Methodes Math Ematiques PDF
Methodes Math Ematiques PDF
Methodes Math Ematiques PDF
L3 de Physique et Chimie
Methodes Mathematiques
pour la Licence de Physique et Chimie
Jean-Luc Raimbault
Laboratoire de Physique des Plasmas
Ecole Polytechnique,
jean-luc.raimbault@lpp.polytechnique.fr
2010 - 2011
2
Les pages qui suivent presentent quelques methodes mathematiques que vous aurez `a utiliser dans vos cours
de Physique et Chimie. Cet enseignement de Mathematique est structure en 5 grandes parties :
Variables complexes
Equations differentielles
Analyse dans Rn
Alg`ebre lineaire
Analyse de Fourier.
Au sein de chacune de ses parties, plusieurs chapitres, allant du plus simple au plus complique, sont proposes.
Les chapitres 1, 4, 5, 6, 9, 10, 12, 14 et 15 (cf. sommaire) seront traites en premi`ere intention et devraient
etre matrises par tous les etudiants. Ils constituent la base du programme sur lequel vous serez interroges. Les
chapitres complementaires, qui abordent des notions plus avancees, peut-etre moins utiles pour certains dentre
vous, seront etudies si le temps le permet et/ou proposes aux etudiants suffisamment `a laise sur les chapitres
de base.
Mettre en uvre des methodes mathematiques dans le contexte dun probl`eme de Physique ou Chimie
suppose une connaissance des concepts mathematiques associes (ce que ce cours vous rappellera ou vous fera
decouvrir), et surtout une mise en pratique qui passe par la resolution de nombreux exercices. Cela suppose une
presence assidue et active aux cours et aux travaux diriges mais egalement un travail personnel important. Cette
implication personnelle est determinante et sera encouragee. Lobjectif est darriver progressivement `a identifier
vos lacunes, puis ` a travailler - avec notre aide - `a les combler, enfin `a estimer par vous-meme le niveau de
comprehension que vous avez atteint. Pour vous y aider, des devoirs et tests vous seront reguli`erement proposes
et des livres dexercices seront `a votre disposition.
Enfin, il est bon de rappeler quun bagage mathematique sentretient. Il vous faut donc prevoir de revenir
periodiquement, tout au long de vos etudes (et meme apr`es !) sur des concepts et des methodes que vous
matriserez dautant moins que vous les utiliserez de facon occasionnelle. Les livres sont faits pour ca. Les
quelques indications suivantes pourront eventuellement vous guider dans la jungle des ouvrages disponibles.
Commencons par des ouvrages ecrits generalement par des physiciens qui suivent une approche assez prag-
matique.
1. Mathematical Methods for Scientists and Engineers, Donald McQuarrie, University Science Books, 2003.
Livre dun cel`ebre physico-chimiste, excellent pedagogue. Le contenu est tr`es progressif et contient beaucoup
dillustrations. A recommander pour debuter sur beaucoup de sujets de mathematiques.
2. Mathematical Methods for Physicists, G. B. Arkfen and H. J. Weber, Harcourt/Academic Press, 2001.
Un livre de reference pour les utilisateurs de mathematiques en sciences appliquees. Style tr`es direct,
nombreux exercices et exemples dapplications en Physique.
3. Distributions et Transformation de Fourier, Ediscience (1971, 1978), McGraw Hill (1984, 1988, 1993).
Presente la theorie des distributions et la transformation de Fourier sous une forme tr`es accessible au
physicien. Applications a` lOptique.
4. Serie Schaum chez Ediscience ou Mac Graw Hill.
Serie dont les differents volumes sont specialises dans certains domaines des mathematiques. En par-
ticulier, on pourra consulter : Variables complexes, Alg`ebre lineaire, Equations differentielles, Calcul
differentiel et integral. Lapproche est tr`es tr`es progressive, sappuyant sur un minimum de cours, et
un grand nombre dexercices de difficulte croissante. A recommander pour faire le point et pour le travail
personnel.
5. Mathematiques pour lingenieur, Nino Boccara, Ellipses, 1996.
4 petits volumes traitant chacun dun sujet : fonctions analytiques, distributions, integration, et probabi-
lites. Les sujets sont souvent introduits par une demarche historique instructive. Exercices corriges.
6. Mathematiques pour la Physique, Walter Appel, H-K Editions, 2002.
Un bon livre recent et rigoureux, qui fait le tour dhorizon de differents domaines des mathematiques utiles
au physicien.
Les ouvrages suivants, ecrits par des mathematiciens dans un style rigoureux, permettent daffermir les bases
ou dacquerir une vision plus large de certains sujets mathematiques.
1. Cours de Mathematiques, J. Bass, Masson, 1968.
Un bon livre a
` lancienne, en 2 tomes, complet sur toutes les notions elementaires, comprend de nombreux
exercices.
2. Principe danalyse mathematique, Walter Rudin, EdiScience International, 1995.
Un tr`es bon livre danalyse ecrit par un mathematicien professionnel tr`es pedagogue. Utile pour revoir les
notions de base danalyse.
3. A course in mathematics for students for in physics, P. Bamberg and S. Sternberg, Cambridge University
Press, 2001.
Ouvrage en 2 tomes qui presente nombre de sujets traditionnels dune facon souvent originale et profonde.
A consulter pour louverture desprit.
4. An Introduction to the Mathematical Theory of Waves, Roger Knobel, AMS, 2000.
Petit ouvrage sur un sujet specifique : les ondes. Tr`es simple, progressif et clair. Les ondes non-lineaires
sont abordees. Illustration et exercices en utilisant MatLab.
5. Equations differentielles et syst`emes dynamiques, J. Hubbard and B. West, traduit par V. Gautheron,
Cassini, 1999.
Un livre sur les equations differentielles, ecrit dans un esprit dintroduction a
` la theorie des syst`emes
dynamiques, donc selon le point de vue geometrique. Nombreuses illustrations.
6. Dictionnaire des Mathematiques, Encyclopaedia Universalis, Albin Michel, 1997.
Cet ouvrage regroupe les articles de mathematiques de la cel`ebre Encyclopedie. Ecrits par dexcellents
specialistes, ces articles de niveaux varies permettent en general davoir une vue densemble sur un sujet
particulier et sur ses liens avec dautres domaines des mathematiques. Pas vraiment pour les debutants.
A consulter en particulier pour son caract`ere synthetique.
Signalons enfin pour finir, 2 excellents ouvrages abordables `a votre niveau, ecrits par deux anciens professeurs
de lUniversite Paris-Sud, tous deux membres de lAcademie des Sciences.
1. Methodes mathematiques pour les sciences physiques, J.-M. Bony, Editions de lEcole Polytechnique, 2000.
Contient lanalyse de Fourier, les fonctions dune variable complexe et lanalyse hilbertienne. Diverses
remarques sur les equations de la physique mathematique ou lusage des differentielles en physique par
exemple sont tr`es instructives.
2. Mathematiques pour la Licence de Physique Fondamentale, J.-P. Kahane, Editions de lUniversite Paris-
Sud, 1992.
Offre beaucoup de recul et delegance sur des sujets mathematiques traditionnels. Un grand nombre de
domaines abordes, completes par des exercices en partie corriges. A mediter.
Variables complexes
5
Chapitre 1
The imaginary numbers are a wonderful flight of Gods spirit ; they are almost an amphibian between
being and not being.
10 - x
x
x 10 - x
7
1.2. LE CORPS DES NOMBRES COMPLEXES 8
Gauss) comme des points dun plan muni dun rep`ere cartesien, dont un axe est laxe des nombres reels tandis
que lautre est celui des nombres imaginaires.
1
On peut montrer que les rationnels completes par les irrationnels constituent tous les points de la droite, ce
quon appelle lensemble des nombres reels, R.
De l`a, il est assez naturel de considerer tous les points du plan, que lon peut obtenir comme lensemble des
couples de points ordonnes de 2 nombres reels, que lon notera (a, b) avec a et b elements de R. Cest le point
de depart pour definir les nombres complexes.
efinition 1.2.1 Un nombre complexe est un couple ordonne (a, b) de nombres reels.
D
Pour pouvoir effectuer des calculs controles avec les nombres complexes, il convient de definir les operations
suivantes.
Exercice 1.1 Verifier que ces r`egles sont compatibles avec une representation des nombres complexes (a, b) par
les matrices 2 2 :
a b
(a, b)
b a
Le nombre complexe (0, 1) (` a ne pas confondre avec (1, 0) : les couples sont ordonnes) merite une attention
particuli`ere. On le baptise :
2. La demonstration peut seffectuer par labsurde. Supposons en effet que r = m/n avec m, n entiers non nuls sans facteur
commun. Alors, puisque r 2 = 2, m2 = 2n2 , m2 est donc pair. Donc m est pair car le carr e dun nombre impair est impair. Soit
donc m = 2p avec p entier, l e m2 = 2n2 s
egalit ecrit donc n2 = 2p2 . n2 est donc pair ; on en d
eduit que n est
egalement pair ; m
et n sont donc tous deux pairs et ont donc
2 comme facteur commun, contrairement
a
` lhypoth`ese faite au d
ebut du raisonnement.
On en d equation r = 2 = m/n ne peut
eduit donc que l etre satisfaite : 2 nest donc pas rationnel.
Les nombres complexes de la forme (a, 0) forment un sous-corps de C qui sidentifie avec R. Remarquez que si
R, le produit de et du nombre complexe z = (a, b) verifie z = (a, b).
Cette definition a un sens car on peut montrer que cette serie est convergente z C. Cette definition constitue
un premier exemple de fonction dune variable complexe. Letude des fonctions dune (ou de plusieurs) variable(s)
complexe(s) constitue un champ detudes mathematiques `a part enti`ere (cest ce quon appelle la theorie des
fonctions analytiques). La definition meme de certaines fonctions dune variable complexe, par prolongement de
leurs definitions pour une variable reelle nest pas toujours aussi simple que lexemple de lexponentielle pourrait
le laisser penser. Des fonctions aussi usuelles que le logarithme ou la racine dun nombre complexe ne peuvent
en effet etre definies que sur une partie du plan complexe.
u y R, apr`es avoir regroupes les termes pairs et
Dans le cas particulier des imaginaires purs, z iy o`
impairs, on obtient :
y2 y4 y3
eiy = 1 + + i y + cos y + i sin y,
2! 4! 3!
o`
u on a utilise la definition entermes de series dune sinus et du cosinus dun nombre reel. Il sagit de la formule
dite dEuler (1743), dite egalement representation trigonometrique de lexponentielle :
x R, eix = cos x + i sin x
En remplacant x par x dans la formule precedente, on a eix = cos xi sin x, et en combinant ces 2 expressions,
on obtient les fonctions trigonometriques en termes dexponentielles imaginaires :
eix + eix eix eix
cos x = sin x =
2 2i
Une consequence immediate de cette propriete et de la formule dEuler est la formule de De Moivre :
n
x R, (cos x + i sin x) = cos(nx) + i sin(nx)
Exercice 1.6 Quelles relations trigonometriques peut-on deriver des identites suivantes (t, t R) ?
1. |eit | = 1,
2. ei(t+t ) = eit eit .
1.4 Repr
esentation des nombres complexes
1.4.1 Repr
esentation cart
esienne
Ainsi,
z (x, y) C z = x + i y, x R, y R.
Cest ce quon appelle la representation cartesienne des nombres complexes. x et y etant respectivement les
parties reelles et imaginaires de z.
efinition 1.4.1 Par definition, le conjugue du nombre complexe, z, note z, tel que :
D
z x iy
Calculons explicitement le produit dun nombre complexe quelconque avec son conjugue :
zz = (x + iy)(x iy) = x2 + y 2
efinition 1.4.2 Par definition, le module du nombre complexe, z est le nombre reel note |z| tel que :
D
p
|z| zz = x2 + y 2 R+
Le module dun nombre complexe jouit des memes proprietes que la valeur absolue pour les nombres reels
(attention, le meme symbole |.| est utilise mais ne sapplique pas aux memes nombres). Bien quil ny ait pas
de relation dordre dans C (on ne peut pas comparer 2 couples de nombres), la notion de module permet de
definir une distance dans C et, partant de l` a de developper lanalyse (notions de limite, continuite ...) dans le
corps des nombres complexes.
1.4.2 Repr
esentation g
eom
etrique
y z z
|z|
x
est largument qui verifie tan = y/x. Largument, en tant quangle, est evidemment defini `a 2 pr`es ; si on
impose `a largument dappartenir ` a lintervalle ] , +], il est determine de facon unique et sappelle alors
largument principal. Par exemple, les representations geometriques des nombres complexes de signes opposes
z1 = 1 + i et z2 = 1 i sont donnees respectivement par z1 = 2 e+i/4 et z2 = 2 ei3/4 . Comme on pouvait
sy attendre, on passe dun nombre complexe `a lautre par une rotation de autour de lorigine (symetrie de
centre 0), les 2 valeurs des arguments (principaux) etant differenciees par les signes de x et y.
On notera en particulier quun nombre complexe est nul si et seulement si son module est nul. La representation
geometrique permet de donner une interpretation simple de plusieurs operations sur les nombres complexes :
z = |z| ei (symetrie par rapport ` a laxe Ox),
zz = |z| |z | ei(+ ) (multiplication des modules et addition des arguments),
zz = |z|z| | ei( ) (division des modules et soustraction des arguments).
Lutilite de la representation geometrique peut etre illustre dans la recherche des racines de lunite cest-`
a-dire
`a determiner les solutions dans C de lequation
zn 1 = 0
On doit donc avoir ` a la fois |z|n = 1 (i.e. |z| = 1) et n = 2k. On en deduit donc les n solutions distinctes qui
se repartissent uniformement sur le cercle unite :
zn 1 = 0 zk = ei2k/n , k = 0, 1, 2, , n 1.
On a mentionne au debut de ce chapitre que les equations polynomiales navaient pas toujours de solutions
dans R. Dans le corps des nombres complexes, les choses sont beaucoup plus simples puisque lon dispose du
theor`eme suivant, appele theor`eme fondamental de lalg`ebre, d
u `a Dalembert (1746), qui stipule :
Ainsi la theorie des equations algebriques est-elle plus harmonieuse dans lensemble des nombres complexes que
dans lensemble des nombres reels. Il en va de meme dans de nombreux domaines des mathematiques mettant
en jeu les nombres complexes. Par exemple, si une fonction dune variable complexe est derivable une fois, elle
est derivable une infinite de fois ( !), ce qui nest certes pas le cas pour les fonctions dune variable reelle.
De la meme facon quune fonction dune variable reelle `a valeurs dans R est definie par une prescription qui
associe un nombre reel x R `a un autre reel f (x) R, il est possible de definir des fonctions dune variable
complexe `a valeur dans C.
En introduisant les notions de limite, continuite, derivabilite, integration ... on peut alors developper une
analyse pour ces fonctions de variables complexes, que nous presentons succinctement dans ce qui suit.
Si une seule valeur de f (z) correspond ` a chaque valeur de z, f est dite uniforme ; si plusieurs valeurs de f (z)
correspondent ` a chaque valeur de z, f est dite multiforme. Aucun calcul netant possible avec des fonctions
multiformes, on peut toujours considerer une fonction multiforme comme un ensemble de fonction uniforme, et
calculer avec lune dentre elle. Chacune des fonctions uniformes definies est une branche (ou une determination)
de la fonction, et lelement choisi sappelle la branche (ou la determination) principale.
Exemple Fonction racine carree dun nombre complexe :
f (z) = z 1/2
C R
Les deux branches sont obtenues en empechant z de faire un tour complet autour de lorigine. Dans ce cas
particulier, on dit que lorigine est un point de branchement. On effectue ce quon appelle une coupure dans le
plan complexe. Par exemple, on peut retirer du domaine de definition, lensemble des valeurs negatives, R ,
avec pour choix naturel (dans le sens dune definition qui prolonge celle de la racine dun nombre reel) de
determination principale :
Notez que le choix de R nest pas unique, tout autre demi-droite ferait egalement laffaire.
13
2.2. DERIVATION DES FONCTIONS DUNE VARIABLE COMPLEXE 14
2.2 D
erivation des fonctions dune variable complexe
efinition 2.2.1 On dit quune fonction f est derivable au sens complexe au point z0 , si le quotient :
D
f (z) f (z0 )
z z0
tend vers une limite, independamment de la facon dont z tend vers z0 .
Cette limite unique est la derivee de f en z0 :
f (z) f (z0 )
f (z0 ) = lim
zz0 z z0
Soit U un disque ouvert de C. On dit que f est holomorphe ou analytique dans U si f est derivable en tout
point de U.
La definition de la derivabilite est donc formellement identique au cas reel. Le point important `a souligner
est que la valeur de la derivee doit etre unique, quelle que soit la facon dont on tend vers le point. Il sagit dune
contrainte tr`es forte.
Pour savoir si une fonction est derivable on peut appliquer la definition ou utiliser les resultats du theor`eme
suivant :
Th eor`eme 2.2.1 Pour que la fonction Z = f (z) = X(x, y) + iY (x, y) soit derivable au point z0 , il faut et il
suffit que :
X et Y , fonctions de (x, y), soient derivables en (x0 , y0 ),
et que, en ce point : x X = y Y et y X = x Y.
Si f est derivable, sa derivee Z = f est telle que :
Z = x X + ix Y = y Y iy X.
Ce resultat est obtenue en appliquant la definition de la derivabilite et en choisissant 2 facons possibles de faire
tendre (x, y) vers (x0 , y0 ), par exemple, soit en suivant laxe Ox ou soit en suivant laxe Ox. La fonction nest
derivable que si les 2 resultats sont identiques, ce qui conduit aux conditions du theor`eme. Les conditions sur
les derivees partielles sappellent les conditions de Cauchy-Riemann. Il existe une version analogue lorsque la
representation geometrique des nombres complexes est utilisee. Par exemple, les conditions de Cauchy-Riemann
montrent que la fonction definie par f (z) = z 2 = (x2 y 2 ) + i2xy est derivable en tout point de C, de derivee
f (z) = 2z, mais que la fonction f (z) = z = x iy ne lest en aucun point puisque x X = y Y .
Les proprietes concernant la derivabilite des sommes, produits, .. de fonctions, sont identiques `a celles connues
dans R :
Th
eor`
eme 2.2.2
Si f et g sont holomorphes dans un disque ouvert D, il en est de meme pour f ( R), f + g, f g, f /g (pour
g(z) 6= 0 dans D), et pour f g.
Plus generalement, on pourra utiliser les memes formules elementaires pour le calcul des derivees que celles
utilisees dans R.
En combinant les conditions de Cauchy-Riemman pour les fonctions dont les derivees croisees sont egales,
on trouve aussitot que X ou Y verifient lequation X = y = 0. X ou Y sont dites harmoniques et jouent
un r
ole important dans les probl`emes physiques qui mettent en jeu lequation de Laplace (cf. electrostatique et
mecanique des fluides).
Th eme 2.2.3 Si la fonction Z = f (z) = X(x, y) + iY (x, y) est holomorphe, et si X et Y ont des derivees
eor`
secondes continues, alors :
2 2 2 2
X xx X + yy X = 0, et Y xx Y + yy Y = 0.
On dit que X et Y sont harmoniques.
Enfin, la condition de derivabilite est tellement forte dans C que lon obtient le resultat spectaculaire suivant :
2.3 Int
egration des fonctions dune variable complexe
Lintegrale curviligne dune fonction dune variable complexe est definie comme la somme de 2 integrales
curvilignes de fonctions de variables reelles :
Definition 2.3.1 Soit f une fonction de module borne, definie dans un disque ouvert D de C. Soit C un arc
de courbe regulier contenu dans D.
Lintegrale curviligne de f (z) = X + iY le long de C est definie par :
Z Z Z Z
f (z)dz = (X + iY ) (dx + idy) = (Xdx Y dy) + i (Y dx + Xdy)
C C C C
Il nest pas toujours necessaire doperer cette decomposition. Dans certains cas, on peut egalement calculer
directement lintegrale `
a partir des variables complexes.
Exemple Soit ` a integrer la fonction definie par f (z) = 1/(z a) avec a C le long dun contour circulaire
Ca qui entoure a.
La fonction est holomorphe dans C {a}, et dans ce cas la parametrisation du contour est simple. Posons
u R est le rayon du cercle C. Alors dz = iRei d de sorte que
z = a + R ei o`
Z Z2
1
f (z)dz = iRei d = 2i
R ei
Ca 0
Un certain nombre de resultats specifiques importants concernent les integrales curvilignes le long de contours
fermes. Le theor`eme suivant, dit theor`eme de Cauchy, est fondamental.
Th eme 2.3.1 Soit D un disque ouvert de C (ou plus generalement un domaine ouvert simplement connexe 1 ).
eor`
Si f est holomorphe dans D, et si la courbe C fermee est contenue dans D, alors :
I
f (z)dz = 0.
C
H
Une application directe de ce theor`eme montre que lintegrale de lexemple precedent C dz/(z a) sannulerait
si C est un cercle nentourant pas a. Le theor`eme de Cauchy est une consequence directe de la formule de
Green-Riemann (ou formule du rotationnel) pour un champ de vecteurs `a 2 composantes V = (Vx , Vy ) :
ZZ I
(x Vy y Vx ) dxdy = (Vx dx + Vy dy)
S C
o`
u S est la surface enclose par C. Le resultat est obtenu en appliquant cette formule aux champs (X, Y ) et
(Y, X) et en utilisant les conditions de Cauchy-Riemann.
En appliquant le theor`eme de Cauchy au contour C = L L constitue de lunion du chemin L et du chemin
L parcouru en sens inverse, on montre que lintegrale dune fonction holomorphe dans un disque ouvert de C
ne depend pas du chemin suivi :
1. Rappelons quun domaine simplement connexe est une partie de C dun seul morceau, sans trous.
L L L L
L L
Theor`eme 2.3.2 Si f une fonction holomorphe dans D, domaine simplement connexe, alors lintegrale joignant
2 points de D ne depend pas du chemin suivi. Plus explicitement, si L et L sont 2 chemins dans D, alors :
Zz Z Z
f (t)dt = f (z)dz = f (z)dz, avec z, z0 D.
z0 L L
Le theor`eme de Cauchy ne sapplique quaux fonctions holomorphes dans un domaine. Lintegrale dune fonction
sur un contour ferme entourantH un domaine o` u la fonction nest pas holomorphe nest pas en general nul
(lexemple traite plus haut Ca dz/(z a) = 2i en est un exemple). On dispose cependant du resultat suivant,
tr`es utile dans les calculs :
I I
f (z)dz = f (z)dz.
C C
Ce resultat est obtenu par application du theor`eme de Cauchy en remarquant que f est holomorphe dans le
domaine compris entre C et C .
C D
f holomorphe
Il existe une autre classe de resultats importants, les formules integrales de Cauchy qui montrent que si lon
connat les valeurs dune fonction analytique sur une courbe fermee C, alors les valeurs de la fonction peuvent
etre calculees en tout point du domaine encercle par la courbe C.
