Marie Noël
Marie Noël, nom de plume de Marie Rouget, née le à Auxerre et morte le dans la même ville, est une poétesse française, appréciée par Valéry, Montherlant ou Aragon et ayant reçu, de son vivant, de nombreuses distinctions.
Naissance | |
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Décès | |
Sépulture | |
Nom de naissance |
Marie Mélanie Rouget |
Surnom |
« La fauvette d'Auxerre » |
Nationalité | |
Activité | |
Père |
Louis Rouget (d) |
Genre artistique | |
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Distinction |
Prix Archon-Despérouses (1923) Prix Heredia (1929) Prix Alice-Louis-Barthou (1940 et 1953) Prix d’Académie (1949) Grand prix de poésie de l'Académie française (1962) Officier de la Légion d'honneur |
Archives conservées par |
Notes intimes (1959) |
Marie Noël est particulièrement connue pour son œuvre poétique se rattachant à la chanson traditionnelle, ses contes, ainsi que pour ses Notes intimes écrites en 1959.
Elle a entretenu des correspondances avec plusieurs intellectuels de son époque.
Elle naît d'une famille catholique pratiquante et dans une ville bouleversée par l'anticléricalisme et le jansénisme. Elle ne s'éloignera que très peu de sa ville natale et de la maison de ses parents, si ce n'est pendant la Seconde Guerre mondiale.
Le 23 décembre 2017, à l'occasion du cinquantième anniversaire de sa mort, est ouvert son procès en béatification en tant que servante de Dieu.
Biographie
modifierMarie Noël naît dans une famille très cultivée, respectueuse de la tradition catholique, mais sans aller au-delà de l'assistance aux offices lorsqu'il le faut. Louis Rouget, son père, est agnostique ; il est agrégé de philosophie, professeur de philosophie et d'histoire de l'art au Collège d'Auxerre. Sa mère, née Marie-Emélie-Louise Barat, est croyante et d'un naturel plus ouvert et plus enjoué que son père. Elle est issue d'une vieille famille auxerroise, compagnons de rivière depuis les années 1400, puis charpentiers de bateaux, et enfin entrepreneurs en bâtiment depuis le XVIIIe siècle.
Auxerre est au tournant du siècle très influencée d'un côté par l'anticléricalisme de la IIIe République et de l'autre par des siècles de jansénisme, mettant l'accent sur la crainte de Dieu.
La famille a l'habitude de se réunir au salon de musique pour jouer de la musique. Les grands-parents qui demeurent à côté sont très présents et sa grand-mère Marie-Théodorine raconte avec force détails les anecdotes du passé.
Marie, bonne pianiste et férue de lectures, reste célibataire et s’éloignera très peu de sa ville natale. Sa vie n'en fut pas lisse pour autant : un amour de jeunesse inavoué et déçu (et l’attente d’un amour qui ne viendra jamais), son jeune frère, Eugène, retrouvé mort dans son lit un lendemain de Noël 1904, les crises de sa foi… tout cela sous-tend une poésie aux airs de chanson traditionnelle. Elle correspond avec l'abbé Mugnier dans sa jeunesse et rencontre Vincent d'Indy.
De 1895 à 1941, elle vit dans la grande maison construite par son père en 1895[2], puis, lorsque les Allemands en occupent le rez-de-chaussée, déménage dans la maison contiguë de ses grands-parents, au premier étage, avec sa mère et sa tante. L'été, elle loue à l'année une grande maison à Diges, près d'Auxerre, pour profiter de la campagne.
Devenue presque aveugle, elle meurt apaisée dans la nuit de Noël 1967, ayant communié une dernière fois.
Ses obsèques ont lieu en l'église Saint-Pierre d'Auxerre, sa paroisse[3]. Elle est inhumée dans la sépulture familiale du cimetière Saint-Amâtre d'Auxerre.
Œuvre
modifierFemme passionnée et tourmentée, elle n'est souvent connue que pour ses œuvres de « chanson traditionnelle », au détriment de ses écrits plus sombres dont la valeur littéraire et la portée émotive sont pourtant plus fortes, notamment le poème pour l'enfant mort, véritable « hurlement » (titre d'un autre de ses poèmes) d'une mère écartelée entre sa souffrance quasi animale et sa foi en Dieu appelant à l'acceptation (Marie Noël était profondément catholique, voire mystique[4]). Le déchirement entre foi et désespoir, qui culmine dans un cri blasphématoire aussitôt repenti, est ici particulièrement poignant, selon la lecture que fait Jeanne-Marie Baude des Notes intimes[5].
