Sources Chrétiennes Latines
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latines
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Les multiples positions des glises chrtiennes actuelles sur la question homosexuelle posent le
problme de la possibilit d'une doctrine cohrente et unifie du christianisme sur le sujet.
Les textes faisant rfrence l'homosexualit dans les sources chrtiennes de la tradition latine
(Bible chrtienne, Pres et docteurs de l'glise latine, lois et discipline ecclsiastiques, Magistre
des Pontifes catholiques romains), malgr les controverses que peuvent susciter leur interprtation,
permettent d'alimenter le dbat.
Sommaire
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1.2.5 Apocalypse
5 Notes et rfrences
6 Annexes
o
6.1 Bibliographie
Dieu, alert par la plainte contre Sodome et Gomorrhe2, dont les habitants taient des sclrats
qui pchaient gravement contre Yahv3 , est rsolu dtruire la ville pour punir ses habitants
(Gense 18:20-21). Aprs un pisode de marchandage o Dieu finit par promettre
Abraham d'pargner la ville s'il y reste au moins dix justes4, il envoie alors deux anges dans la ville
de Sodome o Loth, le neveu d'Abraham, s'tait rfugi, avec son clan. Loth les invite loger chez
lui5. Alors que personne n'est encore couch, la maison [est] cerne par les gens de la ville, les
gens de Sodome, du plus jeune au plus vieux, le peuple entier sans exception 6.
Gense 19, 5-11 : Ils appelrent Loth et lui dirent: O sont les hommes qui sont venus
chez toi cette nuit ? Fais-les sortir vers nous pour que nous les connaissions. . Loth sortit
vers eux sur le pas de sa porte, il la ferma derrire lui et dit : De grce, mes frres, ne
faites pas de malheur. J'ai votre disposition deux filles qui n'ont pas connu d'homme, je
puis les faire sortir vers vous et vous en ferez ce que bon vous semblera. Mais ne faites rien
ces hommes puisqu'ils sont venus l'ombre de mon toit. . Ils rpondirent : Tire-toi de
l ! et ils dirent : Cet individu est venu en migr et il fait le redresseur de torts ! Nous
allons lui faire plus de mal qu' eux. . Ils poussrent Loth avec violence et s'approchrent
pour enfoncer la porte. Mais les deux hommes tendirent la main pour faire rentrer Loth la
maison, prs d'eux. Ils fermrent la porte, et frapprent de ccit les gens qui taient devant
l'entre de la maison, depuis le plus petit jusqu'au plus grand ; ils ne purent trouver
l'entre7 .
La demande adresse par tout le peuple de Sodome, des enfants aux vieillards Lot : O
sont les hommes qui sont venus chez vous cette nuit ? Amenez-les nous pour que nous les
connaissions8. a jou un grand rle dans l'interprtation juive et chrtienne de cette histoire 9.
Le verbe hbreu , transcrit yad, connatre peut exprimer de manire euphmique les
rapports sexuels9. Certains commentateurs pensent que ce verbe ne s'applique qu'aux relations
htrosexuelles. L'Ancien Testament emploierait un autre verbe pour dcrire les relations
homosexuelles : shakam, coucher (Voir Lvitique 18, 22; 20, 13)9. Par consquent le
verbe yad' signifierait, dans l'pisode de Sodome, faire connaissance avec les trangers
que sont les deux anges9. Cependant, la suite de l'histoire tmoigne clairement d'un dsir
d'agression sexuelle9. Cela conduit Thomas Rmer et Loyse Bonjour privilgier l'interprtation
selon laquelle ce dsir d'agression, interprt alors comme un viol, acte de domination et
d'appel la soumission serait un manquement grave aux rgles de l'hospitalit manifestant
l'orgueil des habitants de Sodome9. D'ailleurs, dans les livres prophtiques de l'Ancien
Testament, les oracles faisant allusion l'pisode de Sodome et Gomorrhe fltrissent non pas
l'agression sexuelle en tant que telle mais l'orgueil, l'oisivet et l'hostilit envers les trangers.
Ainsi zchiel 16, 49 dclare : Voil ce que fut la faute de ta sur Sodome : orgueilleuse,
repue, tranquillement insouciante, elle et ses filles ; mais la main du malheureux et du pauvre,
elle ne la raffermissait pas7 . En Jrmie 23, 14, il est question d'adultre, de fausset,
d'encouragement des malfaiteurs9. Deutronome 29, 22 voque l'idoltrie, l'adoration des faux
dieux9. On retrouve la critique de l'inhospitalit dans le livre apocryphe de la Sagesse de
Salomon (19, 13-17) et chez l'historien juden Flavius Josphe au premier sicle de notre re10.
