Les Fonctions de Comportement
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Les Fonctions de Comportement
LES FONCTIONS DE
COMPORTEMENT
Cours de Macroconomie
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KHEMAKHEM Jamel
INTRODUCTION GENERALE
Objet de la macroconomie
Lobjet de la macroconomie est la comprhension de lactivit conomique dans son
ensemble. Cette tche est trs complexe et semble impossible tellement les conomies sont
complexes. Cest pourquoi les conomistes ont rduit lconomie nationale un certain
nombre de catgories conomiques propos desquelles ils posent un certain nombre
dinterrogations fondamentales telles que : (i) quelles sont les causes des fluctuations
conomiques ? (ii) pourquoi le chmage ou linflation augmentent ? (iii) les politiques
conomiques sont elles efficaces pour rsoudre les problmes ?....
Ces phnomnes peuvent tre conjoncturels ou structurels. Dans ce dernier cas, ils relvent de
la croissance conomique, c'est--dire de la longue priode. La macroconomie traite donc
des phnomnes conjoncturels de courte priode, avec un stock de capital donn. Les
questions principales abordes par cette discipline gravitent autour du niveau de production,
du chmage, de linflation ou enfin des quilibres extrieurs.
Et pour tenter de comprendre ces phnomnes, les conomistes se donnent une reprsentation
simplifie de la ralit, en recourant la modlisation. Mais cette tche est loin dtre aise, la
reprsentation pertinente de la ralit nest pas une vidence. Et la mme ralit peut tre
reprsente de plusieurs manires selon lobjectif vis par ltude et surtout selon les
hypothses mises sur le systme conomique et sur son fonctionnement. Les hypothses sont
fondamentales parce quelles fixent le cadre gnral de lanalyse, et les fondements des
comportements des variables.
En sciences conomiques, la multiplicit des coles de pense sexplique en grande partie par
la multiplicit des hypothses mises sur le fonctionnement de la sphre conomique de la
socit. Et cest pourquoi ce cours sefforce de proposer systmatiquement deux approches
diffrentes des phnomnes tudis : une approche classique (noclassique) et une approche
keynsienne. Le clivage fondamental vis par ce cours se rapporte la pertinence de
lintervention publique dans la vie conomique.
Cette dernire proposition annonce dailleurs lobjet de ce cours : quen est-il de lefficacit
des politiques conomique dans la rsolution des problmes des fluctuations de la production,
du chmage, de linflation ou des dsquilibres extrieurs ?
La rponse cette interrogation suppose la construction de modles conomiques qui fera
lobjet de la deuxime partie de ce cours. Mais cette construction suppose que les lments
essentiels qui composent ces modles soient explicits et ceci nous proccupera dans la
premire partie de ce cours.
Ainsi se cours se droulera comme suit :
PARTIE I : LES FONCTIONS DE COMPORTEMENT ET LES MARCHES
o Le comportement de consommation
o Le comportement dinvestissement
o Le march de la monnaie
o Le march du travail
PARTIE II : LES MODELES MACROECONOMIQUES
o Un modle de plein emploi : le modle classique
o Un modle de sous emploi : le modle keynsien
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CHAPITRE PREMIER
LE COMPORTEMENT DE CONSOMMATION
Si nous commenons ce cours de macroconomie par lanalyse du comportement de
consommation, cest parce que celle-ci revt une importance capitale en analyse conomique
en gnral et en macroconomie en particulier.
En effet, la consommation est un acte fondateur de lactivit conomique dans le sens o cest
elle qui permet de satisfaire nos besoins (individuels et collectifs) et que ces derniers sont
lorigine mme de lactivit conomique. Ce sont les besoins qui transforme ltre humain
passif en agent conomique actif.
Par ailleurs, la consommation est en gnral la composante principale de la demande globale
et ce titre elle est au cur du dbat sur lefficacit des politiques macroconomiques de
relance. Et cest pourquoi son tude est un pralable toute modlisation des politiques
conomiques.
Ceci tant dit, nous dfinissons la consommation comme un acte de destruction dun bien ou
dun service. Cette consommation peut tre finale ou intermdiaire.
La consommation intermdiaire se rapporte un bien ou un service qui na pas encore achev
son itinraire dans le processus productif et qui est appel tre transform en un autre bien.
