Croissance Économique, Croissance Démographique
Croissance Économique, Croissance Démographique
Croissance Économique, Croissance Démographique
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The concern about the analytic and empirical relationship between population growth and developement
process is still widely controversial. In this paper, the purpose is devoted to the identification of several
statistical patterns of this relationship, varying alongside with the simultaneous processes of economic growth
and of fertility transition. The lack of statistical significance that has been observed by estimating this link
between endogeneous GDP growth rates and exogeneous population rate of expansion for years before 1975
might then be the result of the contradiction between opposite temporal or regional patterns of this relationship,
more than the indefectible proof of the absence of any relationship at all. Two dimensions of those oppositions
are then explored, dealing successively with the heterogeneity of national and regional experiences of economic
growth and of fertility transition. Finally introducing varying patterns of fertility and mortality evolution in this
empirical investigation leads to the generation of simultaneous specifications of the relationship potentially
occuring during the process of fertility transition.
-.%%+/*0
........................................................................... 1
.............................................. 3
.............................................. 4
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
. . . . . . . . . . . 19
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
dynamiques démographiques et socio-économiques
des pays en développement tels qu’il est possible de
les observer dans la réalité.
Certaines limitations sont cependant à prendre
en compte. D’abord, le modèle malthusien étant
12 34)*.5$,)/.4 essentiellement un modèle de survie, c’est-à-dire des
fluctuations démo-économiques autour de valeurs
Dans ce qui constitue le débat autour des d’équilibre de bas niveau, proches des niveaux de
conséquences économiques de la forte croissance subsistance, il est prévisible que la pertinence des
démographique, les hypothèses les plus pessimistes et résultats soit limitée pour les pays en développement
les plus optimistes semblent venir buter, de concert, dont les niveaux de vie moyens sont trop faibles
sur l’incertitude des résultats empiriques. Autrement (<600$ annuels) ou mal pris en compte par les
dit, il ne semble pas que se soit constitué un corpus de statistiques de revenu par tête (une grande partie de la
vérifications statistiques de ces hypothèses qui soit production et de la consommation n’est pas monétisée
suffisamment fiable, robuste et étendu. Globalement, ou ne passe pas par les circuits institutionnels). Le
la plupart des estimations empiriques de la liaison PIB n’étant pas représentatif de la richesse et de la
entre les deux dynamiques de croissance du PIB total production réelles, il ne semble donc pas possible de
ou par tête et de la population n’a pu produire, jusqu’à vérifier l’hypothèse malthusienne, pour les pays
la fin des années 70, que des résultats non auxquels elle devrait pourtant le mieux convenir, a
significatifs, contradictoires ou proches de zéro. En priori, c’est à dire les pays en développement les plus
revanche, une corrélation négative fortement pauvres, dont une majorité de la population vit, selon
significative apparaît dans les régressions effectuées les critères statistiques en question, autour du niveau
sur des données postérieures à 1975. Les régressions de subsistance2.
des taux de croissance du PIB ou du revenu moyen, Ces difficultés empiriques une fois prises en
calculées sur la base de séries transversales ou de type compte, la forme théorique malthusienne la plus
panel, produisent désormais des estimations des simple et la plus générale peut être exprimée comme
coefficients associés à la croissance exogène de la suit :
population significativement négatifs.
Face à cette nouvelle configuration des
résultats empiriques, plusieurs options interprétatives
sont possibles. D’une part, ces nouveaux résultats avec df / f < 0 ou > 0 selon que les rendements du
peuvent traduire un changement apparent de la facteur de production sont respectivement décrois-
configuration de la liaison qui existe entre ces deux sants ou croissants (dans le cas malthusien pur, ces
dynamiques d’expansion. D’autre part, ils peuvent rendements du travail sont décroissants du fait de la
être la conséquence d’une plus grande homogénéité fixité de l’autre facteur, la terre), t et b constants ;
des données statistiques conduisant à une estimation Yt représentant la production agrégée ou par tête à la
plus fiable et plus significative des relations qui les période t ; Pt la population sur la même période et b
lient. Face à ces deux options, il apparaît nécessaire les autres facteurs de la production constants.
d’engager des investigations dans le sens du Blanchet en propose la formulation suivante3 :
raffinement de la connaissance de ces relations
statistiques agrégées.
Notre premier objectif a été de vérifier, sur la Il s’agit d’une fonction de production à rendements
période récente et pour un échantillon représentatif de d’échelle décroissants, dont le travail est le seul
pays en développement, la validité empirique de facteur ; a = 1 - élasticité du produit total relativement
l’hypothèse malthusienne forte selon laquelle la au travail, si a = 0, la production est limitée par des
croissance de la population est associée de façon facteurs non démographiques, si a = 1, la production
négative avec la croissance de la richesse et du est strictement proportionnelle à la population. De
produit. Toutefois, nous tenterons de dépasser le façon plus réaliste, a = 0,5 ; b = facteur du progrès
cadre strictement néo-malthusien constitutif de la technique exogène.
perspective orthodoxe1, de la relation démo-économi- Cette première forme de spécification
que dont nous n’évoquerons pas les limites théoriques correspond à la formulation la plus simple de la
et empiriques dans le cadre limité de ce document de relation malthusienne entre croissance démographique
travail. Il convient en effet d’intégrer à certains
éléments des modèles d’excès démographique
orthodoxes traditionnels les caractéristiques et les 2
Ce niveau de subsistance n’est pas défini selon le
mode malthusien car il n’empêche pas une croissance
démographique positive.
1 3
Hodgson [1988]. Blanchet [1988], pp. 81-82.
et économique ; elle est de plus généralement intégrée l’estimation des paramétrisations empiriques de
dans un modèle à plusieurs équations. Nous connections théoriques préalablement identifiées, et
l’utiliserons ici simplement comme un cadre de dont la spécification s’enrichit progressivement, en
définition théorique de nos investigations empiriques. interaction avec les résultats empiriques. C’est
Les régressions que nous avons effectuées sur cette directement dans cette perspective analytique que
base fournissent au mieux une première approxi- nous inscrivons cette étude. Il reste donc à
mation de la liaison entre facteurs démographiques et approfondir la connaissance de ces relations agrégées,
performances économiques. Elles sont toutefois tout en se parant de toutes les précautions utiles et
délicates à interpréter car elles ne permettent pas nécessaires afin de ne pas opérer de généralisations
d’identifier les mécanismes spécifiques par lesquels excessives ou, inversement, de ne pas céder à l’ultra-
les variables démographiques affectent l’économie4. relativisme propre aux résultats trop désagrégés. C’est
Elles sont toutefois un préalable nécessaire à toute d’ailleurs dans cette perspective d’approfondissement
tentative de repérage de ces liens démo-économiques de la connaissance empirique de la relation démo-
empiriques puisque cette forme théorique simple économique que se sont développées les analyses les
implique que les résultats ne soient pas soumis aux plus récentes7.
réserves habituellement dues aux risques de Certains économistes8 ont ainsi pu suggérer
colinéarité ou d’autocorrélation entre variables que l’échec, manifeste sur les trente dernières années
indépendantes de recherche, à établir de façon persuasive l’influence
Mais les évolutions démographiques influent supposée fortement négative de la croissance de la
à leur tour sur les évolutions économiques. La prise population sur le développement économique pourrait
en compte de cette relation réciproque la plus simple n’être due qu’au manque d’investigation économé-
correspond à l’équation suivante : trique adéquate, au-delà des simples résultats de
macro-corrélation simple. Alors, même si la recherche
de relations macroéconomiques entre croissances
démographique et économique peut paraître, pour les
si il y a simultanéité, ou dPt /Pt = k(yi,t - y0) + vi,t avec mêmes économistes9, contestable, pour son manque
y0 le niveau de vie d’équilibre de bas niveau, s’il y a de résultats pertinents et univoques et par l’influence
récursivité simple (c’est ce cas qui correspond le perturbatrice de nombreux effets diffus ou médiatisés,
mieux à l’hypothèse malthusienne)5. il semble que la perspective macro soit malgré tout
Il est en outre possible de fermer le système indispensable à l’éclaircis-sement et à l’identification
par l’équation suivante : des liens et des interactions multiples qui interdisent
à toute relation univoque d’apparaître. De plus, il est
possible d’enrichir les spécifications en introduisant
aux analyses agrégées certains éléments pertinents
avec g = le taux de croissance annuel du revenu. tels que l’éducation, la santé ou les inégalités de
Nous obtenons alors un système simple de 3 répartition qui interviennent de façon importante au
équations à 3 inconnues qui constituera un point de niveau des décisions et des comportements
départ de notre analyse. Nous pourrions approfondir individuels. Simultanément, la perspective macro-
et raffiner la spécification de chacune des équations statistique peut nous permettre de différencier les
de comportement au fur et à mesure des résultats de liaisons démo-économiques selon des configurations
notre investigation en opérant systématiquement des différenciées de la fécondité et de la mortalité, et de
aller-retour entre les résultats statistiques et la théorie préciser les formes de cette même relation en fonction
constituée. Nous nous contenterons toutefois ici de des niveaux variables de différents facteurs
tester la forme simple exprimée par l’équation [1] d’environnement tels que l’urbanisation, les
pour différents ensembles d’observation. changements politiques, l’influence des plans
L’investigation peut alors être orientée, comme l’a d’ajustement structurels, etc.
d’ailleurs fait Kelley6, vers l’identification et Nous nous contenterons, dans ce papier, de
distinguer ces diverses configurations agrégées selon
les niveaux de développement socio-économique et de
4
Kelley-Schmidt [1995], p.11.
5
Cette relation doit nous permettre, après modification
(dPt /Pt = k (yi,t - y0) ( yi,t - y1 / y0 - y1) 2 + vi,t) d’introduire une on postulated connections, but rather on empirical
dynamique de croissance puis décroissance du taux d’expansion parametrizations of them»
7
démographique, ou bien une croissance démographique liée Notamment Kelley, Schmidt. [1994 ; 1995] ; Brander,
positivement d’abord, puis négativement, au revenu. Dowrick [1994] ; Barlow [1994] ; Blanchet [1988].
6 8
Kelley [1986], p. 567 : «(...) from a scientific Cassen et Bates [1994], pp. 16-17; Cassen et al
perspective it suggests additional research should be directed to [1994], pp 9-11 et p.13.