Theor`eme 2.3.4 Soit f une fonction holomorphe dans un domaine simplement connexe D ; soit C une courbe
fermee enti`erement contenue a
` linterieur de D, et entourant un domaine . Soit a mais nappartenant
pas a
` C, alors :
I
1 f (z)
f (a) = dz,
2i (z a)
C
I
n! f (z)
f (n) (a) = dz, pour n 1.
2i (z a)(n+1)
C
Par application du theor`eme 2.3.3, on peut reporter le calcul de lintegrale de C sur un cercle de centre a et
de rayon que lon choisira aussi petit que desire. Alors,
I I I I
f (z) f (z) f (z) f (a) 1
dz = dz = dz + f (a) dz
(z a) (z a) (z a) (z a)
C
H
Le resultat est obtenu en considerant la limite 0. La premi`ere integrale est vaut f (a) dz 0 et la
deuxi`eme 2if (a). Le resultat sur les derivees est obtenue par derivees successives sous le signe integral.
2.4 D
eveloppement en s
erie
Une autre consequence importante de la derivabilite dune fonction en un point (caract`ere tr`es fort, repetons-
le), est la possibilite de developpement de la fonction en serie enti`ere dans le voisinage du point.
Il sagit donc dun developpement en serie de Taylor. Un exemple de developpement en serie au voisinage de
lorigine est donne par le resultat :
X
1
= z n , |z| < 1
1 z n=0
que lon peut egalement voir comme une generalisation au plan complexe dun resultat connu sur les series
geometriques. On notera que le disque de convergence est limite par la rencontre de la singularite en z = 1, o`
u
la fonction nest plus definie (et donc plus holomorphe).
Quen serait-il du developpement de la serie :
1
f (z) =
z(1 z)
En utilisant le resultat du developpement en serie de 1/(1 z), on a aussitot :
1 1
f (z) = 1 + z + z2 + = + 1 + z + z2 +
z z
Ainsi, cette fonction, non holomorphe en z = 0, admet-elle un developpement en serie de puissances positives et
negatives (le terme en 1/z) de la variable z. La generalisation de ce point de vue correspond au developpement
en serie de Laurent :
Th eor`eme 2.4.2 Si f est holomorphe dans la couronne D comprise entre 2 cercles concentriques de centre
a, de rayons r et R, on peut y developper f suivant les puissances positives et negatives de (z a). On a le
developpement en serie de Laurent :
X
f (z) = An (z a)n ,
n=
I
1 f (s)
An = ds,
2i (s a)n+1
C
La demonstration de ces theor`emes est une consequence des formules integrales de Cauchy appliquees `a des
contours encerclant des domaines o`u la fonction s 7 f (s)/(s z) est holomorphe.
2.5 M
ethode des r
esidus
Une fonction dune variable reelle etant un cas particulier de fonction dune variable complexe, il apparat
que certaines integrales de fonctions reelles sont plus facilement calculables (voire seulement calculables) en
passant dans le plan complexe. La methode dite des residus est une methode de calcul dintegrales curvilignes
de fonction dune variable complexe particuli`erement efficace. Elle est utile, en particulier, pour le calcul des
transformees de Laplace et de Fourier.
Commencons par introduire un peu de vocabulaire concernant les points singuliers des fonctions dune
variable complexe.
Definition 2.5.1 Considerons le developpement en serie de Laurent dune fonction f dont le developpant en
puissances negatives sarrete au N`eme terme :
X N
X bn
f (z) = an (z a)n +
n=0 n=1
(z a)n
Par exemple, a est un pole simple de la fonction definie par f (z) = 1/(z a), f (z) = ez /z 2 est un pole dordre
2 en z = 0, tandis que 0 est un point essentiel de la fonction definie par f (z) = e1/z .
Theor`eme 2.5.1 Soit D un domaine simplement connexe, a ` linterieur duquel f poss`ede une seule singularite
a (p
ole ou point essentiel isole). On a : I
f (z)dz = 2iA1 .
D
o`u A1 est le coefficient du developpement en serie de Laurent de f au voisinage de a, et D est le courbe
limitant le domaine D .
A1 sappelle le residu de f en a.
Ce resultat est une consequence directe du developpement en serie de Laurent (definition du coefficient An pour
n = 1).
Theor`eme 2.5.2 Soit D un domaine non necessairement connexe, dont la fronti`ere D est formee dune ou
plusieurs courbes fermees simples.
Soit f une fonction holomorphe dans D y compris sur sa fronti`ere D, sauf en un nombre fini de points non
situe sur D, et qui sont des p
oles ou points essentiels isoles. On a
I X (k)
f (z)dz = 2i A1 ,
D k
(k)
les A1 etant les residus de f associes aux points singuliers a1 , a2 , , ak , D.
Ce resultat constitue `
a proprement parler le theor`eme des residus. Un domaine non connexe est un domaine
en plusieurs morceaux. La demonstration consiste `a modifier les contours de facon `a se ramener aux conditions
dapplications du theor`eme precedent.
Le dernier point `
a evoquer concerne le calcul pratique des residus. Si le pole est simple, il existe une couronne
de centre a o`
u:
A1
f (z) = + A0 + A1 (z a) + (z a)f (z) = A1 + A0 (z a) + A1 (z a)2 +
za
On peut donc obtenir A1 en prenant la limite quand z a. Si le pole est dordre plus eleve, 2 par exemple,
on a de meme :
d(z a)2 f (z)
(z a)2 f (z) = A2 + A1 (z a) + A0 (z a)2 + = A1 + 2A0 (z a) +
dz
Le residu etant obtenu en prenant encore la limite z a. Dune facon generale, on a donc :
Th
eor`
eme 2.5.3 1. Soit a un p
ole simple isole dune fonction f . Le residu associe a
` a est donne par :
2. Soit a un p
ole multiple isole dordre k dune fonction f . Le residu associe a
` a est donne par :
1 dk1
A1 = lim (z a)k f (z) .
za (k 1)! dz k1
3.1 Introduction
La transformee de Laplace appartient `a la famille tr`es vaste des transformees integrales, qui etablissent une
relation entre une fonction f et sa transformee F sous la forme :
Z
F () = K(, t) f (t) dt
I
Une transformee particuli`ere necessite donc la definition du noyau K(, t) et de lintervalle dintegration I. Les
transformations les plus utilisees sont celles de Fourier, pour laquelle on a :
I = R+ et K(, t) = et , = r + i i C (Laplace).
Puisque est complexe, la tranformation de Laplace peut etre vue comme une generalisation de la transforma-
tion de Fourier, restreinte aux fonctions definies sur R+ . La restriction `a R+ nest gu`ere contreignante dans les
applications realistes o`
u f (t) represente un signal physique `a linstant t qui ne peut exister de toute eternite. Il
est en effet toujours possible de choisir linstant o` u on demarre les mesures comme lorigine des temps. De ce
point de vue, lanalyse de Fourier est plus adaptee `a letude des regimes forces, tandis que lanalyse de Laplace
convient davantage pour letude des regimes transitoires.
En revanche, il est extremement benefique de passer de la variable reelle `a la variable complexe qui rajoute
le facteur de convergence er t dans lintegrale, au moins dans une partie du plan complexe. Il en resulte quun
grand nombre de fonctions admettent une transformee de Laplace, ce qui nest pas le cas des transformees de
Fourier.
Pour peu quils soient lineaires, la transformee de Laplace est un outil tr`es simple demploi pour resoudre
les probl`emes devolution (equations differentielles ou aux derivees partielles, equations aux differences ou
integrales ...). Le principe general daction de la transformee de Laplace sur les operateurs devolution consiste
en une reduction de lordre des operateurs. Par transformee de Laplace, les equations differentielles deviennent
21
3.2. DEFINITION DE LAPLACE
DE LA TRANSFORMEE 22
des equations algebriques, tandis que les equations aux derivees partielles se transforment en des equations
differentielles. Il en resulte une simplification efficace des probl`emes qui permet souvent leur resolution analy-
tique.
3.2 D
efinition de la transform
ee de Laplace
Remarques
1. On appelle f , loriginale et sa transformee F , limage.
2. Les notations utilisees pour les transformees de Laplace sont tr`es variees et dependent du domaine dap-
plication. Afin de souligner sa nature delement de C, nous avons note la variable independante par z. Les
lettres p et s sont egalement utilisees.
3. On remarquera que les valeurs de f pout t < 0 ninterviennent pas dans la definition. Une fonction f est
dite causale si f (t) = 0 pour t < 0. On peut toujours rendre une fonction causale en la multipliant par la
fonction de Heaviside H, ce que nous ferons couramment dans la suite.
La transformee de Laplace dune fonction nexiste en general que dans une partie du plan complexe. Pozons
z = x + iy, lexistence de F (z) impose que :
Theor`eme 3.2.1 Si f est une fonction dabcisse de sommabilite x0 , alors, la transformee de Laplace F existe
dans le demi-plan ouvert z > x0 .
1. Fonction de Heaviside H.
Labcisse de sommabilite est x0 = 0, puisque t 7 H(t)ext L1 (R+ ) pour x > 0. Le calcul de la transformee est
immediat : Z
F 1
f (t) = H(t) F (z) = ezt dt = pour z > 0.
z
R+
2. Fonction puissance t 7 tn .
Commencons par le cas lineaire : t 7 text L1 (R+ ) pour x > 0. On effectue le calcul par parties :
Z Z
F 1 1
f (t) = t F (z) = t ezt dt = 1 ezt dt = 2 pour z > 0.
z z
R+ R+
4. Fonction t 7 1/ t.
t1/2 ext t1/2 quand t 0 et t1/2 ext ext quand t +, donc F (z) converge pour x = z > 0.
Z Z r
1 F 1 zt zu2
f (t) = F (z) = e dt = e du = pour z > 0,
t t z
R+ R
(la derni`ere egalite est obtenue en calculant le carre de lintegrale). Pour le calcul de z 1/2 , on choisira la determination
principale du logarithme de telle sorte quon obtienne le resultat usuel si z est reel.
3.3 Holomorphie
Commencons par preciser la relation entre la transformee de Fourier et la transformee de Laplace. Si x0 est
labcisse de sommabilite de f , la fonction t 7 H(t)f (t) ext est sommable sur R pour x > x0 . La transformee
de Laplace de f peut alors secrire comme une transformee de Fourier. En effet, posons z = x + i2y :
Z Z
xt i2yt
F (x + i2y) = f (t) e e dt = H(t)f (t) ext ei2yt dt
R+ R
soit encore :
F (x + i2y) = F H(t)f (t)ext (y), pour x > x0
o`
u F designe la transformee de Fourier.
Cette remarque facilitera certaines demonstrations.
Ainsi une transposition directe du resultat connu sur les transformees de Fourier conduit au resultat suivant,
important dans la pratique, legalite des images par TL implique legalite des originaux :
o`
u x0 est la plus grande des 2 abcisses de sommabilite des fonctions f et g.
Concernant les proprietes dholomorphie, on a le resultat suivant :
En effet, les 2 fonctions t 7 f (t) ext et t 7 (t)m f (t) ext ont le meme comportement a` linfini, donc la m
eme abcisse de
sommabilit
e. Il faut justifier la d
erivation sous le signe somme, ce qui r
esulte de lin
egalit
e:
Exemples
F
1. 1
(z+a)2
d
= dz 1
z+a
f (t) = t eat .
F 1 F d 1 2z
2. sin t = z 2 +1
donc, t sin t dz z 2 +1
= (z 2 +1)2
.
3.4 Propri
et
es de la transform
ee de Laplace
Outre la propriete de linearite qui decoule de la definition integrale de la transformee de Laplace, les proprietes
de translation, conjugaison et dilatation qui suivent sont obtenues par de simples changements de variables (le
verifier).
Lin
earit
e
F
f (t) + g(t) F + Lg, avec , C.
Translation 1
F
H(t t0 )f (t t0 ) ezt0 F (z), t0 R+ .
F
eat f (t) F (z + a).
Conjugaison
F
f(t) F (
z ).
Dilatation
F 1 z
> 0, f (t) F .
Exemples
1. Fonction t 7 tn eat .
tn F tn eat F F
n!
zn+1 1
, donc n!
1
(za)n+1
, et pour finir tn eat n!
(za)n+1
.
1
2. Original de z 2 2z+5
.
1 1 F et sin 2t
z 2 2z+5
= (z1)2 +4
2
.
at
3. Fonction t 7 e sin at.
F F
et sin t 1
(z+1)2 +1
, donc eat sin at 1 1
a (z/a+1)2 +1
= a
(z+a)2 +a2
D
erivation
Une des applications importantes de la transformation de Laplace etant la resolution des equations differentielles,
le theor`eme suivant est capital.
1. Les propri
et
es associ
ees a
` la translation des variables sont parfois appel
ees th
eor`
emes du retard .
Ce resulat se generalise aisement (par recurrence) pour les derivees dordres superieurs :
F
f (n) (t) z n F (z) z n1 f (0+ ) z n2 f (0+ ) f (n1) (0+ ).
Lapparente complication de la formule vient des sauts possibles `a lorigine et de ses derivees. On verra que ces
termes sont pris automatiquement en compte dans le cadre des distributions.
Notons enfin que lhypoth`ese de continuite pour les (n 1) premi`eres derivees pour t 6= 0 est obligatoire
pour une utilisation correcte de cette formule (cf. exercices).
Exemple
Soit `
a resoudre lequation differentielle
Int
egration
Ainsi, prendre la TL dune derivee revient essentiellement `a multiplier par z. On ne sera pas surpris du
resultat reciproque : une division par z correspond `a une integration de la fonction.
Rt
Th eme 3.4.2 Soit
eor` 0
f (t )dt la primitive de f qui sannule en 0, alors
Zt
F F (z)
f (t )dt ,
z
0
Rt F F
Posons g(t) 0 f (t )dt . On a manifestement g (t) = f (t) et g(0) = 0. On a donc a
` la fois f (t) F (z) et g (t) zG(z)
F
par application du th
eor`
eme pr
ec
edent. Lidentification de ces 2 r
esultats conduit au th
eor`
eme g(t) G(z) = F (z)/z.
Exemple
1
Original de z
z
Rt q
1/ z F
z
1
z
= z
0
1
t
dt = 2 t
Convolution
Venons en maintenant au proprietes liees au produit de convolution.
On rappelle que le produit de convolution f g de 2 fonctions integrables f et g est defini par la relation :
Z
(f g)(t) f (t )g(t t ) dt
R
Supposons maintenant que f et g soient des fonctions causales. On a donc f (t ) = 0 pout t < 0 et g(t t ) = 0
pour t > t. Le domaine dintegration est donc restreint `a lintervalle [0, t] dans le cas de fonctions causales :
Zt
(f g)(t) = f (t ) g(t t ) dt (f et g causales).
0
Th eme 3.4.3 Soient f et g 2 fonctions causales qui admettent des TL, alors
eor`
F
(f g)(t) F (z).G(z) pour z > x0 ,
o`
u x0 est la plus grande des 2 abcisses de sommabilites de f et g.
Exemples
En effet, posons z = x0 + R ei . Prenons dabord || < /2, alors lim|z|+ |f (t) ezt | = limR+ |f (t)| ex0 t eR cos t = 0,
puisque cos > 0. On obtient le r
esultat par application du th
eor`
eme de convergence domin ee. Lorsque = /2, on exprime la TL
comme une TF et on utilise le lemme de Riemann-Lebesgue.
Th
eor`
eme de la valeur finale
Comme pour la transformee de Fourier, il existe une correspondance entre le comportement dune fonction
f en t = + (ou en t = 0), et le comportement de sa transformee de Laplace F en z = 0 (ou en z = +). On
le voit empiriquement ` a partir de la definition de la transformee de Laplace, o`
u lon constate que lintegrand
f (t) ezt 0 lorsque t +, sauf pour les petites valeurs de z, typiquement t|z| 1. Le premier resultat
precis, connu sous le nom de theor`eme de la valeur finale senonce :
Th eme 3.5.2 Soit f L1 (R+ ). Si f a une limite f (+) lorsque t 7 +, alors F verifie :
eor`
R
Lorsque z > 0, |ezt f (t)| |f (t)|. Donc par application du theor`
eme de convergence dominee, on a lim|z|0 R+ f (t) ezt dt =
R
R+ f (t) dt = f (+) f (0+ ). Par ailleurs le th eor`eme sur la TL de f (t) donne z F (z) f (0+ ). On obtient donc egalement
R zt
+
lim|z|0 R+ f (t) e dt = lim|z|0 z F (z) f (0 ), do` u le r
esultat.
Th
eor`
eme de la valeur initiale
Th eme 3.5.3 Soit f L1 (R+ ). Si f a une limite f (0+ ) lorsque t 7 0, alors F verifie :
eor`
f (t) a pour TL z F (z) f (0+ ). Or toute TL doit tendre vers 0 lorsque |z| +. Donc lim|z|+ z F (z) f (0+ ) = 0, do`
u le
r
esultat.
Exemples
1. f (t) = H(t),
F (z) = 1/z, f (0+ ) = f (+) = 1,
on a bien lim|z| zF (z) = 1, et lim|z|0+ zF (z) = 1.
2. f (t) = cos t,
F (z) = z/(z 2 + 1), f (0+ ) = 1 et on a bien lim|z| zF (z) = 1.
Le theor`eme de la valeur finale ne peut pas etre utilise car f (+) nexiste pas. Un calcul direct montre que
lim|z|0+ zF (z) = 0.
On se pose maintenant le probl`eme de determiner loriginal f lorsque la transformee de Laplace F est connue.
Formule de Bromwich-Wagner
Soit G une fonction holomorphe donnee. Le theor`eme suivant donne des conditions suffisantes sur G pour
que celle-ci soit la transformee de Laplace dune fonction.
Th eme 3.6.1 Soit G une fonction de la variable complexe telle que
eor`
G soit holomorphe dans le demi-plan ouvert z > x0 ,
lim|z|+ |G(z)| = 0, pour z > x0 ,
Pour tout x > x0 , la fonction y R 7 G(x + iy) est sommable sur R.
Soit B une droite parall`ele a
` laxe imaginaire dabcisse x > x0 . Cette droite est appelee droite
de Bromwich. Loriginale de la fonction G est donnee par lintegrale :
Z
1
G(z) e+zt dz.
2i
B
Z x+i2y
Z Z
+xt +i2yt 1 1
H(t)g(t) = e G(x + i2y) e dy = lim G(z) e+zt dz G(z) e+zt dz.
2i y+ 2i
R xi2y B
Remarques
1. G etant holomorphe pour x > x0 , toutes les singularites de G sont `a gauche de B.
2. Par application du theor`eme de Cauchy, la droite de Bromwich peut etre deformee continument en nim-
porte quelle courbe pour peu quaucune des singularites de L ne soient franchies. En particulier le resultat
ne doit pas dependre de labcisse x de la droite de Bromwich.
3. Le fait que G(z) 0 lorsque |z| + est essentiel. Lintegrale definie dans le theor`eme peut exister
sans correspondre pour autant `
a loriginale dune transformee de Laplace. Par exemple, lintegrale
Z Z
1 2 2
e+z e+zt dz = e+xt e(x+i2y) e+i2yt dy,
2i
B R
existe comme transformee de Fourier dune gaussienne, mais ne peut pas etre loriginale dune transformee
2
de Laplace, puisque lim|z|+ ez 6= 0.
Exemples
1. G(z) = 1/z n (n N ).
G est holomorphe dans C , tend vers 0 lorsque z tend vers linfini, et on a bien y 7 1/|z n | = 1/(x2 +
4 2 y 2 )n/2 L1 (R) pour n > 1.
Pour evaluer lintegrale `
a calculer, soit : Z +zt
1 e
dz,
2i zn
B
on utilise les contours dits de Bromwich representes sur la figure 3.1. Pour t > 0, on utilise le theor`eme
t t
qui tend vers 0 quand R . Le seul residu de la fonction etant le pole z = 0, on peut donc ecrire, pour
t>0 +zt
e
f (t) = Res , z = 0
zn
tn1
Avec ezt = 1 + z n1 (n1)! + , on obtient le resultat attendu :
Z
1 e+zt tn1
n
dz = , t > 0.
2i z (n 1)!
B
Comme toutes les singularites de la fonction sont `a gauche de la droite de Bromwich, lapplication du
theor`eme de Cauchy au contour utilise lorsque t < 0 conduit au deuxi`eme resultat :
Z +zt
1 e
dz = 0, pour t < 0,
2i zn
B
(lintegrale sur larc de cercle sannulant en consequence de la meme majoration que ci-dessus, avec main-
tenant, t < 0 et cos > 0).
La formule de Bromwich nous a donc permis de retrouver le resultat dej` a connu :
F
G(z) = 1/z n H(t)tn1 /(n 1)!
Il est interessant de noter que le theor`eme ne peut pas etre applique `a la fonction G(z) = 1/z car elle
nest pas integrable sur R en tant que fonction de la variable y. La formule de Bromwich est cependant
bien definie dans ce cas et donne le bon resultat (1) (ce resultat peut etre justifie `a laide dun autre
theor`eme aux hypoth`eses plus faibles). Il est egalement important de remarquer que la fonction `a integrer
z 7 G(z) ezt est holomorphe sur C , et non pas seulement pour z > 0, ce qui justifie les excursions dans
le demi-plan x < 0.
az 1/2
2. G(z) = e z .
Cet exemple sera traite en TD. Indiquons seulement le choix pertinent du contour pour ce genre de fonction
presentant des points de branchement. Ici, G presente un point de branchement en z = 0, et on doit
choisir un contour qui evite 0 et qui presente une coupure ; le choix standard est celui de la determination
principale du logarithme (coupure sur R ) qui permet de prolonger naturellement les resultats obtenus
lorsque z est reel. Le contour est reporte sur la figure 3.2.
Figure 3.2 Contour de Bromwich pour une fonction presentant un point de branchement a` lorigine.
D
ecomposition en
elements simples
Lorsque limage est une fraction rationnelle, il est plus simple deffectuer une decomposition en elements
simples de la fonction plutot que dutiliser la formule de Bromwich.
Rappelons le principe de la decomposition dune fraction rationnelle de la forme
N (z)
G(z) = ,
D(z)
o`
u N et D sont des polyn
omes tels que le degre de N soit inferieur `a celui de D.
A chaque facteur de la forme (a z + b)n dans D(z) correspond une decomposition de la forme :
n
X m
m=1
(a z + b)m
A chaque facteur de la forme (a z 2 + b z + c)n dans D(z) correspond une decomposition de la forme :
n
X m z + m
m=1
(a z 2 + b z + c)m
Les m et m sont ensuite determines par comparaison avec la fraction intiale G(z).
Exemples
1 (z+1)z 1 1 1 1 1
1. G(z) = z(z+1)2
= z(z+1)2
= z(z+1) (z+1)2
= z
z+1
(z+1)2
t t
g(t) = H(t) 1 e t e .
1 1
2. G(z) = 1+z+z 2 = (z+1/2)2 +3/4
g(t) = 2
3
H(t) et/2 sin 3t
2
.
h i
c+z (c+a)+(za) c+a 1 1 1 c+a 1 b+c 1
3. G(z) = (za)(zb)
= (za)(zb)
= ab za
zb
+ zb
= ab za
ab zb
h i
g(t) = H(t) c+a
ab
eat b+c
ab
ebt .
