Aspasie Cleopatre Theodora
Aspasie Cleopatre Theodora
Aspasie Cleopatre Theodora
TK. BENTZON
LE MARIAGE
DE JACQUES.... 1vol.
F. 8RUNETIRE
DE CRITIQUE
1
QUESTIONS
PAULDESCHANEL
FIGURESDE FEMMES
1
OCTAVE
LK DIVORCE
FEUILLET
DE JULIETTE.... 1
ANATOLE
FRANCE ... BALTHABAR
i GYP
OH!...LKSPSYCHOLOGUES....
1
LUDOVIC
HALYY
NOTESET SOUVENIRS
1
PIERRELOTI
D'AUTOMNE
t
JAPONERIES
PAULMEURICE
LESONGEDEL'AMOUR
1
MAXO'RELL
JONATHANET
SONCONTINENTi
PRINCEHENRID'ORLANS,
six MOISAUXINDES
i PAULDE SAINT-VICTOR...
LE THTRE
i
CONTEMPORAIN,
HENRY
RABUSSON
L'POUSE
1J. RICARD
CONTES
A MONSINGE
1
GNRAL
TCHEN6.-KI-T0NS.
iCONTESCHINOIS
LONDETINSEAU
-1
CLOSE
BOUCHE
J.-J. WEISS
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ASPASIE
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CIUIX,
10,PARIS.
HBHARB,
PRFACE
Il
. . P'RFAK.
et qui va prir
et dissolue. Par
ses amants, elle appartient
au monde romain qui a perdu ses antiques vertus au
contact des peuples asservis mais qui a conserv, malgr sa corruption et ses sanglants
tumultes, l'orgueil de son nom, son opiniAtret indomptable et sa force de fer. Tliodora rgne Byzance au temps o la puissance militaire, l'ordre de l'administration,
la richesse publique, l'clat des arts caclienl
encore les germes de ruine de cet empire
trop vaste, form d'lmenls
disparates,
gouvern sous le couvert des lois romaines
par le despotisme oriental et dont le peuple,
qui a abdiqu ses droits, ne se passionne
plus que pour les questions thologiques et
les courses de l'hippodrome. Ne semblet-il pas que chacune de ces femmes corresponde une volution de In civilisation,
le foyer est Athnes au sicle de
Pricls, Alexandrie et Rome au sicle
de Csar, Byzance au sicle de Justinien?
Nous avons ddi ces trois tudes trois
dont
l'RKFACft. ,
III
Paris, <)octobre1889.
ASPASIE
A LEGOMTDE LlSLE.
ASPASIE
ASPASIE.
achve
des
trirmes perses
servent de solives, les
captures Salamine
concours de posie et de musique alternent
avec les lectures publiques qu'Hrodote fait
la fontaine
Gallirrho.
Pen-
ASPASIE.
*j
(t
ASPAS1K.
et las
maison ; les jeunes eupatrides
pallaques et les joueuses de flte envahissent
leur
et le trsorier
des re-
ASIASIK.
xaO' rn-ilpavaOtr,v\xitv.TOO
x*t?i).iv.l'iutarque,Pericl.,
XXIV.
2. Scoliastede Platon,Meneoo.
p. 2i9.
II
ASIASIK.
10
AS1WSIK.
sduire
les
La dbauche,
hommes.
pour
dit le pote Cratinus, engendra pour Pricls Junon-Aspasie,
la pallaque aux yeux
de chien.
i
v.y.xv.
|
"MpxvTSol'AirocT'av
XUVOJKISX'.
Ha.Xax^v
Quand elle se vit vieillir, Aspasie, craignant que Pricls ne comment se lasser d'elle, se rappela son ancien mtier.
Elle attira dans sa demeure des courtisanes
libres et esclaves et mme des femmes maries, pour les offrir son amant. Par ces
complaisances, Aspasie prit un empire absolu sur Pricls, le ruina tout son aise,
lui conseilla deux guerres fatales et lui fit
1, Cratinus,Fra^m. Comic.Groec,tlit. Didot,p. M,
ASI>ASIK.
li
12
ASPASII:.
ASI'ASII:.
\:\
I)...nsces dialogues
liciteet oabondentlesanaelironisines.
d'ailleurs,Aspasicdoittre regardecommeun type peu
et non comme
]jvsfictif,commeune entitphilosophique,
un personnagerel. 11faut aussitenir comptede l'ironie
socratiquedonts'taientimprgnasles disciplesdu philosophe.On ne saurait prendre la lettre les paroles que
Platonprte Socratcdansle Mchicjne,
que a c'est d'As
.
Nousne nions pas,
a
la
rhtorique
pasiequ'il appris
cependant,qu'amiede I'riclset de Socrate,Aspasien'et
une rputationmritedesavoir
laissparmiles philosophes
et d'esprit,et peut-tremmede moralittardive.
III
ASIWSIK.
Ifi
que par
la fois la
c'tait
la
l'htare
philosophe. A Milet, Aspasie mena la vie
d'une courtisane, mais d'une courtisane de
conduite raisonne et d'accs difficile. Presur la clbre Tharglia,
exemple
qui eut quatorze amants, tous gouverneurs
de villes, et qui mourut marie un tyran
de Thessalie, elle ne se donnait qu'aux
premiers d'entre les citoyens 1.
Pour quel motif et dans quelle circonsnant
If
ASl'ASIK.
renient l'olympiade
avant
L\XXV(H0-437
Jsus-Christ)
poque o dj avait commenc sa liaison avec Pricles '. A entendre
lu les Socratiques et
qui peut-tre prenait leurs assertions trop
au srieux, Pricles fut sduit par le savoir
et l'esprit d'Aspasie. Sans pour cela mettre
Plutarque,
qui avait
croire,
apolopousa l'h-
im-
1. L'expdition
de Samoseut lieu en 439. Or, Plutarque
(Pcrkles XXV)rapporte, comme on le verra plus loin,
qu'Aspasiefut accused'avoirpoussPricles entreprendre
la guerre contreles Samiens.
2. Heraclidede l'ont, cit par Athne,X1F,45; l'iutarque, PcricL, XXIV.
3. Voir l'appendiceII.
ASI'ASIK.
17
un citoyen tait
A Athnes,
libre de vivre avec une courparfaitement
tisane, quelle qu'elle ft. Mais la loi lui
interdisait d'une faon formelle d'pouser
une trangre. Il ne pouvait le faire qu'en
probable.
reconnu
18
ASPASIK.
un humiliant
AsPAsu:.
I!
entire
20
ASI'AS!E.
dos tilles. Pour s'occuper encore, l'Athnienne a sa toilette, qui est fort longue et
fort complique, car elle se baigne plusieurs
fois chaque jour, se parfume,
s'oint les
cheveux d'essence, se les poudre avec de la
poudre d'or, se farde les joues et les lvres,
se teint les paupires et les sourcils. Le
temps que lui laissent sa maison, sa toilette,
ses enfants, ses oiseaux et ses chiens, la
femme l'emploie en promenades,
en courses et en visites des amies '. Les jours de
ftes religieuses, si frquents en Atliquo,
sont pour les Athniennes des occasions de
plaisirs sans nombre et d'une infinie varit.
Tantt elles entendent au IhAtre de Bacchus
une tragdie d'Eschyle
ou de Sophocle,
tantt elles figurent, magnifiquement pares,
dans le splendide cortge qui monte au
l'arthnon
par les degrs, des Propyles.
Aux Dionysies, elles parcourent,
montes
sur des Anes et dguises, les bois et les
1. Aris'.oplinne,
Ihinae, v. 133; Nitbcs,v. 879; Eccles.,
C Xcoera,
pussim;Xnoplion,Avonom.,vu; Dmoslline,
15; G. Kubul.y12; C. Callicl,35; CornliusNcpos,Praefat.
i
ASPASIE.
21
22
A'SPASIE.
sa bonne
ASPASIK.
23
ments de police, qu'elle ne lasse pas scandale en entrant dans certains loin pies ou
en se mlant aux fe ni ni es et aux filles des
citoyens dans les crmonies publiques,
elle a toute libert de vivre et d'agir sa
guise 1. Elle va o bon lui semble, sort
quand il lui plat, s'enrichit comme elle le
peul- et se ruine si elle le veut.
Depuis l'hlaire possdant maison,esclaves,
joyaux, commanditant banques et fabriques
et dominant une cour d'adorateurs, jusqu'
l'humble esclave du troupeau des diclriades, les courtisanes taient presque obligatoirement convies dans les soupers, qu'elles
gayaient par leurs propos et leurs chanelles avaient le
sons. Beaucoup d'entre
mot plaisant et la repartie vive. Si i'on
faisait l'anthologie de l'esprit grec, on prendrait Glycre et Callislion autant qu'
Diogne et Arcsilas, aux courtisanes au1. Cf. Demoslhne,C. Ncwm,passim; Eschinc,(7. Ttmurch., 139; Athne,XIII, passim; l'lutarque, Solon,
XXIX;Meursius,ThcmisAUka,1,0; Saunai lVtit, Lcgcs
Attkoe,p. 41, 473-476.
21
ASPASIK.
de Pricls
par la foule des Athniens, respecte comme
si elle ft sa femme par les amis du grand
Aspasic lail dans une condition
unique. Elle avait la fois la libert de la
courtisane et la retenue de l'pouse. Elle
orateur,
ASPASIE.
2o
d'une
courtisane.
C'est ainsi qu'on
le rle tout particulier
d'Ass'explique
pasie Athnes, sa renomme chez les philosophes, le grand et tenace amour qu'elle
la seule
inspira Pricls. La premire,
peut-tre de toutes les femmes d'Athnes,
elle entretint un commerce aimable et lev
avec les hommes suprieurs. Pour Socrale,
pour Anaxagore, pour Phidias, elle fui une
amie sincre et intelligente. Pour Pricls,
elle fut la matresse et la femme, le sourire de la vie, le charme du foyer, le sur
confident de chaque jour; elle eut la parole qui claire, l'affection qui console et
la grAce qui repose.
IV
On
ASPASIE.
27
2S
ASPASIE.
au principe
pos. (Ce dernier, contrairement
de la dmocratie athnienne, cumulait cinq
ou six fonctions.) On affirmait que Pricls
tait soumis toutes les volonts d'spasie,
qu'il tait prt sacrifier pour elle la
on ingloire et la prosprit d'Athnes;
sinuait qu' son instigation
il rvait la
tyrannie 1.
En 410, un diffrend surgit entre les Saluions et les Milsicns au sujet d'une petite
ville du littoral asiatique, Princ, sur laavoir des
quelle les premiers prtendaient
droits. Une courte guerre s'ensuivit; les Milsicns furent battus. Samos et Milet reconnaissaient
toutes deux l'hgmonie athnienne. Les Milsiens portrent leurs plaintes
Athnes, o l'on dcida, sans rien prjuger, que les deux cits enverraient des ambassadeurs
l'assemble
ASPASIE.
29
dans
prouv
qu'Aspasio l'accompagna
cette campagne avec un cortge de courtisanes qui firent de grands profits', car le
blocus dura neuf mois. Aprs une dfense
opinitre, marque par de sanglants combats,
Samos capitula. Les Samiens durent raser
leurs fortifications,
livrer leur flotte de
guerre et payer une indemnit de mille
talents (prs de six millions de francs-).
L'expdition contre Sainos tait juste et
ncessaire. Athnes, qui tirait de si impor1. Alexis<leSamos,cil par Alhcno,XIII, 'M.
2. Thucydide,I., 115-116.Diodorode Sicile,XII,27-28.
riutarquc, l'crkl., XJUIl-XXV.
2.
30
ASPASIE.
du
tants revenus des villes signataires
trait d'Aristide, devait maintenir ses tributaires dans l'obissante. La rvolte de Samos,
reste impunie, et entran d'autres cits
la dfection. Au reste, celte guerre avait
t glorieuse et avait affermi la puissance
de plus, elle n'avait rien cot
athnienne;
au Trsor en raison de l'norme indemnit
paye par les Sa miens. Mais des citoyens
taient tombs devant Samos, et il faut
compter avec les larmes des mres. On dit
dans le peuple que cette guerre n'aurait pas
eu lieu si Pricls lui-mme ne l'et provoque en soutenant les prtentions des Milsiens. Or, comme Aspasie tait de Milet, le
bruit courut qu'il n'avait agi ainsi que d'aprs les conseils de cette femme, ardente
prendre les intrts de sa ville natale et
jalouse d'y faire connatre sa toute-puissance Athnes 1.
Quelques annes se passrent, puis arriva
un jour o les insultes de la scne comique,
1. Mularque,PeicL,XX1N,XXIV.
ASPASIE.
31
les calomnies
32
ASPASIK.
ASPASIE.
33
rion, Phidias n'eut pas de peine se disculper, car il avait ajust les vtements
d'or de la desse de telle faon que, sans
dtriorer la statue mme, qui tait d'ivoire,
on pouvait enlever tout lo mtal et le peser.
Le sculpteur devait cette ide Pricls, qui
se dfiait sans doute du caractre souponneux, des Athniens et qui peut-tre aussi
voulait que cette masse d'or (quarante lalents d'or, plus de deux millions de francs)
pt, en quelque grave occurrence, servir
des dpenses do guerre. Phidias fut acquitt.
Mais ses ennemis lui intentrent incontinent
un nouveau procs, sous deux autres chefs
d'accusation.
le bouclier
reu Pricls
trouvait des
de ce
proxntisme. Pendant l'instruction
second procs, Phidias, malade et profondment attrist, mourut en prison '.
1. Aristophane,I'ax, v. 003, s<pj.et le Seoliaste,ibid;
riutanpie, PcricL, XXXII;Diodocde Sicile,XII, 39.
Sur la mortde Phidias,voirl'appendiceIII.
Hl
A8PASIK,
ASI'ASIK.
3o
par contumace'.
Commo naxagore,
spasie lut accuse
d'impit: elle avait des opinions contraires
aux croyances de l'tat. Comme Phidias,
elle fut accuse de proxntisme: elle attirait
chez elle des courtisanes
et des femmes
maries pour les livrer Pricls 2.
Quelles preuves le pote Ifermippe, qui
intenta le procs, pouvait-il fournir de la
culpabilit de la Milsiennc? Sur le premier point, il invoquait le tmoignage d'un
esclave qui avait probablement
entendu
spasie discuter ou plaisanter l'occasion
de quelque lgende sacre; sans doute aussi
il ne manquait pas d'allguer qu'amie des
philosophes, Aspasie devait ncessairement
partager
leurs
1. Plutarque,Pericl.,XXXII.Cf.Platon,Apolog.Socrat.i
o[ ; Diognede Lartc, II, 5.
% Plutarque,Pericl, XXXII.
3G
ASl'ASIE.
so bornait vraisemblablement
en les amplifiant,
les commrapporter,
Ces calomnies nous
rages de l'agora.
c'en
taient
avaient toutefois
pensons que
Hermippo
une apparence de vrit. Les Athniens n'avaient point accoutum de voir leurs femmes
lgitimes frquenter des htares : en recevant chez elle des femmes citoyennes, Aspasie s'tait expose de graves soupons.
Quoi qu'il en ft, Aspasie courait un grand
danger. Pour chacun des deux dlits dont
elle tait accuse, et qui tait qualifis
crimes
elle tait
par la loi athnienne,
passible de la peine capitale 1.
Aspasie aurait pu fuir avant le jugement.
Sans doute Pricls aimait trop sincrement
sa matresse pour ne pas lui proposer de
suivre l'exemple d'Anaxagore.
Mais la Milsienne comprit que quitter Athnes et se
laisser juger comme contumax, c'tait pro1. Platon,Apolog.Socrat.;Eschine,C.Timarch.,lQO,
165
Dinarque,C. Dmoslh.,23\Meursius,ThmisAttica,I, 7.
Une peine moins rigoureuse,l'exil ou une grosseamende,
pouvait aussi tre prononce.
"
ASPASIK. .
37
1. Hutarque,Pericl.,XXXIII.Cf.Diodorcde Sicile,XIl
38-39.
2. Plutarquc,PericL,XXXH.
ASI'ASIK.
,7.1
40
ASI*ASIK.
liance contracte avec Corcyre, en 433, prcipita les choses en irritant les Corinthiens
et en inquitant Sparte. Pour se venger de
l'appui donn aux Corcyrens, les Corinthiens firent rvolter Potidc, ville tributaire d'Athnes. Par reprsailles,
les Athniens rendirent le dcret contre Mgares, la
fidle allie de Corinlhe '.
Ces graves vnements survinrent presque
aussitt
maintenir
ASI'ASIK.
il
doute subsiste nanmoins, et l'on peut admettre que, d'une part, la situation difllcile o Pricls se trouvait alors, d'autre
part un sentiment trs dfendable, quoique
trs personnel, influrent sur sa conduite.