9
empirical as distinct from theoretical issues. Our ignorance is not Cassen et al. [1994].
3
transition démographique. Finalement, nous convaincante, les résultats les plus récents de la
intégrerons à l’analyse l’hypothèse de fécondité et de littérature15. La non significativité statistique de la
mortalité différenciées. relation entre taux de croissance du produit (variable
dépendante) et taux de croissance de la population
62 !"#$7)+)#&8*"+7+(70#9&%"):.50# (variable indépendante) observée jusqu’à 1975 semble
être davantage le produit de l’opposition temporelle,
0)&5.44"0# ou spatiale, de configurations démo-économiques
inverses, que le révélateur infaillible de l’absence
Il n’est pas inutile de rappeler ici les grandes réelle de relation entre ces deux variables
lignes des résultats que nous avons préalablement déterminantes du développement.
obtenus et qui ne seront pas reproduits dans le cadre Nous avons, pour notre part, démontré qu’une
de cette étude10. Nous avons mené une suite de dimension de cette opposition était temporelle
régressions, selon la méthode des moindres carrés puisque nous avons identifié de façon peu contestable
ordinaires, en sélectionnant, comme variable un retournement significatif de la relation statistique
indépendante, le taux de croissance annuel moyen de entre ces deux variables autour de 1980, et ceci sur
la population, calculé11 sur des sous périodes de cinq des séries statistiques de plus en plus précises et par
ans, et comme variable dépendante, les taux de des calculs de régression de plus en plus fiables16.
croissance annuels moyens des PIB nominaux total et Nous avons, de plus, vérifié cette hypothèse
par tête, et du PIB réel par tête, calculés sur une même importante d’hétérogénéité temporelle de la relation
base quinquennale. Les séries de taux de croissance démo-économique observée à l’aide de tests de Chow.
démographique ont été construites sur la base des Nous ne reprendrons ici une partie de ces résultats
données de population des World population que pour mettre en évidence des configurations
yearbook de l’ONU12, les séries de taux de croissance régionales hétérogènes dans la relation statistique
du PIB et du PIB par tête à partir des séries de PIB et entre croissance démographique et croissance
de PIB annuels des World Tables de la Banque économique (titre 3). Mais, au-delà, nous montrons,
mondiale13, et les séries de taux de croissance du PIB dans le cadre de ce papier, que la divergence des
par tête réel, à partir des séries de PIB moyens réels configurations se manifeste également sur la base de
annuels (exprimés en dollars constants — base 1985 l’hétérogénéité des expériences régionales ou
— et ajustés par les termes de l’échange sur la base nationales des évolutions économique et démogra-
des prix internationaux de 1985 pour l’absorption phique (titres 4 et 5). Nous devons donc envisager que
domestique et des prix courants pour les exportations puissent exister des seuils économiques ou
et les importations) des Penn World Tables 5.6. démographiques qui définiraient deux ou plusieurs
Au terme d’une première série de régressions configurations exclusives de la relation démo-
effectuées sur la base de données organisées en panel, économique. L’hypothèse méthodologique que nous
mêlant les séries temporelles de taux de croissance faisons est qu’il est possible d’identifier, par
ordonnées en neuf sous périodes quinquennales de l’application d’une procédure de test de Chow sur des
1950-55 à 1990-94, et les séries transversales séries en panel, des seuils (non temporels)
constituées par les 81 pays en développement de notre
échantillon14, nous avons rejoint, de façon assez
20
Difficultés que beaucoup de ces pays continuent à
19
Ou plus modestement un changement significatif de subir près de 15 ans après le deuxième choc pétrolier, mais
configuration de la relation entre croissance démographique et seulement 10 ans après le mouvement généralisé de diminution
croissance économique, même sans changement de signe, comme des prix des matières premières qui leur fut vraisemblablement
en Amérique latine. beaucoup plus préjudiciable.
PIB/tête nominal (1)
60-65 2,01 1,69 2,37 2,53 2,21 2,59
65-70 2,56 1,95 3,28 3,84 2,74 3,03
70-75 2,10 1,30 3,04 3,15 2,94 3,34
75-80 1,27 0,42 2,29 2,46 2,13 2,15
80-85 0,21 0,06 0,38 2,28 -1,32 2,04
85-90 0,72 0,27 1,25 2,71 -0,05 -0,13
de l’échange des années 80, et la persistance de (15), ni entre Asie du Sud (7) et du Sud-Est (9) ; ou
faibles progrès dans les niveaux de vie. entre Amérique centrale-Caraïbes (9) et Amérique du
Au-delà de cette hétérogénéité apparente dans sud (11)21.
les capacités d’absorption des chocs conjoncturels, il Bien que ces sous-ensembles soient beaucoup
est possible d’identifier d’autres éléments de plus homogènes, le petit nombre d’observations de
divergences plus spécifiquement liés aux évolutions certains d’entre eux diminuerait de façon excessive la
historiques et aux caractéristiques continentales. pertinence statistique des estimations. Nous avons
donc considéré ces trois ensembles dans leur
acceptation la plus large, en rajoutant pourtant un
quatrième groupe constitué des pays d’Afrique du
Nord (Algérie, Maroc, Tunisie, Egypte) et certains
Nous avons reporté dans le tableau suivant les pays du Proche/Moyen-Orient (Syrie, Iran,
coefficients estimés au moyen des régressions des Afghanistan, Pakistan). Les sous-groupes perdent en
taux de croissance du PIB par tête (réel et ajusté des homogénéité mais les analyses gagnent en précision
variations des termes de l’échange ou non) sur ceux et en significativité statistique.
de la population. Nous n’avons pas reporté les Le tableau précédent (coefficients de
résultats concernant les R2 car notre objectif est moins régression continentaux) permet de vérifier que les
de trouver un modèle explicatif de la croissance du résultats des tests de Chow, obtenus ailleurs à l’aide
PIB moyen que d’évaluer la teneur de la liaison de comparaisons de somme des carrés des résidus,
empirique simple entre la croissance démographique peuvent également s’exprimer en termes de
et l’évolution simultanée du revenu moyen, divergences des coefficients de régression des
conformément au cadre théorique malthusien tel que différents ensembles continentaux aux diverses sous
nous l’avons défini dans l’introduction. Ces calculs périodes. Sur les données de PIB par tête nominal
utilisent la méthode des moindre carrés ordinaires, (WB) ou du PIB par tête réel (PWT5), les coefficients
rassemblant en un même sous-groupe les pays d’un de régression estimés sur l’ensemble asiatique sont
même ensemble continental, sans faire la distinction
ni entre les différents sous-ensembles africains que
sont l’Afrique australe (4 pays dans notre
échantillon), l’Afrique du Nord (6), l’Afrique de l’Est
21
(13), l’Afrique centrale (7) et l’Afrique de l’Ouest Comme le fait le découpage de l’ONU repris par
Barbiéri [1995], pp. 280-81.
7
significativement négatifs à partir de 197522. Pour entre 1980 et 1985, pour l’Asie en 1975-80 et en
l’ensemble africain, en revanche, les résultats 1985-90, et enfin pour l’ensemble des pays non
divergent sensiblement selon les séries de données. africains entre 1985 et 1990. Si l’on se fonde sur ces
Ainsi, les coefficients estimés sur les données résultats les plus solides, il semble donc que
nominales sont, depuis 1950, toujours négatifs, bien l’apparition d’une relation significativement négative
que non systématiquement significatifs, alors qu’ils ne entre les taux de croissance démographique et ceux du
deviennent négatifs qu’à partir de 1970 pour les niveau de vie ait été moins précoce en Afrique qu’en
données de PIB par tête réel. Simultanément, ces Asie. Bien que de façon moins significative, cette
coefficients négatifs ne restent significatifs que de émergence d’une liaison négative semble avoir été
1975 à 1985 sur les données de PIB par tête réel, alors encore plus tardive pour les pays arabo-musulmans
qu’ils sont significatifs de 1980 à 1994 pour les (1985-90) et les pays d’Amérique latine (1990-94).
données du PIB moyen nominal. Toutefois, dans ces deux groupes de pays, un signe
En revanche, l’apparition des coefficients de négatif, non significatif apparaît, comme ailleurs, dès
signe négatif est tardive pour l’ensemble sud- 197523.
américain puisqu’il faut attendre 1975-85 pour les Les résultats ne divergeant pas nettement
séries de PIB moyen nominal. En outre, ces selon les séries statistiques, il n’est donc pas utile
coefficients ne sont significativement différents de d’effectuer systématiquement les calculs sur les deux
zéro que pour la sous période 1990-94. séries. Nous serons amenés par la suite à choisir
Dans l’ensemble, les seuils temporels de parmi ces trois séries afin d’alléger les procédures de
passage d’un coefficient positif à un coefficient calculs et la présentation des résultats. Il semble
négatif ne sont pas modifiés lorsque l’on passe d’une également qu’existe, sur des sous périodes plus
série de données à l’autre. Cette rupture, bien que non longues24, une spécificité propre à l’ensemble
systématiquement statistiquement significative se américain pour lequel la relation négative entre taux
situe en règle générale autour de 1975. Remarquons de croissance du PIB moyen nominal et de la
que les résultats les plus intéressants, parce que les population apparaît moins nettement (depuis 1975
plus solides du point de vue statistique, sont ceux qui seulement) et de façon moins significative que pour
correspondent à un coefficient doublement les autres ensembles. En revanche, les configurations
significatif, à la fois pour les données nominales et les africaine et asiatique semblent ne diverger que
données réelles. De plus, il n’y a de rupture rarement, c’est-à-dire entre 1950 et 1970, et pour ce
significative que si la nouvelle configuration se qui regarde le signe du coefficient de régression
maintient, de façon significative, sur plus d’une sous essentiellement ; mais elles se distinguent pourtant
période. C’est le cas en particulier pour l’Afrique
23
Il faut évidemment manier les résultats obtenus sur le
22
Avec un passage à des coefficients négatifs, sous-ensemble arabo-musulman du fait de la taille réduite de
significatifs ou non, plus précoce en Asie du sud-est qu’en Asie du l’échantillon (N=8).
