2.2. Caractéristiques de l’accessibilité aux soins
R. Penchansky et J. W. Thomas définissent cinq constituants (sous-concepts)
associés au concept d’accès aux soins, qui sont la disponibilité, l’accessibilité, la
commodité, la capacité financière et l’acceptabilité.
1.2.2.1. La disponibilité
Elle correspond au rapport entre l’offre et la demande, c’est la relation entre le
volume et le type de services existants ainsi que le volume de la clientèle et de
ses besoins. Cette dimension comprend trois notions relatives à la capacité réelle
à produire un service : la présence physique, la disponibilité temporelle et la
fourniture de prestations adaptées au volume et à la nature des besoins. La
qualité des soins est également un élément important pour garantir l’efficacité
thérapeutique des services de santé90.
1.2.2.2. L’accessibilité
Elle est définie comme une mesure de la proximité à travers la relation entre la
localisation des services et celle des patients, en tenant compte de la mobilité des
patients, de la distance, de la durée et du coût du trajet. Cette dimension est celle
qui intéresse le plus les géographes puisqu’elle repose essentiellement sur
l’analyse de l’intensité des interactions entre les services de santé et les patients
en fonction de la distance qui les sépare91.
88
Sadio&Diop F, 1994 « Utilisation et demande des soins de santé au Sénégal, Bethesda » Santé publique, P64
Août 1994
89
Sadio&Diop F, 1994 « Utilisation et demande des soins de santé au Sénégal, Bethesda » Santé publique, P64
Août 1994
90
PENCHANSKY R., THOMAS J. W. (1981), “The Concept of Access: Definition and Relationship to Consumer
Satisfaction”, Medical Care, Vol. 22, n°6, p. 127-140
91
Idem
24

1.2.2.3. La commodité
Elle est la manière dont les ressources sanitaires sont organisées pour accueillir
le patient et sa capacité à s’adapter à cette offre. Cela concerne les jours et les
heures d’ouverture des services de santé, la présence régulière d’un
professionnel de santé, le temps d’attente, le système de paiement, la prise en
charge des urgences, le système de référence, etc. A cet égard, la présence d’un
standard téléphonique opérationnel tout au long de la journée pour prendre des
rendez-vous et fournir des renseignements est un élément important, notamment
en cas urgence92.
1.2.2.4. La capacité financière
C’est la relation entre le prix des prestations et la capacité du patient (ou de la
famille ou de son assurance) à payer (ou emprunter, ou recevoir une aide de son
entourage). La perception des clients de la valeur relative du coût total, leur
connaissance des prix, le coût total sont des éléments importants de la capacité
financière93.
1.2.2.5. Acceptabilité
Elle est la relation entre les caractéristiques (âge, sexe, ethnie, religion,
localisation, etc.) et les attitudes des patients et celles des professionnels de santé
(âge, sexe, ethnie, religion, attitude, moyen de paiement, lieu et type
d'installation). Cette dimension fait référence à la capacité du prestataire de
services et du patient à surmonter des barrières sociales et culturelles empêchant
ou altérant le contact entre eux94.
Cette définition taxonomique de l’accès a pour objectif d’identifier la nature des
difficultés d’obtention des soins. Les auteurs précisent également les indicateurs
utilisés pour mesurer l’importance de ces difficultés : ils proposent que ces
estimations reposent sur des enquêtes de satisfaction des patients. L’analyse
statistique des réponses aux questions sur la satisfaction des patients est agrégée
pour chacune des dimensions et permet d’obtenir un score identifiant la nature
de la principale difficulté95.

92
PENCHANSKY R., THOMAS J. W. (1984), “Relating Satisfaction with Access to Utilization of Services”, Medical
Care, Vol. 19, n°2, p. 553-568.
93
Idem
94
Ibidem
95
RAYNAUD J. (2013), « Les obstacles de l’accès aux soins en Languedoc-Roussillon », in SALGUES B.(dir.)
(2013), Télésanté, espoir du monde rural ? Des objectifs à la construction des usages, Michel Houdiard
Editeur, Paris, p. 35-39.
25
26

Figure n° : La construction du concept d’accès aux soins selon R. Penchansky et J. W. Thomas (1981)
27

1.2.3. Notion de soins de santé


1.2.3.1. Définition du concept de soins de santé
Un soin de santé est tout procédé auquel l’on a recourt soit pour rétablir, soit
pour améliorer ou soit pour maintenir. Il comprend ainsi, les soins médicaux, les
soins infirmiers, et les soins paramédicaux. Les soins de santé sont de qualité
lorsqu’ils sont efficaces, continus, intégrés et globaux.96.
Les soins sont efficaces sont ceux qui produisent les effets attendus, ils sont
continus lorsqu’ils se donnent du début à la fin d’un épisode maladie ou d’un
épisode à risque, ils sont globaux lorsqu’ils concernent à la fois les aspects
biomédicaux et psychosociaux du bénéficiaire et ils sont intégrés lorsqu’ils
combinent les aspects préventifs, curatifs et promotionnels, ou donnés tous au
même lieu, au même épisode, ou par une même unité/équipe opérationnelle 97.
Les soins de santé qui visent à rétablir l’état de santé perturbé d’un malade sont
dits curatifs, ceux qui visent à le maintenir ou le préserver sont dits préventifs, et
ceux qui visent à l’améliorer sont dits des soins promotionnels98.
1.2.3.2. Caractéristiques de soins de santé99.
1.2.3.2.1. Du point de vue globalité, un soin peut être global ou partiel
Il est dit global, s'il prend en compte aussi bien l'aspect biomédical que l'aspect
psychosocial étant donné que la souffrance est globale. Dans le cas contraire, il
est dit partiel100.
La rupture brusque des fiançailles ou décès brutal d'un être cher peut conduire
au développement d'une gastrite. Exemple : soigner cette gastrite sans s'occuper
de la consolation de la personne souffrante est un exemple d'un soin partiel.
Prescrire un antipaludéen qui coûte l'équivalent du salaire mensuel du parent de
l'enfant malade est un autre exemple.

96
Luboya et Mashini, (2004), organisation des services sanitaires, ESP-UNILU
97
Mashini NG, (2009) Comment organiser un service de santé de premier échelon pour son utilisation optimale
par la population en milieu urbain. Thèse. ESP-UNILU.
98
Dipata I, (2013), Analyse des systèmes de santé. ESP-UNILU.
99
MASHINI N, 2011 Op.cit.
100
Idem
28

1.2.3.2.2. Du point de vue continuité, un soin peut être continu ou discontinu


Il est continu, s'il est donné sans interruption à la personne souffrante ou à risque
de souffrir du moment du contact jusqu'au moment de la fin de l'épisode de
souffrance ou de risque (Ils ne doivent pas se limiter au seul moment de la
consultation. Dans le cas contraire, il est discontinu101.
1.2.3.2.3. Du point de vue intégration, les soins peuvent être intégrés ou non
intégrés
Ils sont dits intégrés, lorsqu'ils sont donnés au même endroit ou par la même
équipe. Dans le cas contraire, ils sont non intégrés. Mais la vaccination en
stratégie avancée par une équipe de Centre de Santé est un bon exemple
d'intégration des soins102.
1.2.3.2.4. Du point de vue efficacité, les soins peuvent être efficaces ou
inefficace
Ils sont efficaces, quand ils se basent sur l'évidence généralement consécutive
aux essais randomisés contrôlés. L'efficacité des soins dépend des résultats
atteints. Ils sont inefficaces dans le cas contraire103.
1.2.3.3. Types des soins
On distingue trois types de soins104 :
1.2.3.3.1. Les soins curatifs
Ce sont les soins pour rétablir la santé d'un individu confronté à un problème de
santé. La détérioration d'un toxicomane ou la réduction et contention d'une
fracture en sont des exemples.
1.2.3.3.2. Les soins préventifs
Ce sont les soins pour maintenir la santé d'un individu à risque de se confronter
à un problème de santé. Il y a la prévention primaire, la prévention secondaire et
la prévention tertiaire. Les CPS et CPN, la vaccination constituent un bel
exemple des soins préventifs.
Les soins promotionnels
Ce sont les soins pour maintenir la santé d'un individu même en dehors de tout
risque. La participation à la gestion du CS par la population et la pratique de
l'allaitement maternel sont des exemples plus près de nus.