Elle correspond donc une destruction cratrice. Mais la consommation finale est un acte de
simple destruction destin satisfaire un besoin humain.
Cette consommation peut tre publique ou prive. Mais dans ce chapitre, nous nous
intressons exclusivement la consommation prive des mnages. La consommation publique
sera considre comme exogne et intgre dans les dpenses publiques .
Notre objectif est de passer en revue les analyses de la consommation globale des mnages en
vue de trouver les variables explicatives de cette volution, c'est--dire de dgager ses
dterminants.
Le dterminant premier qui a t avanc par les conomistes est le revenu. Mais ce concept
peut recouvrir diverses ralits : le revenu courant, le revenu relatif ou le revenu permanent.
Keynes retient la notion du revenu courant. Mais dautres auteurs introduisent certains
dcalages :
o Duesembery introduit ce dcalage au niveau du revenu avec lhypothse du
revenu relatif :
Ct = aYt + bYt-1
o Brown lintroduit au niveau de la consommation pour tenir compte des
habitudes :
o Ct = aYt + bCt-1 + C0.
Ces deux dernires propositions rejoignent celle de Keynes dans la mesure o elles se
rfrent des facteurs psychologiques.
A loppos de la thorie keynsienne, nous trouvons la thorie du choix intertemporel
propose par Fisher qui prend en compte le long terme et donc lvolution de la richesse.
Cette thorie va donner naissance plusieurs interprtations dont :
o Celle du revenu permanent de Friedman et
o Celle du cycle de vie de Modigliani.
Dans ce cours, nous limiterons nos investigations aux propositions de Keynes, Fisher,
Modigliani et Friedman.
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1
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Dans ce cours, nous supposons que les transferts extrieurs nets sont nuls et de ce fait PIB = PNB.
J.M. Keynes, La Thorie gnrale de l'emploi, de l'intrt et de la monnaie (1936).
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Yd
C, S, Yd
S>0
S
C0
S< 0
S>0
0
S<0
- C0
Yd
YdE
Lpargne peut tre ngative ou positive selon le niveau du revenu disponible. Il y a donc
un niveau du revenu disponible pour lequel lpargne est nulle, cest le seuil dpargne. Le
C
seuil dpargne YdE est tel que Ct = Ydt C0 + Yd = Yd Yd(1-c) = C0 YdE = 0
1+ c
Remarquons quau seuil dpargne, la propension moyenne consommer est gale un et la
propension moyenne pargner est nulle.
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PMCP
MS
PmC
PmS
1
c
s
PMC
Pmc
PmS
PMS
Yd
YdE
0
4
-4
-
-
10
12
1,2
0,8
-2
- 0,2
0,2
20
20
1
0,8
0
0
0,2
30
28
0 ,93
0,8
2
0,07
0,2
40
36
0,9
0,8
4
0,1
0,2
50
44
0,88
0,8
6
0,12
0,2
60
52
0,87
0,8
8
0,13
0,2
70
60
0,86
0,8
10
0,14
0,2
80
68
0,85
0,8
12
0,15
0,2
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Yd
La thorie keynsienne donne une explication statique du comportement des mnages dans
la mesure o elle ne rend pas compte de larbitrage entre la consommation prsente et la
consommation future et donne lpargne un statut de simple rsidu. Par ailleurs, il nya
aucun fondement microconomique la formulation macroconomique du comportement
de consommation.
Lensemble de ces limites rend ncessaire la reformulation de la thorie de la consommation.
La contribution de Fisher semble lalternative la plus exhaustive et celle qui a donn
naissance plusieurs interprtations alternatives.
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a) La notion de richesse
Nous dsignons par richesse dun mnage (W), la somme de ses revenus disponibles rels
Y
actualiss. Lquation de richesse : W = Y1 + 2
1+ r
b) La contrainte budgtaire
Par contrainte budgtaire dun mnage, nous dsignons lgalit entre ses ressources et leur
emploi. Il sagit, ici, de lgalit entre la somme de ses revenus disponibles rels actualiss et
la somme de ses consommations annuelles relles actualises.
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A priori, nous pouvons supposer que la richesse est constante court terme. Elle ne varie qu
long terme suite laccumulation de lpargne.
