Essai Sur Les Hiéroglyphes D Horapollon

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feb
80.
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7

MENTEMALIT ET EXCOLIT

ono coln Modono

K.K. HOFBIBLIOTHEK
OSTERR . NATIONALBIBLIOTHEK

80.D.97

1
1

)
ESSAI

SUR

LES HIEROGLYPHES D'HORAPOLLON .


IMPRIMERIE DE FIRMIN DIDOT , RUE JACOB , Nº 24 .
.
:
ESSAI

SUR

LES HIÉROGLYPHES D'HORAPOLLON ,

ET

QUELQUES MOTS
3

SUR

LA CABALE .

Τον εμόν πέπλον ουδείς πω απεκάλυψεν..

PAR M. LE CHEVALIER DE GOULIANOF ,

MEMBRE DE L'ACADÉMIE RUSSE .

PARIS ,

CHEZ P. DUFART , LIBRAIRE , QUAI VOLTAIRE , N° 19 .

3
15 AVRIL 1827 .
S
A
E
L
E
I
E

WIEN
S
*
INTRODUCTION .

Le petit traité d'Horapollon , connu sous le titre IEPOTAY

PIKA , est le seul et unique monument de ce genre qui soit

parvenu jusqu'à nous (1). On conçoit dès lors de quel prix

ce monument doit être aux yeux de ceux qui s'occupent de la

langue et de l'écriture sacrées des Égyptiens.Toutefois, parmi

les archéologues modernes qui ont parlé de cet écrivain

niliaque , les uns ont pris ses révélations pour des inepties ( 2 ) ,
tandis que d'autres y ont vu l'expression des plus profonds

mystères de la philosophie des Égyptiens.


M. Champollion le jeune , dont je médite les brillantes

découvertes , pose en fait , dans son PRÉCIS du système hié

roglyphique des anciens Égyptiens ( 3) , que : « la plupart des

( 1 ) On sait que Chaeremon d'Alexandrie avait également écrit sur les Hiéro
GLYPHES. Et l'ouvrage , perdu sans retour , de ce célèbre hiérogrammate est d'autant
plus à regretter qu'il paraît avoir été beaucoup plus important que celui d'Hora
pollon , à en juger du moins par la mention que quelques auteurs anciens ont
faite de l'érudition de ce Chaeremon , dont on cite les travaux philosophiques.

( 2 ) Le docteur Young appelle l'ouvrage d’Horapollon « a puerile work . » Voyez


An account of some recent discoveries , etc. , page 3 .

(3) La première livraison de mes OPUSCULES , renfermant l'analyse du PRÉCIS


de M. Champollion le jeune sur le Système hiéroglyphique des anciens Égyp
tiens , a été publiée en 1824 , à Paris, sous le nom de M. TH . AusonioLI ,
formé des éléments de mon nom grec IOTAIANOZ .
( 6 )
(
images symboliques , indiquées dans tout le livre Ie" d’Hora

« pollon et dans la partie du II° qui semble le plus authen


CC
( tique ( 1 ) , se retrouvent dans des tableaux sculptés ou peints

« soit sur les murs des temples et des palais , sur les parois

des tombeaux, soit dans les manuscrits, sur les enveloppes


« et cercueils des momies, sur les amulettes, etc...... que ces

bas -reliefs, PUREMENT ALLÉGORIQUES OU SYMBOLIQUES , abon

dent sur les constructions égyptiennes et furent particulière

« ment désignés par les anciens sous le nom d’ANAGLYPHES . »


( Cette distinction une fois établie , il est aisé de voir pour
,

suit M.Champollion , que l'ouvrage d'Horapollon se rapporte

« bien plus spécialement à l'explication des images dont se

composaient les ANAGLYPHES qu'aux élémens ou carac


tères de l'écriture HIEROGLYPHIQUE proprement dite :

« le titre si vague de ce livre IEPORAYOIKA ( Sculptures sacrées

« ou Gravures sacrées) est , dit M. Champollion , la seule

« cause de la méprise ( 2 ) . »

( 1 ) « Je dois avertir , » dit M. Salt , ( page 42 de la traduction de son Essai sur


le système des Hiéroglyphes phonétiques du docteur Young et de M. Cham
pollion) « que si je suis convaincu par de nombreuses raisons que le premier
« livre et la première partie du second , sont écrits par une personne très au

« courant des hiéroglyphes égyptiens, je ne suis pas moins persuadé que le reste
« est une méprisable interpolation , excepté peut-être les trois ou quatre derniers
hiéroglyphes qui semblent avoir fait partie de l'ouvrage original et avoir été
placés à la fin pour mieux tromper le lecteur. » Quelles que puissent être les
« nombreuses raisons » qui ont porté M. Salt a faire un pareil triage, sa décision

péremptoire n'en est pas moins une décision à priori ; et les exemples donnés
par M. Klaproth ont déja convaincu plus d'un savant que l'appréciation d’Hora
pollon ne peut avoir lieu qu'au moyen des INITIALES .

( 2 ) I. c. pages 300 , 301 .


( 7 )

Ainsi , dans la doctrine du célèbre égyptologue français,

les élémens traités par Horapollon sous le titre d'HIERO

GLYPHES , loin de pouvoir faire partie du système hié

roglyphique des Égyptiens, doivent en être exclus et consi

dérés comme des' ANAGLYPHES , lesquels , selon la doctrine

du même égyptologue, étaient des peintures et bas -reliefs

purement allégoriques ou symboliques et « tenaient primor

« dialement à un tout autre système de représentation de la

pensée ( 1 ) » ; et c'est pour avoir confondu les hiéroglyphes

proprement dits avec les anaglyphes d'Horapollon , « que


(C
l'étude de cet auteur n'a , dit M. Champollion , donné nais

« sance qu’à de vaines théories ( 2 ) . »

L'égyptologue français observe ailleurs ( 3) qu'il ne resterait

plus qu'à trouver une méthode pour reconnaître la valeur

de ces caractères SYMBOLIQUES et que c'est là l'obstacle qui


semble devoir retarder le plus l'intelligence pleine et entière
des textes HIÉROGLYPHIQUES.

Après avoir ainsi fait connaître le sentiment de M. Cham

pollion le jeune , au sujet du traité d'Horapollon , je vais ,

dans ce premier essai , soumettre à l'examen une partie des

données de l'écrivain niliaque et j'essayerai ensuite d'en tirer


quelques résultats .

Les archéologues qui ont lu le travail de M. Klaproth ( 4 ) ,

ont déja eu lieu de se convaincre qu’Horapollon, en révélant

30o .
( 1 ) Ibid ., page
(2) Ibid ., page 299.
(3 ) Précis , page 397 ,
(4 ) Lettre sur la découverte dès Hiéroglyphes acrologiques , adressée à M. le
chevalier Goulianof, par M. J. Klaproth . Paris , Merlin , quai des Augustins ,nº 7 .
1827 .
( 8 )

les profonds mystères des hiéroglyphes, n'a fait au monde

que des demi-confidences , et que le véritable secret de ces

hiéroglyphes , était celui de METTRE EN RAPPORT DES OBJETS


DONT LES NOMS RESPECTIFS OFFRAIENT LA MÊME INITIALE . Il ne

faut donc plus s'étonner de ne trouver pour l'ordinaire entre

les objets mis en rapport aucune analogie rationnelle , je dirai

plus , aucune trace de la méthode tropique ou allégorique.


« SYMBOLES »
Une telle méthode qui eût dû caractériser les

n'eût été en effet qu’un objet de luxe ; et ce luxe n'aurait pu

marcher de pair avec le besoin des INITIALES.

L'étude d’Horapollon m'a fait reconnaître néanmoins un

autre mystère dans le langage sacré, du sacerdoce égyptien.

Ce mystère consistait à mettre en rapport des objets dont


les noms étaient plus ou moins ÉQUIVOQUES OU HOMOPHONES :

c'est ce que les Grecs appelaient ITAPONOMASIA , parono

mase ou jeu de mots ; et ce que je nommerais volontiers

une ALLÉGORIE ACOUSTIQUE . Ce mystère de la langue sacrée se

reproduisait également dans l'écriture hiéroglyphique.


second genre de mys
ce second
On se persuadera aisément que ce

tères a dû être beaucoup plus borné que celui qui tenait à

l'identité des initiales , et qui pouvait être étendu et varié


indéfiniment.

Dans la poursuite de ces deux procédés mystiques des

hiéroglyphes d'Horapollon , j'ai reconnu , en outre ,

1° Qu'un seul et même hiéroglyphe indiquait souvent

plusieurs objets à la faveur de mots HOMOPHONES ou des


INITIALES ;

2 ° Qu'un seul et même objet était , à son tour , rendu par

diverses images hiéroglyphiques , dont les noms respectifs


offraient la même INITIALE ;
( 9 )

3º Qu'on trouve également un ou plusieurs objets rendus

par divers hiéroglyphes , tantôt à la faveur des HOMOPHONES ,

tantôt au moyen des INITIALES ;

4° Que dans les hiéroglyphes complexes les deux procédés

se trouvent souvent combinés de manière qu'une partie de

ces hiéroglyphes présente des HOMOPHONES , tandis que l'autre


se rattache à des INITIALES ;

5 ° Qu'il n'existe dans Horapollon aucun objet quelconque

donné pour symbole et qui ne soit point susceptible d'une

représentation matérielle ( 1 ) : condition conséquente au titre


IEPOTAYOIKA du traité d'Horapollon , condition qui emporte
LANGAGE
d'ailleurs cette autre conséquence , savoir : que le

HERMÉTIQUE , connu sous l'épithète de LANGUE SACRÉE des

Egyptiens, est un langage artificiel dont les FORMULES sont

assujetties aux convenances représentatives de l'écriture hiero

glyphique.

Ces faits généraux , présens à l'esprit du lecteur , lui feront,


je l'espère du moins , apprécier à leur juste valeur les demi
confidences d’Horapollon .

Sans prétendre donner, dans ce premier essai , rien de systé

matique , je crois néanmoins pouvoir distribuer mon travail


en trois petites sections .

Dans la première section , je donnerai quelques exemples

de PARONOMASES ou jeu de mots .

Dans la seconde , quelques exemples ACROLOGIQUES ,

expression heureuse dont M. Klaproth s'est servi pour dé


signer le procédé des INITIALES .

( 1 ) Voir ci - après les développements de l'Hiéroglyphe 29 du livre fer d'Ho


rapollon .
2
( 10 )

Enfin , dans la troisième et dernière section , j'essayerai de

déduire quelques conséquences de mes études , et j'y ajouterai


quelques autres faits qui se rattachent à la langue et à l'écri

ture sacrée des Égyptiens.

Dans les deux premières sections je suivrai l'ordre des

chapitres hiéroglyphiques d'Horapollon .

Je me sers de l'édition donnée par D. Hoeschel en M.DVC .


ESSAI

SUR

LES HIÉROGLYPHES D’HORAPOLLON .

PREMIÈRE SECTION .

PARONOMASES .

I. 4. HORAPOLLON dit que l'image d'un croissant renversé et ayant


les cornes tournées en bas , figurait un MOIS de trente jours ACCOM
PLIS .

Les mots qui jouent dans cet hiéroglyphe sont pris dans le dialecte
sahidique.
En effet, dans ce dialecte de la haute Égypte , la lune s'appelle noor ,

poogh , forme où le n initial est une syncope de l'article ni , pi.


Or cette forme nooz fait équivoque

1 ° , Avec le mot noz , pogh , qui signifie terme, achèvement ; ache


ver , parvenir, parfaire , etc. Ce mot avertit donc qu'il est question
d'un mois ( POOGH ) accompli.

