Inra Magazine1

INRA
Agriculture
Alimentation
Environnement
N1 - JUIN 2007 magazine
Puiser
DOSSIER
le carburant
dans les plantes
RECHERCHE REPORTAGE HORIZONS
Des poulets Nantes : A lchelle mondiale,
rsistants les produits
la salmonelle craliers la recherche agronomique
alvolaires sorganise
sommaire
HORIZONS
EDITO
Chers lecteurs
03 HORIZONS
J
A lchelle mondiale, ai le plaisir de vous prsenter le premier numro
la recherche agronomique dInra magazine, nouveau priodique de lInra. Il fera le point
sorganise sur nos rsultats scientifiques en cherchant vous donner les
clairages qui permettent dapprhender les dfis de la recherche
06 RECHERCHES agronomique.
& INNOVATIONS Pour le dossier central de ce premier numro, nous avons choisi
Des poulets rsistants le thme des biocarburants : aspects socioconomiques,
aux salmonelles
approches agronomiques, enjeux environnementaux.
Dcouverte dun u fil de reportages auprs de nos quipes, vous dcouvrirez
cytosquelette bactrien
le mtabolisme dun institut de recherche finalis
Brigitte Manouukian
Conserver le peuplier noir et ce qui en fait la richesse : de la recherche fondamentale
sauvage
aux objets de recherche, de lexprimentation la modlisation,
Les jeunes vaches bonne
toutes les disciplines de la science sont mobilises. Toutes les
cole en montagne
comptences internes sont sollicites. Nous comptons galement
La bibliothque
sur lensemble de nos partenaires.
du gnome vgtal
Rchauffement climatique, alimentation, quilibres cologiques
des territoires ruraux, mergence de nouvelles pathologies,
comptitivit et durabilit des agricultures, tous ces dfis
ont remis l'agronomie au centre des proccupations
A lchelle mondiale,
des dcideurs. Et lInra a la chance de runir les scientifiques
pouvant aborder de manire pertinente, grce des approches
la recherche agronomique
sorganise
pluridisciplinaires, ces enjeux globaux.
Notre positionnement nous appelle affirmer notre stratgie
scientifique, dmontrer notre ouverture sur la socit
et afficher nos rsultats qui sont au service de tous.
Cest aussi le rle que doit jouer Inra magazine : un espace

de liens entre les diffrents acteurs de la recherche agronomique Autosuffisance alimentaire, scurit sanitaire, prservation MARION GUILLOU
de lenvironnement Dun pays lautre, la recherche agronomique prsidente-directrice gnrale
quils soient agriculteurs, industriels, dcideurs publics, poursuit depuis toujours des objectifs multiples. Mais aujourdhui, de lInra
reprsentants associatifs, personnel de lInra, simple citoyen des liens se tissent plus que jamais pour fdrer les moyens.
13 DOSSIER cherchant une information fiable, constructive et accessible. Marion Guillou, prsidente-directrice gnrale de lInra revient
sur cette construction mondiale.
Esprant que ce premier numro vous donnera satisfaction
PUISER LE et quil favorisera le lien qui unit notre Institut, depuis 60 ans, LInra a ft lan dernier son 60me
BIOCARBURANT ces nombreux partenaires, nous restons attentifs anniversaire. LInstitut occupe au-
dans les plantes vos suggestions. En France, comment des approches transversales, multi- jourdhui le deuxime rang mondial
la recherche agronomique disciplinaires et dassocier de multi- en matire de production scientifique
sorganise-t-elle ? ples partenaires. agronomique. Les deux autres insti-
Marion Guillou, Marion Guillou : La recherche Les dfis poss interpellent la re- tuts de recherche, le Cirad (Centre de
prsidente-directrice gnrale de lInra
25 REGARD agronomique en France sintresse cherche agronomique : quelles ali- coopration internationale en re-
Bernard lagriculture comme lalimentation, mentations favorables au bien-tre cherche agronomique pour le
Chevassus-au-Louis lenvironnement et aux territoires. des populations ? Quels quilibres dveloppement) et lIRD dans sa par-
Elle doit plus que jamais tenir compte cologiques des territoires ruraux ? tie agronomique (Institut de recher-
des interactions entre ces compo- Quels modles productifs et durables che pour le dveloppement) ont vo-
26 REPORTAGE santes et de leurs dimensions locales construire dans le respect des res- cation orienter leurs recherches vers
INRA
Agriculture
Nantes : Les produits Alimentation
Environnement
comme mondiales. Laugmentation sources naturelles ? les pays du Sud. Ces organismes se
craliers alvolaires N1 - JUIN 2007 magazine de la population mondiale, une Seule une recherche agronomique sont longtemps ctoys en poursui-
Inra 147, rue de lUniversit 75338 Paris Cedex 07 www.inra.fr meilleure satisfaction de ses besoins forte, organise en rseau, capable de vant des objectifs diffrents. Mais, au-
Directrice de la publication : Marion Guillou. Directeur ditorial : Pierre Establet. Rdacteur en chef : Michel alimentaires, un besoin de produc- dvelopper des partenariats nationaux, jourdhui, la complmentarit joue
29 IMPRESSIONS Zelvelder. Rdactrice en chef adjointe : Catherine Donnars. Conception et ralisation : tion agricole doubl lchance de europens et internationaux sur le plein et la France renforce sa position
Citizen Press 01 53 00 10 00. Responsable ddition : Valrie Devillaine. Direction artistique : Marie-Laure Noel. 2050, le changement climatique, la moyen et le long terme permettra de internationale travers la constitu-
Maquette : Patricia Perrot. Iconographie : Marion Ricard, Jean-Marie Bossennec, Julien Lanson. Dpt lgal : juin 2007. gestion de la biodiversit, le dvelop- proposer des avances dans la connais- tion dun groupement dintrt pu-
32 AGENDA Impression : Point 44.
pement de maladies mergentes ani- sance, de fournir des clairages, dou- blic entre le Cirad et lInra (voir en-
males, tous ces sujets ncessitent vrir des chemins dinnovation. cadr p.4). 2
2 I NRA MAGAZINE N1 JUIN 2007 I NRA MAGAZINE N1 JUIN 2007

3
HORIZONS en bref
Inra-Cirad : un rapprochement
scientifiquement fond
qui sappuient sur des fonds et des
comptences issus des pays du Nord.
Il en existe 15 dans le monde, qui em-
ploient 7500 personnes pour un bud-
Endure, sur la voie OLEurope des hommes
LInra a pour objectif de recru-
ter 15 % de scientifiques eu-
Depuis une quinzaine dannes, les partenariats entre lInra
et le Cirad se sont multiplis, mais le rapprochement entre
get total de 500 millions de dollars.
Leur financement est assur par la
dune agriculture durable ropens en 2010. Par
ailleurs, lInstitut a dj mis en
place trois sites daccueil
les deux organismes est aujourdhui clairement formalis. Il prend Banque mondiale, qui collecte et re-
la forme dun groupement dintrt public Initiative franaise pour labelliss Marie Curie , lun
distribue les subventions. Outre la
D
epuis fvrier 2007, lInra sera dot dun financement de
la recherche agronomique internationale (IFRAI) . Objectif : Versailles et les deux autres
Banque elle-mme, les tats-Unis, coordonne le rseau europen 11,2 millions deuros.
proposer une offre conjointe pour rpondre aux enjeux Jouy-en-Josas, qui comptent
lUnion europenne, la Grande- ENDURE, European Network Le rseau va investir dans la biologie
plantaires du dveloppement durable. Cest un rapprochement aujourdhui plus de cinquante
Bretagne et lAllemagne en sont les for the Durable Exploitation of Crop des agents pathognes, des insectes et
qui va de soi intellectuellement et scientifiquement pour les jeunes chercheurs trangers.
deux instituts car leurs savoir-faire respectifs sont complmentaires. principaux contributeurs. La France Protection Strategies, un rseau de des mauvaises herbes afin de pro-
Finances par la commission
Stratgiquement, il permet y tient un rle particulier. recherche au service dune agriculture gresser dans la mise au point de
europenne, les actions
au Cirad de profiter des plus respectueuse de lenvironnement. varits rsistance durable, le recours
Marie Curie offrent diff-
comptences pointues de Quel est lavenir de cette ENDURE revt pour quatre ans la la lutte biologique, la diversification
rentes possibilits de forma-
lInra dans lesquelles il naurait recherche agronomique forme dun rseau dexcellence euro- des agro-cosystmes, la gestion des
pas les moyens dinvestir seul. tion et de mobilit ltranger
internationale ? pen (Rex), lun des instruments espces envahissantes, la gestion
Le Cirad, quant lui, ouvre pour les chercheurs.
En 2002, Nairobi (Kenya), a t lanc adopts par Bruxelles pour structurer intgre des plantes nuisibles. Laccent
lInra ses implantations un vaste programme prospectif : les forces de recherche europenne. Il sera mis en particulier sur la
ltranger et sa connaissance
+dinfos OProspective avicole
lIAASTD (International Assessment runit plus de 130 chercheurs de conception de systmes innovants de Ocontact :
des problmatiques Pierre Ricci, L'Inra lance en septembre
of Agricultural Science et Technology disciplines varies (agronomie, gn- protection intgre des cultures, afin Pierre.Ricci@
Inra / Dominique Blancard
du Sud. Cette collaboration, 2007 une tude prospective

for Development). Lanc par les Na- tique, cologie, conomie, sociologie) mme den devenir le leader mon- sophia.inra.fr
qui rapproche aussi lInra sur la filire avicole, conduite
des centres internationaux de tions unies et la Banque mondiale, il issus de 18 institutions europennes, dial selon Pierre Ricci, coordinateur avec l'Institut technique de
recherche, tait trs attendue a pour but de rpondre une ques- dont 30 quipes de recherche Inra, et du rseau. l'aviculture (Itavi) et l'appui de
de ses partenaires ltranger. tion essentielle : Peut-on rduire la la profession avicole. Ce travail,
faim et la pauvret dans le monde,
Rseau dexcellence
d'une dure de deux ans,
amliorer les conditions de vie des zones permettra de dfinir les
rurales et promouvoir un dveloppe- principaux scenarios possibles
POLLINISATION ment durable et quitable grce lac- d'volution de la filire et
du chou en Chine.
cs, lutilisation et la production de sa-
voirs, de sciences et de technologies
agricoles ? .
ddi la plante d'orienter les priorits de
recherche et de
dveloppement.
La France a choisi de participer ce
2 Quelles relations la recherche lpreuve, les technologies utilises programme. Elle en est un des plus
L
es rseaux thmatiques de risques lis aux maladies vgtales,
agronomique franaise par les chercheurs rapprochent lInra importants contributeurs financiers recherche avance (RTRA) ont la scurit sanitaire des aliments,
entretient-elle avec ses et les autres organismes de recherche aprs la Banque mondiale, et une pour objectif de crer de hauts lrosion des ressources naturelles .
homologues trangers ? agronomique. LAgricultural Research vingtaine dexperts franais du Cirad, lieux scientifiques visibles sur la scne Il sagit tout dabord damliorer,
Les grands pays occidentaux sont Service (ARS) aux Etats-Unis, lAca- de lIRD, de lInra notamment parti- internationale, en permettant aux grce la biologie intgrative, la
lorigine de la plupart des innova- dmie des Sciences agricoles en Chine, cipent ces travaux. Le programme organismes de recherche, aux univer- connaissance du fonctionnement des
DR
tions technologiques et ils ont laiss lEMBRAPA au Brsil ou lICAR en doit effectuer une valuation critique sits et aux grandes coles proches go- plantes dans leur milieu, en zone tem-
leur empreinte sur lagriculture par- Inde partagent avec nous de grande ce qua t la recherche agrono- graphiquement de se regrouper autour pre, mditerranenne ou tropicale, rseau
tout dans le monde. Pourtant, lInra des similitudes dorganisation et mique des cinquante dernires annes d'une thmatique stratgique. Mont- et ce, du gne la plante entire. Le OBaSysBio
est arriv tardivement comme acteur dvolution. avant de fixer un agenda de recher- pellier, le RTRA agronomie et dve- deuxime axe de recherche associe Le projet intgr europen
du systme international. Au-del des che pour le demi-sicle venir. Les loppement durable concrtise les sciences techniques et sciences so- BaSysBio - Bacillus Systems
cooprations bilatrales avec les pays Par quels moyens rsultats sont attendus pour 2008. Nul efforts de ses trois fondateurs : lInra, ciales : identifier et promouvoir des Biology - coordonn par lInra,
dvelopps, lInstitut a commenc la recherche agronomique doute quils joueront un rle le Cirad et Montpellier SupAgro. Leurs mthodes innovantes dans lagricul- LInra mobilisera sur quatre ans
participe
nouer des changes avec ses parte- fait-elle face ces enjeux ? important dans lorientation de la partenaires sont des tablissements ture, lalimentation, lenvironnement quinze organismes de
naires europens il y a une quinzaine
dannes et met aujourdhui en place
La recherche agronomique est pr-
sente partout, mais les moyens mis
recherche agronomique de demain. dAgropolis International, ple scienti-
fique qui fdre tous les acteurs de
et les agroindustries, dans une pers-
pective de dveloppement durable.
4 RTRA
parmi les
recherche europens et une
universit australienne.
Lobjectif est dtudier le
des cooprations au-del des fron-
tires de lUnion, avec les pays mer-
en uvre ne sont pas les mmes selon
les pays. Dans les pays moins dve-
lagronomie en Languedoc-Roussillon
aux premiers rangs desquels : lIRD, Un budget 13
retenus par le
fonctionnement global dune
bactrie modle : Bacillus
gents comme la Chine, lInde, le Br- lopps, les tudes montrent quun lUniversit ou le CNRS. de 20 millions deuros
sil ainsi quavec les pays du Bassin rseau dollar investi dans des activits rura- Le RTRA regroupe, Montpellier et
Gouvernement.
subtilis. Les connaissances
mditerranen. les a deux fois plus deffet sur le Les plantes Avignon, 30 units de recherche et obtenues seront tendues
dveloppement quun dollar investi au cur des recherches prs de 800 chercheurs de haut ni- des bactries pathognes,
Les proccupations vis--vis dans nimporte quel autre domaine. Les enjeux sont de trois ordres, veau. Sa structure juridique est celle ouvrant le champ des
de lagronomie ne sont Ces pays ont parfaitement conscience explique Anne-Lucie Wack, coordi- dune fondation de coopration applications dans les domaines
pourtant pas les mmes
partout dans le monde
900
participants
de limportance de ces enjeux et y
consacrent des moyens croissants.
+dinfos
Ocontact : Bernard Hubert
natrice du RTRA : tudier ladapta-
tion des plantes du Nord et du Sud aux
scientifique qui lui procure souplesse
et ractivit dans le contexte actuel
de la sant et de
lenvironnement. Le
Les priorits thmatiques, les moyens, et 110 pays Au niveau mondial, les centres de re- bernard.hubert@paris.inra.fr changements climatiques ; rpondre de comptition internationale. +dinfos financement du programme
collaborent au Osur le Web : Osur le Web :
les partenaires varient. En revanche, cherche internationaux tiennent un IAASTD : www.agassessment.org la demande croissante dutilisation des www.recherche. slve douze millions
programme Cirad : www.cirad.fr
les comptences scientifiques IAASTD. rle important. Il sagit de structures plantes des fins alimentaires et non Dotation initiale : 20 millions deuros, gouv.fr/discours/ deuros.
IRD : www.ird.fr 2006/listepmrtra.
dployes, les thories mises implantes dans les pays du Sud, mais Inra : www.inra.fr alimentaires ; enfin, faire face aux dont 17 en provenance de ltat. pdf
4 I NRA MAGAZINE N1 JUIN 2007 I NRA MAGAZINE N1 JUIN 2007 5