Pricls avait soixante-cinq ans; la guerre
lui paraissait
invitable dans un temps
donn : ne valait-il pas mieux, pour les
Athniens qu'elle clatt lui vivant? Les
grands hommes sont naturellement
ports
identifier leur propre intrt avec l'intrt public.
La guerre commena.
Les Athniens
eurent d'abord l'avantage,
lis investirent
Potide, occuprent Egino et Plates, prirent Prasies aux Lacdmoniens, chassrent
la flotte ploponnsienne
des eaux de
Cphallnie, envahirent la Mgaride, ravagrent les ctes de l'Argolide, de la Laconie et de la Messnie. Mais ces succs remports au loin ne compensaient
pas les
calamits qui s'abattaient
sur Athnes.
Deux fois les Lacdmoniens entrrent en
Atlique, forant les habitants se rfu-
ASPASIK.
avait
intent
quelque
temps
ASI'ASIK.
i3
41
vanoui
fils .
ASPASIE.
prs
du cadavre
do son
dernier
Un an aprs sa condamnation,
les Athniens, quo leur excessive mobilit entranait
parfois a do pareils retours, rendirent le
pouvoir Pricls. Ils firent plus : ils lui
rendirent un fils en abrogeant la loi sur
les enfants illgitimes.
Pricls avait un
fils d'Aspasie. Il put le reconnatre
et le
faire inscrire comme Athnien sur les registres publics 2. Ce fils, qui s'appelait
Pricls, fut lu stratge en 400. Vainqueur
des Lacdmoniens la bataille navale des
il eut le sort des cinq autres
Arginuses,
avec lui dans
gnraux qui commandaient
la campagne d'Eolide : les Athniens
les
honorrent pour leur victoire, mais ils les
condamnrent
mort pour avoir, aprs
le combat, nglig de porter secours aux
blesss et aux naufrags.
Dans l'assemble
du Pnyx, qui, par drogation
la loi,
1. Hntarque, Pericles,XXXVI.
2. Thucydide,II, 65; Diodoredo Sicile, XII, 45; l'Intarque,Pericles,XXXVII.
As pAs 11:.
Ali
elle aurait
if>
ASl'ASIK.
Juin-juillet1880.
GLOPATRE
A ALEXANPRRDUMASFILS,
GLOPATRE
ou cinquante
sicles
Aprs quarante
d'existence, l'empire d'Egypte agonisait sous
l'oeil de jeltatore du peuple romain. La dynastie grecque, qui avait donn au pays une
force nouvelle et un renaissant clat, s'tait
puise dans lea dbauches, les crimes et
les guerres civiles. Elle ne se maintenait
plus que par la grce de Rome, dont elle
achetait i\ haut prix la fatale protection el
qui daignait tolrer, pour quelque temps
encore, une Egypte indpendante. Dchargs
50
CLEOPATRE.
CMSOPATHK.
51
du bl.
L'industrie
les meubles
indigne produisait le
de bois, d'ivoire et de
papier,
mtal, les armes, les nattes, les tapis, les
tissus de fil, de laine et de soie, les toffes
brodes et peintes, les faences vernisses,
les coupes de bronze
les verreries,
et
les maux, les bijoux d'or, les
parures de gemmes. Le commerce enfin, qui
avait des comptoirs au del du cap des
Aromates, qui lanait ses caravanes a travers l'Arabie et le dsert Lybique et dont
les innombrables
navires sillonnaient
les
d'albtre,
52
CLKOPATKK.
depuis les colonnes d'Hercule jusqu'aux bouches de l'Indus, avait lait d'Ades trois continents.
lexandrie l'entrept
Sous Ptolmc XI, pre de Cloptre, les
impts, la dme et les droits d'entre et de
sortie donnaient, chaque anne, douze mille
mers
millions
cinq cents talents (soixante-huit
de francs) au trsor roya^ '.
La capitale des Ptolmes, Alexandrie,
faisait s'crier . Achille Tatius : Nous
sommes vaincus, mes yeux * Et vraisemAchille Tatius ne vit cette cit
la ruine de plusieurs de ses
qu'aprs
difices. Mais ce qui avait de tout temps
c'tait nt moins
frapp d'abord l'tranger,
le nombre et la magnificence des monuments que la disposition symtrique et la
blablement
ordonnance
de la ville. Deux
grandes avenues, bordes de colonnades de
superbe
CLKOPATRE.
marbre
f)3
et se croisant
Tii
CLKOPATRK.
c'tait
Alexandre
r:i K0PATilE.
f).j
CLOPATRE.
56
gyptiens
conet d'autres
o les deux archi-
magnifiques
avaient combin
leurs
lments,
de l'art
la pauvre
modnature
relevant
sate par les reliefs des ordres hellniques,
faisant alterner la colonne corinthienne avec
et mariant
la
la colonne campaniforme
feuille
d'acanthe
la fleur
du
papyrus.
Dans la perspective des doubles portiques en
se creusaient
les absides des
colonnades
exdres de marbre. A l'extrmit
des longues
avenues
de sphinx,
leurs
dressaient
les gigantesques
massifs pyrami-
pylnes
daux, o dfilaient sur les blanches parois,
les processions de figures peintes et dont
le disque emblmatique,
aux grandes ailes
Ici, le
dployes, dcorait l'entablement.
LKOPATRE.
57
temple grec profilait sur le ciel son fronton sculpt dans le parcs; l, le temple
avangyptien, vaste, trapu, mystrieux,
ait son pronaoa de granit dont les piliers
portaient aux quatre faces
quadrangulaires
de leurs chapiteaux
cubiques la tte "du
dieu Hathor. Sui les terrasses superposes
les parterres de roses et
que couvraient
les sycomores, les mimosas
qu'ombrageaient
les palais
et les palmiers, apparaissaient
entours de portiques colonnes lotiformes,
les pavillons en
les enfilades de pylnes,
forme de tours coniques, les kiosques ajours,
les oedicule? circulaires, les tribunes souteAu milieu des
nues par des cariatides.
places, au croisement des rues, devant les
portes des difices, s'levaient les herms,
les colosses osiriens, les statues de dieux
les autels, les hroums, domins
hellnes,
d'espace en espace par les hauts oblisques
et les grands mts fixs en terre dont les
banderolles multicolores llotlaient au souille
de la brise.
Parmi ces innombrables
monuments,
on
OS
CMOl'ATHK.
la pointe du cap,
d'abord,
distinguait
le temple d'isis Lochias et une grande villa
royale ; puis devant le Port ferm des Rois,
les chantiers et les btiments de l'Arsenal.
L commenait le liruchium. Entour d'une
de hautes murailles et de jardins
suspendus, le lh'uehium tait une ville dans
la ville. C'tait la cit ptolmaque. Chacun des Lagidjs y avait construit un palais,
enceinte
dili un
CLKOl'ATHi:.
59
solc o Alexandre reposait dans un cercueil d'or massif, remplac plus tard par
un cercueil de verre. Un autre difice du
Bruchium
attirait encore la vue par ses
normes proportions
et son pistyle que
couronnait
un dme. C'tait le clbre
Muse d'Alexandrie, la fois cole, monastre et acadmie.
Les grammairiens,
les
les astronomes y
potes, les philosophes,
vivaient en commun aux frais des Ptolmchamment
la
mes, et on l'appelait
des
Muses.
en
Gage
Cage magnifique,
tout cas, o chantrent
Thocrite, Callimaque,
grande
drine.
Apollonius,
voix de la
et
d'o
s'leva la
alexanphilosophie
60
CLOPATRE.
Il
Alexandrie
tait une ville cosmopolite.
et
Tandis que les cits de la Ilautc-Lgyptc
de l'IIeptanomide
avaient conserv le caractre national,
dans le Delta la civilisation
s'tait greic sur la civilisation
hellnique
ou plutt elle s'y laU juxtagyptienne,
pose. Les lois et dcrets taient rdigs dans
les deux langue:?. Le sacerdoce, le goula police, les tribunaux,
l'advernement,
ministration
par moiti aux
appartenaient
Hellnes et aux indignes; l'arme se coin-
<r2
CLOl'ATHE.
CI,KOPATRE.
03
et moins
CLKOPATHK.
01
par
provoquer
des rivalits
parmi
CLOl'ATKE.
65
avait
Bientt
66
CLOPATRE.
CLOPATRE.
67
68
vcntion
CLKOPTRK.
tait d'autant
CLOPATHE.
69
et huit
70
HLKOPATRK.
Mais ces refus, ces conseils, ces quasimenaces ne pouvaient rien conlre la volont
de Csar. A bout de prires, il commanda.
Il ordonna Pothin d'inviter formellement
en son nom Ptolme et Cloptre licencier leurs armes et venir exposer leur
diffrend devant son tribunal de consul.
L'eunuque dut obir; mais, rus autant que
Csar tait tenace, il pensa faire servir
celte intervention, qu'il redoutait d'abord,
au succs de ses projets. Dans ce dessein,
il transmit Cloptre l'ordre de Csar
de licencier ses troupes, mais sans lui dire
qu'elle tait attendue Alexandrie, et il
crivit Plolme de se rendre sur-lechamp auprs de Csar, tout en conservant
ses soldats sous les armes. Pothin comptait
de la sorte, el se dlivrer de l'arme de
Cloptre, el attirer au jeune roi la faveur
de Csar, puisque seul des deux hritiers
d'Aulte cits par le consul, Plolme; allait,
dfrer celle invitation.
Peu de jours
aprs, Plolme arriva en c11eI Alexandrie.
Il fit Csar mille protestations d'amiti el,
CLOI'AHK.
soutenu
Akhillas
71
dans
ses assertions
par Pothin,
et les autres ministres, il exposa
le diffrend qui existait entre lui et Clopatre, en mettant tous les torts du ct de
celle-ci. Csar, cependant, ne se laissait pas
convaincre si aisment.
Polliin avait cru
Csar
que l'absence de Clopatre irriterait
contre elle, mais Csar ne pouvait admettre
que la jeune reine et dclin par mpris
son invitation de se rendre Alexandrie.
Il pensait plutt que c'tait quelque machination de Pothin qui mettait obstacle sa
venue. Afin de s'en assurer, il dpcha
un envoy Clopatre, qu'il
secrtement
dans
le grand
capitaine
qu'on
72
CLEO
PATHE.
oLfin pATlu:.
73
"i
n'avait
rien
si incomparable
mais par le
qu'elle provoquai l'admiration;
la grce de
charme de sa physionomie,
toute sa personne, l'attrait de son intimit,
ClopAtrc laissait un aiguillon dans l'me.
Voil le vrai portrait.
de
1. l'hl!;U-.|IH\
t'rl'MI',I.IV.CI'.,Kinll,XII,:}'l, ri J.lltllill,
X, v. 59, s.i^..
1. PlularijU"?,
l'irsur, I,\ ; UiuiiXLII,3'i. CI.,Liuain,X,
V 71,sq.J..
CLEOPATKE.
75
la beaut
70
0 I.Y0 l>AT(\K.
CF.KOPATKK.
il
Lo lendemain,
le peuple fut romoqu
sur la place publique. Csar, accompagn
de Plolme et de Cloptrc, s'y rendit en
grand appareil avee son escorte de licleurs.
Tous les Romains
taient
dfrait
78
ci.KOi'ATm-:.
contre
l'tranger.
quatre mille hommes et
trirmes. Il se trouvait
avec
pril. Occupant
les palais du
d'hommes
poigne
il tait assig du ct de la
lruchium,
ville par les soldats d'Akhillas et la plbe
en armes, et sa Hotte, qui se trouvait
l'ancre dans le grand Port, y tait comme
l'ennemi
tenait les
puisque
prisonnire,
Il
passes du Taureau el de l'IIeplastadc.
redoutait mme que cette flotte immobile
ne tombal aux mains des Alexandrins, qui
s'en seraient servis pour barrer la route de
et de vivres.
mer aux convois d'hommes
OM-:opA'nti.
7!>
victorieux
80
o i.i:o pATut:.
loin
de s'arrter,
vigueur. Mais vers
apprit
alors
ci.)':opAi ti:.
lui
aussi
sa
Alexandrie,
quille
opra
avec le corps de .Milbridale. Une
bataille s'engagea.
Les Egyptiens
jonction
seconde
lurent
81
enfoncs
al taills
l'tolme
en pices, le roi
le IVil. Aprs celle
se noya dans
la tte de ses
victoire, Csar rentra,
troupes, dans Alexandrie soumise. La plbe
de la grande ville, connaissant
turbulente
dsormais le poids de l'pe romaine, rei;ut
le consul avec des acclamations '.
Ainsi se termina la guerre d'Alexandrie
qui devrait plutt tre appele la guerre
de Clopdtre, puisque cette guerre, inutile
la renomme de Csar, nuisible ses intrts, indiffrente sa patrie, et o il faillit
laisser et sa vie et sa gloire, il l'avait
soutenue
pour l'amour
de Glopatre -.
5.
CI.KOI'ATKK.
83
la souverainet
jeune prince,
quinze ans, ne pouvait tre
mme poux de la reine.
Cloplre tait la femme de
S'
i:i.i':oi'.VTitK.
n'avait gure quitt ClopAtrcque pour combattre. Cotte longue lune do miel lui avait
sembl courte;
il aimait
la belle reine
autant et plus sans doute que dans les
premiers jours, et il ne pouvait se rsoudre
la quitter. En vain les plus graves intrts
l'appellent Rome o le dsordre rgne,
o le sang coule et o, depuis le 13 dcembre de l'anne
CLKOPATRR.
S.*}
priplre
treize lits,
80
CLOl'ATll.
CI.DOl'ATH!).
ht
haut
au
consul.
Csar recouvre la
raison. 11 pense un instant emmener
Clopitre Rome; mais il doit ajourner ce
projet. C'est en Armnie o le danger est
le plus pressant; c'est en Armnie qu'il ira
d'abord. Csar laisse deux lgions ClopiUre, garde fidle et redoutable qui assudans Alexandrie, et il
rera la tranquillit
pour Antioche 1.
les campagnes
de Csar en
Armnie
et en Afrique (de juillet 47
juin 46), ClopiUre resta Alexandrie.
Quelques mois aprs le dpart du dictateur, elle accoucha d'un fils. (Csar l'avait
laisse enceinte.) Elle nomma ce fils Ptolainsi ses relame-Csarion,
proclamant
s'embarque
Pendant
tions
intimes
avec Csar,
qui
d'ailleurs
.1. l'lutartiue,Civsar,LV;Sutone,Cws-tr,LU;Dion,XLII,
<SS
n'taient
drins'.
CI,KOPATRE.
pas un secret pour
les
Alexan-
f.l.KOPATRE.
MO
00
fil,KOI'ATHE.
CLKOPATKK.
92
CLtfOPATnE,
comme de race
rieure. On ne
sagres amours
do Mauritanie,
servilc et d'humanit
infs'tait pas inquit des pasde Csar avec Euno, reine
et l'on n'aurait pas trouv
plus mauvais que Clopalre lui et servi
occuper ses loisirs pendant la guerre d'Alexandrie. Mais en faisant venir celle femme
dans la ville aux sept collines, en la reconnaissant publiquement comme sa matresse,
en imposant tous les yeux le spectacle
inou d'un citoyen romain, cinq fois consujl,
et trois fois dictateur, amant d'une gyptienne, il semblait, selon les ides du temps,
que Csar outraget Rome 1. Qu'on s'ima*
gine, a dit justement Merivale, l'effet qu'et
produit, au xve sicle, le mariage d'un pair
d'Angleterre ou d'un grand d'Espagne avec
une juive, et l'on aura l'ide de l'impression.
faite sur les Romains par la liaison do Csar
et de Clopatre 2.
Csar avait reu le pouvoir souverain et
l'apothose.
Il tait dictateur
1. Diou,XL1II,27.
2. Mei'ivale,The liomanunder the Empire,II, p. 345.
CLoPAiiu:.
93
sans
cesse
de
la
li lit plusencore.il
rigea dans le temple
de Vnus la statue
d'or de ClopAtre.
A l'outrage
au Peuple romain,
s'ajoutait
au>: Dieux de Home. Ce n'tait
l'outrage
pas assez que Csar, pour l'amour de ClopAtre, n'et pas fait l'Egypte province romaine, ce n'tait pas assez qu'il et install
I. SUf-tonp,
ftvsar, III; Dion,XLHI,27.
'.H
CLOPATUI:.
CLKOl'ATUE.
9o
96
OLOPTRE.
CLEOPATRK.
97
IV
CLOPATRK.