3.7 Remarque
Considerons la fonction constante z 7 1. Puisquelle ne tend pas vers 0 `a linfini, elle ne peut etre la
transformee de Laplace dune fonction au sens des fonctions. Comme pour les TF, il est possible, en passant
des fonctions aux distributions, de definir des TL qui pourront crotre `a linfini (pas plus vite quun polyn
ome
tout de meme).
3.8 Exercices
Exercice 3.1 Justifier lexistence ou la non-existence des transformees de Laplace des fonctions f suivantes :
a) f (t) = sin t,
sin t
b) f (t) = ,
t
c) f (t) = t,
cos t
d) f (t) = ,
t
Zt
cos
e) f (t) = d,
0
f) f (t) = t , C.
o`
u et sont des reels positifs.
Exercice 3.3 Soit f une fonction causale, a et t0 des nombres reels strictement positifs. On cherche la solution
de lequation aux differences,
f (t) = a + f (t t0 ),
....
....
.... (+1)
....
...
...
f (t) = H(t) t F (z) = z +1 , > 1,
]
.... ...
... ...
^
... ..
... ..
... ..
-
..
..
.. ..
. x
5. En deduire
H(t t0 ) (t t0 )1 ezt0
f (t) = F (z) = , > 0.
() z
Exercice 3.5 1. Montrer que la fonction f : t 7 f (t) = H(t) ln t admet une transformee de Laplace mais
pas une transformee de Fourier.
2. Soit R+
. Montrer que F verifie lequation :
ln
F (z/) = F (z) +
z
` et en deduire que F (z) obeit a
3. Deriver lexpression precedente par rapport a ` lequation differentielle :
F (z) 1
F (z) = 2.
z z
4. Integrer lequation precedente par la methode de la variation de la constante et en deduire le resultat :
C + log z
f (t) = H(t) ln t F (z) = , z > 0,
z
R
u C est la constante dEuler-Mascheroni definie par lintegrale : C R+ eu ln u du 0.577216.
o`
5. Determiner sans aucun calcul la TL de la fonction t 7 H(t) ln t/ o` u est un nombre reel strictement
positif.
Exercice 3.6 1. Soit f la fonction causale telle que f (t) = sin t pour t > 0.
Representez les fonctions f , f et f . Utilisez la relation entre f (t) et f (t) pour calculer la transformee
de Laplace F (z).
2. Pour quelle raison ne peut-on pas utiliser la meme methode pour la fonction g(t) = H(t) sin |t | ?
3. Calculer G(z) par une autre methode.
Exercice 3.7 On rappelle que (/z)1/2 est la transformee de Laplace de la fonction t 7 H(t)/ t pour z > 0.
1. Determiner la TL de la fonction t 7 H(t)eit / t.
2. En utilisant
Rt la propriete concernant lintegration de loriginal, determiner la TL de la fonction t 7
H(t) 0 ei / d .
3. En deduire les transformees de Laplace des 2 integrales de Fresnel :
r Zt r Zt
2 cos 2 sin
C(t) H(t) d et S(t) H(t) d.
0 0
Exercice 3.8 On rappelle la definition des fonctions de Bessel de 1`ere esp`ece dordre n (n N) :
Z+
1
Jn (t) ei(nt sin ) d
2
2. Etablir la formule :
Zt
J0 (u) J0 (t u) du = sin t, pour t > 0.
0
Exercice 3.9 On se propose de montrer que la fonction Beta dEuler definie par la relation
Z1
B(p, q) tp1 (1 t)q1 dt, p > 0, q > 0.
0
est associee a
` la fonction Gamma par la relation :
2. Effectuez le produit (p)(q) pour p et q tels que p > 0 et q > 0, et en deduire la relation entre la
fonction et la fonction B.
3. Montrer que B(p, q) secrit comme un produit de convolution, et utilisez le theor`eme sur la transformee
de Laplace du produit de convolution pour retrouver la relation entre B et .
o`
u n est la fonction indicatrice de lintervalle [n, (n + 1)].
2. En deduire le resultat :
1 1 + ez
f (t) = H(t) | sin t| F (z) = .
1 + z 2 1 ez
a
` laide de la formule dinversion complexe en utilisant un contour de Bromwich adapte.
2a2 z
F (z) = ,
z 4 a4
2. On suppose que F est la transformee de Laplace dune fonction f . Utilisez le resultat de la question
precedente pour determiner f .
Equations diff
erentielles
35
Chapitre 4
Introduction
Une equation differentielle est une equation mettant en jeu une fonction ainsi quun certain nombre de ses
fonctions derivees. La forme generale dune equation differentielle dordre n secrit :
, y (n) , t) = 0,
f (y, y,
4.1 M
ecanique.
La relation fondamentale de la mecanique, ecrite `a 1 dimension despace pour une particule ponctuelle,
fournit une source intarissable dequations differentielles. Dans un syst`eme dunites adaptees, elle secrit
x
= f (x, x,
t),
o`
u x designe la position de la particule, x sa derivee par rapport au temps (la vitesse), et o` u f represente les
forces appliquees sur la particule. Cette equation, du second ordre en x, est generalement completee par des
conditions initiales qui specifient la position et la vitesse `a un instant origine : x(0) = x0 , x(0)
= v0 .
Il est utile de remarquer que cette equation du second ordre est equivalente `a un syst`eme differentiel de 2
equations du 1er ordre. En effet, introduisons la vitesse v x,
lequation precedente secrit aussi :
x = v,
v = f (x, v, t).
Le plan (x, v) est appele, aussi bien en physique quen mathematique, plan ou plus generalement espace des
phases.
Dans le cas particulier o` u f ne depend pas de x : f = f (v, t), par exemple, dans le cas des mouvement
domines par les frottements, lequation devolution de la vitesse : v = f (v, t) peut etre resolue independamment
de x. On obtient ensuite x par integration de lequation x = v.
Si, a contrario, f ne depend que de x : f = f (x), lequation obtenue en divisant les 2 equations differentielles
37
4.2. DYNAMIQUE DES POPULATIONS. 38
secrit
dv f (x)
= ,
dx v
v(0) = v0 .
On obtient donc encore une equation differentielle du 1er ordre, linconnue etant la fonction v(x). Cette equation
qui est separable dans les variables v et x conduit directement `a lexistence dun invariant (lenergie)
d 1 2
v (x) + W (x) = 0,
dx 2
Rx
o`
u on a pose W (x) f (x )dx .
N = bN dN,
N (0) = N0 .
Lorsque b = 0, on reconnait dans cette equation la loi de decroissance exponentielle des substances radioactives si
d est interpretee comme une constante de desintegration. Dans le cas o`u b > d, rien ne vient limiter la croissance
de la population, ce qui nest pas tr`es realiste. Verhulst (1836) a propose un mod`ele phenomenologique non
lineaire (mod`ele logistique) qui secrit
N
N = N 1 ,
N1
N (0) = N0 ,
o`
u et N1 sont des constantes positives. Ce mod`ele a un comportement tr`es different du mod`ele lineaire de
Malthus. On montrera quil nexiste plus de solutions qui conduisent `a lextinction de lesp`ece (la solution N = 0
est instable), le terme non lineaire conduisant `a une stabilisation de la population vers la valeur limite N = N1 .
Une classe de mod`eles plus sophistiques met en jeu 2 populations : une de proies (ou dexploites) et une de
predateurs (ou dexploiteurs). Les hypoth`eses suivantes sont vraisembables :
1. en labsence de predateurs, les proies se multiplient proportionnellement `a leur effectif.
2. en labscence de proies, les predateurs meurent proportionnellement `a leur effectif.
3. le nombre de rencontres entre les 2 populations est proportionnel au produit des 2 populations. Chaque
rencontre augmente le nombre de predateurs et diminue le nombre de proies.
Ces hypoth`eses sont modelisees par le syst`eme non lineaire dit de Lokta-Volterra, o` u x designe le nombre de
proies et y le nombre de predateurs
b
x = +a x b xy = +ax 1 y ,
a
d
y = c y + d xy = cy 1 x ,
c
et o`u a, b, c et d sont des constantes positives. Les solutions constantes (0, 0) et (c/d, a/b) sont manifestement
des solutions du syst`eme. Les equations linearisees autour de ces points particuliers ont un comportement
tr`es different ainsi quil apparat sur les figures (exponentiellement croissante ou decroissante autour de (0, 0)
et periodique autour de lautre point). La solution au voisinage de (0, 0) est manifestement instable, et nous
montrerons que la solution periodique demeure stable pour le syst`eme non lineaire. Ce comportement est illustre
sur les portraits de phase (representation parametrique des trajectoires) reportes sur la figure 1.3.
x y
14
12 0.04
10 0.03
8
6 0.02
4 0.01
2
1 2 3 4 5t 1 2 3 4 5t
Figure 4.1 Solutions du Mod`ele Linearise de Lokta Volterra autour de (0, 0).
x y
1 1.5
1
0.5 0.5
1 2 3 4 5t -0.5 1 2 3 4 5t
-0.5
-1
-1 -1.5
Figure 4.2 Solutions du Mod`ele Linearise de Lokta Volterra autour de (c/d, a/b).
y
10 y y
500
200
8
400
150
6
300
100
4 200
50
2 100
x
50 100 150 200
x
x 100 200 300
2 4 6 8 10
Figure 4.3 Portraits de Phase du Mod`ele de Lokta Volterra : cas linearise autour de (0, 0) (` a gauche), autour
de (c/d, a/b) (au centre) et cas non lineaire (`
a droite), pour differentes conditions initiales.
(x, y, z) + k 2 (x, y, z) = 0
cherchees sous la forme (separable) : (x, y, z) = X(x)Y (y)Z(z), conduisent au syst`eme dequations differentielles
2 2 2
1. Lop
erateur Laplacien est d
efini par = x2
+ y 2
+ z 2
(le verifier) :
d2 X(x)
+ l2 X(x) = 0,
dx2
d2 Y (y)
+ m2 Y (y) = 0,
dy 2
d2 Z(z)
+ n2 Z(z) = 0,
dz 2
u l, m, n sont des constantes telles que l2 + m2 + n2 = k 2 .
o`
Dune facon comparable, cherchons les solutions de lequation de Schrodinger `a 1 dimension despace
dependant du temps
~2 2 (x, t) (x, t)
2
+ V (x) (x, t) = i~ ,
2m x t
sous la forme (separable) (x, t) = (x)f (t). On obtient aussitot les 2 equations differentielles (le verifier)
~2 d2 (x)
+ V (x)(x) = E(x),
2m dx2
i~f (t) = Ef (t).
u E est une constante. La solution prend donc la forme bien connue (x, t) = (x)eiEt/~ .
o`
Dans ce chapitre, on rappelle quelques resultats concernant les equations differentielles (lineaires et non
lineaires). On insiste sur le fait que toutes les equations differentielles lineaires du 1er ordre, `a coefficients
constants ou pas, sont exactement integrables. Ce resultat nest malheureusement pas generalisable au cas des
syst`emes differentiels lineaires o`
u lon doit se contenter de resultats explicites lorsque le syst`eme est `a coeffi-
cients constants. On montre egalement dans ce chapitre quun syst`eme differentiel quelconque et sa condition
initiale peuvent etre reformules en une seule equation integrale. La preuve de la convergence des iterations
successives issues de cette formulation integrale du probl`eme, conduit au theor`eme de Cauchy-Lipschitz, qui
garantit localement lexistence et lunicite des solutions des syst`emes differentiels lineaires sous des hypoth`eses
assez faibles.
5.1 Terminologie
Un syst`eme differentiel lineaire dordre n est un syst`eme dequations differentielles lineaires de la forme
o`
u y1 yn sont les fonctions inconnues `
a determiner, et o`
u les aij et bi sont supposees donnees.
Ce syst`eme differentiel peut manifestement secrire comme une seule equation differentielle dans Rn :
y(t) = A(t)y(t) + b(t),
o`
u A est la matrice des coefficients aij , et o` u on a introduit les vecteurs de Rn y = (y1 , , yn ), y (y 1 , . . . , y n )
et b = (b1 , , bn ). Lequation (ou le syst`eme) est dit homog`ene si b = 0, et non homog`ene lorsque b 6= 0 .
Toutes les autres formes pour f correspondent aux cas des equations differentielles non lineaires. La majorite
des equations differentielles non triviales rencontrees dans les applications sont non lineaires. Nous expliquerons
plus loin, comment la linearisation de ces equations autour de certains points remarquables peut donner des
informations, au moins locales, sur le comportement des solutions dune equation non lineaire.
Lorsque f ne depend pas explicitement du temps, mais seulement de y(t), on dit que lequation differentielle
est autonome. Le syst`eme etudie est alors invariant par translation dans le temps : 2 particules partant dun
meme point ` a des instants differents suivront la meme trajectoire. Autrement dit, si y(t) est solution dune
equation differentielle autonome, la solution decalee dans le temps de t0 , y(t t0 ), est egalement solution. Dans
le cas general des equations non autonomes, la trajectoire suivie au cours du temps ne depend pas seulement
de la position initiale, mais egalement de linstant de depart.
Il est possible dassocier une equation autonome dans Rn+1 `a une equation non autonome dans Rn
41
5.2. QUELQUES CONSEQUENCES
DE LA LINEARITE 42
Theor`
eme 5.1.1 Toute equation non autonome dordre n, y(t) = f (y(t), t), peut etre transformee en une
equation autonome dordre n + 1 par adjonction dune variable supplementaire (t) t.
En effet, puisque = t, l
equation y(t) = f (y(t), t) est
equivalente a
`:
y(t) = f (y(t), (t)) ,
(t) = 1.
Le prix `a payer est donc une augmentation de la dimensionalite du syst`eme etudie, ce qui peut considerablement
compliquer la representation et la comprehension des solutions.
Th eme 5.2.1 Soit A(t) une matrice n n fonction continue de t. Si y1 (t) et y2 (t) sont 2 solutions de
eor`
lequation differentielle lineaire homog`ene y(t) = A(t)y(t), alors toute combinaison lineaire des 2 solutions :
C1 y1 (t) + C2 y2 (t),
Un autre resultat bien connu affirme que la solution generale dune equation differentielle lineaire non
homog`ene est obtenue comme la somme dune solution particuli`ere de lequation non homog`ene et de la solution
de lequation homog`ene associee. Soit
Th eme 5.2.2 Soit yp (t) une solution particuli`ere de lequation non homog`ene
eor`
y(t) = A(t)y(t) + b(t)
o`
u yh (t) est solution de lequation homog`ene y(t) = A(t)y(t).
On a dabord que
y p (t) + y h (t) = A(t)yp (t) + b(t) + A(t)yh (t) = A(t) (y p (t) + y h (t)) + b(t),
et r
eciproquement, si y(t) = yp (t) + yh (t) est solution de l equation non homog` ene, alors
y(t) y p (t) = A(t)y(t) + b(t) A(t)yp (t) b(t) = A(t) (y(t) yp (t)) ,
Ces 2 resultats tr`es generaux ne donnent pas de moyens operationnels pour determiner de facon explicite les
solutions des equations differentielles homog`enes ou inhomog`enes. Nous verrons au Chapitre 3 quil est possible,
`a laide doutils dalg`ebre lineaire, dobtenir des solutions explicites mais seulement dans le cas plus simple o` u
la matrice A ne depend pas de la variable t.
Un premier cas tr`es simple o` u le calcul explicite est possible correspond au cas de la dimension n = 1,
cest-`
a-dire au cas dune seule equation differentielle lineaire que lon ecrira sous la forme
y(t)
= a(t)y(t) + b(t),
Th eor`eme 5.3.1 Soit t 7 a(t) et t 7 b(t) des fonctions continues, la solution generale de lequation differentielle
lineaire
y(t)
= a(t)y(t) + b(t),
est donnee par :
Zt
b( )
y(t) = g(t) y0 + d ,
g( )
0
Rt
a( )d
g(t) e 0 .
Ainsi toutes les equations differentielles lineaires du 1er ordre (homog`enes ou inhomog`enes) sont exactement
integrables.
Rt
Faisant le lien avec le resultat de la section precedente, on pourra remarquer que g(t) 0 b( )/g( ) d est une
solution particuli`ere explicite de lequation non homog`ene (le verifier), tandis que y0 g(t) est la solution generale
de lequation homog`ene. g(t), solution de lequation homog`ene pour la condition initiale particuli`ere g(0) = 1,
est appelee la resolvante de lequation differentielle.
Exemple Considerons une particule soumise `a la fois `a un champ de forces sinusodales et `a une force de
frottement proportionnelle `
a la vitesse ; le principe fondamental de la dynamique secrit
mv = kv + F0 + F1 cos(t),
v(0) = v0 ,
soit
F0 F1
v(t) = v0 ekt/m + 1 ekt/m + 2 k cos(t) + m sin(t) kekt/m
k k + (m)2
On voit donc que la solution oscille autour de la solution asymptotique v = F0 /k, tandis que les premi`eres
oscillations apparassent pour un temps caracteristique de lordre de m/k. La position de la particule peut
ensuite etre obtenue par integration de lequation x = v.
v
6
t
1 2 3 4 5
N 1 = 1 N1 ,
N 2 = +1 N1 2 N2 .
Les conditions initiales sont telles que N1 (0) = N0 et N2 (0) = 0. Resoudre lequation differentielle associee a `
N1 . En deduire lequation differentielle verifiee par N2 et la resoudre. On distinguera les cas 1 = 2 et 1 6= 2 .
Un autre cas interessant par le nombre de ses applications est celui des equations differentielles du second
ordre a` coefficients constants. La mecanique et lelectromagnetisme fournissent, parmi dautres domaines, des
exemples incontournables de telles equations. On peut citer en particulier lequation qui decrit le mouvement
dune masse m rappelee par un ressort lineaire de constante de raideur k, en presence de frottement damor-
tissement constant (oscillateur harmonique amorti) ; si x(t) designe le deplacement par rapport `a la position
dequilibre, on a :
m
x(t) + x(t)
+ kx(t) = 0.
De meme, la charge q(t) circulant dans un circuit RLC serie alimente par un generateur fournissant une tension
E(t) secrit
1
Lq (t) + Rq(t)
+ q(t) = E(t).
C
Rappelons la demarche habituellement suivie pour determiner les solutions de ce type dequation differentielle :
r2 + ar + b = 0.
Exemple Considerons pour commencer lequation differentielle x (t) = x(t). Quelles sont les fonctions qui ne
sont pas modifiees lorsquon les derive 2 fois ? Il sagit precisement des fonctions exponentielles et , et lensemble
des solutions de cette equation differentielle peut secrire : x(t) = A et + B et , o` u A et B sont des constantes
arbitraires. Une solution equivalente est donnee par x(t) = C cosh t + D sinh t.
Quelles sont maintenant les fonctions qui changent de signe lorsquon les derive 2 fois ? Cest-` a-dire qui
satisfont lequation differentielle x
(t) = x(t). Il sagit encore de fonctions exponentielles, mais avec un argument
imaginaire pur : eit . Les solutions generales secrivent donc : x(t) = A eit + B eit , ou x(t) = C cos t + D sin t.
A la difference des 2 cas precedents, les fonctions qui sannulent deux fois lorsquon les derive : x
(t) = 0, ne
correspondent plus ` a des solutions de type exponentielle, mais `a des fonctions lineaires : x(t) = A + B t.
= 2 x x, avec R.
Exercice 5.2 On consid`ere lequation differentielle : x
Quelle est la solution de cette equation pour = 1 ?
Discuter le comportement des racines de lequation caracteristique au voisinage de = 1 (on pourra
poser = 1 + , avec || 1).
On propose de justifier la demarche du theor`eme 5.3.2 par une methode qui nutilise que la solution des equations
differentielles homog`enes ou non homog`enes du 1er ordre :
y + a y + b y = (D r1 I) (D r2 I) y = (D r2 I) (D r1 I) y,
o`
u r1 et r2 sont des constantes, reelles ou complexes, que lon determinera.
2. Pour trouver les solutions generales y de lequation differentielle, on pose z = (D r2 I)y. Les solutions
sont donc obtenues par la resolution des equations differentielles du 1er ordre :
(D r1 I) z = 0,
(D r2 I) y = z.
Integrer successivement ces 2 equations differentielles et retrouver les solutions generales de lequation
differentielle annoncees plus haut.
La methode proposee dans lexercice precedent revient en fait `a presenter lequation differentielle initiale
sous la forme dun syst`eme differentiel dont la matrice est triangulaire. Elle peut etre etendue sans difficulte `a
des equations dordre plus eleve avec ou sans second membre ainsi que le montrent les exemples suivants.
Exercice 5.4 Utilisez une demarche similaire a` celle de lexercice precedent pour montrer que lequation
differentielle :
...
y (t) 3y(t)
+ 2y(t) = 0,
a pour solution
y(t) = A e2t + B et + C tet ,
o`
u A, B et C sont des constantes arbitraires.
Exercice 5.6 Montrer que la solution generale de lequation differentielle decrivant un oscillateur harmonique
force
y(t) + a2 y(t) = sin bt, a, b R
est donnee par
1
y(t) = A cos at + B sin at + sin bt,
a2 b2
lorsque b 6= a, mais par
t
y(t) = A cos at + B sin at cos at,
2a
a
` la resonance (i.e. lorsque b = a).
5.4 Syst`
eme d
equations diff
erentielles du 1er ordre
On a deja souligne lavantage quil pouvait y avoir `a remplacer une equation differentielle dordre eleve
par un syst`eme dequations differentielles dordre plus bas. Cette procedure peut etre rendue systematique, et
simplifie, `a la fois la demonstration des theor`emes et la determination des solutions.
Considerons par exemple le cas bien connu du pendule place dans un champ de gravite. Lequation differentielle
non lineaire du second ordre decrivant le mouvement secrit dans un syst`eme dunites ad hoc
x
+ sin x = 0,
o`
u x represente une variable angulaire. En mecanique, il est naturel dintroduire la variable conjuguee x qui
represente la vitesse angulaire, ce qui permet decrire lequation precedente du 2i`eme ordre sous la forme dun
syst`eme de 2 equations differentielles du 1er ordre :
x = y,
y = sin x.
Plus generalement,
Theor`eme 5.4.1 Toute equation differentielle (explicite) dordre n (n 1), lineaire ou non lineaire, peut etre
transformee en un syst`eme de n equations differentielles du 1er ordre.
Soit donc l
equation diff
erentielle explicite dordre n :
y (n) = f (y, y,
, y (n1) , t).
Introduisons n nouvelles fonctions : z1 = y, z2 = y, , zn = y (n1) ; l
equation diff
erentielle est alors
equivalente au syst`
eme
diff
erentiel (en g
en
eral non lin
eaire) portant sur les nouvelles variables z1 , , zn .
z1 = z2 ,
,
zn1 = zn ,
zn = f (z1 , z2 , , zn , t).
On notera que la reciproque nest pas verifiee : un syst`eme differentiel arbitraire de n equations differentielles
du 1er ordre, ne peut pas, en general, etre ramene `a une seule equation differentielle dordre n.