Elle entretint une importante correspondance avec des intellectuels de son époque : Henry de Montherlant, François Mauriac, Jean Cocteau, Colette, la princesse Bibesco, et fut notamment une grande amie de l'ambassadeur Léon Noël (1888-1987) (sans lien de parenté)[6],[7].
Postérité
modifierEn 1962, le compositeur Roger Boutry, grand prix de Rome, a choisi son Rosaire des joies pour texte d’un oratorio donné en première audition au théâtre des Champs-Élysées, en , avec un grand succès.
À sa mort en 1967, elle lègue son œuvre et son appartement, qui est resté inchangé, à la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne. Cette société savante — fondée en 1847 — gère et étudie son œuvre à travers de nombreuses publications.
Depuis le , sa maison, au numéro 1 de la rue Marie-Noël à Auxerre, est labellisée Maison des illustres[8]. La même année, une rue portant son nom est inaugurée à Autun, en Saône-et-Loire[9].
Procès en béatification
modifierAyant reçu une requête de l'abbé Arnaud Montoux, postulateur légitimement nommé, demandant l’introduction de la cause de béatification de la servante de Dieu, Marie Mélanie Rouget, morte en « odeur de sainteté », le , à Auxerre, l'archevêque de Sens-Auxerre, Hervé Giraud, ayant obtenu le consentement de ses frères dans l’épiscopat manifesté lors de l’Assemblée plénière du de la Conférence des évêques de France, a officiellement demandé à la Congrégation pour les causes des saints d'ouvrir l’enquête en béatification de la cause de Marie Mélanie Rouget. Le , lors d'une messe dans la cathédrale d'Auxerre, les membres laïcs de la commission historique ad hoc ont prêté serment devant Hervé Giraud et la cause a été ouverte.
Publications
modifier- Le Cantique de Pâques[10],[11].
- Les Chansons et les Heures, 1922.
- Noël de l'Avent, 1928.
- Chants de la Merci, 1930.
- Le Rosaire des joies, 1930.
- Chants sauvages, 1936.
- Contes, 1944.
- Chants et psaumes d'automne, 1947[12].
- Petit-Jour, 1951
- L'Âme en peine, 1954.
- L'Œuvre poétique, Paris, Stock, 1956.
- Notes intimes, 1959.
- La Rose rouge, 1960[13].
- Chants d’arrière saison, 1961.
Publications posthumes
modifier- Le Cru d'Auxerre, 1967.
- Le Chant du chevalier, 1969.
- L'Œuvre en prose, Paris, Stock, 1976.
- Les Chansons et les Heures suivi de Le Rosaire des joies, Paris, Poésie/Gallimard, 1983.
- Le Chemin d'Anna Bargeton, Paris, Stock, 1986.
- Almanach pour une jeune fille triste, Paris, Desclée de Brouwer, 2011.
- J'ai souvent de la peine avec Dieu : Correspondance avec l'Abbé Mugnier suivie de Ténèbres, Paris, Le Cerf, 2017.
- Marie Noël Raymond Escholier Approche d'une correspondance 1921-1967, Cahiers Marie Noël Numéro 22, Paris, 2017.
- Lettres des Temps Fous : correspondance avec Raphaël Périé. Auxerre, Société des Sciences Historiques et Naturelles de l'Yonne, 2018
Textes de Marie Noël publiés dans le Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne
modifier- Journal août-, 1982, p. 5-21.
- Une lettre inédite à Henri Pourrat (voir Henri Pourrat), 1988, p. 203-205.
- Une lettre inédite à sa cousine Suzanne Coutant à propos des Chants de la Merci (1930), 1989, p. 301-303.
- Une note inédite, 1989, p. 304-305.
- Henri Charlier et le Jugement de don Juan (voir Henri Charlier), 1991, p. 193-195.
- Le Jugement de Don Juan : Miracle, 1993, p. 185-211.
- Trois inédits, 1999, p. 317-320.
- Quelques textes. Supplique à saint Germain, Pour Roger Lafagette et Raphaël Périé (voir Roger Lafagette), 2001, p. 431-449.
- Hommage à Albert 1er de Belgique (voir Albert Ier (roi des Belges)), 2003, p. 255-259.
- Inédit, 2004, p. 365.
Distinctions
modifierDécorations
modifier- Commandeur des Arts et des Lettres.
- En 1960, le général de Gaulle lui décerne la croix d’officier de la Légion d'honneur[14]
Récompenses
modifier- Son œuvre est récompensée par de nombreux prix, de l’Académie Française, de la Société des gens de lettres, de la Société des Poètes ou de la Maison de Poésie[15].