2º, Avec le mot noN2 , PONGH , qui signifie renverser : jeu de mot qui
motive la position renversée du croissant.
Horapollon nous apprend en outre que le croissant renversé, mais

ayant les cornes dirigées en haut , servait à indiquer quinze parties


2.
( 12 )

du mois . C'est dire en d'autres termes que le croissant dans cette po

sition indiquait la moitié du mois.


Or naye , PACHÉ , veut dire moitié ; et l'initiale de ce mot est iden
tique à celle du mot noo2 , POOGH , lune.
D'ailleurs nwy , PÔCHE , veut dire division , fraction , et nwa , PÔGH ,

signifie briser, rompre , etc. Si donc , tenant compte des artifices du


mystère , on fait attention à l'analogie qui existe entre rupture et frac

tion d'une part , fraction et division de l'autre , on concevra que le


dernier mot, nwa , PÔGH , jouait également avec le mot noo2 , POOGH ,

lune, dans l'indication des quinze jours d'un mois.


L'image d'un croissant n'était donc pas, à beaucoup près , aussi figu

rative qu'on pourrait se l'imaginer. Elle l'était d'autant moins qu'elle


représentait un mois ou quinze jours et non la lune ; et tel était l'emploi
du CROISSANT dans l'indication des dates en caractères hiéroglyphiques.
Je remarquerai enfin que l'image du croissant , considérée hors des

dates , fait l'office de la lettre n , P. Telle est , entre autres , la valeur


du croissant renversé et ayant les cornes tournées en bas, dans les
cartouches hiéroglyphiques. »

I. 10. Horapollon rapporte que la statue du Soleil, à Héliopolis,

avait la figure d'un chat . Brillant jeu de mots .

Le soleil est la source de la fertilité, de l'abondance. Cet astre est


par conséquent convenable , utile , bienfaisant.
Or toutes ces idées , je veux dire la fertilité , l'abondance ; l'uti

lité , etc. , sont rendues par le mot copte war , CHAOU ; et ce mot signifie
2
également un chat.

I. 13. Horapollon dit qu'une étoile ou astre désignait le nombre


cinq , par la raison que l'économie de l'Univers tient à cinq astres
seulement.

Ceci rappelle, si l'on veut , les cinq mondes de Platon et d'autres

philosophes anciens versés dans la sapience des Égyptiens ; doctrine

bizarre qui s'expliquera peut-être si l'on fait attention à ce que l'image


d'un astre ou d'une étoile est formée de cinq rayons dans les hiéro
( 13 )

glyphes comme partout ailleurs . Mais le tout , selon moi , se réduit à

un jeu de mot ; car


Cior , ciou , veut dire un astre , une étoile ; et tor, ciou , veut dire

cinq
La Croze écrit tior , Tiou , pour le dialecte memphitique , et tor
pour le sabidique. Scholtz, au contraire, donne tor pour les deux dia

lectes ; et cette dernière forme a dû être la plus ancienne. Les gram

mairiens enseignent , il est vrai , que la lettre copte + équivaut à la syllabe


Ti, ti ; mais l'analogie universelle prouve que le signe + avait jadis la

valeur complexe tsi, dont la solution a donné plus tard le prononcé


du t et de l's séparément. C'est ainsi que l'on dit en français partie et

partiel, comme s'il y avait parciel.

Il est à observer d'ailleurs que la lettre + est du nombre des signes de


l'ancien alphabet égyptien. Nous retrouvons en effet cette lettre cruci

forme, ainsi que l'astre ou l'étoile , dans l'alphabet harmonique de


M. Champollion sous les valeurs du D hébraïque et du 2 grec , savoir,
le premier sous le n° 92 , et le second sous le n° 101 .

Il est donc certain qu'à une époque postérieure aux origines égyp

tiennes, le + avait alternativement les deux valeurs de la syllabe ti

française ; et qu’ainsi le mot tor , cinq, se prononçait ciou , ce qui

nous donne un jeu de mots .

I. 19. Les Égyptiens plaçaient sous le trône du soleil l'effigie d'un


lion , parce que , dit Horapollon , la face ronde de cet animal et sa

crinière semblable aux rayons, symbolisaient avec le soleil. C'est

ainsi que le commentateur préoccupait les yeux pour distraire les


oreilles.
uori , MOUI , lion .

uore , mouè , splendeur.

Ce jeu de mots nous explique pourquoi Horapollon compare la


crinière du lion aux rayons du soleil.

I. 18. Pour désigner la force, đàxiv , on peignait les parties anté


rieures de ce même animal.
( 14 )

uori, MouI , lion.

UAIH , MAïÊ est traduit par vimaxía , qui signifie , entre autres , virilité ,

vigueur de l'âge ; et de même que nıxía et đaxin appartiennent à un


seul radical , de même le mot uaiH qui signifie , entre autres , age,

quantité, peut et doit avoir signifié aussi, force et vigueur.


C'est donc encore un jeu de mots .

Le lion était encore le symbole de l'inondation.


La figure de cet animal ornait de plus , les canaux et les tuyaux
des fontaines sacrées.
Dans tout cela il est question de l'eau .
uori , MouI, lion .

uwor , MỘou , eau .

1. 21. Horapollon dit qu'on figuráit l'élévation ( évábnouv ) du Nil ,


entre autre par trois cruches.

XOA2C , DJOLGHS , cruche , vase a puiser ( 1 ) .


XWAK , DJÓLK , inonder , xatox2ÚČELY.
xw , DJÔ , élévation .

Le traducteur grec d'Horapollon , qui fait souvent de l'étymologie ,


débute par remarquer que les Égyptiens appelaient le Nil NOIN ; et

faisant du grec aux dépens de l'Égyptien, il prétend que ce mot signifie


véov , nouveau : éppenveulèv de onpaiver NEON . Mais Philippe n'a fait là

qu'un jeu de mots .

J'abandonne à la sagacité des érudits le soin de se persuader si ce


mot NOIN est autre chose qu'une allusion au cours du Nil qui simule

la lettre V ( n ) phénicienne par ses deux bras divergens. Or le mot


NOYN est , comme personne n'en doute, le nom sémitique de la lettre
N , dont la forme V s’est conservée dans l'alphabet grec.

Si l'on jette maintenant les yeux sur la planche F de l'alphabet 1

( 1 ) Etymologie Ægyptiacæ Ig. Rossii . Romæ M. DCCC . VIII.


( 15 )

harmonique de M. Champollion , on remarquera une cruche sub n° 75 ,


et une ligne ondoyante sub n° 72 , représentant l'une et l'autre la
lettre N.

Or ces deux images combinées sous le n° 241 du Tableau général

qui accompagne le PRÉCIS de cet égyptologue, offrent précisément


la lecture sémitique Noun du nom de la lettre V , qui simule le cours
divergent du Nil . Ainsi un filet d'eau qui s'épanche en zigzag du bec
d'une cruche, représente mystiquement le nom de la lettre V sémi

tique , laquelle lettre prête au fleuve Nil son nom et son image dans

la langue et l'écriture sacrées des Égyptiens : bel échantillon des tours


d'adresse hermétiques !

Je reproduirai les symboles ..... du Nil dans la section des initiales.

1. 29. Horapollon prétend que les Égyptiens figuraient la voix

éloignée par la voix de l'air , c'est-à-dire par le TONNERRE : dépos porno


γράφoυσι, τουτέστι , βροντήν . Μensonge adroit pour masquer une amphi
bologie.

Le traducteur grec dit Φωνήν δε μακρόθεν ..... και καλείται παρ ' Αίγυπτίοις

YOAIÉ . Ce mot donné par Philippe se rapporte à l'éloignement, et


non à la voix .

La voix s'appelle , bpwor , KÁRÔOu , et orei , ouai ou ouèi ( 1 ) , signi

fie distance , éloignement, étre éloigné.


Les deux mots pwor orei , réunis sous la forme KHROOU-QUAï , font

calembour avec le mot hapabai , KHARAVAI ( 2 ) ; mot qui exprime et


le tonnerre et la foudre. Et puisqu'il s'agit d'images, on s'imaginera

( 1 ) Voyez infra l'affinité des voyelles à 6.

( 2) Le B copte a eu alternativement la valeur du b et celle du v français, ainsi


qu'on peut le voir dans Scholtz , Valperga et autres. On écrivait par exemple OrwNY

et BOONY , QUÔnche et vonche , loup. Cette coïncidence du v avec le b se reproduit


partout , et se retrouve également dans les signes hiéroglyphiques de l'alphabet de
M. Champollion , où les mêmes signes représentent ces deux valeurs.
( 16 )

aisément que ce n'est pas le tonnerre mais bien la foudre qui dut
figurer la voix éloignée ( 1 ) .

1. 44. Les Égyptiens figuraient la bouche par un serpent, par la

raison , dit le commentateur égyptien , que toute la force de ce reptile


est dans sa gueule.

La bouche s'appelle po , ró , et pwy , RÔF .

Et le serpent s'appelle 209 , que l'on prononçait RhôF , avec une Raspi.
rée, c'est-à- dire avec une ASPIRATION tressaillante ou vibrante à l'isthme

du pharynx , et que représentent le į arabe et malai , le grec ancien ,


le rh northumberlandais, l'R provençale ou grasseyée des parisiens.

Ce prononcé du 2 copte sera facilement reconnu si l'on fait atten

tion à ce que la lettre 2 est encore un signe égyptien ; or ce signe si


mule parfaitement le serpent dressé , lequel serpent ainsi que la bouche

représentent une r dans l'alphabet harmonique de M. Champollion ,


nº 110 , 114. J'oserai dire plus : c'est que la position de ce serpent

hiéroglyphique est calquée sur la lettre a qui est le type .

( 1 ) Le baron de Merian , mon collègue d'Académie , et dépositaire de toutes mes


recherches , observe avec raison que ce genre de calembours pourrait former un
chapitre de charades. En effet , Horapollon , I. 17 , explique lui-même une charade :
« On représentait , dit-il , l'ame par un épervier, attendu que cet oiseau s'appelle Baino ,
et que ce mot coupé en deux , Scarpebèv , donne les mots ame et cour ; car , ajoute
Horapollon , l'ame s'appelle Bai, et le cæur , qui en est l'enveloppe , s'appelle no . Le
mot baic , baîce , conservé dans la Scala Magna , parmi les noms de l’épervier, se prête
effectivement à l'analyse d'Horapollon. La charade en question devait être émise sous
cette forme :

Mon SECOND est l'enveloppe de mon PREMIER , et mon tout est un oiseau de proie.

Il en est de même de bpwor orei , voix éloignée, pour bapaBai , tonnerre,


foudre.
Et les Hermésiens pouvaient dire :

Mon PREMIER manque aux gens du liquide élément;


Mon second afflige un amant ;
Mon tout serpente et gronde au sein du firmament.
( 17 )

I. 49. L'infamie , la scélératesse , étaient désignées par l'image d'un

oryx , à cause de sa haine implacable pour la lune et le soleil, qu'il


témoignait par des actes irrévérents au lever de ces astres .

Au rapport de Pline , l'oryx était une espèce de bouc unicorne par


ticulière à l'Égypte . Le mot oryx est donc un terme égyptien , dont
on peut supprimer la finale ,
op?, ORU , bouc unicorne,

opeb , OREV OU OREB , exécration , abomination .

1. 58. Une chose impossible était figurée , entreautres , par un homme


sans tete qui marche.

ATXW , ATDJÔ , sans téte.

Atxu , ATDJÔME , impossible.