99
moins mauvais accueil, et Antoine, par politique, il est vrai, plutt que par amiti, avait
parl en faveur de son fils. D'un autre
avaient l'Occident,
ct, si les triumvirs
leurs adversaires taient peu prs les
matres de l'Orient. Ils menaaient immdiatement
l'Egypte. Au dbut des hostilits, Cassius, qui occupait la Syrie avec
huit lgions, manda Cloptre de lui
envoyer des renforts. Presque en mmo
temps, un des lieutenants d'Antoine, Dolaadressa la
hclla, assig dans Laodicc,
mme demande la reine d'Egypte.
Cassius tait quasi victorieux; Dolabella
tait fort compromis. La prudence commandait de prendre parti pour le premier.
resta fidle son
Cloptlre, nanmoins,
alliance tacite avec les csariens.
Quatre
lgions romaines, deux laisses par Csar
et deux formes des anciens soldats de
La
Alexandrie.
Gabinius, cantonnaient
reine donna l'ordre qu'elles partissent pour
Laodicc. Mais l'envoy de Dolabella, Allide
nus, qui avait pris le commandement
100
Cl.KOPATRI.
en Syrie au milieu de
Soit pusillanimit,
soit
llinus runit ses
l'ennemi contre lequel
une escadre gyptienne,
que ClopAtre avait aussi envoye Laodice, arriva au lieutenant d'Antoine 1.
Peu de temps aprs le dpart des lgions,
en 43, le jeune roi Ptolme mourut subitement. On' a accus ClopAtrc de l'avoir
fait empoisonner 2. Ce crime, qui est loin
d'tre certain, n'a rien d'invraisemblable.
II
est possible qu'au moment o, par l'absence
des soldats romains, ClopAtrc se trouvait
sans troupe sre, elle redoutt quelque conspiration de palais ou quelque meute qui
la chassAt du tronc pour y placer son frre.
Six ans auparavant,
le mme fait s'tait
produit au profit de son autre frre, et ClopAtrc avait bien failli en tre victime. Ds
CI.KOI'ATIIK.
101
oLKoi'.viti;.
102
la
tempte 1. Au cours de
celle guerre, la mauvaise fortune poursuivait Cloptre. Avec l'enlire volont de
seconder les triumvirs, elle n'avait pu leur
tre
par
presque
au contraire,
d'aucune
de ses inquitudes
CLioi'ATiu:.
10;5
des
tributs.
Partout
il fut
reu
en
d'adulations,
les
prodiguaient
accumulaient
les honneurs,
prsents pour se faire pardonner les secours,
cpie, de gr ou de force, ils avaient donn
au parti vaincu. A Athnes, Mgares,
phse, xWagi.sic, Tarse se succdaient
les ambassades et les visites royales. Pour
conserver leur royaume une quasi-autotous
les
d'Asie
petits souverains
d'obtenir du puissant triums'empressaient
vir une investiture nouvelle '. Seule Clopalrc, soit orgueil de reine, soit calcul de
nomie,
lOi
r.u':oi\\TRi\
Antoine. L'orgueil froiss no parlait peuttre pas seul dans l'Ame du triumvir. Lorsqu'il commandait la cavalerie de Gal'inins,
il avait vu ClopAtre, alors Age de quinze
ans; il l'avait revue Kome l'anne de la
mort de (lsai*. Sans croiio, avec Appien 1.
qu'Antoine lui dj pris de la reine dTlgypte, on peut penser que sa beaut et son
charme avaient fait une profonde impression sur lui. Il se souvenait de la Sirne du
Nil, et parmi les visites de tant de rois (il
de dynasles, c'tait la sienne qu'il attendait surtout. Il l'attendait en vain. Mais
dans la situation d'Antoine, il suffisait de
parler pour tre obi. 11 manda ClopAtre
de venir Tarse pour s'y justifier sou tribunal de sa conduite! ambigu pendant la
guerre civile. Antoine savourait d'avance ce
plaisir dlicieusement cruel : la belle ClopAtre, l'altire reine d'Egypte, la femme aux
pieds de laquelle il avait vu le divin Jules,
se prsentant devant lui en suppliante.
1. De Ikllo civili, V, 8. ,
c.l,r:ni>ATHK.
lO'i
Qiiinlus Dellius, un des familiers d'Antoine, fut charg de porter le message Cloptre. Ce Dellius, intrigant sans scrupule et
dbauch aimable, avait tour tour trahi
tous les hommes et tous les partis. On l'appelait le coureur des guerres civiles : Dcsultor
bellorum civilium. Il devait
mourir ami
d'Horace
lui
ddia
pas si farouche
qu'il
en avait
10(5
CLKOl'.VTItK.
voyait
d'une fortune nouvelle, gale celle qu'elle
avait rve comme matresse
de Csar.
Cl.KOI'ATIII".
107
chacun
l'aube
Glopatre entre
un vaisseau
Tarse, remontant le Gydnussur
entirement
dor o lloltent les voiles de
pourpre. Les avirons d'argent s'abaissent et
s'lvent en cadence, au son des lyres grecLa reine,
ques et des sambuques d'Egypte.
la desse, Cloptre, couche sous un vlum
tissu d'or, qui abrite le pont, apparat telle
que les peintres ont coutume de reprsenter
108
CI.KOPATIU:.
Jan'A'voi'r/j.
ycy.'f!/.(o;
Aplll'odlte /.'.y.0VJ.-rlvrt
Autour d'elle, des enfants nus comme des
Amours, de belles jeunes filles demi vtucs, pareilles aux (rAccs et aux Nymphes
de la mer, tiennent des guirlandes de roses
et de fleurs de lotos et agitent de grands
ventails de plumes d'ibis. A l'avant du
navire, d'autres Nrides forment des groupes dignes du pinceau d'pelle. Des Amours
aux vergues et aux cordages
suspendus
semblent descendre du ciel. L'encens et le
nard indien, brls par les esclaves, envid'une vapeur lgre
et odorante qui rpand son parfum sur les
deux rives du fleuve '.
Antoine dpcha incontinent
un de ses
ronnent
le vaisseau
familiers Clop;Ure pour la prier de souper le soir mme avec lui. ClopAtre, se
prvalant sans doute de son titre de desse
celui
de
reine
une reine
de
plutt que
d'Egypte comptait peu vis--vis d'un triumvir rpondit que c'tait elle qui conviait
1. Plutarque,Anton.,XXVlf.Cf. Dion,XLVl,2\.
CLKOI'AT
Kl).
101)
110
CLOl'AUi:.
1. 11ne faut pasjuger Antoineuniquementsur les attade Cicron.Plutarque cite de cet intrques passionnes
pide et excellenthommede guerrenombrede spirituelles
reparties; et dans un autreordred'ides,sa lettre Octave
et Hirtius, dont on trouve de longsfragmentsdans la
TroisimePhilippique,est l'oeuvred'un habilepolitiqueen
mmetempsqu'un modlede raillerie.
2. Plutarque,Anton.,XVIII;Dion,XLVI1I,2*. Cf. Ap:
pien, V, 1, 8, 9.
C.I.KUl'ATKi:.
III
Arsino
fut
gorge
dans le
H2
CLOl'ATRK.
o ollo
Leucophryno,
temple d'Artmis
s'tait rfugie pour chapper aux sicaires
Un gyptien, rfugi
en Asie
d'Antoine.
Mineure, qui so faisait passer pour Ptolmo XII, noy comme on sait dans le Nil,
en
fut
Cloptre
galement
supplici.
voulait enfin, on ne sait pour quelle cause,
au Mgabyse du grand temple d'phse.
Antoine l'avait fait arrter. Il ne dut la vie
qu' l'intervention des magistrats de la cit,
parlant au nom du peuple ameut pour le
dlivrer. Dans le mme temps, Savapion,
l'ancien commandant de l'escadre gyptienne
de Cypre, eut la tte tranche par les ordres
d'Antoine, Ce supplice vengeait Cloptre de
la dfection du navarque et vengeait Antoine
des secoiirs qu'il avait donns Cassius *.
Lorsque Cloptre arriva Tarse, dans
marde 41, Antoine se prparait
Au bout d'un
cher contre les Parthes.
mois la conpentrat'on
des troupes tait
l't
CI.KUlMTItK.
Il.'l
encore cite dans le monde romain, cependant asservi toutes les corruptions et blas
sur toutes les magnificences, comme un mo'
dle inimitable. 0;. \\j.\\):rt-&v. : ceux dont la
vie est inimitable, c'tait l, d'ailleurs,
le
nom qu'avaient pris Oloptre et Antoine et
les familiers associs i\ leurs plaisirs 2. lMutarque et Dion rapportent
que les ftes suc1. riutarquc, Anton.,XXVIII;Dion,XLVIII,2i; Appien,
V, 11.
2. PIulaque,Anton., XXVIII.
Une curieuse insfription, dcouverte Alexandriepar
M.C.Ycscher,porte: 'AVTMVIOV
Antoine
[jLyav
}x(jxrTov...,
le Grand,l'Inimitable...{liolletinod.ll Insliluto <liCorrcsdi lioma,septembre18G6.)
pomtenzaArcheologica
lit
r:i.0PATItB.
u.Koiwriii;.
lendemain,
Illi
elle on
donnerait un o elle
dix millions de sesterces (deux
dpenserait
millions cent mille francs). Antoine tint le
le festin, pour magnipari. Le joui'suivant,
fique qu'il ft, n'avait rien qui le distingut
du prcdent. Antoine avait beau jeu railler Gloptre. Par Bacchus, s'cric-t-il,
il n'y en a pas l pour dix millions de
- sesterces ! ,1e le sais, rpond la reine,
" mais ce que tu vois n'est qu'accessoire.
C'est moi seule qui boirai les dix mil lions. Aussitt GlopAtre dtache de ses
oreilles une de ses perles,les
plus grosses
et les plus parfaites que l'on et jamais
vues, la jette au fond d'une coupe d'or
o elle se dissout dans le vinaigre qui y tait
prpar, et boit d'un seul trait l'acide breuvage. Elle allait sacrifier la seconde perle,
lorsque L. Plancus, juge du pari, arrta son
mouvementen
dclarant
1ll>
CI.KOl'A
IKK.
Accumulez par lu pense les plus prcieux matriaux, les marbres, les brches,
les granits, les bois de cdre et d'bne, le
le basalte, l'agate, l'onyx, le
porphyre,
lapis, le bronze, l'argent, l'ivoire et l'or.
de la puissante architecture
gyptienne et de la belle architecture grecque, pensez au Parthnon et au temple de
Zeus Olympien, au pavillon de Rhamss et
aux ruines d'Apollinopolis Magna. Relevez
les palais royaux d'Alexandrie, qui, avec
leurs dpendances, leurs jardins, leurs terrasses tages superposs, occupent un tiers
Inspirez-vous
circonfrence
CL:0 P AT11K.
117
cothques,
pavages
ce dcor
de psalde dan-
de mimes,
seuses, d'atellanes,
d'acrobates,
de gymnastes, de ballerines et de charmeurs
de serpents. Surchargez ces tables d'hutres
7.
118
r:,Kor ATRR.
de murnes au garum,
de Tarcnlc,
de
bonilcs cuites sur des feuilles de figuier,
de merles roses, de cailles, de faisans, de
cygnes, de foies de canards, de bouillies
de cervelles d'oiseaux, de livres saignants
saupoudrs de coriandre, de truffes grosses
comme le poing, qui passaient pour tombes
du ciel, ainsi que des orolilhes, de g<\teaux do miel et de fleur do farine et des
plus beaux fruits du bassin mditerranen.
Que dans les cuisines, au feu d'immenses
pour quinze convives,
foyers, rtissent,
douze sangliers, embrochs successivement
trois minutes d'intervalle, afin que, selon
la dure du repas , il y ait un de ces animaux cuit tout juste point au moment
o il le faudra servir. Rafrachissez dans la
neige le vieux cecube, le falernc de vingt
ans, les vins de Phlionte, de Chio, d'Issa,
le vin capiteux de Lesbos, le vin cuit de
Rhodes, le vin sucr de Mitylnc, lesaprias
qui sent la violette et le thasos qui veille
l'amour endormi . Allumez les flambeaux,
les torches et les lustres, enroulez autour
r:i n pATn E.
Il 9
Appelez
les reprsentations
(\QS comMultipliez
diens, les farces des mimes, les exercices
des jongleurs,
les fantasmagories des magiciens. Donnez des naumachies dans le grand
des courses de
port et dans l'hippodrome
quadriges et des combats de lions. Evoquez
les mascarades
et les cortges o figurent
autoiu" des chars d'or de lacchus et de
Cypris quinze cents satyres, un millier d'amours et huit cents belles esclaves costumes en nymphes et en mimallones 1. Enfin
imaginez tout ce que la pompe asiatique,
la grandeur gyptienne,
la dlicatesse et la
1. Lurain,X, v. 120-180;Ptrone,Aulu-Gelloet Athne,
pnssim.
120
CLKOPATIU:.
CLKOPATRK.
121
se plaisaient-ils
dire, porte pour les Romains un masque tragique, mais il le quille
ici et prend pour nous le masque de la
comdie 2. Les familiers et les capitaines
sans scrupule
d'Antoine, qui partagaient
celte existence voluptueuse et effrne, pensaient moins encore que les Alexandrins
s'en indigner.
Comme Antoine lui-mme,
1. l'lutarque,Anton., XXX.Unemitre historiette,l'apporte aussi par l'lutarque, nousapprendqu'Antoinese dlassait des excslela vie inimitablepar des plaisirsplus
tranquilles,commela pche la ligne. Fort glorieuxmunie
dans les plus petites choseset humilide ne rien prendre,
il s'avisadfaire attacher sous l'eau, par un plongeur,des
poissons son hameon.Le stratagme n'chappapas
Cloptre.Lo lendemain,elle fit attacher l'hameonun
poissonsal que le triumvir relira gravementde l'eau, au
milieudes clats de rire. Du coup, Antoine renona la
pche.
2. l'lutarque, Anton.)XXX.
122
r.LOPATRE.
ils taient
Avec (.lsai*, Clopatre avait jou d'instinct le rle d'une Aspasic couronne, charmeresse toujours, mais alliant la dignit
1. VolliMiis
Patcivulus,IF, M; l'lulnr|iio,Anton.,LX1V
Dion,F,,5.
C\.K0 PAT\\ K.
123
124
CF-KOPATRK.
1. Cf. l'lulnn|u.>,XXVIII,XXX.
vr
120
C-KOPATtlE.
puissant en Italie, ses adversaires taient disperss ou proscrits, elle-mme avait pris la
fuite et allait mourir sans revoir son mari.
Antoine
de l'empire.
la paix,
sang vers, on dsirait ardemment
on fut heureux du trait de Brindes. Afin
d'en assurer l'excution, les amis des triumvirs pensrent les unir par des liens de
famille.
Ils mirent
en avant
l'ide
d'un
r.?-v.o pATn K.
127
sa
enlre
ptre,
remarier
snat
avant
accorda
mois, mai's le
la soeur
dispense
le dixime
une
d'Octave 1.
Antoine sjourna Home pendant presque
toute celte anne IW. Il y vivait en parfaite
avec Octave et s'occupait avec
intelligence
lui du gouvernement
de l'empire. Mais bien
I. l'Iularquo, Anlnn., XXXI,XXXII;Appicu, V, 42-U'i;
Hion, XXLVIII.27-31.
128
CLKOPAllE.
CLOI'ATKE.
129
diffrend
130
i:LKoi*A 11ic.
parut do nouveau imminente. Antoine prpara une descente en Italie, avec trois cents
voiles; Octave, de son cte, runit ses lgions. Si le sang ne coulait pas encore,
les pes taient demi hors du fourreau.
Dans l'espoir d'empcher cette guerre dtestable, Octavie conjura Antoine de l'emmener avec lui en Italie. L'entre du port de
Urindes ayant t refuse la Hotte d'Antoine, ses vaisseaux vinrent mouiller devant
Tareute.
CLV.0 lATHE.
\'.i\
pour
l'Asie
Mineure,
o l'ap-
|:>2
ci,Koi'ATm:.
Les
pelait la guerre contre les Parthes.
deux poux laienl convenus de se retrouver, l'expdition
termine, soit Athnes,
soit Home, o Antoine comptait recevoir
les honneurs du triomphe 1.
De l'hiver de 39 l't de 30, [tendant
trois longues annes, Cloplro resta ainsi
spare d'Antoine. Elle rgnait sur l'Egypte
et sur Cypre, elle avait un fils de Csar et
deux autres d'Antoine, elle possdait des
revenus immenses et des trsors inpuisahles;
mais, dans son orgueil et dans son amour,
elle souffrait de l'abandon du triumvir.