RECHERCHES OQUESTIONS

Catherine Beaumont
& INNOVATIONS
INTRODUIRE des
animaux rsistants
au portage de la UNIT DE RECHERCHES AVICOLES, CENTRE INRA DE TOURS
bactrie permettrait
de limiter
Nous avons repr onze zones

la propagation
de lpidmie
dans un levage.
chromosomiques impliques
dans le contrle de la rsistance
DR
Pouvez-vous prciser Mais ces deux gnes ne sont que ces rsultats restent linfluence de cette stratgie
les gnes impliqus apparemment pas les seuls confirmer, ils ouvrent dj sur les critres dordre
dans cette rsistance entrer en jeu. Nous avons de nombreuses perspectives, conomique, comme
au portage ? donc largi cette recherche fondamentales et appliques. le poids des animaux
Nous avons commenc par et repr, sur diffrents ou le taux de ponte.
tester deux gnes candidats, chromosomes, onze zones Comment vos rsultats En effet, trier les poulets
connus pour leur effet chez la impliques dans le contrle peuvent-ils sappliquer selon leur rsistance
souris. Lun est impliqu dans de la rsistance. Grce aux aux levages ? oblige tre moins slectif
la rsistance aux germes donnes et au matriel Diffrentes stratgies sur les autres critres.
DR
intracellulaires, comme les gntique accumuls lors sont possibles, par exemple
salmonelles ou les leishmania, de lexprience de slection, croiser les animaux issus
lautre semble contrler la nous avons pu tester de notre slection avec +dinfos
rsistance certaines familles lintrt de ces zones, ceux des levages ou Ocontact : Catherine Beaumont
Des poulets rsistants _

parmi lesquelles quatre encore crer de nouvelles catherine.beaumont@tours.inra.fr
de bactries (dites Gram ),
dont font galement partie ont montr leur importance lignes. Dans tous les cas,
les salmonelles. chez lanimal adulte. Bien il faut aussi tudier
aux salmonelles LA SALMONELLE,

ici visible en microscopie
lectronique, est une
modles qui simulent lvolution de la
contamination au sein dune popula-
Plus de la moiti des intoxications alimentaires collectives sont dues bactrie pathogne, tion de poulets. Ces modles repro-
des salmonelles. Daprs des recherches rcentes, il sera bientt possible responsable duisent les diffrentes tapes de la trans-
de slectionner les volailles gntiquement rsistantes au portage de nombreuses
intoxications mission (depuis la contamination par
de ce germe. Couple la vaccination, cette stratgie savrerait trs efficace alimentaires la bactrie jusqu son limination par
pour prvenir la maladie. chez lhomme. le systme immunitaire). Le mme type
repres de simulation permet dvaluer la pro-
duction journalire dufs contami-
L
a salmonelle, bactrie patho- sation : Au centre Inra de Tours, Catherine Beaumont. Cette tude est ns. Ces simulations nous permettent
gne, est capable dinfecter nous valuons la rsistance la mene de front chez le poussin et de prciser les mthodes de prvention
Inra / Philippe Velge

les ovaires de poules et de salmonelle des jeunes poulets et cher- chez ladulte, les mcanismes pou- la recherche employer pour limiter la dissmina-
contaminer les ufs avant
la formation de leur coquille, sans
que ces animaux ne prsentent de
chons comprendre les mcanismes
en jeu, tandis qu Ploufragan (Ctes-
dArmor), lAfssa mesure la rsistance
vant varier avec la maturit de
lanimal.
Plusieurs mesures de la rsistance
des bons gnes
Paralllement, les quipes de lInra de
Tours et de Toulouse recherchent les
64 %
des foyers de
tion de linfection, prcise Catherine
Beaumont. Rsultat trs encourageant :
lintroduction dau moins 25% de pou-
symptmes. Do la difficult de les des adultes. Le centre Inra de Toulouse (prsence et quantit de salmonelles gnes impliqus dans cette rsistance toxi-infections lets rsistants dans une population per-
alimentaires
dtecter et de les carter de la pro- identifie les gnes impliqus. dans diffrents organes comme la au portage. Leur identification devrait collectives, met de rduire dautant le risque de
duction. Ces porteurs sains ainsi que rate, les ovaires) confirment lin- permettre la mise au point dun test chromosomes ont dores et dj t dont lagent contamination, reprend la chercheuse.
responsable
leurs ufs peuvent donc tre lori- Slectionner trt dune slection des animaux. gntique capable didentifier les ani- identifies pour leur effet sur la rsis- a t identifi En couplant cette stratgie une
gine dintoxications alimentaires. cette rsistance Pour ce faire, on trie les frres et maux rsistants sans avoir besoin de tance. Enfin, on teste lexpression de sont attribus vaccination des volailles, on obtient
Voici pourquoi des chercheurs de En pratique, ltude de cette rsis- surs des animaux sensibles ou leur inoculer la maladie. De quoi sim- tous les gnes potentiellement impli- la salmonelle. une mthode trs efficace pour limi-
lInra, associs lAgence franaise tance consiste contaminer des rsistants. Avec plusieurs objectifs : plifier la slection en vue dune ap- qus. Cela passe par une tude cible des ter limpact dune infection salmo-
de scurit sanitaire des aliments
(Afssa), sintressent des poulets
capables, grce divers mcanismes
animaux, puis rechercher les sal-
monelles plusieurs semaines aprs
linoculation. Les volailles rsistan-
dmontrer que lon peut amliorer
les caractristiques gntiques qui
confrent cet atout , rechercher
plication commerciale. Cette recher-
che se dcline en trois temps. Dabord,
on recense des gnes candidats, dont
gnes de la rponse immunitaire et par
une recherche beaucoup plus large por-
tant sur lensemble du gnome.
3,8%
des levages
nelle dans un levage.
Patricia Chairopoulos
de dfense immunitaire, dliminer tes auront limin la totalit des ger- les consquences ventuelles dune on connat des homologues chez franais
la bactrie donc rsistants ce mes, les volailles sensibles, non. telle slection sur dautres carac- une autre espce animale, comme la Des modles mathmatiques de volailles
sont
portage sain. la tte du projet, Nous avons montr que des diff- tres (ponte, poids) et obtenir souris. Puis, cette premire approche En collaboration avec luniversit contamins
Catherine Beaumont, de lUnit de rences de rsistance existaient entre li- une ligne gntique originale et se poursuit par une recherche systma- du Havre pour les aspects mathma- par Salmonella
recherches avicoles du centre Inra gnes, ce qui suggrait fortement un utilisable en recherche. tique des chromosomes impliqus : tiques, les chercheurs de lInra de enteritidis.
de Tours, nous en prsente lorgani- rle de la gntique , explique onze rgions rparties sur cinq Tours ont galement mis au point des

RECHERCHES en bref
La dcouverte dun ODopage quin
cytosquelette Grce une tude que lance

& INNOVATIONS
GRCE DES
MARQUEURS l'Inra, les professionnels du
FLUORESCENTS, cheval misent sur un nouvel
on visualise
les filaments
indicateur biologique du
dopage l'hormone de
DR
hlicodaux
bactrien du squelette
de la bactrie.
croissance. En effet, d'ici
2008, les scientifiques de
l'Inra se sont fix pour objectif
d'identifier la signature
Sphriques, incurves, fuseles, hlicodales ou en btonnet, les protines durant ma thse, il restait riennes qui est responsable de la forme gnique qui apparat alors
bactries possdent de nombreuses formes dont lorigine tait encore le faire pour les deux autres, et surtout finale de la bactrie. dans les globules blancs.
mconnue il y a peu. Mais des travaux rcents nous clairent dterminer leurs rles respectifs. Ces travaux marquent une grande
sur les mcanismes qui prsident cette diversit. avance dans la connaissance ORevenus agricoles
Un jeu de construction de larchitecture des bactries. Selon l'Inra et l'Insee, un foyer
impliquant trois protines terme, on peut esprer que cela contri- d'agriculteurs sur deux
Ces protines bactriennes sont des bue trouver de nouveaux antibio- dclarait en 2003 un revenu
homologues de lactine, une tiques, qui sattaquent spcifiquement non agricole, contre 40 % en
des protines du cytosquelette des la paroi bactrienne par exemple, et 1997. Essentiellement le fait du
cellules des organismes suprieurs. aussi mieux connatre les mcanis- conjoint, la pluriactivit se
En utilisant diffrentes techniques, mes de la croissance et de la division dveloppe. Elle est d'autant
les chercheurs commencent cellulaire. plus frquente que le couple
comprendre leur fonctionnement. est jeune et d'autant plus
Deux de ces actines bactriennes di- Frdric Vladyslav leve que le revenu agricole
rigent, sur lchafaudage hlicodal, la du foyer est modeste. Ces
synthse de nouvelles couches de la paroi foyers pluriactifs ont un revenu
rigide et paisse de la bactrie, rsume agricole infrieur de 10 %
Rut Carballido-Lpez. La troisime
+dinfos celui des foyers monoactifs,
Ocontact : Rut Carballido-Lpez,
introduit des coupures dans la paroi rut.carballido-lopez@jouy.inra.fr mais grce l'activit
pour permettre son expansion et lin- Carballido-Lpez, R., Formstone, A., Li, Y., extrieure ils disposent d'un
Ehrlich, S. D., Noirot, P., and Errington, J. revenu total qui est suprieur
sertion de nouvelles briques pendant (2006) Actin Homolog MreBH Governs
la croissance de cette paroi. Cest lac- Cell Morphogenesis by Localization of de 80 %.
the Cell Wall Hydrolase LytE, Dev Cell
tion concerte de ces actines bact- 11, 399-409
OProgrammation
immunitaire
Des chercheurs de lInra et de
la socit Nestl ont tudi
linfluence de lallaitement
maternel dans la formation de
la flore microbienne intestinale
BSIP
du nouveau-n. Ils montrent

que des bactries de lintestin
de la mre, en transitant par le
lait maternel, contribuent la

colonisation de lintestin du
C
hez les organismes sup- ont montr qu'il existe aussi, chez les BACILLUS SUBTILIS bb et jouent donc un rle
rieurs, les cellules (euca- bactries, un cytosquelette compos rvle trs bien
sa forme de btonnet dans la mise en place de son
ryotes) possdent un rseau de protines homologues de l'actine. en microscopie immunit.
de filaments protiques, en Ces travaux ont rvolutionn l'ap- lectronique
particulier des filaments d'actine, qui proche scientifique sur l'architecture balayage. OMtabolisme du soufre
leur donne leur forme. Ce rseau, ap- de la cellule bactrienne et sur l'ori- Une tude de l'Inra, du CNRS
pel cytosquelette, est le squelette gine et l'volution du cytosquelette. et de l'Ecole pratique des
Bertrand Nicolas
interne des cellules. Mais une telle or- Toujours en collaboration avec l- hautes tudes (EPHE) montre
ganisation intracellulaire n'avait ja- quipe britannique, elle vient de pu- que les cellules de l'intestin
mais t mise en vidence chez les blier des rsultats qui prcisent lor- humain sont capables d'obtenir
bactries. Pendant des dcennies, on ganisation et les rles de ce fameux de l'nergie en oxydant des
a pens que la paroi rigide qui enve- squelette bactrien. Trois protines molcules de sulfure

loppe les cellules bactriennes (pro- forment des filaments hlicodaux qui, dhydrogne (H2S), un gaz
RUT CARBALLIDO-LPEZ, de nationalit espagnole, a dbut ses tudes
caryotes) tait le seul dterminant de la manire dun chafaudage, lon- suprieures en France. Ingnieure en biochimie (INSA Lyon), elle a ensuite
malodorant et toxique pour
leur forme. Il tait donc admis que gent lintrieur de la membrane de Ba- effectu un DEA l'Institut Pasteur (Paris). Son travail de thse, l'Universit lhomme.
les cellules procaryotes n'avaient pas cillus subtilis, la bactrie modle sur d'Oxford (Royaume-Uni), a notamment donn lieu la publication rvlant
l'existence du cytosquelette bactrien. A l'issue d'un post-doc l'Inra, elle a t
de cytosquelette. Or, il y a cinq ans, laquelle nous travaillons, explique-t- recrute comme chercheuse dans l'unit Gntique microbienne du centre
Rut Carballido-Lpez et ses collgues elle. Javais caractris lune des trois Inra de Jouy-en-Josas.