L'interprtation purement sexuelle de l'pisode de Sodome aurait merg lors de la
confrontation de la culture judenne avec le monde hellnistique autour duIIIe sicle avant notre
re9. Confronts aux pratiques pdrastiques et la nudit en vigueur dans les gymnases grecs
et les comptitions sportives, les religieux les plus orthodoxes auraient vu en Sodome le
symbole de la civilisation grecque qu'ils avaient tant de mal accepter. On trouve cette relecture
dans le Livre des Jubils(IIe sicle avant notre re), chapitre 16, dans le Testament de Nephtali,
chapitre 3, dans le Testament de Lvi, chapitre 149. On y fustige, certes, les rapports
homosexuels mais galement tout acte de fornication , c'est--dire tout acte sexuel, hors
mariage et ne s'ouvrant pas la procration9.
La lecture sexuelle de Gense 19 a eu un impact considrable sur la socit chrtienne des
sicles suivants. En effet, jusqu'au XVIIIe sicle, des traits de droit criminel11 rappelleront en
prambule l'pisode de Sodome, pour justifier la rigueur des lois en vigueur contre les
sodomites. De plus la plupart des traits de morale chrtienne utiliseront ce mme pisode pour
condamner les pratiques homosexuelles9.
Livre du Lvitique[modifier | modifier le code]
Dans le livre du Lvitique de l'Ancien Testament, les unions homosexuelles masculines sont
explicitement condamnes deux reprises :
1) Lvitique 18, 22 : Tu ne coucheras point avec un homme comme on couche avec une
femme. C'est une abomination.
2) Lvitique 20, 13 : Si un homme couche avec un homme comme on couche avec une
femme, ils ont fait tous deux une chose abominable ; ils seront punis de mort : leur sang
retombera sur eux.
Le terme abomination (hbreu ,, transcrit t, grec ,
transcrit bdelugma, latin abominatio) dsigne dans les critures juives et chrtiennes12 :
tout pch, toute action criminelle en gnral : Lvitique 18, 22.28.28; Isae 41, 24;
66, 3; Jrmie 6, 15; 7, 10; zchiel 5, 9.11; Malachie 2, 11; 1 Macchabes 1, 56...
une idole, une fausse divinit : Exode 8, 28; Deutronome 29, 17; 2 Rois 23, 13;
zchiel 7, 20; 11, 18.21; 1 Macchabes 6, 7...
la profanation de quelque chose de saint : Daniel 9, 27; 11, 31; 12, 11; 1
Macchabes 1, 51...
L'ide d'abomination semble donc concerner tout ce qui est interdit par le dieu hbreu,
dans sa volont de sparer, de mettre part le peuple auquel il est li. Dans ce cadre,
l'union homosexuelle masculine est assimile un crime remettant en cause
fondamentalement l'alliance du peuple avec le dieu d'Isral.
ne commettez pas le mal. Maintenant que cet homme est entr chez moi, ne commettez pas
cette infamie ! Voici ma fille qui est vierge, je vais donc la faire sortir. Abusez d'elle et faiteslui ce que bon vous semblera. Mais envers cet homme vous ne commettrez pas une infamie
de cette sorte 7! .
Le lvite livre sa concubine entre les mains des hommes de la cit. Ils la
connaissent et la malmnent la nuit durant et finissent par l'abandonner aux
aurores. La pauvre concubine se laisse tomber l'entre de la maison o logeait le
lvite20. Celui-ci, au matin, la trouve et la ramne, inanime jusque chez lui. L, il la
dcoupe en 12 morceaux, un pour chacune des tribus d'Isral21, afin qu'elles
sachent que les habitants de Guibea ont commis une impudicit et une infamie en
Isral22. . Il en rsulte une guerre contre les fils de Benjamin qui fait des milliers de
victimes et conduit la destruction par le feu de toutes les villes du territoire, dont
Guibea23.
Ce rcit voque par bien des aspects l'aventure de Loth Sodome. Des trangers
sont reus comme htes par l'un des habitants de la ville. Les habitants tentent de
les agresser sexuellement. La ville est finalement dtruite par le feu. De plus,
beaucoup de motifs et de tournures de phrases sont identiques 9. La triste diffrence
est que la concubine, aprs le viol d'une longue nuit, meurt. Ce qui est en cause ici,
c'est la violence et la brutalit des agresseurs qui offensent gravement le devoir
d'hospitalit9. On pourrait d'ailleurs renouveler ici les commentaires du rcit de Loth
Sodome.