101
Charles Mushagalusa, Généralités sur le financement des soins de santé, BDOM Bukavu, 2011 .
102
Magnat Kakule Mutsindwa. Etude des déterminants de l'utilisation des services de santé par les ménages de la zone de
santé d'Uvira, province du Sud- Kivu en RDC. Licence (BAC +5) en santé publique
103
Idem
104
Ibidem
29

1.2.4. Les déterminants de l’utilisation des services de santé


Selon Pascal Bonnet (2002), l'usage des services de santé (modèles d'utilisation
qui complètent le regard sur accessibilité et accès aux soins), fait référence au
rôle fondamental des approches structuralistes105.
Le modèle de recours d'Andersen et Adey conçu pour l'étude de l'accessibilité
des soins peut être affilié au modèle intérieur d'Andersen et Newman qui décrit
des facteurs d'utilisation d'un service sanitaire. Les facteurs y sont groupés en
trois catégories : facteurs prédisposant, facteurs de capacité, facteurs
déclenchant.
1.2.4.1. Déterminants prédisposant
Les déterminants prédisposant sont caractérises par les variables
démographiques : âge, sexe, statut marital, morbidités passées; les indicateurs de
la structure sociale : race, niveau d'éducation, occupation, ethnie, mobilité
résidentielle, taille de la famille ; les indicateurs de valeurs et croyances : santé
et perception des maladies, attitudes face au risque maladie, connaissance des
maladies et de leur impact)106.
1.2.4.2. Déterminants de capacité
Les déterminants de capacité sont caractérisés par les indicateurs familiaux :
revenu, assurances, source régulière de soins, accès aux sources ; indicateurs
communautaires : densité et disponibilité des ressources sanitaires dans le lieu
de vie, prix des services, région géographique, habitat rural versus urbain107.
1.2.4.3. Déterminants déclenchant
Ces facteurs sont caractérisés par les besoins face à la maladie, exprimés par le
niveau perçu de besoins, conséquences attendues de la maladie, symptômes,
diagnostic effectué par l'individu, état général concomitant ou niveau de besoin
évalué ou mesuré par un tiers, symptômes et diagnostic établi par les experts) 108.

105
BONNET Pascal, 2002, Le concept d’accessibilité et d’accès aux soins, dossier de DEA, GEOS, Université Paul
Valéry Montpellier 3, 25 p.
106
Haddad S., Utilisation des services de santé en pays en développement, in institut d'analyse des systemes
biologiques et socio-economiques. 1992, Universite de Lyon Claude Bernard.: Lyon. p. 362.
107
Idem
108
Ibidem
30

Parmi ces déterminants des recours certains traitent directement de la notion


d’accessibilité aux ressources en fonction de variables géographique sur le
demandeur ou l’offreur de soins.
Selon Mashint N., (2011), le comportement du consommateur des soins
médicaux est influencé par trois principaux facteurs109 :
 Les facteurs médicaux :
Sont dominés par l'atteinte de la morbidité (pathologie). Le risque de morbidité
est un facteur aléatoire et qui est distribué en fonction de certaines
caractéristiques (âge, sexe, niveau d'instruction, taille du ménage, etc.), c'est la
raison de l'existence de l'assurance maladie.
 Les facteurs psychosociologiques :
Ces facteurs peuvent influencer la demande des soins. Les facteurs
psychologiques sont définis par la profession c'est-à-dire le niveau intellectuel et
le milieu social peuvent influencer la demande des soins, sans oublier la
structure du ménage.
 Les facteurs économiques :
Ces facteurs comprennent le revenu du ménage et le prix des soins.
L'utilisation des services est fonction de :
E : Facteurs de capacitation dont les ressources individuelles ou
collectives (couverture des frais, assurance maladies, mutuelles, etc.).
P : Facteurs prédisposant, attitude, comportement, connaissance des
services, comportement du personnel.
A : Facteurs liés à l'accessibilité comme la distance, le temps de voyage,
le temps d'attente, la disponibilité des services.
H : Besoins et perception de l'état de santé par l'individu ou le groupe.
X : Facteurs individuels ou exogènes (âge, sexe, grandeur de la famille).
B : Facteurs de correction : erreur résiduelle.
Ce modèle est complexe, mais c'est souvent ses éléments qualificatifs qui sont
utilisés facilement. L'un des modèles basé sur les influences diverses (la gravité
de la maladie, les variables socioculturelles, les services existants, l'attitude
active ou passive du malade) permet d'analyser selon Criel l'itinéraire
thérapeutique en cas de maladie110.

109
Mashini Ngongo G, Cours de Système et Politique de Santé, UOB, FMP, L1 SPU, 2010-2011
110
Criel, B. (1998a), District-based Health Insurance in sub-Saharan Africa. Part I: From Theorybto Practice.
Studies in Health Services Organisation and Policy 9, Antwerp.
31

Le maintien d'un prix à payer et la mesure de ce que l'agent est prêt à payer
(disposition à payer) est important à considérer si l'on souhaite réguler les
consommations, les rationner. C'est peut être aussi un objectif global pour
garantir une bonne distribution des budgets de santé et le partage équitable (y
compris spatial) des ressources sanitaires et la meilleure accessibilité à des soins
pour des malades plus légitimes que d'autres (problème de la demande induite,
de l'inflation des dépenses à budget serré, du rationnement, du choix du panier
de soins à rembourser, de populations cibles à privilégier) 111.
Figure 2 : Arbre de décision pour l’utilisation des services de santé source (Olela,
2021)112
Déterminants de capacité dont les
ressources individuelles ou collectives
(couvertures de frais d’assurances
maladies, mutuelles, etc)
Déterminants liés à
l’accessibilité comme
la distance, le temps
de voyage, le temps
Déterminants de capacité d’entente, la
dont les ressources disponibilité des
individuelles ou services
collectives (couvertures
des frais d’assurances
maladies, mutuelles, etc)

Besoins et perception
de l’état de santé par
l’individu ou le
groupe.
Déterminants
individuels ou exogènes
(âge, sexe, grandeur de
la famille)

Déterminants de
corrections : Erreur
résiduelle

111
Criel, 2014. opcit
112
Olela Lolango. Facteurs du non recours aux services de santé en milieu urbano-rural « cas de la zone de sante
de Maluku 1. Mémoire en gestion administration des services de santé.IFAD. 2021.
32

1.2.5. Généralités sur les maladies rénales


1.2.5.1. Anatomie du rein
1.2.5.1.1. Situation et projection
Les reins sont des organes pairs en forme de « haricot », profonds et en arrière
du pancréas, en position rétropéritonéale dans la région lombaire supérieure ;
autrement dit, ils sont situés entre la paroi dorsale et le péritoine pariétal. Ils sont
logés au sein du tissu conjonctif extra-péritonéal de chaque côté de la colonne
vertébrale. Et comme ils s’étendent à peu près de T12 à L3, ils sont protégés
dans une certaine mesure par la partie inférieure de la cage thoracique 113.
Comprimé par le foie, le rein droit est un peu plus bas que le gauche. Il est situé
entre la partie basse de la 11ème côte en haut et la partie supérieure de la
vertèbre L3 en bas. Le rein gauche par contre se situe entre le bord supérieur de
la 11ème côte en haut et le disque intervertébrale L2-L3 en bas 114.

Figure 3: Aire de projection des reins et des uretères (vue postérieure) source
(Drake RL, 2017)115

113
Moses KP, Banks JC, Nava PB, Petersen DK, Le grand manuel illustré d’anatomie générale et clinique. 2ème
édition. Issy-Les-Moulineaux: Elsevier Masson; 2015
114
Drake RL, Vogl AW, Mitchell AWM, Tibbitts. Gray’s Anatomie pour les étudiants. Rouen: Elsevier Masson;
2006.
115
Drake RL, Vogl AW, Mitchell AWM, Tibbitts RM, Richardson PE. Gray’s Atlas d’anatomie humaine. 2ème
édition. Rouen: Elsevier Masson; 2017.
33

1.2.5.2. Physiologie du rein :


Le rein assure trois fonctions : fonction d’épuration, fonction de maintien de
l’homéostasie, et fonction endocrine. La fonction d’épuration du rein consiste à
éliminer les déchets du métabolisme et les substances étrangères à l’organisme.
La fonction de maintien de l’homéostasie du rein assure la régulation de
l’équilibre hydroélectrolytique et du volume plasmatique. Par le biais de la
fonction endocrine, le rein sécrète des hormones116

Figure 4 : Schéma récapitulatif de la physiologie du rein 117.