24
sud. Voir le tableau A en annexe.
l’une de l’autre pour ce qui est de l’intensité de cette ans) lorsque ces dernières sont divisées en deux sous
relation négative entre les taux de croissance puisque périodes séparées par les années-seuils 1975 et 1980.
les coefficients estimés sur le sous-ensemble asiatique Toutefois, et à la différence du sous-groupe africain,
sont très majoritairement inférieurs à ceux qui sont ce changement significatif des coefficients du modèle
calculés sur le groupe africain. se traduit simplement par le passage de coefficients
Ces spécificités des différentes dynamiques fortement positifs (et le plus souvent significatifs)
continentales d’évolution des coefficients de supérieurs à un à des coefficients toujours positifs
régression peuvent être confirmées par la procédure mais inférieurs à un. Ce coefficient de régression ne
traditionnelle du test d’égalité de ces coefficients. devient négatif, pour les régressions du taux de
Nous avons donc conduit ces tests de Chow25 sur les croissance du PIB, qu’à partir de 1985-94 — tableau
trois blocs continentaux de notre échantillon global et 2.
nous avons cherché à identifier, pour chacun de ces Pour ce qui regarde le sous-groupe asiatique,
trois ensembles, les seuils temporels de non stabilité les non stabilités se manifestent encore plutôt que
significative. Les résultats obtenus viennent confirmer pour les deux sous-groupes précédents. Ainsi, ces
les informations fournies par la simple observation mêmes tests ont conduit à deux reprises au rejet de
des séries de coefficients de régression estimés du l’hypothèse de stabilité des coefficients de régression
tableau 2. Les tests temporels effectués sur le sous- si l’on divise la période 1960-90 en deux sous
groupe des pays africains, entendu au sens large, périodes 1960-75 et 1975-90, ainsi qu’en deux sous
c’est-à-dire intégrant tous les pays arabo-musulmans périodes 1960-70 et 1970-90. Le changement de
méditerranéens (Maroc, Algérie, Tunisie et Egypte) configuration démo-économique simple semble donc
conduisent à des résultats peu différents de ceux que plus précoce en Asie, d’autant plus que ce
nous avions obtenus sur l’ensemble complet des changement se traduit, dès 1970, par un passage de
observations. Sur la base des sous périodes coefficients de régression positifs à des coefficients
quinquennales, n’est identifié qu’un seul seuil significativement négatifs (tableau 2).
temporel, situé en 1990, puisque les coefficients du C’est donc l’ensemble africain qui semble le
modèle estimé sur 1985-90 ne sont plus stables plus proche des caractéristiques de l’ensemble des
lorsque l’on effectue indépendamment les régressions pays en développement, tout au moins en ce qui
sur les sous périodes 1985-90 et 1990-94. concerne la dynamique d’évolution temporelle des
Sur les données rassemblées en sous périodes coefficients de régression. De plus, il apparaît
décennales, nous n’avons pu identifier aucune non nécessaire de considérer que les relations démo-
stabilité significative ; sur les sous périodes plus économiques estimées à une période du temps ne
étendues (15 ou 20 ans). En revanche, il est possible correspondent pas à des configurations démo-
d’identifier les seuils connus de non stabilité économiques réelles homogènes, puisqu’il va être
significative des coefficients estimés sur les périodes démontré en suivant que chacun des trois sous-
1960-90 et 1965-94 en conduisant ces mêmes groupes continentaux africain, asiatique et latino-
régressions sur les sous périodes respectivement américain tend à se caractériser par des configurations
définies par les seuils 1975 et 1980. Les résultats de d’évolution des coefficients de régression bien
ces régressions stratégiques démontrent que les spécifiques.
coefficients de régression passent alors, en 1975 et en
1980, de valeurs positives à des valeurs négatives ;
tout au moins sur les séries de taux de croissance du
PIB global. Et c’est ce qui caractérise avant tout la
configuration de la liaison démo-économique simple Afin de mettre en évidence des évolutions
sur le sous-ensemble africain. temporelles divergentes des coefficients de régression
Les mêmes tests d’égalité des coefficients de des taux de croissance du PIB moyen (nominal ou
régression effectués, sur des sous périodes réel) sur ceux de la population selon certains sous-
temporelles semblables, sur les sous-groupes latino- groupes de pays, nous avons supposé plus ou moins
américain (N=19) et asiatique (N=18), produisent des implicitement que la configuration de la liaison
résultats sensiblement différents. Ainsi, pour ce qui statistique entre ces deux variables pouvait diverger
est de l’ensemble latino-américain, nous avons pu de façon significative entre les grands ensembles
identifier des non stabilités significatives des continentaux du monde en développement. Il est
coefficients estimés sur les périodes longues (20 à 30 légitime, en particulier lorsque l’on connaît les
tendances moyennes récentes de la fécondité en Asie,
en Amérique latine et en Afrique, de supposer que
25
Sur la base des coefficients de régression de la cette hétérogénéité puisse être identifiable au niveau
croissance du PIB par tête issus des donnés de la Banque de la liaison statistique entre les dynamiques
mondiale.
9
économique et démographique que l’on cherche à sous-ensembles africain et asiatique, pour les sous
identifier. périodes 60-70, 70-80 et 85-94. Ceci signifie que l’on
Il incombe aux tests de Chow de confirmer peut supposer que les modèles africain et asiatique de
cette hypothèse en identifiant, d’un point de vue liaison statistique entre taux de croissance
purement statistique, la mesure dans laquelle la démographique et économique — si toutefois ils
stabilité des coefficients estimés sur la totalité de la existent en tant que configurations homogènes —
population, c’est-à-dire la totalité des pays et des divergeront sur ces périodes et convergeront
régions, est affectée par l’hypothèse de configurations statistiquement sur les sous périodes 50-60 et 80-90.
spécifiquement régionales de cette relation statistique Sur l’ensemble Afrique-Amérique latine, les mêmes
estimée. Nous avons donc effectué une série de tests procédures de tests ont conduit aux résultats de non
de Chow sur différentes sous périodes afin de tester stabilité significative des coefficients de régression
l’hypothèse forte qu’existeraient des divergences de pour les seules sous périodes 50-60 et 80-90. Les
configuration dans les coefficients de régression des coefficients des modèles africain et américain sont
taux de croissance du PIB sur ceux de la population, donc supposés converger de 1960 à 1980 puis de 1985
selon que l’on observerait cette relation démo- à 1994 ; entre-temps, de 1980 à 1990, les deux
économique sur des pays africains ou sur des pays ensembles de coefficients sont significativement
non africains, asiatiques ou d’Amérique latine. Les différents27. Sur l’ensemble Asie-Amérique latine,
résultats sont rassemblés dans le tableau 3. enfin, les coefficients de régression des deux modèles
Ces tests font clairement apparaître que l’on régionaux ne divergent de façon statistiquement
peut supposer qu’il existe, de 1950 à 1980, un modèle significative qu’à partir de 1980 et ce jusqu’à 1994.
spécifiquement africain de la relation démo- Auparavant, de 1950 à 1980, un modèle de régression
économique simple, statistiquement différent de la unique caractérisait en apparence les deux ensembles
configuration, supposée stable, de la même relation régionaux. Ces résultats convergent bien avec ceux
entre taux de croissance démographique et tirés de l’observation des séries de coefficients de
économique mesurée sur les pays non africains. Cette régression.
non stabilité des coefficients du modèle est si forte Il nous est apparu intéressant de préciser les
entre 1960 et 1980 qu’elle impose la non stabilité aux résultats de ces tests de Chow sur des échantillons
coefficients estimés sur la sous période 1960-90. Il temporels plus réduits, les sous périodes
semble en revanche qu’il y ait une convergence des quinquennales, et sur des partitions alternatives de
configurations africaine et non africaine à partir de l’ensemble des pays composant la population totale.
1980 puisque les tests de Chow effectués sur les Il est donc apparu sur ces sous périodes
périodes postérieures à 1980 ont conduit au non rejet quinquennales de 1950-55 à 1990-94, que les
de l’hypothèse nulle de stabilité des paramètres de la coefficients de régression estimés sur l’ensemble de
régression. Cette convergence apparaissait clairement la population des pays (N=81) étaient
dans le tableau 2 puisque les coefficients de systématiquement stables lorsque l’on séparait
régression associés aux sous-ensembles africain et
non africain sont systématiquement négatifs et
généralement significatifs à partir de 1980.
Il est possible d’utiliser la même procédure de
test pour identifier des non stabilités potentielles des
coefficients de régression estimés sur un échantillon
élargi de pays, non stabilités qui seraient là encore
attribuables à des divergences de configuration de la
relation démo-économique selon l’ensemble régional.
27
Nous reposons donc la même question que Il est encore utile de souligner un point remarquable
précédemment, mais en distinguant plus précisément de nos résultats; les coefficients de régression associés à
l’ensemble africain sont, sur chaque sous-période, toujours
encore les ensembles régionaux dont on confronte les significativement différents des coefficients de régression de l’un
SCR et par extension, les coefficients estimés26. ou de l’autre alternativement des deux ensembles asiatique et
Sur l’ensemble Afrique-Asie, les tests que américain, mais jamais des deux en même temps. Ce qui implique
nous avons conduits nous ont permis de déceler une que les coefficients du modèle ne sont, sur aucune des sous-
périodes, significativement stables dès lors que l’on ordonne
non stabilité significative des coefficients estimés sur
l’échantillon de façon à opposer l’ensemble africain à un autre
la population (la totalité des pays africains et ensemble régional. Les coefficients africains sont
asiatiques) si l’on sépare l’échantillon total en deux significativement différents des coefficients asiatiques sur 60-70,
70-80 et 85-95 (en même temps qu’ils sont non significativement
différents des coefficients américains), et sont alternativement
significativement différents des coefficients américains sur 50-60
26
Nous ne reproduirons pas ces résultats dans le cadre et 80-90 (en même temps qu’ils sont non significativement
de ce document. différents des coefficients asiatiques).