Pour conclure la rflexion sur ces deux rcits, on peut se demander pourquoi les
auteurs ont choisi d'illustrer la condamnation de l'orgueil et du dni d'hospitalit par
deux histoires mettant en scne une tentative de viol commis par des hommes sur
d'autres hommes9. La rponse se trouve srement dans les concepts de domination
et de pouvoir du Proche-Orient ancien9. Certains textes (notamment d'gypte et de
Msopotamie) mentionnent, en effet, la sodomie dans un contexte militaire, afin de
priver les vaincus de leur honneur et de leur dignit d'hommes (de mles )9. Ainsi
l'acte de sodomie est une manifestation de puissance et de soumission de la
personne viole9. Enfin, ces deux rcits illustrent combien le viol d'hommes par
d'autres hommes tait beaucoup plus intolrable que celui de femmes, fussent-elles
des filles ou des concubines.
Premier et second livres de Samuel[modifier | modifier le code]
David, futur roi d'Isral, fait la connaissance de Jonathan, le fils du roi Sal, la fin
d'une bataille24. Ds le premier abord, leur relation parat forte et intime24 :
1 Samuel, 18, 1-4 : Or, ds que David eut fini de parler Sal, Jonathan s'attacha David
et l'aima comme lui-mme. Ce jour-l, Sal retint David et ne le laissa pas retourner chez
son pre. Alors, Jonathan fit alliance avec David, parce qu'il l'aimait comme lui-mme.
Jonathan se dpouilla du manteau qu'il portait et le donna David, ainsi que ses habits, et
jusqu' son pe, son arc et son ceinturon7 .
La dimension symbolique et politique de cet acte semble trs forte : en se
dnudant, Jonathan renonce son futur trne en faveur de David 24. Il faut noter
une diffrence par rapport aux traits de vassalit assyriens : s'ils utilisent
abondamment le mot aimer pour dcrire la relation entre deux rois gaux ou
l'amour que le vassal doit son roi, il s'agit ici d'une relation inverse. Un prince
s'abaisse aimer un inconnu24. Il s'tablit ainsi une alliance, un pacte tout
spcial entre David et Jonathan qui cherche protger son ami :
1 Samuel 19, 1-2 : Sal parla son fils Jonathan et tous ses serviteurs de son projet de
faire mourir David. Or, Jonathan, fils de Sal, aimait beaucoup David. Jonathan informa
David : Mon pre Sal, dit-il, cherche te faire mourir. Tiens-toi sur tes gardes demain
matin, reste l'abri et cache-toi7 .
Pour assurer la scurit de David, Jonathan promet David de le prvenir
des intentions malveillantes de Sal et fait promettre David et sa
maison de rester fidle la maison royale rgnante, c'est--dire lui-mme
et ses descendants :
1 Samuel 20, 16-17 : Et Jonathan conclut un pacte avec la maison de David : (...) et le
Seigneur en demandera compte David, ou plutt ses ennemis ! . Jonathan fit encore
prter serment David, dans son amiti pour lui, car il l'aimait comme lui-mme7 .
Plus tard, lorsque Jonathan succombera, avec son pre Sal, sur le
champ de bataille, David s'criera :
2 Samuel 1, 26 : Que de peine j'ai pour toi, Jonathan, mon frre ! Je t'aimais tant ! Ton
amiti tait pour moi une merveille plus belle que l'amour des femmes 7 .
La racine hbraque khaphets est rendue par la Traduction
cumnique de la Bible par aimer beaucoup . Or ce terme
marque une relation d'appropriation trs forte qui s'adresse plus
aux choses qu'aux personnes24. Dans le cas de l'attirance d'une
personne pour une autre, il est porteur, dans l'Ancien Testament,
d'une connotation sexuelle24 (cf. Gense 34, 19; Deutronome 21,
14). La traduction grecque de 1 Samuel 19, 1 rend ce terme par
, transcrit erao, dsirer, aimer 24. D'ailleurs, la
racine khaphets, plus que le verbe `ahab, aimer , implique une
dimension physique et inconsciente24. En outre, la relation entre
David et Jonathan est galement dcrite par le verbe qashar,
attacher, lier , qui signale un attachement fort, un lien vital, un
amour profond24. Enfin, lorsque David se lamente sur la mort de
son ami, il utilise non pas le mot amiti comme le rend la
Traduction cumnique de la Bible, mais le mot 'ahavah,
amour , le mme qu'il emploie pour parler de l'amour des
femmes24, le mme qui dcrit la relation du Bien-Aim et de la BienAime du Cantique des Cantiques (Cantique des Cantiques, 2,
5 : holat `ahava ani : je suis malade d'amour 25). Dans ce dernier
hommage, David exprime pour la premire fois ce qu'il ressent
pour Jonathan24.