L'allégorie rationnelle de cet hiéroglyphe n’exclut point ici l'allégorie
acoustique , je veux dire , le jeu de mots. •

Le mot atxw , sans téte , manque , il est vrai, dans les vocabulaires

coptes à ma connaissance ; mais ce mot n'en est pas moins conforme


à l'analogie de cette langue ; et de même qu'on dit :

ATHG2 , sans huile , manque d'huile ;


AT2BWC , sans vêtement, nu ;

ATXWR , sans terme , infini;


de même on aura dit : atxw , sans téte , exécados, 6e3r_akbIů .

I. 6o. Un roi gardien était figuré par un serpent qui veille,


orpo , OURO , roi.

orpit , ourit , gardien , préposé (1).

o? pAI , QURAI , basilic (2) .


Horapollon ajoute qu'au lieu du nom du roi, on peignait un gar

dien . Je suppose que Philippe a mal traduit . Un gardien ne saurait

( 1 ) Dans la Scala magna de Kircher, le mot OTPIT est rendu par vuyla ,
( 2 ) Philippe , dans Horapollon, 1. I, § 1 , donne le mot oupãos; dont je supprime la
finale os grecque.

3
( 18 )

en effet remplacer le nom du roi , mais bien le mot roi , ou le roi . Or,

209 , rohf ou.ghof ( prononcé moderne ) , veut dire serpent, et 21p62 ,


RHARERH OU GHAREGH , garder, surveiller , forme sahidique ,

Il en résulte que ces deux images désignaient les objets précédents.

Le serpent qui veille se trouve sous les nº 114 , 16 , de l'alphabet


harmonique de M. Champollion .

II. 1. Une étoile désignait aussi ( 1 ) le temps.


étoile.
CIOY , CIOU ,

CHOY , CIOU , temps.


Ce jeu de mots semble trahir une prononciation copte ; car , dans

l'alphabet copte, le H se prononce comme l'n grec moderne ( 2 ), i fran


çais .

II. 23. Un ouvrage futur, vérzov čpyov, était symbolisé .... par une
oreille . Jeu de mots raffiné.

Le mot futur, en copte , est conhor , qui signifie proprement avenir,


de NHOY , venir ; ce qui donna l'idée
de le remplacer par le,mot moyi ,

MOCHI, marcher, qui fait assonance avec le mot uayX , MACHDs , oreille ..
On trouve une pareille analogie dans le slavon .
[' pray , gradou , veut dire je marche et je vais .
['paayugee , gradouchtchée, l'avenir .

( 1 ) Voyez supra , I. 13.


( 2 ) Le i copte , correspondant au į grec , pouvait avoir , dans l'origine , plus d'affi
nité avec le H grec ancien , dont le son était identique , non à l'é, ainsi qu'on l'en
seigne jusqu'à ce jour , mais à l'C arménien , homophone du tseré hébraïque . En
effet, lei a pu et dû anciennement avoir , dans les circonstances données , le son du
cheva sonore des Hébreux , qui est un terme moyen entre le H , valeur de l'c armé
nien , et l’i aigu français , et qui est identique à l'bi slavorusse. En dernière analyse,
le chévá ou l'bi est à l’i ce que le est à l'é , et ce que l'ou est à l’u , valeurs françai
ses . Les Anglais ont aussi leur chéva , sans que leurs grammairiens s'en doutent. Ils
écrivent , par exemple , wish , quick, et prononcent ouiche , KOUIK , avec un bl , ou i
oblus , et le oil avec un son rapide comme dans le mot français ouate .
( 19 )

Quant au mot ouvrage , śpyov, il se réduit à l'initiale u , m ; car JONK ,


MONK , veut dire faire et former.

· Cet hiéroglyphe offre donc allusion , assonance , et initiales.

II . 25. Le hibou , vuxtIXópač , était l'image de la mort ; car , dit Hora


pollon , la mort surprend l'homme comme cet oiseau surprend de nuit
les poussins.

uor , mou , mort , mourir ;

AOX , LODJE et aorxor , LOUDJOU , cesser .

Ces deux mots réunis donnent :

UOT - AOX , MOU - LODJE ,

et uor - 10rxor , MOU - LOUDJOU ,

qui forment des jeux de mots avec

MoraorX , MOULOUDJI , chouette ,


UOTAAX , MOULADJE , hibou ,

et uorax , MOULDJE , saisir , empoigner.

II. 26. Ilæyis éputa os Orápar Bavar ... - τερον αέρα σημαίνει ..... ον υιόν ..

En renonçant au dernier mot , faute de connaître le pénultième ,

on peut restituer ce passage , les dictionnaires coptes à la main .


D'abord

xopxc , DJORDJECE , signifie tavis et Opa , filets et chasse;

et xepxep , DJERDJÈRE , volupté.

Suit le mot tronqué Oavat ... Or les dictionnaires donnent wn2 et


XINWN2 pour la vie ; l'analogie autorise donc les formes uor et xin
uor pour la mort ; et cette dernière forme DJINMOU , offre l'initiale x ,

DJ , qui commence les mots précédents.


Le texte ainsi rétabli nous apprend que les filets représentaient
l'amour, la chasse , et la mort.

Restele mot tronque τερον , admis par Hoeschel et autres pour πτερόν,,
ajle : l'aile désigne donc l'air , dépz. II . 15 .
3.
( 20 )

Ten2 , TÊNGH , aile.


THIT , TÈOù , vent, souffle, esprit : forme sahidique ; et eno?, T'hèou,
memphique.

II . 44. Les Égyptiens figuraient les guépes par le cadavre d'un cheval ,

parce que , dit Horapollon ,le cadavre de cet animal en engendre beau :
coup. Cette ineptie voile encore un jeu de mots .

YAAOYKI , CHALOUKI , guépe.


YOX2C , CHOLGHS , cadavre.

II. 75. Pour désigner un homme dont la colère était réprimée à la


vue du feu , on peignait des lions avec des tisons, attendu que , dit
Horapollon , le lion ne craint rien tant que le feu , et que rien ne le
dompte mieux que les tisons.
Les objets à désigner sont :

1. uaoori , Mat’HOUI , colère, fureur ( 1 ) .


2. plon2 , RÔNGH , feu .

3. cazw , saghô , réprimer.

Les objets figuratifs sont :

1. uori , MouI , lion .


2. PWN2 , RÔNGH , bûche .

3. Cazt , saghti, combustion .

Je vais maintenant offrir trois exemples puisés à d'autres sources .

Pierius Valerianus ( 2 ) nous apprend que le silence , l'exactitude à


garder le secret , la tranquillité ( silentium , taciturnitas , tranquillitas ),
étaient désignés, entre autres, par l'image « hiéroglyphique » d'une
GRENOUILLE .

2porp , GHROUR , tranquillité ,

xporp , KHROUR , grenouille.

( 1 ) Rossi l . c .
( 2 ) J. P. Valeriani bellunensis Hieroglyphica, seu de Sacris Ægyptiorum aliarumque
gentium Commentarii.
( 21 )

Les archéologues se rappellent cette série d'hiéroglyphes tant de


fois reproduits par les anciens , et que l'on voyait gravés sur le pro
pylée du temple de Minerve à Saïs.

C'était d'abord un enfant, donné comme symbole de la naissance .


Ensuite un vieillard , image de la mort.

Puis un épervier, symbole de la divinité .


Après , un poisson , image de la haine.

Enfin un hippopotame, selon Plutarque , et un crocodile, selon


Clément d'Alexandrie , que ces auteurs donnent pour des symboles
de l'impudence.

Le tout signifiant : O vous qui entrez ( dans ce monde ) et qui en


sortez , (sachez que) Dieu hait l'impudence : γινόμενοι και απογινόμενοι,,
ο Θεός μισεί αναιδείαν..

Les prétendus symboles rentrent ici comme ailleurs dans les jeux de
mots et les initiales . En effet ,

UAC , Mace , signifie enfant et naitre : le mot du texte grec est yivovat,
naître et arriver.

26120 , Ghello , forme sahidique, signifie vieillard.

2HA , GHÊL , veut dire s'en aller, et rend le mot grec du texte štoyívopai,
lequel, ainsi que le mot latin abire , signifie s'en aller , se retirer ,
mourir.

Vient ensuite l'épervier , qui s'appelle noyep , NOCHÈRE , et qui sym

bolise Dieu , mort , nouti , et NOTTE , NOUTÈ , forme sahidique. Ici et


dans les deux derniers hiéroglyphes les symboles se réduisent à des
initiates.

Le poisson s'appelle rest , TÈBTE , et haïr uecte, MÈSTÉ , ce qui ne


donne point l'initiale ; mais on aura pu dire également , avec le préfixe
verbal + , tı : tuecte , timèsté , pour uecte , comme on a dit : ip , IRI ,

faire , opérer, et tıpı , TIIRI , xont et txunt , DJÔNTE et TIDJÔNTE ,


s'irriter , irriter , exaspérer. Il se peut enfin que le nom du poisson

commençât par un u , m ; par exemple les petits poissons cités par


Cassianus : « Pisciculi minuti saliti , quos illi ( AEgyptii ) MENOMIA
( 22 )

vocant ( 1 ) . » Et le grand papyrus du cabinet du Roi nous offre en


effet de petits poissons que je ne suis point éloigné de prendre pour

des m (2 ) , sans m'astreindre à le prouver dès à présent.


Reste l'hippopotame ou - le crocodile .

Puisque l'un de ces hiéroglyphes ne saurait exclure l'autre, et que


l'hippopotame manque dans les vocabulaires coptes , je m'arrête au
nom du crocodile, qui , dans ces vocabulaires , est donné sous la forme
UCA2 , ÈMÇAGH .

Il importe d'observer d'abord que les philologues et grammairiens

modernes qui se sont occupés de la langue copte , ont tous reconnu à la


voyelle e un son approchant de celui de l'a , et c'est par un a qu'ils
rendent communément cet e dans la transcription des mots coptes

en lettres européennes.

J'observe de plus que , dans l'écriture hiéroglyphique, les mêmes


signes servent à représenter les sons de l'a et de l'e coptes , ainsi qu'on
peut s'en convaincre par l'inspection de ces hiéroglyphes dans l'Al
phabet harmonique de M. Champollion. Aussi Jablonski, dans son

Panthéon égyptien , rend- il la prononciation du mot ùcaz par Amsan ;


et ce prononcé rappelle d'ailleurs la forme antique xapya , khampsa ,
donnée par Hérodote , et dont la forme moderne amsa a perdu

l'aspiration .

L'ensemble de ces rapprochements autorise donc , sous plus d'un


rapport , à admettre le prononcé Amsag # pour crocodile , et à le placer
à côté du mot ataAXI , ATLADJI , qui signifie impudence. L'initiale est

donc un a de part et d'autre .


Je reviendrai sur le mot ataaxi à l'occasion de l'image d'une mouche,

qui figure aussi l'impudence.

Ces jeux de mots hiéroglyphiques n'autorisent - ils point quelque

( 1 ) Rossi Etym . g ., page 113.


( 2 ) Voyez colonne 45 , premier signe , colonne 108 au milieu , colonne 117 , sixième
signe d'en bas ; etc.
( 23 )

doute à l'égard du , motif de cette horreur dont les prêtres égyp


tiens étaient ou faisaient semblant d'être saisis à l'aspect d'une fève ?
Que ce légume eût été du nombre de ceux qui étaient considérés

comme malsains , un tel motif eût-il eu besoin de mystère ? Et d'où


vient cette divergence d'opinions dans la manière dont Aristote et
d'autres anciens se sont évertués de rendre raison de cette aversion

sacerdotale ? D'où vient surtout que les disciples de Pythagore , au rap

port de Iamblique , aimaient mieux se livrer à la mort que de livrer


leur secret ?

D'aussi étranges mystères n'autorisent -ils point à rejeter la fève


dans les domaines d'Horapollon ?