1950-60 256 617 939 120 4,38 Non Stabilité (2)
1960-70 573 384 1011 157 4,31 NS
1970-80 966 671 1741 158 4,89 NS
1980-90 649 1257 1910 153 0,15 S
1975-85 863 693 1564 157 0,39 S
1985-94 544 609 1187 150 2,15 S
1970-90 1676 1415 3135 313 2,19 S (NS à10%)
1960-90 2306 1908 4344 471 7,20 NS
Notes : (1) Sommes des carrés des résidus obtenues par les régressions des taux de croissance du PNB nominal moyen sur les taux de
croissance de la population (calculés selon les modalités présentées précédemment) effectuées sur plusieurs sous-ensembles de pays ;
(2) la variable (SCRtotal (1+2) - (SCR1 + SCR2)) / 2 / (SCR1 + SCR2)/N-k-1) suit une loi de Fischer.
des résultats des régressions des taux de croissance du niveau de vie, et ceux qui à la même date initiale
PIB nominal total que sur la base des taux du PIB étaient déjà parvenu à un niveau supérieur de
moyen, nominal ou réel (tableaux C et D ; annexes). développement, ou qui sont parvenus à ce seuil
Ainsi, les pays africains n’ayant pu dépasser de 1960 mobile sur la période suivante. La relation positive
à 1990 le revenu moyen de 250$ se caractérisent par (significative sur les régressions de PIB moyen dans
un coefficient positif de la régression des taux de le cas de l’Afrique) observée pour la première
croissance du PIB sur la population, alors que les pays catégorie de pays s’oppose à la relation négative
qui sont parvenus à dépasser ce niveau de vie moyen (majoritairement significative pour l’Asie et
sont caractérisés par un coefficient négatif. significative dans le seul cas des régressions des taux
L’opposition est la même pour les pays asiatiques qui de croissance du PIB moyen pour l’Afrique) observée
ne sont pas parvenus ou qui sont parvenus à dépasser sur les pays les plus riches. Il semble donc que les
les niveaux de vie moyens de 600-700$ sur la même pays les plus pauvres, c’est-à-dire les plus proches du
période, avec dans le deuxième cas, un coefficient de niveau de subsistance de type malthusien, ne soient
régression négatif significatif. Les pays de l’ensemble pas caractérisés par une liaison négative de type
américain connaissent le même genre de changement malthusienne entre l’accroissement démographique et
de configuration de la relation démo-économique les progrès économiques. Il est probable que ces pays
selon que le niveau initial ou le niveau maximal de africains et asiatiques les plus pauvres aient enregistré
revenu moyen atteint sur la période est égal ou est sur cette période des progrès simultanés de leurs
supérieur aux deux valeurs-seuils identifiées. Mais rythmes d’expansion économique et démographique.
dans le cas de cet ensemble continental, les A l’inverse, les pays les plus dynamiques d’un point
coefficients, presque tous significatifs, restent positifs de vue économique se voient caractérisés par une
et se contentent de voir leur valeur numérique liaison négative (systématiquement significative pour
diminuer (tableaux 4 et C). les coefficients des régressions du PIB nominal
Il semble donc possible de distinguer, sur les moyen) dont la signification reste à identifier. Il est
sous-ensembles africain et asiatique, deux types de notamment possible que cette liaison soit le produit
pays. Ceux qui partent des niveaux de développement d’une décélération précoce des rythmes d’expansion
initial (en 1960) les plus faibles, ou qui ne sont pas démographique, en particulier dans certains pays
parvenus sur la période 1960-90 à un certain seuil de
Afrique 44 1 4 2 (1,95) (b) 1,033
Asie 18 1 5 3 et 4 (3,55) 1,381
Asie sud/sud-est (a) 14 1 5 4 (4) 1,176
Monde arabo-musulman 8 1 4 3 (2,87) 1,126
Amérique latine 19 2 5 4 (4,10) 0,875
(a) Asie moins Afghanistan, Pakistan, Iran et Syrie ; (b) La valeur exacte de la moyenne continentale, non significative car les niveaux
de situation démographique sont nécessairement des entiers, est reportée entre parenthèses.
asiatiques, associée à une accélération progressive des résultats, sous la réserve importante que fait peser sur
performances économiques dans la majorité de ces eux le taux moyen de significativité statistique 31,
pays. pourraient nous conduire à rejeter l’hypothèse
Remarquons toutefois que la portée de ces malthusienne d’un mécanisme de trappe aux niveaux
résultats obtenus sur la base des régressions des taux les plus bas de revenu par tête, puisque la liaison
de croissance du PIB par tête sur ceux de la démo-économique semble être positive à ces niveaux
population est limitée du fait de la faible (et significativement dans le cas de l’Asie), s’ils
significativité des coefficients de régression obtenus étaient confirmés par la suite. Or, les calculs effectués
sur les sous-ensembles. Le point important reste que sur la base des niveaux du PNB moyen réel32
nous ayons obtenu le même type de résultats pour la produisent un coefficient de régression significati-
majorité de ces régressions spécifiques puisque les vement négatif pour les régressions du taux de
coefficients y diminuent systématiquement (en croissance du PNB par tête, en particulier pour les
changeant ou non de signe) lorsque l’on passe de pays pays asiatiques. Il n’est donc possible de déduire de
les plus pauvres à des pays plus riches. De plus, ce ces calculs aucune conclusion définitive.
résultat se fonde tout de même sur les proportions Remarquons toutefois que cette hypothèse
respectives de 50 pour-cent et de 56 pour-cent des d’une différenciation des effets économiques de la
coefficients estimés significatifs dans les trois cas des croissance démographique sur la croissance du PIB
régressions des taux de croissance du PIB nominal moyen est présentée par Kelley33 comme une
total, et des taux de croissance du PIB par tête ouverture nécessaire des analyses empiriques de la
nominal et réel. Rappelons que ce relatif manque de vérification des relations démo-économiques. Même
significativité statistique se retrouve sur les si sa visibilité statistique est relativement limitée, il
régressions que nous avions effectuées pour la période est cependant utile que nous supposions que cet effet
1960-90 sur la totalité des ensembles continentaux, en différencié existe et que nous envisagions de le saisir
particulier pour l’Afrique (voir le tableau 2), avec de façon plus précise — ceci afin de pouvoir intégrer
toutefois des degrés différents selon que l’on cette non linéarité dans les équations multivariées de
considère les régressions des taux de croissance du croissance et de développement que nous poserons
PIB total ou celles des taux de croissance du PIB ultérieurement.
moyen. Toujours est-il que ces résultats ne manquent
pas de venir contredire l’hypothèse malthusienne F2 C.4#">$04,0#&",.4.%/>$0#
selon laquelle c’est aux niveaux de vie moyens les
plus faibles que la relation négative de la croissance
50&7+&,*./##+4,0&5"%.A*+8:/D
démographique vers la croissance économique doit >$0&7.*#>$0&70#&4/@0+$E
être la plus évidente. Et cette contradiction apparaît 50&5"@07.880%04)&5"%.A*+D
aussi bien lorsque l’on parle des niveaux de vie
moyens initiaux, que lorsque l’on parle des niveaux
8:/>$0&#.4)&5/<<"*04)#
de vie moyens atteints au cours du processus de
Nous avons appliqué la même méthode à la
développement.
recherche de non stabilités pour la relation estimée sur
Nous venons en effet de vérifier que la
l’échantillon total, lorsque l’on sépare ce dernier, pour
configuration est inversée, et ce pour chacun des sous-
chaque ensemble continental, en sous-groupes de
ensembles que nous venons d’identifier, puisque c’est
pour les pays dont les niveaux initiaux ou maxima sur
la période sont les plus élevés que la relation entre
taux de croissance démographique et économique 31
Autour de 50 pour-cent des coefficients estimés par
tend à être, sinon négative, comme c’est le cas pour les régressions sont significatifs.
32
l’Afrique ou l’Asie, du moins largement moins Issus des séries de PIB par tête réel des Penn World
positive, comme pour l’Amérique latine. Ces Tables 5.6.
33
Kelley, Schitdt [1996].
15
(a) Indicateur composite associant les écarts au profil moyen pour 5 indicateurs : le taux de mortalité infantile, le nombre d’enfants par
femme, le taux d’accroissement démographique entre 1980 et 1985, l’âge médian et l’espérance de vie à la naissance et définissant des
types d’écarts au profil moyen (méthode de la classification ascendante hiérarchique) ; les niveaux 1, 2 et 3 correspondant typiquement
au premier stade de la transition démographique, les niveaux 4 et 5 et plus correspondant aux deuxième et troisième stade de la transition
démographique.
Sources: Noin [1996], pp. 40-41.
Remarque : Tous les résultats ayant permis d’identifier des seuils de non stabilité, sur la base de tests de Chow opposant les régressions
effectuées sur les deux sous-ensembles complémentaires de pays définis par le seuil partageant l’ensemble total, ont été vérifiés en menant
des tests de Chow niveau contre niveau ; c’est à dire que lorsque le seuil identifié sur la totalité de la population est égal au niveau (x),
nous avons effectué les tests de Chow entre les sous-ensembles définis par les niveaux de situation démographique (x) et (x -1), ainsi
qu’entre les sous-ensembles définis par les niveaux (x) et (x +1).
alors même que pour l’Afrique (hors Afrique régressions sur l’échantillon complet et régressions
australe), le taux global d’évolution de cet indice, sur sur les sous échantillons complémentaires.
la même période est positif (entre +1 pour-cent et Ne disposant des données de situation
+5,8 pour-cent38). L’ensemble américain semble être démographique que pour l’année 1985, nous avons
le plus homogène du fait de son faible écart-type et effectué les régressions et les tests de Chow entre
correspond de façon évidente (moyenne supérieure à 1970 et 1990 seulement. Ceci ne réduit en rien la
4) à un stade assez avancé de transition démogra- portée de l’analyse puisque nous obtenons ainsi des
phique. Les pays asiatiques, enfin, se caractérisent, résultats associés aux périodes les plus intéressantes
dans leur acceptation restreinte ou non, par des car les plus récentes et les plus complexes du point de
niveaux généralement assez avancés de transition vue de l’interprétation. De plus, c’est précisément sur
démographique (entre 3 et 4)39. Ces ensembles ne sont cette période 1970-90 que s’est opéré le changement
toutefois pas parfaitement homogènes et des apparent de la relation statistique reliant croissance
différences dans le comportement de la liaison démo- démographique et croissance économique. Il est donc
économique peuvent être identifiées dans chacun de utile de distinguer plusieurs configurations possibles
ces groupes. La méthode utilisée est toujours celle du de cette relation en fonction des situations
test d’égalité des sommes des carrés des résidus entre démographiques. Les résultats étant reportés dans le
tableau 6. Il apparaît clairement que, dans chacun des
groupes, les comportements de la liaison démo-
économique doivent être nuancés sur la base des
38
United Nations [1991] ; tableau 41, rapporté par
divers niveaux de transition démographique associés
Barbieri [1995], p. 266. aux pays qui les composent. Ainsi, pour l’Afrique, les
39
D’autant plus avancés que l’on évacue les pays
musulmans.
