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cordialemen t
pour l'in
Par Claude Gallou, le 19.04.2017
le souvenir d'un agréable moment en relisant cet article... merci fabienne et au plaisir de te/vous retrouver
Par Anonyme, le 23.02.2012
salut fabienne,
bra vo pour ce café littéraire et ce blog, je suivrai l'actualité, faute de pouvoir assister
Par Anonyme, le 29.01.2012
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· Mon coup de coeur : élégant, pudique, un brin ironique !
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Date de création : 19.01.2012
Dernière mise à jour :
18.05.2018
17 articles
Lumière noire de ce matin d’hiver. La matinée avance et la luminosité blafarde devient crue et gênante. Elle m’aveugle. Je me demande ce que je fais là. Je regarde par la fenêtre dans une sorte de flottement, vision surréaliste de cette entreprise qui semble brusquement avoir été désertée.
Mes nouveaux collègues de travail, je les appelle les « pieds nickelés ». Depuis ma fenêtre, je les vois qui s’avancent dans ma direction, dans l’allée crayeuse, balayée par le vent. Comme dans un mauvais western, ils sont alignés, les mains dans les poches. Leur marche est lente à contre rythme, à contre temps.
Sur la gauche se trouve le plus grand, le plus costaud, le plus fort en gueule aussi. Il tente de garder un pas d’avance sur les autres. Celui qui lui colle au train, c’est le plus jeune. Il ne veut pas se laisser distancer, Le Jeune. De loin, je vois qu’il sort brutalement les mains de ses poches, qu’il s’agite, qu’il parle. Le Costaud a encore dû le piquer. Ses gestes sont vifs, brusques parfois aussi. Et enfin le troisième, le plus âgé, reste en demi-teinte. Un peu à la traîne Le Vieux. Il ralentit sans doute volontairement le pas des deux autres. D’ailleurs, Le Costaud s’arrête et semble soudain s’agacer après lui. Le Jeune en profite pour prendre quelques pas d’avance.
Un western dans lequel il ne se passerait rien … Surtout ne pas aller plus vite que le temps. Le laisser défiler…lui laisser prendre de l’avance… parce qu’il faut bien le tuer le temps avant qu’il ne nous tue.
A 16H56, Le Costaud, Le Jeune et le Vieux se dirigent lentement vers le poste de garde. Le Vieux arrive alors le premier. Sortes d’oiseaux en cage. Ils attendent qu’on leur ouvre les grilles pour s’envoler. Ils en ont pris leur parti. Ils n’aspirent plus à rien d’autre, surtout Le Costaud et Le Vieux. Pour Le Jeune c’est une autre histoire. C’est ça la vie. Une journée qui n’en finit pas, une sorte de jour sans fin qui recommence inlassablement, avec les mêmes gestes, les mêmes blagues, les mêmes conflits qui sont rythmés par les pauses dans le temps. La journée se prolonge à l’infini, les journées s’entremêlent. Elles se ressemblent, elles se confondent…
Parfois je ne dis pas bonjour le matin. Je n’ai pas vu qu’on avait changé de journée. Oui, ça m’arrive parfois…
Violaine Archaud
Vanité aux fruits
Derek Munn
aux éditions l'Ire des Marges (roman)
Dans son dernier roman, la plume de l'auteur glisse au fil des saisons, fine, sensible et délicate, saisissant les moments fragiles de l’existence.
Son ironie parfois cruelle, comme celle de la vie, égratigne sur son passage les personnages de son roman. C’est comme une peinture que l’auteur a écrite par petites touches.
Un roman qui se lit sur un air de mélancolie.
Beaucoup d’élégance, de pudeur aussi.
Un bijou.
Extrait
" Je suis passé voir le médecin en rentrant du travail. Dans la salle d'attente je me sentais mieux. ça m'a angoissé. Je pensais au temps que j'allais faire perdre au docteur et à ce qu'on disait des gens qui venaient pour un rien, douillets, hypocondriaques." Vanité aux fruits de Derek Munn aux éditions L'Ire des Marge.
Extrait :
"
Duras/Pivot Apostrophes au Théâtre Marguerite Duras à Bordeaux le 14 avril 2017 par l'Intime compagnie
"Un écrivain, c'est intenable, ça fait du mal" M. Duras
Contre plongée dans le passé.1984. Interview de Marguerite Duras par Bernard Pivot. Bernard Pivot, jeune journaliste, tâtonnant, parfois imprécis, parfois brusque.