Plus d'un roi , depuis Chéops , s'étaient permis de fermer les temples

des dieux d'Égypte et d'interdire les sacrifices . Une telle impiété était
bien propre à éterniser le sentiment d'horreur dans le peuple égyptien ,
et, à plus forte raison , dans le sacerdoce . Notez bien qu'au rapport
d'Hérodote , la fève était considérée comme un légume impur, im

monde. Or ces épithètes patentes faisaient, selon moi , l'office d'autres


épithètes qui appartiennent d'ailleurs à la même expression . En effet
attorBO , ATTOUBO , signifie non-seulement impur , immonde , mais aussi
impie et inique. Il en est de même du mot xaheu , DJAKHÊME, qui signifie
immonde et profane.

Ces épithètes appliquées à la fève, signifiaient donc fève immonde.


Mais la feve , qui a plus d'un nom , s'appelle, entre autres , Orpw ,

OURỒ ; et le roi s'appelle également orpo , Ouro . Il paraît donc démontré

qu'à la faveur de ces jeux de mots et doubles sens , le sacerdoce égyp


tien a voulu perpétuer la mémoire des ROIS IMPIES sous l'image d'une
FÈVE IMMONDE .

Une série d'exemples coincidents vient à l'appui de mon opinion .


Mais je me réserve de les fournir dans l'Essai que je me propose de pu

blier sur l'ABEILLE qui surmonte les cartouches d'une partie des
souverains égyptiens ,
Je passe maintenant aux INITIALES .
DEUXIÈME SECTION .

ACROLOGIE .

I. 5. Les Égyptiens , dit Horapollon , désignaient l'année ordinaire

par la quatrième partie d'un champ, formé de cent coudées. Pour


DIRE donc une année , ils DISAIENT ( 1 ) le quart.

Je supprime le reste des commentaires , et je remarque seulement


qu'Horapollon , II . 89 , observe lui-même ce fait notoire , que l'année

égyptienne était formée de quatre années communes : pò dè éros x27


Αιγυπτίους τέσσαρον ενιαυτών . Le mot mystique le quart se rapportait :
donc à l'année sothiaque ou caniculaire, que les Égyptiens appelaient
+ pouni ciot (2) .
Mais quel rapport pouvait - il y avoir entre le quart d'une année

sothiaque et le quart d'un champ inculte ou labouré ? Aucun autre


que celui des initiales.

Un champ s'appelle cose , SOCHÈ ( 3) .


Un champ labouré , ceo1021 , SET'híoghi .
Ces mots étaient donc destinés à rappeler l'initiale du mot cwoic ,
sothis , qui, dans Horapollon , est l'étoile caniculaire, dont la grande

année égyptienne empruntait le nom .

(1) έτος το ενιστάμενον γράφοντες , τέταρτον αρούρας γράφουσιν · έστι δε μέτρον γης ή
αρουρα , πηχών εκατόν . βουλόμενοί τε έτος ΕΙΠΕΙΝ , τέταρτον ΛΕΓΟΥΣΙΝ .
Du contexte de ce passage on voit clairement que le sacerdoce égyptien usait non
seulement d'un chiffre , mais encore d'un LANGAGE MYSTIQUE. Pour dire donc une
année , il disait le quart, sans crainte d'être compris par les profanes assistants,
( 2 ) Kircher Prodromi et Lexici copti supplementum , page 536 .
( 3) Rossi l. c.
( 25 )

Horapollon observe , en outre, qu'un champ contenait cent coudées.

Dans cette observation , vide de sens , nous trouvons l'initiale y , ch ,

donnée par les mots ye , chè , cent, et vyon , CHOPE , coudée ; ce qui laisse
entrevoir que le nom de l'astre caniculaire , qui avait deux formes ,

cwoi et ciwt , sôtui et siôti , se prononçait anciennement avec un ,


CH ( 1 ) , savoir chor’ui et chioti ; de même que le mot cwye , champ,

a dû se prononcer anciennement ywe , chôchè , et signifier champ

et plaine, vu sa coïncidence avec le mot ywy , chộche , qui signifie


plan , uni (2 )

I. 17. On peignait un lion pour désigner la colère.


UABori , mat’houi , colère , fureur ( 3 ).
uori , MOUI , lion .

I. 21. Je reviens aux trois cruches dont j'ai déja parlé dans la section
des jeux de mots .
Ces trois cruches désignaient l'élévation du Nil : Netnou áváßaciv.
yout , CHOMTE , trois.
yoyor , CHOCHOU , cruches.
401 , choï , élévation .

M. Champollion le jeune a reconnu qu'une image trois fois dessinée ,


ou bien suivie immédiatement de trois traits , sert à marquer le pluriel

de la chose qu'elle symbolise .

( 1 ) Dans les alphabets primitifs, l'émission chuintante du ch français, et sa modi.


fication grèle s : ç , étaient rendues par la même lettre ; telle est jusqu'aujourd'hui la
double valeur du W hébraïque et du arabe , indiquée par des points diacritiques.

Telle et plus chuintante encore était jadis la prononciation du ? grec , que Pin

dare appelle xildanov Sürpce, et qu'on prononce jusqu'aujourd'hui encore comme ch


français dans plusieurs parties de la Grèce.

( 2 ) ywy signifie de plus berger ; et le mot 1020 copte présente une analogie sem
blable , et signifie champ et troupeau par un motif facile à concevoir.
(3) Rossi I. c.
4
( 26 )

Autant ce fait est indubitable ( 1 ) , autant est- il certain que le choix

du nombre trois rentre dans le principe des initiales.


Yout , chonite , trois.

yw , chó , beaucoup , multus, plures.

I. 23. Pour signaler un homme qui n'a point quitté sa patrie , on


peignait la tête d'un áne : ovozéqedov Sosypapoūgiv , parce que, dit le com

mentateur égyptien , un tel homme ne connaît point l'histoire et n'a


aucune idée de ce qui se passe hors de son pays : ούτε των επί ξένης

gevouévov aiclávetal. Il est donc hors de doute qu'Horapollon parle de


ses compatriotes. Aveu étrange ( 2 ) , et d'autant plus , que cet auteur
rapporte ici comme ailleurs des faits consacrés par les hiérogram
mates égyptiens.

Je laisse à d'autres le soin de réfléchir sur ce symbole, et je m'arrête


aux initiales.

Le mot atopYGULHOTT ( 3), ATERCHEMMÊOUTE , répond exactement aux

( 1 ) Voyez l'inscription hiéroglyphique de Rosette .


( 2 ) Aveu étrange aux yeux de ceux qui considèrent l'Égypte comme la source et
le foyer de toutes les connaissances humaines , sans se demander une fois comment
les disciples d'Hermès pouvaient , dans la profondeur de leur sagesse , admettre les
obscénités de la plus dégoûtante idolâtrie ? M. le baron Cuvier , dans son lumineux
Discours sur les révolutions de la surface du globe, a établi d'une manière non équi
voque l'idée que l'on doit se former de la prétendue sapience des Égyptiens.
(3 ) Voici l'analyse de ce mot.

yeuuo , voyageur , étranger.


epyeuuo , voyager , peregrinari.
Atepuyeuuo , ne point voyager .

atepyEuuNort , forme du participe : qui n'a point voyage.


C'est ainsi , par exemple , que des thèmes
206 , crainte , frayeur ,

266 , travail , acte , opération ,


on a formé avec le ep , faire, être , les verbes :
epot , craindre , s'effrayer ,
( 27 )

mots du texte grec pon átroðnu.nsavta, et au mot russe HecmpahcmBobabwii ,


qui n'a point voyagé.

Le mot copte offrait donc deux initiales : celle de la négative ar ,


et celle du préfixe verbal ep : par conséquent , un a , A , et un e , È .

Or , un homme qui n'a point voyagé était , au dire d’Horapollon , un


ignorant. Le mot ateul, qui répond à cette idée , reproduit les mêmes
initiales : A , e .

AT , ATE , négative .
eui , Èmi , connaitre, connaissance .
Reste l'ονοκέφαλος ..

ate , Ap'HÈ , tête.

ew , èô , áne , forme sahidique.

Telle était , au dire d’Horapollon , l'image parlante d'un Égyptien


qui n'avait point quitté son pays.

1. 30. Pour désigner l'antique origine : ápracoyoviav, on peignait un


go t de le
fa papyrus, vu que papyrus était l'emblème de la première
nourriture.

Il était digne, sans doute , des premiers Égyptiens, de préférer à


l'amertume des glands le suc de la plante immortelle destinée à de
venir un jour le dépôt de toutes les connaissances humaines; mais il
n'en est pas moins curieux de voir que l'historiette d'Horapollon se
réduit à des initiales.

Yox , CHOLE , fagot.


YAPI , CHARI, papyrus.

yopn , CHORPE , premier, antique, originaire.

YANY , CHANCHE , nourrir ( 1 ) .

EPZWB , travailler , agir , opérer ;


et finalement les formes adjectives de négation :
Ateprot , intrépide .

Atep2CB , imparfait.
( 1 ) Dans le copte , comme dans le chinois , la même forme lexique , dépourvue de
4.
( 28 )

I. 51. Une mouche était l'image de l'impudence, grace à l'identité


des initiales.

axaex ( 1), LADJLÈDJ , veut dire humilité, cilj dans la Scala Magna ,
page 485 .

ATXAX , OU ATAAXI , ATLADJ OU ATLADJI , doit donc signifier inhumilité,


impudence. Or , l'initiale de ce mot est identique à celle du mot aq ,
AF , mouche.

II . 6. Y a - t- il du sens commun à désigner l'estomac par un an


neau ? Le texte donne , il est vrai, sáxtudos, doigt, pour dextúl ! os, anneau,

bague. Mais initié par les initiales aux mystères d'Horapollon , M. Kla
proth n'a point hésité à restituer la véritable leçon .

yoorp , CHJOUR , anneau .


yoyni , CHOCHPI , estomac .

forme accessoire , et sans désinence, peut servir à représenter tour à tour un verbe,
un adjectif et un substantif : condition originaire qui rend souvent inutile l'agglo
mération fastidieuse de ses préfixes.

( 1 ) Lacroze produit ce mot , à la suite du mot taxi , latrina navis, d'où il fait dé
river le mot uetaAXI , dvaidela, impudentia. Je ne crois point qu'une telle dérivation
soit soutenable ; et il est facile de voir que le mot uetiaxi , dans le sens d'impudence,

est une forme erronée . En effet, la préposition uet forme les noms abstraits ; reste
Aaxi , qui appartient évidemment à la racine AAXA6x , doublée selon le génie pri

mitif de l'idiome égyptien. Et de même qu'on a dit 2002WU ,GHÈMGHÔME, et 2001 ,


GHÔMI , conculcare, on a dit aussi AaxaEX et Aaxi . On dit encore Ox et OXT ; HAC ,

uec et ueci; ep et ipi , etc. Un i de plus n'était donc pas fait pour confondre
le mot Anxi , humilité, avec le mot taxi , latrina navis ; et il est hors de doute que la
forme UETAAXI, pour impudence , est une erreur du copiste, qui aura substitué la
préposition abstractive et à la particule négative at , ou bien qui aura omis cette
particule à la suite de la préposition uet : d'où la forme erronée uetaAXI , pour la

forme correcte ueTatiaxi , impudence , équivalente à la forme AtaAxı ; et puisque


AAXAEX signifie humilité , le uet est superflu.
( 29 )

Aussi l'alphabet phonétique peut - il se prévaloir de cet anneau et le


placer à côté de l'ovale n ° 97 de l’Alphabet harmonique de M. Cham

pollion , cet ovale étant un auf, cworai , soôUGHI, avyó , et le c copte


étant ici unie aspiration .