RECHERCHES INTERVIEW
& INNOVATIONS
Conserver Les jeunes vaches

bonne cole en montagne
le peuplier noir sauvage, Dans les alpages, certaines vaches sont capables de grimper de fortes pentes.
Talent inn ou acquis ? Une quipe de lInra dAvignon a men lenqute.
Son responsable, Michel Meuret, nous explique ses observations.
gardien des berges de la Loire
Le peuplier noir est lespce dominante des forts des bords de Loire.
Conserver la diversit de son peuplement sauvage, pour prserver
le milieu naturel, est un dfi majeur que lInra dOrlans se charge de relever.
Inra / Michel Meuret

DR
Assurer la diversit
La conservation du peuplier Pouvez-vous nous dire
noir sauvage est donc essentielle. comment des vaches, animaux
LInra vient ainsi de terminer un rputs assez peu agiles,
inventaire des populations de peu- peuvent pturer sur des pentes
pliers dans leur milieu dorigine sur de montagne trs abruptes ?
la Loire, et a runi une collection de Michel Meuret : en croire les crits
350 varits reprsentatives de la di- scientifiques, des pentes de 30 50 %
versit franaise. La dmarche de lInra ne sont effectivement pas des milieux
sinscrit dans un objectif europen de pour vaches laitires, mme dans le
gestion de lcosystme et implique de cas de races rputes trs rustiques.
nombreuses collaborations (encadr). Pourtant, nous avons trouv en Savoie
Inra / Marc Villar
Au-del de la conservation du peu- des troupeaux constitus de races di-

plier noir, cest la sauvegarde de la verses, Tarentaise, Abondance, mais Des veaux dcouvrant en parc d'apprentissage pentu
fort riveraine qui est recherche. aussi Montbliarde, qui paissent avec qu'il est plus ais de brouter la monte qu' la descente.
Elle absorbe les excs de nitrates et de la mme aisance sur des pentes par-
phosphates, prcise Marc Villar, et ticulirement raides. Races diverses, Pourquoi le centre Inra dAvignon Quelles conclusions
outre son effet paysager, elle abrite une
L
a Loire compose un paysage nement qui, reproduits lidentique mais mme comptence, que les le- sest-il intress llevage tirez-vous de vos tudes ?

LANC OU marqu par la vgtation de par bouturage, prsentent une di- flore et une faune varies. veurs attribuent une ducation don- des vaches dans les alpages ? M. M. :
PLUS TRAPU,
le peuplier noir ses berges : dans cette fort ri- versit gntique plus faible. Or, F.V. ne aux jeunes animaux. M. M. : ce stade, il sagit pour nous de don-
sauvage arbore
des formes veraine, le peuplier noir est travers le brassage gntique, la di- Pour certains leveurs, lapprentissage Nous ne sommes pas spcialistes des ner du sens ces pratiques empiriques
varies qui lespce dominante, et la premire versit permet ladaptation et une aux pentes se fait de faon trs struc- milieux montagneux, mais des milieux dlevage. Elles nous incitent creu-
doivent tre
prserves pour coloniser les bancs de sable et de gra- meilleure rsistance aux modifications ture et en deux temps. Dabord, avec pturs broussailleux, sur lesquels nous ser la question de lacquisition des com-
que les bords viers forms par le dplacement du lit du milieu naturel , souligne Marc +dinfos les lots de veaux gs de 6 8 mois, avons beaucoup travaill dans le cadre ptences, par apprentissage, chez la-
de Loire gardent Ocontact : Marc Villar,
leur biodiversit du fleuve. La prsence de peupliers Villar. marc.villar@orleans.inra.fr qui sont conduits en parc-coles , sur de la prvention des incendies de fort. nimal dlevage. Par ailleurs, ces
naturelle. noirs montre quun fleuve est dyna- des zones comprenant du plat, mais aussi Cest le rseau Herbivorie, une initiative pratiques ont dj du sens pour les po-
mique , explique Marc Villar, charg des coteaux, du pr et des bosquets du CNRS, qui a fait appel nous pour litiques agri-environnementales en mon-
de recherche dans lUnit amliora- Des collaborations Les veaux rentrent chaque jour par le examiner comment des activits pas- tagne. Il faut inciter inclure des parcs
tion, gntique et physiologie fores- toutes les chelles bas et doivent rejoindre labreuvoir et les torales pouvaient tre rintroduites dans dapprentissage dans les contrats de
tires, lInra dOrlans. blocs sel placs en haut du parc. la Rserve de chasse et de faune pturage. Ceci pour viter que des trou-
OLInra dOrlans constitue le plus grand centre de recherche Ensuite, les leveurs mlangent leurs sauvage du massif des Bauges. Il faut peaux ne restent cantonns, comme
La population sauvage en France sur les peupliers. Gnticiens, biologistes molculaires, gnisses de 2 ans celles de 3 ans, savoir quelles en avaient t exclues on le voit parfois, aux terrains les plus
en danger cophysiologistes et zoologistes y participent. dj exprimentes, ce qui favorise lap- lors de la cration de la rserve, il y a plats, avec pour consquences sur-
Mais le peuplier noir est doublement OLa conservation des peupliers noirs in situ est mene prentissage social. Cette ducation dure une quarantaine dannes. Et, comme pturage, rosion et chute de produc-
en collaboration avec les organismes de protection de milieux
menac, et le milieu naturel avec lui. naturels locaux sur des sites du rseau europen Natura 2000, jusqu lentre en production laitire. Et laccoutume, on se rend compte tion laitire.
Dune part, lamnagement et lex- des conservatoires despaces naturels et le rseau des rserves les rsultats sont concluants, car les le- prsent que labsence de pturage do- Propos recueillis par
ploitation des cours deau (pour lirri- naturelles fluviales. veurs ont constat que des vaches Mont- mestique laisse libre court lenvahis- Valrie Devillaine
gation, lextraction de granulat ou OLa conservation ex-situ est assure par la ppinire forestire bliardes adultes, introduites dans les sement par les broussailles et les gros-
encore limplantation des barrages) de ltat, Gumen-Penfao, en Loire-Atlantique. troupeaux aprs avoir t leves en ses herbes, ce qui nuit la faune
+dinfos
Ocontact : Michel Meuret,
rduisent les crues ncessaires sa r- O lchelle europenne, le rseau Euforgen (European plaine, ntaient vraiment pas capables sauvage remarquable ; dans ce cas, au meuret@avignon.inra.fr
Opublication : article paru dans Natures
gnration. Dautre part, les peuple- Forest Genetic Resources Programme) a pour but de promouvoir des mmes performances ! ttras-lyre, un gallinac de montagne. Sciences Socits, dcembre 2006.
ments naturels shybrident avec les la conservation et lutilisation raisonne des ressources gntiques
peupliers cultivs pour le bois ou lor- forestires.

11
RECHERCHES
DOSSIER
& INNOVATIONS
La bibliothque
du gnome vgtal
Cest Toulouse qua t cr il y a trois ans le Centre
national de ressources gnomiques vgtales (CNRGV),
une unit de recherche de lInra inaugure officiellement
le 7 septembre 2007. Plus de cinq millions dchantillons
dADN vgtaux y sont conservs. Prsentation des
collections avec Hlne Bergs, directrice du CNRGV.
Quels types dchantillons ci peut compter jusqu plusieurs

peuvent se procurer les cher- milliards de nuclotides, les consti-
cheurs auprs du CNRGV ? tuants lmentaires de lADN et de
Hlne Bergs : Le CNRGV sin- l'ARN ! Cest pourquoi nous frag-
DR
tresse aux plantes cultives, comme mentons le gnome avec des enzy-
le bl, le colza, la tomate, le piment, mes, sorte de ciseaux molculaires.
le tournesol, la vigne, etc., ainsi quaux Et pour manipuler plus facilement
plantes modles comme Arabidopsis ces fragments, nous les insrons dans fruits (Inra - Ecole nationale sup-
thaliana, de la mme famille que le des BAC qui sont rpliqus dans la rieure agronomique de Toulouse).
colza, ou Medicago truncatula, nom bactrie Escherichia coli.
scientifique de la luzerne. Dans tous Quels sont les dfis
les cas, ce sont des parties de gnome Do proviennent relever ?
que nous conservons. Nous en diffu- ces collections ? H. B. : Depuis notre installation dans
sons des copies soit sous la forme de H. B. : Pour lessentiel, il sagit de de nouveaux locaux, en dcembre
clones unitaires (clones dADNc ou matriel gnomique accumul ces 2006, le CNRGV, c'est--dire une
clones de BAC : Bacterial Artificial dernires annes par les chercheurs quipe de douze personnes, a enrichi
Chromosome) soit sous la forme de de lInra, notamment dans le cadre ses collections de plus de deux millions
banques ou de sous-ensembles de de Gnoplante (programme national de nouveaux chantillons, aujourd-
banque (de plusieurs milliers dchan- fdrateur de recherche en gno- hui soigneusement conservs -80C.
Puiser
tillons). Aucun scientifique ne tra- mique vgtale commenc en 1999). Cela a t possible grce la dmar-
vaille sur un gnome entier car celui- Le CNRGV a pour mission de conser- che de qualit mise en uvre ds sep-
ver ce patrimoine et de lenrichir, mais tembre 2005 et, plus prcisment, grce
aussi de le rendre accessible tous les ladoption du standard internatio-
chercheurs, de laboratoires publics, nal ISO 9001 . Cette norme fixe des
le carburant
principaux demandeurs et surtout exigences applicables par nimporte
intresss par nos chantillons de quel organisme qui veut dmontrer sa
plantes modles, mais aussi de labo- capacit fournir rgulirement un
ratoires privs. Les commandes de produit de qualit et obtenir la satis-
ltranger constituent par ailleurs plus faction de ses clients. Notre dfi vise
dans les plantes

de 60 % de notre clientle. lamlioration continue en tant la
pointe des technologies haut dbit
Le rle du CNRGV ne sarrte pour rpondre au mieux aux besoins
pourtant pas l ? de la communaut scientifique !
Inra / 23 pouces
H. B. : Le CNRGV a aussi pour mis-
sion de dvelopper des mthodes et Magali Sarazin
des outils technologiques pour analy-
ser le gnome, comme la recherche de +dinfos
Ocontact : Hlne Bergs,
gnes dintrt. Ainsi, nous sommes Helene.Berges@toulouse.inra.fr
impliqus, avec le laboratoire Gn- http://cnrgv.toulouse.inra.fr
Inra / Christophe Matre
Opartenaires :
tique et amlioration des fruits et l- la rgion Midi-Pyrnes
gumes de lInra dAvignon, dans un le ministre de la Recherche
Enqute ralise par Benjamin Masson
projet de recherche de gnes de rsis- lUnion europenne avec la collaboration de Stphane Cadoux,
tance du piment certains virus. Nous lInstitut fdratif de recherche Stphane De Cara, Benot Gabrielle
Signalisation cellulaire et Ghislain Gosse
collaborons aussi un projet interna- et biotechnologie vgtale
tional de squenage du chromosome la gnopole Toulouse Midi-Pyrnes.
7 de la tomate (1) avec le laboratoire

(1) Solanaceae Genomics Network :

Plante exprimentale : Arabidopsis Thaliana. Gnomique et biotechnologie des http://www.sgn.cornell.edu

13
DOSSIER

RCOLTE
d'une parcelle
Puiser le
de Miscanthus
giganteus
sur le site
exprimental
carburant
d'Estres-Mons
(Somme).
dans les plantes