Dune facon plus systematique, on sera amene `a etudier les syst`emes de n equations differentielles du 1er
ordre, que lon definira par les equations
y 1 = f1 (y1 , , yn , t),
y n = fn (y1 , , yn , t),
y(t) = f (y(t), t) ,
y(0) = y0 ,
Th eme 5.5.1 Soit f : U I Rn une fonction continue, definie sur le produit dun ouvert U de Rn et
eor`
dun intervalle I de R. Lequation differentielle y(t)
= f (y(t), t) qui passe par y0 a
` t = 0, est equivalente a
`
lequation integrale 1
Zt
y(t) = y0 + f (y( ), )d.
0
Il est alors tentant de substituer lexpression de y(t) sous lintegrale et de generer ainsi la suite des ap-
proximations de Picard. Partant dune fonction dessai y(0) (t) (un choix courant consiste `a prendre la condition
initiale y(0) (t) = y0 ), literation dordre (p) est generee `a partir de la precedente par la relation :
Zt
(p)
y (t) = y0 + f (y(p1) ( ), )d.
0
Le probl`eme est evidemment de savoir si la suite ainsi generee converge vers une fonction solution du syst`eme
differentiel etudie et si cette solution est unique.
Cette equation differentielle peut etre integree exactement (elle est `a variables separables). On reconnait le
debut du developpement de la solution y(t) = tan t dans les premi`eres approximations reportees ci-dessus.
5.6 Th
eor`
eme dexistence et dunicit
e
Dans cette section, on donne le theor`eme fondamental de Cauchy-Lipschitz qui garantit localement lexistence
et lunicite des solutions des equations differentielles, eventuellement non lineaires, dans des conditions peu
contraignantes. La demonstration de ce resultat passe par la preuve de la convergence des iterations de Picard
introduites auparavant. Nous en donnons la formulation dans le cas dune seule equation differentielle.
Theor`eme 5.6.1 Soit f : I U R une fonction continue, o` u U et I sont des intervalles bornes de R qui
contiennent repectivement les points y = y0 et t = 0. On suppose en outre que f verifie la condition dite de
Lipschitz :
t I, x, y U, |f (t, x) f (t, y)| |x y|,
avec > 0.
Il existe un intervalle J I sur lequel est defini lunique solution de lequation differentielle y(t)
= f (t, y(t))
qui satisfait la condition initiale y(0) = y0 .
On admettra que ce theor`eme admet une generalisation au cas dun syst`eme dequations differentielles.
Hormis la continuite, la condition moins triviale imposee par le theor`eme est la condition de Lipschitz. Une
condition plus parlante qui implique linegalite de Lipschitz, est que f et f y soient continues dans I U . En
effet, les fonctions continues sur des intervalles bornes sont bornees. Puis par le theor`eme des acroissements
finis, on a pour tout (t, y1 ), (t, y2 ) I U ,
f
|f (t, y1 ) f (t, y2 )| = (c) |y2 y1 | ,
y
o`
u c [y1 , y2 ]. La condition de Lipschitz resulte alors du caract`ere borne de la derivee partielle.
Il est interessant de constater que si la derivee partielle nest pas bornee, il peut exister plusieurs solutions,
comme le montre lexemple suivant
Commentaires Le theor`eme de Cauchy-Lipschitz garantit en particulier lunicite des solutions des equations
differentielles pour une condition initiale donnee. Autrement dit, `a 2 conditions initiales differentes, corres-
pondent 2 solutions differentes pour toutes les valeurs anterieures ou posterieures de t. En terme dynamique, 2
trajectoires partant de 2 points initiaux differents ne peuvent se couper ou meme se toucher. Cette remarque
nous permettra plus loin de representer facilement sur un meme schema, differentes solutions des equations
differentielles non lineaires correspondant `
a differentes conditions initiales.
Exemple On consid`ere lequation differentielle y = y 2 definie pour toute valeur t R, avec la condition initiale
y(0) = 25 . Cette equation differentielle non lineaire est `a variables separables et il est facile de trouver lunique
solution :
1
y(t) = .
1/25 t
Il est clair que la solution nest pas definie pour t = 1/25. Le domaine dexistence de la solution est J =
] , 1/25[ R.
Ce phenom`ene dexplosion en temps fini des solutions est la signature dun comportement non lineaire. On
peut en effet demontrer que lequation differentielle lineaire du type y(t)
= a(t)y(t) + b(t) avec y(0) = y0 o`
ua
et b sont des fonctions continues pour tout t I, admet une unique solution definie dans I tout entier.
Syst`
emes Diff
erentiels Lin
eaires
Les equations differentielles lineaires - au moins celles `a coefficients constants - sont les seules equations
differentielles pour lesquelles les solutions peuvent etre formulees dune facon systematique et explicite. Cette
formulation sappuie essentiellement sur des resultats dalg`ebre lineaire que nous aurons ainsi loccasion de
retravailler. Une consequence de lexistence et de lunicite des solutions des syst`emes differentiels exposee dans
le chapitre precedent, est la possibilite, pour les equations lineaires, de relier la solution `a linstant origine, avec
la solution `a un instant t ulterieur, au moyen dun operateur devolution, appele propagateur. Ce point de vue, `a
fort contenu geometrique, eclaire le probl`eme de la resolution des equations differentielles sous un jour nouveau
qui sav`erera egalement utile pour linterpretation des equations differentielles non lineaires.
Soit un nombre positif tel que |aij | pour tout i, j variant de 1 a ` n. Manifestement les ements de A2 qui s
el ecrivent
ai1 a1j + + ain anj sont eux memes major 2
es par n , et plus g
en
eralement les
el k
ements de A sont majores par nk1 k . Ainsi
chacun des ements de eA est tel que :
el
n2 nk1 k
| eA |1++ + + + en ,
ij 2! k!
ce qui montre que tous les ements deA existent, et donc que eA est d
el efinie.
Demontrons maintenant 2 proprietes qui auront une importance capitale pour la suite.
La premi`
ere propri
et
e est d
emontr
ee a
` laide de la formule du bin
ome :
" n
#
X (s + t)n An X An X n!
(s+t)A
e = = snk tk
n=0
n! n=0
n! k=0
(n k)!k!
X X X X
An snk tk Am+k sm tk
= = = esA etA .
k=0 n=k
(n k)!k! k=0 m=0
m!k!
51
6.2. PROPAGATEUR 52
Pour d
emontrer la deuxi`
eme propri
ete, on
ecrit la definition de la d
eriv
ee
d tA e(t+s)A etA esA 1
e = lim = etA lim = etA A
dt s0 s s0 s
Le cas particulier s = 1 et t = 1 montre que linverse deA est la matrice eA . La premi`ere propriete ne
doit pas etre generalisee aux cas de matrices A et B qui ne commutent pas :
eA+B 6= eA eB 6= eB eA , en general.
6.2 Propagateur
Repartons de la suite des approximations de Picard et tirons partie du fait que A est independant de t. On
a donc, formellement :
Zt
y(t) = y0 + Ay( )d
0
Zt Zt Zt1
= I + A dt1 + A2 dt2 dt1 + y0
0 0 0
2 2
A t
= I + At + + y0
2!
X
An
= y0 = etA y0
n=1
n!
Les proprietes memes de lexponentielle dun operateur permettent de retrouver tr`es aisement ce resultat.
Ce resultat fondamental met donc en jeu un operateur etA qui permet de passer de la position `a linstant
a linstant t ; pour cette raison etA est appele propagateur.
initial y0 `a la position `
La forme explicite de la solution dans le cas non homog`ene est donnee par le theor`eme suivant :
Theor`eme 6.2.2 Soient J un intervalle de R qui contient le point t = 0, A une matrice n n qui ne depend
pas de t et t 7 b(t) une fonction continue de t J, le syst`eme differentiel lineaire non homog`ene
y(t) = Ay(t) + b(t),
y(0) = y0 ,
Zt
tA
y(t) = e y0 + e(t )A b( )d.
0
y = + Gx = AGx + Gx,
Gx
x(t) = G1 (t)b(t),
x(0) = y0 ,
Ainsi la seule connaissance du propagateur permet donc de resoudre les syst`emes differentiels lineaires avec
ou sans second membre. Pour cette raison, le propagateur est egalement appele resolvante.
Theor` eme 6.3.1 Soit A une matrice n n diagonalisable. Le propagateur de lequation differentielle homog`ene
a
` coefficients constants : y(t) = Ay(t) est donne par :
etA = P etD P 1 ,
o`
u D est la matrice diagonale dont les elements diagonaux sont les valeurs propres de A, et o`
u P est la matrice
dont les colonnes sont les vecteurs propres de A.
Dans le cas o`
u A nest pas diagonalisable, on peut sappuyer sur le theor`eme suivant que nous ne demontrerons
pas 1 :
Comme S et N commutent, on en deduit que etA = etS etN . S etant diagonalisable, etS se calcule comme
explique ci-dessus, tandis que puisque N est nilpotente, on a, en appliquant la definition de lexponentielle
tk1
dune matrice : etN = I + tN + + (k1)! N k1 .
1. ce th
eor`
eme est une cons
equence du th
eor`
eme de r
eduction a
` la forme normale de Jordan.
Av = v,
on dit que est la valeur propre de A correspondant au vecteur propre v. Geometriquement, loperateur lineaire
associe `a la matrice A contracte ou dilate ces vecteurs de lespace dans leur propre direction.
Posons
a b
A= ,
c d
Le syst`eme Av = v est equivalent `
a la resolution du syst`emes dequations :
v1 a b v1
(A I) = = 0,
v2 c d v2
qui nadmet de solutions non nulles, que si le determinant est nul, soit :
det(A I) = (a )(d ) bc = 0.
P () = 2 trA + det A = 0.
trA = 1 + 2 ,
det A = 1 2 .
Les vecteurs propres sont obtenus par resolution du syst`eme lineaire (A I)v = 0.
3 cas sont donc possibles
1. (trA)2 4 det A > 0 : 2 valeurs propres reelles distinctes.
2. (trA)2 4 det A = 0 : 1 valeur propre reelle double.
3. (trA)2 4 det A < 0 : 2 valeurs propres complexes conjuguees.
o`
u 1 et 2 sont les valeurs propres de A, et z une variable auxiliaire.
Resoudre le syst`eme precedent et en deduire les expressions de x (ou y) en fonction de 1 et 2 .
Dans cette section on utilise le fait que les puissances successives dune matrice ne sont pas independantes
pour donner une forme explicite compacte au propagateur etA . Le theor`eme de Cayley-Hamilton joue un r ole
fondamental dans cette reduction. P (X) designant le polynome caracteristique evoque plus haut, ce theor`eme
affirme que P (A) = 0 (le verifier), soit plus explicitement :
(A 1 I)(A 2 I) = 0.
A = 1 P1 + 2 P2 ,
o`
u on a introduit les 2 operateurs de projection
A 2 I A 1 I
P1 = , P2 = .
1 2 2 1
P2y0 y0
y(t)
P1y0
Figure 6.1 Action du propagateur sur le vecteur initial y0 dans le cas de 2 valeurs propres reelles et distinctes.
E1 et E2 designent les sous-espaces propres engendres par les vecteurs propres v1 et v2 . La figure est faite dans
le cas 1 > 0 et 2 < 0.
On constate donc que laction de loperateur sur le vecteur initial y0 , se ram`ene `a une projection sur
chacun des sous-espaces propres, accompagnee dune dilation ou dune contraction dans la direction de
ces espaces propres.
2. Valeurs propres complexes conjuguees : 1,2 = i.
Le theor`eme de Cayley-Hamilton secrit :
(A 1 I)(A 2 I) = 0 (A I)2 = 2 I,
soit encore
0 1
A I = J avec J= ,
+1 0
puisque J 2 = I. Comme par ailleurs,
etA = etI etJ ,
le propagateur secrit sous la forme
etA = et R(t),
o`
u R(x) est la matrice de rotation
+ cos x sin x
R(x) = .
+ sin x + cos x
Laction geom`etrique du propagateur dans cette situation se ram`ene donc `a une rotation qui rapproche
ou eloigne de lorigine selon le signe de .
Exercice 6.5 Soit
0 1
J= ,
+1 0
montrer que
tJ + cos t sin t
e = .
+ sin t + cos t
Montrer que ce propagateur permet de resoudre lequation differentielle y(t) + y(t) = 0.
3. Valeur propre double : 1 = 2 = .
Le theor`eme de Cayley-Hamilton secrit dans ce cas particulier :
(A I)2 = 0.
y(t) = Ay(t),
y(0) = y0 ,
o`
u P1 (resp. P2 ) est loperateur de projection sur la direction du vecteur propre v1 (resp. v2 ) parall`element a `
la direction de lautre vecteur propre v2 (resp. v1 ), et o`
u R(t) est loperateur de rotation de langle t dans le
sens trigonometrique.
Ces resultats peuvent etre utilises pour resoudre les exercices suivants.
x = +7x + 4y,
y = 8x 5y.
Lexercice suivant, montre qua contrario, si lon sait resoudre un syst`eme differentiel lineaire, on obtient
immediatement lexponentielle de loperateur associe.
Dans le cas diagonalisable, on peut obtenir une generalisation facile en dimension quelconque.
Exercice 6.8 Soit A une matrice n n diagonalisable. On note 1 , , n ses valeurs propres et v1 , , vn les
vecteurs propres associes. Verifier que la solution de lequation differentielle y(t) = Ay(t) satisfaisant y(0) = y0
est donnee par :
X n
y(t) = ci eti vi ,
i=1
Pn
o`
u les coefficients ci sont les composantes de y0 dans la base des vecteurs propres : y0 = i=1 ci vi .
Exercice 6.9 La trajectoire dune particule chargee en presence dun champ magnetique statique et homog`ene
et dun champ electrique homog`ene mais dependant du temps, peut etre ramenee au syst`eme suivant :
v 1 (t) = +c v2 (t) + E1 (t),
v 2 (t) = c v1 (t) + E2 (t),
o`u v1 et v2 representent les composantes cartesiennes de la vitesse dans le plan orthogonal au champ magnetique,
c une frequence caracteristique (frequence cyclotron), E1 (t) et E2 (t) les composantes convenablement norma-
lisees du champ electrique orthogonal a` la direction du champ magnetique.
Determiner le propagateur et en deduire la solution du syst`eme differentiel.
On a donne au Chapitre 2 les theor`emes qui garantissent lexistence des solutions des equations differentielles
sous des conditions pas trop contraignantes. En revanche, ces theor`emes ne donnent pas de moyen explicite pour
exprimer ces solutions. En fait, dans le cas non lineaire, `a lexception de quelques cas accidentels, il nexiste pas
de moyen systematique pour trouver les solutions.
On doit donc abandonner lespoir dune solution explicite qui permette une estimation quantitative, et se
tourner vers des approches plus qualitatives. Ce point de vue qui peut apparatre plus limite de prime abord
sest en fait avere extremement fecond, surtout lorsquil est applique `a des syst`emes dordre assez eleve. Au
debut du 20`eme si`ecle, sous limpulsion dHenri Poincare, cette demarche fut `a lorigine du renouveau de letude
des syst`emes dynamiques et a donne naissance `a la theorie du chaos.
7.1 Exemple
Limitons nous aux equations differentielles autonomes pour lesquelles la variable t nintervient pas explici-
tement ; on consid`ere donc
y = f (y),
y(0) = y0 .
Les solutions y de lequation f (y) = 0 sont des points particuliers pour lesquels y = 0 ; les solutions qui passent
par ces points nevoluent pas avec t : on dit que ce sont les solutions dequilibre. Les y sont appeles points
critiques (ou fixes), (ou dequilibre). Limportance de lanalyse locale des solutions au voisinage des points
critiques tient au fait quelle permet une comprehension du comportement global des solutions dans les cas les
plus simples.
Avant de developper ces idees dun point de vue plus general, considerons un cas particulier en dimension
1, par exemple le mod`ele logistique evoque dans lintroduction, pour des valeurs particuli`eres des param`etres
et N1 ( = N1 = 1) :
N = N (1 N ) ,
N (0) = N0 .
Les points fixes sont solutions de N (1N ) = 0, soit N = 0 et N = 1. La representation de f (N ) = N (1N ) (cf.
Fig 7.1) montre clairement que f (N ) > 0 pour 0 < N < 1 ; on en deduit que y > 0 et donc que y est une fonction
croissante dans ce meme intervalle. On aboutit `a la conclusion opposee dans les intervalles complementaires.
Les fl`eches reportees sur la figure indiquent le sens des variations de y. On dit que N = 0 est un point fixe
= 1
instable, puisque toute solution voisine de ce point fixe tend `a sen ecarter ; a contrario, le point fixe N
est dit stable. Comme on sait que les trajectoires correspondant `a differentes valeurs initiales N0 ne peuvent se
59
7.2. CLASSIFICATION DES POINTS FIXES (1 DIMENSION) 60
0.5
1.5
couper, il est facile de tracer levolution qualitative des solutions correspondant `a des valeurs initiales placees
de part et dautre des points fixes (cf. Fig 7.2). Ce type de representation presentant un ensemble de solutions
N
2
1.5
0.5
t
0.5 1 1.5 2
-0.5
-1
-1.5
-2
caracteristiques sur un meme schema, permet de comprendre dun coup doeil le comportement du syst`eme
etudie. On voit que toutes les solutions telles que N0 < 0 explosent en temps fini, tandis que toutes les solutions
positives (les seules physiques puisque N represente une population) convergent vers la valeur limite N0 = 1. On
notera egalement que les solutions stationnaires consituent des barri`eres infranchissables (dapr`es le theor`eme
de Cauchy-Lipschitz, les solutions ne peuvent se croiser). Cet exemple montre clairement que lanalyse locale
des points fixes suffit `
a une comprehension du comportement global de ce mod`ele.
y = f (
y )(y y) + O((y y)2 ),
u f (
o` y ) designe la derivee de f par rapport `a y calculee en y = y. Le developpement de Taylor `a cet ordre
permet de discuter les cas o` u f (
y ) 6= 0 qui correspond aux cas des points stables et instables ; le sens de
variation de y signale sur la Figure 7.3 par des fl`eches est determine `a partir du signe du produit f (
y )(y y).
f(y) f(y)
_ _ y
y y y
_ _
f( y ) > 0 f( y ) < 0
On remarquera que la situation rencontree dans le mod`ele logistique correspond `a un cas de raccordement des
2 cas representes ci-dessus.
Lorsque f ( y ) = 0, cest le signe de f ( y ) qui permet de discuter les differents cas de points selles ; les
variations de y etant alors donnees par le signe de f ( y ) (developpement de Taylor au 2i`eme ordre), voire par
le signe de f (
y )(y y)3 si f (
y ) est elle aussi nulle. Les differentes situations sont reportees sur la figure 7.4.
Les points selles presentent une autre particularite par rapport aux deux autres types de points fixes : ils sont
structurellement instables. On entend par l` a que la moindre perturbation (toujours presente dans les syst`emes
physiques) peut faire disparatre le point selle au profit de lapparition dune paire de points fixes stable-instable.
Lorsque cette transition est obtenue sous leffet dune variation dun param`etre inherent au mod`ele, on parle
de bifurcation. La figure 7.5 illustre une telle bifurcation lorsque leffet dune variation du param`etre revient
`a translater le schema comprenant le point selle vers le bas. Un tel effet ne peut se produire dans le cas des
points fixes stables ou instables qui sont dits par consequent structurellement stables.
o`
u g represente lacceleration de la pesanteur, v la vitesse et k une constante positive.
Donner une interpretation physique simple de cette equation.
Montrer que ce syst`eme na quun seul point fixe stable, et utiliser cette information pour representer les
solutions dans les cas suivants : v0 > 0, v0 = 0, (g/k)1/2 < v0 < 0, v0 < (g/k)1/2 .
Exercice 7.3 On consid`ere la reaction chimique A + B C. Les reactifs A et B sont en concentration initiale
A(0) = A0 et B(0) = B0 . La vitesse de production du produit obeit a
` lequation differentielle
C(t) = (C(t) A0 ) (C(t) B0 ) ,
o`
u est la constante (positive) de reaction.
On veut etudier comment la concentration du produit C au cours du temps depend - qualitativement et
quantitativement - de sa concentration initiale C(0) = C0 .
Determiner les points critiques et representer qualitativement lallure des solutions. On distinguera les 2
cas : A0 = B0 et A0 6= B0 .
Stabilit
e des syst`
emes diff
erentiels
Letude de la stabilite des syst`emes est evidemment determinante pour les applications (le syst`eme peut-il
exister au voisinage dun point de fonctionnement particulier en presence de perturbations ?), mais egalement
interessante du point de vue des differents types de comportements globaux que le syst`eme peut presenter. Cette
approche a ete developpee en dimension 1 dans le chapitre precedent, et sappuie sur une classification des points
critiques. La classification des points critiques en dimension quelconque est un probl`eme mathematique ardu
qui se rattache ` a la theorie des singularites des fonctions differentiables.
Bien que lon puisse imaginer toute sorte de matrices definissant un syst`eme differentiel lineaire, on verra
quil ny a quun nombre limite de comportements asymptotiques (i.e aux temps longs) pour les syst`emes
differentiels lineaires, qui ne dependent que des valeurs propres de la matrice associee. On montre egalement
quune premi`ere approche de la stabilite (locale) des syst`emes differentiels non lineaires peut etre obtenue en
linearisant le syst`eme etudie au voisinage de ses points critiques.
8.1 Stabilit
e des syst`
emes diff
erentiels lin
eaires
Lorigine joue un role particulier pour les syt`emes lineaires. Le point y = 0 est en effet le seul point
stationnaire (y = 0) de lequation differentielle y = Ay.
efinition 8.1.1 Lorigine est dite asymptotiquement stable si toute solution y du syst`eme lineaire satisfait
D
lim y(t) = 0.
t+
On dispose alors du resultat suivant (valable en dimension quelconque) connu sous le nom de Crit`ere de Routh :
Theor`eme 8.1.1 Lorigine est asymptotiquement stable si et seulement si toutes les valeurs propres de A sont
de partie reelle strictement negative.
Cela r
esulte directement en dimension 2 du th
eor`
eme 6.4.1.
Dans le cas de la dimension 2, comme 1 2 = det A et 1 + 2 = trA, on peut egalement dire que lorigine
est asymptotiquement stable si det A > 0 et trA < 0.
63
DES SYSTEMES
8.1. STABILITE `
DIFFERENTIELS
LINEAIRES 64
3. Si une des valeurs propres est positive et lautre negative, il existe au moins une direction instable et on
parle de point selle ou de col.
4. Dans le cas de valeurs propres identiques, il ny a quun seul vector propre 1 et on parle de nud impropre
(stable ou instable).
5. Dans le cas des valeurs propres conjuguees, les trajectoires sont des spirales logarithmiques lorsque la
partie reelle des valeurs propres 6= 0 et on parle de foyers (stable ou instable). Dans le cas o`
u = 0, les
trajectoires sont periodiques, il sagit de centres.
En dimension 2, lensemble des comportements peut etre represente dans le plan det A trA, ce que montre la
figure 8.5.