17
caractéristiques de la régression ne sont pas stables (signe +) et les pays dont la mortalité est encore forte
dès lors que l’échantillon total est séparé en deux sous (signe -). Ce résultat semble être en contradiction avec
la séquence du changement de configuration observée
échantillons composés respectivement de pays précédemment sur la base des niveaux de
parvenus aux niveaux 1 et 2 de la transition développement. A l’inverse, la particularité africaine
démographique, et de pays plus avancés situés aux identifiée précédemment45, sur la base de l’espérance
niveaux 3 et 440.Il existe donc au moins deux de vie, semble se confirmer à l’issue de cette seconde
configurations de la relation démo-économique, selon série de tests. En supposant que les niveaux de
que l’on observera les pays ayant réalisé leur significativité des coefficients estimés soient
transition de la mortalité (niveaux 3 et 4) ou les pays globalement suffisants, ce qui est loin d’être le cas, il
qui ne sont pas encore parvenus à ce stade (niveaux 1 semble que le signe du coefficient de régression
et 2)41. Ce résultat est d’autant plus important que les associé à la liaison entre croissance démographique et
coefficients de régression passent de signes négatifs42 croissance du produit passe, pour les pays africains,
pour les niveaux de situation démographique 1 et 2 à de valeurs négatives à des valeurs positives lorsque le
des signes positifs43 pour les niveaux 3 et 4. processus de transition démographique s’engage, alors
Les résultats obtenus sur les deux autres sous- que ces mêmes coefficients semblent diminuer pour
ensembles, bien que moins significatifs pour ce qui les autres régions.
est de l’Asie, permettent également d’identifier de Ce résultat nous permet de différencier le
nouveaux seuils significatifs de non stabilité des comportement de la liaison démo-économique selon
coefficients de régression. Très logiquement, ces différents groupes de pays. Ainsi, la liaison entre
seuils apparaissent à des niveaux de transition croissance démographique et croissance du niveau de
démographique supérieurs. Dans le cas asiatique, les vie semble être négative46 pour les pays africains les
coefficients de régression associés au premier moins avancés dans le processus de la transition
(niveaux de l’indicateur de situation démographique démographique. En revanche, la liaison statistique
1, 2 et 3) et au deuxième stade de la transition semble être positive, sur la seule base des régressions
démographique (niveau 4) sont significativement des taux de croissance du PIB nominal global
différents (et supérieurs) de ceux associés au (significative sur 1975-85 et 1970-90) pour les pays
troisième stade (niveau 5). Toutefois, la portée de ce d’Afrique australe, d’Afrique du nord et pour les pays
résultat est limitée par le manque de significativité les plus avancés de l’Afrique sub-saharienne (Gabon,
statistique des coefficients estimés44. Dans le cas Cameroun, Kenya, Ile Maurice, et dans une moindre
américain, le résultat est proche, bien que plus mesure, le Congo). Le sens de cette différence de
significatif et intervenant entre le premier (niveaux 1, relation statistique reste toutefois à expliquer, d’autant
2 et 3) et les deuxième et troisième stades (niveaux 4 plus que ce sont les pays qui enregistrent les niveaux
et 5) de la transition démographique. Là encore, les de développement les moins élevés qui sont
coefficients diminuent significativement dès lors également les moins avancés dans le processus de la
qu’ils sont estimés sur des ensembles de pays situés à réduction de la fécondité. La corrélation entre baisse
des stades supérieurs de leur transition de la fécondité et niveau de développement est donc
démographique. généralement positive.
Ainsi, il n’est possible d’identifier de rupture A ce stade, il reste pourtant à expliquer la
systématique du signe de la liaison démo-économique contradiction qui réside dans le fait que les
simple que pour l’Afrique. Pour ce sous-groupe de coefficients positifs associés aux pays africains les
pays, une différence significative (50pour-cent de plus pauvres doivent être confrontés aux coefficients
coefficients significatifs) apparaît en effet entre les négatifs associés aux pays n’ayant pas encore diminué
pays ayant amorcé leur transition de la mortalité leur taux de mortalité, là où justement, la corrélation
entre ces deux groupes de pays devrait être largement
positive. Il est possible que cette contradiction soit
40
A savoir, 3 pays d’Afrique australe, l’Afrique du sud, explicable par la différence des échantillons temporels
le Botswana et le Zimbabwe, 4 pays d’Afrique du nord, l’Algérie, sur la base desquels sont estimées les relations.
le Maroc, la Tunisie et l’Egypte, et enfin, le Congo, le Gabon, le L’estimation des coefficients de régression effectuée
Cameroun, le Kénya et l’île Maurice. sur 1960-90 intègre nécessairement une sous période
41
Sur cette importante question de la transition de la
mortalité, voir notamment Caldwell [1986].
pendant laquelle croissance économique et expansion
42
Significatifs sur toutes les sous-périodes pour les
régressions des taux de croissance des PIB par tête nominal et réel
45
(tableaux F et G en annexes), mais seulement sur 1980-90 pour Voir la remarque associée au tableau E en annexe.
celles des taux de croissance du PIB nominal (tableau 6). 46
Significative sur toutes les périodes pour les
43
Significatifs sur 1970-90 et sur 1975-85 pour les régressions des taux de croissance des PIB par tête nominal et réel,
seules régressions des taux de croissance du PIB global. et seulement pour 1980-90 pour les régressions des taux de
44
Voir tableaux 6, F et G. croissance du PIB nominal total (voir tableaux 6, F et G).
démographique étaient complémentaires. Cette démographique supérieur. Les coefficients sont
inclusion conduisant à biaiser les résultats de la désormais significativement inférieurs pour les seuls
régression dans un sens positif par rapport à ceux qui pays50 dont les caractéristiques de mortalité et de
pourraient être obtenus sur la période plus réduite fécondité diffèrent peu de celles des pays
1980-90, qui est, par ailleurs, la seule période qui industrialisés développés.
permette d’obtenir pour les pays les plus en retard Au total, le coefficient de régression estimé
dans le processus de la transition démographique47, n’est significativement et régulièrement négatif que
des coefficients de la régression des taux de dans le cas des pays africains pour lesquels la
croissance du PIB global sur les taux d’accroissement fécondité n’avait pas encore commencé à diminuer en
démographique significativement négatifs. Cette 1985, et ceci pour toutes les régressions des taux de
contradiction dans nos résultats pourrait donc n’être croissance du PIB par tête nominal et réel.
qu’apparente et ne résulter que de la différence des Simultanément, et pour les régressions effectuées sur
périodes temporelles sur la base desquelles sont les taux de croissance du PIB nominal global, les pays
effectuées les régressions. africains engagés dans ce processus de réduction de la
Pour ce qui concerne l’Asie, ces calculs fécondité présentent des coefficients significativement
permettent de distinguer plusieurs ensembles de pays positifs pour les régressions sur 1970-90 et sur 1975-
pour lesquels la physionomie de la liaison démo- 85. Les coefficients estimés sur les pays américains
économique semble différer, bien que de façon peu sont également significativement positifs, surtout sur
significative. Ainsi, pour les pays les plus avancés 1970-90, et ceci quel que soit le niveau de baisse de la
dans le processus de réduction de la fécondité48, la fécondité. Il est en outre difficile de prendre en
liaison démo-économique est en moyenne plus compte les résultats obtenus sur l’Asie du fait de leur
négative que pour les autres pays de l’échantillon non significativité statistique. Il semble alors, dans
asiatique. Cependant, ce deuxième sous-groupe de l’état actuel de nos résultats, que la relation statistique
pays est très hétérogène du point de vue négative apparaissant à partir de 1975 puisse être
démographique puisqu’il rassemble des pays dans largement conditionnée par la relation spécifique aux
lesquels la mortalité est encore élevée (Afghanistan, pays africains les moins avancés dans le processus de
Pakistan, Népal et Iran) avec des pays déjà bien la transition de la fécondité et dans une moindre
avancés dans le processus de la transition mesure, de la mortalité51.
démographique (Philippines, Indonésie, Myanmar). Les résultats obtenus sur la base des
En outre, la non significativité des coefficients de régressions des taux de croissance des PIB par tête
régression estimés ne permet pas d’accepter de façon nominaux et réels (voir tableaux F et G en annexe) ne
robuste cette tendance apparente à la décroissance des viennent pas contredire cette hypothèse puisque les
coefficients. Enfin, le nombre de pays composant régressions effectuées sur les pays africains dont la
chaque sous-groupe potentiel est trop faible pour que fécondité n’a pas encore baissé produisent des
des analyses plus désagrégées puissent être coefficients significativement négatifs quelles que
pertinentes. soient les sous périodes de référence. Les régressions
Le même clivage s’observe sur le groupe des effectuées sur les données asiatiques conduisent
pays d’Amérique latine, bien que de façon beaucoup également à un coefficient significativement négatif,
plus significative. Sur la période totale allant de 1970 sur la sous période 1980-90, pour les ensembles moins
à 1990, le coefficient de régression, estimé sur la base homogènes des pays ayant amorcé une réduction de la
de la minorité de pays49 pour lesquels la réduction de fécondité et des pays à forte fécondité et dont la
la fécondité ne s’est pas réellement engagée, est mortalité commence juste à se stabiliser. Mais la
significativement positif et supérieur à celui qui est portée de ce résultat est limitée du fait de
calculé sur les 15 autres pays, plus avancés dans ce
processus. La même différence, bien qu’un peu moins
significative se manifeste sur la période la plus
récente 1980-90, mais à un stade de transition 50
Bien que le coefficient de régression moyen sur ce
groupe de pays (Argentine, Chili, Colombie, Costa Rica, Panama,
Uruguay et Venezuela).ne soit pas significativement différent de
zéro, il est tout de même significativement différent de celui qui
47
Le coefficient estimé associé à la régression des taux prévaut pour les pays moins avancés dans le processus de la
de croissance du PIB des pays dont le niveau initial (1960) de réduction de la fécondité, Argentine, Chili, Colombie, Costa Rica,
revenu moyen est inférieur ou égal à 100$ est d’ailleurs non Panama, Uruguay et Venezuela.
significativement différent de zéro et n’est donc plus 51
A savoir, Angola, Bénin, Burkina Faso, Burundi,
significativement positif comme il l’était sur la totalité de la RCA, Tchad, Ethiopie, Gambie, Guinée, Guinée-Bissau, Cote
période 1960-90. d’Ivoire, Lesotho, Liberia, Madagascar, Malawi, Mali, Mauritanie,
48
La République de Corée, Singapour, la Malaisie, la Mozambique, Niger, Nigeria, Rwanda, Sénégal, Sierra Leone,
Thaïlande et Sri Lanka. Somalie, Soudan, Swaziland, Tanzanie, Togo, Ouganda, Zaïre,
49
Bolivie, Guatemala, Honduras et Nicaragua. Zambie; soit 31 pays sur 44.