L
es biocarburants substituent, dans les le dbut des annes 2000. Lexpansion de nou-
transports, une part du ptrole, par une velles plantes ddies la production nerg-
Inra / Stphane Cadoux

ressource renouvelable issue des tique ou la rorientation despces cultives
plantes. Ils rpondent, de fait, trois jusqualors des fins alimentaires, ainsi que les
objectifs : rechercher une alternative partielle choix industriels dessineront le paysage agricole
au ptrole, lutter contre les missions de gaz et tabliront lassise conomique et sociale de
effet de serre et diversifier les dbouchs ce virage nergtique. De nombreux enjeux
agricoles. Le Brsil et les Etats-Unis dAmrique techniques, environnementaux, sociocono-
font figure de pionniers : ils utilisent grande miques mergent, ncessitant des investi-
chelle, respectivement, la canne sucre et le gations de la recherche agronomique et des
mas pour produire du biothanol-carburant. innovations. LInra a inscrit cette problmatique Rduire les missions duction ptrolire mondiale enta- aussi sur le dveloppement d'une
LEurope sest engage dans cette voie plus dans le contrat dobjectifs quil a sign avec lEtat de gaz effet de serre mera son dclin inluctable, en rai- deuxime gnration de biocarbu-
rcemment et de manire significative depuis pour la priode 2006-2009. Il y a consensus : le changement cli- son de lpuisement des ressources. rants, au rendement nergtique su-
matique est amorc, et les activits Au-del du dbat dexperts sur l- prieur.
humaines en sont une cause non n- chancier, lIFP Innovation, Energie,
gligeable. Les moteurs qui brlent du Environnement (ex Institut franais Soutenir les prix agricoles
ptrole comptent parmi les premi- du ptrole), estime que cest la ma- Le troisime enjeu est celui des d-
1 Cadrage res sources dmissions de gaz effet
de serre. Produire des carburants
partir de plantes reprsente une so-
trise de la priode de transition qui
constitue lenjeu majeur pour les an-
nes venir. [] Pour viter de for-
bouchs agricoles. Les biocarburants
se positionnant sur un march de
masse crent un appel dair sur len-
lution opportune car elle permet de tes tensions politiques et conomiques, semble des marchs agricoles. Une
Une politique en faveur substituer en partie du carbone d'o-

rigine fossile par du carbone renou-
velable. En effet, le CO2 mis par la
il est essentiel de prparer, ds pr-
sent, la transition nergtique. Il sa-
git dassurer la disponibilit du ptrole
tude prospective publie en fvrier
2006 par lOCDE (Organisation de
coopration et de dveloppement
des biocarburants combustion des biocarburants est

prlev dans latmosphre par les
plantes utilises comme matire pre-
le plus longtemps possible, pour les usa-
ges o il est irremplaable aujourd-
hui, tout en acclrant le dveloppe-
conomiques, runissant trente pays
dvelopps) envisage laccroissement
de la demande en matires premi-
Lemballement des cours du ptrole il y a deux ans a jou un rle de catalyseur permettant mire, ce qui a pour consquence un ment des nergies alternatives . Cest res agricoles nergtiques, avec des
aux biocarburants de prendre place dans le paysage nergtique franais. bilan entres/sorties en CO2 proche dans cette perspective que lInra fortes consquences sur lensemble
Mais cest leur contribution la rduction des missions de gaz effet de serre qui lgitime de la neutralit ou positif (cf. partie concentre ses travaux sur l'valua- des cours mondiaux agricoles. Ces
lintrt nouveau des politiques et des citoyens, et ce sont les perspectives de nouveaux 4). La contribution des biocarburants tion des filires biocarburants ac- perspectives de dbouchs suppl-
marchs qui motivent agriculteurs et industriels. mme marginale est donc bienvenue tuelles et leur amlioration, mais mentaires apparaissent dautant plus
pour respecter nos engagements pris
dans le cadre du Protocole de Kyoto
U
tiliser les plantes pour pro- du carbone fossilis depuis des tuer la ptrochimie. et diminuer lmission globale de gaz
duire du carburant ou des millions d'annes. Le concept de Trois proccupations motivent le re- effet de serre.
produits chimiques la carbone renouvelable rassemble cours au carbone renouvelable et aux La photosynthse dans le cycle du carbone
place du ptrole est un toutes les ressources nergtiques po- biocarburants : la ncessaire rduc- Se prparer au Peak Oil
concept qui fait son chemin. Sur tentielles issues du monde vivant : tion des gaz effet de serre, lpui- Rduire la dpendance nergtique Les vgtaux et certains micro- est dioxyde de carbone + eau +
quels fondements ? Les plantes pro- une grande diversit de plantes, d'ar- sement des ressources en ptrole et europenne est un enjeu important organismes sont capables de fixer lumire = glucose (un sucre simple)
le CO2 de lair pour en faire de la + oxygne. Le glucose est ensuite
duisent de la matire organique (ou bres ou de dchets organiques le soutien des marchs agricoles au- face aux incertitudes sur lapprovi-
matire vgtale. La photosynthse transform en composs
biomasse) grce la photosynthse. Il suggre galement des compl- trefois abrits derrire le parapluie sionnement en provenance des pays met en jeu quatre lments plus complexes (glucides, lipides ...)
Cette biomasse compose de carbone mentarits entre leurs usages : car- de la politique agricole commune exportateurs (Russie , Moyen- indispensables : leau (H2O), par diffrentes voies mtaboliques
organique est abondante et re- burants, biogaz et chimie verte , mais aujourdhui de plus en plus Orient). Mais il sagit surtout de faire le dioxyde de carbone (CO2), de la plante.
nouvelable par opposition au p- ce dernier secteur tant sans doute concurrencs par des pays aux cots face au rapprochement prsum du le dioxygne (O2) et la lumire. Le carbone contenu dans la plante
trole ou au charbon qui contiennent le plus prometteur pour se substi- de production plus faibles. Peak Oil , date laquelle la pro- Au cur des cellules sopre alors est donc celui quelle a prlev
une raction dont la formule littrale dans latmosphre.
II I NRA MAGAZINE N1 JUIN 2007 I NRA MAGAZINE N1 JUIN 2007 III

DOSSIER
LE COLZA
DOSSIER est lorigine
du biodiesel europen
actuel .
2 importantes que souvre nouveau grands pays agricoles europens tels moins agricoles, la Sude par exem- 2
un dbat sur la forme du soutien que la France ou lAllemagne accor- ple, auront plus facilement recours

communautaire au secteur agricole dent de limportance lobjectif de aux importations de biocarburants,
et sur le devenir de la Politique agri- soutien de la production agricole dans le cas sudois, de biothanol br-
cole commune (PAC) aprs 2013. communautaire alors que des pays silien.
Paradoxalement, au niveau mondial
cela necessite de veiller un quili-
Le palmier huile,
bre entre productions alimentaires et quatre fois
non alimentaires.
+dinfos
Osur le Web :
plus productif
Il est clair que la politique europenne
de promotion des biocarburants vise
www.ipcc.ch/pub/un/syrfrench/spm.pdf
www.ifp.fr/IFP/fr/decouvertes/gds_debats/avenir/reserves/
que le colza,
satisfaire ces trois objectifs mais
IFP_ReservesDePetrole_OuEnEstOn.pdf
www.ifp.fr/IFP/fr/evenement/panorama/IFP-Panorama07_05-
Biocarburants_Monde_VF.htm
pourrait
les poids donns chaque cible varie
dun Etat membre lautre. Les
www.oecd.org/dataoecd/58/59/36074219.pdf
www.inra.fr/la_science_et_vous/chimie_verte
se positionner
rapidement
sur le march
des biodiesels
Inra / Florence Carreras

OLEUROPE AFFICHE SES AMBITIONS
epuis 2001, rapports, plans, directives et mesures
D europennes en faveur du dveloppement
des biocarburants se succdent, soulignant
sur le march, tandis que la Belgique na pas encore
dmarr de programme incitatif.
Cultiver ou seulement consommer des biocarburants ?
une vritable acclration du calendrier politique Les positions divergent. La Sude et les Pays-Bas
de lUnion. Et de fait, entre 2003 et 2005, la part prfrent importer la matire premire peu chre en
des biocarburants dans la consommation de provenance du Brsil pour lthanol (canne sucre)
carburants a doubl dans les transports routiers.
Elle ne reprsente encore peine plus de 1%
(lobjectif de la Commission europenne tait
datteindre 2% en 2005). Les objectifs fixs
prcipitent la cadence : 5,75% du march
2 Agriculture
des carburants en 2010 ; 10% en 2020 et 20%
en 2050. Le gouvernement franais, comme dautres
(Autriche, Rpublique tchque, Allemagne, Sude)
a anticip les chances en fixant un taux
Cultiver un bouquet
dincorporation de 7% ds 2010. Ces objectifs
seront-ils ralistes ? La Commission europenne
sattend ce que les biocarburants remplacent 4%
nergtique
des carburants ptroliers en 2010 et 10% en 2020.
LEurope sest pour linstant oriente principalement Les objectifs politiques en faveur des biocarburants, ambitieux, font voler en clats
vers le biodiesel (avec une part de march de 1,6%), le modle dapprovisionnement actuel ! La recherche explore dautres scnarios
ce qui correspond lorientation de son parc dont les plus sduisants exploitent le potentiel nergtique de la biomasse totale issue
automobile, le biothanol incorpor dans lessence dune grande diversit de plantes et de rsidus.
occupant une place moindre (0,4% du march de
lessence).

Les aides agricoles, les obligations rglementaires
E
DANS LE MONDE, le principal biocarburant
n France, deux grandes fili- les moteurs directement en biotha- Un changement
dincorporation et surtout les rductions fiscales
est l'thanol, majoritairement produit au Brsil partir res biocarburants cohabitent. nol, principal biocarburant lchelle de gnration ncessaire
jouent un rle trs important dans le dveloppement de canne sucre et aux Etats-Unis partir de mas.
Dune part, les huiles vg- internationale. La France exprimente LETBE et le biodiesel ont permis di-
des biocarburants. La Politique agricole commune
tales (colza essentiellement, actuellement des moteurs flex-fuel, nitier le dveloppement de la filire
offre deux dispositifs de soutien aux cultures
nergtiques : lautorisation de cultiver les surfaces ou de Malaisie (huile de palme) pour le biodiesel. et marginalement tournesol) sont pouvant fonctionner indiffremment biocarburant en France. Quelque
en jachres en cultures non alimentaires (surfaces LAllemagne, la France et lItalie veulent, au contraire, transformes en ester par raction avec de lessence ou de l' E85 , un 800 000 hectares nergtiques
intgres dans le calcul du montant de laide sappuyer sur leur surface agricole pour produire avec un alcool (le mthanol) pour mlange d'environ 80 85% dtha- sont cultives en 2006, rpartis entre
lexploitation) et loctroi dune aide spcifique localement, avec une limite majeure : la concurrence donner du biodiesel, incorpor au ga- nol et de 20% d'essence. En Sude, 680 000 ha de colza, 54 000 ha de
aux cultures nergtiques (lorsquelles sont cultives avec la production alimentaire. Lalternative se pose zole. Dautre part, l'thanol issu de pionnire en Europe, le parc de mo- tournesol, 20 000 ha de bl et 22 000
hors jachres) slevant en 2007 45 euros/ha entre des filires dimportation et le dveloppement de bl ou de betterave sucre peut tre teurs flex-fuel a dcupl depuis 2000. ha de betterave. Cependant, ces deux
dans la limite de 2 millions dhectares dans lUnion lutilisation des dchets ou dune deuxime gnration incorpor directement au super sans Au Brsil, ces moteurs reprsentent filires montrent leurs limites : le
europenne. Ces dispositifs sappliquent tous les de biocarburants utilisant les plantes entires moins plomb ou mlang de l'isobutne 70% du parc automobile (chiffres colza produit peu dnergie par hec-
Etats membres. En revanche, les rductions de taxes coteuse en surfaces, en nergie et en soutien ; pour obtenir l'ETBE (thyl tertio- 2005, IFP, panorama 2007). Nan- tare ; le bl et la betterave en pro-
(pour la France : la TIPP, Taxe intrieure sur les ou un mixte des deux stratgies. butyl ether). LETBE et le biodiesel moins, lEurope se singularise par une duisent davantage mais avec un bilan
produits ptroliers) varient entre Etats membres. ne ncessitent aucune modification forte part du diesel : il concentre la nergtique global moins favorable.
De ce fait, la situation europenne est contraste. des moteurs existants. Celle-ci est en moiti du parc automobile et 70% Couvrir les besoins nergtiques en
LAllemagne qui a supprim les taxes sur le biodiesel daprs la communication dconomistes de lInra revanche ncessaire pour alimenter des nouvelles immatriculations. carburant reviendrait cultiver cet
et la Sude qui dtaxe les voitures flex-fuel ont ainsi au colloque Biofuels, Food and Feed Tradeoffs ,
atteint respectivement 3,7% et 2,2% de biocarburants 12-13 avril 2007, St Louis (USA).
IV I NRA MAGAZINE N1 JUIN 2007 I NRA MAGAZINE N1 JUIN 2007

V
DOSSIER VHICULE
fonctionnant
au biothanol,
2 effet la quasi-totalit de la surface Adapter les systmes beraient certaines ractions lors du prsent
agricole franaise ! Ce ne sera donc de production processus de transformation. au Salon
de lAgriculture
quune solution trs partielle de Puisquil sagit de convertir des plan- Linnovation passe aussi par les com- 2007.
substitution aux carburants ptro- tes entires en carburants, il est pos- plmentarits trouver entre les sys-

liers. La priode actuelle apparat sible de mlanger sur une mme par- tmes dlevage et de cultures ner-
comme une phase de transition entre celle plusieurs espces pour tirer parti gtiques. On sait dj valoriser les
deux gnrations de biocarbu- de synergies possibles entre elles. Las- effluents dlevage sous diverses for-
rants. La diffrence entre les deux : la sociation avec une lgumineuse (pois mes de compostage et de lisiers trans-
matire premire. Les biocarburants + bl ; robinier + peuplier) limite la forms en nergie dans des units de
Inra / Stphane Cadoux

actuels nexploitent quune partie des fertilisation azote tout en mainte- mthanisation. Les tourteaux, copro-
plantes : lhuile issue des graines do- nant la productivit. Lagroforeste- duits de la transformation du colza
lagineux pour le biodiesel et lami- rie constitue une autre voie mlant en huile, servent lalimentation ani- +dinfos
don du bl, du mas ou le sucre de la sur une mme parcelle des arbres et male. Leur prix a dailleurs notable- Osur le Web :
betterave pour lthanol. La seconde des cultures annuelles. Ces associa- ment baiss avec le dveloppement http://europa.eu.int/comm/energy/res/biomass_action_plan/d
oc/2005_12_07_comm_bio
gnration utilise la plante entire tions ncessitent une concordance du biodiesel. Rflchir ces flux de mass_action_plan_fr.pdf
http://europa.eu.int/comm/research/leaflets/energy/fr/04.html
dont la lignocellulose, cest--dire le de maturit : des rcoltes ayant des matires et dnergies entre systmes