1. sauf si la matrice est de la forme I, auquel cas, tout vecteur est vecteur propre.
8.2 Stabilit
e des syst`
emes diff
erentiels non lin
eaires
Dans cette section, on se contentera daborder bri`evement la stabilite locale des syst`emes differentiels non
lineaires en dimension 2 par la methode de linearisation.
8.2.1 Lin
earisation
Soit (
x1 , x
2 ) un point fixe du syst`eme. On peut proceder `a une linearisation du syst`eme autour de ce point fixe
par le changement de variables x1 = x 1 + x1 , x2 = x2 + x2 . x1 et x2 decrivent de petites fluctuations autour
du point fixe. En utilisant le fait que f1 (x1 , x
2 ) = f2 (
x1 , x
2 ) = 0, les fonctions f1 et f2 peuvent etre decrites
localement par leurs approximations lineaires :
f1 f1
f1lin (x1 , x2 ) = x1 (
x1 , x
2 ) + x2 (
x1 , x
2 ),
x1 x2
f2 f2
f2lin (x1 , x2 ) = x1 (
x1 , x
2 ) + x2 (
x1 , x
2 ).
x1 x2
On est donc ramene ` a letude de la stabilite dun syst`eme `a coefficients constants ; cela permet dapprecier si les
fluctuations tendent `a crotre avec le temps, rendant ainsi le syst`eme instable autour du point critique etudie,
ou si ces fluctuations regressent au cours du temps, ce qui correspond `a la situation stable.
Remarque La question se pose bein entendu de savoir dans quelle mesure letude de la stabilite lineaire
nous renseigne sur la stabilite du syst`eme lorsque les termes non-lineaires sont pris en compte. Lorsque les 2
valeurs propres ont une partie reelle strictement negative, la stabilite lineaire implique la stabilite non-lineaire.
Dans le cas des syst`emes instables et lorsque les 2 valeurs propres sont de parties reelles strictement positives,
un syst`eme qui est instable par stabilite lineaire le demeure lorsque les contributions non-lineaires sont pris en
compte. En revanche, lorsquau moins une des parties reelles des valeurs propres est nulle, cest-` a-dire dans le
cas des centres, la prise en compte des termes non-lineaires peut conduire `a des resultats differents de ceux
obtenus par linearisation.
Exemple On consid`ere le syst`eme differentiel
x = y,
y = 2y sin x.
On veut etudier la stabilite du syst`eme au voisinage du point critique (0, 0). La matrice des derivees premi`eres
secrit
0 1
,
cos x 2
qui vaut en (0, 0) :
0 1
A= .
1 2
Comme trA = 2 < 0 et det A = +1 > 0, on en deduit que le point critique (0, 0) est asymptotiquement stable.
x = +a x b xy,
y = c y + d xy.
o`
u a, b, c, d sont des constantes positives.
1. Determiner les points critiques du mod`ele.
2. Determiner et resoudre les syst`emes differentiels linearises autour de ces points fixes. En deduire la nature
de ces points fixes.
3
3
2
2
1
1
-4 -3 -2 -1 1 2 3 4
-3 -2 -1 1 2 3
-1 -1
-2 -2
-3 -3
o`
u est une constante positive.
Les portraits de phase des syst`emes linearises autour du point critique (0, 0) sont representes sur la figure
suivante pour differentes valeurs de et .
Effectuer les calculs que vous jugez necessaires pour une comprehension au moins qualitative de ces differents
comportements.
On a dej`
a discute le comportement des syst`emes differentiels lineaires aux temps longs en dimension 2. Parmi
les solutions presentant une certaine forme de stabilite, rappelons que nous avons distingue en particulier les
solutions asymptotiquement stables (puits et foyers stables) et les solutions periodiques (centres).
Les syst`emes differentiels non lineaires peuvent egalement admettre des solutions asymptotiquement stables,
mais poss`edent un autre type de comportement generique connu sous le nom de cycles limites. A la difference des
centres o`
u `a chaque condition initiale correspondait une orbite differente, les cycles limites se comportent comme
des attracteurs pour toutes les conditions initiales dans un certain voisinage (on parle de bassin dattraction) du
cycle limite.
Un exemple caracteristique de syst`eme non lineaire presentant un cycle limite est fourni par loscillateur
non lineaire de Van der Pol qui trouve de nombreuses applications en electricite et en mecanique. Lequation
associee secrit :
+ x2 1 x + x = 0.
x
Cette equation decrit une oscillation harmonique perturbee par un terme de frottement, positif si |x| > 1, et
negatif pour |x| < 1. Si la condition initiale est telle que |x| < 1, le mouvement se trouve amplifie par le terme
de frottement, cette amplification diminuant lorsque lamplitude tend vers la valeur |x| = 1. A contrario, pour
de fortes amplitudes, cest-`a-dire si la condition initiale est telle que |x| > 1, loscillateur est dissipatif et ram`ene
donc la solution vers des amplitudes plus faibles. La figure suivante presente le plan de phase de loscillateur de
Van der Pol pour plusieurs conditions initiales.
x
-2 -1 1 2
-1
-2
Il nest pas facile de prevoir le nombre et la position des cycles limites, meme en dimension 2. Lexercice
suivant, o`
u un calcul explicite est possible, permet de mieux comprendre ce comportement caracteristique des
syst`emes non lineaires.
o`
u est un param`etre reel.
1. Montrer que le syst`eme linearise est associe a
` la matrice
+1
1
Diagonaliser cette matrice et discuter la stabilite du syst`eme en fonction des valeurs du param`etre .
2. Montrer que le changement de variable x1 = r cos et x2 = r sin permet de reecrire le syst`eme differentiel
non lineaire sous la forme
r = r(1 r2 ),
= 1
Integrer ce syst`eme avec les conditions initiales r = r0 , = 0 et montrer quil admet la solution
r02
r2 (t) = ,
r02 + (1 r02 ) e2t
(t) = 0 t
3. Discuter la limite de r(t) lorsque t dans les 2 cas > 0 et < 0. On distinguera les cas r0 = 0 et
r0 6= 0. Commenter les resultats obtenus.
Le changement de comportement qualitatif observe lorsque le param`etre passe des valeurs negatives aux
valeurs positives est un exemple de bifurcation dite de Hopf.
Analyse dans Rn
69
Chapitre 9
Diff
erentier et Int
egrer
Deriv
ees et diff
erentielles
Circulation et Flux
Operateurs differentiels
Formule de Stokes
Singularit
es
Diff
erentielles exactes
Theor`
emes de Helmholtz
Theor`
eme de Leibnitz
La plupart des grandeurs physiques rencontres en Physique sont des fonctions de plusieurs variables. Ainsi
en va-t-il des champs : champs electriques, champs de vitesses, ..etc .. qui, en representation eulerienne, sont
des fonctions des variables despace ~x R3 et du temps t.
On consid`erera dans la suite, pour fixer les idees, et simplifier lecriture, des fonctions f de 3 variables
independantes que lon notera x, y et z. La plupart des resultats donnes dans ce chapitre se generalise aisement
aux cas dun nombre quelconque (mais fini) de variables.
9.1 D
eriv
ees et diff
erentielles
1. Derivees partielles
La derivee partielle dune fonction de plusieurs variables est definie dune facon tr`es comparable au cas
des fonctions dune seule variable ; la derivee partielle x f de la fonction f par rapport `a la variable x est
definie par la relation :
f f (x + x, y, z) f (x, y, z)
x f fx = lim ,
x x0 x
et de meme pour les autres composantes. Cette definition montre que la derivee partielle est evaluee
lorsquune seule variable varie, les autres restant fixees pendant loperation.
En general les derivees partielles peuvent elles-meme dependre des variables x, y, z. Il est donc possible de
definir par le meme procede des derivees successives dune variable : fxx , et `a la difference des fonctions
dune seule variable des derivees croisees : fxy . Une question tr`es naturelle se pose de savoir si lordre dans
lequel on prend les derivees importe. Le resulat mathematique precis est le suivant
Th eor`eme 9.1.1 Si fxy et fyx sont continues en un point, alors ces derivees sont egales en ce point.
Faute de quoi, fxy et fyx ne sont pas forcement egales.
Par exemple, legalite des derivees secondes croisees conduit en thermodynamique aux relations dites de
Maxwell.
2. Differentielle. Differentiabilite
La variation f de la fonction f entre les points ~r = (x, y, z) et ~r + ~r = (x + x, y + y, z + z) secrit
f f (x + x, y + y, z + z) f (x, y, z),
71
9.1. DERIV
EES
ET DIFFERENTIELLES 72
df fx x + fy y + fz z.
Dans ces conditions, on voit que df est une excellente approximation de la variation f . Soit en particulier
la fonction f (x, y, z) = x ; il est clair que lon a pour cette fonction df = dx = x, puisque fx = 1 et
fy = fz = 0. Cest la raison pour laquelle on note en general la differentielle dune fonction quelconque :
df = fx dx + fy dy + fz dz,
ct = D cxx
3. Fonctions composees
Considerons la fonction f (x, y, z) dans le cas o`
u x, y et z sont elles-memes des fonctions dune autre variable
que nous noterons t. Cette situation se rencontre frequemment en mecanique o` u ~r(t) (x(t), y(t), z(t))
decrit la trajectoire dune particule au cours du temps. On peut donc definir une fonction g = f ~r
dependant de la variable t par la relation :
Il est facile detablir le resultat suivant qui generalise la relation bien connue pour la composition de 2
fonctions u et v dune seule variable : (u v) = (u v) v
Theor`eme 9.1.2 Supposons que fx , fy et fz soient continues et x, y, z des fonctions derivables de la
variable t, alors la fonction g : t 7 f (x(t), y(t), z(t)) est derivable et sa derivee vaut :
dg dx dy dz
= fx + fy + fz .
dt dt dt dt
Un abus de notation, tr`es frequent en physique, consiste `a confondre les fonctions f et g, ce qui conduit
`a ecrire la relation precedente sous la forme :
df dx dy dz
= fx + fy + fz .
dt dt dt dt
Cette pratique est justifiee dans le cadre de la physique, o` u les symboles mathematiques sont associes `a
des grandeurs physiques bien determinees, mais il convient toutefois detre conscient que les fonctions f
et g sont differentes. Par opposition aux derivees partielles, df /dt est appelee derivee totale.
Une situation un peu plus generale peut etre rencontree lorsque les fonctions x, y et z dependent elles-
memes de plusieurs variables. Par exemple, `a partir de la fonction f (x, y, z), lorsque x = x(s, t), y =
y(s, t), z = z(s, t), on peut definir une fonction des 2 variables s et t : g(s, t) f (x(s, t), y(s, t), z(s, t)),
qui admet donc 2 derivees partielles donnees par les relations
gs = fx xs + fy ys + fz zs ,
gt = fx xt + fy yt + fz zt .
Les derivees partielles gs et gt sont egalement couramment ecrites comme les derivees totales df /ds et
df /dt. Ce genre de derivee en chanes, porte le nom de chain rule dans la litterature anglo-saxonne.
Exemple. Supposons que lon mesure la temperature T `a intervalles de temps reguliers le long dune
trajectoire definie par la fonction ~r(t). On connait donc la fonction T (~r(t), t) ; les variations infinitesimales
de temperature sont donnees par la differentielle totale (avec labus de notation signale plus haut) :
dT dt dx dy dz
= Tt + Tx + Ty + Tz ,
dt dt dt dt dt
quil est plus courant decrire sous la forme 1 :
dT T d~r ~
= + .T,
dt t dt
o`
u on a introduit le gradient de T : T ~ (T /x, T /y, T /z).
Cette forme met clairement en evidence le fait que les variations de temperature pendant le temps dt ont
2 origines distinctes, une qui provient des variations de T au point considere, et une autre qui est une
consequence du deplacement effectue pendant le temps dt. En mecanique des fluides, cette derivee totale
est appelee derivee lagrangienne ou encore derivee particulaire ou derivee convective. Lidee est toujours
la meme, il sagit dune information obtenue en suivant la trajectoire dune particule mobile. Lautre point
de vue, dit eulerien, consiste ` a effectuer les mesures en des points fixes de lespace et `a y mesurer les
variations temporelles T /t, et de facon complementaire `a effectuer des mesures `a un instant precis,
~ . Comme on le voit, la seule connaissance de la derivee totale
dans differentes directions de lespace : T
ne permet pas dacceder ` a chacune des derivees partielles, tandis que la connaissance de toutes les derivees
partielles et de la trajectoire permet de reconstruire la derivee totale.
Exercice 9.2 1. Montrer que g(x, t) f (x vt) est solution de lequation aux derivees partielles
gt v gx = 0
On posera g = f u, avec u(x, t) = x vt.
2. Montrer que g(x, t) f (x/ t) ram`ene lequation aux derivees partielles
gt D gxx = 0,
` lequation differentielle D fuu + u2 fu = 0, o`
a u u(x, t) = x/ t.
Dun point de vue pratique, on se debrouille en general pour ramener le calcul des integrales `a 2 ou
3 dimensions au calcul dintegrales a` une seule dimension. Dans cette reduction, un point capital tient
dans le fait que les elements differentiels dS et dV peuvent sinterpreter comme des elements de surface
dS = dxdy et de volume dV = dxdydz.
Lautre resultat important que lon se contente de rappeler est le theor`eme dit du changement de variables
dont lutilisation est souvent suggeree par les symetries particuli`eres du probl`eme etudie.
1. pour bien souligner la diff
erence avec les d
eriv
ees partielles, on note quelquefois les d
eriv
ees totales par le symbole D/Dt
Soit f une fonction integrable sur V , alors (f ).|J| est integrable sur U, et on a :
Z Z
f (x, y, z) dxdydz = f (x(u, v, w), y(u, v, w), z(u, v, w)) |J| dudvdw.
V U
2
Comme les composantes du vecteur A ~ dependent en general des variables x et y, il convient dans ce calcul
dutiliser lequation de la courbe y = f (x) afin deliminer x ou y dans chacune des integrales. Selon la
geometrie du probl`eme etudie, on peut egalement etre amene `a utiliser un autre syst`eme de coordonnees.
La trajectoire associee au chemin C peut etre egalement connue sous forme parametrique (cest souvent
le cas en Mecanique). Dans ce cas la position le long de la trajectoire est donnee par le vecteur ~r(t) =
x(t) ~ex + y(t) ~ey + z(t) ~ez , o`
u x, y et z sont des fonctions connues du param`etre t (on peut penser au temps)
qui varie entre les deux valeurs ta et tb qui correspondent respectivement aux extremites du chemin C.
Dans ce cas lintegrale est calculee par la formule suivante :
Z Ztb
d~r
F~ (~r). d~r F~ (~r). dt
dt
C ta
Si t est interprete comme un temps, on peut assimiler le vecteur v d~r/dt `a une vitesse. Le produit
scalaire F~ . ~v peut alors etre calcule dans un syst`eme de coordonnees adaptees de sorte que lintegrale
curviligne secrit encore une fois comme lintegrale dune fonction dune seule variable.
R
Exemple. Soit ` a evaluer C F~ (~r). d~r o`
u C est un chemin du plan Oxy dont les equations parametriques
sont x(u) = 1 u, y(u) = u avec u qui varie de 0 `a 1, et F~ represente le champ de vecteurs F~ (x, y) =
2
(x + y) ~ex y ~ey .
Comme (u x, u y) = (1, 2u) et (Fx , Fy ) = (1 u + u2 , u2 ), on en deduit :
Z Z1 Z1
d~r 4
F~ (~r). d~r = F~ (~r). du 1 + u u2 2u3 du =
du 3
C 0 0
En eliminant u des expressions donnant x(u) et y(u), on trouve facilement que la trajectoire est un arc
de parabole dequation y = (1 x)2 . En outre, x varie de 1 `a 0 et y de 0 `a 1 lorsque u varie de 0 `a 1. On
2. Dans cette section, il doit
etre clair que Ax ne d
esigne pas une d
eriv ~ est un vecteur !), mais la projection du
ee partielle (A
~ sur ~ex : Ax A.
vecteur A ~ ~ex
On remarquera que la valeur negative obtenue sexplique par le fait que le mobile remonte les lignes
du champ.
R
~ r). d~r depend du chemin C ; nous considererons plus loin le cas important des
En general la valeur de C A(~
integrales curvilignes dont le resultat ne depend pas du chemin dintegration.
3. Flux et integrales surfaciques
Lintegrale la plus importante est du type Z
F~ (~r). dS,
~
S
u S est une surface reguli`ere (ou au moins reguli`ere par morceaux), qui correspond au flux du vecteur F~
o`
`a travers la surface S.
Commencons par preciser que dS ~ ~ndS, o`u dS est la mesure de lelement de surface et ~n un vecteur
normalise conventionnellement oriente vers lexterieur si la surface est fermee, et obeissant `a la r`egle du
tire-bouchon si la surface est ouverte (et orientee). Si S est connue sous la forme parametrique ~r(u, v) =
x(u, v)~ex + y(u, v)~ey + z(u, v)~ez o`
u u et v sont des param`etres variant dans un domaine determine D du
plan uv, les 2 vecteurs u~r du et v ~r dv forment les 2 cotes de lelement de surface dS ~ qui est donc donnee
par le produit vectoriel dS ~ (u~r v ~r) dudv, on obtient donc
Z ZZ
F~ (~r).dS
~ F~ (x(u, v), y(u, v), z(u, v)) . (u~r v ~r ) dudv.
S D
On remarquera que le vecteur ~n, normal `a S secrit ~n = (u~r v ~r ) / ku~r v ~r k. Dans le cas du calcul
dune fonction scalaire f sur une surface, on a de meme
Z ZZ
f (~r) dS f (x(u, v), y(u, v), z(u, v)) ku~r v ~r k dudv.
S D
Exercice 9.3 Montrer que si la surface est connue par une equation du type z = h(x, y), lintegrale de
surface est definie par la relation :
Z ZZ
1/2
f (x, y, z) dS f (x, y, h(x, y)) 1 + (x h)2 + (y h)2 dxdy
S D
o`
u D est le domaine de variation des variables x et y decrivant la surface S.
p 2 cette
Utiliser formule pour
montrer que la surface laterale dun c
one centre sur laxe 0z dequation z =
(x + y 2 ) est egale a
` 2D o`
u D est laire de la base du cone a
` la cote z.
La formule donnee dans lexercice precedent est une expression generale qui peut prendre des formes
beaucoup plus simples si on int`egre sur des surfaces parall`eles `a des plans (par exemple sur les faces dun
cube) ; ainsi dans le cas dune surface
RR parall`ele au plan Oxy, lequation de la surface secrira z = cte de
sorte que lintegrale se reduit `a D f (x, y, cte) dxdy.
Exemple. Il est bien connu que la surface de la sph`ere unite peut etre parametree par la donnee de deux
angles et tels que x = sin cos , y = sin sin , z = cos . Dans ce cas, le domaine D de variations des
param`etres est tel que D = [0, ] [0, 2]. Comme
~ex ~ey ~ez
~r ~r = x y z = sin2 (cos ~ex + sin ~ey ) + sin cos ~ez ,
x y z
dS = sin dd,
9.3 Op
erateurs diff
erentiels
Les operateurs differentiels agissent comme leur nom lindique par derivation sur des champs scalaires ou
vectoriels (voire tensoriels). Ces operateurs sont dits du 1er ordre si leur definition ne met en jeu que des derivees
partielles du 1er ordre, du second ordre si apparassent des derivees secondes ..etc..
1. Premi`eres definitions des operateurs differentiels
Nous rappelons la definition usuelle des operateurs gradient, divergence et rotationnel en coordonnees
cartesiennes par rapport `a la base canonique (~ex , ~ey , ~ez ) :
~ f (~r)
grad ~ f (~r) fx ~ex + fy ~ey + fz ~ez ,
div F~ (~r) ~ . F~ (~r) x Fx + y Fy + z Fz ,
~ F~ (~r)
rot ~ F~ (~r) (y Fz z Fy ) ~ex + (z Fx x Fz ) ~ey + (x Fy y Fx ) ~ez ,
Loperateur differentiel du second ordre le plus courant est le laplacien, note ou 2 , defini par la relation
h i
~ f (~r)
f (~r) div grad ~ .
~ f (~r) 2 f (~r) fxx + fyy + fzz
Dans letude des phenom`enes ondulatoires, on est egalement amene `a introduire le laplacien dun champ
vectoriel :
F~ (~r) Fx (~r) ~ex + Fy (~r) ~ey + Fz (~r) ~ez ,
et loperateur de lequation des ondes, ou dalembertien, note , qui agit sur les fonctions, scalaires ou
vectorielles, des variables ~r et t :
2
tt .
Dans toutes ces definitions, il convient de noter le r ole permanent de loperateur (x , y , z ) (on dit
nabla). La notation la plus repandue des operateurs differentiels utilise cet operateur, et non pas les
notations grad, div, rot qui ne sont gu`ere utilisees quen France. Telles quelles, ces definitions ne valent
quen coordonnees cartesiennes, et il est interessant de donner des definitions equivalentes - independantes
du syst`eme de coordonnees - qui soulignent en outre le lien profond entre ces operateurs et les notions de
circulation et de flux dej`
a rencontrees.
2. Secondes definitions des operateurs differentiels
Les operateurs differentiels etudies ici sont des operateurs locaux ; on entend par l`
a que les operateurs sont
definis en tout point de lespace. Soit donc un point quelconque de lespace, et considerons autour de ce
point un volume d (dont la forme pourra dependre des symetries du probl`eme etudie) limite par une
surface fermee S. Une autre definition possible du gradient est donnee par la relation
H
~
f (~r)dS
~ f (~r) lim
grad S
.
d0 d
En effet prenons comme volume le cube de cotes x ~ex , y ~ey , z ~ez situe `a lextremite du vecteur ~r
Un developpement de Taylor `a lordre le plus bas (f (x, y, z + dz) f (x, y, z) dz z f pour la composante
z par exemple), conduit `
a la contribution correspondante
Z
lim (f (x, y, z + dz) f (x, y, z)) dxdy = (xyz) z f
xy0
xy
Exercice 9.4 Utiliser la definition de loperateur divergence appliquee a ` un volume elementaire construit
sur les longueurs (d ~e , d ~e , dz ~ez ) pour etablir la formule donnant la divergence dun champ vectoriel
en coordonnees cylindriques :
1 1
div F~ (~r) = (F ) + F + z Fz .
I x+x
Z y+y
Z
F~ .d~r = Fx (x, y)dx + Fy (x + dx, y)dy
Cxy x y
Zx Zy
+ Fx (x, y + dy)dx + Fy (x, y)dy
x+x y+y
(x Fy y Fx ) xy
On peut donc dire que la composante du rotationnel dun champ de vecteurs, en un point P de lespace,
dans la direction arbitraire ~n, est egal a
` la circulation le long dun contour infinitesimal situe autour de
P dans un plan orthogonal a ` ~n, par unite de surface.