GlopAlre vingt ans n'avait vraisemblablement pas aim Csar qui en avait plus
de cintp.iante. Elle aimait Antoine. Certes,
elle s'tait d'abord donne au triumvir par
calcul, mais elle n'avait pas tard ressentir
pour ce rude guerrier, beau de la beaut
d'Hercule, matre de l'Orient, entour de
tant de gloire et de tant de puissance, la
1. Plutarque, Anton., XXXVI; Dion, XLYII1,5i;
i
XLIX,23.
ULKOl'A'niK.
\'.Y>)
l''i
CM';or Arui:.
temps (pie lui laissaient les crmonies officielles, les audiences publiques, les conseils
de gouvernement
et les confrences avec les
architectes et les ingnieurs. Comme tous
les Plolmes, la dernire des Lagides fut
un
de
constructeur.
Cloptrc que date
C'est
grand
le
du
rgne
Typhonium,
I:.KOPATiti:.
1.Tj
de
Quoi qu'il en soit, l'accusation
Josphe ne prouve nullement que Clopatre
n'ainiAt plus Antoine. Ces complexits du
I. Josplie,XV,h.
1. Sur les relationsle ClopAtroet Wlrorlp,voir
VI.
r.'ipponilioc
CI.KOl'THK.
\'M
oubli
au retour
jours
quelques
pas pens rehkher
Alexandrie,
presque sur
qui se trouvait
sa route. Il cingla droit sur la Syrie. Mais,
par un trange retour, peine Antoine
eut-il pos le pied sur la rive d'Asie, qu'il
sentit
son amour
nire
violence.
se rallumer
11 tablit
son ami
et dpcha incontinent
Fonlius Capito en Egypte pour en ramener
Gloptre. La reine ravie ne pensa pas
son dpart, afin de se faire dretarder
sirer davantngc, comme elle l'avait imaLaodice
Elle s'embarqua
gin cinq ans auparavant.
en hte et arriva Laodice, o elle fut
reue par son ainant avec des transports
CI.finpATHK.
137
1RS
r.LOPATRK.
temps
1. Josphe,XV,h.
seulement,
lorsqu'elle
CLKOPATHE.
130
140
CI.KOI'ATHK.
au coeur de l'hiver. Les lgionnaires marchaient dans la neige au milieu des rafales
on trouvait des
glaces. Chaque malin,
hommes morls de froid. Les vivres manquaient, les routes taient inconnues, la redoutable cavalerie des Parlhes harcelait les
colonnes puises. Dans cette tristre retraite,
laquelle Napolon aurait pu songer avant
de passer le Nimen, Antoine recouvra son
nergie et ses qualits de capitaine : insensible la fatigue et Ja faim, il se multipliait, faisant le mtier d'imperator et celui
de centurion. Toujours au point le plus menac, il livra en vingt-sept jours dix-huit
combats aux Parthes. Le soir, il tait vainqueur; mais, le lendemain, la balaille tait
recommencer contre des forces sans cesse
grossissantes. Quand Antoine gagna la cte
de Syrie, son arme
tait rduite de
mille trente-huit
mille
soixante-dix
hommes. Mais, plus heureux qu'avec Grassus, les Romains rapportaient leurs aigles 1.
1. Plutarquc,An/on.,jXXXVIII-LV;
Dion,XLIX,25-3).
CI.KOPATIIE.
Ml
Clopatre
pas encore
Son
s'imaginait
que la reine ne rpondrait
pas
l'appel d'un vaincu. Accabl par la tristesse, il tomba dans une sorte do langueur.
Il chercha alors s'tourdir
en buvant.
Mais les plaisirs de la table, dont il avait
t si cruellement
priv pendant la campagne do Mdie, ne russirent pas le distraire. Au plus fort de l'orgie, on le voyait
soudain se lever, quitter ses compagnons.
Il allait au bord de la mer, et y restait
de longues heures les yeux fixs sur l'horizon, du ct o il attendait Clopatre '.
La tant dsire arriva enfin,
avec des
vivres, des vtements et environ deux cent
quarante talents d'argent 2. Les distributions
aux lgionnaires,
la rorganisation
de l'arme, le recouvrement
des contributions
obli-
112
CI.tfOPATnE.
GI.KiU'ATHU.
11.')
au nom
de ses intrts
si grave*
U4
CLOPATltE..
CI-KUl'.VillK.
I')
reprochrent
Antoine son insensibilit.
Ils l'accusaient
de laisser mourir de chagrin une femme,
adorable
entre
qui ne respirait
n'est
pie pour lui. Octavie, disaient-ils,
unie loi que dans l'iulrl de son frre,
elle jouit de tous les avantages du titre
et Cloplre, reine de tant de
d'pouse;
toutes,
I4t)
CLKOPATIttf.
CLOPATUE.
117
Arlavasde, sa femme et ses deux lils, chargs de chanes d'or. Arriv devant Clopatre
qui, assise sur un trne chryslphantin,
au Iriomplie,
Antoine arrta son
quadrige cl prsenta la reine les cap!ils
royaux.
Aprs le dfil et les sacrifices,
il donna un immense banquet au [U'uple
prsidai!
d'Alexandrie.
D'normes
autour
Alors
de Cypre.
sort des trois
enfants
Il donna
Clopatre.
qu'il appelait
lllios,
1'tS
CLKOl'ATIii:.
CLOPATRF,.
MO
de
rle,
assise sur
1. Voirl'appendiceVif.
-. l'hitnnjuc, MX.
la reine
une
parcourt
chaise curule,
150
CLKOPATltE.
1. YVHHUS
l'atcivultis,II, 82; Dion,L, 5; Florus,IV,2;
VIII.
Servius,.If/ .Kneid,VIII, v. 008.Voirl'appcmlife
VI
152
CLOP.VTRF:.
scs soldais, dont il tait ador, lui prdisaient la victoire. Glopalre, qui gardait le
souvenir irrit de l'insolent
accueil des
Romains,
dans l'pe
la justice
1 .
pitule
Antoine
brillait
de vengeance. Confiante
d'Antoine, elle jurait dj par
qu'elle rendrait bientt au Ca-
flLKOPATUE.
1?j3
incrimins.
On rappelait
critiqus,
qu'il crasait l'Italie d'impts, on l'accusait
On allait
d'aspirer au souverain pouvoir.
jusqu' dire que le vritable hritier de
Csar tait non pas Octave, son neveu, mais
son propre fils Csarion, et qu'un second testament du dictateur serait produit quelque
jour. Au tmoignage de Dion Gassius, Anformellement Csatoine, en reconnaissant
rion comme fds lgitime de Csar, avait
et la colre
port au comble l'inquitude
d'Octave '.
ses armeCependant Octave patientait:
ments n'taient pas prts et Antoine tait
encore populaire Rome, o il avait conserv
une nombreuse clientle que protgeait sa
femme Octavic. Malgr l'offense qu'elle avait
1. I'liilar.|ue,Anton., LX,LXIII;Dion,h, ,.
IfJl
GLOl'ATKK.
reue d'Antoine, elle lui restait entirement dvoue. En vain, quand elle tait
revenue de Grce, Octave l'avait conjure
d'oublier son mari et de quitter sa demeure;
elle s'y tait nettement refuse. Elle continuait habiter cette maison fameuse, nagure
proprit du grand Pompe, y levant avec
une gale tendresse les enfants qu'elle avait
d'Antoine et ceux de sa premire femme.
Les clients d'Antoine, les amis qu'il envoyait
taient assurs de trouver
d'Alexandrie
prs d'Octavio secours et appui. Elle obtenait
mme pour eux les faveurs de son frre, si
irrit qu'il ft. Elle ne cessait pas, du reste,
de prendre devant lui la dfense d'Antoine,
excusant ses folies et ses fautes, et disant
qu'il serait odieux que deux grands empereurs fissent s'entre-tuer les Romains, le
premier pour venger des offenses personnelles, le second cause de l'amour d'une
trangre l.
Octave qui avait pour devise : On fait
1. Flutarquo,Anton,, LVHI.
CLKOPATHK.
Ifio
assez vite ce que l'on fait bien : sut cleriter fieri quidquid /lot satis bene *, semblait
cder aux prires d'Octavie ; mais s'il ne se
blait pas de dclarer la guerre, il la prparait lentement
et y prparait
11
l'opinion.
surtout
contre
Antoine
sa vie
exploitait
scandaleuse en Egypte, son asservissement
Clopatrc. Antoine, faisait-il dire dans le
le peuple, dans l'arme, n'est
plus un Itomain ; c'est un esclave de la
reine d'Egypte, l'incestueuse fille des Lagides.
Sa patrie, c'est Alexandrie,
dont il veut
faire la capitale
de l'Empire.
Ses dieux,
Snat,
dans
c'est lia au
Anubis
c'est
l'eu-
150
CLEOPATRE.
f.LKOPATHK.
loT
barbus
trouvait
en Armnie
occup ngocier le mariage de son trs
avec Jotapc, fille du
jeune fils Alexandre
roi des Modes. Ils lui annoncrent
par une
Ici Ire qu'Octave pressait ses armnien (s et
Antoine,
qui
do francs) 1.
I')S
CM-:
01ATHE.
CI-KOI'ATIIK.
150
renvoyer
riOgyptienno Alexandrie
jusqu' la lin de la guerre. Antoine le promit. Malheureusement
pour lui, Clopatre
apprit cette dmarche. Moins que jamais elle
voulait laisser Antoine seul, en hutte aux suprmes appels d'Octavic, son heureuse rivale
de nagure ; elle connaissait trop bien l'esprit hsitant et l'Ame faible d'Antoine. Aurait-il la force de se refusera une rconciliation, dsire au camp comme Home, qui
1. Velliusl'aterculns, II, 8t.
1T0
CLKOPATHE.
CLOP.VTRK.
tfil
de parler avant
que la tort lire
l'y ait contraint. Antoine n'tait pas moins
courrouc.
Le lendemain,
Gminius ne se
sentant
pns en sret se rembarqua
pour
l'Italie 1.
1. IMntarquo.Anton., I,XV.
ifi2
CLOPATRK.
La
vindicative
en voulait
Egyptienne
aussi aux amis d'Antoine
qui s'taient
joints Domitius Ahnobarbus
pour demander son dpart.
Sarcasmes, offenses,
insultes, mauvais traitements, elle employa
tout, si bien queSilanus, Dellius (son ancien
amant, dit-on) et Plancus et Titius, tous
deux personnages consulaires, abandonnrent le parti d'Antoine. Autant pour se venger de leur ancien chef que pour se concilier leur nouveau matre, Plancus et Titius,
de retour Rome, rvlrent Octave certaines clauses du testament d'Antoine, dont
la divulgation devait achever de le perdre
dans l'esprit du peuple. Antoine, reconnaissant Gsarion comme fils de Csar, partageait l'Orient romain entre ses autres enfants
et la reine d'Egypte, et ordonnait que mme
s'il mourait Rome, son corps ft transport \ Alexandrie et remis Clopatro. Les
deux consulaires
ajoutrent qu'ils taient
certains de ces dispositions, puisque euxmmes, sur le dsir d'Antoine, avaient lu
ce testament,
l'avaient
CLOPATHE.
103
lOi
C!.KOPATRE.
toutes
d'normes
la presse
arrachant
aux
les
villes
de la
Grce par
et faisaient partout
rquisitions
les quipages,
pour complter
les fils aux mres et les poux
femmes,
vie.
joyeuse
les deux
Toujours
les repas
amants
menaient
les spectacles,
les
les
interminables,
publics,
orgies effrnes. Jalouse du souvenir qu'Octavie avait laiss Athnes, o l'on parlait encore de sa beaut, ClopAlrc voulut l'effacer
par son faste, ses flatteries et ses largesses au
jeux
peuple. Les Athniens peu mnagers dshonneurs, dj quelque peu suranns, dont ils
pouvaient disposer, dcidrent que le droit de
cit serait donn Clopatre et qu'une statue
lui serait rige. Le dcret lui fut apport
1. VelliiisPalerculus,II, 83: IMntanjuo,.lu Ion., LXlll,
J.XIV,LXX1VI;Won,I,, :*,4.
uLoi'.vriu;.
!(>i
La malheureuse
l'aimait
VIII
Antoine n'avait pas renonc son premier projet, qui tait de prvenir la concentration des forces d'Octave en portant la
guerre en Italie. Mais il avait perdu bien
des jours. Au printemps de l'anne 31,
ses troupes et ses escadres tant masses
Actium, l'entre du golfe d'Ambracie, il
prenait ses dispositions pour le dpart, lorsqu'il apprit que des vaisseaux romains rangeaient la cte d'pirc. Ce n'tait que
l'avant-garde de la flotte l'Agrippa, mais la
CLOPATHE.
167
de cette avant-garde
dans les eaux
d'Ocgrecques prouvait que les prparatifs
tave taient trs avancs, sinon termins.
L'heure
de le surprendre
tait passe,
Antoine se dcida attendre, pour adopter
prsence
un nouveau
ION
CLKOl'ATKE.
CLKui'.VTiu:.
10!)
lils manoeuvrires et l'excellence des quipages, qui tous avaient fait, sous Agrippa,
la longue guerre de Sicile. Au contraire,
les gens de mer d'Anloine
n'taient
pas
en nombre suffisant, et la plupart allaient
combattre pour la premire fois. Ses massifs
vaisseaux voluaient difficilement. lia mer,
dit l'hyperbolique
Florus,
gmissait sous
leur poids et le vent s'puisait les mouvoir 1 .
Les Anloniens occupaient la pointe nord
de l'Acarnanie,
prs du promonloire d'Actium, avec un fort parli dtach sur la cte
d'Kpirc, qui y faisait lace. Solidement tablis
dans des retranchements
levs pendant
la passe troite du
l'hiver, ils commandaient
o mouillait leur Hotte.
golfe Anibracique,
Octave avait assis son camp en Kpire, peu
de dislance du poste avanc de l'ennemi,
Antoine avait une excellente position dfensive qui lui permettait de braver indlini1. riuUir<|iii.',
Moins IV,11. Florusporlr
.[ntun.y1-XV1I;
ii ijualiv cenlslosvaissoanxd1Ool;n<\
170
'
Cl,OI'ATHK.
T,LOl'ATUE.
171
172
CLOPATRE.
CLKOPATltK.
il.)
et l'abattement
L'inquitude
gagnrent
l'arme, campe dans un lieu malsain et
manquer
de vivres 2. Un
commenant
jour, Canidius lui-mme, jusque-l si ardent
combattre, conseilla d'abandonner
la flotte
et d'aller guerroyer en Thrace o Dikome,
roi des Gles, promettait d'envoyer des renforts 3. Mais qu'avait-on
besoin de renforts,
puisqu'on tait suprieur en nombre l'ennemi ! Clopatre ouvrit un autre avis, sinon
moins honteux du moins plus sens. Fuir
1. lMim-,XXI,:}.
2. Vi'Miiis
Patnvulns, H, 8\ ; Dion, I., I.'.
:<.IMutaif|UP,
Anton., FAIX.
'10.
171
C|.I-:<H'ATIIK.
ftl.OPATHK,
l7o
vaisseaux pour
rida a brler cent quarante
ceux du
avec leurs quipages
complter
reste do la Hotte. Vingt-deux mille lgionet frondeurs
furent emnaires, auxiliaires
barqus 1. Afin do no pas enlever le courage
aux soldais et aux gens de mer, on leur
cacha que ces prparatifs do combat taient
plutt des prparatifs de retraite. Le secret
fut si bien gard que les pilotes s'tonnrent do recevoir l'ordre d'emporter
les
voiles. Ils rappelrent que pour combattre
on manoeuvrait seulement la rame. Antoine fit rpandre le bruit que l'on prenait
les voiles afin de mieux
l'enpoursuivre
nemi aprs la victoire 2.
Le 2 septembre, au matin, les vaisseaux
d'Antoine, formant quatre grosses divisions,
le chenal d'Actium et, aprs
franchirent
en bataille,
avoir dbouch, se rangrent
face la flotte d'Octave, qui les attendait
huit ou dix stades du rivage. Du ct
l'aile
droite
des Antoniens,
tait com1. Plutarque, Anton., LXX; Dion, L, 15.
2, Plutarque, Anton,LXX;Dion, L, 15.
171'
CI.KOl'.WUE.
pour attaquer
r.l.KOPATHK.
177
178
r.i,op.\TUK.
Dans
Succs cl checs se compensaient.
les deux partis on combattait avec une gale
fureur et la victoire restait incertaine. La
de GlopAlre allait tout perdre.