1.2.5.3.1. Étude de l’insuffisance rénale aigue

1.2.5.3.1.1. Facteurs de risque de l’insuffisance rénale aigue

116
Gougoux A. Physiolosogie du rein et des liquides corporels. Gaetan Morin, 1999. Quebec: MultiMondes;
2009.
117
Ostermann M, Chang RWS. Acute kidney injury in the intensive care unit according to RIFLE. Crit Care Med
2007;35:1837–43;
34

Les facteurs de risque de survenue d’une IRA sont bien connus et imposent une
recherche minutieuse pour les dépister. Leur présence incite l’équipe médicale et
paramédicale à la vigilance dans l’optimisation de la volémie et dans la
limitation de toute néphrotoxiques surajoutée118.
Les facteurs retenus sont : l’âge avancé, une atteinte rénale préexistante, une
dysfonction ventriculaire gauche avec une fraction d’éjection inférieure à 35 %,
une hypertension artérielle, une maladie vasculaire périphérique, un diabète
sucré, une intervention chirurgicale notamment cardiovasculaire. Parmi ceux-là,
l’atteinte rénale préexistante semble être le facteur prédictif le plus fiable
contribuant à la survenue de l’IRA. Il a été ainsi montré qu’une baisse de la
clairance de la créatinine de seulement 10 ml/min entraîne un surcroît
significatif de mortalité119 .
Facteurs de risque de survenue d’une insuffisance rénale aiguë :
 Âge avancé,
 Fond de néphropathie chronique,
 Terrain de diabète,
 États septiques, Hypovolémie, instabilité hémodynamique,
 Administration de produits néphrotoxiques : antibiotiques, produits de
contraste iodés,
 Insuffisance cardiaque mal tolérée,
 Prise de médicaments néphrotoxiques,
 Prise prolongée des diurétiques et anti-inflammatoires,
 Insuffisance respiratoire avec hypoxémie,
 Insuffisance hépatique/cirrhose,
 Hypertension artérielle avec ou sans atteinte rénale antérieure,
 Athéromatose des artères rénales
 Chirurgie cardiovasculaire avec CEC ou clampage aortorénal/chirurgie
abdominale lourde
 Myélome
 Défaillance multiviscérale

1.2.5.3.1.2. Type d’IRA


1.2.5.3.1.2.1. L’IRA obstructive ou post-rénale
118
Lameire N (2005) Which are the therapeutic interventions allowing to ensure a protection of the renal
function ? Ann Fr Anest Reanim 24:206–21
119
Idem
35

Elle est consécutive à un obstacle entravant l’écoulement des urines, notamment


dû à la présence de lithiases rénales ou de tumeurs sur les voies excrétrices
inférieures.
Le risque d'IRA d'origine post rénale augmente également chez les hommes
souffrant d’hypertrophie bénigne ou de cancer de la prostate. Plus rares, les
causes post-rénales ne sont responsables que de 5 % des IRA120.
L’échographie abdomino-pelvienne, ASP voire TDM abdomino-pelvienne
permettent de confirmer le diagnostic et son repose sur la levée d’obstacle.
Les principales causes d’IRA obstructives

1.2.5.3.1.2.2. L’IRA fonctionnelle ou pré-rénale


Elle est caractérisée par une hypoperfusion des reins, dont les causes
comprennent
 une hypovolémie et une hypotension faisant suite à une hémorragie
sévère, à une déshydratation liée à des diarrhées ou des vomissements
prolongés ou à une cirrhose ;
 une sténose de l’artère rénale, un choc septique ou anaphylactique, ou une
insuffisance cardiaque121.

120
Hilton R. Acute renal failure. BMJ 2006; 333: 786-790
121
Idem
36

Principales causes d’IRA fonctionnelles


Repose sur l’établissement de la volémie et la suppression des facteurs de
perturbation de l’hémodynamique intra-rénale. Seule l’évolution favorable de la
fonction rénale après rétablissement de la pression de perfusion glomérulaire,
par l’arrêt de traitement vasodilatateur et par expansion volémique ou amine
vasoactive (en fonction du mécanisme), permet de confirmer le caractère
fonctionnel de l’insuffisance rénale aigue.
37

Principales causes d’IRA parenchymateuses


1.2.5.3.1.2.3. Les IRA organique aussi appelée parenchymateuse ou
intrinsèque
Elle est causée par des altérations anatomiques du parenchyme rénal résultant :
 1d'une nécrose tubulaire aiguë, cause la plus fréquente, qu'elle soit
d'origine ischémique (hypoperfusion rénale prolongée) ou toxique ;
38

 d'une glomérulonéphrite ; ou
 d'une néphropathie vasculaire.
L'IRA d'origine organique peut être due à une intoxication (médicamenteuse ou
par contaminant environnemental), à une réaction allergique, à un processus
infectieux ou immunologique. Elle est à l'origine de 40 % des cas d'IRA122.
1.2.5.3.1.3. Signes et symptômes
Bien que la maladie sous-jacente dicte le tableau clinique, le signe le plus
révélateur reste l'oligurie (débit urinaire < 400 ml/j), mais celle-ci n'est pas
systématique. Elle peut évoluer en anurie si le débit urinaire descend en dessous
de 100 ml/j.
Cependant, dans certains cas la diurèse reste normale IRA à diurèse conservée).
Le déficit fonctionnel peut également engendrer une hyperkaliémie (associée à
des troubles du rythme cardiaque), un œdème pulmonaire ou une acidose123 [16].
Il repose sur un interrogatoire, un examen clinique complet, un bilan biologique
sanguin et urinaire et certains examens morphologiques, selon le contexte
étiologique.
Le caractère aigu de l’insuffisance rénale :
 devant une augmentation rapide de l’urée plasmatique et de la
créatininémie en quelques jours ou semaines.
 si la fonction rénale était normale auparavant ;
 si les reins sont de taille normale ou augmentée;
 l’absence d’anémie et d’hypocalcémie est aussi en faveur du caractère
aigu récent.
1.2.5.3.1.4. Diagnostic
Il repose sur la mise en évidence d'une chute du DFG et d'une augmentation de
la créatininémie. Les origines obstructives peuvent être objectivées par
urographie intraveineuse et par échographie.

1.2.5.3.1.5. Diagnostic différentiel entre IRA et insuffisance rénale


chronique
Schématiquement, de nombreux points opposent ces 2 entités (tableau I) mais il
est parfois difficile de trancher, lorsque la fonction rénale antérieure n’est pas
connue124.

122
.Moulin B, Peraldi M-N. collège universitaire des enseignants de néphrologie (France) Néphrologie. Paris :
Ellipses, 2018.
123
Idem
124
Ibidem
39

Critères IRA IRC


Elévation de la Créatininémie présente
Durée de l’élévation de la inférieure à trois (03) Supérieure à trois (03)
Créatininémie mois mois
Anémie inconstante présente
Normocytaire variable variable
Normochrome variable variable
Régénération de l’anémie régénérative agénérative
Calcémie Normale diminuée
Phosphorémie Normale augmentée
Taille des reins Normale diminuée
Différenciation des reins Bonne mauvaise

1.2.5.3.1.6. Traitement de l’IRA


Il dépend de l'origine de l'IRA. La cause pré-rénale nécessite le traitement de la
pathologie d'origine (réhydratation, transfusion sanguine…) ; la fonction
urinaire se normalise généralement avec la disparition de la cause. Cependant, si
la maladie n'est pas traitée suffisamment tôt, l'IRA fonctionnelle peut se
transformer en IRA organique, plus sévère et pouvant occasionner des
altérations structurelles125.
L'IRA organique demande l'identification et le traitement de l'affection en cause.
Des séances d'hémodialyse peuvent être nécessaires pendant quelques jours. Le
traitement de l'IRA obstructive vise à lever l'obstacle (chirurgie, ultrasons…).
1.2.5.3.1.6.1. Traitement médical non dialytique
La correction des troubles hydroélectrolytiques (acidose métabolique,
dysnatrémie, dyskaliémie…), l’optimisation du statut volémique, la maîtrise de
tout épisode infectieux, un apport nutritionnel adéquat et la suppression de tout
agent néphrotoxique en constituent les principaux objectifs.