19
53
Barlow [1994], p.156.
54
Selon les propres résultats de Barlow.
55
Tels qu’ils le sont, même imparfaitement, dans le taux
de croissance démographique.
56
39 des 69 observations de son échantillon
52
A savoir, les 31 pays africains de la note précédente d’observations correspondant à un revenu moyen inférieur à
auxquels s’ajoutent Afghanistan, Bangladesh, Iran, Népal, 2000$ à la fin des années 70 correspond à des sous-périodes
Pakistan, Syrie et Bolivie. antérieures à 1975.
T a u x d e 1,0000 -,1849 -,1307 -,1736 -,2055
fécondité 1960 (77) P= ,000 (76) P= ,110 (75) P= ,264 (76) P= ,134 (77) P= ,073
Corrélation entre taux de croissance ,2157 -,0021 -,0525 ,2705 ,1055 ,0849
écon. 70-75 et taux de croissance (73) (a) (73) (74) (72) (72) (73)
démogr. 70-75 P= ,063 (b) P= ,986 P= ,653 ,020 P= ,371 P= ,469
Corrélation entre taux de croissance -,0598 -,2726 -,2785 -,0175 -,1888 -,2211
écon. 75-80 et taux de croissance (75) (75) (74) 74 (74) (73)
démogr. 75-80 P= ,605 P= ,016 P= ,015 ,881 P= ,102 P= ,057
Corrélation entre taux de croissance -,0622 -,2890 -,1107 -,0481 -,2238 -,1515
écon. 80-85 et taux de croissance (71) (71) (72) 70 (70) (71)
démogr. 80-85 P= ,601 P= ,013 P= ,348 ,688 P= ,059 P= ,201
Corrélation entre taux de croissance -,2437 -,4829 -,3872 -,2574 -,4533 -,3793
écon. 85-90 et taux de croissance (72) (72) (70) 71 (71) (69)
démogr. 85-90 P= ,036 P= ,000 P= ,001 ,028 P= ,000 P= ,001
(a) Effectif des observations prises en compte dans le calcul de la corrélation; (b) Probabilités pour les valeurs tabulés d’être dépassées;
les corrélations significatives (si P 0,100) sont mises en évidence par des caractères gras.
Or, nous remarquons sur la base de nos éventuelle des coefficients de régression de la
propres données (tableau 7), que sur cette période croissance du PIB par tête sur celle de la population
1970-1980, les corrélations entre taux de croissance observée sur les modèles à une seule variable exogène
du PIB par tête et taux de fécondité sont sensiblement ne peut plus s’expliquer par l’effet implicite de la
différentes de celles sur la base desquelles travaille corrélation positive entre les taux de fécondité décalés
Barlow. Le taux de fécondité de 1960 est ainsi et la croissance économique ; cette corrélation venant
négativement57, et non positivement, corrélé aux taux contrecarrer la corrélation négative instantanée entre
de croissance du PIB nominal par tête ainsi qu’à ceux les taux de croissance économique et démographique.
du PIB réel par tête, pour un décalage proche (entre Ceci d’autant plus que si l’on calcule les corrélations
15 et 20 ans) de celui sur lequel travaille Barlow (17 partielles de ces taux de croissance contrôlées par les
ans). Dès lors, il est moins étonnant de voir taux de fécondité décalés (tableau 8), il est aisé de se
apparaître, dès les années soixante-dix, une liaison rendre compte que l’effet de la fécondité passée est
négative entre croissance démographique et plutôt négatif puisque la corrélation entre les taux de
croissance du PIB. Par contre, la non significativité croissance de la population et du PIB par tête est
moins négative lorsqu’elle est contrôlée par la
variable de fécondité. Ce résultat se vérifie sur toutes
57 les corrélations significatives, quelles que soient la
Et ceci de façon assez significative.
21
sous période ou les séries de taux de croissance Les bonnes performances économiques,
économique (PIB nominal total et par tête, ou PIB réel initiales et diachroniques, d’une part, et les
par tête). configurations, statiques et dynamiques, de réduction
L’influence implicite des taux de fécondité de la fécondité d’autre part semblent donc entretenir
décalés constituerait alors un facteur d’amplification des relations d’interactions dynamiques
de la corrélation négative qui existe, depuis les années potentiellement vertueuses. Les caractéristiques
soixante-dix, entre croissance démographique et économiques les plus favorables (performances
croissance du revenu, du moins jusqu’aux décalages supérieures à la moyenne), en termes de niveau
de 20-25 ans. C’est seulement pour un décalage de comme de croissance, se retrouvent donc bien dans
25-30 ans, que l’effet des taux de fécondité passés l’ensemble des pays ayant enregistré les baisses de
semble être positif sur la corrélation des taux de fécondité les plus importantes sur la période 1960-78
croissance. Au-delà, ce retournement ne se confirme antérieure61. A contrario, les pays ayant enregistré les
pas sur le décalage supérieur (30-35 ans). Ces baisses de fécondité les moins importantes se
résultats sont donc fragiles, d’autant plus que les caractérisent par des performances économiques
corrélations ne sont statistiquement significatives que inférieures à la moyenne en fin de période.
pour les décalages de 10-15 ans et de 25-30 ans. Simultanément, les diminutions les plus rapides de la
Retenons toutefois que l’hypothèse de fécondité sont expérimentées par un ensemble de pays
Barlow, selon laquelle la fécondité retardée est dont les performances économiques initiales, c’est-à-
positivement corrélée à la croissance économique, est dire au début de la période de baisse de la fécondité,
non seulement remise en cause sur les mêmes étaient supérieures. La relation statistique entre
périodes de références, mais l’est également sur les dynamiques de réduction de la fécondité et
années les plus récentes58. Il semble, en revanche, que performances économiques est donc probablement
conformément à ce qu’affirme Barlow, «le résultat négative, dans un sens comme dans l’autre.
implique que les taux de croissance du PIB par tête Une ouverture intéressante consiste alors à
les plus élevés sont mesurables dans les pays dans approfondir l’analyse de ces relations en estimant les
lesquels la fécondité retardée est élevée et la caractéristiques de la liaison entre taux de croissance
fécondité courante est faible»59. démographique et économique pour chacun des
Les pays ayant enregistré les plus fortes ensembles de pays définis par des vitesses de baisse
baisses de fécondité sur les vingt années précédentes de la fécondité différentielles. Une procédure de test
sont également ceux qui présentent les meilleures de Chow permet d’identifier une non stabilité des
performances économiques (niveau et taux de paramètres caractéristiques de la régression entre les
croissance du revenu par tête, taux de croissance du taux de croissance économique et démographique
PIB). Ce résultat apparaît clairement dans le tableau selon la configuration de baisse de la fécondité. Ce
9. Symétriquement, même si, au départ de la baisse de test a été effectué sur l’échantillon total divisé en
la fécondité, le niveau de développement, tel qu’il est deux sous-ensembles, pour lesquels la baisse de la
mesuré par les indicateurs socio-économiques fécondité sur la période 1960-78 fut respectivement
conventionnels, est fortement variable et a peu de inférieure ou égale et supérieure à 10 pour-cent. Il
pouvoir prédicateur quant au déclenchement de la conduit à rejeter, au seuil de 1 pour-cent, l’hypothèse
transition, certaines analyses empiriques des rythmes nulle de stabilité des coefficients de régression sur les
de la baisse de la fécondité ont pu montrer60 qu’une deux sous échantillons. De plus, les valeurs estimées
fois amorcée la dynamique de transition, plus le de ces coefficients de régression rassemblées dans le
niveau de développement auquel un pays a amorcé le tableau 10 permettent de mettre en évidence la forte
ralentissement de la fécondité était élevé, plus le significativité statistique des coefficients de
rythme de diminution de la fécondité y sera élevé. régression associés aux pays ayant expérimenté les
Cette relation semble pouvoir se vérifier de façon diminutions de la fécondité les plus rapides entre
simple sur la base de nos données (tableau H en 1960 et 1978. Alternativement, les résultats obtenus
annexe). sur la base des pays dont la fécondité a le moins
58
La corrélation partielle des taux de croissance
démographique et économique de 1990-94 contrôlée par les taux
de fécondité de 1978 est égale à -,0531[(63); P= ,675] alors que
la corrélation simple bivariée est égale à -,4033 [(64); P= ,001];
la fécondité passée semble donc avoir un effet négatif sur la
corrélation entre taux de croissance.
59 61
«The results imply that the highest rates of per capita A savoir Tunisie, Indonésie, Rép. de Corée, Malaisie,
GDP growth are enjoyed by the countries with high lagged Philippines, Singapour, Sri Lanka, Thaïlande, Turquie, Chili,
fertility and low current fertility.» Barlow [1994], pp 156-57. Colombie, Costa Rica, Rép. Dominicaine, Panama, soit une
60
Bongaarts, Cotts Watkins [1996]. majorité de pays asiatiques.