- 1923, le prix Archon-Despérouses de l’Académie française pour Les chansons et les heures[16]
- 1929, le prix Heredia de l’Académie française pour Les chansons et les heures
- 1940, le prix Alice-Louis-Barthou de l’Académie française, le prix Isabelle Mallet.
- 1949, le prix d’Académie de l’Académie française
- 1953, le prix Alice-Louis Barthou de l’Académie française
- 1957, le prix de l’Unanimité.
- 1958, le prix de la Paulée de Meursault.
- 1962, le grand prix de poésie de l'Académie française, le grand prix de la Société des Gens de Lettres, le prix Lecomte du Noüy.
- 1966, le grand prix de poésie de la Ville de Paris.
- Maître ès Jeux Floraux depuis 1954, elle fut membre de l’Académie Ronsard[17] et de plusieurs académies de province.
Notes et références
modifier- « https://calames.abes.fr/pub/bljd.aspx#details?id=FileId-305 »
- « Maison de Marie Noël : plaquette de présentation », sur Société des sciences naturelles et historiques de l'Yonne, (consulté le )
- Marie NOËL : poèmes, œuvres et biographie.
- Daniel S. Larangé, « Du discours mystique dans l’œuvre poétique de Marie Noël », dans Les Cahiers Marie Noël, 2010, p. 39-48.
- Jeanne-Marie Baude, « Notes intimes » de Marie Noël, Paris, Le Cerf, 2012.
- Jean-Claude Charlet, Marie d'Auxerre, Éd. de l'Armançon, 2005.
- Yves beauvois, Léon Noël de Laval à de Gaulle via Pétain (1888-1987), Septentrion, 2001.
- « Liste Maison des illustres », sur culture.gouv.fr,
- « La rue rendant hommage à Marie Noël a été inaugurée », sur Le Journal de Saône-et-Loire, (consulté le ).
- Cantique de Pâques
- Texte et poèmes. Marie Noël, Chant de Pâques.
- Chants et psaumes d'automne.
- La rose rouge : L'âme en peine, et autres contes.
- Base Léonore.
- La Maison de Poésie. Société des Poètes Français.
- « Prix Archon-Despérouses ».
- « Journal de Poésie publié par la Société Ronsard / Académie des poètes de langue française ».
Annexes
modifierBibliographie
modifierOuvrages
modifier- Chrystelle Claude de Boissieu, Avec Marie Noël, l'Amour en chemin, Éditions du Carmel, Toulouse, 2023 (ISBN 9782847138245).
- Chrystelle Claude de Boissieu, Portraits intimes de Marie Noël, Desclée de Brouwer, Paris, 2019 (EAN 9782220095998).
- Bernard Bonnejean, « Marie Rouget, Marie Noël en poésie » in Clio et ses poètes - Les poètes catholiques dans leur histoire (1870-1914), Paris, Le Cerf, 2007, pp.83-90.
- Benoît Lobet, Mon Dieu, je ne Vous aime pas !, Foi et spiritualité chez Marie Noël, Paris, Stock, 1994 et 1995; rééd. Nouvelle Cité, 2009.
- Christian Chabanis, Marie Noël à la recherche de l'amour perdu, Paris, Cerf Volant, numéro 123, 1er trimestre 1985.
- André Blanchet, Marie Noël, Paris, Pierre Seghers, collection « Poètes d'aujourd'hui », numéro 89, 1962.
- Raymond Escholier, La neige qui brûle, Marie Noël, Arthème Fayard, 1957.
- Gérard Mottet, Femmes en Bourgogne, Péronnas, Société d’émulation de l’Ain, 22-23 octobre 2016, 173 p. (ISBN 978-2-9507275-7-2), « Marie Noël », p. 161-170
Études sur Marie Noël publiés dans le Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne
modifier- Estaunié (Edouard), Une lyrique de la Province : Marie Noël, 1957-58, p. 1-20.
- Noël (Léon), Remise de la croix d’officier de la Légion d’’honneur à Marie Noël, 1959-60, p. 366-369.
- Durr (René), La disparition de Marie Noël, 1967-68, p. 251-253.
- Durr (René), La Société des Sciences de l’Yonne et Marie Noël, 1978, p. 5-9.
- Rocher (Jean-Pierre), Marie Noël. Nos activités en 1981, 1981, p. 249-255.
- Collectif, Le centenaire de Marie Noël, 1982, p. 113-114.
- Collectif, Marie Noël 1983, Le centenaire de Marie Noël dans l’Yonne, 1983, p. 199-215.