125
Noël L-H. Atlas de pathologie rénale. Paris: Flammarion MédecineScience; 2008
40

1° traitement de l’hyperkaliémie
L’hyperkaliémie est une complication grave potentiellement mortelle. Les
principaux traitements de l’hyperkaliémie et leurs modes d’action sont présentés
dans le tableau II. Il faut arrêter les médicaments hyperkaliémiants et supprimer
les apports potassiques126.
Tableau II. Traitement de l’hyperkaliémie

2°Traitement de l’acidose métabolique


Dans la majorité des cas, il n’y a pas lieu de traiter l’acidose métabolique à la
phase aiguë.
• L’apport de bicarbonates est justifié :
 lorsque l’acidose métabolique est associée à une hyperkaliémie menaçante
;
 en cas de perte de bicarbonates (diarrhée) ;
 ou éventuellement en cas d’apparition d’une acidose mixte (épuisement
du patient qui n’arrive plus à compenser en hyperventilant, en particulier
au cours des acidocétoses diabétiques) .
 Le recours à l’injection IV de solutions de bicarbonate de sodium
isotonique (14g ‰) ou exceptionnellement molaire ou semi-molaire (84 g
‰ ou 42 g ‰ ) peut alors être envisagé .
L’épuration extra-rénale est indispensable si l’injection de bicarbonates est
impossible (surcharge hydrosodée), au cours des états de choc avec acidose
lactique ou en cas d’intoxication (éthylène glycol, méthanol).

126
Idem
41

1.2.5.3.1.6.2. Traitement supplétif/ épuration extra rénale (EER)


L’EER temporaire, quand elle est indiquée, a un triple but : restaurer
l’homéostasie du patient en corrigeant les désordres métaboliques, assurer sa
survie dans les meilleures conditions et préserver le potentiel de récupération de
la fonction rénale. La diversification actuelle des méthodes d’EER impose leur
parfaite connaissance et celle du potentiel propre à chacune de ces modalités en
matière de coût, d’efficacité, de limites et de risques 127.
1.2.5.3.1.6.2.1. Indications de l’EER
La décision d’initier une suppléance rénale dans le cadre de l’IRA est
dépendante de plusieurs facteurs : le terrain du patient, les caractéristiques de
l’IRA et les défaillances viscérales associées.
Il faut distinguer deux formes d’IRA organique (par nécrose tubulaire aigue)
plus fréquentes en milieu de réanimation :
 l’IRA nécrose tubulaire aigu (NTA) oligurique ;
 l’IRA (NTA) avec diurèse conservée.
Si le dernier est de bon pronostic et permettrait une attitude attentiste, le premier
est de mauvais pronostic et sa prise en charge en dialyse ne doit souffrir d’aucun
retard. Entre ces deux tableaux extrêmes, l’IRA peut revêtir des tableaux de
sévérité et d’évolutivité très variés, diversement appréciés par les praticiens si
bien qu’une conduite à tenir uniformisée est difficile à mettre en place.
L’indication d’initier un traitement supplétif est, cependant, indiscutable dans
certains cas128.
Indications de mise en route du traitement de suppléance rénale :
1° Inflation hydrosodée
 Anasarque résistant ou réfractaire aux diurétiques,
 Oligoanurie : diurèse < 50–200 ml/12 h,
 Œdème aigue pulmonaire résistant au traitement médical.

127
Drummond AD, Bellamy MC (2010) Renal replacement therapy in the intensive car unit. Curr Anaesth Crit
Care 21:80–5
128
Dirkes S, Hodge K (2007) Continuous renal replacement therapy in the adult intensive care unit: History and
current trends. Crit Care Nurse 2:61–80
42

2° Désordres hydroélectrolytiques et acido-basiques


 Hyperkaliémie > 6,5 (réfractaire au traitement médical),
 Dysnatrémie (< 115 ou > 160 meq/l) sur insuffisance rénale avec des
signes cliniques,
 Acidose métabolique sévère (pH < 7,0).
3° Hyper-urémie et ses complications
 Azotémie > 30 mmol/l avec signes de maltolérance
 Neuropathie/myopathie
 Encéphalopathie
 Péricardite
4° Intoxications (musculaire, enzymatique)
 Toxiques dialysables
1.2.5.3.1.6.2.2. Epuration extra rénale
Technique visant à suppléer une fonction rénale défaillante en éliminant à la fois
les produits de déchet du sang et l’excès d’eau du corps.
Le terme d’hémodialyse : hemo (sang), dialyse (épuration extra rénale) décrit
l'ensemble des méthodes d'épuration extrarénale (EER) continues ou
intermittentes comportant une circulation sanguine extracorporelle mettant en
relation le « milieu intérieur » du patient et le « milieu extérieur » à travers une
membrane semi-perméable synthétique129.
Le processus comprend :
 Patient avec abord vasculaire
 Générateur de dialyse avec intrant
 Système de traitement d’eau
Le choix d’une méthode de dialyse dépend de l’état clinique du patient, de la
maitrise de la technique utilisée.
1.2.5.3.1.7. Evolution
L'IRA est généralement réversible : la régénération tubulaire permet une
restauration plus ou moins rapide des fonctions et structures rénales. Toutefois,
le recouvrement peut ne pas être complet, et des épisodes récurrents d'IRA
peuvent conduire à une pathologie chronique130.

129
National Kidney Foundation. KDOQI clinical practice guidelines for chronic kidney disease: evaluation,
classification and stratification. Am JKidney Dis 2002; 39: S1-266
130
Idem
43

1.2.5.3.2. Étude de l’insuffisance rénale chronique ou maladie rénale


chronique
1.2.5.3.2.1. Définition
L’insuffisance rénale chronique (IRC) est définie par la diminution irréversible
du débit de filtration glomérulaire (DFG) qui est le meilleur indicateur du
fonctionnement rénal. Elle résulte de l’évolution d’une maladie rénale chronique
(MRC), soit de la non-récupération après une agression rénale aiguë131.
Conformément à un consensus international, les MRC sont défi nies par
l’existence depuis plus de 3 mois :
 d’une insuffisance rénale défi nie par un débit de filtration glomérulaire
(DFG) inférieur à 60 ml/min/1,73 m2
 et/ou d’une anomalie rénale morphologique ou histologique à condition
qu’elle soit « cliniquement significative »,
 et/ou d’une anomalie dans la composition du sang ou de l’urine
secondaire à une atteinte rénale132.
1.2.5.3.2.2. Diagnostic d’une maladie rénale chronique
La démarche diagnostique comprend 6 étapes :
 affirmer la maladie rénale chronique ;
 préciser son stade et son rythme évolutif, et éliminer une agression rénale
aiguë
 surajoutée en particulier fonctionnelle ;
 faire le diagnostic étiologique ;
 évaluer et prendre en charge les facteurs de progression ;
 rechercher le retentissement, si le DFG est inférieur à 60 ml/min/1,73
m2 ;
 rechercher les facteurs de risque cardio-vasculaires.
1.2.5.3.2.3. Etiologie
Les causes sont multiples : pratiquement toutes les maladies impliquent
directement ou indirectement le rein peut évoluer vers une MRC.

131
Frimat L, Loos-Ayav C, Briançon S et al. 2005. Épidémiologie des maladies rénales chroniques. Emc-
Néphrologie. 2(4) : 139-157
132
Golshayan D, Paccaud F, Wauters Jp et al. 2002. Épidémiologie de l’insuffisance rénale terminale:
comparaison entre deux cantons suisses. Néphrologie. 23(4) : 179-184.
44

On retrouve en outre les étiologies responsables des IRA, et plus


particulièrement les maladies touchant directement le tissu rénal (Comme le
diabète) ou des voies excrétrices (calices, bassinets, uretère, vessie) ; elles
peuvent également avoir une origine congénitale ou acquise, notamment via des
infections chroniques ou une toxicité cellulaire exercée par certains
médicaments ou certains contaminants environnementaux133.
1.2.5.3.2.4. Symptômes et signes
Dans les stades débutants, la MRC n'entraîne que peu de troubles permettant de
la mettre en évidence. Elle est souvent diagnostiquée de manière fortuite (par
exemple dans le cadre d'un bilan pour hypertension artérielle à laquelle elle est
fréquemment liée), par objectivation d'une protéinurie ou d'une hématurie 134.
Dans les stades plus avancés, la MRC se traduit souvent par une hypertension et
par des troubles urinaires tels qu'une polyurie ou au contraire une oligurie. Elle
est souvent associée à une anémie attribuable à la diminution de la sécrétion
d'érythropoïétine. Un oedème pulmonaire peut être la conséquence d'une
insuffisance cardiaque gauche liée à une hypernatrémie135.
L'hyperkaliémie engendre quant à elle des troubles du rythme cardiaque. Les
troubles associés à une moins bonne régulation des taux plasmatiques de
calcium et de phosphore comprennent des déminéralisations osseuses – connues
sous le nom d'ostéodystrophies rénales – ainsi que des troubles nerveux. Lorsque
la fonction rénale résiduelle est très altérée, une élévation de l'urée plasmatique
(couramment appelée urémie) peut engendrer de nombreux troubles cliniques et
biologiques allant jusqu'à la mort du patient136.
1.2.5.3.2.5. Classifications de la MRC
En 2002, le National Kidney Foundation - Kidney Disease Outcomes Quality
Initiative (NKF-KDOQI) a défini 5 stades de MRC dépendant de la fonction
rénale résiduelle et permettant de décider du type de prise en charge à instaurer
[KDOQI, 2002].
Dans celui-ci, les stades 1 et 2 ne sont mis en évidence que par le biais d'une
albuminurie, d'une hématurie ou d'anomalies visibles à l’échographie.