Depuis plusieurs heure?, elle tait dans la
fivre et dans l'angoisse. Du pont de YAntnmade, elle suivait anxieusement des yeux
les mouvements des vaisseaux. D'abord elle
nervosit
avait espr la victoire. Maintenant, pouvante par le tumulte et les clameurs, elle
no souhaitait plus que fuir. Elle attendait
avec une impatience,
qui s'accroissait de
minute en minute, le signal de la retraite.
Soudain, elle voit l'aile droite s'loigner vers
la cte d'Epire,
l'aile gauche gagner le
large, et le centre, le centre qui la protge,
attaqu, abord, dsuni, rompu, perc par
les liburnes romaines. Alors, paie de sa
mort prochaine , pallem morte fulura ',
n'coutant plus que sa peur, GlopiUre fait
hisser les voiles, et avec ses soixante vaisseaux elle passe au travers des combat1. Virgile,.lui., VIII,v 709.
CLOIWTKK.
171*
fants
l'entrane
180
'
CLOl'ATHK.
1. Velliusl'aterculus,11,85;1;ilur-jue,Anton,,LXXIII,
LXXIV;FJorus,IV, 11}Dion,L, :J3.
IX
CLKOTATIIK.
182
1.
avait quitt
1. .Vlutarqua,Anhn.'j LXXV.
la Grce plusieurs
CLKOPATRE.
!H3
vie.
mer,
181
CLOPATHK.
CLKOPATRK.
1So
1. Stralx)n,XVH,9;Plutarfiuc,
Anton., LXXVI,LXXVII;
Dion,L, 5.
CLKOPATRE.
I80
immdiat
de
nouvelles
troupes,
au palais. La
jours fortuns
d'Armnie. Il
de la dernire
CLKOr.VTRK.
nom. Ils s'appelrent
les Insparables
la mort : "Aryn.r.^xiyyj.viy. l.
187
dans
Le choix de ce-nom
tuaient
tortures,
et que
donnaient
giques
vile
mais
avec, d'atroces
les poisons moins nerd'interminables
agonies.
188
CLOPATItE.
sensation
CLOPATRE.
189
GLOPATRE.
190
aprs,
craignant
CLOPARE.
191
sans effet
Thyrus,
Thyrus
la cour,
et de ses
du juste ressentiment
d'Octave
arrts svres, mais ayant
obtenu sans
peine une audience secrte de ClopAtrc,
il lui dit que son matre l'avait charg de
l'assurer
1. Plutarque,Anton.,LX.XX,
LXXXI;Dion,1:1,G-9.
102
CLOPATRE.
n'avait pas coul sans attention les confidences de Thyrus. Une femme croit arment ces sortes de dclarations,
surtout
quand elle a t beaucoup aime. Clopatre,
il est vrai, avait alors trente-sept ans, mais
en gardait-elle moins de confiance en sa
beaut, si souvent victorieuse? Il est vrai
aussi qu'elle savait qu'Oclave ne l'avait jamais vue, sauf, peut-tre, treize ans plus tt,
Rome, aprs la mort de Csar. Mais son
universelle renomme de sduction ne sufpas inspirer sinon prcisment
l'amour, du moins un vague dsir et une
ardente et attractive curiosit? Clopatre avait
aim Antoine avec passion, mais, autant
que sa force et sa mule beaut, la gloire et
fisait-elle
que
Clopatre
prise
d'une
activit
CLOPATKE.
103
19i
CLOPATRE.
CI.KOl'ATRK.
i!)6
CLOPTRE.
196
comme
minute
un
d'effusion
remords.
Cloptre
poignant
voulut passer les soldats en revue. Elle
les harangua,
et s'tant
fait dsigner
celui qui s'tait l montr le plus vaillant,
CLKOPATRE.
197
une armure
d'or massif.
Antoine revenu l'espoir
n'avait plus
l'ide de ngocier.-Dans cette mme journe,
il envoya un hraut Octave, mais c'tait
vider leur querelle dans
pour l'inviter
un combat singulier, en prsence des deux
armes.
Octave rpondit
ddaigneusement
qu'Antoine
avait plus d'un autre chemin
pour aller la mort. Celte parole, qui inchez son ennemi,
diquait tant d'assurance
frappa Antoine comme un prsage funeste.
Soudain prcipit de ses esprances chimriques, il vit sa situation dans sa sombre
ralit.
comme
un
banquet de funrailles.
Les rares amis qui lui taient rests fidles,
un silence oppress;
gardaient
quelquesuns pleuraient.
Antoine, affectant une confiance qui n'tait
198
CLEOPATRE.
CLOPATRE.
199
tave.
200
OLKOPATRE.
CLOPATHE.
201
0 GlopAtre, je ne me plains
:
Gloptre
plus d'tre priv de loi, puisque dans un
instant je vais le rejoindre. Eros, cependant, a tir son pe, mais au lieu de
frapper Antoine, il se frappe lui-mme.
Brave ros, dit Antoine, en le voyant
tomber mort ses pieds, lu me montres
affranchi
202
I:I,Ko:\vritK.
Il appelle des esclaves, des soldats, supplie qu'on l'achve. Personne n'ose
exaucer sa prire, et on le laisse seul, hurlant et se dbattant sur le lit. Pendant ce
temps, on a averti la reine. Sa douleur
est profonde et ardente, el d'autant plus
cruelle qu'il s'y mle le remords. Elle veut
revoir Antoine. Elle ordonne qu'on le lui
amne vivant ou mort. Diomdc, le secrtaire de Cloplrc, court au palais. Antoine
n'a plus qu'un souille de vie; la joie d'apprendre que la reine n'est pas morte le
ranime. 11se lve, dit Dion Cassius, comme
s'il pouvait encore vivre 1 Des esclaves le
portent dans leurs bras. Pour presser la
marche, les supplications, les invectives, les
menaces sortent de sa bouche avec les
hoquets de l'agonie. On arrive devant le
1. Plularque,Anton.(kXXXlV.
Cf,YellriusPalerculus,
II, 87. Dion,LI, 10et Flrus,IV,11.
CLEOPATl\E.
203
tombeau.
20i
CLKOl'ATHE.
OLKOPATIIK.
20o
accs Antoine,
s'entretenir
seul
laissa
respectueuse
que com12
200
CLOPATRK.
et le rang et l'infortune de la
royale captive. 11 l'assura qu'elle n'avait
rien redouter d'Octave. Reine, lui
dit-il, tu es injuste envers Csar qui lu
veux oler la plus belle occasion de montrer sa clmence 1.
mandaient
CLKOl'ATHK.
207
de
tout mdicament
et toute nourriture.
Octave
en fut instruit. Tl lui fit dire qu'elle oubliait
qu'il avait ses quatre enfants pour otages,
et que leur vie lui rpondait de la sienne.
Celte odieuse menace vainquit la rsolution
de Clopatre qui consentit se laisser soigner 2.
1. Plutarque, Anton., LXXXIX;Dion,LI, il.
2. Plutarque,Anton., XC.
208
Cl.KOPATRE.
!.K0 l\VTIIK.
d'amour,
inspirs
tait
exprim
'-'.00
goureux
lui infligeait,
les atroces
que
marqus
12.
210
CLKOI'ATUK.
comment ton pre m'aimait, lis ces lettres... Oh! Csar! que ne suis-je
morte
avant toi!... Mais pour moi tu renais dans
celui-ci ! Et au milieu de ses larmes, elle
i
1. Plutarque,Anton., XG.
CLOPATHK.
211
rtorquer
l'aide desquels la reine tentait de se justifier.
Glace par l'impassibilit
de cet homme,
mu de ses malqui sans tre aucunement
heurs et de ses tourments,
discutait avec
elle comme un magistrat instructeur,
ClopAlre comprit qu'elle n'avait aucune piti
de nouveau
esprer. La mort lui apparut
comme la suprme
libratrice.
Alors elle
arrta ses plaintes et scha ses larmes, et
afin de tromper
Octave sur sa rsolution,
elle
212
f'.LKOPATHK.
Octave
en partant,
le dernier mot murmur par
ce mot que depuis la prise
Glopatre,
elle se rptait sans cesse:
d'Alexandrie
0!> 0p'.x[/6ej75'xx'.
! Je ne servirai pas au
2!
triomphe
Quelques jours aprs cet entretien,
en piti
familier
d'Octave, prenant
un
une
IM.KOPATRK.
213
si grande infortune,
rvla secrtement
d'Egypte*.
A son retour, Clcoplrc se mit au bain.
Ses femmes la vtirent de ses plus beaux
la coiffrent avec soin et ajushabillements,
trent sur sa tte la couronne royale. Gloun repas magnipAlrc avait command
fique. Sa toilette acheve, elle prit place
1. rlutarque, Anton., XCII.
211
CLOIM
TRK.
table. Un paysan entra qui portait un panier. liCs soldais de garde ayant voulu voir
ce que contenait ce panier, l'homme l'avait
ouvert, avait montr des figues, et ceux-ci
sur leur beaut il les avait
s'extasiant
invits a y goter. Sa bonne humeur loignant tout soupon, on l'avait laiss passer.
GlopAtre prit le panier, fit porter Octave
une lettre que le matin elle avait crite pour
lui, puis elle resta seule avec Iras et Charmion. Elle ouvrit le panier et carta les
fruits. Elle esprait tre pique l'improviste, mais le reptile dormait. Cloptro
Le voil
sous
les
l'aperut
figues.
donc ! s'cria-t-elle, et elle se mit l'exciter
avec une pingle d'or. L'aspic la piqua au
bras '.
Averti par la lettre de Cloptre, Octave
fit courir ses appartements.
Les officiers
de l'empereur trouvrent les gardes leur
poste, ignorant ce qui venait de se passer,
1. Plutarque,Anton.,XRIII;Horace,Cann. I, 37, Properce11,XI;VelliusPaterculus,II, 87;Slrabon,XVII,11;
Florus,IV, 11; Dion,II, 13-14. Voirl'appendiceXI."
CLKOPATHE.
"2lo
la porte
Cloforcrent
et virent
royaux,
plro vtue de ses habillements
couche sans vie sur son lit d'or. Au pied
Ils
du
lit tait
le cadavre
d'Iras.
Charmion
encore.
Penche sur Cloplrc,
respirait
elle lui arrangeait de ses mains dfaillantes
le diadme autour
de la tte. Un soldat
s'cria d'une voix courrouce : Voil
est
Charmion!
beau,
Oui, dit-elle
qui
cela est trs be,:a et digne
en mourant,
d'une reine issue de tant de rois 1 !
Octave fit mettre mort Gsarion, le fils
que l'Egyptienne avait eu de Csar, mais il
se montra clment envers le cadavre de
Selon la prire dsole que la
Gloplre.
reine lui en avait faite dans sa dernire
ct d'Anlettre, il permit de l'enterrer
toine. Il accorda aussi une spulture honorable aux deux fidles esclaves, Charmion
et lias, qui avaient voulu accompagner
leur matresse chez les ombres 2.
1. Plutaque, Anton., XCIII. Clo[)lremourutle 21
msori (15aot, 30 av. J.-C).
2. Plutarque, Anton., XCIX.Cf. LXXXIX,XCX11I,et
Dion,LI, 15.
210
CLOPATHE.
femme
U.KOl'ATKi;.
217
218
CLOl'ATHE.
une anctre
188'J.
luili-scplembru
THD011A
A VICTORIENSAHDOU.
THODOR
2-22
TiiKonoHA.
THKOnOKA.
'22-'$
22i
TiiKonotiA.
TUKOnon A.
22'
en insultant
et en frappant
le?
plaignants. Les formes juridiques n'offraient
nulle garantie. La culpabilit* et l'innocence
s'tablissaient la majorit des tmoins (eoIl s'agissait donc de produire le
jurateurs).
plus grand nombre de tmoins ; on les obtenait, cela va sans dire, prix d'argent ou
par menaces. La loi prononait suivant la
qualit des personnes. Si un Franc a ls
un Romain, dit la loi salique, il paiera trente
sous; si un Romain a ls un Franc, il paiera
soixante-deux sous. l'administration
romaine a succd le plus absolu dsordre. 11
a
cent
chefs
dans
l'Fital,
y
tyrans sur
leurs terres et brigands sur les grandes
routes, ou plutt il n'y a plus d'Flal.
Partout la misre et l'ignorance. On abandonne les lettres et les arts, s'crie (rgoire
de Tours. Toutes les sciences, tous les genres
220
TH01)OHA.
Les malheureux
d'instruction
dprissent.
temps o nous vivons !
L'tat
Les
moral
concorde
avec l'tat
social.
rois
donnent
de tous les
l'exemple
crimes et de tous les vices. Leur politique,
c'est le guet-apens ; leur diplomatie, c'est la
trahison ; leurs finances, c'est l'exaction ;
leur justice, c'est l'arbitraire;
leurs moeurs
prives, c'est le concubinat et la polygamie.
Les chefs valent moins encore que les rois,
et nombre d'vques ne valent pas mieux
que les chefs. Papolus, vque de Reims, se
montra si oppressif que la majorit des
habitants
dserta le diocse ; Fronton, vavait fait empoisonner
que d'Angoulme,
son prdcesseur afin d'arriver
plus vite
du soir au
l'piscopat; Cautinus s'enivrait
matin. On conoit que cette occupation
quotidienne l'empochait de perdre son temps,
comme les vques d'Orient, en de puriles discussions thologiques . Bagdgisile, Sagittarius,
Frodibert,
Droctgisile,
d'autres prlats encore, sont cits pour leurs
crimes et leurs dbauches. Et ce n'est point
THKODOIIA.
227
une Histoire secrte qui les accuse, c'est l'histoire publique; ce n'est point un Procope,
c'est Grgoire de Tours.
Opprime par' sept colonies de pirates
anglo-saxons, toujours en guerre entre elles,
la Grande-Bretagne souffre les pires misres.
La Germanie en est encore l'tat sauvage. Apparemment ce n'est point chez les
Longobards, plus barbares que la barbarie
mme >-, chez les Avares ou chez les Alanians, qu'on trouverait des exemples de
moeurs douces et d'administration
rgulire. A la vrit, les Visigotlis qui occupent l'Espagne et le nord-ouest de la Gaule
sont plus civiliss que les Francs. Pourtant
chaque translation de pouvoir provoque des
meutes sanglantes dans le palais et dans
les camps, et un roi visigoth, dont les
paroles sont rapportes par Paul Orose, dplore que ses sujets soient incapables
d'obissance aux lois, cause de leur indisciplinable barbarie . L'Italie trouve quelque
calme sous la domination de Thotloric,
roi des Oslrogolhs. Mais son royaume, lev
228
TIIKODOIIA.
par la force, disparatra avec lui. Et quoiqu'il joue l'empereur romain, Thodoric
a les procds de gouvernement d'un roi
franc, tmoin Odoacre qu'il convie un festin pour l'y gorger de ses propres mains;
il a les colres froces d'un vrai Barbare,
tmoin le supplice de Boee et de Symmaquc
morts sur la roue.
Quels sont donc, au vic sicle, les hros
de l'histoire? C'est Chilpric, c'est Chlotaire,
c'est Thodoric, c'est Thodat, c'est Alboin ;
ce sont encore Thodebert, Sighebert, BruTous sont despotes,
nehaut, Frdgonde.
tous sont parjures, tous sont assassins.
II
"2;?<l
TiiKonoiu.
cent trente-cinq
villes, on obissait aux
ordres de l'empereur.
Alors que tous les
dans un tal
peuples barbares vivaient
quasi anrrehiquo, l'Empire avait une organisation puissante et complique. Tous les
services taient
militaire
et comprenant l'administration,
la
aux
justice et les finances,
appartenait
parques ou gouverneurs de province, qui
des
relevaient des vicaires ou gouverneurs
diocses, lesquels relevaient des deux Prfets
minisdes prtoires (on dirait aujourd'hui
tres de l'intrieur) rsidant Constantinople.
Chacun de ces magistrats avait un nombreux personnel sous ses ordres ; tel gouverneur d'une parchie d'Orient employait
jusqu' sept cents fonctionnaires et agents
L'effectif de l'arme comptait
six cent quarante mille hommes. Les troupes
dans chaque province taient
stationnes
sous le commandement direct du duc ou du
subalternes.
dpen-
TIIKO|)()ltA.
2'M
'.'t
TIIK0I10UA.
THOno a A.