Y
W
C
Epargne
Dspargne
e
Au niveau individuel, la richesse augmente, puis baisse. Mais pour lensemble des mnages,
c'est--dire au niveau macroconomique, la richesse suit un trend ascendant. Ainsi :
W2
W1
W0
Y
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YP
1
1
1
YP
YP
W = YP +
+
+ ... +
= Y P 1 +
+
+ ... +
n 1
n 1
1 + r (1 + r )
1 + r (1 + r )
(1 + r )
(1 + r )
1 1
1+ r
W = YP
1 1
1+ r
1
1+ r
r
P1+ r
P
= Y r Y = W 1 + r
Mais cette dfinition thorique du revenu permanent ne permet pas de lvaluer dune manire
empirique tant donn lindtermination des revenus futurs et du taux dintrt futur. Cest
pourquoi Friedman a propos, pour surmonter cette difficult, une dfinition empirique qui se
base sur les revenus observs au prsent et durant les priodes passes.
Lhypothse de base est que les revenus courants subissent, danne en anne, des chocs
temporaires alatoires. Le revenu courant est donc form par deux composantes : une
composante permanente et une composante transitoire :
Yt = YtP + YtT (avec Yt : le revenu courant, YtP : le revenu permanent et YtT : le revenu transitoire)
Le revenu permanent est la composante du revenu que les mnages sattendent conserver
lavenir. Il reprsente donc la partie stable du revenu. Le revenu transitoire est la composante
du revenu dont les agents ne prvoient pas le maintien lavenir. Il reprsente la diffrence
court terme entre le revenu courant et le revenu permanent long terme.
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Si le revenu permanent est le revenu moyen, le revenu transitoire apparat comme lcart
alatoire par rapport cette moyenne. Cet cart peut tre positif ou ngatif selon que le
revenu courant est suprieur ou infrieur au revenu permanent. Ce dernier est une notion
continuellement ajuste dans le temps en fonction de lvolution des revenus courants des
mnages. Il peut tre estim partir dun processus danticipations adaptatives o le revenu
permanent dune priode serait gal au revenu permanent de la priode prcdente qui sera
ajust la hausse ou la baisse selon que le revenu transitoire est positif ou ngatif.
Supposons un coefficient dajustement (0 < < 1). Tout cart entre le revenu courant Yt et
le revenu permanent de la priode prcdente ( YtP1 ) sera ajout ou retranch lvaluation du
revenu permanent dans une proportion gale , c'est--dire que si nous considrons que
Yt YtP1 est le revenu transitoire, alors le revenu permanent sera :
YtP = (1 ) i Yt i
i=0
Le revenu permanent est donc la moyenne pondre des revenus courants des priodes
prcdentes. Les coefficients de pondration sont de plus en plus faibles au fur et mesure
que lon remonte dans le pass.
B) LA FONCTION DE CONSOMMATION
Lide de base de la thorie du revenu permanent est que les mnages orientent leur
consommation permanente en fonction de la partie permanente de leur revenu et adoptent un
autre comportement face leur revenu transitoire. Quand les revenus courants augmentent ou
baissent temporairement, les mnages ne bouleversent pas compltement leurs habitudes de
consommation. Sil sagit dune baisse temporaire, ils puisent dans leur pargne accumule
pour financer leurs dpenses normales de consommation ; sil sagit dune augmentation
temporaire, ils consacrent lpargne une proportion plus leve de leur revenu que
dhabitude.
Lide matresse derrire la thorie du revenu permanent est que la consommation courante
est une proportion du revenu disponible courant, mais cette proportion est plus importante
pour la partie du revenu qui est permanente et plus faible pour celle qui est transitoire. Les
mnages pargnent une plus grande proportion de leur revenu transitoire que celle relative
leur revenu permanent. Si leurs revenus transitoires deviennent ngatifs, ils puisent dans leurs
pargnes pour maintenir leurs niveaux de vie.
Lune des consquences de la distinction entre le revenu permanent et le revenu transitoire est
la variation de la PMC et de la PmC court terme par rapport leurs valeurs de long terme au
cours du cycle conomique7. En effet, en priode dexpansion conomique, les mnages
ralisent des revenus transitoires positifs et importants, ce qui les incite lpargne ; leur
richesse va donc augmenter. Ils ont un comportement inverse en cas de rcession et de
revenus transitoires ngatifs.
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Un cycle conomique est une fluctuation rcurrente de la production et de lemploi comprenant une oscillation
la hausse et une oscillation la baisse par rapport une tendance.
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