Baisse de la Taux de croissance du PIB par tête 1975- ,69 3,06 -7,10 7,60 47
fécondité entre 80
1960 et 1978 Taux de croissance du PIB nominal total 3,52 3,03 -5,10 10,80 47
10% 1975-80
Niveau de PNB par tête en 1983 563,62 573,53 120,00 2370,00 47
Baisse de la Taux de croissance du PIB par tête 1975- 3,97 2,29 -1,00 7,20 15
fécondité entre 80
1960 et 1978 Taux de croissance du PIB nominal total 6,19 1,92 2,40 8,50 15
> 20% 1975-80
Niveau de PNB par tête en 1983 1483,57 1041,13 320,00 4540,00 14
Toutes situations Taux de croissance du PIB par tête 1975- 1,27 3,31 -7,10 7,90 81
80
confondues Taux de croissance du PIB nominal total 3,95 3,17 -5,10 10,80 81
1975-80
Niveau de PNB par tête en 1983 896,50 885,07 120,00 4540,00 80
* et ** correspondent à des coefficients estimés significatifs respectivement aux seuils de 10 pour-cent et de 5 pour-cent.
diminué sur la même période ne permettent pas de se les performances économiques identifiée depuis 1975
prononcer sur le signe de la relation62. s’explique mieux dans le cas des pays qui sont
Si la baisse importante de la fécondité semble parvenus à réduire leur fécondité de façon importante
être corrélée à l’obtention de résultats économiques sur la génération précédente. Cette relation devra
supérieurs à la moyenne, il semble que cette baisse toutefois être entendue pour prendre en compte le
puisse simultanément engendrer une liaison phénomène de la baisse continue des taux de
significativement négative de la croissance croissance démographique entretenue par des
démographique vers la croissance du produit (tableau performances économiques supérieures. L’intégration
10). Remarquons que la régression inverse des taux de de cette hypothèse oblige encore une fois à dépasser
croissance démographique sur les taux de croissance le sens unique malthusien allant de la population vers
du PIB par tête conduit aux mêmes résultats l’économie.
significativement négatifs que nous ne reproduirons Remarquons que l’évolution de la mortalité
pas ici. Il semble alors que, si l’on se place dans la sur la même période 1960-78 permet également de
logique de la transition démographique, cette liaison vérifier ce type de différenciation puisque, dans les
statistique globalement négative de la population vers cas d’une réduction inférieure ou supérieure à un
certain seuil63, la liaison entre taux de croissance
démographique et économique est respectivement
62
Les calculs de régression ont ét effectués sur les deux
sous-périodes 1975-80 et 1980-85 afin de pouvoir prendre en
compte les effets de la baisse de la fécondité en tenant compte de
63
décalages de 15 à 25 années, et afin de limiter le biais potentiel Ce seuil correspond à une valeur de la réduction de
que peut faire poser la mauvaise conjoncture de 1975-80 sur la mortalité de 34 pour-cent, en deçà de laquelle la liaison est
l’interprétation des résultats. négative et au-delà de laquelle elle est positive.
23
série temporelle des mêmes coefficients de régression taux de variation (mesuré en pourcentage) entre 1960
que Blanchet67 a pu obtenir par une méthode tout à et 1978. Nous isolons donc dans ces calculs, et de
fait différente, à savoir un modèle de simulation plus façon plus ou moins aléatoire, les effets des
complet de la liaison démo-économique, intégrant évolutions de la fécondité et de la mortalité passées
également développement et transition démographi- sur les taux de croissance de la fin de la période de
que. Bien que nous raisonnions sur la base d’une variation, sans jamais tenir compte de l’effet éventuel
temporalité très différente (25-30 ans) de celle de de ces dynamiques passées sur les évolutions démo-
Blanchet (100 ans), nous obtenons pratiquement la économiques qui leur sont contemporaines. Or, ces
même physionomie (croissance, décroissance, passage liaisons démo-économiques passées peuvent influer
à des valeurs négatives, prolongement de la sur la dynamique présentement estimée. Il manquerait
décroissance puis remontée) dans l’évolution des alors à ce système, défini ceteris paribus, des
coefficients de régression des taux de croissance hypothèses rendant compte de la dynamique propre du
économique sur les taux de croissance lien entre croissances économique et démographique
démographique. La divergence des temporalités durant la phase sur laquelle nous mesurons les
importe peu puisque notre simulation se situe, à la variations démographiques. Cependant, cette
différence de celle de Blanchet, dans un contexte limitation n’est pas totalement pertinente puisque la
mêlant séries temporelles et séries transversales, les double nature transversale et temporelle de
estimations se faisant surtout ici dans la dimension l’échantillon sur lequel nous travaillons nous permet
transversale. d’intégrer implicitement ces effets transitionnels des
Malgré tout, l’intérêt évident de ces résultats évolutions démographiques sur le lien démo-
ne doit pas occulter les limites qui les affectent et qui économique contemporain. Cette caractéristique de
en restreignent la portée. Tout d’abord, les notre échantillon permet d’intégrer de la même façon
coefficients de régression ont été successivement les effets de la dynamique propre de ce lien sur l’état
estimés sur des sous-échantillons d’observations de la liaison démo-économique tel qu’il peut être
filtrées selon les performances passées de réduction estimé entre les taux de croissance observés en fin de
de la fécondité et de la mortalité, ou selon les niveaux période. La population statistique de type panel doit
de fécondité et de mortalité atteints en 1978. Ces donc, au même titre qu’elle intègre toutes les
estimations ne sont donc pertinentes que sous configurations (statiques et dynamiques) de fécondité/
l’hypothèse de l’existence et de la robustesse mortalité/croissance économique, intégrer tous ces
statistique des seuils sous-jacents de variation de la effets transitoires implicitement présents dans les
fécondité et de la mortalité. De plus, cette méthode liaisons identifiées en fin de période.
empirique ne permet d’estimer les caractéristiques de Cette relation graphique peut enfin être utile
la régression entre les dynamiques démographique et à l’explication du retournement de la relation
économique que pour des ensembles de pays, assez statistique observée à partir de 1975. En effet, la
homogènes sur le plan des caractéristiques relation significativement négative apparue sur la
démographiques, mais dont l’hétérogénéité interne a période la plus récente peut s’interpréter par le fait
été lissée par la procédure d’estimation d’une que, sous les effets simultanés de la généralisation de
configuration moyenne. Nous avons toutefois vérifié la réduction de la mortalité, et de l’amorce d’une
ailleurs que la dynamique générale d’évolution de ces diminution de la fécondité, de plus en plus de pays68
coefficients est suffisamment robuste lorsque l’on entrent dans les phases 2 et 3 de la transition
change les valeurs des seuils dynamiques de fécondité démographique. Or, ces phases sont justement
et de mortalité. Les amplitudes de variations sont caractérisées par des coefficients de régression
alors différentes puisque la courbe s’aplatit lorsque significativement négatifs. De ce fait, l’équilibre
l’on s’éloigne des seuils de rupture des coefficients neutralisant explicable, sur les bases de l’échantillon
les plus pertinents, mais la courbe d’évolution garde transversal et des périodes les plus anciennes, par
la même physionomie sinusoïdale autour de zéro. l’association statistique de pays à des stades très
Toutefois, cette dynamique d’évolution différents de la transition démographique, et qui
simulée des coefficients de la liaison démo- conduisait à un coefficient de régression global
économique durant le processus de la transition moyen non significatif et proche de zéro n’est plus
démographique est valable pour les séries de taux de assuré. La composition des caractéristiques
croissance du PIB par tête et de la population mesurés démographiques des pays de l’échantillon change,
entre 1975 et 1980. Ces données intègrent donc un conduisant à une modification de la liaison globale
décalage de 0 à 20 ans avec les dynamiques qui les associe.
démographiques passées qui sont synthétisées en un
67 68
Blanchet [1989], p.623. A l’exception toutefois de certains pays africains.
Le modèle malthusien sur la base duquel nous (+,-), dans le cas d’un pays dont les
avons mené ces investigations statistiques ne permet ressources naturelles et autres facteurs de
précisément pas de prendre ces effets en compte. Une production ne sont pas contraints et ont des
limite importante de ce modèle69 est l’intégration d’un rendements croissants avec la population, et
mécanisme micro-économique (rendements ayant atteint un niveau avancé de TD, ou bien
décroissants du travail) à une relation strictement capable d’ajustement homéostatique.
macro, alors même que ces rendements décroissants, Sur un échantillon en cross-section ou
ne se vérifient généralement pas à ce niveau et qu’ils temporel, ces diverses configurations peuvent être
ont même tendance à s’accroître dans leur dynamique simultanées ou successives, c’est-à-dire qu’elles
historique. Le coefficient a de l’équation [1] ne saisit peuvent toutes se retrouver, en proportions variables,
ainsi que les effets instantanés de la croissance dans diverses sous parties de l’échantillon, venant
démographique généralement négatifs, c’est-à-dire les alors brouiller la recherche et la visibilité du
effets de naissances supplémentaires sur le revenu, sur coefficient de régression obtenu sur la régression
l’épargne et sur le capital, sans envisager les effets univariée simple, effectuée sur l’ensemble des
décalés potentiellement positifs que sont les observations de la population. Cette confusion est
incidences de la croissance démographique sur la bien sûr accrue sur des séries de panel associant les
force de travail, sur les capacités d’innovation et sur deux dimensions transversale et temporelle. Notre
la productivité historique. Le coefficient a est ainsi échantillon constitue donc un «laboratoire
généralement négatif dans le système malthusien pur transversal», nécessairement imparfait du fait de
alors que les coefficients e et k seront positifs. Il est l’économie de moyens propre à la méthode choisie,
alors aisé de déduire de cette opposition des signes mais permettant néanmoins d’approcher la dynamique
des deux régressions univariées réciproques la d’évolution des coefficients de la liaison démo-
possibilité d’une indétermination statistique du économique au cours de la transition démographique,
coefficient de la régression simple de dY/Y sur dP/P sans avoir à formuler trop d’hypothèses limitatives et
dans le cas d’une configuration empirique purement contraignantes70. Cette courbe d’évolution de la
malthusienne. Bien entendu, les configurations réelles liaison dynamique entre croissances démographique
de la relation entre produit et population et entre et économique doit notamment être utile à
population et produit ne correspondent pas toutes, l’interprétation des résultats des régressions et à la
dans l’espace et dans le temps, à des configurations construction d’un modèle plus complet de
typiquement malthusienne (-,+) ; toutes les l’interaction démo-économique qui intégrerait le
combinaisons suivantes sont en effet envisageables : double processus de la croissance économique et de la
modernisation démographique.