133
DAROUX M, GAXATTE C, PUISIEUX F et al. 2009. Vieillissement rénal: facteurs de risque et néphro-
protection. La presse médicale. 38(11) : 1667-1679.
134
Fatoumata Diamoye. Plantes médicinales utilisées par les patientscdu service de néphrologie du CHU du
point G. thèse de médecine université de Bamako. 2021.
135
Idem
136
Ibidem
45

Stade Description DFG Actions à entreprendre


(ml/min/1,73m²)
(norm. 120)
1 Atteintes rénales ; DFG normal ou Diagnostiquer ; traiter les
relativement élevé 90 comorbidités et limiter le
risque cardiovasculaire
Atteintes rénales ; 60–89
2 faible Surveiller la progression
diminution du DFG
3 Diminution modérée du DFG 30–59 Evaluer et traiter
les
complications
4 Diminution sévère du DFG 15–29 Préparation pour une TRR
5 IRT < 15 Mise en place de la TRR
(en cas d'urémie avérée)

Tableau III : les 5 stades de maladies rénales chroniques137.


1.2.5.3.2.6. Conséquence :
La MRC est par définition irréversible. La perte de la fonction rénale entraîne
des conséquences sur l'ensemble de l'organisme. Parmi les plus évidentes,
celles-ci atteignent :
1.2.5.3.2.6.1. Atteinte de l'équilibre hydroélectrolytique
Elles comprennent une rétention hydrosodée (génératrice d'oedèmes,
d'hypertension artérielle, …), une acidose métabolique (par excrétion
insuffisante de H+ et par défaut de génération de tampons), une hyperkaliémie
(pouvant induire des arythmies cardiaques) et une hypocalcémie couplée à une
hyperphosphatémie (liée à la diminution de son élimination) 138.
1.2.5.3.2.6.2. Le système cardiovasculaire
Il est affecté par la rétention hydrosodée (oedèmes systémiques ou pulmonaires,
hypertension artérielle, insuffisance cardiaque) ainsi que par une accélération de
l'athérosclérose. Le système nerveux avec des manifestations telles que des
neuropathies périphériques, de la fatigue ou des insomnies. Une urémie très
élevée peut également donner lieu à des convulsions, des myoclonies ainsi qu'à
des crises d'épilepsie139.
1.2.5.3.2.6.3. Le système digestif
137
National Kidney Foundation. KDOQI clinical practice guidelines for chronic kidney disease: evaluation,
classification and stratification. Am J Kidney Dis 2002; 39: S1-266
138
Idem
139
Ibidem
46

Elle se manifestant par de l'anorexie, des nausées et des incidences accrues


d'ulcère peptique et d'hépatite chronique.
1.2.5.3.2.6.4. Le système endocrinien
Il est perturbé notamment par une hyperparathyroïdie en réponse à
l'hypocalcémie et à l'hyperphosphatémie. Des dyslipidémies et une altération du
métabolisme glucidique sont également rencontrées140.
1.2.5.3.2.6.5. Le système musculo-squelettique
Il est notamment influencé par la perte de calcium, dont l'absorption digestive
est réduite par l'absence de vitamine D3, ainsi que par l'hyperparathyroïdie
(secondaire à l'hypocalcémie et à l'hyperphosphatémie) qui provoque la
libération par les ostéoclastes de calcium stocké dans les os 141.
La fonte musculaire trouve son origine dans la perte d'albumine urinaire qui est
en partie compensée par un catabolisme musculaire accru. L’acidose,
métabolique et le diabète peuvent stimuler la dégradation protéolytique des
muscles. Finalement, l’état catabolique et l’anorexie engendrés par l’urémie
entraînent une malnutrition protéique142.
1.2.5.3.2.6.6. Le système hématopoïétique
Il est affecté notamment par une production insuffisante d'EPO qui se traduit par
une anémie. Celle-ci peut être renforcée par la présence de toxines affectant le
fonctionnement de la moelle osseuse. La formation et les fonctions leucocytaires
peuvent également être altérées, donnant lieu à une susceptibilité accrue aux
infections. Enfin, l'hémostase peut être déficiente en raison de l'hypocalcémie et
de la perte urinaire de facteurs de coagulation143.
1.2.5.3.2.6.7. Le système dermatologique
Se manifeste notamment par développement d'un teint jaune consécutif à un
défaut d'excrétion de la bilirubine conjuguée. On constate également du prurit et
des excoriations.

1.2.5.3.2.7. Prise en charge de la MRC en fonction du stade


140
Sumaïli EK, Krzesinski J-M, Zinga CV, et al. Prevalence of chronic kidney disease in Kinshasa: results of a pilot
study from the Democratic Republic of Congo. Nephrol Dial Transplant. 2009; 24:117-22
141
Falodia J, Singla M. CKD epidemiology ans risk factors. Clin Queries Nephrol. 2012; 1:249-52.
142
Idem
143
Meyer TW, Hostetter TH. Uremia. N Engl J Med 2007; 357(13):1316–25
47

1.2.5.3.2.7.1. prise en charge médicale144


Stades Conduite à tenir
1 et 2 • Diagnostic étiologique et traitement

• Ralentissement de la progression de la maladie rénale (détection


des facteurs de risque)
• Éviction des substances néphrotoxiques

• Prise en charge des facteurs de risque cardio-vasculaires

• Prise en charge des comorbidités

3A Idem stade 1 et 2
• Diagnostic, prévention et traitement des complications de la MRC
et des maladies associées
3B • Idem stade 1, 2 et 3A

• Diagnostic, prévention et traitement des complications de la MRC


et des maladies associées +++
• Préservation du capital veineux

• Vaccination contre l’hépatite B

4 • Idem stade 1, 2 et 3

• Information et préparation au traitement de suppléance

5 • Inscription sur la liste de transplantation rénale lorsqu’elle est


possible
• Traitement de suppléance par dialyse : le patient doit être informé
et préparé à
la technique choisie. Le début de la dialyse est indiqué en fonction
de la symptomatologie clinique et biologique
Tableau IV : Prise en charge de la MRC en fonction du stade

1.2.5.3.2.7.2. Les techniques de suppléance de la fonction rénale145

144
Segniagbeto. Caractéristiques de la maladie rénale chronique dans le service de médecine interne du CHU du
point G. thése de médecine université de Bamako. 2023.
145
Idem
48

Trois types de traitement permettent d’assurer la suppléance de la fonction


rénale.
a) La transplantation rénale
Lorsqu’elle est possible, il s’agit de la meilleure méthode de suppléance de
l’insuffisance rénale par rapport à l’hémodialyse et à la dialyse péritonéale du
fait :
 d’une meilleure qualité de vie ;
 d’une morbidité cardio-vasculaire moindre ;
 d’une espérance de vie supérieure ;
 d’un coût de traitement inférieur après la première année.
Dans la plupart des cas où elle est possible, elle peut être envisagée au stade 5,
avant qu’un traitement par dialyse ne soit institué.
b) L’hémodialyse
L’hémodialyse est la technique de dialyse la plus utilisée en France (> 90%).
Elle est le plus souvent réalisée au rythme de 3 séances hebdomadaires de 4 à 6
heures.
Principes : Des échanges par transferts diffusifs et par transferts convectifs sont
utilisés pour le traitement par l’hémodialyse
Clinique : L’hémodialyse chronique permet, grâce aux 3 séances hebdomadaires
:
 de contrôler les volumes liquidiens en ramenant le patient à un poids idéal
théorique – dit « poids sec » – correspondant à un état d’hydratation et
une pression artérielle normaux,
 de soustraire les différentes molécules à élimination urinaire comme
l’urée, la créatinine ou d’autres toxines,
 de corriger les différentes anomalies électrolytiques induites par l’IRC
terminale (hyperkaliémie, acidose métabolique, hypocalcémie,
dysnatrémies);
c) La dialyse péritonéale
Généralités : La dialyse péritonéale est une technique de dialyse qui permet le
traitement à domicile. L’épuration est continue. Du liquide de dialyse est laissé
en permanence dans l’abdomen ; la modalité (manuelle ou automatisée) et la
périodicité des échanges sont adaptées selon les besoins.
49