Cette relation admet une generalisation en dimension superieure connue en Mathematique sous le nom de
formule de Stokes. On verra que les r oles de lintervalle [a, b] et du couple de point (a, b) seront tenus par une
variete (volume, surface) et son bord (surface fermee, contour ferme), tandis que le r ole de f sera tenu par
3
les operateurs differentiels divergence et rotationnel . Bien quune formulation unifiee des theor`emes utilises en
Physique, (theor`emes de la divergence (ou de Gauss) et de Stokes) soit possible, elle necessite lintroduction de
notions mathematiques qui rallongerait lexpose, et nous donnerons donc dans la suite deux enonces distincts
pour les theor`emes dits de Gauss et de Stokes.
1. Theor`eme de Stokes
Theor` eme 9.4.1 Soit S une surface orientee, reguli`ere par morceaux, et limitee par une courbe fermee
C. Si F~ (~r) poss`ede des derivees partielles continues dans S, alors
ZZ I
~ F~ . dS
~ = F~ . d~r
S C
Sans donner une preuve rigoureuse de ce theor`eme, on peut en comprendre lorigine en revenant `a la
definition (locale) du rotationnel donne `a la section precedente :
I
~ F~ . dS
~ = F~ .d~r,
CS
o`
u dS est ici une surface elementaire infiniment petite (dS 0) qui entoure le point situe en ~r. Pour
obtenir le theor`eme de Stokes qui sapplique `a une surface S finie, on decompose cette surface en une
infinite de surfaces infinitesimalement petites, et on en additionne les contributions. Toutes les integrales
curvilignes interieures `a S vont sannuler puisque les segments correspondants seront parcourus en sens
inverse (cf. Figure 9.1). La seule contribution restante est celle du contour exterieur, ce qui est le contenu
du theor`eme.
2. Theor`eme de Gauss
Theor` eme 9.4.2 Soit S une surface orientee, reguli`ere par morceaux, qui contient le volume V . Si F~ (~r)
poss`ede des derivees partielles continues dans V , alors
ZZZ I
~ ~
. F dV = F~ . dS ~
V S
3. en fait la d
eriv
ee ext
erieure dune forme diff
erentielle.
Lidee de la demonstration est la meme que pour celle du theor`eme de Stokes. La definition de loperateur
divergence : I
~ . F~ dV = F~ . dS
~
S
sapplique `
a un volume elementaire dV 0 (cest une definition locale !). Pour obtenir le theor`eme de
Gauss etendu `
a un volume fini V , on somme les contributions des cubes infinitesimaux dV . Le resultat
est obtenu en prenant conscience que les contributions des flux `a travers les surfaces des cubes adjacents
sannulent mutuellement, et que seule reste la contribution du flux `a travers la surface exterieure S.
Exercice 9.5 Soit S une region du plan Oxy limite par la courbe C, P et Q 2 fonctions C 1 des variables x, y,
montrer que le theor`eme de Green-Riemann dans le plan
I ZZ
[P (x, y) dx + Q(x, y) dy] = (Qx Py ) dxdy,
C S
o`
u u et v sont deux champs scalaires suffisamment reguliers.
9.5 Singularit
es
On aura note limportance des hypoth`eses de regularite exigees des champs de vecteurs pour appliquer les
theor`eme de Stokes. Les lieux de lespace o` u ces conditions ne sont pas verifiees (ou a fortiori o`
u les champs
ne sont pas definis) ne sont pas moins importants. Ces points particuliers, ou singularites sont en general
intrins`equement associes aux caracteristiques physiques du probl`eme etudie.
1. Point
Le champ electrique E(~ ~ r) cree par une charge ponctuelle q situee `a lorigine des coordonnees, ainsi quil
resulte de la loi experimentale de Coulomb, est donne par lexpression
~ r) = q ~er
E(~ .
40 r2
Il convient de noter sur cette expression que le champ electrique est defini en tout point de R3 excepte
lorigine : les charges electriques sont des exemples de singularites ponctuelles pour le champ electrique.
On se propose de calculer le flux du champ E ~ `a travers une sph`ere de rayon R. Considerons dabord le cas
o`u la sph`ere ne contient pas lorigine. Alors, E ~ et ses derivees premi`eres sont definies et continues dans
tout le volume V de la sph`ere, de sorte que le theor`eme de Gauss secrit :
I Z ZZZ
~ dS
E. ~= ~ dV = q
~ .E
~ . ~er dV
40 r2
SR V V
o`
u S et SR designent les surfaces des 2 sph`eres et o`u on a utilise que la divergence du champ electrique
est nulle dans le volume considere. Le calcul du flux sur la sph`ere de rayon est immediat :
I Z
~= q
~ dS 22 sin d q q
E. = (4) = ,
40 2 40 0
S 0
o`u le signe provient du fait que le vecteur dS~ pointe vers lexterieur du volume etudie, i.e. dans la direction
opposee au vecteur unitaire ~er .
On deduit donc de cet exemple que le champ electrique E(~ ~ r) cree par une charge ponctuelle situee `a
lorigine verifie I Z
~ ~ ~ ~ +q/0
E. dS = . E dV = ,
0
SR V
selon que lorigine est contenue ou pas dans la sph`ere. Dans ce cas particulier, la derni`ere egalite est
equivalente ` ~ E
a lequation de Mawell 0 . ~ = q (~r) qui est une des equations fondamentale de lelectromagnetisme
(equation de Maxwell-Gauss).
2. Ligne
Le champ magnetique B ~ cree par un fil rectiligne infini place selon 0z et parcouru par un courant dintensite
I est donne par lexpression :
~ r) = 0 I ~e ,
B(~
2 r
o`
u r est la distance entre le point o` u est calcule le champ et le fil, et o` u ~e = ~ez ~er . Cette expression est
valable en tout point de lespace, sauf sur le fil. Un courant filiforme est un exemple de singularite lineique
pour le champ magnetique.
On se propose de calculer la circulation de B ~ le long dun contour circulaire C. Deux cas sont `a considerer
selon que C entoure ou pas la singularite. Dans ce dernier cas, le plus simple est dutiliser le theor`eme de
Stokes, ce qui est licite puisque le champ est C1 dans toute la surface SR limitee par le contour. Or, on
I Z2
~ r = 0 I
B.d~ d = 0 I
2
C 0
Cette fois encore, le resulat depend dune facon cruciale, de la presence ou de labsence de la singularite
`a linterieur du domaine considere.
9.6 Diff
erentielles exactes
En thermodynamique, on est souvent amene `a sinterroger si la variation globale dune grandeur physique
au cours dune transformation ne depend que de ses valeurs initiale et finale, ou si la variation depend de la
facon dont la transformation a ete operee. Dans laffirmative on parle de fonction detat. Ainsi lenergie interne
par exemple est une fonction detat tandis que le travail et la chaleur ne le sont pas. La notion mathematique
correspondant ` a la notion physique de fonction detat est celle de differentielle exacte.
R
On dit que la differentielle A~ . d~r est une differentielle exacte si lintegrale curviligne A~ . d~r depend uni-
quement des points de depart et darrivee, et non du chemin particulier suivi. Notons immediatement que si la
differentielle est exacte, alors on a aussi :
I
A~ . d~r = 0,
puisque le point de depart et darrivee concident. Il est egalement clair quune condition suffisante pour que
lintegrale sur un chemin ferme soit nulle est que A ~ derive dun potentiel, i.e. quil existe une fonction telle
~ ~ ~
que A , puisque dans ces conditions A . d~r = ~ . d~r = d, do`
u il resulte que
I I
A~ . d~r = d = 0.
On peut ajouter que lorsque les derivees partielles secondes de sont continues, si Ax = x , Ay = y , Az =
z , alors, legalit
e des d
erivees croisees implique en particulier que y Ax = yx = xy = x Ay , soit encore
x Ay y Ax = ~ A ~ = 0. On a donc montre les implications
z
I
~
A ~ ~ . d~r = 0
A ~ A
~=0
Les reciproques resultent essentiellement du theor`eme de Stokes de sorte que lon peut enoncer
Theor`eme 9.6.1 Soit A ~ un champ vectoriel continu dont les derivees partielles sont continues dans une region
U simplement connexe, alors les resultats suivants sont equivalents
~ A
1. ~ = 0 dans U (A ~ est dit irrotationnel).
H
2. C A~ . d~r = 0, avec C U .
R
3. C A~ . d~r est independant de C avec C U .
~ . d~r est une differentielle exacte.
4. A
5. Il existe une fonction telle que A ~=
~ .
Rappelons que schematiquement une region simplement connexe est une region sans trou ; cette restriction est
necessaire pour eviter deventuelles singularites des champs.
Exercice 9.8 Montrer que la differentielle (y x) dx + (x + y) dy est exacte et determiner le potentiel dont
le champ associe derive.
9.7 Th
eor`
emes de Helmholtz
On a insiste plus haut sur limportance des operateurs differentiels, divergence et rotationnel, surtout en
relation avec les notions de flux et de circulation. Par ailleurs, peut-etre avez-vous ete frappe par le fait que
lelectromagnetisme ` a travers les relations de Maxwell met essentiellement en jeu les divergence et rotationnel
des champs electriques et magnetiques. Les theor`emes de Helmholtz apportent une justification mathematique
`a cet etat de fait, et etablissent, sous des conditions que nous preciserons plus bas, quun champ vectoriel est
parfaitement determine d`es lors que ses rotationnels et divergences sont eux-memes connus.
Th eor`eme 9.7.1 Soit U une region simplement connexe de R3 . Tout vecteur V ~ de U, de classe C 2 , est
~ ~ ~ ~
determine dune facon unique par la connaissance de . V , de V et de la composante normale de V ~
sur le bord de U.
~1 et V
Pour etablir lunicite, considerons 2 vecteurs V ~2 satisfaisant les memes hypoth`eses et montrons que
~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~
W V1 V2 = 0. Par hypoth`ese, V1 = V2 , donc ~ W ~ = ~0. Il existe donc une fonction telle que
~ ~ ~ ~ ~ ~
W . On a egalement par hypoth`ese, . V1 = . V2 , donc ~ .W
~ = 0. Comme ~ .
~ = , on a encore
= 0. Enfin, legalite des composantes normales sur le bord de U conduit `a la relation Wn dS = W ~ .dS~ =
~ ~
.dS = 0.
Lutilisation de la formule de Green demontree plus haut en exercice,
Z h i I
~ ~
+ . dV = ~ . dS,
~
V S
Th
eor` ~ (~r) un champ vectoriel de classe C 2 tel que
eme 9.7.2 Soit V
~ .V
~ (~r) = s(~r) ,
~ V
~ (~r) = ~c(~r),
o`
u s(~r) et ~c(~r) sont des fonctions connues qui sannulent a
` linfini.
~ r) qui determine V
Il existe un champ scalaire (~r) et un champ vectoriel A(~ ~ (~r) dune facon unique par la
relation
~ =
V ~ + ~ A,
~
o`
u
Z
1 s(~r )
(~r) = dV
4 k~r ~r k
R3
Z
~ r) = 1 ~c(~r )
A(~ dV
4 k~r ~r k
R3
s(~r) et ~c(~r) sont des densites de source et de circulation. Notons quon a ~ .V~ = puisque la divergence
dun rotationnel est identiquement nulle. On obtient donc :
Z
~ = 1
~ .V s(~r )
1
dV = s(~r),
4 k~r ~r k
R3
1
o`
u on a utilise la relation k~r~ r k = 4 (~ r ~r ).
De meme, ~ V ~ = ~ ~ .A
~ A ~ puisque le rotationnel dun gradient est identiquement nul. On admettra
~
que ~ .A~ = 0 lorsque les champs decroissent suffisamment vite `a linfini. On a donc, ~ V ~ = A,~ et
on termine la demonstration comme dans le cas de la divergence :
Z
~ ~ 1 1
V = ~c(~r ) dV = ~c(~r)
4 k~r ~r k
R3
Lunicite est une consequence du premier theor`eme dHelmholtz (le bord du domaine est rejete `a linfini, o`
uV~
sannule puisque les sources sont nulles `
a linfini par hypoth`ese).
~ et magnetique B
Exercice 9.9 On rappelle que les equations de Maxwell pour les champs electrique E ~ secrivent
~ . E(~
~ r) (~r)
= ,
0
~ E(~
~ r) = B~ t (~r),
dautre part. Utilisez le deuxi`eme theor`eme dHelmholtz pour exprimer les champs E ~ et B
~ en fonction des
densites de charges et des densites de courants. Interpretez les differentes contributions.
9.8 Th
eor`
eme de Leibnitz
On consid`ere les fonctions definies par une equation du type suivant :
Zb(t)
y(t) f (x, t) dx,
a(t)
o`
u la dependance dans la variable t apparat dans les bornes et dans la fonction `a integrer. Le probl`eme est de
deriver cette fonction par rapport `
a t ce qui nous conduira au theor`eme de Leibnitz qui est `a lorigine de lun
des theor`emes les plus importants de la mecanique des fluides : le theor`eme du transport de Reynolds.
Un premier resultat `
a rappeler est celui de la derivee dune integrale par rapport `a une de ces bornes. Plus
precisement, on a
Zb
dh
= f (b) si h(b) f (x)dx.
db
a
Notez que le resultat est independant de la borne inferieure a. On se convaincra sans peine (le faire !) que
Zb
dh
= f (a) si h(a) f (x)dx.
da
a
Avant darriver `
a lenonce le plus general, considerons le cas plus simple o`
u la fonction integree ne depend pas
explicitement du temps :
Zb
g(t) h(a(t), b(t)) avec h(a, b) f (x)dx.
a
La fonction g ainsi definie est la composition de la fonction h et des fonctions a et b, on peut donc appliquer la
chain rule :
dg da db da db
= ha + hb = f (a) + f (b)
dt dt dt dt dt
Le dernier resultat necessaire est legalite
Zb Zb
dS
= t f (x, t)dx si S(t) f (x, t)dx,
dt
a a
qui exige seulement que la fonction integree soit C 1 par rapport aux variables dans le cas des integrales propres. 4
Le theor`eme de Leibnitz resulte de la combinaison des differents cas que nous venons de detailler. Le resultat
precis est le suivant
Th eor`eme 9.8.1 Soient f : (x, t) 7 f (x, t) une fonction de classe C 1 par rapport a
` (x, t), a : x 7 a(x) et
b : x 7 b(x) deux fonctions egalement de classe C 1 , alors
Zb(t) Zb(t)
d db da
f (x, t) dx = t f (x, t) dx + f (b(t), t) f (a(t), t)
dt dt dt
a(t) a(t)
Deux generalisations importantes de ce theor`eme concernent lextension de ce resultat lorsquon int`egre une
fonction scalaire ou vectorielle sur un volume V (t) dependant de la variable t, limite par une surface (fermee)
S(t) :
Z Z I
d d~r ~
f (~r, t) d = t f (~r, t) d + f (~r, t) .dS,
dt dt
V (t) V (t) S(t)
Z Z I
d d~r ~
F~ (~r, t) d = t F~ (~r, t) d + F~ (~r, t) .dS .
dt dt
V (t) V (t) S(t)
On notera que dans lintegrale de surface, le vecteur d~r/dt estime en des points de S(t) correspond `a la vitesse de
deplacement du volume V (t) (si on interpr`ete t comme un temps). Si le volume est fixe, les bornes de lintegrale
ne dependent plus de la variable t, d~r/dt 0 et lintegrale de surface ne contribue pas `a la derivee.
Approximer et calculer
Formule de taylor
Approximation de Stirling
Distribution de Dirac
Int
egrales gaussiennes
Developpements asymptotiques
x2 xn (n
f (x) = f (0) + x f (0) + f (0) + + f )(0) + Rn ,
2! n!
u le reste Rn = xn+1 f (n+1) ()/(n + 1)! avec 0 < < x.
o`
Considerons maintenant une fonction de 3 variables f (x, y, z) et definissons une nouvelle fonction F par la
relation F (t) = f (a + ht, b + kt, c + lt). Une application de la chain rule donne :
F (t) = h (h fxx + k fxy + l fxz ) + k (h fxy + k fyy + l fyz ) + h (h fxz + k fyz + l fzz ) ,
pour la derivee seconde. Supposons que toutes les derivees partielles soient continues, on peut alors ecrire :
2
F (t) = (h x + k y + l z ) f (a + ht, b + kt, c + lt),
et plus generalement
n
F (n) (t) = (h x + k y + l z ) f (a + ht, b + kt, c + lt).
Le developpement de Taylor de f au voisinage du point ~r = (a, b, c) peut alors etre obtenu `a partir de la formule
de Mac Laurin appliquee `
a F , pour t = 1, h = dx, k = dy, l = dz :
1 ~ n
n
X
f (~r + d~r) = d~r. f (~r) + Rn ,
n!
k=0
n+1
~
avec Rn d~r. ~
f ()/(n + 1)! et ~ quelque part sur le segment entre ~r et ~r + d~r.
Lorsque la fonction f est telle que limn Rn = 0, le developpement de Taylor dune fonction C devient
une serie que lon peut ecrire formellement
1 ~ k
X ~ ~
f (~r + d~r) = d~r. f (~r) edr. f (~r).
k!
k=0
85
10.2. APPROXIMATION DE STIRLING 86
Exercice 10.1 Montrer que les 2 premiers termes du developpement en serie de Taylor de la fonction f : ~r
R2 7 f (~r) R au voisinage du point ~r0 peut secrire sous la forme
1 2
f (~r) = f (~r0 ) + df (~r0 ) + d f (~r0 ) + ,
2!
u d2 f (~r0 ) ((~r ~r0 ), H(~r0 )(~r ~r0 )) est la forme quadratique associee a
o` ` la matrice (dite hessienne)
fxx (~r) fxy (~r)
H(~r)
fxy (~r) fyy (~r)
Exercice 10.2 Utiliser la formule de Taylor por developper la fonction (x, y) 7 ln (x2 + y 2 ) au voisinage de
(1, 1), jusqu`
a lordre 2 en x et y.
Il est evident que (1) = 1 et on montre facilement par integration par parties puis par recurrence sur n que :
(n) = (n 1)(n 1) = (n 1)(n 2) (1) = (n 1)!
On en deduit donc que n! peut etre calcule `a partir de lintegrale
Z
n! = en ln xx dx
0
Etudions lintegrand f (x) en ln xx . Le calcul des 2 premi`eres derivees (le faire !) montre que cette fonction
p `a la
forme dune courbe en cloche qui presente un maximum en x = n et des points dinflexion en x/n = 1 1/ (n).
Le maximum est donc dautant plus pique que n est grand.
Le developpement de Taylor de la fonction x 7 n ln x x au voisinage de x = n secrit n ln x n
n ln n n (x n)2 /2n ; si on lintroduit dans lintegrale precedente, on est conduit au resultat
Z Z
n ln n (xn)2 /2n n ln n 2
n! e e dx = e eu /2n
du
0 n
On peut remplacer n par dans la limite des n et utiliser le resultat sur lintegrale gaussienne
R x2 1/2
R
e dx = (/) pour > 0 qui conduit `a lapproximation de Stirling :
1/2 1
n! (2n) nn en ln n! n ln n n + ln (2n) , n 1.
2
Le tableau suivant (`
a verifier avec votre calculatrice) montre que lapproximation de Stirling est bonne meme
pour de petites valeurs de n.
1/2
n (2n) nn en /n! [n ln n n] / ln n! [n ln n n + 0.5 ln (2n)] / ln n!
2 0.959502 0.88539 0.940358
5 0.983493 0.63649 0.996523
20 0.995842 0.942815 0.999902
50 0.998335 0.980626 0.999989
1. la d
efinition qui suit permet
egalement de d
efinir x! pour x non forc
ement entier
Cette definition implique que soit tr`es localisee autour de lorigine, ce qui sugg`ere de lutiliser pour decrire le
phenom`ene de percussion - cest `a dire le fait dune grandeur physique finie qui ne sexprime de facon infiniment
intense que pendant une duree infiniment courte. La decharge dun condensateur contenant une charge finie,
fournissant un courant tr`es intense en un temps extr`emement court en fournit un exemple. Un autre exemple,
emprunte `a la mecanique, est donne par la densite volumique de masse correspondant `a une masse ponctuelle
de module m localisee ` a lorigine, qui peut secrire m (~r).
R
La relation R (x) dx = 1 montre cependant que ne peut absolument pas etre une fonction usuelle
puisquun theor`eme de la theorie de lintegration d u `a Lebesgue, affirme que lintegrale dune fonction dont le
support 2 est reduit `
a un point est forcement nulle. Il est apparu cependant que cette pseudo-fonction lorsquelle
etait manipulee prudemment avec certaines r`egles empiriques definies par Dirac pouvait saverer extremement
utile, voire incontournable dans certaines formulations de la theorie quantique.
Un cadre mathematique rigoureux detude de ces fonctions, connues desormais sous le nom de fonctions
generalisees ou de distributions, a ete initie par le mathematicien francais Laurent Schwartz, juste apr`es la
seconde guerre mondiale. Cette theorie sest averee extremement feconde, avec de nombreuses ramifications en
Analyse, et incontournable en particulier pour letude des equations aux derivees partielles. Bien que recente,
il existe de nos jours de bonnes vulgarisations de cette theorie accessibles aux ingenieurs et physiciens (` a
commencer par certains ouvrages rediges par Schwartz lui-meme). Faute de temps, on ne trouvera pas dans ce
qui suit un expose selon ces lignes, mais on jouera le jeu pedagogiquement dangereux deffectuer des calculs
faux ( !) - cest-`
a-dire en appliquant les regles de calculs relatifs aux fonctions a` des grandeurs qui nen sont pas
- pour justifier des resultats que lon sait par ailleurs demontrer dans un cadre mathematique rigoureux...
1. Propriete fondamentale
La propriete fondamentale la plus importante est la relation
Z
(x)f (x) dx = f (0),
R
valable pour toute fonction continue f . Cette propriete resulte intutivement du faitRque seul le voi-
sinageR immediat de lorigine importe pour le calcul de lintegrale. On aurait donc 3 R (x)f (x) dx =
f (0) R (x) dx = f (0), par definition de .
La meme propriete translatee de lorigine au point x = a secrit
Z
(x a)f (x) dx = f (a).
R
Ainsi la valeur f (a) dune fonction au point x = a est obtenue en multipliant f par (xa) et en integrant.
Compte tenu de la definition de il nest meme pas necessaire dintegrer sur tout laxe reel, mais seulement
sur un voisinage du point o` u ne sannule pas, ainsi
Z Z
(x a)f (x) dx = f (a), mais (x a)f (x) dx = 0,
A B
o`
u A est nimporte quel intervalle contenant {a}, et B nimporte quel intervalle ne le contenant pas.
u a est nimporte quel nombre fini positif. Une integration par partie abusive 4 conduit au resultat :
o`
Z+a Z+a
x=+a
H (x)f (x) dx = [H(x)f (x)]x=a H(x)f (x) dx = f (0)
a a
H =
Z+a Z+a
H (x)f (x) dx = (x)f (x) dx.
a a
En fait - et cest lun des grands avantages de cette theorie - dans lespace des distributions, toutes les
distributions sont derivables !
3. Autres proprietes
Donnons quelques autres proprietes, commodes dans les calculs, et qui decoulent de la propriete fonda-
mentale.