(+,+), dans le cas d’un pays dont les
ressources naturelles ne sont pas contraintes J2 C.4,7$#/.4
(relâchement de l’hypothèse de fixité de la
terre), dont les rendements de production sont Au total, il nous a été possible d’identifier
croissants et dont la croissance plusieurs résultats intéressants du point de vue de la
démographique n’est pas contrainte ; relation statistique entre croissance démographique,
(-,-), dans le cas d’un pays dont les ressources croissance économique et développement. Tout
naturelles sont contraintes (rendements d’abord, il est nettement apparu que la liaison
décroissants) et qui est situé à un niveau de statistique entre les taux de croissance du PIB et de la
transition démographique avancé puisque la population semble passer, à des périodes différentes
population diminue avec l’accroissement du selon les ensembles continentaux identifiés, d’un
revenu ou par le biais d’un mécanisme de signe positif ou proche de zéro, généralement peu
régulation homéostatique de la population, significatif, à un signe négatif de plus en plus
puisque à l’inverse, la population va significatif. Ce retournement semble s’effectuer assez
s’accroître lorsque le revenu va diminuer. Or, tôt, dès la fin des années 60, pour les pays asiatiques,
cette seconde possibilité n’est pas tenable en puis dans la deuxième moitié des années 70 pour les
situation de contrainte sur les ressources et de pays africains, et plus tard (années 80), et moins
relation produit/population négative ; nettement, pour les pays d’Amérique latine. C’est
69 70
Un cas extrême est la formalisation du système A la différence des modèles plus complexes de
malthusien dans un contexte purement micro néo-classique se simulation dont les résultats sont largement dépendants des
fondant largement sur l’hypothèse strictement micro-économique hypothèses effectuées, en particulier au niveau de la fixation des
de rendements décroissants du travail face à d’autres facteurs de valeurs des constantes et des paramètres contenus dans les
production quasi-constants. Razin, Sadka [1995], pp.76-77. équations utilisées.
27
toutefois assez normalement l’Afrique, par le passage de coefficients négatifs, pour des pays
vraisemblablement par un simple effet de proportion dont la mortalité est encore importante et tarde à
relative, qui est la plus proche de la temporalité du diminuer, à des coefficients croissants puis positifs
retournement observée sur l’échantillon total. dès que la réduction de la fécondité se met à
Nous avons pu montrer dans un deuxième accompagner la réduction confirmée de la mortalité,
temps que les valeurs de ces coefficients de régression puis décroissant une nouvelle fois et redevenant
devaient être relativisées en fonction des niveaux de négatifs lorsque la mortalité et la fécondité se sont
revenu par tête, et que ces calculs conduisaient à stabilisées à des niveaux inférieurs. Toutefois, ces
mettre en évidence une différence notable dans le analyses ne permettent pas de saisir l’interaction
comportement de la régression selon que les niveaux dynamique propre à la transition démographique
de revenu moyen étaient faibles ou supérieurs. Les puisqu’elles se fondent plus sur des niveaux atteints
coefficients de régression sont en effet positifs pour que sur des dynamiques d’évolution des variables
les pays à plus faible niveau de revenu moyen initial conditionnant ces changements démographiques que
ou atteint sur la période, et sont négatifs pour les pays sont les taux de mortalité et de fécondité.
à niveaux de revenu par tête supérieurs. Cette Cette dynamique d’évolution des coefficients
observation tendrait à rejeter l’hypothèse de la relation démo-économique est en outre
malthusienne réactualisée liant de façon négative la partiellement contredite par l’analyse de simulation
croissance économique à la croissance que nous avons pu effectuer en travaillant directement
démographique, autour du niveau d’équilibre de bas sur les évolutions des taux de mortalité et de
niveau, c’est-à-dire à des niveaux assez faibles de fécondité. Il semblerait, en effet, qu’existe un
revenu par tête. décalage entre les deux schémas dynamiques,
Nous avons effectué le même type de calculs décalage qui pourra être expliqué. Toutefois, il
à partir de deux indicateurs de transition convient de remarquer dès à présent que la deuxième
démographique afin d’identifier des seuils simulation est susceptible d’avoir une pertinence
continentaux de non stabilité de la relation démo- supérieure du fait qu’elle ne se fonde pas, comme
économique en fonction des niveaux et des tendances nous l’avions fait pour la première série d’analyse, sur
d’évolution de certaines caractéristiques démographi- des données de situation démographique observées
ques. Le premier indicateur, l’espérance de vie à la ex-post et en fin de période à partir desquelles elle
naissance, incomplet car ne rendant compte que des remonte le temps, mais qu’elle exploite des données
conséquences des dynamiques de la mortalité, a d’évolution des taux de mortalité et de fécondité, de
conduit à des résultats assez contradictoires dont 1960 à 1990. Cette dernière simulation, malgré ses
l’interprétation est difficile. Le deuxième indicateur, limites, produit des résultats intéressants du point de
plus complet car intégrant simultanément la mortalité, vue de la question du retournement de la relation
la fécondité, la structure par âge et la taille globale de démo-économique observé à partir de 1975,
la population, rejoint en partie les résultats obtenus puisqu’elle permet de vérifier que le retournement
sur la base du premier indicateur, bien que des observé dans la relation entre croissance économique
tendances apparaissent ici de façon plus nette. Ainsi, et expansion démographique peut aussi s’expliquer
pour le seul ensemble africain, le coefficient de la par l’association d’une majorité de pays situés à des
régression des taux de croissance du PIB par tête sur stades de la transition de la fécondité justement
ceux de la population passe de valeurs négatives pour caractérisés par des relations négatives.
les pays dont le niveau de transition démographique
est le moins avancé, relativement bien entendu à la
situation moyenne de chacune des régions concernées,
à des valeurs positives pour les pays dont les niveaux
de transition démographique sont au-delà du seuil Anker, R 1978. «An analysis of fertility differentials in
estimé de non stabilité. Pour les ensembles asiatique developing countries», The Review of Economics and
et américain, les coefficients connaissent une Statistics, n 1.
évolution inversée puisque leur valeur numérique
diminue pour le groupe de pays dont le niveau Barbiéri, Magali 1995. «Déclin de la mortalité et de la
fécondité dans les régions du sud», dans l’ouvrage publié
d’avancement dans le processus de la transition
sous la direction de Tabutin et al., Transitions
démographique est le plus important. Notons toutefois Démographiques et sociétés. Chaire Quételet 1992. Institut
que peu de ces coefficients estimés sont de Démographie, Université de Louvain, Academia/
statistiquement significatifs. L’Harmattan.
Ces résultats nous ont toutefois permis de
proposer une interprétation selon laquelle la Barlow, Robin 1994. «Population Growth and Economic
dynamique de la liaison démo-économique au cours Growth: Some More Correlations.» Population and
de la transition démographique pourrait se caractériser Development Review, n°20.
Razin A., Sadka E. Population Economics, The MIT Press,
Blanchet, D. 1985. «Croissances économique et Cambridge Mass.
démographique dans les pays en développement:
indépendance ou inter-dépendance ?», Population. Summers, A. Heston, S 1996. Penn World Tables 5.6,
NBER (www/.).
—. 1988. «A Stochastic Version of the Malthusian Trap
Model: Consequences for the Empirical Relationship United Nations 1991. World Population Prospects 1990,
between Economic Growth and Population Growth in New York, Department of International Economic and
LDC's.» Mathematical Population Studies, n°11. social Affairs, ST/ESA/SER.A/120.
—. 1989. «Croissance de la population et du produit par United Nations 1988, 1995. Demographic Yearbook, New
tête au cours de la transition démographique: un modèle York.
malthusien peut-il rendre compte de leurs relations?»,
Population, n° 443. World Bank; World Tables 1987-88, 1992, 1995, 1996.
World Bank, Washington,
—. 1991. Modélisation démo-économique; conséquences
économiques des évolutions démographiques,Paris, PUF, World Bank 1992, 1997. Rapport sur le Développement
INED. dans le Monde 1991, 1996, Washington.
'440E0#
50-60 NS NS S
60-70 S NS S
70-80 S NS S
80-90 NS S NS
65-75 S NS S
75-85 S S NS
85-94 S NS NS
Notes : NS (respectivement S) signifie que les tests de Chow ont permis (n’ont pas permis) d’identifier une non stabilité des
caractéristiques de la régression lorsque celle-ci est effectué sur chacun des sous-ensembles continentaux complémentaires 5asie, Afrique
ou Amérique latine) des trois grands ensembles Afrique-Amérique latine ; Afrique-Asie et Asie -Amérique latine.
100$ 250$ 700$
Afrique 0,46 -1,29** 0,17 -1,24** -0,07 -0,92**
(,998) (-3,42) (,42) (3,00) (-0,13) (-2,56)
(c)
300$ 600-700$ 1400$
Asie -0,42 -2,20** 0,13 -2,23** -1,41** -2,40**
(-,729) (-1,96) (,19) (-2,22) (-2,13) (-2,96)
40 ans 55 ans
Afrique 0,088 -0,076 0,38 1,24
(,253) (-,140) (1,18) (1,64)
45 ans 60 ans
Asie -0,04 -0,67 2,01** -1,42**
(-,046) (-1,246) (2,49) (-2,53)
50 ans 65 ans
Amérique latine 2,22** 1,65** 2,85** 0,22
(2,52) (4,60) (5,12) (,45)
Notes : **signifie que le coefficient de régression estimé est statistiquement significatif à un seuil de 5 pour-cent.
Remarque : Bien que le changement de coefficients de régression ne conduise à des valeurs estimées significatives que dans deux des
six cas, certaines régularités semblent pouvoir être observées. Le passage de la configuration correspondant aux niveaux d’espérance de
vie inférieurs à celle des niveaux supérieurs se caractérise toujours par une réduction du coefficient de régression, voire même dans
certains cas, le passage d’un coefficient positif à un coefficient négatif, à la différence notable, toutefois, du seuil de non stabilité associé,
pour l’Afrique, au critère d’espérance de vie de 1960 à 1990. Au delà du manque de significativité des coefficients estimés sur l’ensemble
africain, nous pourrions être en présence de ce qui pourrait constituer une spécificité africaine.
Baisse de la Taux de croissance du PIB par tête 1955-60 ,99 2,12 -3,10 6,90 36
fécondité entre
1960 et 1978
10% Niveau de PNB par tête en 1960 147,71 101,36 40,00 520,00 48
Baisse de la Taux de croissance du PIB par tête 1955-60 1,38 1,05 -,40 2,80 11
fécondité entre
1960 et 1978
> 20% Niveau de PNB par tête en 1960 290,00 169,07 30,00 620,00 14
Toutes situations Taux de croissance du PIB par tête 1955-60 1,57 2,81 -4,20 12,00 63
confondues
Niveau de PNB par tête en 1960 214,32 189,07 30,00 1120,00 81
33