Réminiscence de Marguerite Duras 70 ans, dévastée et sans masque. L'émotion est intense.
J'arrive et je m'installe sur le plateau d'Apostrophes. Rapidement happée par la prestation de la comédienne, embarquée par les mots de l'écrivaine, je pars pour le Vietnam ; elle y écorne sa mère, s'égratigne, nous égratigne.
Elle n'épargne personne
Des mots, sans fausse pudeur, des mots brutaux, sans concession.
Elle aborde sans tabou ses relations avec ses proches, avec sa mère, avec les hommes mais aussi la politique et sa passion étroite et destructrice avec l'alcool. Une vie poussée par le désir et la passion ; toujours sans concession...
Etre écrivain sonne pour elle comme une évidence.
Le ton de la comédienne est juste, sans fioriture.Bernard Pivot est plus vrai que nature.
Et les dernières paroles de Duras tombent comme un couperet.
L'émotion est palpable dans la salle...Au son des notes de la petite musique d'Apostrophes...je reste sans voix....
Duras/Pivot Apostrophes avec Sylvie Leveillard et Claude Gaillou actuellement en tournée.
https://youtu.be/LFN-wOEOAuU
Brigitta n'invitait pas à dîner. On avait chez elle un rendez-vous annuel à l'aube de l'été. Pour la journée, il n'y avait pas de programme : chacun allait à sa guise du matin jusque tard dans la nuit.
"C'était la journée" de l'amitié ! Ainsi en avait décidé Brigitta et si on tentait de donner une heure, elle protestait : c'est une journée consacrée à mes amis, à ceux qui m'ont accompagnée toute l'année. Voulez-vous me contrarier ?
C'était alors une guirlande colorée d'amis qui sonnaient à la porte, les bras chargés de présents et de victuailles. La guirlande s'étirait de la cuisine au jardin en passant par le salon.
La soirée se prologeait inévitablement et on entendait toujours les mêmes plaintes d'Emilio : " Je sais ce qui m'attend demain, quand je voudrai me lever, bonjour, plus personne".
Lorsque les rires des invités s'échappaient de la maison enluminée, Brigitta touchait le bonheur et levait sa coupe de champagne pétillante:
"Tout pour l'amitié, Vive l'amitié !!!"
Et tout en découvrant ses jolies dents blanches carnassières, Brigitta battait dans ses petites mains jusqu'à ce qu'elles deviennent rouge sang.
"Tout est blanc. Les murs sont blancs, le sol est blanc. Le fauteuil est blanc. La table est blanche. Au milieu de toute cette blancheur, un homme porte une blouse blanche qui fait ressortir ses cheveux tellement noirs qu'ils semblent bleus par endroit.
L'infirmier cherche la veine du bout de ses doigts et effleure la peau granuleuse de la patiente. Mais il ne la voit pas, ne la sent pas. Il est beau. La petite trentaine, un visage doux, presque angélique, et un regard ourlé par de longs cils sombres qui abrite des yeux couleur ambre. D'un mouvement d'agacement, ses doigts agiles défont l'élastique qui claque dans le silence ; ses yeux ambrés virent à l'orage, presque noirs. Il se reproche aussitôt ce mouvement d'humeur. D'une main experte, ses longs doigts fins se déplacent vers l'autre bras. De sa main gauche, il noue et fait un garrot sur l'autre bras. La veine jaillit brusquement, saillante, provocante par son bleu orage sur la peau translucide. L'aiguille plonge dans la veine azur et des gouttelettes de sang rouge carmin affleurent sur la peau translucide ; elles glissent le long du bras. L'élastique claque à nouveau. Après avoir retiré la seringue, il passe un coton laiteux où s'étale aussitôt un rouge sang de boeuf. La patiente le regarde avec un oeil de pigeon effaré. Oui, c'est à cela qu'elle lui fait penser, un oeil de pigeon. Des yeux ronds et noirs. Vide de sens. Une sorte de stupeur hypnotique. Un figement brutal. Effarement. Elle se lève et s'en va sans un regard avec toujours le même air de pigeon. C'est plein de pigeons ici pense-t-il. C'est peuplé de pigeons qui vous fixent en permanence de leurs yeux ronds et noirs. L'infirmier frissonne.