www.industrie.gouv.fr/energie/renou/biomasse/f1e_biom.htm
squelette et les parois cellulaires des ESSAI DE CULTURES NERGTIQUES taux dhumidit diffrents alourdi- de production ouvre sur tout un en-
sur le site exprimental d'Estres-Mons (Somme). Ocontact :
plantes. raient le cot de transport et pertur- semble de questions pour lInra. Ghislain Gosse, charg de la mission valorisation de la
biomasse lInra, ghislain.gosse@mons.inra.fr
Stphane Cadoux, stphane.cadoux@mons.inra.fr
Accrotre le rendement le bl 1,7 TEP/ha, et la betterave Transition vers les cultures
lhectare entre 2 et 3 TEP/ha. prennes
Classiquement, on mesure le ren- Dans cette perspective, les recherches Triticale, sorgho, luzerne, ftuque ou OLES DIFFRENTES RESSOURCES POUR LES BIOCARBURANTS DE SECONDE GNRATION
dement des cultures en quintaux ne ciblent pas une plante, mais en- encore miscanthus et switchgrass sont
(1 q = 0,1 tonne) par hectare. Dans visagent une palette despces per- compars dans leurs modes de cul-
Les biocarburants de deuxime gnration peuvent Les cultures annuelles
le cas de ressources nergtiques, il mettant de tirer le meilleur parti du ture. Nous suivons lazote dans le sol provenir de rsidus agricoles et industriels, La plante entire au-del de ses seules graines permet dj
est plus pertinent de lvaluer en climat local (ressources en eau et et dans la plante, le taux de matires des ressources forestires et des cultures de gagner en efficacit nergtique. Parmi les crales, le bl
tonnes quivalent ptrole ou temprature), du type de sol et des organiques, les missions de gaz effet spcifiquement ddies cette production. a lavantage dtre bien adapt aux conditions climatiques
TEP afin de comparer les res- systmes de culture ou forestiers dj de serre et lvolution de la structure de lhexagone. Le triticale utilis en alimentation animale est
sources nergtiques entre elles. La en place. Pour prparer cette volu- du sol pour tablir les meilleurs itin- Les sous-produits agricoles et rsidus industriels plus rustique, donc plus rsistant aux alas climatiques et aux
transformation de la plante entire tion, lInra teste six espces dans le raires techniques, les meilleurs ryth- Dj disponibles, les rsidus et coproduits dorigine agricole, maladies ; il produit aussi plus de paille que le bl. Le mas
permet de valoriser les tiges et raci- cadre du projet REGIX (voir enca- mes et les bonnes dates de rcolte, r- industrielle ou urbaine constituent la premire source ptit de son besoin en eau tandis que le sorgho rsiste mieux
nes et donc, la fois, de maximiser dr). Il nous faut des espces qui sume Stphane Cadoux. Les plantes de matire premire vgtale utilisable. La rcolte de grains la scheresse. Les cultures annuelles peuvent produire de
le rendement nergtique lhectare concilient une trs forte productivit prennes apparaissent comme de bon- laisse par exemple au champ les pailles des crales, les rafles 10 25 t MS / ha selon les zones et les varits.
et de limiter les surfaces ncessai- lhectare et une faible consomma- nes candidates, notamment les espces de mas, les tiges de colza ou de tournesol lorsquelles
res. LInra a montr quil tait alors tion dintrants (fertilisation, pestici- comme le miscanthus ou le switchgrass ne sont pas utilises en levage. Cette paille disponible Les plantes prennes
possible de produire environ 5 TEP des, eau, travail), autant pour lenvi- qui ont une excellente efficience se trouve essentiellement dans le Bassin parisien. Les plantes prennes ont lavantage dobtenir une production
lhectare. titre de comparaison, ronnement que pour la viabilit dutilisation des ressources leur dispo- Une tude, dnomme Cartopaille, conduite en 2005 lignocellulosique leve avec peu dintrants. Cest pourquoi
dans les filires de premire gnra- conomique des filires prcise St- sition (eau, nutriments comme l'azote en rgion picarde a valu que sur les 2,5 Mt de paille des attentes importantes reposent sur ces cultures.
tion, le colza plafonne 1,2 TEP/ha, phane Cadoux, chercheur lInra. ou le phosphore). Elles produisent peu de crales produites, 625 000 t pourraient tre exploites Lattention se concentre sur les gramines prennes dont le
de graines et sont donc moins sujettes des fins nergtiques. Les chercheurs insistent sur la gestion miscanthus semble offrir le plus gros potentiel de production
aux ravageurs. Quant la quantit de parcellaire de ce prlvement du fait du risque de baisse (de 10 30 t MS/ha/an). Moins exigeant en eau, le switchgrass
travail, lanne est calme dans un de la matire organique des sols. Certains rsidus industriels pourrait le remplacer dans les rgions plus sches
sont aussi valorisables. Beaucoup plus disperss, les rsidus de lhexagone. En gnral moins productif que le miscanthus,
champ de miscanthus ! Limplantation
lignocellulosiques urbains provenant des produits dj ses rendements vont de 10 20 t MS/ha/an. Pour tudier
iat
Partenar
se fait pour 20 ans, nos systmes sont
recycls telles que les palettes, cagettes posent souvent un ces plantes encore mal connues, la recherche sappuie sur
conus sans irrigation et la rcolte se
problme de collecte et de prsence dimpurets (peintures, sa connaissance despces proches comme le mas
valuer le gisement lignocellulosique fait idalement entre fvrier et avril fongicides) qui peuvent nuire la transformation en thanol. et la canne sucre.
lorsque les feuilles sont tombes et res-
agricole et forestier franais tituent lazote au sol explique le cher-
La ftuque leve et la luzerne apparaissent galement
Le bois et ses sous-produits productives en biomasse : entre 13 20 t MS/ha/an pour la
cheur. Moins connus, les taillis fo- La fort couvre plus dun quart de la France mtropolitaine ftuque, de 7 15 t MS/ha/an pour la luzerne. Lgumineuse,
Le projet REGIX est lun des projets agricoles de la Picardie, Champagne- restiers sont aussi suivis de prs (entre 15 et 16 M ha). Les rcoltes de bois devraient cette dernire ne ncessite pas dapport azot. Au contraire
du Programme national de recherche Ardenne et rgion Centre, ce projet lInra car ils peuvent valoriser des sols augmenter sous leffet conjugu dune croissance en surface elle en enrichit le sol grce lactivit symbiotique de ses
sur les bionergies (PNRB). Il vise a permis la mise dun rseau pauvres, humides ou difficiles dac- et en hauteur, due la maturit des forts en exploitation. racines avec des bactries fixatrices de lazote atmosphrique.
crer un rfrentiel et des mthodes exprimental de parcelles couvrant cs. En France, sur un potentiel de Cependant, intensifier les coupes peut fragiliser les Les arbustes, cultivs sous forme de taillis (trs) courtes
pour valuer le gisement potentiel en lensemble des situations de sol biomasse de 40 50 millions de TEP, cosystmes forestiers (acidification, tassement des sols, rotations , ont un rendement en biomasse de lordre
ressources lignocellulosiques agricole et de climat auxquelles seront
et forestire pour la bionergie en confrontes les espces vgtales
nous estimons que les cultures actuel- rosion de la biodiversit). En revanche, le secteur bois gnre de 10 t MS/ha/an. Ils prsentent surtout lavantage dune
France. Associant lInra, linstitut valorisation nergtique. LInra les en reprsenteront 3 millions, le bois dj de grandes quantits de branchage, petits bois collecte moins frquente mais plus importante, ce qui rduit
technique Arvalis - Institut du vgtal mobilise un de ses domaines tournera autour de 8 millions et le reste et souches dont une partie est laisse au sol : environ 1 m3 les cots. Le peuplier est une des espces les mieux
et linterprofession Onidol, lAssociation exprimentaux (180 ha) situ Mons viendra des cultures ddies aux bio- de bois non exploit pour 1 m3 de bois valoris. Claude Roy, adaptes, mais aussi le saule, leucalyptus ou le robinier, ce
fort cellulose (Afocel), lunion des (Picardie) et reprsentatif des zones carburants , value Ghislain Gosse, coordinateur interministriel pour la valorisation de la dernier appartient la famille des lgumineuses et convient
coopratives forestires franaises agricoles du nord du bassin parisien responsable dune mission valori- biomasse, estime qu lhorizon 2050 la moiti du petit bois aux climats temprs et mditerranens grce une bonne
(fort prive), loffice national des et des grandes zones cralires sation de la biomasse lInra. restant aprs labattage pourrait tre utilisable pour rsistance la scheresse.
forts (fort publique), des partenaires de lEurope. des usages bionergtiques.
VI I NRA MAGAZINE N1 JUIN 2007 I NRA MAGAZINE N1 JUIN 2007 VII

DOSSIER Lorsquelles sont sches, les diffrentes
plantes lignocellulosiques ont un contenu
nergtique du mme ordre de grandeur :
3 Process 3 tonnes de paille ou de bois sec quivalent
une tonne de ptrole.
Transformer
la biomasse
Inra / Alain Beguey

LA TRANS-
en carburant FORMATION
de la plante
entire (tiges
ou pailles,
feuilles
LInra capitalise sa connaissance pointue du vivant et racines)
pour faire merger de nouveaux itinraires permet
damliorer
de transformation afin de convertir la biomasse fortement le
lignocellulosique en carburants rendement
nergtique
des cultures.
L
es chercheurs de lInra
contribuent llaboration
de procds industriels ca-
pables de transformer, l-
23 pouces
chelle industrielle, la matire verte
en carburant. Ils doivent jouer sur
plusieurs tableaux : amliorer leffi-
cacit des procds actuels pour as-
seoir le dveloppement de la filire
et prparer le terrain pour la tamment des petits organites dont sait dj transformer les plantes en-
deuxime gnration. ils ont observ le rle sur la produc- tires en sucre , puis en alcool,
iat
Amliorer court terme lefficacit tion dhuile : les olosomes. par fermentation enzymatique, mais Enzymes et champignons travaillent Partenar
nergtique de la fabrication de bio- au prix de pr-traitements thermiques lusine
thanol tient dans la contraction des Lever les verrous ou chimiques fort coteux. Selon le
deux tapes de transformation : la technologiques mme principe que pour lamidon, Lhtrognit de la composition des pentoses rcalcitrants la 2 l que se trouvera la rvolution ,
digestion de lamidon pour obtenir Travailler sur lensemble de la plante des enzymes pourraient assurer l'en- des sources de biomasse fermentation. Ce sont eux qui explique Michael ODonohue cher-
du sucre, puis la fermentation du suppose de matriser la transformation semble de ces traitements, pour faire reprsente une des contraintes proccupent actuellement les cheur dans une unit de recherche
sucre pour obtenir lalcool dtha- des matires lignocellulosiques ce qui du tout en un, linstar de la diges- de leur conversion en scientifiques du gnie commune lInra et lInstitut na-
nol. Pour le biodiesel, un des objec- permettrait aussi de valoriser les forts tion alimentaire. Le plus gros enjeu biocarburant. Nanmoins, tous les mtabolique et fermentaire de tional des sciences appliques de Tou-
tifs des chercheurs de lInra est daug- et les ordures mnagres. Tout lenjeu pour la recherche est de mettre au point types de biomasses partagent la lInra base Marseille et louse (voir encadr).
menter la capacit dextraction de est de dbobiner les composants de cette stratgie base sur les enzymes. prsence de trois composs Toulouse. Cest l que se situe un
lhuile contenue dans les graines. Les la plante pour obtenir des carburants Nous ne devrions pas aboutir avant 10 majeurs : la cellulose, les saut technologique avec la
hmicelluloses et les lignines. possibilit de produire une large
chercheurs sappuient sur la physio- ou de la chaleur ou des molcules chi- ou 15 ans car, la diffrence de la- Lobjectif est de dstructurer ce famille de molcules de base, les
logie de la plante et sintressent nomiques , rsume Ghislain Gosse. On midon contenu dans les graines et uti- rseau de macromolcules pour synthons, ouvrant les diffrentes
iat lis pour les carburants de premire g-
Partenar
les rendre accessibles aux micro- voies de la chimie verte. Lthanol
nration, nous travaillons sur une organismes (champignons et nest alors quun dbouch parmi
matire premire trs complexe. Nous bactries) et aux enzymes. Il faut dautres.
+dinfos
Osur le Web :
devons dabord mieux connatre les pa- dabord broyer la matire Le projet europen de recherche www.iar-pole.com
Une bioraffinerie avec zro dchet rois des cellules de la plante et lucider premire. Puis vient une phase NILE (New Improvements for
www.nile-bioethanol.org/index.html
les interactions entre la plante et les dhydrolyse. Elle peut tre Lignocellulosic Ethanol) vise Ocontact :
Le ple de comptitivit Industries et dactions stratgiques regroups sous Marcel Asther, projet Nile,
enzymes. Mais nous sommes au seuil chimique (action dun acide) ce dpasser ces barrires marcel.asther@esil.univ-mrs.fr
Agro-Ressources (IAR) install entre le concept de bioraffinerie : les
dune nouvelle re avec le dveloppe- qui est efficace mais comporte un biotechnologiques. Initi fin 2005 Paul Colonna,
Picardie et Champagne-Ardenne bionergies, les biomatriaux, les Paul.Colonna@nantes.inra.fr (chef du
risque de corrosion du matriel et pour une dure de 4 ans, il cible
rassemble les acteurs de la recherche, biomolcules et les ingrdients ment denzymes sur mesure et beau- dpartement Inra caractrisation et
deffluents toxiques. Cest des microorganismes et des laboration des produits issus de
Inra en tte, de lenseignement et de alimentaires. Son but ? Dcouvrir coup plus performantes. Nous allons lagriculture
pourquoi la recherche se tourne enzymes permettant de convertir
lindustrie de ces deux rgions autour assez dapplications complmentaires pouvoir les considrer comme des ma- Michael ODonohue, Insa-Inra,
vers une approche enzymatique massivement la lignocellulose en michael.odonohue@insa-toulouse.fr
dun axe commun : les valorisations pour utiliser dune manire ou dune chines lchelle nanoscopique que plus propre mais qui savre thanol et sappuie sur une unit
non alimentaires du vgtal. Pour autre 100 % des composants de la
nous pourrons modifier faon. Cest difficile mener totalement pilote de production dthanol
atteindre cet objectif ambitieux, le plante. Une raffinerie verte avec zro
car les mots ligneux contiennent lignocellulosique.
ple IAR a dfini quatre domaines dchet.
VIII I NRA MAGAZINE N1 JUIN 2007 I NRA MAGAZINE N1 JUIN 2007 IX