II . 13. Le doigt de l'homme désigne l'action de mesurer.Les cabinets


d'antiquités égyptiennes réalisent cette donnée ; mais ce fait n'exclut
point les initiales.

THB , TÊBE , doigt.


tayı, tichi , mesurer.
Le mot atbi, Attichi , immense , prouve que le préfixe + , ti , con
courait à la forme verbale:

II . 14. Une femmeenceinte , fyxuos ( 1 ) , était symbolisée par le disque


du soleil avec une étoile , συν αστέρι μετά ηλίου δίσκου ; auxquels symboles
on ajoutait encore un demi-disque.

BINAX , QUINADJE OU BINADJE , disque.


BORT, OUOKI OU Bokt , enceinte.
Cior , ciou , étoile .

CAN , SGHimi, femme.

M. Champollion le jeune a reconnu au disque , qu'il appelle cercle


vide ou strié, la valeur or grecque ; et cette valeur se trouve confondue
dans les mêmes signes hiéroglyphiques avec celle du 3 hébraïque,

B grec ( b et v) dans l’Alphabet harmonique de l'auteur. On peut con


sulter aussi les pages 60 et 69 de son Précis .
Reste maintenant le demi-disque, qui représente un t dans l'alphabet

de M. Champollion ; et ce t peut être l'initiale du mot tworn , tôOUN ,

Pécelv , porter , enfanter, produire .

( 1 ) Hoeschel et le beau manuscrit de la Bibliothèque du Roi , numéroté 2992, don


nent éyyuov , fiancée , mariée, c'est - à -dire un y pour un x ; leçon facile à corriger.
( 30 )

II . 15. Un épervier les ailes étendues représente le vent.


Les ailes mises ainsi en évidence , attirent l'attention des initiés ;
car les ailes figurent souvent seules dans les hiéroglyphes .
TEN2 , TÈNGH , aile .

TH ?, Téu , vent , forme sahidique .


des
D'ailleurs l'épervier et le milan sont l'un et l'autre du genre
accipitres, et de la famille des accipitrins.
ope , T'Hrè , milan , et ohor , T'hèov , vent.

II . 22. Un loup ou un chien qui détournent la tête , désignent l'aver


sion .

Le mot copte pour aversion manque, mais l'analogie y supplée.

b6N2 , PÔNGH , signifie , entre autres , détourner ; et avec le mot apa ,

GHRA , visage , il signifie dédain , mépris.


Orony et Buny ( 1 ), OUONCHE et BÔNCHE , signifie un loup , et ordop (2),
OUGHOR , un chien .

( 1 ) Zoega , De Origine et Usu Obeliscorum , page 455 .


(2 ) On trouve quelquefois la forme adjective contractée N2002 pour Nor2000 ;
mais il ne s'ensuit point que la syllabe or, dans ordop , chien , soit l'article indéfini,
ainsi qu'on serait tenté de le croire sur la foi de Scholtz , qui , dans sa Grammatica
ægyptiaca , page 17 , donne des erreurs pour des faits constants . « Interdum articulus

indeterminatus cum nomine coalescit. Ab antiquo (et inusitato ) po , rex fit orpo ,

• et hinc cum articulo norpo et ororpo rex . » Mais d'abord , Scholtz n'a pas pris
la peine d'indiquer la source où il a puisé la forme po pour orpo, roi; et dans l'hy
pothèse même de l'existence de cette forme po , le savantgrammairien expose des faits
qui renversent son opinion. Conçoit-on en effet le concours de l'article défini ni ou n

avec l'article indéfini 0r dans le même mot ? norpo ? Gonçoit-on mieux le concours de

deux articles indéfinis ou plutôt la répétition du même article ? ororpo ? Est-ildémontré


ensuite que le prétendu article or, qui manquerait à la forme hypothétique po , roi,

n'est point une syllabe radicale retranchée du thème orpo , comme on le voit , par
( 31 )

Or j'ai déja eu occasion d'observer que le or et le b coptes sont


rendus par les mêmes signes hiéroglyphiques ; et les éléments p et b

se confondent dans toutes les langues et dans l'égyptien , ainsi qu'on


peut s'en convaincre par l'inspection des nº 15 , 16 , 17 , 18 et 19 de

l'alphabet de M. Champollion , dont le dernier, nº 19 , représente un


pied pat , p'HATE , et fait alternativement l'office d’un p’u , d'un P ,

d'un B , et d'un ou français , dans la lecture des textes hiéroglyphiques.

II . 28. Une échelle était l'image du siége d'une ville : on eût dit

que c'est la chose même; mais le commentateur se plaît à observer

que l'échelle est là : dià évep.adov : à cause de l'irrégularité ou inéga


lité, et s'attache ainsi à détruire l'illusion .

Le mot grec du texte todopría signifie investissement d'une ville. Ce

mot peut donc avoir été la traduction du mot ueyt , MÈCHTE ( 1 ) , qui
signifie circumitio et vaut bien obsidio , siége.

Cependant le mot xhépuce du texte grec signifie également degrés ou


gradins, et les initiales coptes prouvent que le siége d'une ville pou

vait aussi avoir été désigné par l'image d'un gradin ou de degrés.
TWTEP et Totep , TÔTÈRE , gradus -scale .

TAKTH , TAKTÊ , circumdare , circumcingere , cerner .

exemple , dans les mots :


øy pour oro , orey , ouèche (wish anglais).
021 pour 0702 , habiter , demeurer.

eput pour orepul , custodia , vigilia ( svarte allemand) .

cot pour Orwt , graisse..


euk pour oreu , OUÈME , ( bmb russe ), manger , dévorer.
Les philologues qui s'occupent de l'examen comparatif des langues , s'apercevront
sans doute que cet or copte initial , qui paraît et disparaît dans le même mot , n'est au
fond que l'équivalent du digamma grec , commun à toutes les langues et dialectes
sans exception .

( 1 ) Scala electa , page 438 .


( 32 )

TOU , TÔME , sahidique , clore, renfermer, obstruer,


donc bloquer.
TAT20 , TATGHO , Teploxh , quyxhelouos, obsidio , conclusio ( 1 ) .

II . 35. Pour figurer deux ennemis d'égale force, qui se provoquent ,

on peignait selon le cas un scorpion ou un crocodile .


Voulait - on désigner un vainqueur prompt ? on peignait un croco
dile :

raporri , KHAROUKI , crocodile.

XO2 , KHOGH , provocation , provoquer .

xw.eu , KHÔLÈME , étre prompt.

S'agissait- il au contraire de désigner un vainqueur lent ! c'était le


scorpion :

CAH , JLI , scorpion.


opo , JRO , victoire.
OHA?, JNAOU , étre lent.

Je retrouve dans le fer volume du Panthéon de Jablonski une longue

digression sur un serpent égyptien cité par maints auteurs anciens sous

le nom de Beppoudc . Ce serpent , consacré à la déesse Isis , était , au rap


port d'Élien : JUSTITIÆ Perspicacissimæ symbolum .

oepuoroi , T'HERMOUT’Hi , serpent.


OUHI , T'HmỂi, justice.
' eww , T'HÔCHE , discerner.

L'alphabet harmonique de M. Champollion offre sous les valeurs

réunies 7 et 1 , ce serpent , nº 26 , dont la posture empruntée n'est


qu’un masque de la première de ces deux lettres .

Je terminerai cette section par un exemple qui m'a paru trop impor
tant
pour le confondre dans la série de ceux qui précèdent ; et il faut
se recueillir pour l'apprécier. Le voici :

( 1 ) Rossi l . c.
( 33 )

II . 30. Une ligne droite avec une ligne courbe au -dessus , ou bien
dix lignes , désignent les habitants de la plaine .
M. Requier , dans sa traduction commentée d’Horapollon , rapporte
en note l'observation suivante de Corneille Paw , dont je n'ai pas pu
me procurer l'édition :

« Ce sont eux ( les habitants de la plaine) que les Égyptiens vou


« laient désigner. On le voit assez , dit Paw ( 1 ) , lorsque l'on connaît
CC
l'Égypte et les pays contigus . »
Je ne sais comment a fait Paw pour se convaincre qu'une ligne
droite surmontée d'une ligne courbe , ou bien dix lignes , ont pu dési
gner les habitants de la plaine ; et si le fait est vrai , il faut avouer
qu'il dut y avoir dans cette heureuse combinaison plus de hasard

que de logique.
Voyons donc si toutes ces lignes mystérieuses peuvent soutenir
l'épreuve des initiales :

UAN coni , MAÈNCHOPI , veut dire habitation ;

HANKOI , MAÈNKOï , plaine ; mot pour mot , locus campestris ;

ueyyot , MECHCHOTI , champs, mot qui désignait encore les nomes


des Égyptiens.

Tous ces mots prouvent que l'initiale à trouver doit être une 1 , M.

Or cette initiale nous est donnée par les dix lignes ; car , dans l'in
dication hiéroglyphique des dates , les lignes expriment les unités ; et le

nombre dix en copte s'appelle uer et uht , MÈTE et mête .


Reste la ligne droite surmontée d'une ligne courbe ( ou inclinée ).

( 1 ) Il paraît que Paw est le seul parmi les commentateurs modernes qui ait démêlé
le sens véritable du passage grec , défiguré par une virgule mal placée. Voici le texte
en entier tel qu'il se trouve dans le beau Manuscrit du Roi , portant le nº 2992 .

Γραμμή ορθή μία άμα γραμμή επικεκαμμένη ή δέκα , γραμμές επιπέδους σημαίνουσι .

La virgule placée après le mot déra , doit l'être après le mot ypauudis , qui reven
dique dès lors le : à la place du s final substitué par les copistes . On lira donc ainsi :

Γραμμή ορθή μία άμα γραμμή επικεκαμμένη ή δέκα γραμμαι , επιπέδους σημαίνουσι.

M. Letronne a adopté la leçon ci -dessus du MS. 2992 .


5
( 34 )

Or ces deux lignes combinées ainsi , 1 ou 1 , figurent précisément

une u , m hiératique, destinée à exprimer le nombre dix , uer , mère ,


dans l'indication des dates ( 1 ) ; et dans les inscriptions doubles , ce

signė hiératique répond au signe HIÉROGLYPHIQUE n que les égypto

logues appellent fer à cheval , et lequel n'est autre chose que la lettre
U , M , copte majuscule, tracée sens dessus dessous et dépouillée de
ses appendices.

Les hiérogrammates ne se sont point contentés de désigner les ha


bitants de la plaine par le nombre dix , comme ils ont désigné la vo

lupté par le nombre seize ( 2) , toujours à la faveur des initiales : cu


mulant les ruses de leur symbolisme, ils les compliquent de lignes
droites et de lignes courbes , et s'attachent ainsi à mystifier le vulgaire

par la description de la lettre qui représente l'initiale des mots mis


en rapport .

Les faits que je viens d'exposer dans les deux sections ne sont -ils
point de nature à nous faire espérer que le juge-né de cette question ,

l'égyptologue dont les brillantes découvertes commandent déja l'ad


miration universelle , devenu désormais attentif aux impostures que

nous signalons , se plaira à modifier sa doctrine; et qu'impatient d’en


trer dans la carrière nouvelle qui s'ouvre à ses recherches, il emploiera

toutes les ressources de son talent pour confondre ces ineptes impos
tures dont les hiérogrammates égyptiens se sont si merveilleusement
servis pour subjuguer la croyance idolâtrique du vulgaire et soustraire

à sa curiosité incommode l'intelligence de leurs rapports clandestins :

Δίδου σοφώ αφορμήν , και σοφώτερος έσται.