Il se lève, referme doucement la porte et s'engage à pas feutrés dans le long couloir. La lumière artificielle lui fait plisser les yeux ; il s'éloigne, enveloppé dans un voile lunaire. Ce soir, il pourra sortir. EUX resteront. Il a de la chance. Il disparaît à l'angle du couloir comme avalé brutalement par la gueule de la folie."
Pierre Lemaître à la librairie Mollat le 5 décembre 2013
La fiction « une machine à émotions »
Pour le romancier, l'exactitude compte peu, seule la vérité est intéressante. Etre là où le lecteur ne l' attend pas ; le rebondissement comme sens de l'existence.
« Ce « héros », Jean Blanchard qui est-il ? »
« Je n'en sais rien » . Réponse de Pierre Lemaître.
C'est à la lecture de lettres de poilus que le romancier est alors littéralement transpercé par une lettre, celle de Jean Blanchard, lettre qu'il écrit à sa compagne alors qu'il va être fusillé par l'armée française, pour exemple, celle dans laquelle il termine par : « Au revoir là haut, ma chère épouse ». Jean Blanchard, homme frustre avec une syntaxe discutable, écrit une lettre avant tout vibrante et touchante de sincérité.
Pierre Lemaitre affirme cependant ne pas vouloir faire un livre sur Jean Blanchard. Après l'hécatombe de morts à la sortie de la guerre 14-18, l'auteur rend hommage à la mémoire de ces fusillés pour l'exemple : des fusillés pas aussi nombreux qu'on pourrait le croire, mais toujours trop nombreux.
Dans le roman de Pierre Lemaitre Au revoir là haut, prix Goncourt 2013, les deux protagonistes, Edouard et Albert, sur le champ de bataille sont aux antipodes ; comme il arrive dans ces cas là, ils viennent de deux mondes différents, ils sont sur deux planètes différentes, évidemment pas dans la même sphère, simplement et uniquement liés par la dette de la vie, par quelque chose qui les dépasse. En sauvant la vie à l'autre, l'un est défiguré. Il en veut à l'autre de l'avoir sauvé...
Pierre Lemaître donne dès le départ le ton de son roman avec le récit de cet homme enterré vivant pendant la guerre 14-18. Un roman fort, puissant, sans concession et qui n'épargne personne. Même si l'auteur se défend d'avoir écrit un roman historique, même s'il revendique avant tout l'écriture d' un roman picaresque, à travers le chemin de ces hommes c'est aussi la peinture d'une époque, fictive et réelle à la fois. Après la guerre 14-18, le pays est ravagé, dans l'incapacité administrative et logistique de démobiliser ces hommes ; elle les cantonne alors dans des casernes. La fiction reste pour le romancier une « machine à émotions » dans laquelle finalement l'exactitude compte peu, seule la vérité est intéressante. Issu du polar, il transfère son savoir, ses techniques, dans ce roman picaresque. Etre là où le lecteur ne l'attend pas ; le rebondissement comme sens de l'existence ; car dans la vie une situation est-elle jamais vraiment terminée ? Sorte de clin d'œil au lecteur, contrat implicite, cette nécessité de connivence absolue emmène le romancier vers un souci de stylistique bien précis : un roman que l'on peut lire à haute voix afin de réduire encore au minimum la distance qui sépare le lecteur de son auteur.
Un certain cynisme donc dans ce succès de librairie auquel l'auteur n'est pas insensible. Une réussite qui se fait à partir de la mort d'un homme, de ce fusillé, Jean blanchard. C'était alors une évidence, un devoir pour l'auteur de rendre hommage à cet homme avec ce titre « Au revoir là haut ».
Extrait
« Ceux qui pensaient que cette guere finirait bientôt étaient tous morts depuis longtemps. De la guerre, justement. Aussi, en octobre, Albert reçut-il avec pas mal de scepticisme les rumeurs annonçant un armistice. Il ne leur prêta pas plus de crédit qu'à la propagande du début qui soutenait, par exemple, que les balles boches étaient tellement molles qu'elles s'écrasaient comme des poires blettes sur les uniformes, faisant hurler de rire les régiments français. En quatre ans, Albert en avait vu un paquet, des types morts de rire en recevant une balle allemande. »
Mademoiselle Chambon
de
Eric Holder (1996)
adapté au cinéma par Stéphane Brizé (2009)
avec Vincent Lindon et Sandrine Kiberlain
César de la meilleure adpatation
Ses maîtres sont Henri Miller, Jack Kerouac et Blaise cendars, l'auteur Eric Holder raconte avec grâce et légèreté le quotidien des sentiments.