Il est difficile de connatre la nature exacte des relations entre
David et Jonathan. Leur lien voque celui des hros
msopotamiens Gilgamesh et Enkidu24. La relation entre David et
Jonathan possde plusieurs dimensions: personnelle, politique,
religieuse. Ces deux personnages, de surcrot, sont maris et ont
des enfants. Le rcit biblique, lui seul, reste ambigu24.
Indpendamment de son interprtation, c'est en rfrence ce
rcit que l'association David et Jonathan, mouvement chrtien
brl de l'encens, depuis Guva jusqu' Ber-Shva. Il dmolit les hauts lieux des portes
(...)7 .
Job 36, 13-14 : Quant aux impies endurcis dans leur colre, eux n'implorent pas, lorsqu'il
les enchane. Leur existence s'teint en pleine jeunesse et leur vie s'achve parmi les
prostitus (hb. , transcrit qedeshm, gr. , transcrit aggeln,
lat. effeminatos) 7 .
On le voit, dans ces passages, le mme mot hbreu qdesh (pluriel: qadeshm) est traduit de
diverses manires par la Septante grecque (porneun: [homme] se prostituant ; sundesmos:
union, lien, conjonction ; telet: crmonie d'initiation ; kadsim, retranscription grecque de
l'hbreu; angelos : messager , messager de dieu, ange ) ou la Vulgate latine (qui se limite
scortator: homme dbauch, coureur et effeminatus: mou, effmin, nerv ; de murs
contre nature)27.
La racine du mot qdesh, , transcrit QDSH, voque la sparation du profane28. Cette ide de
sparation suggre l'tanchit en mme temps que le contact entre deux espaces qui peuvent,
tout moment, changer, communiquer, alterner, permuter leur contenu28. La racine drive ellemme de la forme primitive , transcrit QD, qui signifie diviser , couper 28. Tout ce qui est li
l'ide de saintet (actes), de sacralit (choses) voque l'ide de sparation et tout ce qui est spar
est prserv de la souillure et, donc, pur28,29. Quel que soit le contexte, la conscration se fait, par
consquent, au moyen d'une purification assure par une srie de rites28. Les deux actes de
conscration et de purification sont lis tel point qu'on ne peut clairement sparer les deux
notions28. La conscration est un acte sacrificiel de sparation28.
Pour clairer cette situation, il faut de se reporter aux socits msopotamiennes antiques 30. Dans
celles-ci, la sexualit n'est ni un tabou, ni un pch30. Elle fait partie des comportements sociaux qui
se manifestent diffremment selon le statut social30. En matire de relations homosexuelles, le
travesti sera toujours un partenaire passif et l'aristocrate tiendra toujours le rle actif 30. Il faut
distinguer, ici, deux types de personnes au comportement homosexuel, qui ne sont pas reconnues
socialement de la mme faon : d'une part, les prostitus (akkadien kurgarr, assyrien assinnu) de
la desse Ishtar (la desse de l'amour plaisir et de la fcondit), forment une partie de son clerg.
Ce sont des homosexuels professionnels 30. On retrouve leur trace dans les textes bibliques sous
le nom de chiens (Deutronome 23, 19)30. Mais ce terme n'est pas forcment pjoratif : un prtre
peut tre dsign ainsi, cette qualification rappelant la fidlit au dieu l'image de celle du chien
pour son matre30. Bien qu'intgrs la hirarchie sociale, ils en occupent le bas de l'chelle 30.
D'autre part, des hommes appartenant pleinement cette mme hirarchie rendent visite aux
prostitus d'Ishtar ou ont une relation secondaire ou passagre, tous comportements admis
socialement. Le verset du Deutronome indique qu'il existait bien des prostitu(e)s sacr(e)s en
Isral31. Ils taient vraisemblablement dsigns par le terme hbreu qdesh, qadeshim saint,
consacr 31. Les prostitus hommes taient aussi appels des chiens 31. La condamnation de la
prostitution sacrale voque dans les passages bibliques cits ci-dessus, manifeste le rejet de tout
culte des dieux autres que celui de la divinit hbraque Yahv ou Yahou31. Il s'agit non seulement de
supprimer la prostitution sacrale masculine et fminine et ses tablissements , mais galement
les hauts lieux, les poteaux, les stles sacres, les idoles, les sacrifices d'encens en l'honneur
des dieux du ciel, etc. Tout ce qui est li ces cultes constitue une abomination32 .