DOSSIER
du Nord ne stablissait qu 58 dol- enjeux environnementaux : puise- plus nuance dans ses rsultats, sin-
lars le baril Cependant les cher- ment des ressources non renouve- tresse galement aux biocarburants
cheurs font remarquer que si lon lables (comme le ptrole), rchauf- de deuxime gnration. Elle conclut
tient compte de la valeur attribue fement climatique, toxicit pour les que lthanol produit partir de
aux rductions des missions de CO2 humains, la faune et la flore, dgra- grains de bl permet une rduction
(20 euros/tonne CO2), le bilan de- dation des cosystmes, etc. Ces im- denviron 30 % de la consommation
vient lgrement positif , et que cette pacts svaluent diffrentes chel- dnergie fossile et 22% dmission
valeur montaire, bien que sup- les : la plante pour le rchauffement de gaz effet de serre par rapport
rieure au cours actuel, est sans doute climatique, le bassin versant pour la une filire essence conventionnelle.
sous-value au regard du cot des pollution de l'eau par exemple. La substitution du gazole par du bio-
dommages rels des gaz effet de Plusieurs bilans de ce type ont t diesel de colza conduit une rduc-
serre. raliss des niveaux national et tion denviron 64 % de la consom-
Compte tenu de cette analyse, les bio- europen afin de comparer les bio- mation dnergie fossile et de 53 %
carburants de premire gnration carburants aux carburants fossiles. des missions de gaz effet de serre.
AVANT LA MISE EN
PLACE des filires ont surtout apport depuis 1993 un Elles concluent sur lintrt des La substitution par des biocarburants
de deuxime soutien l'agriculture et l'agro- premiers pour limiter lutilisation de la deuxime gnration, issus de
gnration, les
Inra / Christian SLagmudler
chercheurs tentent industrie avant d'tre une alternative des seconds et les missions de gaz rsidus forestiers et agricoles et des
de dterminer nergtique immdiatement renta- effet de serre avec cependant des dchets de papeterie, porterait ces
les plantes et
les techniques ble pour la collectivit. carts entre les tudes. Ceux-ci peu- rductions aux alentours de 90%.
culturales les plus
appropries. vent sexpliquer la fois par la m- Cette estimation se rapproche du
Ici, le triticale. Bilans environnementaux thode et par les incertitudes associes bilan de l'thanol de canne sucre
consolider aux donnes utilises. En France, qui permet aujourdhui les plus for-
Lautre bilan des filires biocarbu- ltude commandite par l'Ademe tes conomies dnergie fossile
rants est environnemental et ner- (Agence pour le dveloppement de (presque 100%) et de gaz effet de
gtique. Pour le dresser, les cher- lnergie et la matrise de lnergie) serre mis (environ 85 %) car les
4 Bilans cheurs utilisent la mthode de

lanalyse de cycle de vie (dite
ACV ), seule mthode ayant fait
et la Direm (Direction des ressour-
ces nergtiques et minrales du mi-
nistre de l'conomie, des finances
besoins nergtiques de la conver-
sion du sucre en alcool sont assurs
par les rsidus de canne (la bagasse).
lobjet de normes internationales et de l'industrie) en dcembre 2002 Ltude socioconomique Inra de
(ISO 14040 43). Elle intgre les im- porte sur les biocarburants de la pre- 2005 a galement calcul les cono-
Evaluer lintrt pacts des biocarburants du champ

la roue (traduction franaise du
Well to wheels , puits la roue),
mire gnration et leur est trs favo-
rable. Au niveau europen, ltude
JCR/Concave/Eucar (Commission
mies d'nergie fossile ralises en uti-
lisant les biocarburants dans le sc-
nario 2010 : values entre 1,5 et 2 M
des biocarburants cest--dire lensemble des tapes de

la filire. Les impacts sont regroups
en grandes catgories lies diffrents
europenne et deux associations lies
aux compagnies ptrolires et cons-
tructeurs automobiles, mai 2006),
TEP, elles sont bien modestes par rap-
port la consommation totale de p-
trole en France : 92,8 M TEP (2004)
dont 43 M TEP pour les transports.
Lincitation et le soutien publics la production de biocarburants en Europe reposant
sur diffrents motifs, leur intrt se mesure donc laune dun bilan global qui doit tre
PARCELLE AGROFORESTIRE prs de Vznobres. Du local au global
Moisson de bl dur.
avantageux en termes nergtique, environnemental et conomique pour les agriculteurs, Le bilan environnemental concerne

les territoires, la nation et la plante. Pour linstant, ce bilan fait dbat. aussi les pollutions locales lies aux
pratiques agricoles : pertes de nitra-
tes, rsidus de pesticides, impact sur
la biodiversit. L'approche par ana-
lyse du cycle de vie conclut en gn-
ral un effet ngatif des biocarbu-
D
e nombreux enjeux sont as- Bilan conomique immdiat sont neutres et dpendent des cots rants par rapport aux carburants
socis au dveloppement proche de zro externes. Ils montrent par ailleurs fossiles, qui ne gnrent pas ce type
des biocarburants et vo- Une tude mene par des cono- que les bnfices nergtiques et co- d'impacts. Nanmoins cette mthode
luent dans un contexte in- mistes de lInra (2005) a permis nomiques des biocarburants de pre- est peu adapte la prise en compte
certain lchelle plantaire : chan- dvaluer les cots et les bnfices des mire gnration ne sont pas suffi- de ces impacts territoriaux, car elle
gement climatique, volution des cultures nergtiques de premire g- sants pour que ces derniers puissent raisonne sur un champ agricole
rgimes alimentaires, gouvernance nration sur la base du scnario 2010 remplacer de grandes quantits de moyen et gomme les caractris-
commerciale internationale Ce qui (5,75% dincorporation de biocar- ressources ptrolires. Le bilan tiques locales. Une valuation plus
complique dautant les stratgies do- burants). Le cot des biocarburants cots-avantages de la filire calcul fine de l'impact ncessite de se situer
rientation et leur valuation. LInra est calcul en tenant compte des pour 2010, avec un prix du ptrole explicitement dans le bassin d'ap-
tche dclairer les choix en dve- cots de la matire premire agri- estim 65 dollars/baril, est proche provisionnement d'une usine de bio-
loppant des analyses multicritres. cole, de logistique et de transforma- de zro concluent les chercheurs carburants et de prendre en compte
Inra / Christian Dupraz
tion, dont sont soustraits les recet- de lunit de recherche conomie pu- l'volution des systmes de cultures
tes des co-produits (tourteaux de blique Inra-Agro ParisTech. Or, fin qui dcoule de ce nouveau dbou-
colza et drches de bl). Les rsultats 2006, le cours du ptrole de la mer ch conomique. En France, le rem-
X I NRA MAGAZINE N1 JUIN 2007 I NRA MAGAZINE N1 JUIN 2007

XI

REGARD
DOSSIER
LEurope pourrait
adopter une
Bernard
cocertification
qui interdirait
dimporter des
Chevassus-au-Louis
Refonder la recherche agronomique
biocarburants
issus de terres
nouvellement Lcole suprieure la lune sur la croissance des plantes. Comme si ctait un
dfriches,
Inra / Ren Canta
dagriculture dAngers dbut de compromission de la science
par exemple. vient de publier un

fascicule reprenant une
En se professionnalisant, la recherche a laiss les phno-
mnes naturels et socitaux la porte de ses laboratoires.

COUPE DE BOIS de robinier leon inaugurale que De manire paradoxale, la logique dinnovation a transpos
vous avez prsente sur le terrain la manire de faire en laboratoire. Les scien-
aux tudiants leur ces sociales ont t, de ce fait, marginalises au profit dune
dmontrant la fascination pour les sciences exactes : plus on se rappro-
ncessit de refonder la recherche che des mathmatiques, plus on se dbarrasse des di-
2 placement actuel de crales desti- contre 9,3 millions dhectolitres pour peuvent tre encore plus fortes dans agronomique. Do part votre rflexion ? mensions socitales. Ainsi, lalimentation est devenue l-
nes l'alimentation par du colza lthanol. Ce choix s'explique par les les grands pays producteurs du Sud Directeur de
Bernard Chevassus : Elle est ne de la tension entre tude des aliments ce qui permet de dsocialiser la question,
nergtique aura un impact relati- structures de raffinage nouvellement en modifiant les quilibres entre fo- recherche en le dfi alimentaire lhorizon 2050 et ce que peut faire la puis laliment a t dcompos en nutriments, cest--dire
vement mineur, sauf si le cahier des cres et par la prdominance du ga- rts et surfaces agricoles. gntique des recherche agronomique pour le relever. Entre le noli- des lments chimiques. Du coup, les sciences sociales se
poissons lInra,
charges du biodiesel voluait vers des zole sur lessence. Les surfaces de colza Bernard thique et lan 1000, lagriculture a permis de nourrir jus- transforment le plus souvent en producteurs de critiques
Chevassus-au-
modes de conduite du colza bas ni- ncessaires devront tre multiplies Vers une conomie Louis a t qu 200 millions dhommes. Depuis 1850, la recherche expliquant pourquoi telle innovation ne marche pas
veaux d'intrants. En revanche, la sub- au moins par six pour atteindre plus conome ! directeur de lInra agronomique a contribu fournir aujourdhui la nour-
(1992-1996),
stitution des mmes crales par des lobjectif de production fix pour Au regard de ces diffrents bilans et prsident du riture de six milliards dhumains. Mais dans les cinquante Que faudrait-il revoir dans lapproche actuelle ?
cultures prennes (pour les biocar- 2010. Selon les projections de lInra, analyses, les filires de biocarburants Musum National annes venir, il faudra encore doubler la capacit ali- B. C. : Travaillant sur des objets simplifis et dconnec-
dHistoire
burants deuxime gnration) devrait la comptition entre les cultures ali- apparaissent comme une tape vers Naturelle (2002- mentaire de la plante. Certains agronomes pensent que ts de la nature et de la socit, la recherche agronomique
permettre de rduire de faon sub- mentaires et nergtiques devient une conomie plus sobre en carbone 2006), du conseil lagriculture y arrivera essentiellement par une amlio- a centr son mode dintervention sur la matrise de va-
dadministration de
stantielle la pression agricole sur l'en- alors flagrante. La question se pose fossile. La premire gnration a mis lAFSSA (Agence ration des conditions conomiques et sociales. Pour dau- riables de forage externes - engrais, irrigation, pro-
Franaise de Scu-
vironnement. ds aujourd'hui dans la mesure o les en route la dynamique. Dici 2015, rit Sanitaire tres, dont je fais partie, il y a un dfi technique ds lors duits phytosanitaires, etc. - permettant datteindre une
Toutefois ce raisonnement doit tre surfaces de colza nergtique ne se le dveloppement des filires devrait des Aliments, que les recettes agronomiques daujourdhui trouvent des production optimale. Par exemple, montrer quclairer un
1997-2002)
appliqu sur toute la plante et il est cantonnent plus aux jachres. permettre doptimiser les technolo- et prside limites de plus en plus videntes. poulailler vingt heures par jour augmente la croissance
vraisemblable que le dveloppement Les biocarburants de deuxime g- gies dans les bioraffineries et de ma- actuellement des poules tient dune observation lie ce que jappelle
le conseil
des biocarburants soit compens par nration devraient lever ce verrou triser la transformation de la scientifique Comment expliquez-vous ces limites ? la variabilit de forage. Cest par rapport cet optimum
une intensification de la production puisquils recyclent des sous-pro- deuxime gnration de biocarbu- du Cirad. B. C. : La recherche agronomique sest isole de deux que lon a en outre cr des varits gntiquement am-
alimentaire, aggravant sur ces surfa- duits et rsidus et parce quils ne se rants . sources dinspiration fcondes. Un premier clivage sest liores . Cette approche conduit manquer dinforma-
ces la pression environnementale. positionnent a priori pas sur les fait entre lespace humain et la nature, soit pour lagri- tions en dehors de ces systmes de production optimiss,
D'o la ncessit de traiter la ques- meilleures terres. Cependant les mo- culture, entre agrosystme (cultiv) et cosystme (sau- en particulier sur le pilotage de systmes utilisant davan-
tion des impacts locaux... au niveau dles scientifiques ne sont pas encore vage). Comme sil ny avait rien apprendre lun de lautre. tage la gestion des processus biologiques et cologiques.
global ! suffisamment valids pour que les +dinfos Cette rupture a trac la monte en puissance de lagro-
chercheurs soient parvenus un +dinfos OBiodiversit nomie au XIXe sicle. Par exemple, lorsque Liebig d- Comment faire ?
OLes biocarburants de deuxime un nouveau
Place dans le paysage consensus sur la question. gnration, J. Cormeau, G. Gosse regard ; couvre vers 1840 la nutrition minrale des plantes, sa B. C. : Il sagit de retrouver des sources dimagination en
(Inra), article paratre dans la revue refonder la
agricole Quant au dveloppement des filires, Demeter, 2007. dcouverte est rvolutionnaire car elle rompt avec la se rappropriant ces deux piliers que sont lcologie au
recherche
La concurrence des terres entre usa- il dpend largement des aspects co- OLambivalence des filires agronomique, spcificit du vivant par rapport la matire inerte. La sens large et la dmarche dinnovation socitale, par les
ges alimentaire et nergtique est un nomiques lis la masse vgtale biocarburants, Jean-Claude Sourie, B. Chevassus- fertilit des sols devient un bilan dlments chimiques : gens eux-mmes ou en partenariat avec la recherche. Cest
David Trguer et Stelios Rozakis, Inra au-Louis,
autre point de dbats. En 1993, les collecter, stocker, manutentionner. sciences sociales, 2005. Leon azote, phosphate, potassium. Cest le dbut de la chimie ce que jai appel lagronomie intgrale . Les agricul-
Texte accessible sur : inaugurale
cultures nergtiques ont t im- Selon les biocarburants, la taille as- 2006, ESA agricole et de lartificialisation des systmes productifs, teurs trouvent des innovations et des pratiques ici et main-
www.inra.fr/internet/Departements/ES
plantes sur les terres mises en jachre surant la viabilit des bioraffineries R/publications/iss/pdf/iss05-2.pdf dAngers, 2007. affranchis des lois de la nature. tenant qui leur permettent de vivre. Elaborer ces optima
dans le cadre de la PAC. Le colza tait varie, ainsi que la configuration des OBilans nergtiques et gaz
La deuxime rupture sest opre vis--vis des approches locaux et temporaires de la viabilit est aussi noble quune
privilgi parce quil permettait bassins dapprovisionnement sur le effet de serre des filires socitales empiriques. Elle prend racine dans la rvolu- grande rvolution technologique. La recherche a, il me
doccuper la plus large surface en ja- territoire. de production de tion scientifique du XVIIIe sicle quand on commence semble, toute sa place pour sinsrer dans le jeu des ac-
biocarburant, Ademe / Direm.
chre en raison de sa faible produc- Notons galement limpact sur le pay- Rapport d'aprs les travaux d'Ecobilan dnoncer les savoirs profanes comme peu fiables et em- teurs et en amliorer les capacits innovantes, avec lam-
PricewaterhouseCoopers, novembre
tivit par hectare. Dans la priode de sage : si 10% du territoire taient cou- 2002 preints de superstitions. La science se construit, elle, sur bition den tirer des rsultats ou des hypothses valables
transition dici 2010-2015, l'ester d- verts par des grandes herbaces et par une page blanche, via lexprimentation ! Cette repr- dans dautres contextes.
OWell-to-Wheels Analysis of
riv de lhuile de colza sera toujours des taillis de peupliers ou de robi- Future Automotive Fuels and sentation reste vraie : on regarderait encore trange- Propos recueillis par
le principal biocarburant europen : niers, leur hauteur et leur densit fer- Powertrains in the European ment un scientifique qui proposerait dtudier leffet de Catherine Donnars
Context, Well-to-Wheels CONCAWE,
27,5 millions d'hectolitres prvus meraient lhorizon. Ces volutions EUCAR, JRC. mai 2006.