Dans ce roman, le personnage principal Antonio est maçon, bon mari, bon père, bon fils. Un jour, il rencontre l'institutrice de son fils et c'est alors l'évidence des sentiments...
Dans un style très simple, très fluide et un brin poétique, l'auteur nous offre des personnages tout en sensibilité ; l'émotion est à fleur de peau pendant toute la lecture. Une histoire toute en résonance, bien loin des clichés.
Le film de Stéphane Brizé est encore plus touchant que le livre ! Le jeu des acteurs est tout en retenue et en délicatesse. Il flotte dans l'air une émotion perpétuelle, une émotion à fleur de peau, Les mots ici ne sont rien, ile ne veulent rien dire, ils ne comptent pas ; seul ce qui n'est pas dit trahit les sentiments des personnages, tout se lit entre les lignes. Car il ne se dit rien, il ne se passe rien de particulier mais Stéphane Brizé réussit un tour de force : donner une puissance émotionnelle maximale à ses personnages, une sensibilité constante, omniprésente, palpaple, qui vous transperce au delà des mots, magnifiquement interprété par vincent Lindon et Sandrine Kiberlain. La libre adaptation de la fin du roman avec la scène du train sublime le roman. Totalement Bouleversant !
Extraits « Il lui semblait jusqu'à présent avoir été atteint d'une sorte de myopie, comme si sa vue s'était bornée à deux pas de lui et que le reste fût confondu dans le flou. » « Parfois l'espace d'une seconde, il était épouvanté de constater qu'au fond de lui-même, il aurait aimé lui dire à quel point il était heureux. |
Rencontre avec Eric Holder
C'est à Vincent Lindon que revient le rôle d'Antonio (après avoir été proposé à Zinédine Zidane) ; et pour vincent Lindon personne ne pouvait mieux incarner Mademoiselle Chambon que Sandrine Kiberlain. La gêne et l'émotion de l'ancien couple dans la réalité crève ici littéralement l'écran. Mais c'est surtout un véritable bonheur pour cet écrivain d'avoir été adapté au cinéma ; c'est la multplication des ventes et la reconnaissance.
De Eric Holder :
En compagnie des femmes (nouvelles)
La Correspondante (roman)
L'Homme de chevet adapté au cinéma en 2009
De loin on dirait une île
Eric Holder est né à Lille en 1960. Il vit actuellement dans le médoc.
Je ne suis pas là pour être aimé film de Stéphane Brizé (2005) avec Patrice Chesnais et Anne Consigny
Samedi 1er juin 2013
Café littéraire au Samovar
18 rue Camille Sauvageau
33000 Bordeaux
sur le thème de
LA VILLE
celle d'une enquête policière, d'un souvenir, d'une aventure, d'une quête, d'un retour aux sources mais aussi la ville et la campagne, la ville et l'écriture, la ville portuaire...etc...je vous laisse à votre imagination...
Chacun présentera brièvement son livre (thème, personnages, style d'écriture), donnera son avis sur l'histoire et les émotions qu'elle suscite. On pourra éventuellement lire ou faire lire un extrait sélectionné.
(maximun 2 livres par personnes)
Lumières de Pointe Noire
"Maintenant les heures mûrissent
sur l'arbre du retour
pendant que l'assoupissement
convoite les paupières
accablées par la poussière des regrets"
Mabanckou
L'écrivain se pose toujours la question de la lecture de son roman : ce que j'écris est-il destiné à être lu ? Comment gère-t-on l'écriture de sa propre biographie ? C'est la question qui a été posée à l'écrivain Alain Mabanckou pour son dernier roman Lumières de Pointe-Noire lors d'une conférence au Bouscat.
Pour Alain Mabanckou, son roman est avant tout une autofiction qui lui permet de garder une certaine distance. Avec des portraits hauts en couleurs de personnes rencontrées dans son enfance au Congo, une grande blessure semble recouvrir cependant son passé. Car après vingt-trois ans d'absence au Congo, Alain Mabanckou, fils unique, ne se rend aux obsèques ni de sa mère ni de son père adoptif. Que représente donc son roman ? Serait-ce alors le tombeau dans lequel l'auteur garderait ses souvenirs d'enfance ?
A la lecture de ce roman, j'ai ri car on ne sombre pas dans le pathos...et j'ai été émue et touchée par les personnages et par la pudeur de l'écriture et de l'auteur....J'espère que vous le serez aussi...