(x) = (x),
x (x) = 0,
1
(a x) = (x), a R,
|a|
f (x) (x a) = f (a) (x a)
A titre dexemple, demontrons (si lon peut dire !) letrange egalite x (x) = 0. Comme on a
Z Z
(x(x)) f (x) dx = (x) (xf (x)) dx = (xf (x))x=0 = 0,
R R
pour nimporte quelle fonction f continue, legalite est demontree. Incidemment cette relation ouvre des
horizons nouveaux. Alors que dans lespace des fonctions, la seule fonction qui satisfait xf (x) = 0 pour
tout x est la fonction indentiquement nulle f 0, dans lespace des distributions, la solution de cette
equation est la distribution f = c o`
u c est nimporte quel nombre reel !
Nous definirons dans les chapitres suivants la transformee de Fourier au sens des fonctions, et nous verrons
que la definition meme de la transformee de Fourier implique que les fonctions soit integrables (ou de carre
integrables). Une constante ne satisfaisant pas cette condition, il nest pas possible de definir la transformee
de Fourier de la fonction f 1 par exemple. Cela est cependant possible au sens des distributions, et
4. lapplication de lintegration par parties impose que les fonctions soient d
erivables dans lintervalle dint
egration. Cette
int
egrale est en fait identiquement nulle au sens des fonctions.
nous admettrons que la transformee de Fourier de 1 est precisement , ce qui revient encore `a dire que la
representation integrale de est donnee par la notation abusive 5
Z
1
(x) = eiqx dq.
2
R
Nous terminerons par une importante propriete qui nous est suggeree par le calcul, effectue plus haut, du
flux du champ electrique cree par une charge ponctuelle placee `a lorigine, `a travers une sph`ere de rayon
R. Nous avions alors demontre : Z
~ . ~er dV = +4
,
r2 0
V
~
selon que lorigine est contenue ou pas dans la sph`ere. Comme ~er /r2 = (1/r), ~ .
et ~ = , on a aussi
Z
1 4
dV =
r 0
V
o`
u lon reconnait, en passant, la relation de Poisson de lelectrostatique pour une charge ponctuelle unite.
Insistons une derni`ere fois en rappelant que toutes les relations integrales ci-dessus qui contiennent la distribution
ne doivent etre comprises que comme des notations commodes, mais quil est possible de donner un sens
mathematique rigoureux ` a toutes ces expressions.
(x) = (x),
1
(a x) = (x), a R,
|a|
f (x) (x a) = f (a) (x a)
10.4 Int
egrales Gaussiennes
Partons de lintegrale de Gauss : Z
2
ex dx = 1 ,
R
quil est bon de memoriser. Pour retrouver ce resultat fondamental, lastuce consiste `a calculer le carre de cette
integrale et `a passer en coordonnees polaires :
2
Z Z Z
2 2 2 2
x (x +y )
e dx = e dxdy = er (2rdr) = 1 .
R R2 0
Pour les applications qui nous interessent en physique statistique et probabilites, la fonction `a integrer est plutot
2
x 7 ea x /2 o`
u a est un reel positif. Un simple changement de variables montre (faites-le) que :
Z r
21 ax2 2
e dx = .
a
R
Cette formule admet une generalisation en dimension plus elevee sous la forme :
Z r
21 (~
x,A~
x) (2)n
e d~x = ,
det A
Rn
o`u ~x estPmaintenant un vecteur de Rn et A une matrice n n reelle et symetrique. Dans cette formule,
N
(~x, ~y ) i=1 xi yi , represente le produit scalaire des 2 vecteurs ~x et ~y dans Rn .
La justification de ce resultat est la suivante. Comme A est diagonalisable, il existe une transformation
orthogonale 6 P telle que P 1 AP = D o` u D est une matrice diagonale dont les elements sont les valeurs propres
i . On en deduit que
1 1 1 1
(~x, A~x) = (~x, P DP 1 ~x) = (P T ~x, DP T ~x) = (~y , D~y ),
2 2 2 2
u on a pose ~y = P T ~x. Puisque le jacobien de la transformation | det P | = 1, on obtient donc :
o`
Z Z n Z
Y n
Y 1/2
1 1 1 2 2 (2)n/2
e 2 (~x,A~x) d~x = e 2 (~y,D~y) d~y = e 2 i yi dyi = = ,
i=1 R i=1
i det A
Rn Rn
Q
o`
u on utilise le fait que det A = i i .
Les resultats precedents peuvent etre utilises pour definir des densites de probabilite distribuees selon la loi
de Gauss. A une dimension, la distribution de probabilite normalise P (x) est definie par
1 2 r
e 2 ax a 1 ax2
P (x) R 1 = e 2 .
R
e 2 ax
2
dx 2
Signalons pour finir deux integrales souvent rencontrees dans les calculs. Par derivations successives par
rapport `a a, on obtient (`
a verifier !)
Z r
2n 12 ax2 (2n 1)!! 2
x e dx = , n 1,
an a
R
Z
1 2 2n n!
x2n+1 e 2 ax dx = , n 0,
an+1
R+
o`
u (2n 1)!! 1.3.5 (2n 1). Pour des raisons evidentes de parite on a bien s
ur
Z
1 2
x2n+1 e 2 ax dx = 0, n 0.
R
6. Une transformation othogonale est une transformation telle que P 1 = P T . Comme det P = det P T , on en d
eduit que
(det P )2 = 1.
Minimiser
Extr
emalisation sans contraintes
Multiplicateurs de Lagrange
Transformation de Legendre
Calcul des Variations
11.1 Extr
emalisation sans contraintes
Rappelons que pour les fonctions dune seule variable, la fonction f : x 7 f (x) admet un extemum au point
x = a si f (a) = 0 et f (a) 6= 0, et plus precisement, un maximum si f (a) < 0 et un minimum si f (a) > 0. Si
f (a) = 0, il faut etudier les derivees dordre plus eleve.
On se pose la meme question dans le cas des fonctions de plusieurs variables, et on se limitera `a enoncer
le resultat dans le cas de 2 variables. On dira que la fonction f : (x, y) 7 f (x, y) admet un extremum local
(maximum ou minimum) au voisinage dun point particulier (a, b), selon que la fonction est au-dessous ou au
dessus de son plan tangent dans un dans un voisinage du point (a, b). Ainsi, par exemple, f admet un maximum
en (a, b) si f (a + h, b + k) < f (a, b), pour tous les h et k tels que |h| < et |k| < avec suffisamment petit.
En particulier, si on fait k = 0, la fonction x 7 f (x, b) est une fonction dune seule variable, qui sera donc
maximale en x = a si x f = 0 en (a, b). Le meme argument applique `a la fonction y 7 f (a, y), montre que lon
doit egalement avoir y f = 0 en (a, b). Dune facon plus generale, les points o`
u les egalites x f = y f = 0 sont
verifiees sont appeles les points critiques de la fonction f 1 .
On peut donc conclure de ce qui precede quune condition necessaire pour quune fonction admette un
extremum en un point est que ce point soit un point critique. Cette condition nest cependant pas suffisante
comme le montre le simple exemple de la fonction f (x, y) = x2 y 2 . Le point (0, 0) est clairement un point
critique, mais tel que la fonction x 7 f (x, 0) = x2 est minimale en (0, 0), tandis que la fonction y 7 f (0, y) =
y 2 est maximale au meme point. Ce type de point critique est appele point selle pour des raisons evidentes.
On percoit donc quun point critique ne sera un extremum que sil existe des contraintes sur les courbures
dans les directions x et y. Ce crit`ere doit donc mettre en jeu les derivees secondes partielles ; en effectuant un
developpement de Taylor au voisnage dun point (a, b), on etablit le theor`eme suivant :
Th eor`eme 11.1.1 Soit (x, y) 7 f (x, y) une fonction continue telle que toutes ses derivees secondes par-
tielles soient elles-memes continues dans un voisinage du point (a, b). On definit le determinant D(a, b) (dit
determinant Hessien de f ) par la relation :
fxx (a, b) fxy (a, b)
D(a, b)
fxy (a, b) fyy (a, b)
fx = fy = 0, en x = a, y = b
91
11.2. MULTIPLICATEURS DE LAGRANGE 92
Exercice 11.1 Determiner la nature des points critiques des fonctions quadratiques du type :
Supposons maintenant quil existe une contrainte entre les variables x1 , , xn ; autrement dit, il existe une
certaine relation fonctionnelle
g(x1 , , xn ) = 0
entre ces variables. Cette relation montre quune des variables, disons xn depend des n 1 autres. Il ny a donc
plus n variables independantes, mais seulement n 1. Les conditions dextremalisation donnees par (11.2) ne
sont donc pas valables en presence dune contrainte.
Une premi`ere solution evidente consiste, lorsque cela est possible, `a exprimer une des variables en fonctions
des n 1 autres, `
a substituer son expression dans f , puis `a ecrire les conditions dextremalisation (11.2) sur les
n 1 variables restantes.
Exemple. Soit ` a determiner le rectangle daire maximale pour un perim`etre donne. Avec des notations
evidentes, on a L(x, y) = 2(x + y) et S(x, y) = xy. En eliminant y entre ces 2 equations, on obtient S(x) =
x(L/2x), x etant maintenant une variable non contrainte. La condition Sx = 0 conduit `a la relation L/22x =
0, et donc `a la solution x = y = L/4, cest-`
a-dire `a un carre.
Un autre procede plus general a ete propose par Lagrange. Lidee consiste `a absorber la contrainte dans la
definition dune nouvelle fonction. Soit en effet la fonction f g, o` u est un param`etre appele multiplicateur de
Lagrange. Il sagit dune fonction des n variables independantes (x1 , , xn ) puisquaucune contrainte exterieure
ne sapplique desormais sur les variables. On peut donc ecrire directement :
f g
d(f g) = 0 = 0, i = 1, , n
xi xi
Ces n equations et la contrainte g = 0 determinent donc les n + 1 inconnues x1 , , xn , .
Exemple. Reprenons lexemple precedent. On a f (x, y) = xy et g(x, y) = L 2(x + y) = 0. Lextremum de
f est determine par les 2 relations fx + gx = 0 et fy + gy = 0, soit y 2 = x 2 = 0, qui conduit bien `a
la solution x = y.
Theor` eme 11.2.1 Soient f et g 2 fonctions C 1 definies sur Rn . On suppose en outre g/xi 6= 0, pour
i = 1, , n.
Un extremum (maximum ou minimum) de la fonction f soumise a
` la contrainte g(x1 , , xn ) = 0 est
determine (sil existe) par les (n + 1) equations :
f g
= 0, i = 1, , n
xi xi
g(x1 , , xn ) = 0,
o`
u est un param`etre reel appele multiplicateur de Lagrange.
Exercice 11.3 Representer sur un schema le plan decrit par lequation x + y + z = 1, et utiliser la methode
de Lagrange pour determiner la plus courte distance entre ce plan et lorigine.
En introduisant autant de multiplicateurs quil y a de contraintes, on generalise ce procede au cas des fonctions
soumises `a plusieurs contraintes.
Exercice 11.4 On consid`ere un syst`eme isole de N particules identiques dont chaque particule est soit dans
letat denergie E1 , soit dans letat denergie E2 (avec E1 6= E2 ). Le nombre de particules N1 et N2 dans chaque
etat denergie est obtenu par extremalisation de lentropie S(N1 , N2 ) du syst`eme,
S(N1 , N2 ) = N ln N N (N1 ln N1 N1 ) (N2 ln N2 N2 ) ,
soumises aux 2 contraintes :
N1 + N2 = N,
N 1 E1 + N 2 E2 = E,
o`
u N et E sont des constantes.
Utilisez la methode des multiplicateurs de Lagrange pour determiner N1 et N2 .
efinition 11.3.1 Soit f : R 7 R, une fonction convexe (i.e. f (x) > 0).
D
La transformee de Legendre de f est la fonction g definie par la relation :
Le contenu geometrique de la premi`ere definition est clair. g(p) est la distance maximale entre la droite de pente
p qui passe par lorigine et la fonction f . La solution est obtenue pour xp tel que p = f (xp ), cest-` a-dire que
la distance entre la droite et la fonction est maximale au point xp o` u la tangente `a f est egale `a la pente de la
droite (cf. figure). On a donc aussi g(p) p xp f (xp ), soit encore g(f (xp )) = f (xp )xp f (xp ) qui correspond
`a la deuxi`eme definition. Les variables x et f (x) p sont dites variables conjuguees par rapport au couple de
fonctions f et g. Si f est concave, on definit la transformee de Legendre par la relation : g (f (x)) f (x)xf (x).
Exemple. Montrons que la transformee de Legendre de la fonction f (x) = mx2 /2 est la fonction g(p) =
p /2m. En effet, comme p f (x) = mx, on a par definition g(f (x)) x(mx) mx2 /2 = mx2 /2, donc
2
g(p) = p2 /2m. Cet exemple simple montre que la transformee de Legendre peut etre utilisee pour obtenir la
mecanique hamiltonienne `
a partir du formalisme lagrangien.
Voici quelques exemples supplementaires de transformees de Legendre que lon etablira `a titre dexercices :
f (x) g(p)
n
xn (n 1) np n1
ex p ln p p
ln x ln ep
On verifiera sur ces exemples que les derivees de f et g sont des fonctions inverses lune de lautre, ce qui, du
reste, est une autre definition de la transformee de Legendre dune fonction.
Le passage de f (x) `a g(f (x)) peut dailleurs etre retrouve directement `a partir de la definition. Soit en effet
a partir de x, f et f :
une fonction g definie `
En utilisant le fait que df (x) = f (x) dx (f est differentiable en x), on voit que la differentielle totale de la
fonction g au point x est telle que
Il en resulte que x g = f (x) g = 0 de sorte que g est bien une fonction differentiable de la seule variable
independante f (x).
Cette transformation se generalise aux cas des fonctions de plusieurs variables o` u il devient possible de faire
une transformation de Legendre associee `a une partie (ou `a la totalite) des variables. Considerons ainsi une
fonction differentiable f des n variables x1 , , xn et supposons que lon cherche `a definir une nouvelle fonction
g qui depende des variables x1 , , xr , ur+1 , , un o`
u les ui f /xi (i = r + 1, , n) sont les variables
conjuguees des variables initiales xr+1 , , xn . En generalisant la procedure `a une dimension, il suffit de definir :
g = f (ur+1 xr+1 + + un xn ) ,
Exercice 11.5 Le premier principe de la thermodynamique secrit dans les cas les plus simples sous la forme :
dU = T dS p dV + dN,
o`
u lenergie interne U est une fonction differentiable des variables S, V et N . On notera que les couples (T, S),
(p, V ) et (, N ) sont des variables conjuguees par rapport a` U.
Determiner par transformation de Legendre, une fonction differentiable des nouvelles variables N, V, T . Ef-
fectuer une seconde transformation de Legendre qui conduise a
` une fonction differentiable des variables , V, T .
Interpreter les resultats obtenus.
Exercice 11.6 Considerons un syst`eme mecanique a` 2 degres de liberte. Les equations du mouvement peuvent
etre obtenues a
` partir du lagrangien
L(q1 , q1 , q2 , q2 , t)
o`
u les qi et qi representent respectivement les coordonnees et vitesses generalisees.
Montrer quil est possible de definir par transformation de Legendre des fonctions H(q1 , p1 , q2 , p2 , t) et
R(q1 , p1 , q2 , q2 , t) o`
u les pi sont les impulsions generalisees, grandeurs conjuguees des qi par rapport au la-
grangien L.
Reconnaissez-vous les fonctions H et R ?
Alg`
ebre lin
eaire
97
Chapitre 12
El
ements dalg`
ebre lin
eaire
D
eterminants
Matrices
Syst`
eme d
equations lin
eaires
Diagonalisation
12.1 D
eterminants
Cette section comprend quelques rappels sur le calcul et la manipulation des determinants.
Definition 12.1.1 Considerons un tableau carre, A, de nombres reels ou complexes arranges en n lignes et n
colonnes.
Le determinant correspondant, dordre n, note det A ou |A|, est tel que :
a11 a12 a1n
a a22 a2n X
det A 21 = a1(1) a2(2) an(n) ,
Gn
an1 an2 ann
o`
u Gn est le groupe des permutations de (1, 2, , n) (il y en a n!) et o`
u est la signature de la permutation
consideree qui vaut 1 si on effectue un nombre paire dinversions pour retrouver lordre naturel (1, 2, , n), et
1 dans le cas contraire.
Cette ecriture un peu formelle montre quun determinant est un cas particulier de forme multilineaire alternee.
Dans le cas des determinants dordre 2, il ny a que 2 permutations de lensemble (1, 2) : soit (1, 2) avec = +1,
soit (2, 1) avec = 1. On obtient donc aussit ot dans ce cas :
a11 a12
a21 a22 = +a11 a22 a12 a21
De meme, il est facile de se convaincre que pour les determinants dordre 3, il existe 3! = 6 permutations qui
conduisent au resultat :
a11 a12 a13
a21 a22 a23
a31 a32 a33
= +a11 a22 a33 a11 a23 a32 + a12 a23 a31 a12 a21 a33 + a13 a21 a32 a13 a22 a31
= +a11 (a22 a33 a23 a32 ) a12 (a21 a33 a23 a31 ) + a13 (a21 a32 a22 a31 )
La derni`ere factorisation montre quun determinant dordre 3 peut-etre developpe le long dune ligne en faisant
apparatre des determinants dordre 2. Cette procedure est generale. On peut developper un determinant dordre
n selon une ligne ou une colonne en ponderant chaque determinant dordre (n 1) obtenu en supprimant la
ligne et la colonne correspondante. La procedure est la suivante :
99
12.2. MATRICES 100
Definition 12.1.2 Le determinant mineur, note Mij , dun determinant dordre n est le determinant dordre
n 1 obtenu en supprimant la i`eme ligne et la j`eme colonne.
Le cofacteur, note Aij , est tel que :
Aij = (1)i+j Mij
Exemple
2 1 1
1 2 1
0 3 1 = 0 1 1 + 3 2 (1) = 3(0) + (2) = 2
2 1 2 1 2 2
2 2 1
A partir de ces definitions, on peut etablir les proprietes suivantes utiles pour les calculs :
Th
eor`eme 12.1.1 si une ligne (ou une colonne) ne comprend que des elements nuls, alors le determinant
est nul.
si chaque element dune ligne (ou dune colonne) est multiplie par une constante, alors le determinant est
multiplie par cette constante.
si lon remplace une ligne (ou une colonne) par une combinaison lineaire de lignes (ou de colonnes), alors
le determinant nest pas modifie.
Une consequence importante de ces proprietes est la suivante : si 2 lignes (ou 2 colonnes) sont proportionnelles,
alors le determinant est nul. Si lon identifie les lignes (ou les colonnes) avec des vecteurs, cela revient `a dire
que le determinant dune famille de vecteurs est non nul si les vecteurs de cette famille sont independants.
12.2 Matrices
Cette section comprend quelques rappels sur les operations applicables aux matrices ainsi que la definition
et le calcul de linverse dune matrice.
12.2.1 Op
erations
Commencons par rappeler quelques definitions relatives aux operations sur les matrices. Laddition de 2
matrices seffectue termes `
a termes :
(la matrice nulle, dont tous les elements sont nuls, joue le r
ole delement neutre pour laddition).
La multiplication par un scalaire sobtient en multipliant chaque element par le scalaire :
C = A, C cij = aij , i, j
Le premier indice etant (conventionnellement) lindice de ligne et le second, lindice de colonne, on constate que
la multiplication entre matrices est definie en multipliant terme `a terme les elements dune ligne de A par les
elements de la colonne de B. Il est donc possible deffectuer des produits de matrices de taille differentes pour
peu que le nombre de colonnes de la 1`ere concide avec le nombre de lignes de la seconde.
o`
u tr designe la trace, cest-`
a-dire la somme des elements diagonaux de la matrice.
Lelement unite pour la multiplication des matrices est la matrice identite, note I, qui ne comprend que des
1 sur la diagonale et des 0 partout ailleurs (ses elements sont representes par le symbole de Kronecker, ij ) :
X X
AI = IA = A aik kj = ik akj = aij , i, j
k k
12.2.2 Inversion
Venons-en ` a la definition et au calcul de linverse des matrices. Linverse dune matrice A, que nous noterons,
A1 est telle que son produit avec A redonne lidentite :
AA1 = A1 A = I
Linverse de la matrice A peut etre calcule tr`es facilement `a laide du determinant de A et des cofacteurs de la
transposee AT (la transposee dune matrice est la matrice obtenue en permutant ligne et colonne) 2
ATij
a1
ij = , i, j
det A
Ce resultat implique donc quune matrice de determinant nul na pas dinverse (pour les nombres reels ou
complexes, 0, de meme na pas dinverse). Une telle matrice est dite singuli`ere.
Dun point de vue pratique, on proc`ede comme suit. Dans le cas des matrices dordre 2 par exemple :
a b T a c 1 1 d b
A= A = A =
c d b d ad bc c a
Dans le cas dune matrice dordre 3, traitons `a titre dexemple un cas particulier.
1 1 0 1 0 2
Soit A = 0 1 1 alors AT = 1 1 2
2 2 0 0 1 0
Le determinant de A peut etre calcule par developpement selon la premi`ere ligne : det A = 1(1.02.1)+2(1.1
u lexpression de A1 :
1.0) = 4, do`
+(1.0 1.2) (1.0 2.0) +(1.1 1.0)
1
A1 = (0.0 2.1) +(1.0 2.0) (1.1 0.0)
4
+(0.2 2.1) (1.2 2.(1)) +(1.1 0.(1))
soit encore,
+1/2 0 +1/4
A1 = 1/2 0 +1/4
+1/2 1 1/4
12.3 Syst`
eme d
equations lin
eaires
Une des applications importantes du calcul matriciel est la solution des syst`emes dequations algebriques.
Definition 12.3.1 Un syst`eme dequations lineaires m n est une famille de m equations lineaires avec n
inconnues, x1 , x2 , , xn :
a11 x1 + + a1n xn = b1
............................... .... ....
am1 x1 + + amn xn = bm
Les coefficients aij sont des nombres reels ou complexes. Une forme matricielle equivalente secrit Ax = b o`
u
A est une matrice rectangulaire m n, x et b sont des vecteurs colonnes respectivement a ` n et m termes.
Si b 0, le syst`eme est dit homog`ene ou sans second membre. Le syst`eme est dit sous-determine si n > m
(plus dinconnues que dequations) et sur-determine dans le cas oppose.
La question centrale est de savoir si un tel syst`eme poss`ede des solutions et si oui, combien.
Par exemple, dans le cas des syst`emes de 2 equations `a 2 inconnues :
a11 x1 + a12 x2 = b1
a21 x1 + a22 x2 = b2 ,
D D D = D
Ce syst`eme correspond ` a 2 droites dans le plan (x1 , x2 ). 3 cas sont donc possible : aucune solution si les
droites sont parall`eles, 1 solution si les droites se coupent, une infinite si elles sont confondues. Dans le cas
des syst`emes 3 3, les equations mettent en jeu 3 plans dans R3 qui conduisent egalement aux 3 cas possibles
(aucune, une seule ou une infinite). Cette situation est en fait generale d`es que le corps auquel appartiennent
les coefficients est infini (ce qui est le cas de R et C) :
Theor`eme 12.3.1 Un syst`eme dequations lineaires dont les coefficients sont reels ou complexes poss`ede : une
seule solution, aucune solution ou une infinite de solutions.