XII I NRA MAGAZINE N1 JUIN 2007 I NRA MAGAZINE N 1 JUIN 2007
O
25

1
1 HUBERT
CHIRON,
REPORTAGE
REPORTAGE spcialiste de
la panification,
dans son
fournil
exprimental. 2
2
ROSELYNE
DSIREST,
charge
des analyses
physico-
OINRA DE NANTES chimiques,
value la
Les produits
viscosit
des empois
de produits
amylacs
(craliers).
3
3
craliers
DES GRAINS
DE BL
coups
sont pris en
photos par
CHAQUE
4 4 Anne-Laure
Rguerre et
Benot Jaillais.
alvolaires
TAPE,
du ptrissage
la cuisson,
est
standardise. 5
5
DENIS
LOURDIN,
physico-chimiste
des matriaux
rvlent leurs structures biopolymres,

dmarre
un essai
Frdric Stucin/MYOP
mcanique.
Des corn flakes plus croustillants, un pain plus moelleux ?

Les chercheurs de lInra de Nantes mettent au point des mthodes
en laboratoire pour valuer les proprits sensorielles de ces
produits craliers et dterminer les facteurs propres leur texture.
Frdric Stucin/MYOP
6
6
DANS
CETTE BOTE,
des lames de
mtal crasent
LUNIT BIA les ptales
occupe des de mas. Un
micro, plac
locaux remis derrire, mesure
neuf, en le bruit produit
priphrie qui permet
de Nantes. dvaluer leur
croustillant.
lchelle du micromtre pour compren- LA PTE

7 7
dre certaines caractristiques mcaniques CORN FLAKES
est conditionne
comme la fragilit des ptales de mas. sous plusieurs
formes. Ici, des
haltres .
Le cri des corn flakes crass
Suivons Laurent Chaunier et Denis
Lourdin, deux physiciens des mat-
riaux qui travaillent en tandem sur
ce sujet. Lune de leurs manips
Frdric Stucin/MYOP consiste traduire le croustillant
en proprits acoustiques et mca-
niques. Les chantillons tester sont
L
Unit de recherche sur les crales. Son animateur, Guy Della stocks dans une srie dtuves pour
Biopolymres, leurs inter- Valle, nous prsente deux objets les maintenir diffrents taux dhu-
actions et assemblages dtudes phares : le pain et les corn midit. Un corn flakes contient 3 %
(BIA) vient tout juste dem- flakes. Lun et lautre ont une com- deau au sortir dun paquet tanche,
mnager dans de nouveaux position base damidon et de pro- explique Denis Lourdin. Si vous le 9
btiments. Elle compte quelque tines, mais des structures alvolaires laissez une demi-heure sur la table, il
120 chercheurs et techniciens rpar- et des textures trs varies En tmoi- se charge deau et devient cartonneux.
tis en dix quipes, dont lune, MC2 gnent llasticit dune mie de pain et On entre alors dans une petite pice 8
8 9
TEMPRATURE, AVANT DE DEVENIR PTALE
(pour matriau, cration et com- le croustillant dun ptale de mas. De insonorise, abritant le dispositif HUMIDIT Ces tuves CROUSTILLANT ET ALVOL,
maintiennent une la pte corn flakes est dense
portement), est ddie aux solides ces objets macroscopiques, explique Guy ad hoc. Des ptales sont placs dans atmosphre stabilise pour et peut tre conditionne en
composites et alvolaires base de Della Valle, nous descendons jusqu une cellule cubique, sur laquelle le 2 conserver les corn flakes. ruban.

27
IMPRESSIONS
OQUESTIONS
Guy Della Valle
Frdric Stucin/MYOP
RESPONSABLE DE LQUIPE MATRIAU, CRATION ET COMPORTEMENT
Mettre au point des produits satisfaisant

Jean Froc,
au mieux les attentes du consommateur agronome
Pourquoi avoir plac
le pain et les corn
permettant llaboration
daliments de qualit.
Comment sorganisent
les partenariats avec et gourmand
flakes au cur Avec ces producteurs, le secteur priv ?
de vos recherches ? nous avons mis au point Notre unit dveloppe
Nous nous efforons un procd dvaluation des partenariats publics nationale de la OBALADE AU PAYS DES FROMAGES
recherche), sur une dure Les traditions fromagres en France
de rpondre des dune nouvelle varit et privs afin que ses Jean Froc
questions scientifiques et fourni des outils recherches puissent de trois ou quatre ans, DITIONS QUAE, JANVIER 2007, 240 PAGES, 28
qui peuvent merger daide la dcision : tre largement utilises traite de questions
des produits grce aux par lindustrie. Nous scientifiques gnriques
de consommation connaissances pratiquons principalement issues de concertation
courante. Cette acquises au cours de deux grandes formes de entre chercheurs et
dmarche englobe nos travaux, ils peuvent partenariat. Lun, plutt partenaires potentiels,
des aspects la fois amliorer les diffrentes spontan o le partenaire par exemple des groupes
Parler de balade, les vertus du bon pain dans les
socio-conomiques et tapes de fabrication nous sollicite pour semenciers et meuniers,
des centres techniques, cest dj une invitation comuses Ne faisons pas pareil
nutritionnels. Prenez les de leurs produits tout un problme que nous
corn flakes : il sagissait en mettant au point essayons de traduire mais aussi des PME Jean Froc : Le livre propose de faire le tour avec le fromage ! Celui-ci nous est familier,
pour les producteurs des produits rpondant en termes scientifiques, dveloppant des outils de la fromagerie franaise, celle-ci tant le mais les savoirs fromagers sont mconnus.
de mas de dvelopper mieux aux attentes lautre, issu des projets informatiques et rsultat dune somme de savoirs ancestraux. Au travers de la typologie que je propose,
une varit franaise du consommateur. de lANR (Agence scientifiques. Le fromage permet de stocker le lait qui est il devient possible de dcrire les fromages
une matire prissable. Pour les conomies selon leur mode dlaboration, aire de
paysannes, il a longtemps t une faon production, forme, origine historique
de prvoir lhiver. Le texte le plus ancien
que lon ait trouv dcrit le fromage Le terroir, est-ce important ?
2 manipulateur fait descendre une tra- gril On prpare une poudre tiellement au procd de fabrication , de Neufchtel et date du XIIe sicle J. F. : chaque milieu physique, plaine,
verse munie de lames mtalliques. Un partir des grains de mas dcortiqus explique Laurent Chaunier. Notre pays dtient environ 200 sortes petite montagne, grande montagne,
microphone enregistre les sons pro- et mlangs diffrents ingrdients Mmes types de recherches sur le de fromages. Au total, dans le monde, les techniques diffrent. Il ne peut y avoir
duits par lcrasement tandis quun (eau, sucre, malt, sel), dcrit Laurent pain. Dans son fournil pilote install il y en a entre 1300 et 1400, dont certains de fromage universel, ni de dlocalisations !
capteur value la rsistance des pta- Chaunier, tout en versant cette pou- lautre bout du sous-sol, Hubert types nexistent pas chez nous. Les spcificits sont galement lies au
les. Ces mesures ont permis de cadre dans le cuiseur-extrudeur. Avec Chiron fabrique des btards, comme Cest le cas de la Scandinavie qui recle relatif isolement des rgions jusquau
ractriser treize chantillons de corn ce procd industriel, la pte corn chez le boulanger , avec des farines ainsi dexcellents fromages de lactosrum XIXe sicle. Les produits taient peu
flakes de marques commerciales di- flakes est simultanment cuite et la- enrichies en fibres. Chaque tape caramliss Les fromages franais ont en transports et correspondaient donc
verses. Verdict : les produits jugs les mine. Du fourreau mtallique sort est standardise : valuation de la commun dtre issus dune coagulation un ensemble de pratiques ancres
plus croustillants par un jury dana- un ruban de pte solidifie et dense, viscosit de la pte, de sa masse et de du lait laide denzymes, la prsure . localement. Cest ce que valorisent
lyse sensorielle1 prsentent une rsis- conserve telle quelle, moule en sa temprature interne en cuisson, Les techniques de fabrication peuvent aujourdhui les appellations dorigine
tance modre lcrasement et une forme dhaltre de quelques centi- observation de la transition pte-mie, ensuite tre plus ou moins complexes, et les labels.
mission de sons puissants, quili- mtres ou bien encore expanse analyse de la structure alvolaire tel le bleu de Termignon, qui est un fromage Cependant, les conomistes qui ont valoris
brs entre les graves et les aigus. par grillage ou au micro-ondes pour par analyse dimages. Autant de persill de Savoie et une merveille de culture les conventions de type AOC, nont pas,
Les chercheurs testent aujourdhui y crer les alvoles. donnes ensuite relies aux proprits et de savoir-faire mon avis, suffisamment mis en valeur
des ptales prpars au laboratoire mcaniques de la mie. En effet, Au XXe sicle, il ny a gure dinventions les lois de la biologie et de lco-gographie
partir de varits de mas franaises Compresser, tirer la texture du pain dpend dune de fromages, ce sont plutt des copies, qui sont, elles aussi, propres tel ou tel
fournies par le centre technique Ar- Les chantillons repartent ensuite vers multitude de paramtres : mouture des adaptations ou des produits milieu.
valis-Institut du vgtal et lindustriel les tages suprieurs en attente de tests des grains, conditions de ptrissage, qui reposent sur des outils technologiques
Ulice-Limagrain. Le but est dvaluer mcaniques : compression ou tire- etc. But ultime de toutes ces connais- rcents. Cest le cas du pav dAffinois Pour crire ce livre fallait-il
leur aptitude la fabrication de corn ment jusqu la rupture. On compare sances ? Conforter un savoir-faire an- labor par un procd dultrafiltration tre agronome ou gourmand ?
flakes croustillants et de les compa- alors les rsultats aux caractristiques cestral pour satisfaire au mieux les mis au point par lInra. J. F. : Les deux ! Agronome, car il mapparat
rer la varit argentine Plata, rf- de leur structure alvolaire (taille besoins nutritionnels ainsi que les pa- Mais ce nest pas, proprement parler, ncessaire de transmettre les
rence en la matire. Cette texture re- et forme des alvoles et de leurs pilles du consommateur. un fromage, car sa matire premire nest connaissances de la biologie et des modes
cherche est-elle lie la forme des parois), obtenue par tomographie pas le lait caill, mais une sorte de fabrication fromagre. Gourmand ?
alvoles ? Ou bien aux constituants aux rayons X au synchrotron de Patricia Chairopoulos de pr-fromage avec la texture dune pte Exigeant plutt, parce quil ne sagit pas
de la matire de base ? Pour le savoir, Grenoble, la rpartition amidon- crpes . de bouffer , mais dapprcier la qualit
1. Socit partenaire Adriant.
nos chercheurs dissquent les protines dans les parois, dtermine de ce que lon mange
tapes successives de fabrication. par microscopie confocale sur la Faut-il prserver notre patrimoine
plate-forme de lunit. On pense au- culturel fromager ?
De la pte au ptale jourdhui que les diffrences de
+dinfos J. F. : Je ne revendique pas un Louvre Propos recueillis par C. D.
Ocontact : Laurent Chaunier
Direction le sous-sol, o lon dcou- croustillant tiennent davantage aux chaunier@nantes.inra.fr des fromages ! On a attendu de faire
Denis Lourdin, lourdin@nantes.inra.fr
vre une chane de production indus- constituants du matriau dense (agr- Guy Della Valle du mauvais pain pour mettre en avant
trielle en miniature. Tout est l : presse gats protiques, fibres) qu la forme dellaval@nantes.inra.fr
Osur le web :
de thermomoulage, extrudeur, four et la taille des alvoles, dues essen- www.nantes.inra.fr
28 I NRA MAGAZINE N1 JUIN 2007 I NRA MAGAZINE N 1 JUIN 2007