Principes : La membrane péritonéale permet les échanges en dialyse péritonéale


par des transferts diffusifs et la formation d’ultrafiltration,
Clinique : Comme l’hémodialyse, la dialyse péritonéale permet, grâce aux
échanges réalisés quotidiennement :
 de contrôler les volumes liquidiens,
 de soustraire les différentes molécules à élimination urinaire,
 de corriger les différentes anomalies électrolytiques induites par l’IRC
terminale.
1.2.6. Prévention des maladies rénales
1.2.6.1. Dépistage précoce d’une maladie rénale
Deux examens évaluent la fonction rénale :
Un test urinaire qui mesure la protéinurie (présence de protéines dans les urines)
ou l’albuminurie (présence d’albumine dans les urines) si vous êtes diabétique.
Cet examen, sur prescription médicale, est fait au laboratoire par recueil d’un
échantillon d’urines à n’importe quel moment de la journée.
Une prise de sang qui mesure la créatinine sanguine (créatininémie), « déchet »
produit par le corps, filtré par les reins et rejeté dans les urines. Si les reins
fonctionnent mal, la créatinine est moins bien éliminée et elle s’accumule dans
le sang : son taux augmente.
1.2.6.2. Maladie rénale et médicaments
Certains médicaments sont à éviter en cas de maladie rénale, notamment :
 les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) permettant de soulager la
douleur ou de faire baisser la fièvre (aspirine, ibuprofène, diclofénac,
kétoprofène, flurbiprofène, etc…),
 les médicaments effervescents contenant du sel (sodium),
 certains laxatifs,
 certains anti-acides (médicaments pour l’estomac).
1.2.6.3. Réduire le risque de maladie rénale
Voici quelques conseils à retenir pour réduire les risques de développer une
maladie rénale ou pour ralentir la maladie rénale :
1.2.6.3.1. Faites régulièrement de l’exercice
50

Toute activité physique, modérée et régulière est bénéfique pour votre santé. Il
est recommandé de pratiquer au moins 30 minutes d’activités physiques
dynamiques par jour146.

Figure 5 : quelques exemples d’activités qui peuvent me convenir147


1.2.6.3.2. Adoptez une alimentation équilibrée
1.2.6.3.2.1. Assurez-vous que votre alimentation est adaptée en quantité à
vos besoins nutritionnels148
Le surpoids ou l’obésité accroissent le risque de développer des maladies
cardiovasculaires, un diabète, une hypertension artérielle et également une
maladie rénale chronique. Il est important de faire 3 repas par jour, à un rythme
régulier et d’avoir une alimentation variée et équilibrée.
Chaque jour, buvez l’équivalent de 8 à 10 verres d’eau, soit environ 1,5 litres
d’eau en dehors de toute contre-indication médicale (ou de boisson non
alcoolisée / non sucrée)

146
www.renaloo.com. La maladie rénale, qu’est-ce que c’est ? Consulté le 12/10/2023
147
Idem
148
Ibidem
51

Figure 5 : Une alimentation équilibrée


1.2.6.3.2.1. Limitez la consommation d’alcool et de sel (pas plus de 6 g par
jour)
Ils aggravent le risque de maladie cardiovasculaire : ne salez pas l’eau de
cuisson des aliments et lors du repas, ne resalez pas vos plats. Limitez l’achat
des aliments riches en sel : plats préparés, charcuteries, biscuits apéritifs, snack.
1.2.6.3.2.2. Évitez le tabac
Le tabac augmente le risque d’athérosclérose (les artères des jambes, du cœur,
des reins ou encore du cerveau, durcissent et peuvent se boucher).nAssocié à un
diabète ou à une hypertension artérielle, le tabac est encore plus dangereux pour
la santé : il augmente le risque cardiovasculaire.
1.2.6.3.2.2. Surveillez votre poids et tension artérielle régulièrement
L’hypertension artérielle mal équilibrée peut développer ou aggraver une
maladie rénale chronique. À l’inverse, la maladie rénale chronique peut
entrainer une augmentation de votre tension artérielle. Il est donc important de la
surveiller régulièrement chez un médecin ou en auto-mesure.s
52

1.3. Schéma conceptuel


Type de la pathologie rénale
Figure 2 : schéma conceptuel de l’étude
Service des soins
Renseignements cliniques du Traitement de la maladie rénale reçu
malade Stade de la maladie rénale
Etat clinique du malade
Nécessité de la suppléance rénale
Type de suivi du patient

Age
Situation matrimoniale
PROBLEMES INDIVUDUELS Durée de suivi de la maladie rénale
PROBLEMATIQUE DE
DE L’ACCES AUX DES Antécédent morbide
L’ACCES AUX SOINS DES
MALADIES RENALES Respect des mesures hygiéno-diététiques
MALADIES RENALES
Information sur les maladies rénales

. occupations professionnelles

PROBLEMES FINANCIERS Niveau de revenu mensuel


DE L’ACCES AUX DES Source de financement des soins
MALADIES RENALES Affiliation à une mutuelle des soins
Respect du bilan du control de la maladie rénale
Négatiation de tarif des soins

PROBLEMES Accessibilité géographique au service des soins


INSTITUTIONNELS DE Communication sur le check up
L’ACCES AUX DES Vulgarisation de la prévention des maladies rénales
MALADIES RENALES Subvention en faveur des soins et disponibilité des intrants
Estimation du coût financier
53

1.3.1. Explication du schéma conceptuel

D’après ce schéma conceptuel l’accès aux soins des maladies rénales est correlé
aux problèmes d’ordre individuel, institutionnel et financier. En effet le niveau
de revenu mensuel, la source de financemment des soins influencent grandement
le recour aux services de santé en cas d’une maladie. D’autres part les
connaissances sanitaires associées aux efforts institutionnels pour la subvention
de la maladie rénale peuvent également être les obstacles du recours aux
services de santé.

Conclusion partielle

Le présent chapitre avait pour objectif de décrire le cadre théorique de l’étude.


Ceci a permi de développer les approches théoriques sur la maladie rénale et
l’accès aux soins. D’où la présentation du schéma conceptuel ci-haut regroupant
l’ensemble des variables nécessaires pour atteindre les objectifs assignés à ce
travail.
54

CHAPITRE DEUXIEME : CADRE METHODOLOGIQUE

Il est impossible d’analyser la réalité au sein du milieu sans faire recours à une
démarche méthodologique nécessaire pour favoriser une bonne compréhension
et une explication des faits à étudier. Voilà pourquoi ce chapitre aborde les
aspects liés à la méthodologique utilisée, la description des variables et les
matériels de l’étude.

2.1. Description du terrain d’étude


La présente recherche a pour champ d’application la clinique Ngaliema dans la
commune de la Gombe, aire de santé de la clinique kinoise, zone de santé de la
Gombe.
2.1.1. Situation géographique et localisation
La Clinique Ngaliema est située au n°36 de l’avenue des Cliniques (Papa Ileo)
dans la commune de la Gombe dans la ville province de Kinshasa, capitale de la
République Démocratique du Congo.
Elle est bornée :
- Au Nord par le Pullman Hôtel de Kinshasa (Ex. Hôtel intercontinental)
- A l’Est par la Clinique kinoise (Ex. Clinique Danoise) et le bureau de
l’organisation mondiale de la santé pour l’Afrique.
- Au Sud, par l’avenue des Cliniques et le Centre culturel Arabe
(Complexe Scolaire Arabe)
- Au Nord-est, par le Kemp ski Fleuve Congo.