Dans les chapitres 1 4 de son pitre aux Romains, Paul de Tarse essaie de dmontrer
l'universalit du pch33. Face ce pch partout prsent, l'vangile annonce la justice de Dieu
par la foi et pour la foi34 . Paul de Tarse condamne les idoltres : alors que les perfections
invisibles de Dieu sont manifestes dans sa cration, ils ne l'ont pas connu, glorifi, remerci. Bien
plus, ils se sont mis adorer des images d'hommes ou d'animaux 35. Mais Dieu n'a pas cherch
gurir une plaie ingurissable36. Au contraire, il a aggrav encore plus ce que Paul de Tarse juge
comme des dviances36.
Romains 1, 24-32 : C'est pourquoi, Dieu les a livrs, par les convoitises de leurs curs
(gr. , transcrit epithumiais tn kardin autn, lat. desideria
cordis eorum), l'impuret (gr., transcrit akatharsian, lat.inmunditiam) o ils
avilissent eux-mmes leurs propres corps. Ils ont chang la vrit de Dieu contre le
mensonge, ador et servi la crature au lieu du crateur qui est bni ternellement. Amen.
C'est pourquoi Dieu les a livrs des passions avilissantes (gr. , transcrit path
atimias, lat. passiones ignomini): leurs femmes ont chang les rapports naturels pour des
rapports contre nature (gr. , transcrit tn phusikn
chrsin eis para phusin, lat. naturalem usum in eum usum qui est contra naturam); les
hommes de mme, abandonnant les rapports naturels (gr. , transcrit tn
phusikn chrsin, lat. naturali usu) avec la femme, se sont enflamms de dsir (gr.,
transcrit orexei, lat. desideriis) les uns pour les autres, commettant l'infamie
(gr. , transcritaschmosunn, lat. turpitudinem) d'homme (gr. , transcrit en,
lat. in) homme et recevant en leur personne le juste salaire de leur garement (gr. ,
transcrit plans, lat. erroris). Et comme ils n'ont pas jug bon de garder la connaissance de
Dieu, Dieu les a livrs leur intelligence sans jugement : ainsi font-ils ce qu'ils ne devraient
pas. Ils sont remplis de toute sorte d'injustice, de perversit (gr. , transcrit ponria,
lat. malitia fornicatione), de cupidit (gr. , transcrit pleonexia, lat. avaritia), de
mchancet (gr. , transcrit kakia, lat. nequitia), pleins d'envie, de meurtres, de
querelles, de ruse, de dpravation (gr., transcrit kakotheias, lat. malignitate),
diffamateurs, mdisants, ennemis de Dieu, provocateurs, orgueilleux, fanfarons, ingnieux
au mal, rebelles leurs parents, sans intelligence, sans loyaut, sans cur, sans piti. Bien
qu'ils connaissent le verdict de Dieu dclarant dignes de mort ceux qui commettent de telles
actions, ils ne se bornent pas les accomplir, mais ils approuvent encore ceux qui les
commettent7 .
Paul de Tarse interprte ici la situation des idoltres la manire du rcit du livre de l'Exode
(Ancien Testament) qui illustre les relations du Pharaon gyptien avec lesHbreux. Au lieu
d'empcher Pharaon d'accomplir ses desseins envers le peuple de Mose, Yahv endurcit son
cur plus encore afin qu'il ne laisse partir les fugitifs37. Selon Michel Quesnel, Dieu prcipite
l'avance vers la mort pour que devienne possible un nouveau commencement 36,38. Et en effet,
Paul de Tarse, dans ce passage de l'ptre aux Romains, utilise, plusieurs reprises, le
vocabulaire des passions qu'il associe l'ide d'infamie, de dshonneur, d'indignit. Or, la
passion implique l'ide de passivit. Les hommes et les femmes que Paul de Tarse condamne
paraissent ne plus pouvoir se matriser, comme si une force plus puissante qu'eux-mmes les
possdait. Le texte semble suggrer qu'il s'agit de l'action mme de Dieu qui livre les idoltres
l'impuret. Nanmoins, ce passage de l'ptre aux Romains montre comment l'idoltrie est
directement associe aux pratiques homosexuelles des hommes et des femmes. Le fait
d'adorer, dans l'idoltrie, des figures de cratures, au lieu de rendre un culte au Crateur,
conduit les paens blesser les lois de la nature dont Dieu est le grand ordonnateur. Perdant
l'usage naturel de leur sexe, ils perdent aussi leur intelligence, leur moralit personnelle et les
vertus sociales de loyaut, d'affection, de compassion. C'est pourquoi ils commettent le mal,
sont faux, cupides et orgueilleux.