- Charleux-Leroux (Elisabeth), Compte rendu de la communication d’André Henry : La tentation du manichéisme chez Marie Noël, 1986, p. 158-159.
- Autissier (Elise), Préparation de l’édition des Notes intimes (inédits), 1986, p. 145-148.
- Henry (André), Le colloque Marie Noël (8 et ), 1986, p. 151-157.
- Coutant (Suzanne), Marie Noël. Quelques croquis (Marie Noël et la musique), 1987, p. 273-274.
- Autissier (Elise), Henri Pourrat et Cécile Sauvage, 1988, p. 205-206.
- Autissier (Elise), Marie Noël et le Cru d’Auxerre, 1990, p. 206-213.
- Paccalin (Margherita), Marie Noël et l’aumônier des écrivains : l’abbé Mugnier, 1991, p. 181-192.
- Poplin (François), Marie Noël et la chèvre dans la tradition grecque, 1992, p. 229-258.
- Nesmy (Dom Claude Jean), Auxerre et Marie Noël, 1992, p. 261-269.
- Autissier (Elise), Bibliographie du poète Marie Noël, 1994, p. 220-232.
- Mac’Avoy, Marie Noël, 1994, p. 216-217.
- Autissier (Elise), Activités Marie Noël 1995 (inédits), 1995, p. 241-244.
- Autissier (Elise), Marie Noël. Quelques lettres inédites, 1996, p. 387-402.
- Autissier (Elise), Le 30e anniversaire de la mort de Marie Noël, 1997, p. 255-268.
- Autissier (Elise), Œuvre de Marie Noël. Nouvelles et lettres, 1998, p. 507-524.
- Petit (Henri), Notes intimes de Marie Noël, 1999, p. 321-326.
- Autissier (Elise), Petite biographie de Marie Noël, 1999, p. 327-332.
- Autissier (Elise), Poésie au XXe siècle, 2000, p. 305-328.
- Autissier (Elise), En vers ou en prose. Charme de Marie Noël. Fragments inédits ou édités, 2002, p. 397-411.
- Moreau (Bernard), «Vingt fois sur le métier…», 2005, p. 311-313.
- Autissier (Elise), Hommage à Suzanne Flon qui nous a quitté le , 2005, p. 315-318.
- Claude (Chrystelle), « Petite cartographie d’Auxerre à travers l’œuvre complète de Marie Nöel », p. 143-154, Femmes de Bourgogne, études réunies par François Le Guennec, Nice, Vaillant, .
- Larangé (Daniel S.), Du discours mystique dans l’œuvre poétique de Marie Noël, 2010, p. 39-48.
- Claude (Chrystelle), « Petite apologie de l’Almanach pour une jeune fille triste », I-XXVIII, préface de l’Almanach pour une jeune fille triste, Paris, Desclee de Brouwer, .
- Claude (Chrystelle), « Notre-Dame, inspiratrice de Marie Noël », p. 351-359, in La Vierge Marie dans la littérature française : Entre foi et littérature, études réunies par Jean-Louis Benoît, Paris, Le Cerf, .
- Claude de Boissieu (Chrystelle), « Écrire, disent-elles... Une vocation au féminin », pp. 233-243, in Résonances, La Vocation au féminin, études réunies par Gérald Préher, Volume II, n°16, 2019.
Archives audiovisuelles
modifier- Marie Noël filmée pour la télévision sur ina.fr.
- Chants sauvages de Marie Noël. Disque vinyle 33T, Sofrason, 1966, par Renée Maheux, soprano.
- Dans Notre-Dame en ruine, méditation, musique et poésie pour garder espoir.
- « Le largo de la Fantaisie n° 7 de Georg Philipp Telemann aiguise une émotion que tempère la prière pour les « médecins » de Marie Noël : « Donnez au médecin la Grâce, pour qu’en son plus mauvais moment, dans son incertitude, sa faiblesse d’homme, son trouble, il reste toujours assez sage, toujours assez bon, toujours assez pur, digne de la douleur sacrée dont la foi s’est donnée à lui. Donnez au médecin la Fidélité dans la Miséricorde, pour qu’il n’oublie pas, n’abandonne jamais le moindre des misérables qui à lui se fie ». »
Liens externes
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- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
Site officiel et Association des amis de l'auteur
modifier- Site officiel de la Société des Sciences Historiques et Naturelles de l'Yonne (ayant droit).
- Site de l'Association Marie Noël.
Dossiers et florilèges sur le Net
modifier- Dossier Marie Noël sur agora.qc.ca.
- Quelques poèmes sur florilege.free.fr.