Kinoise

Figure 7 : Carte de la localisation de la clinique Ngaliema


55

2.1.2. Aperçu historique


A la lecture du site de la clinique Ngaliema datée du 28/ 05/2019 à 10 h 40, il
ressort l’historique ci-dessous :
L’histoire de la Clinique Ngaliema remonte à la visite officielle au Congo de la
Reine Elisabeth en compagnie de sa majesté le roi Albert 1 er en 1927.
Ils se sont rendus compte que les Européens habitant le Congo spécialement
Léopoldville, étaient soignés dans un Centre étroit dépourvu de confort habituel
pour leur catégorie.
La reine Elisabeth demandera alors au gouvernement colonial Belge de dresser
un plan de Construction d’un hôpital où les Européens devraient recevoir des
soins de santé de haut standing.
En 1928 les constructions débutèrent et une partie pris fin en 1932. Par manque
d’installation d’eau potable, l’ouverture eut lieu en novembre 1933 sous
l’appellation de Clinique Reine Elisabeth (CRE). Elle commença à fonctionner
avec une religieuse, Docteur en médecine, comme responsable et assistée de six
autres religieuses infirmières.
A cette époque, il n’existait que l’actuel pavillon I qui abritait :
- Une salle d’opération
- Des chambres d’hospitalisation pour hommes
- Des chambres d’hospitalisation pour femmes
Les consultations ambulatoires avaient lieu au dispensaire de LIPPENS qui se
situait en face de l’actuelle caisse Générale d’Epargne du Congo (CADECO),
derrière la première Direction du Ministère de la Santé Publique. Les cas graves
étaient transférés à la Clinique Reine Elisabeth.
En 1935, la maternité (actuelle pédiatrie) fut construite. En 1936 débutèrent les
constructions du pavillon II, de la buanderie, du bâtiment administratif, de la
salle d’opération, de la cuisine. Les travaux ont pris fin en 1936, les bâtiments
entrèrent en fonction la même année.
Le pavillon II fut occupé plus tôt que prévu à la suite d’une épidémie de fièvre
jaune qui était déclarée sur un bateau accosté à Matadi. Les passagers suspects
furent évacués sur Léopoldville et mis en quarantaine au pavillon II.
56

Entre 1940-1945, pendant la Deuxième Guerre mondiale, les Américains ayant


constaté le nombre insuffisant de chambre d’hospitalisation construisirent une
extension, l’actuelle Clinique Kinoise.
De 1934-1960, la Clinique Reine Elisabeth était dirigée par un Médecin
Directeur, assisté d’un intendant. Il est à noter que la CRE était réservée
uniquement à la clientèle européenne. La première Congolaise à être
hospitalisée à la C.R.E fur madame Zoao épouse du Bourgmestre adjoint de la
commune de Kalina (actuellement GOMBE), en 1958 et dès lors, la porte fut
ouverte à tous les congolais évolués.
En 1960 à la suite des mutineries observées par-ci par-là dans le pays, les
autorités demandèrent l’aide extérieure de l’ONU afin de mettre fin à cette
situation.
Le gouvernement réquisitionna un bâtiment de la C.R.E (actuelle Clinique
kinoise) pour y loger les troupes militaires de l’organisation des Nations Unies
(O.NU). Après le départ de celles-ci, le bâtiment fut confié à la CROIX ROUGE
Hollandaise et enfin aux Danois.
En 1967, le Docteur Dunia fut le premier congolais à occuper le poste de
Directeur et fut l’adjoint du Docteur Szeles. Après le départ de celui-ci, il
occupa la fonction du Directeur.
En 1971 la CRE devient Clinique Ngaliema. En 1992, à la demande du conseil
Exécutif, le gouvernement du Zaïre, elle fut confiée pour une période de cinq
années renouvelables au Gouvernement Belge afin d’en assurer une relance et
un fonctionnement efficace. En Décembre 1972, le Docteur Max Raison sera
ainsi nommé Médecin Directeur et le Docteur Dunia son adjoint. Le Médecin
Directeur était assisté d’un Directeur administratif.
Avec la coopération Belge, la Clinique Ngaliema qui jusque-là était limitée du
point de vue technique, fut ouverte à tous les médecins suivant les conditions et
le programme tracés par la direction.
En 1973, plusieurs cadres congolais qualifiés furent affectés à la Clinique. C’est
alors qu’elle s’est vue construire de nouveaux bâtiments pour abriter les services
tels que : la Maternité, la Radiologie, le Dispensaire, la Salle d’observation
pédiatrique et la Morgue.
2.1.3. Cadre juridique et objet social
La Clinique Ngaliema est un établissement public de soins de santé de référence
appartenant à l’Etat Congolais. Elle est placée sous la tutelle du Ministère de la
57

Santé. Elle est ouverte à toutes les catégories des malades sans distinction de
race, sexe, rang social, religion et jouit d’une autonomie de gestion. Elle reste
cependant soumise aux principes et aux règles de fonctionnement du droit
congolais.
La Clinique Ngaliema a pour objet social :
- Dispenser aux patients des soins médicaux complets, préventifs,
curatifs ou palliatifs que requiert leur état avec ou sans hébergement ;
- Concourir à l’enseignement pratique des techniques médicales et de
Médecine ;
- Assurer la formation continue du personnel médical et des
professionnels de la santé.
- Concourir aux actions de la Médecine préventive et d’éducation pour
la santé.
Le devoir du service public oblige la Clinique à accueillir les malades de jour et
de nuit ou, en cas d’impossibilité, d’assurer leur transfert dans un autre
établissement.
2.1.4. Mission
La Clinique Ngaliema a pour mission :
- La dispensation des soins de santé de référence sous forme de paquet
complémentaire d’activités y compris les spécialités ;
- La formation en cours d’emploi et l’encadrement des stagiaires ;
- La recherche opérationnelle.

2.1.5. Organisation structurelle et fonctionnelle de la Clinique Ngaliema


La structure organisationnelle de la Clinique NGALIEMA s’articule autour de
deux organes principaux qui sont :
- Le conseil de gestion
- Le comité directeur
1. Conseil de gestion
Le conseil de gestion est l’organe de conception et de décision de la politique
générale de la Clinique Ngaliema, il évalue l’action menée par le comité
58

Directeur. Il a comme rôle principal de veiller au bon fonctionnement de la


Clinique, conformément aux principes de management et aux instructions
édictées par le Ministère de la santé.
Il se réunit une fois par mois en séance ordinaire et sur convocation de son
président pour une séance extraordinaire. Il comprend les membres internes et
externes de la Clinique. Parmi les membres internes nous avons :
- Le Médecin Directeur : Président
- Le Médecin chef de Staff Médical : vice-président
- L’administrateur gestionnaire titulaire : secrétaire
- Le Directeur de Nursing : Membre
- Le pharmacien en chef : Membre
- Le Directeur de Nursing adjoint : membre
- Le représentant de la concertation syndicale : membre
Parmi les membres externes, nous avons :
- Un représentant du Ministère de la santé : membre
- Un représentant de l’inspectorat provincial de la santé : membre
- Un représentant de la commune de la Gombe
2. Comité Directeur
Le comité Directeur est l’organe d’exécution des décisions du conseil de
gestion.
Il assure la gestion courante de la Clinique Ngaliema et se réunit au moins une
fois par semaine sur convocation et sous la présidence du médecin Directeur de
la Clinique. Il a pour rôle de :
- Maintenir la discipline au sein de la Clinique
- Veiller à la bonne marche de l’hôpital, l’harmonie de son
fonctionnement et l’efficacité de sa gestion en ce qui concerne les
ressources humaines, financières et matérielles.
Il est composé exclusivement des membres internes de la Clinique notamment :
- Le médecin Directeur
- Le Médecin chef de staff médical
59

- L’administrateur gestionnaire titulaire


- Le Directeur de Nursing
- Le pharmacien en chef
- Le Directeur de Nursing adjoint
3. Organisation des services
La Direction Médicale comprend les services suivants :
- Biologie médicale ;
- Chirurgie ;
- Gynécologie-obstétrique ;
- Imagerie médicale ;
- Médecine communautaire ;
- Médecine interne ;
- Pédiatrie ;
- Urgence-anesthésie et réanimation ;
- Spécialités
La Direction de Nursing comprend les services suivants :
- Biologie médicale ;
- Chirurgie ;
- Gynécologie-obstétrique ;
- Imagerie médicale ;
- Médecine communautaire ;
- Médecine interne ;
- Pédiatrie ;
- Urgence-anesthésie et réanimation ;
- Spécialités
- Formation
60

- Hygiène hospitalière
La Direction administrative comprend les services suivants :
- Approvisionnement ;
- Audit et contentieux ;
- Budget contrôle
- Comptabilité ;
- Informatique ;
- Magasins généraux ;
- Service du personnel ;
- Service technique ;
- Sécurité et surveillance ;
- Mouvement et statistique.
La Direction de Pharmacie est constituée des services suivants :
- Hospitalisation ;
- Officine ;
- Médecine communautaire ;
- Dépôt pharmaceutique.