pitre aux Corinthiens[modifier | modifier le code]
Paul de Tarse, s'adresse dans cette ptre l'glise des chrtiens de Corinthe. Selon un autre
ouvrage du Nouveau Testament, les Actes des Aptres 18, 1-17, il aurait fonde cette
communaut. Corinthe est situe la jonction de la Grce balkanique et de la pninsule
du Plopponse. Elle comptait, l'poque romaine, de 52500 87000 habitants 39. Corinthe
avait, dans l'Antiquit, mauvaise rputation40. Chez les Grecs, ,
transcrit korinthiazomai signifiait je vis en libertin 40. Dans le thtre le,
transcrit Korinthiasts est le type mme du dbauch40. Le pote latin Horace disait : Chacun
ne peut aller Corinthe , parce que cela ncessitait beaucoup d'argent40. Les Corinthiens
vnraient surtout la desse Aphrodite que servaient plus de mille prostitues sacres40. C'est
dans ce contexte que Paul rappelle la condamnation qui attend les pcheurs :
1 Corinthiens 6, 9-10 : Ne savez-vous pas que les injustes (gr. , lat. iniqui)
n'hriteront point le royaume de Dieu ? Ne vous y trompez pas : ni les fornicateurs
(gr. , lat. fornicarii), ni les idoltres, ni les adultres (gr. , lat. adulteri), ni les
effmins (gr. , lat. molles), ni ceux qui couchent avec des hommes
Ce passage du livre no-testamentaire de l'Apocalypse est situ la toute fin de l'ouvrage. Celui
qui se proclame l'alpha et l'omga, le premier et le dernier, le commencement et la fin
annonce qu'il vient bientt, lui et sa rtribution50. Se dessine alors la rcompense de ceux qui
lavent leurs robes , et le chtiment des pcheurs :
Apocalypse 22, 14-15 : Heureux ceux qui lavent leurs robes, afin d'avoir droit l'arbre de
vie, et d'entrer, par les portes, dans la cit. Dehors les chiens (gr., transcrit kunes,
lat. canes) et les magiciens, les impudiques (gr. , transcrit pornoi, lat. impudici) et les
meurtriers, les idoltres et quiconque aime ou pratique le mensonge 7! .
Ici encore nous est donc prsente une liste de pcheurs qui ne pourront jouir de la vie
future. On note le mot chiens qui parat isol au sein de cette numration. Il est
possible que ce mot renvoie aux prostitus sacrs avec lesquels il est clairement
associ dans le livre vtrotestamentaire du Deutronome, au chapitre 23, verset, 19. De
plus, si l'on se rfre au paragraphe prcdent concernant la prostitution masculine sacrale,
on observera que cette qualification tait, de la mme faon, applique aux prostitus
sacraux masculins de Msopotamie. Enfin, le mot chiens est li, dans ce passage, entre
autres, au terme , transcrit pornoiqui dsigne les dbauchs ou les personnes qui
se prostituent51 , c'est--dire toutes personne ayant des relations sexuelles hors mariage.
Or les passages prcdemment cits de la premire pitre aux Corinthiens ou de
la premire ptre Timothe unissaient galement, dans leur liste de pcheurs, les
dbauchs et ceux dont on peut penser qu'ils sont homosexuels.
se rfrant l'pisode de Sodome et de Gomorrhe53. Cela lui permet d'tablir une hirarchie
des actes dshonorants : le viol des filles de Loth est moins grave que le viol de ses htes
masculins, car le premier appartient encore l'ordre de la nature 54.
Jean Chrysostome ou Jean la bouche d'or (344/349-407) fut patriarche de
Constantinople et l'un des Pres grecs des glises catholique romaine, byzantine orthodoxe
et orientales. La sodomie est selon lui un acte infme qui fait souffrir l'me plus que le corps,
qui fait sortir l'homme de sa nature humaine et le place, dans la hirarchie des tres, en
dessous des animaux sans intelligences (les brutes). C'est enfin une promesse d'enfer
l'image de celui suscit par la punition de Sodome et de Gomorrhe. Son origine est la
recherche du plaisir et l'oubli de la crainte de Dieu[rf. ncessaire]55.