O

29
IMPRESSIONS en bref OLanalyse des risques,
lexpert, le dcideur
OLa construction du
rseau Natura 2000
OLes vgtations dalpage
de la Vanoise par A. Bornard,
OLa sociologie de lalimenta-
tion par F. Rgnier,
OLagriculture de demain,
gagnants et perdants
ditions
Qu
et le citoyen en France par F. Pinton, M. Bassignana, C. Bernard-Brunet, A. Lhuissier, S. Gojard de la mondialisation
OLa politique agricole par B. Chevassus-au-Louis P. Alphandry, JP. Billaud, S. Labonne, P. Cozic. Dis moi ce que tu manges, je te par P. Rainelli
commune par J.C. Bureau Faisant suite une confrence, cet C. Deverre, A. Fortier, G. Gniaux Ce guide, richement illustr, dcrit dirai qui tu es : cest en nous Mine dinformations sur ltat
Prsentant le fonctionnement et essai montre que lapproche du Le rseau cologique Natura 2000 en 22 fiches, les types agrocolo- invitant lire la socit travers de lagriculture dans le monde,
les volutions de la PAC, ce risque a volu en intgrant divers sest construit sur la base dune giques du massif de la Vanoise lalimentation que ces trois ce livre aborde ses dfis contempo-
Repre offre une grille de niveaux danalyse : incertitude du concertation et dune gestion et propose des conseils en gestion chercheuses de lInra entament rains : lingalit face la faim, les www.quae.com
rflexion pour aborder contexte, acceptabilit des locales suscitant des dbats, des pastorale. Il sadresse aux leveurs, leur ouvrage. Elles dressent ensuite OGM, les biocarburants Et se c/o
lchance de la prochaine r- citoyens, bilan cots/bnfices... conflits mais aussi des procdures
techniciens et naturalistes. une synthse de la consommation penche sur les consquences Inra - RD 10 -
F-78026
forme, en 2013. et modifie le rle de lexpert. originales. Les auteurs analysent Editions Quae - collection guide alimentaire : ses dterminants de la libralisation des changes Versailles
Cedex
Editions La Dcouverte, collection Editions Quae - collection Sciences cette mise en politique de la nature. pratique - 2006 - 236 p. - 32 . et ses proccupations. entre pays et au sein des nations.
Repres - 2007 - 128 p. - 8,5 en Questions - 2007 - 90 p. 8,5 . ditions La documentation Editions La Dcouverte, collection Editions Le flin collection Echances
franaise - 2007 - 173 p. - 39 . Repres, octobre 2006 - 120 p.- 8,5 . - 160 p. - 11,9
Une synthse de ne pas oprer a priori une

slection retenant exclusivement
LADN nest pas matre bord
sur les OGM les donnes qui soutiendraient
telle ou telle prise de position.
OGNTIQUEMENT INDTERMIN
Le vivant auto-organis, Sylvie Pouteau, coordinatrice
DITIONS QUAE, JANVIER 2007, 30
Il carte le projet dmiurgique
O PLANTES TRANSGNIQUES : qui viserait modifier
FAITS ET ENJEUX gntiquement lhomme et la
A. Gallais et A. Ricroch
DITIONS QUAE, COLLECTION SYNTHSES, nature. En revanche, il montre L a publication de la squence complte
du gnome humain marque
que si lADN participe bien la fabrication
de lindividu, il nest pas matre bord :
SEPTEMBRE 2006, 284 PAGES, 34 quen identifiant linformation un tournant critique pour la biologie. les autres constituants de lorganisme
gntique un objet (lADN), Mais ce nest pas celui que lon attendait. ou de son environnement en dterminent
la biologie molculaire a ouvert Ce texte long de trois milliards tout autant les caractres. Il ny a pas un
le champ de la gntique la de lettres, utilisant un alphabet quatre programme gntique inscrit dans lADN
in 2006, le contribuable dactualit portant sur brevetabilit et lappropriation, molcules, symbolises par A, T, G et C, et plus ou moins modul par le reste .
F apprend simultanment
que les autorits europennes
le cotonnier, le mas, le soja
La transgense nest pas un don
aux concurrences et aux intrts
de lconomie librale. Les
ne rvle pas grand-chose de ltre humain
et multiplie les problmes plutt quil ne les
La question est de comprendre comment
lensemble sarticule et sorganise. []
infligent une lourde amende du ciel ; elle ne peut tre mise plantes transgniques, pour rsout. [] La biologie contemporaine est Extraits de la prface dIsabelle Stengers
la France pour ne pas avoir en uvre que dans les cadres partie, sont les produits de ces appele se reconstruire autour de lide et Pierre Sonigo.
mis sa lgislation sur les OGM dj tablis de lamlioration vnements. Dans cette situation,
en accord avec les directives des plantes, elle nest value les normes, labores par des
communautaires, que des dans ses rsultats que par experts ou des idologues
institutions rgionales franaises rapport aux rfrences toujours en retard sur lavance
exercent une discrimination sur agricoles, conomiques et des connaissances et lvolution revues
les entreprises selon quelles sociales habituelles. socitale, perptuent les OQUELLES VARITS ET SEMENCES
POUR DES AGRICULTURES PAYSANNES
ont recours ou non aux OGM, Les auteurs considrent ensuite controverses sans avancer OLE BIEN-TRE ANIMAL DURABLES ?
et que les tribunaux entrinent ce qui fait lobjet de dbats Dpassant lexpertise technique, PRODUCTIONS ANIMALES - LES DOSSIERS DE LENVIRONNEMENT
ces pratiques pour des raisons passionns : les risques associs le livre ouvre sur deux VOL.20 - FVRIER 2007 - DE LINRA N30
de forme en vitant de un usage gnralis de ces perspectives. La premire EDITIONS QUAE - 16
se prononcer sur le fond plantes pour lenvironnement, concerne la relation homme-
Pour situer ces informations
par rapport aux vifs dbats
la biodiversit, lalimentation,
la sant des consommateurs. Les
nature : dans quelle ontologie,
dans quelle doctrine thologique, C e numro spcial de la
revue Productions animales
R sultant dun sminaire associant des chercheurs
de lInra et des paysans de la Confdration paysanne,
ce dossier aborde une question qui a acquis une base plus
qui ont dj agit la socit, interrogations tant nombreuses les divers acteurs des OGM se fait cho aux travaux dun revendicative ces dernires annes. Prenant acte des limites
le contribuable trouvera et nayant pas toutes obtenu de placent-ils ? La seconde rseau inter-organismes, initi de la doctrine et de lorganisation de la slection
dintressantes rfrences dans rponses exhaustives, un questionne la prise en charge de par lInra en 1998 et travaillant des plantes en France, les auteurs analysent les voies
le livre Plantes transgniques : moratoire avait t mis en place cette relation homme-nature par sur cette question pineuse. qui permettraient de mieux rpondre la diversification
faits et enjeux. Andr Gallais, en France. Il a permis dlaborer le march : quels en sont les Explicitant dabord lorigine du de la demande : en termes despces, dassociations
agronome et gnticien, et Agns un premier encadrement avantages et les inconvnients ? concept de bien-tre animal et la varitales ou de rusticit. Des tmoignages de slection
Ricroch, cologue et passionne rglementaire du Y a-t-il dautres solutions ? vision qu'en ont les leveurs, les participative expriment les besoins et la possible synergie
dthique, ont associ leurs dveloppement des plantes articles abordent ensuite les entre agriculteurs et chercheurs pour construire
talents pour examiner, avec transgniques et de leurs usages. Jean-Claude Mounolou, pratiques par type dlevage et par thmatique : stress, liens des rseaux dinnovation lchelle des exploitations
modestie et sincrit, les La nature, les enjeux et les dcembre 2006 avec la sant, conditions pralables dabattage et des territoires, mais aussi pour rvaluer les critres
connaissances et les faits. Ils impacts de ces mesures, leurs de la slection.
expliquent que la transgense est diffrences avec les normes
un outil driv des avances de la europennes, comme leurs +dinfos +dinfos
OJean Claude Mounolou est ingnieur Ohttp://www.inra.fr/productions-animales/ +dinfos
biologie molculaire. Le consquences conomiques, agronome et docteur en biologie. Il a ORseau Agri Bien-tre : O Inra, mission environnement et socit
potentiel de la mthode est sont clairement exposs. crit enseign l'universit de Paris-Sud- http://wcentre.tours.inra.fr/BienEtre/accueil.htm. lecourrier@paris.inra.fr.
Orsay et a dirig le centre de gntique
illustr par des exemples avec rigueur, ce livre a le mrite molculaire du CNRS Gif-sur-Yvette.
30 I NRA MAGAZINE N 1 JUIN 2007

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I NRA MAGAZINE N 1 JUIN 2007
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AGENDA 14 Juin 25/26 Juin 10/13 Juillet
PARIS VILLENEUVE D'ASCQ ANGERS
volution de la Politique Journes conomie Xe Confrence europenne

agricole commune et espaces de nutrition
Le dpartement Sciences sociales Ces journes scientifiques Congrs organis par la Fdration
de lInra prsente aux acteurs se centrent sur la dimension spatiale des socits europennes de
et dcideurs, ses travaux sur la PAC des phnomnes conomiques : nutrition (FENS) et lUnion franaise
partir de cinq entres : OMC, localisation des firmes et des pour la nutrition et l'alimentation
biocarburants, revenus, second pilier, activits, march foncier, localisation (UFNA) avec la participation
quotas laitiers. rsidentielle, march du travail, de chercheurs de lInra.
WWW.inra.fr/internet/Departements/ESR/ conomie publique locale. WWW.fens2007.org/
WWW.dijon.inra.fr/esr/activites/ecoespace/
27/30 Aot
PARIS
11/14 Sept
RENNES
12/14 Sept
VERSAILLES
Biosphre continentale. SPACE 2007 VIIe Colloque national

Cycle de leau L'Inra sera prsent au Salon des de la Socit franaise
et vgtation : analyse productions animales - Carrefour de biologie vgtale
et prospectives europen et y animera un cycle Ce colloque couvre les diffrents
LInra, Agro-Paris-Tech, lAssociation de confrences. domaines de la biologie vgtale
franaise pour leau, lirrigation WWW.space.fr (11 sessions thmatiques).
et le drainage (Afeid), le CNRS, le Le prix de la SFBV sera remis
Cemagref, etc., font un point sur les un jeune chercheur
connaissances scientifiques en WWW.sfbv.org
matire de matrise du cycle de leau.
http://afeid.montpellier.cemagref.fr/Biosphere.htm
Inra / Pierre Stengel

FORMATION DE FISSURES dans un sol argileux en cours dhumectation.

Cylindre de terre imprgn par une rsine fluorescente et clair par ultraviolet.

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2 I NRA MAGAZINE N1 JUIN 2007 I NRA MAGAZINE N1 JUIN 2007

du Sud. Cette collaboration, 2007 une tude prospective

4 I NRA MAGAZINE N1 JUIN 2007 I NRA MAGAZINE N1 JUIN 2007 5

Nous avons repr onze zones

Des poulets rsistants _

aux salmonelles LA SALMONELLE,

Inra / Philippe Velge

6 I NRA MAGAZINE N1 JUIN 2007 I NRA MAGAZINE N1 JUIN 2007 7

cytosquelette Grce une tude que lance

du nouveau-n. Ils montrent

8 I NRA MAGAZINE N1 JUIN 2007 I NRA MAGAZINE N1 JUIN 2007 9

Conserver Les jeunes vaches

Inra / Michel Meuret

Au-del de la conservation du peu- des troupeaux constitus de races di-

10 I NRA MAGAZINE N1 JUIN 2007 I NRA MAGAZINE N1 JUIN 2007

Quels types dchantillons ci peut compter jusqu plusieurs

dans les plantes

(1) Solanaceae Genomics Network :

12 I NRA MAGAZINE N1 JUIN 2007 I NRA MAGAZINE N1 JUIN 2007

dans les plantes

Inra / Stphane Cadoux

Une politique en faveur substituer en partie du carbone d'o-

des biocarburants combustion des biocarburants est

II I NRA MAGAZINE N1 JUIN 2007 I NRA MAGAZINE N1 JUIN 2007 III

Inra / Florence Carreras

Les aides agricoles, les obligations rglementaires

IV I NRA MAGAZINE N1 JUIN 2007 I NRA MAGAZINE N1 JUIN 2007

Inra / Christophe Matre

Inra / Stphane Cadoux

VI I NRA MAGAZINE N1 JUIN 2007 I NRA MAGAZINE N1 JUIN 2007 VII

Inra / Alain Beguey

VIII I NRA MAGAZINE N1 JUIN 2007 I NRA MAGAZINE N1 JUIN 2007 IX

4 Bilans cheurs utilisent la mthode de

Evaluer lintrt pacts des biocarburants du champ

des biocarburants cest--dire lensemble des tapes de

X I NRA MAGAZINE N1 JUIN 2007 I NRA MAGAZINE N1 JUIN 2007

dagriculture dAngers dbut de compromission de la science

par exemple. vient de publier un

rvlent leurs structures biopolymres,

Des corn flakes plus croustillants, un pain plus moelleux ?

lchelle du micromtre pour compren- LA PTE

Guy Della Valle

Mettre au point des produits satisfaisant

28 I NRA MAGAZINE N1 JUIN 2007 I NRA MAGAZINE N 1 JUIN 2007

Une synthse de ne pas oprer a priori une

30 I NRA MAGAZINE N 1 JUIN 2007

volution de la Politique Journes conomie Xe Confrence europenne

Biosphre continentale. SPACE 2007 VIIe Colloque national

Inra / Pierre Stengel

FORMATION DE FISSURES dans un sol argileux en cours dhumectation.

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