23;{
TIIKO1)0HA.
labores
sont souvent
injustement
monuments
ces magnifiques
appliques,
puisent le trsor, ruinent les populations
l'arme
qu'on accable d'impts, dtruisent
qu'on ne peut plus payer. Le Consulat n'est
dsormais qu'un titre purement honorifique;
le Snat, rduit souvent au rle d'un conseil
n'a plus que peu de part la
municipal,
conduite de l'Etat; le bon plaisir du souverain et de ses grands officiers se substitue
l'exercice de la justice. Les plaintes des
les prosujets n'arrivent pas l'empereur,
vinces souffrent, et le peuple de Constanlinople se dclare content pourvu qu'il y
ail des distributions
de bl et des courses
dans l'Hippodrome.
Voil ce qu'il faut dire, mais avant de
condamner Byzance, il faut se rappeler la
Rome des Csars. La plbe romaine valaitelle mieux que le dmos de Constantinople?
avait-elle
des
mprisait-elle
sentiments
davantage
plus gnreux?
le Panem et Circen-
TUfinnon A.
ses?
'2'X
k2rt<
T11KO00 IIA.
arme
aux
Arabes
lettres
si
et l'Occident
grecques.
le trsor
des
III
TIIKOl>0IIA.
.f
lont
THOOitA.
dont
:>:>!)
ou u fait
et reconsSainte-Sophie)
truite aprs un incendie par Thodoso II,
les palais impriaux, les glises de Sainle1rne, de Jean Sloudis, de Saint-Stphane,
de Sainte-Aquiline,
et vingt antres encore,
le grand Hippodrome,
plusieurs
amphithtres, cinquante
portiques, huit grands
thermes publics, cent cinquante bains particuliers, des fontaines monumentales,
cinq
greniers publics, un arsenal, de nombreux
difices pour le Snat, les cours de justice,
le trsor et les principales coles, la Bibliocent vingt mille manusthque contenant
crits, enfin quatre mille cinq cents palais
et maisons
de remarque.
Huit
dignes
sources, dont la ciaqueducs et plusieurs
terne de Polyxne, d'une contenance de
trois
cent
^iO
IIIKOlit)IlA.
des Ptolmes, le
Palatin des Csars, le Vatican des papes, le
Srail des sultans, le Kremlin des tsars et
la Ville-Rouge des empereurs de la Chine,
le palais imprial contenait dans sa vaste
enceinte fortifie, qui avait prs de trois mille
mtres de tour, une multitude d'difices :
palais, glises, chapelles, bains, stades, portiques, galeries, casernes pour les gardes,
IlKODOItA.
"2il
demeures princircs pour les grands ollieicrs de la couronne. Des cours dalles de
marbre, (\a^ parterres de Heurs, des bois de
cyprs et de citronniers, des terrasses surplombant la mer, de magnifiques bassins,
des cours d'eau artificiels, de larges escaliers
dcouverts sparaient ou reliaient les diverses parties du palais. Au sud et l'est, les
jardins descendaient en pente douce jusqu'
la Propontidc et au Bosphore. Au nord, le
palais de la Daplm donnait sur les jardins
ainsi que le Palais-Sacr,
rsidence des
empereurs, o s>etrouvait la salle octogone
Au
du trne, nomme le (hrysotricliniurn.
nord, aussi, s'levait le palais de la Chalc,
qui dveloppait sa faade extrieure sur la
place do l'Auguston, vis--vis de Saintese
Sophie A l'est, d'autres constructions
comme un bastion
avanc,
projetaient,
entre les thermes du Zeuxippe et l'Hippodrome ; c'taient l'glise de Saint-Stphanos
et le Katliisma ou palais de la Tribune. Le
Kalhisma se composait d'un atrium, d'un
triclinium, d'un salon de repos, et enfin de
14
1\2
r m';oit oit A.
la d'Hum,qui dominait l'Hippodrome. L'autocralor assistait aux courses cl se mouti'iiit au peuple sans sortir do l'enceinte
de son palais, L'architecte avait dispos la
tribune
en vue le la commodit de l'empereur et aussi de sa scurit. A l'Hippole peuple avait toute libert de
drome,
il prenait
paroles;
parfois toute libert
d'action. Une meute, un coup de main,
redouter. Mais la tribune
taient
imdfier les assauts.
La
priale
pouvait
terrasse du Kathisma s'levait de plus de
dix mtres au-dessus de l'arne, et le py,
sorte de terre-plein en forme de ;:, qui se
projetait en avant de la tribune, auquel
n'accdait aucun escalier et o se tenaient
les gardes, formait une premire ligne de
dfense. Si l'on jetait des pierres, l'empereur se retirait dans le triclinium,
dont
les portes de bronze taient incontinent
fermes, et du Kathisma il rentrait, sans
courir aucun risque, dans le Palais-Sacr.
elle ne paraissait pas
Pour l'impratrice,
dans
la
loge inipriale.
L'tiquette
de la
TIIK<>
OnUA.
-2V.)
214
TIIKODORA.
portait nagure
d'or d'Apollon, avait t rige Delphes
de
par les (Irecs allis en commmoration
la dfaite des Perses. C'est avec une sainte
motion que nous nous sommes approch,
do la
dans PAt-Medan de Constantinople,
Colonne Serpentine, cet antique monunic.it
qui rappelle la plus utile victoire qu'ait
jamais remporte la civilisation sur la barbarie et qui marque la date de l'avnement
du gnie grec.
Parmi les autres merveilles de Py/ancc,
il y avait les termes du Zeuxippc. Chrislo-
TUKODORA.
dore de Coptos a consacr un pome entier
la seule description des statues prises
Rome, Athnes, Olympie, Corinthe,
en Asie Mineure,, qu'on y avait runies.
Toute la Grce antique revivait l dans les
marbres et dans les bronzes des grands
matres: la religion, avec Apollon, Athn,
Zeus et la radieuse thorie des Olympiens;
la lgende, avec Hlne, Achille, Andromaque, Galchas, Amphiaraos;
et la guerre, avec Thmistocle,
la politique
Pricls, Alet l'histoire,
Pindarc,
Pythagore,
Platon
Thuavec
et
24(
TlIKODOUA.
les plaques d'or, les porphyres, les lazuliles, les gemmes, les pierres prcieuses qui
forment l'blouissante dcoration des monuments bysanlins, y servaient de cadre aux
plus beaux chefs-d'oeuvre de l'art grec.
le regard
D'autres constrastes
frappaient
quand on dtournait les yeux des difices
et des statues pour les porter sur la foule
les rues, snateurs draps
qui emplissait
dans la toge antique et ducs des confins
militaires portant l'ample cblamyde et la
tunique de soie broche de figures, cataphraclaires tout couverts de mailles de fer
et scholaires de la garde cuirasss d'or, clarissimes en laccrnes franges et mdaillons brods, et artisans ayant encore, comme
aux temps des rpubliques d'Athnes et de
Home, la tunique brune sans manches. Aussi
peuple que l'avait l Rome, Constantinople
avait, outre son immense population indigne, une population flottante considrable.
Le monde entier affluait Byzance. De toutes
les parties de l'Empire, de l'Europe, do l'Asie,
(h; l'Afrique,
les marins, les
accouraient
TIIKODORA.
24"
de bronze du Mauritanien.
IV
TKKODORA.
219
2oO
DOUA.
THO
seulement
TIIUUOUA.
2ol
gracieuse
Z'J-^ZOK.O;/.V. siyxy.; comme
le mme crivain
secrte? D'aprs ce
tait un peu petite
trs pale; ses yeux
un incomparable
2"i2
TIIODOIIA.
compta par
ses amants d'un
centaines
le nombre
de
THODOUA.
la dbauche antique
mies. Auprs d'elle
dans
S>.>J
loules
Messaline
nente.
A mener
qu'insensible
emmena Tliodora dans la Cyrnaque, dont il venait d'tre nomm gouverneur. Hcbole pouvait esprer d'ailleurs
l'opinion,
que la rputation
de Tliodora
n'avait
pas
pntr jusqu'en Afrique. Le gouverneur se
11
fatigua vite de celte indigne matresse.
la chassa, et la malheureuse
tomba dans la
plus triste misre. Klle courut toutes les
villes de l'Afrique orientale, depuis Cyrne
en vivant de prostitujusqu' Alexandrie,
dit Protion, Vieillie et fane, porlanl,
npe, sur son corps et sur sou visage les
la'
2ol
THEODORA.
TIIK01)0IIA.
2bo
au
aprs
la mort
d'Anaslase
(ol8).
2o6
THKODOR.V.
Le nouvel
Justinicn
en
snateur,
empereur
rcompensa
le nommant
coup sur coup
stratge, patrice,
gouverneur
(honorifique)
de l'Afrique
et de l'Italie,
enfin
strutlatc,
du palais 1. Ce fut
comte des gardes
tait revtu de
l'poque o Justinicn
ces dignits (vers 521) que la fortune
Thodora
sur le chemin du neveu de
Il s'prit d'elle, et l'on peut
pereur.
de sa vertu
qu'il triompha facilement
Au demeurant,
il faut
reconnatre
toutes
mit
l'emcroire
2. ,
que
TIIODORA.
257
comme
hritier
du
line
le
2'iS
THODORA.
Mais
sa
mre
THODORA.
259
ni
dienne, ni la fille d'une comdienne,
toute personne abjecte ou de basse extraction *. fiuphmie tant morte en 823, Justinien obtint de l'empereur l'abrogation
de
la loi, et, sans gard pour les larmes de
sa mre qui, dit-on, mourut
de chagrin,
il pousa publiquement
Thodora 2.
Trois ans plus lard, le vieux Justin, dj
plusieurs fois sollicit, par le Snat d'associer Justinien l'Empire, mais qui, jusquel, croyait encore avoir de longs jours de
Le jeudi
vie, se sentit prs de mourir.
saint, 1er jour d'avril 527, l'empereur manda
dans sa chambre
Justinien et
d'agonisant
Thodora et, en prsence d'une dpulation
du Snat, il leur donna le titre d'Augustes.
Le jour de Pques suivant, les deux poux
couronns
Saintefurent solennellement
Sophie par lo patriarche piphano. Ils allrent ensuite recevoir la conscration populaire dans l'Hippodrome,
qui, en certaines
1. Rcsoritdo Constantin,Codex,V, S, 23.
2. iVocope,llistor. arcan.,\. Cdrendus,I, p.. 300.
2G0
THODOIU.
Pas >un
servait, de forum.
.murniu're,
pas un mot do blme ne s'leva
de la foule. Au contraire,
des acclama
.'.
Justinien et sa
tions unanimes
accueillirent
femme, et le peuple les porta en triomphe
palais imprial 1. Nul dans le Sjusqu'au
circonstances,,
des Romains,
et les magistrats,
111KOUOitA.
V2(JI
fidle
et sa
1. Justinien, NoccllaVIII
f>.
mme
o cha-
calomnies
embarrass
d'un
de
dcider.
: Testis umts, testis mdluSfU. aussi son autorit en histoire. Et quel
est ce tmoin
contre
unique
qui dpose
L'axiome
de droit
THODORA.
263
201
TMIKODOIIA.
de le
srieusement
et entreprend
a paru si prodiprouver 1? La palinodie
gieuse que plusieurs critiques du xvncsicle,
du xvnFsicle et du ntre mme, ne pouvant
ont conjeccroire cet excs d'impudence,
tur que Procope n'est pas l'auteur de l'Histoire secrte 2. Bien qu'ils aient invoqu
l'appui de cette opinion des arguments assez
srieux, le tmoignage de Vicphore Calliste
et de Suidas fait foi 3, et il reste tabli que
mainc
r ilKo Ho uA.
2Go
2Gfi
THODORA.
il'exactitude
dans son histoire. Malheureusement, pour ce qui regarde son rcit des premires annes de Thodora, on manque de
tout lment srieux de contrle, puisque les
rares tmoignages
qu'on peut opposer
moins d'admettre,
des
Verts,
cirque
ce qui est possible, qu'cacios, le pre de
Thodora, vint de Chypre Conslantinoplo
et y devint gardien de cirque. L'auteur anonyme des Antiquits de Constantinoplc dit que
fit lever l'glise de Saintl'impratrice
d'une pauvre
Panlalmon sur l'emplacement
THODORA.
2fi7
demeure o elle avait vcu nagure du pnible mtier de fileuse de laine 1 : voil pour
dtruire la lgende de la courtisane,
moins d'admettre,
ce qui est galement
possible, qu' son retour de
o elle s'tait fait oublier du
de Byzance, Thodora vcut
nes Gonstantinople dans la
travail.
la Pentapole,
monde galant
quelques anretraite et le
Ces tmoignages
sont donc de peu de
poids. D'autre part, si, comme nous l'avons
dit, on doit reconnatre la vracit relative
de Procope dans la partie do YHistoire
secrte qui concerne le rgne de Justinien,
comment admettre que les pages qui relatent
la jeunesse de Thodora soient de pure invention? C'est l,
la seule raison
qui puisse Taire
rcits de Procope
future impratrice.
208
T1IODOHA.
THODORA.
209
270
TuronoRA.
tonner
de la rvolte
des
toutes
prodiguait
n'ait pas ramass
dans la vie passe
jeter
la face de
# N'est-il
enfin
pas surprenant
qu'aucun
chroniqueur
byzantin ne parle de
la jeunesse de Thodora,
et plus surprenant
encore que les crivains ecclsiastiques,
les
Cyrille, les Pelage, les Kvagre, les Victor de
Tu nues, les Librt, les uastase, les Nicpliore Calliste, tous si hostiles l'hrtique
ne
ennemie
du concile de Chalcdoine,
fassent point intervenir
parmi leurs maldictions
renomme
les souvenirs
de celte abominable
Conslantinople?
VI
Le rgne de Juslinien
s'annonce comme
un grand rgne. A Conslanlinoplc, dans les
sur les frontires
s'lvent de
provinces,
nouveaux difices et de nouvelles forteresses.
Le faubourg
des Syqucs (les Figuiers),
agrandi et embelli, devient le quatorzime
quartier de la cit ; la ville de Palmyrc renat de ses ruines, plus magnifique qu'auparavant; une nouvelle couche d'inscriptions,
tmoignant de lit puissance de l'empereur
et de l'ordre de l'Kmpirc, couvre la (irce,
272
THODOiU.
nonjm
jusTriavec
questeur,
entreprend
la recension des lois
dix-sept jurisconsultes
Le code justinianen
romaines.
rogne dans
Les rapports do l'glise et do
tout l'Empire.
l'tat, les prsances entre l'vque db Rome
et le patriarche
de Conslantinople
sont rgls. Blisairo et Sittas, dont Juslinien a eu
lo mrite do dcouvrir les qualits militaires,
alors qu'ils servaient
officiers subalternes
'IKUltOHA.
"27:{
i>7
r MKOI)oit A.
et ses prrogatives '. On a prtendu que chacune des deux factions reprsentait tel ou tel principe politique, telle ou
telle opinion religieuse 2. C'est une simple
conjecture quoi l'on pourrait opposer plus
1. Cf. l'rocope,de lidlo l'ersic, 1, x\iv. Cassiodore,Vur.
Episl., m,5l. Lebeau,Jtistoircdu V .Jnpire, vur, p. 181.
Kruuse,die Ihjs'inlinerdes Miltclaltcrs.llainbaud, le Sporl
cl l'Hippodrome Constanlinoplc(Revuedes Deux Mondes,
15aot 1871),etc A l'origine,il y avait quatre factions,
les Bleus, les Verts,les Hougeset les Hluncs;au vi' sicle,
elles s'taientrduites deux.
ii. liaronio,AnnulesKcclsiast.,l\,p.53'i.l'aparrigopoul'j,
Histoirede la Civilisationhellnique,p. 157-160.
ru KODOn A.
d'un
275
fait.
comme l'empereur,
Cependant,
qui avait les mmes passions que ses sujets,
avouait gnralement
ses sympathies pour
l'un ou l'autre parti, il arrivait que les mse mettaient parfois dans le parti
Ainsi, sous un empereur qui tait
un
Bleu, la victoire des Verts devenait
triomphe pour l'opposition. Mais cette opposition, mieux dire celte fronde, ne reposait
sur aucun principe et n'avait d'autre but,
en gnral, que le remplacement
d'un micontents
adverse.
d'un
parti
pour
accabler
le parti
"270
TH01)OitA.
adverse
d'exactions
et de maud'injustices,
vais traitements.
Ces hommes sachant que
les plaintes des Verts seraient mat accueillies
au
sans risque
la
hravaient
palais,
haine et les maldictions.
Il n'y avait pour
les Verts aucune garantie dans l'administraDe
tion, aucune quit dans les tribunaux.
leur ct, les Bleus, srs de l'impunit,
molestaient les Verts en toute occasion. Les
partis ainsi surexcits en venaient aux mains;
le sang coulait souvent dans les rues. On
pouvait craindre le retour des dsordres de
l'anne
Constantinople
Antioche
'. Justinien
savait-il
dans quel
tat se trouvait
la capitale ? L'empereur
vivait comme isol dans cet immense palais;
les bruits
jusqu'
vnements
pas
des
et de l'opinion
T11KOIMJU
A.