VIe
sicle
Aurelius Augustinus, dit Augustin d'Hippone (354-430), fut vque d'Hippone, Annaba,
dans l'actuelle Algrie et l'un des principaux Pres latins de l'glise catholique romaine.
Selon lui, le fait que Dieu ait puni Sodome par une pluie de feu montre quel point les actes
homosexuels tombent sous le jugement condamnatoire de Dieu56. Ces actes violent la
nature humaine cre par Dieu et rompent l'alliance entre Lui et l'humanit. Ce sont des
actes condamnables en eux-mmes, quand bien mme ils seraient pratiqus
universellement57. D'ailleurs Loth a prfr souiller des corps fminins plutt que celui de
ses htes masculins58.
Grgoire Ier, dit le Grand (540-604) fut le 64e pape, docteur et l'un des Pres latins de
l'glise catholique romaine. Selon lui, la punition de Sodome par le soufre et le feu montre
par analogie la puanteur et la souillure de la chair et de ses dsirs pervers 59.
Pierre Damien (v. 1007-1072) fut tout d'abord conduit par sa vocation d'ermite au
monastre camaldule de Fonte Villana, duquel il devintprieur. En 1058, il fut cr cardinalvque d'Ostie. Il rdigea, en 1051, le Liber Gomorrhianus ( Livre de Gomorrhe
l'adresse du pape catholique romain Lon IX), ouvrage dans lequel il dnonce les vices du
clerg et en particulier les pratiques homosexuelles de certains de ses membres. En 1823,
le pape Lon XII le dclara docteur de l'glise. Selon Pierre Damien, les pratiques
homosexuelles offensent la nature humaine, la droite raison, la prsence de l'Esprit Saint
dans l'me et tmoignent d'une possession diabolique60. Elles constituent le pire de tous les
vices. Ces pratiques ouvrent les portes de l'enfer61. Elles poussent la rvolte contre Dieu,
sparent des anges, loignent de la vertu et rongent l'me en secret. Elles obligent vivre
dans l'hypocrisie et font perdre la dignit humaine61.
Alain de Lille (vers 1120-1202) tait un philosophe et thologien scolastique, surnomm
le Doctor Universalis. Ayant pass de nombreuses annes en Angleterre (1148-1189), il
exera, ensuite, son enseignement thologique Paris, puis dans le sud de la France,
Montpellier. Il devint moine cistercien Cteaux et fut envoy comme missionnaire auprs
des Albigeois62,63. Avant 1148, Alain de Lille tait parti pour l'Angleterre, dans l'entourage de
l'archevque de Canterbury. Il fut frapp, en1168 et sous prtexte de sodomie, d'une peine
de relgation Wearmouth. C'est l qu'il rdigea, de 1168 1172, son ouvrage intitul Liber
de Planctu Natur (ouEnchiridion de natura rerum ou Tractatus contra Sodomiae vitium),
Le livre de la plainte de la Nature , dans lequel il dresse le long portrait et expose les
longs discours mtaphysiques et moraux de Natura, la Nature. Il associe les fonctions
cosmiques et les fonctions morales de cette dernire et mne de l'une l'autre en voquant
les choses de l'amour. Natura, institue vicaire de Dieu, suscite la vie et ordonne le domaine
de l'amour, de la procration et de la permanence des espces, par le moyen de ses lois qui
sont, concomitamment, les lois divines. Or Vnus, proclame subvicaire de la Nature, a
trahi le plan divin, passant de son union lgitime avec Hymne (le mariage) aux bras de
son amant Antigamus (l'anti-mariage). Natura se rvolte particulirement contre l'amour qui
s'oppose elle, l'homosexualit64,65, car Vnus fait prir la multitude naufrage des
hommes , en faisant d' eux des elles , en dvirilisant les hommes: Le sexe de genre
actif se fait honte et horreur de tomber ainsi dans le genre passif . L'homosexualit
hermaphrodite perd les hommes en leur faisant jouer le rle des deux sexes. La beaut
fminine est mprise, prive de tout fruit.
ces textes Hildegarde de Bingen. Kittredge Cherry a consacr un article cette sainte 80,
mettant l'hypothse qu'elle entrenait une relation homosexuelle avec la nonne Richardis de
Stade, en se basant sur la correspondance qu'elles changrent. Kittredege Cherry pense
que, si Hildegarde de Bingen est bien l'auteur des passages qu'on lui attribue, il s'agirait de
sa part d'un volont de protger sa relation avec Richardis, en donnant des gages ses
suprieurs religieux, sous couvert d'pouser en apparence leurs points de vue sur les
rapports entre personnes du mme sexe. Quoi qu'il en soit de la ralit de ces assertions,
Hildegarde de Bingen a t adopte comme sainte LGBT par certains chrtiens gays,
qui s'appuient sur sa correspondance avec Richardis de Stade81.