A. Effectifs par catégories professionnelles


Tableau n°5 : Effectifs par catégories professionnelles et par sexe
Effectifs
N° Effectif par sexe
Catégorie professionnelle
Général
M F
1 Médecins Généralistes 49 24 25
2 Médecins Spécialistes 42 33 9
3 Chirurgiens-Dentistes 3 1 2
4 Physiothérapeute 1 1 0
5 Pharmaciens 3 1 2
61

6 Administrateurs L2 6 3 3
7 Administrateurs A1 7 3 4
8 Assistants en Pharmacie 6 5 1
9 Biologistes L2 13 12 1
10 Technicien de Labo A1 25 2 23
11 Techniciens de Radio L2 8 5 3
12 Techniciens de Radio A1 4 1 3
13 Techniciens de Radio A2 3 3 0
14 Infirmiers L2 9 5 4
15 Infirmiers A1 107 36 71
16 Infirmiers A2 144 26 118
17 Infirmiers A3 53 12 41
18 Administratifs L2 9 9 0
19 Administratifs G3 18 14 4
20 Administratifs D6 18 9 9
21 Administratif sans diplôme 227 125 102
22 Kiné L2 0 0 0
23 Kiné A1 2 0 2
24 Nutritionnistes A1 1 0 1
25 Technicien Assainissement 1 0 1
Total Déclaré 759 330 429
Source : Service du personnel de la Clinique NGALIEMA
B. Capacité d’accueil
La Clinique Ngaliema a une capacité d’accueil de 317 lits budgétaires et 303 lits
réellement exploités dans les différents services.
Tableau n°6 : Répartition de lits par services
Lits
budgétaire Lits Pourcentag
Services s réels e
Salle de réanimation et
médecine interne 49 44 89.80
Gynéco/obstétrique 65 62 95.38
Pédiatrie 95 72 75.79
Chirurgie 82 80 97.56
Total 291 258 88.66
Source : Service logistique de la Clinique NGALIEMA
62

4. Organigramme
63
64

Figure 8 : Organigramme de la Clinique Ngaliema


2.2. Population de l’étude
Pour Chauchat (1985), la population d'étude est l'ensemble d'individus auxquels
s'applique l'étude149.
En ce qui nous concerne, notre population d'étude est constituée des patients
suivis pour maladies rénales à la clinique Ngaliema.
2.3. Critères d’inclusion et d’exclusion
Pour cette étude, les enquêtés devraient répondre à ces critères :
 Présenter une maladie rénale
 Suivre les soins à la clinique Ngaliema;
 Avoir un âge de 18 an révolu ;
 Être présent le jour de l’enquête et donner son consentement
Sont exclues de cette étude, toutes les personnes ne répondant pas aux critères
précités.
2.4. Echantillonnage et taille de l’échantillon
Ce travail a fait recours à l’échantillonnage aléatoire de type stratifié qui
s'applique lorsque la population est homogènes par apport à la variable d'intérêt
« Y ». Si les individus sont très défiantes les uns des autres vis-à-vis de la
variable Y, il devrait être intéressant de constituer des groupes homogènes au
sein des quels on réalise des tirages, puisque alors les estimations obtenues dans
chacun des groupes seront représentatifs de la population de l’étude.

L'équation standard pour calculer la taille de l'échantillon est la suivante 150 :


 taille de l'échantillon = [z2*p(1-p)] / e2 / 1 + [z2*p(1-p)] / e2*N]
 N = taille de la population
 z = z-score
 e = marge d'erreur
 p = écart-type
Supposons que le niveau de confiance est de 99 %, notre écart-type de 50 % et
notre marge d'erreur de 5 %.
149
H. CHAUCHAT, L'enquête en psychologie, PUF, Paris, 1985, P.27
150
https://www.surveymonkey.com/mp/sample-size-calculator/consulté le 10/14/2023
66

Pour un niveau de confiance de 99 %, le z-score est de 2,58.


 Autrement dit :
 N = 400
 z = 1,96
 e = 0,05
 p = 0,5
La solution que vous trouverez correspond à la taille de l'échantillon nécessaire.
[z2*p (1-p)] / e2
Exemple : taille de l'échantillon = / 1 + [z2*p (1-p)] / e2/N]
= [1,96*0,5(1 - 0,5)] / 0,0025 / 1 + [1,962*0,5(1 - 0,5)] / 0,052/400]
= 195,96=196 que l’on a arrondi à 200 patients
2.5. Méthode d’analyse
2.5.1. Outils d’analyse
Pour l’exploitation de nos données, nous avons recouru aux différents types de
logiciels notamment : les logiciels EPIDATA 3.1 et SPSS 21. Les logiciels
Microsoft Excel 2013 et Microsoft Word 2013 ont permis respectivement de
présenter les résultats sous forme des tableaux et des graphiques.
2.5.2. Techniques d’analyse
L’analyse de données se fera en deux temps. Un plan descriptif et un plan
inférentiel. Pour la description, les données sont présentées sous formes des
graphiques. Les analyses inférentielles sont basées sur le test de khi-carré et la
force de l’association estimée au moyen du seuil de P-value fixé à inférieur ou
égal à 5%.
2.5.3. Critère d’acceptabilité
La validation de résultats obtenus s’est faite selon les critères ci-après : Est
considéré comme non recours aux services de santé, l’affirmation de ne pas
utiliser les services de santé lors de la dernière de la maladie. Au niveau
inférentiel le test d’indépendance de Khi deux, avec un P – value inférieur ou
égal à 0,005 a permis d’identifier les facteurs impliqués dans le non recours aux
services de santé.

2.6. Etude des variables


67

2.6.1. Type de variable


L’étude est centrée sur deux types des variables. La variable dépendante est
traduite par la question le type des maladies rénales alors que les variables
indépendantes représentent les différents problèmes décrits dans le schéma
conceptuel.
2.6.2. Description des variables
1° Variable dépendante
Notre variable dépendante est le type des maladies rénales. Selon l’ordre des
diététistes-nutritionnistes du Québec (Mars 2023), les maladies du rein les plus
fréquentes sont la néphropathie diabétique et la néphroangiosclérose causée par
l’hypertension151.
On retrouve également certaines maladies génétiques comme la maladie rénale
polykystique et des maladies auto-immunes touchant les reins. Les calculs
rénaux, également très fréquents dans la population, peuvent également affecter
la fonction des reins s’ils surviennent à répétition ».
2° Variables indépendantes
Les variables indépendantes sont regroupées en quatre catégories suivantes :
En rapport avec les renseignements cliniques des patients
 Type de la pathologie rénale
 Service des soins
 Traitement de la maladie rénale reçu
 Stade de la maladie rénale
 Etat clinique du malade
 Nécessité de la suppléance rénale
 Type de suivi du patient

En rapport avec les problèmes individuels liés à l’accès aux soins des
maladies rénales

151
L’Ordre des diététistes-nutritionnistes du Québec (Mars 2023). Op.cit.
68

 Age
 Situation matrimoniale
 Durée de suivi de la maladie rénale
 Antécédent morbide
 Respect des mesures hygiéno-diététiques
 Information sur les maladies rénales
En rapport avec les problèmes financiers liés à l’accès aux soins des
maladies rénales
 occupations professionnelles
 Niveau de revenu mensuel
 Source de financement des soins
 Affiliation à une mutuelle des soins
 Respect du bilan du control de la maladie rénale
 Négociation de tarif des soins
En rapport avec les problèmes institutionnels liés à l’accès aux soins des
maladies rénales
 Accessibilité géographique au service des soins
 Communication sur le check up
 Vulgarisation de la prévention des maladies rénales
 Subvention en faveur des soins et disponibilité des intrants
 Estimation du coût financier
 Négociation de tarif des soins
2.7. Outil de collecte
Une fiche de collecte des données sous forme d’un questionnaire de type semi
fermé a été élaborée regroupant les trois rubriques conformément à nos variables
de l’étude.
2.7.1. Déroulement de l’étude
2.7.1.1. Phase Préliminaire
Elle a consisté à obtenir d’abord la lettre de recherche auprès de service
académique de l’université Omnia Omnibus, par la suite cette lettre fut
approuvée par l’autorité compétente de la clinique Ngaliema.
2.7.1.2. Déroulement proprement dit de l’enquête
2.8 Difficultés rencontrées
69

2.9 Considération d’ordre éthique


Cette étude a respecté toutes les normes en rapport avec la recherche du
consentement des enquêtés à l’obtention de l’autorisation des autorités
administratives de la clinique ainsi que le respect de la confidentialité dans la
collecte de données, la dignité de la personne et l’anonymat des réponses étaient
de rigueurs.
Conclusion partielle
Ce chapitre a décrit en détail les contours méthodologiques et les différents
matériels utilisés dans ce travail. Ces éléments ont préparé la voie pour présenter
les résultats obtenus après l’enquête, dans le chapitre suivant.

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