( 1 ) Les planches du cahier qui accompagne la seconde lettre de M. Champollion


le jeune à M. leduc de Blacas, reproduisent maintes fois ce signe mystique d’Horapollon
avec une ligne courbe comme avec une ligne inclinée , le tout plus ou moins non
chalamment tracé.

(2 ) uercoor , mètoou, seize.

uei , mềī , amour et désir. Horapollon. I. 32 .

1
TROISIÈME SECTION .

CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES .

Nous avons vu dans l'introduction de cet opuscule que , selon la

doctrine de M. Champollion le jeune , les ANAGLYPHES , loin de


pouvoir être confondus avec les hiéroglyphes proprement dits, devaient,
au contraire , être considérés comme formant un système particulier
de représentation de la pensée ; et que ces ANAGLYPHES étaient les
éléments exclusifs du Traité d'Horapollon .

Je vais ajouter ici quelques autres considérations de l'égyptologue


français relatives à ces éléments. Je les extrais de la page 360 et suiv . de
son Précis :

« S'il existait en Égypte , comme les témoignages très-multipliés des


« anciens permettent à peine d'en douter , un système réservé à la caste
a sacerdotale et à ceux -là seuls qu'elle initiait à ses mystères , ce dut

« être nécessairement la méthode qui présidait au tracé des ANAGLY,


« PHES. Ces bas -reliefs ou tableaux composés d’êtres fantastiques ,

« ne procédant que par symboles, contiennent évidemment les plus


« secrets mystères de la théologie , l'histoire de la naissance , des com
« bats et des diverses actions des personnages mystiques de tous les

ordres, êtres fictifs qui exprimaient , les uns des qualités morales ,
« soit propres à Dieu , le principe de toutes choses , soit communiquées

« à l'homme par la divinité même ; et les autres , des qualités ou des


«phénomènes physiques. On peut dire que les images des dieux ex
posées dans les sanctuaires des temples , et ces personnages humains à

« tête d'animal , ou ces animaux avec des membres humains , ne sont que
« des LETTRES de cette écriture cachée des ANAGLYPHES , si l'on

« peut tout - à -fait donner le nom d'écriture à des tableaux qui n'expri
5.
( 36 )

« ment que des ensembles d'idées sans une liaison bien suivie . C'est

« probablement dans ce sens que les prêtres d'Égypte donnaient à l'ibis,


« à l'épervier et au chacal, dont ils portaient les images dans certaines
« cérémonies sacrées , le nom de LETTRES , CPAMMATA ( 1 ) comme
« étant de véritables éléments d'une sorte d'écriture allégorique.

Quelque ingénieuse que puisse être cette conjecture de l'égyptologue


français, c'est aux anciens à nous dire le sens qu'ils attachaient aux
mots ΙΕΡΟΓΛΥΦΙΚΑ ΓΡΑΜΜΑΤΑ . Or voici un passage que j'extrais de

la Topographie chrétienne ( 2) de Cosmas l’Indicopleustès , contempo


rain de l'empereur Justin .
Ο Μώσις . παραλαβών ..... ΙΕΡΟΓΛΥΦΙΚΑ ΓΡΑΜΜΑΤΑ , μάλλον δε
ΣΥΜΒΟΛΑ ΓΡΑΜΜΑΤΩΝ , γράμματα γάρ ούπω ήν .
Се peu
de mots dans la bouche d'un Égyptien nous laissent -ils le
moindre doute sur l'acception du mot SPAMMATA ?
Cosmas prétend que , du temps de Moise , les LETTRES n'existaient

point encore . Cosmas entend donc par SPAMMATA des lettres alpha
bétiques .

L'auteur égyptien corrige même l'expression traditionnelle IEPO


rarøIKA IPAMMATA , admise par tous les auteurs anciens , sans ' en
excepter Manethon ( 3) , de la caste sacerdotale . Cette correction prouve
encore que le mot SPAMMATA n'a jamais signifié autre chose que des

lettres alphabétiques.
Cependant Cosmas assure que du temps de Moïse il y avait des sym
boles de lettres.
c'est
La première réflexion qui se présente , que le symbole vient
APRÈS la chose qu'il symbolise. Cosmas avoue donc maladroitement que
les syMBOLES des lettres n'étaient autre chose que les MARQUES de lettres.
Il en résulte que le mot micha , NISKhai , équivalent au mot SPAM

( 1 ) Plutarque. Traité d'Isis et d'Osiris.

( 2) Montfaucon . Collectio patrum gr. vol . II .

( 3 ) Γράμμασιν ιερογλυφικούς et ιερογραφικούς γράμμασιν. Chronographie de Georges


le Syncelle , édit. de Goar , page 40.
( 37 )

MATA , devait , dans la bouche des prêtres égyptiens, signifier non


« éléments d'une sorte d'écriture allégorique, ainsi que l'insinue

M. Champollion , mais tout simplement LETTRES , ainsi que M. Cham

pollion le démontre d'ailleurs lui - même par le fait des images cérémo
niales de l'épervier et du chacal ( citées par Plutarque ) auxquelles il
assigne une valeur PHONÉTIQUE .

Écoutons maintenant les détails qu’Apulée de Madaure donne d'un


Rituel mystique, à l'occasion de son initiation aux mystères d'Isis.
de opertis adyti profert quosdam libros, LITTERIS IGNO

« RABILIBUS prænotatos : partim figuris cujuscemodi animalium

« concepti sermonis COMPENDIOSA VERBA suggerentes , partim


« nodosis et in modum rotae tortuosis capreolatimque condensis api.
« cibus, A CURIOSA PROFANORUM LECTIONE MUNITOS . » ( 1 )

Iº . Le rituel mystique décrit par Apulée était donc écrit en LET


TRES INCONNUES ( litteris ignorabilibus ).

II ° . Ces LETTRES inconnues étaient de deux espèces :

L'une , formée de figures de toutes sortes d'animaux ;


L'autre , de signes noueux , compliqués , entortillés.
La première espèce de ces deux écritures est donc celle que l'on
désigne sous l'épithète d’HIÉROGLYPHIQUE.

La seconde est l'écriture courante mais mystique du sacerdoce : c'est


donc l'écriture dite HIÉRATIQUE , I'HIÉROGRAPHIQUE (2 ) de
Manethon .

( 1 ) Apuleii Madaurensis Platonici Opera omnia , Francfort M. DC. XXI. 1. I. XI .


page 268.
( 2 ) Warburton a reconnu dans ce passage les deux espèces de caractères dont nous
parlons ; et il discute ce passage dans le sens de sa théorie. ( Voyez Essai sur les hie
roglyphes des Égyptiens, t. I, pag. 144-147. Traduction française M. DCC XLIV , à
Paris). Mais Zoega , qui a également traité ce passage , la bien mieux apprécié que
>
l'auteur anglais : « Animalium figuræ compendiosa verba suggerentes, mihi sunt HIERO
« GLYPHICA ; in iis vero quæ statim subdit Apuleius, graphice describit SACERDOTALES
« LITTERAS , NEMPE CHARACTERES ALPHABETICOS, ipsi apices dictos, nexuum varietate ita
« contortos condensosque ut ii quoque quiprima eorumdem elementa novisset a librorum
a lectione prohiberentur. » De Origine ET USU OBELISCORUM , page 435 .
( 38 )

L'écriture HIÉROGLYPHIQUE ou zoomorphique, dont parle


Apulée , avait donc des FORMULES GRAPHIQUES ( figuris anima

lium ) convenues pour le tracé des hiéroglyphes. Et c'est au moyen de


ces FORMULES que les signes de l'écriture zoomorphique du rituel

en question représentaient des MOTS ABRÉGÉS ( compendiosa verba


suggerentes ).

Donc , l'écriture zoomorphique représentait des MOTS et non des


IDÉES. Cette écriture était, par conséquent, phonétique et non sym

bolique ou allégorique ; et les archéologues n'auront probablement


pas de peine à reconnaître, dans l'expression ABRÉGÉE des signes
zoomorphiques, le procédé mystique des INITIALES découvertes dans

Horapollon.

Je ne m'arrête point sur la seconde espèce d'écriture , qui est l'écri


ture courante des hiérogrammates ; il me suffira de résumer le passage
d'Apulée pour le fond de la question :
libros, litteris ignorabilibus prænotatos à curiosa

« profanorum lectione munitos. »


Donc les signes hiéroglyphiques et hiératiques étaient des LETTRES

inconnues au vulgaire , et imaginées par les prêtres égyptiens dans le


but d'interdire à la curiosité des profanes la connaissance des mystères
du sacerdoce.

Ces aveux non équivoques sortis de la bouche d'un célèbre idolâtre

initié aux mystères de presque tous les dieux , ne rendent- ils point
suspecte sinon la connaissance que Clément d'Alexandrie avait dans

cette matière , du moins l'autorité qu'on lui accorde dans l'exposé des
détails qu'il a donnés des diverses méthodes enseignées de son temps

en Égypte? Dans l'hypothèse contraire , comment l'auteur des Stro


mates aurait- il parlé avec connaissance de cause de la méthode kyrio
logique qui se servait des éléments initiauα : δια των πρώτων στοιχείων
xuplooyex ( 1 ) , sans fournir un seul exemple de cette méthode la seule

réelle , tandis qu'il en offre plusieurs pour les autres méthodes men

( 1 ) J'ai donné l'analyse du texte de cet auteur dans la première livraison de mes
Opuscules archéographiques.
( 39 ) .

songères , qu'il admet comme autant de réalités , et qui toutes se rédui


sent néanmoins au secret des paronomases et à celui des éléments
initiaux .

Il résulte de cet état de choses une conséquence qui paraîtra sans

doute paradoxale aux yeux de ceux qui s'occupent du fragment hié


roglyphique de la triple inscription de Rosette : c'est que la nature

éminemment équivoque du langage sacré et des signes hiéroglyphiques

ne promet que de faibles résultats aux archéologues qui persistent à


vouloir trouver dans le texte grec de ladite inscription l'interpréta

tion fidèle du texte hiéroglyphique qu'il accompagne . L'étude com

parée que j'ai faite des signes et groupes tant HIÉROGLYPHIQUES qu'hié
RATIQUES , m'a fourni assez de faits pour me convaincre que ces signes

et groupes ne sauraient être dûment appréciés qu’à l'aide d'une con

viction puisée dans l'étude des hiéroglyphes d'Horapollon , dans l'avis


sincère d’Apulée , et dans les travaux de M. Champollion le jeune
ramenés au principe des INITIALES .

RÉVÉLATIONS DE WAHCHIYYÈH .

On a lieu d'être un peu surpris que M. Champollion le jeune n'ait


jusqu'à ce jour fait aucune mention de ce précieux recueil d'Hiéro

glyphes et d'alphabets occultes attribué au célèbre Wahchiyyèh et


sauvé du néant par les soins éclairés du savant orientaliste de Vienne

M. de Hammer , qui en a trouvé un manuscrit au Caire et l'a publié à


Londres avec une traduction anglaise ( 1 ) à la suite du texte arabe de
Wahchiyyèh .
Le recueil dont je parle est d'autant moins susceptible d'être ignoré,

qu'il a subi la critique peut - être trop sévère de M. le baron Syl


vestre de Sacy , dans une dissertation insérée dans le cahier de no
vembre 1810 du Magasin encyclopédique.

( 1 ) Ancient alphabets and hieroglyphic characters explained; with an account of the


Egyptian priests , their classes , initiations and sacrifices , in the arabic language by
Ahmad bin Abubekr bin Wahshil , and in English by Jos . Hammer, etc. London , 1806.
( 40 )

Après avoir indiqué la valeur d'un grand nombre de chiffres indi


viduels et de quelques alphabets sémitiques, l'auteur de ce recueil
révèle finalement le sens mystérieux de quatre séries distinctes d'hié

ROGLYPHES , partie simples, partie combinés en forme de monogram


mes , et lesquels , au dire de Wahchiyyèh , ont été employés sur les

obélisques, les pyramides, les inscriptions lapidaires, les temples et


autres monuments dès l'époque des premiers Pharaons .