Le Franciscain Robert Lentz (n en 1946), ouvertement gay et artiste spcialis en
peintures religieuses a ralis une icne reprsentant Hildegarde et Richardis 82.
quelque Sodomite, avant d'tre accus, s'est repenti, et que, conduit par la pnitence, il a
renonc par serment cet abominable drglement, qu'il soit reu dans l'glise et jug
selon la sentence des Canons. Mais s'il est retomb de nouveau dans ce [drglement], et
qu'il veut de nouveau faire pnitence, qu'il soit, certes, admis la pnitence, mais qu'il soit
banni du Royaume de Jrusalem86.
Lors du troisime concile du Latran, Rome, en Italie, en 1179, on rencontre pour la
premire fois la phrase qui dsignera, dans les documents ultrieurs, l'homosexualit, en
lien avec la destruction de Sodome : Canon 11 : (...) Ceux que l'on reconnatra souffrir de
cette incontinence qui est contre nature, cause de laquelle la colre de Dieu vient
sur les fils de la dfiance et a consum les villes par le feu, seront, s'ils taient clercs,
chasss du clerg et rduits faire pnitence dans les monastres; S'ils sont lacs, qu'ils
soient soumis l'excommunication, et qu'ils soient retranchs de l'assemble des fidles 87 .
Le quatrime concile du Latran, en 1215, met un canon, le 14e, qui concerne la question
de l'incontinence des clercs en gnral. Ce canon vise amliorer leur chastet et les
enjoint se garder de tout vice du dsir drgl (ab omni libidinis vitio) et particulirement,
de celui cause duquel la colre de Dieu vient du ciel sur les fils de la dfiance . Les
clercs ayant t suspendus pour leur incontinence et ayant clbr, en dpit de cela, le
saint sacrifice de la messe, devront tre privs de tout bnfice ecclsiastique et dposs
perptuellement88.
La lecture de ces canons montre donc que le pch de sodomie tait puni de faon trs
svre :
le clerc tait suspendu de son office, chass du clerg, exil ou enferm dans un
monastre.
occasion honteuse, qu'ils soit battu de verge publiquement, qu'il laisse sa couronne
l'abandon et tondu honteusement, qu'il soit couvert de crachats au visage, et qu'il soit
tourment pendant six mois par l'angoisse de la prison, attach par des liens de fer, et qu'il
soit restaur de pain d'orge trois jours par semaine, le soir. Aprs cela passant six autres
mois dans un petit endroit spar sous la garde spirituelle de plus gs, qu'il s'applique
des uvres manuelles et la prire, soumis aux veilles et aux larmes et qu'il marche sous la
garde constante de deux frres spirituels, sans avoir de conversation prive et son tour il
devra tre li de jeunes gens par le conseil97.
La rgle monastique
bndictine[modifier | modifier le code]
La rgle monastique de Benot de Nursie, fondateur
du monachisme bndictin, a commenc d'tre rdige
vers 540. Elle ne fait pas directement allusion aux
pratiques homosexuelles mais fait en sorte qu'elles soient
vites au sein du monastre98.
3.
4.
5.
6.
7.
a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k, l, m, n, o et p Traduction cumnique de la
Bible (T.O.B.).
8.
9.
John Boswell, Les unions de mme sexe dans l'Europe antique et mdivale, Fayard, Coll.
Nouvelles tudes historiques , Paris, 1996, 540 p.
Daniel Helminiak4, Ce que la Bible dit vraiment de l'homosexualit, Institut SanofiSynthlabo, Les Empcheurs de penser en rond, 2005.
3. est religieux dominicain catholique romain, professeur mrite d'Ancien Testament l'universit de
Fribourg et enseignant l'cole biblique et archologique de Jrusalem. Voir le texte de
prsentation [archive] sur le site des d. du Cerf.
4. Est prtre catholique romain et thologien. Il enseigne la psychologie et la spiritualit en tant que
professeur de l' University of West Georgia. Il est galement psychothrapeute, auteur et confrencier.
5. Ancien professeur de Nouveau Testament Westmont College.