277
16
vu
Le 13 janvier
532 *, premier
jour des
ides de l'anne,
une foule plus nombreuse
encore
l'ordinaire
envahit
qu'
l'Hippodrome.
Cent
mille spectateurs
prennent
dans
et se pressent
place sur les gradins
les promenoirs.
On commence
les cris et
les chants, on dploie les bannires
bleues et
vertes
des, factions.
Bientt le patriarche,
les
TilKo no nA.
;27)
w28t>
TiiKonnitA.
donne
l'ordre
TIIODOIU.
"281
I
10.
VJS:2
IIKODOUA.
TUKODOltA.
Vous allez mourir
28't
ilors :
Les Bleus interviennent
Vous seuls (Mesdes assassins !
Non, c'est vous!
Non, c'est vous, vous seuls!
Qui a donc, hier, tu le marchand
bois ?
C'est vous 1
de
nous
'>'!
TIIOnoitA.
ce
qui resteront plus longtemps
s'crient
d'une seule voix les
spectacle!
Verts, et aprs avoir profr cette imprcation, ils quittent tous l'Hippodrome 1.
C'est la plus grave offense la majest
Justinien
rentre
aussitt
dans
impriale.
son palais, et les Bleus se retirent leur
tour. On n'tait encore qu'au milieu de la
Le prfet Eudmon,
irrit de la
journe.
scne qui s'est passe au cirque et dont il
craint
de porter
la responsabilit,
veut
faire un exemple et surtout veut faire du
1. Tliophane,p. 155-150: Chronique Paschale, p. 130137.
TUKODOHA.
v28o
zle. Par ses ordres, on arrte trois individus plus ou moins souponns d'tre les
assassins du marchand
do bois et du fils
et
d'Kpagathos. On les juge sommairement
on les condamne mort. Des soldats de
police les entranent dans le vieux Byzance,
sur la place des excutions.
Devant une
masse de peuple qui contient peine sa
fureur, le bourreau pend le premier condamn. La corde casse sous le poids du
se
second. La population applaudit,
sur les gardes, dlivre le patient ainsi
le troisime prisonnier.
On les jette
une barque qui les dpose sur l'autre
jette
que
dans
rive
28'i
vanl
Nii':ni)onA.
le
pour demander
ne
L'empereur
La populace s'apalais du prfet
Kudmon.
Celui-ci la fait charger
par ses
gardes. Un combat
s'engage ; les soldais
sont massacrs,
on met le feu au prtoire.
Pousse par le vent, la flamme gagne les
palais imprial
la grce des prisonniers.
donne pas signe de vie.
le
meute alors devant
maisons
voisines.
Les meuliers
courent
aux prisons, en brisent les portes et jettent
hors des geles l'arme des sclrats. Celle
cume humaine se rue au pillage et l'in N-/.a ! Nfr.x ! (Sois vaincendie, hurlant:
cri de ralliement
adopt parles
queur!)
meuliers 1.
Le lendemain,
14 janvier,
le flot populaire battait les portes du palais. Deux personnages de la cour tentent de parlementer
avec, les rebelles. Mille voix crient : Tribonien!
THEODOUA.
287
Juslinien
THODOHA.
288
de tisons enflamms,
pierres, d'ustensiles,
tombe sur les soldats de Mondon. Ils se
retirent en dsordre vers le palais 1.
Les deux jours suivants, 1G et 17 janvier,
le feu fait de nouvelles ruines, les rebelles
font de nouvelles
victimes. On gorge ou
l'on jette au Bosphore tous les individus
de l'empereur.
d'tre partisans
souponns
des orfvres aprs
On incendie le quartier
La population
en avoir pill les maisons.
riche migr en masse et se rfugie sur la
rive
d'Asie.
l'Octogone,
avec toutes
le
les
ses
Thermes
statues,
le
public,
portique
hpital, qui retentit d'horribles
Le 18 janvier, sixime jour
du
l'asile
grand
hurlements 2.
de l'iiisurrcc*
2'J
Nurses tait
l'eunuque
soudoyer un certain nombre de
de faire renatre
la division
insurgs. Justinien crut que sa
lion,
parvenu
Bleus, alin
parmi les
vue et une
le peuple
apaiseraient
promesse d'amnistie
rvolt. La multitude
tenait dans l'Hippodrome une assemble tumulluaire.
Soudain
escort de gardes nombreux,
la tribune,
tenant entre les
apparut
mains le livre des Evangiles :
Par ce livre sac r, dit-il haute voix,
l'empereur,
Justinien
Thodora
foule,
et
sou pouse,
I se firent entendre
bientt
couverts
par
l'Augusla
dans la
les hues,
17
les
v-200
TlIKOnOKA.
THK0 D0HA.
5>',l
I
dit-il, que nous ayons plus d'armes. D'ailleurs, Justiiiien ne songe pas nous attaquer. Bientt, il sera trop heureux de fuir
pour sauver sa vie. Si nous ne nous pressons pas de combattre, nous triompherons
sans combat. On coute l'avis, et pour
continuer la parodie du couronnement,
on
entre dans l'Hippodrome.
hiss
Hypatius,
sur la tribune impriale, reoit les ovations
de ses nouveaux
sujets '.
au fond du
Palais-Sacr,
Cependant,
Justinien est dans des affres gales celles
de la mort. Concessions, rsistance, menaces
de chtiment, promesses de pardon, embaude soi-mme, il a tout
chage, humiliation
rien n'a russi. Du cot de la
employ;
Chalc, les llammcs environnent son palais;
du cot de l'Hippodrome,
il entend
en
tremblant
les cris de mort profrs contre
lui et les acclamations
qui sacrent son successeur. On vient de piller l'arsenal, et les
s'arment.
Justinien
n'est spar
insurgs
1. l'rocope,ticliillo l'emc, I, NXIV;M;ila1;i,
p. \V>; Chntnique l'asrhali},p. 338; Zonaiv, XIV(0.
TUKODIIA.
"2VI2
du la foule furieuse
que par la porte de
Contre
un peuple
bronze du Kathisma.
entier que lui reste-l-il pour se dfendre:
de Ulisaire,
deux mille
mille vtrans
de Mondon '. Quant sa garde,
larbares
soldats d'antiet eubiculaircs,
domestiques
il n'a
chambre et comparses de processions,
jamais pu compter s:ir sa fidlit. Justinien,
fut
un
par l'pe des
conqurant,
qui
autres, n'avait pas le courage militaire.
le courage civil.
Il n'avait pas davantage
Dj il se voyait tran demi mort au
supplice, comme un Yitcllius, au milieu des
coups et des hues.
Il runit en un suprme
conseil ses mises gnraux,
les
familiers,
et palrices qui lui sont
quelques snateurs
rests fidles. Chacun est appel dire sa
Le dpense devant les deux souverains.
a gagn
les coeurs les plus
couragement
nistres,
ses
I. tNtuojn.
1, (lu Hrdi)l'ersio.f I, x\iv; Tliiipliunc,p. IJS,
TIIK0D0R.4.
293
c294
TIIKODOIIA.
que la pourpre
est un beau
ranime
virile de Thodora
L'loquence
les coeurs. Uliles courages et enflamme
saire retrouve son coup d'oeil de capitaine.
Les rebelles se sont enferms dans l'Hippoce sera
drome comme en une forteresse;
La pourpre d'IIypalius
sera
le sang de ses partisans. Trois mille hommes
lidles, llrules de Mondon et vtrans de
leur tombeau.
TIIODORA.
295
Blisairo, cernent le cirque; les uns s'emparent des issues, les autres gagnent par
les promenoirs qui
les escaliers intrieurs
De cette
rgnent au-dessus des gradins.
ils criblent de flches
position dominante,
les partisans
d'Hypatius,
qui se pressent
dans l'arne. Les plus hardis des rebelles
tentent plusieurs fois l'assaut; ils sont chaque fois repousss. La; foule veut fuir par
les vomitorkit mais ce sont autant de dfils
o dix hommes en valent mille, et ils sont
do Mondon.
Les
gards par les llrules
premiers rangs des fuyards tombent sous
les piques : une muraille do morts obstrue
chaque ouverture. La multitude affole tournoie en dsordre sous la grle des traits
immojusqu' ce qu'elle soit emprisonne,
bilise par ses propres cadavres. Les soldats
descendent dans l'arne, les pes achvent
l'oeuvre dos flches. Go combat misrablo se
termine par regorgement.
Le sang ruisselle
on torrents'.
1. Procopc,de BeltoPenic, l, 24 ; Malala,p. 470; ChroniquePaschalc,p. 339;Tliophane,p. 158;Zonara,XIV,(3.
Til Kn nn n \.
l29f>
Le
trs avant
carnage continua jusque
dans la nuit. Tvres do sang, les soldats barbares turent tant qu'il resta tuer. Les
jours suivants, il fallut enterrer trente mille
morts 1. De tous ceux qui taient dans l'Hipsauf H.ypapersonne n'chappa,
podrome,
tius et son frre, que les soldats curent la
cruaut
d'pargner
pour les traner aux
Trois fois Auguste,
de
Juslinien.
pieds
s'crirent-ils
en se prosternant,
c'est nous
qui t'avons livr les ennemis, car c'est par
nos on 1res qu'ils se sont runis dans le
cirque. Juslinien,
qui ne hvmblaif plus,
avait recouvr sa prsence d'esprit : ("est
avec un cruel -propos;
bien, rpondit-il
sur
mais puisque vous aviez tant d'autorit
vous auriez bien d en user
ces hommes,
avant qu'ils eussent brl ma ville. Kt il
de mener au supplice les deux
commanda
neveux
d'Anastasc'-'.
vin
les hond'Orient.
n.
208
THODURA.
Et qu'laient-ce
d'or,
que cos monceaux
de perles cl de pierreries,
ce merveilleux
de la rive d'Asie (l'Hron)
o
palais
Thodora
rsidait
pendant l't, ces thermes magnifiques
o elle se reposait de
cette foule de suivantes
longues heures,
et de serviteurs?
Qu'laient-ce
que ces
hommages des grands de l'Klat et des ambassadeurs
lrangers,
qui n'approchaient
s'tre prosterns et
l'impratrice
qu'aprs
lui avoir bais les pieds? Qu'laient-ce que
ces statues
riges sa gloire, ces six
villes portant son nom : Thodorias, Thodora, Thodoropolis?
Qu'taient-ce
que cette
cour de patrices, de snateurs, de magistrats,
cette escorte de quatre
mille gardes qui
Thodora aux eaux chaudes
accompagnrent
de Bithynie,
ces arcs de triomphe
levs
sur son passage, ces palais construits
pour
la recevoir 1? Qu'laient-ce
que cc,^ trsors,
1. Novclla: VIII, XXIX;Codex, VIII, 37, 3; l'nxopc,
Hist. arcan., Vlll, IX, X, XIII, XIX,de difie, xi, IV, vi,
vu, VI, v, Maliilii,p. 'i80; Tlicophanc,p. 161, Agalliiiis,
V, ..
TUKOitORA.
c299
confirl'Em-
300
TMKliltOHA.
pire dclina
aprs la mort do Thodora.
avec
Donc, sans aller jusqu'
prtendro
Brunet do Prcsles, ce matre es choses de
ft l'Ame des
Nyzanco,
que Thodora
' , il faut nanmoins
conseils de l'empereur
cette femme une part imporattribuer
tante
dans
architecte
l'oeuvre
de Juslinien
lgislateur,
et conqurant.
aux hommes,
Thodora,
peu clmente
tait connue pour sa sollicitude,
sa misricorde, sa faiblesse mme envers les femmes 2.
C'est ainsi qu'elle se mlait volontiers
des
et qu'elle
intervenait
dans les
mariages
mnages dsunis. C'est ainsi qu'elle contraid'une province
gnit Artaban,
gouverneur
vivre avec sa femme; qu'elle
d'Afrique,
accueillit avec faveur les malheureuses
filles
roi des Vandales; qu'elle se mond'Hildric,
tra trop indulgente
femme
pour Antonina,
1. Brunet de Presles,la Grcedepuis la conquteromaine,
p. 66.
2. Procope,de Bello Goth.,III, xxxr. llisl.arcan., VIII,
IX, XVII; et le notes d'Al*manni.
TlIKOhOltA.
.'101
1. Procopc,deDelloGolh.,III, xxxr,deRelloVanclal.,\\,
ix, Hist. arcan., I.
2. Codex,I, iv, 33, V, xvn, 2; Xove'lrp\, 7, H, 15,
22, 51, 72,117,134,140,etc.
102
TUKO11ORA.
TilKoiio nA.
'M\
H<H
TMKOno IIA.
Pour
la guerre d'Afrique'.
l'expdition
d'Italie, elle avait une autre raison. Ne pensait-elle pas que Rome .soumise ses armes,
c'tait le
'tait le pape sa discrtion,
triomphe de ses opinions religieuses ? Les
guerres engages,on dcouvre souvent l'acl ion
de Thodora dans les ordres
toule-puissanle
les
el aux ambassadeurs,
aux gnraux
les envois de
et les nominations,
rappels
On
renforts, les ngociations diplomatiques.
sent que les affaires sont menes par la
pelite main qui, au moment de la reprise
des hostilits
avec la Perse,
signail celte
lettre Zabergans : Je suis convaincue,
depuis la mission que tu as remplie auprs
de nous, de l'intrt que tu portes nos
cette opinion en
Tu rpondras
intrts.
au roi Ghosros de prendre enpersuadant
vers notre empire (h r^zHpxt rr,v r>o\r.ilm)
Si tu y russis,
des dispositions
pacifiques.
rcomles plus magnifiques
je te promets
I. Procope, de Bell. YatiilaLyI, x. Histor. nrcan., II,
XVII.Thophane,p.ir>9-ir>0.
TlIKODOItV.
M*
TIIKODOKA.
:>IMi
Thodora
('appadoce,
no hassait
nomm
la rpression
d'Orient
aprs
do f>32. Mais, l'gard d'un
elle ne pouvait employer
personnage,
prtoires
l'meute
do
tel
des
procds aussi simples. D'autre part, Juslinien tait sourd toutes ses reprsentations,
toutes ses prires, toutes ses calomnies,
en admettant,
ce qui est douteux,
qu'on
Thodora
put calomnier Jean deCappadocc!
abominable.
Antoconut une machination
nina, qu'elle avait forme tre sa complice
docile et toujours
prte, eut un entrelien
secret avec Jean de Cappadoce;
des griefs de Blisaire contre
des grands
demanda
au prfet d'entrer
ration qui se tramait pour dposer
l'empeet les flatreur. Sduit par les promesses
teries, le Gappadocicn accepta un rendez-vous
qui devait tre dcisif, dan une maison situe
hors des murs.
Justinien,
que l'on n'avait
envoya Narscs et
pas manqu de prvenir,
comte des gardes, pour assister,
Marcellus,
mcontentement
TUKODOiu.
:i07
;nS
TUfinno n.\.
IX
THOHOIIA.
310
eiplins
toujours
ut
o, le
donn
TIIKODOUA.
.'Ml
Tliodora avait d'abord repouss les homelle lui tmoigna soumages d'Anlonina;
dain beaucoup
do faveur,
la comblant
de prsents et lanommantsurintendanle
de
la garde-robe.
C'est que la tyrannie ne va
Les grands succs
pas sans le soupon.
militaires de iJlisaire, sa popularit dans
l'arme et dans le peuple, inquitaient
les
souverains.
On avait bien fait un Csar
d'un grossier soldat comme Justin, ne pouvait-on pas faire un empereur d'un conqurant comme Rlisaire? D'autre pari, se
car
priver de ses services tait dangereux,
il fallait compter avec les Goths, avec les
avec tous les
Perses, avec les Vandales,
Barbares qui menaaient les frontires.
Or,
dans l'trange mnage de llisaire et d'Anavait trouv une sautonina, l'impratrice
En
vegarde, un moyen de gouvernement.
s'attachant
Thodora s'attachait
Antoninu,
Blisaire, et par Jlisaire elle tenait Anto*
nina sa discrtion.
Aider la femme
cacher
ses dsordres,
dvouement ; possder
.'12
TUKUlMHt
A.
s'assurer
sa fidlit '. Au reste, Tliodora
n'eut garde d'abuser
du pouvoir qu'elle
avait ainsi acquis sur Hlisaire. Le gnral
fut plusieurs fois relev de son commandement pour divers molifs, souvent pour
recevoir un commandement
plus important,
mais les deux disgrces qu'il subit, et
dont l'une dura plus de huit annes, furent
la mort de Tliotoutes deux postrieures
dora. Ds que Juslinien rgna seul, d'auti;es
la tle des arremplacrent
capilaines
mes Hlisaire oubli. Il fallut l'arrive des
Harbares
nu: oiun A.