Ces HIÉROGLYPHES , attribués à Hermès , sont suivis de quelques

autres chiffres et alphabets ; et , chose remarquable dans cet écrit ,


c'est que l'alphabet SYRIAQUE OU SYRIEN : ,y
‫السریانی‬, y est donné pour

le prototype de tous les alphabets , celui que Dieu même enseigna à

ADAM , pol.Et le révélateur insiste tellement sur ce fait, qu'il observe

que celui qui dirait le contraire aura dit un mensonge: v ligo( page 119) .

Vient ensuite l'alphabet dit céleste dont Seth , www fit usage dans
ses livres ( 1 ) . Quant à l'alphabet attribué au TROIS FOIS GRAND Hermès des

Égyptiens, l’Exoch de la Bible et l'Edris des Orientaux , le révélateur


nabathéen le donne pour le troisième en ordre , et nous apprend
qu'EDRIS le reçut d'en haut par l'entremise de l'ange Gabriel.

Le révélateur ajoute que l'opinion à l'égard de ces trois origines

était généralement admise et reconnue par toutes les nations et sectes,


et que cette opinion était partagée par Agathodaimon (2 ) dans son

TRAITÉ SUR "LES CHOSÈS SECRÈTES , d'où Wahchiyyèh dit avoir tiré les
éléments de son recueil .

Ces données , réduites à la simple expression de leur rapport chro


nologique , caractérisent d'une manière éclatante le respect d'une tra

dition qui se fait jour à travers les impostures égyptiennes pour rendre
hommage à l'antiquité primitive de l'écriture SÉMITIQUE, dont les

types ont été si astucieusement travestis par le sacerdoce égyptien .

( 1 ) En jetant les yeux sur les pages 117 et 118 du texte arabe , on voit que l'al
phabet d'Adam et celui de Seth sont des variantes de l'alphabet chaldeen, appelé
communément STRANGHELO par les archéologues. Quant au syrien ou chaldéen cursif,

on le voit aà la page ‫و‬9 du texte arabe sous la meme denomination de ‫السرباني‬.


( 2 ) Probablement , l'alchimiste de ce nom , mécanicien à la fois et géographe du
cinquième siècle , qui dressa les cartes de Ptolemée .
( 41 )

La priorité avouée de l'alphabet SYRIAQUE sera facilement appréciée

par les archéologues qui voudront prendre la peine de confronter les


divers signes de l'alphabet harmonique de M. Champollion avec les
variantes de l'alphabet syRO -CHALDÉEn qui se trouvent sur la ixº plan

che , page 675 du zer volume du Nouveau traité de diplomatique.


D'ailleurs l'oeil le moins exercé aux comparaisons reconnaîtra dans

la partie égyptienne du recueil de Wahchiyyeh

* -1 ° Des signes qui se reproduisent sur les monuments égyptiens de

tout genre , sur les papyrus, et autres objets d'art qui portent des
caractères égyptiens ;

2 ° Des hiéroglyphes tantôt simples et tantôt combinés, ainsi qu'une

suite de développements « symboliques » qui rentrent avec ces hiéro


glyphes dans le domaine d'Horapollon . On doit en dire autant du
scarabée à tête humaine donné à la page go du texte , sous le nom

mystique de BAHOUMED OU KHAROUF , et appelé aussi le MYSTÈRE DES

MYSTÈRES ; lequel scarabée , cité par les anciens , se reproduit d'ailleurs


à la fin de la fameuse Table Isiaque ( 1 ).

Ces faits qu'il est aisé de vérifier , prouvent que le recueil attribué
à Wahchiyyèh , loin d'être « une composition moderne » , est une révé
lation réelle de ces écritures occultes que les imposteurs hermésiens

et leurs imitateurs ont inventées pour abuser de la crédulité d'un vul


gaire idolâtre , enseveli dans la plus profonde superstition. La preuve

la plus palpable de cet abus est que l'Égypte monumentale n'offre


peut-être point une seule image hiéroglyphique qu'on ne puisse re
trouver sous la forme d'un AMULETTE dans les cabinets égyptiens .
J'en ai vu ,
de ces amulettes , qui représentent même des gradins
et des chevets portatifs, sans démentir le secret des INITIALES .
J'ai déja eu occasion de parler des gradins , qui désignent un siége
de ville chez Horapollon (2) . Ces AMULETTES , dont on voit l'image sur
les papyrus , ont la sommité tantôt plane et tantôt pointue , comme
le n ° 115 de la belle collection (3) des antiquités découvertes en

( 1 ) Voyez Pignorius et Kircher.


( 2 ) Supra , page 31 .
( 3) Actuellement à Berlin . 1
6
( 42 )

Égypte par le célèbre voyageur M. Passalacqua de Trieste , qui en a


publié le catalogue raisonné.
La même collection nous offre treize amulettes en forme de che

VETS ( 1 ) . Or le nom copte d'un CHEVET est nyot, ChCHOTE , et la forme


de ce meuble portatif des voyageurs égyptiens se trouve répétée à ne

point s’y méprendre parmi les variantes de l'avant-dernière lettre de

l'alphabet syró - chaldéen , équivalente au cu français, ainsi qu'on le voit


sur la planche ix du fer vol . du nouveau Traité de diplomatique que
j'ai cité plus haut.

M. Sylvestre de Sacy , dans sa dissertation sur le recueil des alpha


bets attribué à Wahchiyyèh , a déja signalé depuis long- temps « l’étroite
« liaison de ces alphabets avec toutes ces CONNAISSANCES CHIMÉRIQUES
« dont l'existence est due à l'imposture la plus effrontée et à la plus
« imbécille crédulité ( 2 ). »

Les connaissances chimériques dont parle M. de Sacy sont l'astro

logie , l'alchymie, la magie noire , les sortiléges , l'art d'évoquer et de


conjurer les esprits , l'art de découvrir des trésors, les talismans , les

amulettes ; car c'est à l'usage de ces profondes impostures qu'ont été


inventés , selon Wahehiyyèh , les alphabets mystiques qui se trouvent
expliqués dans son recueil .

L'honorable orientaliste français, déplorant les idées dont les orien


taux sont « infatues » à l'égard des INSCRIPTIONS HIÉROGLYPHIQUES qui

couvrent les monuments égyptiens, ajoute : « Je souhaiterais, pour l'hon


a neur méme de la littérature arabe, que tout ce que nous ont transmis
i les écrivains musulmans sur l'Histoire des anciens souverains de
(
l'Égypte , ne fût point un tissu RÉVOLTANT DES CONTES LES PLUS AB
« SURDES ET LES PLUS RIDICULES , sans aucun mélange de traditions

« auxquelles on puisse supposer du moins un fondementhistorique ( 3 ). »

( 1 ) Voyez les numéros 846 , 847 et 848 .


( 2) Magasin encyclopédiquę , l . c . page 167 ..
( 3) Magasin encyclopédique , l. c. pages 153 , 154 .
QUELQUES MOTS

SUR

LA CABALE DES RABBINS .

Les Rabbins et autres auteurs qui ont traité de la CABALE pré


tendent que ce mot hébreu signifie tradition orale .

Mais s'il est de fait que les Cabalistes n'enseignaient leurs mystères
que de vive voix ( 1 ) , ce fait ne saurait détruire la véritable acception

du mot 752p , CABBALAH ; et c'est gratuitement qu'on fait dériver ce

mot précisément de la forme sap, accipere. La Cabale rabbinique


une fois dévoilée , on peut , sans efforts , se persuader que les Rab

bins employaient ce mot dans le sens du thème ' , MUTUA relatio ,

acceptio ; d'où le dérivé hapo?, MUTUO SESE EXCIPERE , COINCIDERE , RE

SPONDERE , SIBI INVICEM OPPONI ET ADAPTARI ( 2 ) , acceptions qui carac


térisent à merveille les bases de l'artifice cabalistique.

Génébrard qui, dans sa Cosmographie , a parlé de la CABALE DÉVOI


LÉE ( 3 ) par Siméon Bèn Joahaï dans le livre Zohar, déduit en ces
termes les fondements de la sapience rabbinique :

« Fundamenta stultæ et vanæ artis illius CABALISTICAE quæ lan


« guet circa LITTERARUM APICES , NUMEROS , TRANSPOSITIONES , anagram
« matismos , vocum inversiones , ALLUSIONES , AMPHIBOLOGIAS , HOMO

« NYMIAS ( 4 ). »

( 1 ) Duret, dans son Thrésor de l'Histoire des langues de cet univers, pages 40 et

50 , en dit autant des a vieur Égyptiens enseignés par Thoyt ou Mercure, » et J. César
VI . 13 des Druides,

(2 ) Diction . harmonicum biblicum auct. Elia Huttero .


(3) Cabala denudata in libr. Zohar. Christiani Knorii baronis a Rosenroth . 1677 .
(4) Duret , Thrésor des langues , etc. , pages 75 , 76 .
6.
( 44 )

Cette déduction des procédés mystiques de la Cabale offre la


plupart des éléments du système hiéroglyphique que j'ai essayé d'ap

précier à l'aide des demi - confidences d’Horapollon .


Il paraît toutefois que le procédé ACROLOGIQUE était le plus

commun de tous , témoin le mot artificiel nua , auquel les Rabbins


affectent la signification astucieuse de jardin ( 1 ) ; mais qui, au fond ,

n'est que l'expression mystique des trois parties fondamentales de l'ar


tifice cabalistique, exprimées par les initiales de leurs noms respec
tifs , et qui sont :

La Gématrie (2 ) , x002 ( 2 , G ) ;

Le Notariacon ( 8 ) , 11P122013 (3, N ) ;


Et le Themurah , onion ( 5 , TH ).

L'artifice des INITIALES avait d'ailleurs son nom particulier. On

l'appelait 11an 087 , termes équivoques, dont le second , selon moi ,


ne peut avoir été formé que sur le radical d'où le dérivé
112 , ‫תבון‬
hoyos , raison , intelligence , pris pour 26yos, PAROLE sous la forme arti

ficielle nian , laquelle forme, jointe au mot v87, téte, chef , principe,
signifiait ensemble : commencement des paroles, ou , commedit Duret :
« chef des dictions, des vocables , » c'est-à-dire , INITIALES DES

MOTS (4) . Et Duret observe que les deux termes en question étaient
« figurés entre les hébrieux par deux lettres 1 , 7 , » c'est-à - dire , par
leurs INITIALES .

Le nan de la doctrine cabalistique n'est donc autre chose que


la méthode κυριολογική διά των ΠΡΩΤΩΝ ΣΤΟΙΧΕΙΩΝ de Clément d'Alexan

( 1 ) Le jardin en hébreu s'appelle qa et nga . Ce second mot transcrit en lettres

arabes sous la forme äią trahit un procédé cabalistique,quiconvertit le 17 , 8 en 7 , 3 ,


pour obtenir artificiellement une signification étrangère à la forme hébraïque, mais
propre à masquer le véritable usage de cette forme : 1 .
( 2) et (3 ) Ces deux termes artificiels, que les Rabbins ont donnés et d'autres auteurs
ont pris pour les formes corrompues des mots l'ewuespía et Notariatus , offrent dans
leur analyse des acceptions conséquentes à leur objet.
(4) « RACHE THEVOTH GRÆCI ACROSTICHIDAS VOCANT. » OEdipus Ægyptiacus de
Kircher , t. II , page 215 .
( 45 )

drie , dont je crois avoir donné le véritable sens dans mes développe
ments du texte de cet auteur qui précèdent mon analyse ( 1 ) du sys

tème et de la théorie de M.Champollion le jeune sur les hiłROGLYPHES

des anciens Égyptiens


.

Les exemples fournis par M. Klaproth et ceux qui font l'objet de


cet Opuscule suffisent, ce me semble , pour ne laisser aucun doute

sur l'identité du procédé cabalistique avec celui qui a présidé à l'insti

tution des prétendus « symboles » recueillis dans l'ouvrage d’Horapol


lon . Et j'ai reconnu ce même artifice des INITIALES dans un bon

nombre de signes et groupes hiéroglyphiques, tant parmi ceux qui se

trouvent dans le petit recueil de Wahchiyyèh , que parmi les hiéro


glyphes considérés comme signes idéographiques dans les divers ou
vrages publiés jusqu'à ce jour par le célèbre égyptologue français.

Voici maintenant un exemple de la GÉMATRIE , artifice qui consiste à


mettre « une parole pour une autre par équalité et computation ( 2 ) . »

« Les cabalistes , dit Duret , célèbrent les lettres de ce mot be , qui

signifie le sel, monter en la supputation de leur nombre 78 ; » car


( m ) vaut 40 , 5 ( l ) vaut 30 et 8 ( h ) vaut 8 ..... « Tout de même
« est-il du mot enb, pain , qui est une anagramme du précédent, par

quoi les lettres rendent de même septante huict , etc. (3 ) . »

Cet échantillon GÉMATRIQUE nous ramène au nombre 1095 , lequel ,

chez Horapollon ( liv . I , S 28 ) , indique mystérieusement le silence . Et


le révélateur nous apprend que ce nombre est celui des jours de TROIS

Ans ( composés chacun de 365 jours ) , espace de temps durant lequel


les enfants restent ordinairement MUETS .
Graces à cette demi-confidence , la profondeur du mystère se trouve
au niveau des INITIALES. En effet les initiales y , P , des mots coptes:

yout pouni , CHOMTE ROMPI , trois ans

( 1 ) Opuscules archéographiques, ire livraison .


(2) Duret, page 168.
( 3) Page 169.
( 46 )

sont, quant à leur prononcé , identiques aux initiales x ( 1 ) , P , des


mots :

xa pw , CHA RÔ , qui signifient repos de la bouche , et dont la réunion


dans le mot rape , Charô , désigne l'idée du SILENCE .

Ainsi le mot composé xapw , silence , qu'il s'agissait d'indiquer d'une


manière occulte , a été remplacé par les mots your pour , trois ans ,

et ceux - ci convertis en nombre 1095. C'est bien là de la GÉMATRIE


qui , comme dit Duret , met « une parole pour une autre par ÉQUALITÉ
(( ET COMPUTATION . »

L’infatigable Kircher , qui dans son OEdipus AEgyptiacus a rap

porté les faits et gestes de toutes sortes de cabales ( cabale égyptienne,

cabale rabbinique, cabale sarazine , cabale pythagoricienne,etc. ), semble


confondre la GÉMATRIE avec le NOTARIACON , qui est le deuxième pro

cédé de la cabale rabbinique . En effet, page 215 , Kircher dit « GEMATRIA


xatà toàn qetálegu , sive , xarà tavicognoiav , » et page 216 : « NOTARICA cabala

« eadem est quæ latinis græcisque ACROSTICHICA vel lcóympa , dum per
( CAPITALES nominis literas , vel per ÆQUALITATEM NUMERORUM , sub com

paratis vocabulis latentium , occultos rimantur sensus. »


Ces rapprochements rapides laisseront sans doute entrevoir des

points de contact assez intimes entre le LANGAGE HIÉROGLYPHIQUE OU

SACRÉ , et le LANGAGE CABALISTIQUE des Rabbins. Et je ne suis plus surpris


d'entendre dire à Duret , au sujet des symboles CABALISTIQUES , que « les

« cabalistes appellent ces forces et vertus, ÉGYPTIENNES ( 2 ) . »


Kircher, pour sa part , a reconnu l'identité des deux CABALEs au
point de ne trouver aucune trace distinctive entre la copie et l'origi
nal : « Porrò quæcunque hucusque de Cabala dicta sunt , ita AEGYP

( 1 ) Je me réserve de donner sur cette identité du X avec le y des preuves hiéro


glyphiques. Je me borne pour le moment à citer ici la Grammaire de Scholtz et celle

de Valperga di Caluso, qui reconnaissent au X copte la valeur du X grec , x russe ,


ch allemand , et celle du v arabe , w russe , ch français , sch allemand. Cette der
nière valeur du x copte justifie donc sa coïncidence avec le y copte , qui remplace

également le x grec et le arabe.


( 2 ) Page 198.
( 47 )

« TIACAE CABALAE quadrant, ut num hi ab ipsis, aut ipsi ab his


« acceperint, dispici vix possit. Quicquid eniin Hebræi, per NOMINA
« Numerosque in sua CABALA demonstrant et significant, hoc idem

parallelâ quâdam ratione Ægyptii per FIGURAS SYMBOLICAS expri


a munt ; atque adeo per diversa media in unum et eundem finem colli

« mant (1)
Le laborieux Duret appelle maintenant notre attention sur la liste

traditionnelle des dépositaires de la CABALE , qui se sont succédé


sans interruption depuis Adam jusqu'au grand Jean Pic de la Mi

randole.
« ADAM enseigna icelle CABALE à son fils Abel , Cain n'en ayant

« voulu faire aucun état pour sa méchanceté et impiété. Abel l'enseigna


« à son fils SETH , lequel la délaissa à son fils Enos ; puis cet Enos à
« ENOCH , que les cabalistes maintiennent avoir été le SECRÉTAIRE

« D’ADAM dès le premier siècle. Cet ENOCH ( poursuit Duret ) depuis


(C
l'ayant montrée aux anciens pères , iceux de main eu main la com
« muniquèrent à leurs descendants , et eux aux leurs , jusqu'à ce qu'elle

parvint au patriarche Noé , lequel puis après l'enseigna à son fils


« Sem bien aimé, duquel fut , selon les susdits cabalistes , précepteur
« en cette cabale l'ange Jophiel ; et de ce Sem elle parvint de suite en

« suite de succession jusqu'au patriarche Abraham » ; et ainsi du reste .

Il est aisé de se convaincre que dans les origines de cette tradition


cabalistique , c'est ENOCH qui joue le rôle principal : SECRÉTAIRE

D'ADAM depuis le premier siècle, c'est lui qui , selon les Rabbins, enseigna
la CABALE aux anciens pères . C'est ainsi que les cabalistes ont tra
vesti une ancienne tradition pour faire valoir une imposture . L'anti

quité attribue , en effet , l'invention de l'écriture à ENOCH , et parle

de ses livres de sagesse ; elle parle aussi des stéles ou cippes érigés par
SETH . Les principaux dépositaires primitifs de la CABALE étaient donc ,
dans les sens de l'imposture des Rabbins : ADAM , SETH et ENOCH .

Jetons maintenant le yeux sur la page 99 du texte d'Ebn Wah

( 1 ) OEdipus Ægyptiacus , pages 358 , 359 .


( 48 )

chiyyèh , nous verrons qu'en parlant des initiations de la caste issue


du second Hermès , le révélateur nabathéen rapporte que les prêtres

de cette caste proféraient dans leurs cérémonies ces mots : « Ces choses

« nous viennent de notre père Adam , de Seth et de HERMÈS ou EDRIS

« LE TRIPLE ::
» ‫ای‬ ‫و هرمس‬ ‫الثلث‬ ‫!ادریس‬

Mais l’ENOCH de la bible , l’EDRIS des orientaux et HERMÈS LE


TRIPLE ou le TRISMÉGISTE , n'étant qu'une seule et même per

sonne , je demande s'il reste quelque doute sur l'identité de la tradi


tion cabalistique d'une part avec la tradition hermétique de l'autre ?
En renvoyant les archéologues aux rapprochements établis par Bas

nage entre les dogmes mystiques de ces deux sectes ( 1 ) , je vais ter
miner cet aperçu par rappeler les faits suivants , rapportés dans la
grande Encyclopédie au mot cabale.
« On peut d'abord établir qu'on ne doit point chercher l'origine
« de la philosophie cabalistique chez les Juifs qui habitaient la Pales

« tine ; car tout ce que les anciens rapportent des traditions qui étaient
« en vogue chez les Juifs , se réduit à des explications de la loi , à des
« cérémonies et à des constitutions des sages .

« La philosophie cabalistique ne commença à paraître dans la Pales


« tine que lorsque les Esséniens , imitant les moeurs des Syriens et des

Égyptiens, et empruntant quelques- uns de leurs dogmes et de leurs


« instituts, eurent formé une secte de philosophie. On sait, par les témoi
i
gnages de Joseph et de Philon , que cette secte gardait’un secret re
(C
ligieux sur certains mystères et sur certains dogmes de philosophie.
Cependant ce ne furent point les Esséniens qui communiquèrent
« aux Juifs cette nouvelle cabale ; il est certain qu'aucun étranger
à n'était admis à la connaissance de leurs mystères. Ce fut Siméon
« Schetachides qui APPORTA D'ÉGYPTE ce nouveau genre de tradition .

« Il est certain d'ailleurs que les Juifs, dans le séjour qu'ils firent en
( Égypte sous le règne de Cambyse,
d'Alexandre le Grand et de Ptolé

« mée Philadelphe, s'accommodèrent aux mours des Grecs et des Égyp

( 1 ) Histoire des Juifs , t. II. I. III. ch. 9 et suivants.


( 49 )

tiens, et qu'ils prirent de ces peuples l'usage d'expliquer la loi d'une

« manière allégorique et d'y mêler des dogmes étrangers . On ne peut


« donc pas douter que l’Égypte ne soit la patrie de la philosophie

cabalistique. On en sera pleinement convaincu si on se donne la

« peine de comparer les dogmes philosophiques des ÉGYPTIENS avec


« ceux de la CABALE . »

Les Cabalistes et les Hermésiens présentent donc une triple identité


de rapports :
1° Celle de leur origine.

2° Celle qui résulte de la comparaison de leurs dogmes respectifs.


3º Celle de l'artifice de leurs expressions.

Mais la différence immense qui existe entre les mystères de la CABALE


et ceux de la SCIENCE DES HIÉROGLYPHES, c'est que les révélations
rabbiniques n'ont offert que des combinaisons frivoles, que des subti

lités sans charme et sans objet , tandis que la découverte des ruses
hiéroglyphiques , éclairée par les avis d’Apulée , promet à l'histoire de

l’antique Égypte des espérances , fondées sur les restes précieux de


ses monuments , et que M. Champollion le jeune ne tardera point à
réaliser.

Telles sont les considérations générales que j'ai cru devoir consigner

dans cet opuscule , en me réservant de soumettre aux lumières des

archéologues l'ensemble de mes Essais sur les hiéroglyphes et le lan


gage mystique du sacerdoce Égyptien.

FIN .
EMENDANDA .

Page 15 , ligne 18 , YOAIÉ : lisez OYAIÉ .

22 , poor : bpwoor.
16 , 16 , est : en est.
20 , 2 , THOT , TÈOU : THT , TÉU .

25 , 26 , 1020 : 1021 .
36 , 27 , MARQUES : MASQUES .
37 , - 33 , novisset : - novissent.

46 , 6 , poun : pouni .

CET ESSAI SE TROUVE aussi chez WARÉE , LIBRAIRE ,

RUB DE LA SOURDIÈRE , Nº 25 .
..

1
Österreichische Nationalbibliothek

+ Z181751503
DS

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&

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