',\\:\
1. IVocopi,
llhl. arcun.,lV. Cf. de lkllo l'ers., Il, XXI.
Voir.'.'appendice
XIV,
2. CyrilledcSc\tliopoli^,cil(';
dans 'Histoireccclijiinstiquc,
VII, p. 298,
18'
.'l-i
Tiionou.v.
315
THODORA.
russit
faire
l'impratrice
quelquefois
nommer patriarches ou voques des reprsentants de la doctrine d'Eulychs:
Svre,
Thodosc, Nicrss. Mais, sur les
Anthyme,
injonctions pontificales, ils ne tardrent pas
tre dpossds de leur sige 2.
Thodora
ne s'avoua
pas
vaincue.
Klle
t. ChroniquePaschalo,p. 3*2.
2. IVoeope,
llislor.arcttn., X, XI, XVIII,XIX,elles notes
d'Alemahni;Librt, lirevitirium,XX; Vittor do Tnmes,
p. 95.
.'110
TIIKODORA.
concile
de
successeur
ambitieux,
promis
synodaux.
el exil en
Silvre
cependant,
ayant appris ces vnements, donna l'ordre que Silvre ft ramen
Home et rtabli dans son ponlilicat. Mais le
nouveau pape, averti temps, se saisit de son
prdcesseur et le fit interner dans l'le de Portia, o il le laissa mourir de faim 1. L'histoire
a durement reproch Thodora d'avoir fait
linien,
THKODOUA.
317
leves par le peuple, des inscriptions places dans les glises glorifirent
sa mmoire. Victor de Tnmes, qui ne
pouvait pardonner l'hrtique et la perscutrice d'un pape, crivit que le cancer
tait un chtiment
dont elle fut atteinte
du ciel 3. Mais Thophanc dit qu'elle mourut
pieusement 4, et Paul le Silentiaire la met
au rang des saintes \
L'loge n'est point seulement excessif, il
porte faux, (le n'tait point une sainte
1. llht. Kcclsiaislitjuo,
VII,p. 'i57.
2. l'rocopc,de liclloPersic. Il, 30;'liop]iano,p. 1U1.
:). VictordcTumu'S,odil. Miguo,p. 9r>8.
S. Chionorjrapfiia,
p. 191.
b. DescriptioSnnrliv Sojihitf publiiV pur J)u Cmijfe,
V. fi8-Ct.
IS.
MIS
IIKODOKA.
rsigne qu'il fallait pour compagne Justinicn, c'tait une femme d'Ame virile qui
son courage et sa fermet.
lui communiquai
des vertus d'une
n'eut aucune
Thodora
de celles d'une
sainte, elle eut plusieurs
souveraine.
Mais les vertus gouvernementales n'allrent
pas chez elle sans les dfauts et les vices qui en sont parfois les
consquences.
Magnifique, elle fut prodigue;
elle
habile, elle fut perfide;
autoritaire,
fut tyrannique;
elle fut sans
ambitieuse,
et sans pili. Que la destine
scrupule
garde les peuples des Thodora, mais qu'elle
les donne parfois aux empires ! Le jour
de la rvolte des iXikales, une sainte se ft
avec son poux dchu du trne.
embarque
Ce jour-l,
Thodora
rappela
l'empereur,
les magistrats,
les gnraux au premier des
devoirs d'itat : la rsistance l'meute.
Dcembre1884-Janvier 1885.
APPENDICES,
APPENDICES
322
APPENDICES.
Il
O'aKti 10, ligne 18.)
C'est une expressionde l'lutarque (Perivlv*,XXIV),dont
le sons est 1res discutable, qui a \raiscmblabloiiienldonn
lieu l'opinionque l'ricls pousaAspasic.Voicile texte:
nxoli o'.'x^...'j-; O'(l'ricls)tr,v 'AiJtowxv).*3COV
pivtw;. Or, d'une part, X;x6vitvne signifie que par
extension: prendre en mnria'je. Absolument, ce verbe
signifie: prendre. On peut louetraduire : l'ricls ayant
pris Aspasic(ous-entendu: chez lui) l'aimaavec passion.
D'autre part, en admettant que l'iularque ait effectivement
voulu dire que l'ricls ivr.it cliezlui Aspasicen qualit
d'pouse, il est permis de croire qu'il a mal interprt le
passage du Trait de la volupt,d'Ilraclide de l'ont, qui,
manifestement,lui a servi de renseignementsur ce point.
Ce passage, qui nous a t conservpar Atlinc(XII,45)
porte simplement : ...<;>/ctT (l'ricls), t^t 'Aaitaiti;
-:>,;iv. MypwvTaif/x;... ...l'ricls habita a\cc Aspasic,
riitaire de Mgares.o 11n'est pas ici questionde mariage;
et, entre l'assertiond'Ilraclide,de quatre siclesantrieure
celle de 'iularque, et bien plus cuCniine aux nueurs
athniennes,on ne saurait lio-iiter.
AI'PKNIWCKS.
323
m
(Page 33, ligne 21.)
Nuus ne voulons pas engager ici me discussionsur le
procsde Phidias,qui a suscittant de conlro\crses.Nouslouonscependant dire quesinous sommesrevenu lavieille
tradition, repousscpar Sauppc (Goettinr/erNachrichten,
J807,p. "3) et Miiller-Striibbing
(Die Lcgerutenvom Tod>:
(1er l'heli'is, Jarbiicher fur ClaxsischePhilologie,1882,
p. 289,sqq.)et d'ailleursadoptepar Locscheke(Ilislorhclio
Unlcrsuchungcn,p. 2'J, sqq.), maisavec quelques'restrictions, ce n'est pas sans avoir trs attentivementexamin
les raisonsqu'allguentcescrudits et nous tre convaincu
qu'elles sont faciles rfuter, lin fait, toute la questionse
rsumedans la date du procsde Phidias. Si ce procs
eut lieu eu 'i38, aussitt aprs l'achvementde la statue,
d'Athn,il parait probableque Phidias mouruten Klide.
Maisil ressortindubitablement,etdes versd'Aristophane,
oi
du rcitconformede Diodorcet de Plutarque,que le procs
cul lieu la veillede la guerre du Ploponnse,
c'est--dire
en 433-432.
IV
(Page 78, ligne 8.)
La plastiqueet la numismatiquedonnentun assezgrand
nombred'imagesde CloptUrc,la plupart trs authentiques.
Il ne s'ensuit pas, cependant,que ces sculptures et ces
321
AI'PKXDICKS.
APPENDICES.
32o
320
APPENDICES.
V
(Page 10(3, lignu ll.j
D'un passagede Snque le Ilhleur (Suasoriu, I), o
il est dit qu'il restait au Ier sieledes lettres lascivesde
Dellius Cloptre,et d'une plaisanterieassezambigu du
mme Dellius, rapporte par l'lutarqun (Anton.,LXV),Da
cier (Remarquessur la 3 ode du livie II d'Horace)et aprs
lui lavle (Dictionnaire,H, p. 27) ont conclu que ce Dellius fut rainant de Cloptre. Dieu nous prsene de tenter, avec le trop naf Adolf Slalir et le paradoxal Hlaze
de liury, la tche impossible de dfendre la vertu de
Cloptre.Toutefois,nousdoutons un peu de la bonne fortune de Dellius. lui admettant que la tradition qu'il avait
t l'amant de Cloptreexistt Koineau temps de Snque, cette tradition, c'tait Delliuslui-mme (puil'avait
fait natre. Or, nous verrons plus loin que Dellius abandonna Antoineen ralit parcequ'il le sentait perdu, mais
sous le prtexte de mauvaistraitementsde Cloptre. ltien
accueillipar Auguste, Delliusne cliercha-t-il pas la l'ois
et se faire valoir et vilipender la reine en disant qu'il
l'avait eue commematresse avant Antoine? Quant ces
lettres lascives dont parle Snque,peut-tre les avait-il
composesaprs coup dans ce desseinou les avait-ilcrites
pour divertir Cloptre et Antoine. Litteroe lascivoene
signifiepas lettres d'amour. On peut plutt voir l une
oeuvrede rhteur, comme par exempleles lettres d'Aristnte et d'Alciphron,que la correspondanceauthentique
d'un amant avec sa maitrcfse.
APPENDICES.
327
VI
(Page.135, ligne 13.)
FlaviusJosphc(llisljt: Judoeor.,XIV,26) dit que lorsque Hrode,se rendant Rome(en 39), passa Alexandrie,
aClopalrevoulut l'y retenir. Onen a infrque l'Egyptienneeut ce roi pour amant. Mais Josphc ne dit pas,
cependant,qu'elle russit retenir Hrode.11dit, au contraire, qu'il s'embarquaaussitt pour l'Italie; et, au livre
XV, 4, il dit encoreque, malgr tous les effortsde Cloptre pour so faire aimer de lui, quand elle traversa la
Jude, Hrodene rponditpas ses avances. Au reste,
une telle questionimporte bien peu quand il s'agit d'une
femmecommeClcopalrcl
Vil
(Page 149, page 2.)
Plusieursmdaillesde Cloplreportent : fchi vcwtipa,
et sur l'une d'elleson lit : Uxaavr^KXeonxpKf,
TOV;
Y.OL
TOVx\ (digamma)0c vitcp*;: De la reine Cloptre, l'an 21 qui estaussil'an 6 de la nouvelledesse.
Porphyre(Fragm.Ilislor.groec.,111,\). 12\) nousexplique
celte lgendeen disant que la seizimeannedu rgnede
CJopatrefut aussi appele la premire,parceque MarcAntoinelui ayant fait don do la Chalcideet des contres
environnantes,elle datason rgne d'une re nouvelle.
i'orplivrenous dit que ce fut en 'iti, c'est--dire;la soi-1
.'{28
APPKNDI CKS.
zimeanne du rgne, que fut inaugure celle re nouvelle, et celte date a t universellement adopte. Mais,
plusieurs archologue:;, Lelronne et M. C. Yesclierentre
autres, ont avanc que l're nouvellede Clopatredate de
la clbration du triomphe d'Armnie et, pour concilier
cette opinion avec la chronologie, ils ont plac en 30 le
triomphe d'Armnie. Ils ont ainsi antidat de deux ans
cet vnement, qui, selon la chronologiede Dion, tablie
d'aprs la liste des consuls,eut lieu en 3t. Ils se fondent
pour cela sur le tmoignagede Porphyre. Mais Porphyre
ne dit nullement que l're nouvelle date du triomphe
d'Armnie. 11 dit simplement qu'elle date de la donation
par Antoinede la ChaHde et des pays environnants. Or,
nous savons par l'lutarque (Anton., L1X)que c'est en 36,
date qui correspond bien la seizimeanne du rgne de
Clopatre,qu'Antoine, en Cilicic mme, donna d la reine
plusieurs royaumes, royaumes dont il ne fit, en 34, le
jour du triomphe d'Armnie,que confirmerla donation.
VI11
(Page 150, ligne 5.)
D'aprs Letrone et plusieurs gyptologues,Antoineaurait fait mieux encore : il aurait pous Clopatreet serait,
par cela mme, devenu roi d'Egypte. C'est ainsi que son
effigiefigure avec cellede la reine sur des monnaiesdatant
des dernires annesdu rgne de Clopatre.
En effet, certaines monnaiesfrappes Alexandrie, Antioche, etc., prsentent la double image d'Antoine et de
AI'PENDII:KS.
fl20
MO
Al'PKMtIGKS.
APiM'NnicK.
.):][
IX
(PaR' l"9, ligne 1.1
Patcrculus(II, 85), l'lutarque (Anton., LXXIll,LXXIVi
et Florus(IV, 11) disentque Cloptres'enfuitla premire.
Dion (L, 33) dit que la reine ne pouvantsupporter l'attente d'un vnementqui tardait tant sedcideret brlant d'impatience,prit la fuite et en donna le signal ses
vaisseaux.
Il est donc hors de doute que Cloptre,par sa fuite au
plus fortde l'action,dcidade l'issuede la batailled'Actium,
Mais, s'ensuit-il de l, commeon le croit gnralement,
que la fuite de la reine ait t absolumentinattendue et
n'ait pas t l'excutiontrop prcipited'un mouvementde
retraite concertd'avance. Le premier, M. l'amiral Jurien
de LaGravire,dans ses savanteset suggestivestudes !<ur
la marinedes anciens,a soutenucette opinion.Sonattention
veillepar un passagede l'iutarquo o il est dit qu'Antoinefit prendre sur sesvaisseauxdes voiles(qui lui eussent
t inutileset mme nuisiblespour un combat),l'amiral a
victorieusementprouv, par des raisonsde tactiquenavale,
que le plan d'une retraite vers l'Kgyplc tait arrt dans
l'esprit d'Antoine et qu'il livra bataille pour forcer le
passage,a Je l'ailirme, conclut-il, bien que j'aie la seule
autorit do l'lutarque pour contester un fait qui a acquis
droit de cit dans l'histoire. (La Marine des Plolmes
et la Marinedes Romains,I, p. 09-83.)M. l'amiral Jurien
de La Gravireaurait pu invoquer uu autre tmoignage,
celui de Dion Cassius,qui dit textuellement: Apres bien
332
APPENDICES.
APPEiNDICES.
333
Mt
AI'PKN'IMCKS.
ailleurs contemporainsd'Auguste, Horace, Propcree, Paterculus, disent expressmentqu'elle se fit piquer par un aspie. C'tait l'opinion rgnante Home l'poquede la mort
de Cleoptre, et les doutes timides d'crivains postrieurs
ne tullisent point la taire suspecter.
XII
(Page 2oJ, li^ne 10.)
11existe dans VAnlliologicde l'ianude OEpigr. 77, 78)
deux pigrammes,l'une de Paul le Silentiaire, l'autre anonyme, qui semblent avoir t crites l'occasion d'un
mme portrait de Thodora, car toutes deux reprochent
au peintre d'avoir cach ons les rseaux ou bandelettes la
chevelure de l'impratrice. La premire pigrammesignale,
commele fait Procope, l'clat extrme de son teint : <r).a;
ypoir,; axpov.D'aprs la seconde, Thodora auraient eu les
cheveux boudes et d'un blond dor : /y'jmi. liTxp-j/.a.
On n'a de Thodora aucun mdaillon, aucune monnaie,
ni, notre connaissance, aucun buste. Son iconographie
comprend seulement la figure de la grande mosaque qui
dcore la partie gauche du champ d<! San Vitale, Ravenne. L'impratriceapparat au milieu de ses femmes.
Elle est prsente de face, vtue d'une longue tunique,
que recouvre un grand pallium de pourpre, bord d'une
large bande de figures. Le haut de ce pallium disparat
littralement sous la profusion des joyaux. Sa coiffure
consisteen une sorte de diadme d'o tombent deux rangs
de perles. Thodora parait maigre, sa tte est petite, son
front bas, son menton peu accus. Le teint, les tiails, tout
dans ce portrait semble attnu, effac, vanoui, sauf les
yeux normes, presque dmesurs, qui brillent sous leurs
AlM'KNDIf.ES.
3.'tt>
330
APPKNDICKS.
XIV
(Pne 313, li-no 15.)
Dans la Guerre des Perses(II, 21) l'roeopene dit pasque
Blisatreait subi une disgrce. 11rapportesimplementque
le gnral fut rappel <'e l'erse, par Justinien, pour aller
Italie,o les affairesallaient
prendre un commande-menton
mal. Ainsi,cette prtenduedisgrce,due Tliodora,pourrait tre rvoque en doute. Kilo le pourrait d'autant
plus que tous les chroniqueurs, Tliophanc,Cdrnus
Paschal,Zonare, rapportent la disgrce subie par Blisaire en 5G3(aprs la mort de Tliodora),disgrcequi est
bien certaine, celle-l, nombre de dtails donns par
l'roeope dans son Histoiresecrtesur la disgrcede 542.
Commerien n'est plus tenace que les lgendes, nous
redirons encore,aprs tant d'autres, que Justinien ne fit
pas crever les yeux Blisaire,ni no l'obligea mendier
son pain.En 563, la disgrce de-B61isaire.seborna une
sorte de dgradationet une rclusiondans sa demeure.
FIN
.TABLE
y*.
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47
,
219
319
397.8-42-0*
INPRIMERIK
RUE
CHAIX,
BSROBRE,
80,PARIS.
TABLE
PREFACE
ASPASIE
CLEOPATRE
THEODORA
APPENDICES