Definition 12.3.2 Le rang dune matrice A, que nous noterons r(A) est lordre de la plus grande sous-matrice
carree de A dont le determinant ne sannule pas.
a 3 sous-matrices 2 2 :
1 2 1 0 2 0
3 0 3 0 0 0
Il est clair que le determinant des 2 derni`eres est nul mais le determinant de la premi`ere vaut -6, donc r(A) = 2.
Le theor`eme fondamental est le suivant :
Ce theor`eme couvre les cas les plus generaux. Deux cas particuliers sont importants :
1. les syst`emes inhomog`enes carres (m = n).
Si det A 6= 0, r(A|b) = n : la premi`ere condition du theor`eme est verifiee, et le syst`eme Ax = b admet une
solution unique donnee par x = A1 b (A1 existe puisque A nest pas singuli`ere).
2. les syst`emes homog`enes (b 0).
Si det A 6= 0, r(A|b) = r(A) = n : la premi`ere condition du theor`eme est verifiee, et le syst`eme Ax = 0
admet une solution unique (triviale) donnee par x = 0. Pour les syst`emes homog`enes, on obtient des
solutions non nulles si et seulement si det A = 0.
Exemple Soit `
a resoudre le syst`eme dequations :
x1 + x2 + x3 = 2
x1 x2 + x3 = +2
x1 + x2 x3 = 2
La 2`eme et la 3`eme ligne de A etant proportionnelle, on a det A = 0, ce qui prouve quil existe dautres
solutions que la solution triviale nulle pour le syst`eme homog`ene. Par combinaisons lineaires, on trouve x2 = 0
et x3 = x1 . Pour le syst`eme inhomog`ene, on trouve r(A|b) = r(A) = 2 < 3 : il y a donc une infinite de
solutions. Plus precisement, pour le syst`eme inhomog`ene, on trouve x2 = 2 et x1 = x3 .
12.4 Diagonalisation
efinition 12.4.1 Une matrice carree A est diagonalisable sil existe une matrice inversible P telle que la
D
matrice D = P 1 AP soit diagonale.
Comme nous le verrons dans la suite, le fait quune matrice A soit diagonalisable ou pas est important en tant
que tel comme caracterisation de loperateur associee `a la matrice A. Lorsquune matrice est diagonalisable, tous
les calculs algebriques sont egalement simplifies. En effet, soit `a calculer An par exemple, comme P P 1 = I alors
P 1 An P = P 1 AIAI IAP = P 1 AP P 1 AP = Dn qui se calcule aisement puisque D est diagonale. An
est ensuite obtenue par le produit An = P Dn P 1 . Ainsi, tout polyn ome en A se calcule aisement lorsque A est
diagonalisable.
Les vecteurs qui se trouvent seulement contractes ou dilates dans leur direction sous laction de loperateur
lineaire associe `
a la matrice A jouent un r
ole specifique pour la diagonalisation. Ces vecteurs sont appeles
vecteurs propres :
A|vi = |vi
Dapr`es cette definition, determiner le probl`eme aux valeurs propres (i.e. trouver les vecteurs et valeurs propres)
associe `a une matrice A revient ` a resoudre le syst`eme lineaire homog`ene :
(A I) |vi = 0
Comme on la vu plus haut, la seule solution non triviale (i.e. telle que |vi =
6 |0i) est telle que :
det (A I) = 0
Pour A dordre n connue, il sagit dun polynome en dordre n, que nous noterons P () et que lon appelle le
polyn
ome caracteristique. Les valeurs propres sont donc les racines de ce polyn
ome :
P () = det (A I) = 0
trA = 1 + 2 ,
det A = 1 2 .
3. En deduire quil existe 3 types de valeurs propres possibles pour les syst`emes lineaires dordre 2.
Le nombre de valeurs propres possibles depend du corps, typiquement R ou C dans lequel on cherche les racines
de lequation P () = 0. Dans R, tout est possible, depuis aucune jusqu`a n solutions. Dans C, le theor`eme de
DAlembert (cf. chapitre Nombres Complexes), nous garantit lexistence de n valeurs propres, eventuellement
multiples. Dans ce dernier cas (racine multiple), on dit que la valeur propre est degeneree.
Une fois trouvees les valeurs propres, la resolution des syst`emes lineaires associes `a chaque valeur propre
permet dobtenir les vecteurs propres correspondants. Compte tenu de la forme lineaire A|vi = |vi, il est clair
que les vecteurs propres sont determines `a un facteur multiplicatif pr`es (si |vi est vecteur propre, |vi avec
C lest aussi).
Deux cas peuvent alors se presenter :
o` u lensemble des vecteurs propres (|v1 i, |v2 i, , |vn i) sont independants (ils constituent alors une base).
o` u lensemble des vecteurs propres (|v1 i, |v2 i, , |vn i) ne sont pas independants.
Considerons la matrice P dont les colonnes sont formees par les vecteurs propres de la matrice A. Alors, puisque
A|vi i = i |vi i, le produit matriciel AP est une matrice dont les colonnes sont les vecteurs i |vi i. Cette derni`ere
matrice secrit elle-meme comme le produit de P par la matrice diagonale D dont les elements sont les valeurs
propres i . En clair, la matrice P construite avec les vecteurs propres satisfait la relation :
AP = P D
Si lensemble des vecteurs propres sont independants, det P 6= 0, la matrice P est donc inversible et on peut
donc ecrire :
D = P 1 AP
o`
u, rappelons-le, P a pour colonnes les vecteurs propres de A. Si lensemble des vecteurs propres ne sont pas
independants, det P = 0, la matrice P nest donc pas inversible et on doit en rester l` a. On peut montrer quil
nexiste pas dautre matrice P qui satisfasse la relation D = P 1 AP : la matrice A nest donc pas diagonalisable.
Le theor`eme precis et fondamental est le suivant :
Th eor`eme 12.4.1 Une matrice carre n n est diagonalisable si et seulement si elle poss`ede n vecteurs propres
lineairement independants.
La matrice diagonale D a pour elements les valeurs propres de A, et la matrice P telle que P 1 AP = D a
pour colonnes les vecteurs propres correspondants.
Suivant les exigences de ce theor`eme, on doit sattendre `a ce que beaucoup de matrices ne soient pas diagona-
lisables. Cest bien le cas. Il existe cependant certaines matrices frequemment rencontrees dans les applications
pour lesquelles la diagonalisation est garantie. Il sagit :
des matrices ayant n valeurs propres distinctes,
des matrices symetriques ou hermitiennes.
Le fait que les matrices ayant des valeurs propres distinctes soient diagonalisables resultent du theor`eme 12.4.1
et du theor`eme suivant :
Th eme 12.4.2 Une matrice ayant des valeurs propres distinctes a necessairement des vecteurs propres
eor`
independants.
La demonstration se fait par labsurde 3 . Si certaines valeurs propres sont degenerees (valeurs propres confon-
dues), les vecteurs propres peuvent etre independants ou pas. Le syst`eme doit etre etudie au cas par cas.
Dans le cas des matrices symetriques ou hermitiennes, les vecteurs propres sont lineairement independants,
meme si les valeurs propres sont degenerees. Rappelons quune matrice symetrique est egale `a sa matrice
transposee (aij = aji ) et quune matrice hermitienne (notee A ) est egale `a sa matrice transposee conjuguee
(aij = aji ). Une matrice symetrique est donc un cas particulier de matrice hermitienne dont les elements sont
reels. Le formalisme de la mecanique quantique met precisement en jeu des operateurs hermitiques. On dispose
du theor`eme suivant :
Th eme 12.4.3 Les valeurs propres dune matrice hermitienne sont reelles.
eor`
Les vecteurs propres dune matrice hermitienne sont mutuellement orthogonaux (et donc independants).
En effet, utilisant la notation hv| |vi , on a dune part hvj |A|vi i = i hvj |vi i et dautre part hvj |A |vi i =
j hvj |vi i. Comme la matrice
est hermitienne par hypoth`ese, A = A , en faisant la difference de ces 2 expressions
on obtient : i j hvj |vi i = 0. Si i = j, on en deduit que i = i puisque hvi |vi i > 0, tandis que si i 6= j et
i 6= j , on obtient la condition dorthogonalite hvj |vi i = 0 (si i = j , |vj i et |vi i ne sont pas automatiquement
orthogonaux mais peuvent etre rendus tels).
En utilisant les resultats precedents, on a donc obtenu le theor`eme suivant :
Th eme 12.4.4 Les matrices ayant des valeurs propres distinctes, et les matrices symetriques ou hermi-
eor`
tiennes, sont diagonalisables.
mx
1 (t) = k(x2 2x1 ),
mx
2 (t) = k(x1 2x2 )
On cherche les solutions de ce syst`eme differentiel sous la forme x1 (t) = u1 eit et x2 (t) = u2 eit . Le syst`eme
differentiel prend alors la forme suivante :
u1 2k k u1
m 2 =
u2 k 2k u2
ce que lon peut ecrire sous la forme dun probl`eme aux valeurs propres :
A u = m 2 u
Les 2 valeurs propres de A sont k et 3k, auxquelles correspondent les 2 frequences caracteristiques
p p
1 = k/m et 2 = 3k/m
Les 2 vecteurs propres correspondants sont respectivement et o`
u est un nombre reel non
nul. La matrice etant symetrique, les 2 vecteurs propres sont bien orthogonaux. La solution generale du syst`eme
differentiel secrit donc (comme attendu) sous la forme :
u1 1 i1 t 1
= A1 e + A2 ei2 t
u2 1 1
o`
u A1 et A2 sont des constantes fixees par les conditions initiales.
Les 2 vecteurs propres correspondent aux 2 modes normaux du mouvement des ressorts, respectivement
en phase ou en opposition de phase.
On presente dans ce chapitre quelques notions dalg`ebre tensorielle utiles, en particulier, pour la comprehension
des cours delasticite et de cristallographie. Comme on le decouvrira dans lintroduction, les tenseurs generalisent
la notion famili`ere de vecteurs et doperateurs lineaires en les placant dans le cadre mathematique plus large de
lalg`ebre multilineaire.
13.1 Introduction
Soit E un espace vectoriel reel (le corps de base est donc R) de dimension finie N . Tout ensemble de N
vecteurs lineairements independants forment une base, et il en existe une infinite. Soit {~ei } et {~e i } deux bases
differentes de E. Notons P et P 1 les matrices de passage 1 dune base `a lautre, soit :
N
X N
X
~e i = Pji ~ej , et ~ej = Pij1 ~e i (13.1)
j=1 i=1
En utilisant, les formules (13.1), on est conduit aux relations suivantes entre les composantes dun vecteur, apr`es
changement de base :
N
X N
X
xi = Pij1 xj , et xj = Pji xi (13.2)
j=1 i=1
Considerons maintenant un operateur lineaire A : ~x E 7 A~x E. Loperateur A est represente dans la base
{~ei } par une matrice telle que sa j`eme colonne soit le vecteur A ~ej :
N
X
A ~ej = Akj ~ek
k=1
107
13.2. NOTATIONS ET CHANGEMENT DE BASE 108
P
Rappelons quelle est lexpression de A dans la base {~e i }. Par definition on a A ~e j = k Akj ~e k , mais on a
aussi :
!
XN N
X XN XN
1
A ~e j = A Plj ~el = Plj Aml ~em = Plj Aml Pkm ~e k ,
l=1 l,m=1 k=1 l,m=1
~x = P 1 ~x et A = P 1 A P .
Un vecteur met donc en jeu une seule matrice de passage (P 1 ) lors dun changement de base, tandis quil en
faut 2 (P et P 1 ) pour transformer un operateur lineaire. Un nombre reel, invariant par changement de base,
nen met aucune en jeu. Le calcul tensoriel systematise ce point de vue en considerant des etres mathematiques
nouveaux : les tenseurs, qui se transforment lors dun changement de base en mettant en jeu un nombre
quelconque de matrices de passage P et P 1 . Lalg`ebre (et lanalyse) tensorielle constitue une generalisation de
lalg`ebre (et de lanalyse) lineaire elementaire que les mathematiciens appelent alg`ebre multilineaire.
u (x1 , , xN ) sont les composantes du vecteur ~x dans la base {~ei }. La position des indices dans xi et ~ei
o`
peut sembler arbitraire pour linstant, mais sera justifiee par la suite. La deuxi`eme egalite correspond `a la
convention de sommation dEinstein : tout indice repete 2 fois, une fois en position inferieure et une fois en
position superieure, implique une sommation sur cet indice.
Considerons maintenant une nouvelle base de E : {~e i }. Chacun des vecteurs de cette nouvelle base peut
etre decompose sur lancienne base {~ei }. On passe donc dune base `a lautre par une matrice de changement de
base que lon notera desormais :
~e i = ij ~ej
Dans cette expression, pour utiliser la convention dEinstein, nous avons ecrit les composantes de la matrice
sous la forme ij o`
u lindice superieur j designe une ligne et lindice inferieur i une colonne.
De ce point de vue, comme les vecteurs peuvent etre consideres comme des matrices ligne ou colonne, on a
de facon plus explicite : 1
x
i i ..
~x = x ~ei = ~ei x = (~e1 ~eN ) .
xN
(le produit matriciel est defini comme un produit lignecolonne : on somme sur les colonnes de la premi`ere
matrice et sur les lignes de la seconde matrice).
Inversement, notons 1 , linverse de la matrice . On a donc (toujours en utilisant la convention
dEinstein) :
ki ~e i = ki ij ~ej = ij ki ~ej = kj ~ej = ~ek ,
o`
u est la matrice identite. En resume, on a donc obtenu :
~e i = ij ~ej et ~ek = ki ~e i ,
Exercice 13.1 Ecrire ~e i = ij ~ej et ~ek = ki ~e i sous forme de produits matriciels explicites.
~x = xk ~ek = x i ~e i
(la somme est sur un indice muet que lon peut noter `a notre convenance). Comme ~ek = ki ~e i , on trouve que
la relation entre les composantes du vecteur dans les 2 bases est :
x i = ki xk ,
cest-` a la difference des vecteurs de bases, qui se transforment via la matrice (~e i = ij ~ej ), les
a-dire, qu`
composantes des vecteurs se transforment via la matrice inverse . Pour cette raison, les composantes xi du
vecteur ~x sont dites contravariantes.
Exercice 13.2 On consid`ere lespace E = R3 et (~e1 , ~e2 , ~e3 ) une base orthonormee.
1. Determiner la matrice , ~e i etant obtenu a
` partir de ~ei par une rotation dangle autour de laxe portant
~e3 .
2. Verifier que 1 est egale a
` la transposee de la matrice .
3. Un vecteur admet les composantes (0, 1, +1) dans la base {~e i }. Quelles etaient ses anciennes compo-
santes ?
4. Un vecteur admet les composantes (0, +1, 0) dans la base {~ei }. Quelles etaient ses composantes dans la
base {~e i } ?
Tout espace vectoriel E defini sur un corps commutatif peut etre muni dune structure euclidienne d`es lors quon
y definit un produit scalaire 2 . On parle alors despace vectoriel euclidien. Soient ~x et ~y des vecteurs quelconques
de E, le produit scalaire de ces 2 vecteurs sera note indifferemment :
o`
u on a pose gij g(~ei , ~ej ). g est appelee la metrique ou la forme fondamentale, et gij les coefficients de la
metrique. Noter la propriete gij = gji puisque le produit scalaire est symetrique par definition.
Etudions comment les gij se transforme lors dun changement de base :
gij h~e i | ~e j i = ik jl h~ek | ~el i = ik jl gkl
La metrique g constitue un exemple de tenseur (euclidien) de rang 2, cest-`a-dire un exemple detre mathematique
dont les composantes, caracterisees par 2 indices, se transforment lors dun changement de base selon la relation
precedente (ici deux matrices ).
Il est possible de definir des composantes du vecteur ~x qui se transforment, lors dun changement de base,
comme les vecteurs de base. De telles composantes seront notees avec un indice en bas xi , et naturellement
appelees covariantes. Soit en effet, par definition :
xi h~ei | ~x i = gij xj ,
2. Un produit scalaire est une forme bilin
eaire, sym
etrique et d
efinie positive.
cest-`
a-dire la projection orthogonale de ~x sur ~ei si la base {~ei } est normee. Lors du changement de base {~ei }
en {~e i }, on obtient :
xi = h~e i | ~x i = ij h~ej | ~x i = ij xj ,
qui correspond bien `
a la meme transformation que les vecteurs de bases.
Les 2 relations de transformations des composantes dun vecteur : x i = ki xk et xi = ij xj , qui ne dependent
que dun seul indice, sont caracteristiques des transformations des composantes dun tenseur de rang 1 lors des
changements de base.
Considerons pour finir le produit scalaire de 2 vecteurs ~x et ~y lors dun changement de base. On trouve
h~x| ~y i = xi yi = ki xk il xl = il ki xk xl = kl xk xl = xk xk
Le produit scalaire est donc invariant lors dun changement de base.
Le produit scalaire, qui ne depend daucun indice, est un exemple de tenseur de rang 0.
Remarque Il apparat clairement dans ce qui prec`ede que le caract`ere invariant du produit scalaire lors
dun changement de base resulte de la presence dans le produit xi yi du terme contravariant xi (se transformant
donc avec = 1 ), et du terme covariant yi (qui se transforme avec ). Cette situation est generale. Toutes
les expressions qui comprennent des sommations sur un meme indice une fois en position contravariante et une
autre fois en position covariante sont des invariants. Les produits scalaires (xi yi et gij xi xj ), les vecteurs (xi~ei ),
et plus generalement les tenseurs, quels que soient leurs rangs, sont des exemples dinvariants.
On peut maintenant se donner une definition (operatoire) des tenseurs, ici de rang 5 pour fixer les idees.
D efinition 13.3.1 Soit E un espace vectoriel euclidien de dimension N. Les nombres reels tij kl m , o`
u i, j, k, l, m =
1 N , sont les composantes mixtes dun tenseur t de rang 5, 3 fois covariants et 2 fois contravariants, si leurs
lois de transformation dans un changement de base secrit :
k m
t ij l = ir js uk lv w
m
trsuvw ,
o`
u et designent respectivement la matrice de changement de base et son inverse.
2. Produit contracte
Considerons maintenant la notion de produit contracte.
Definition 13.4.1 Soient u un tenseur de rang p, et v un tenseur de rang q.
On appelle produit contracte des tenseurs u et v, le tenseur dordre (p + q 2) obtenu en egalant dans le
produit tensoriel u v, un indice covariant et un indice contravariant de chacun des 2 tenseurs.
Le fait degaler un indice superieur et un indice superieur implique une sommation sur lindice commun,
et abaisse ainsi de 2 le rang du produit tensoriel initial. Par exemple, partant du tenseur de composantes
uij k vpq , on peut par exemple contracter sur le couple dindice k et p, puis eventuellement sur j et q :
Il est clair que par contractions successives, on aboutit aux composantes dun vecteur (un seul indice libre)
si le tenseur initial etait de rang impair, et sur un scalaire (pas dindice libre) dans le cas contraire.
Il est egalement possible de proceder `a une auto-contraction sur un tenseur qui ne sexprime pas comme
un produit tensoriel. Par exemple,
tij k tikk
Exercice 13.5 Montrer que la trace dun tenseur de rang 2, definie comme la somme de ses composantes
diagonales mixtes, est un tenseur de rang 0, donc un invariant.
La reciproque de la r`egle du produit contracte permet dobtenir le crit`ere de tensorialite suivant que nous
ne demontrerons pas.
Th eor`eme 13.4.2 Soient tij k (pour fixer les idees) une liste de nombre reels, et soit u un tenseur quel-
conque.
Si le produit contracte de t par u est un tenseur, alors t est un tenseur.
Par exemple, on peut montrer de cette facon que les nombres ij tels que :
1 si i = j
ij =
0 si i 6= j
sont les composantes mixtes dun tenseur (tenseur de Kronecker). Pour cela, considerons le tenseur de
composantes xp y q o`u ~x et ~y sont des vecteurs (tenseurs de rang 1). Formons le produit ij xp y q et contrac-
tons sur le couple dindices i et p. On obtient ij xi y q = xj y q , qui constituent bien les composantes mixtes
du tenseur x y. Dapr`es le crit`ere de tensorialite, on en deduit donc que est bien un tenseur.
3. Tenseurs symetriques et antisymetriques
Definition 13.4.2 Un tenseur est dit symetrique (respectivement antisymetrique) par rapport a` un couple
dindices de meme variance si ses composantes sont inchangees (respectivement changees de signe) par
permutation de ces 2 indices.
Un tenseur est dit compl`etement symetrique (ou antisymetrique) sil est symetrique (ou antisymetrique)
par rapport a
` tout couple dindices de meme variance.
Il est facile de se convaincre (le faire !) que la nature symetrique (ou antisymetrique) dun tenseur se
conserve par changement de base : la symetrie (ou lantisymetrie) est une propriete intrins`eque.
Legalite :
tij + tji tij tji
tij = + ,
2 2
montre que tout tenseur dordre 2 peut secrire comme la somme dun tenseur symetrique et dun tenseur
antisymetrique.
Les tenseurs symetriques (ou antisymetriques) poss`edent un nombre restreint de composantes independantes
non nulles. On verifiera, que dans un espace de dimension n, ce nombre vaut n(n + 1)/2 dans le cas dun
tenseur symetrique, et n(n 1)/2 dans le cas dun tenseur antisymetrique.
Exercice 13.6 Soit ~x et ~y 2 vecteurs de R3 . Le tenseur t, appele produit exterieur (ou bivecteur), note
~x ~y , est defini par legalite :
t ~x ~y = ~x ~y ~y ~x
(a) Ecrire explicitement les composantes 2 fois contravariantes de t en fonction des composantes contra-
variantes de ~x et ~y .
(b) Utiliser le crit`ere de tensorialite pour verifier que les tij sont bien les composantes dun tenseur de
rang 2.
(c) Verifier que le produit exterieur est un tenseur antisymetrique.
(d) Montrer que t na que 3 composantes independantes que lon notera u1 , u2 et u3 .
(e) Montrer que le triplet de reels (u1 , u2 , u3 ), qui correspondent aux composantes du produit vectoriel
usuel, ne constitue pas les composantes dun vecteur.
On dit que le produit vectoriel est un pseudo-vecteur.
13.5 Base r
eciproque
On se pose la question de savoir sil existe une base {~ i } de E telle que les composantes du vecteur ~x sur
cette base soient les composantes covariantes xi precedemment definies, soit :
~x = xi ~ i
(le caract`ere invariant de ~x sugg`ere la nature contravariante des vecteurs ~ i , ce que lon verifiera plus loin).
En utilisant la definition xi = gij xj et legalite ~x = xj ~ej on obtient par identification
~ej = gji ~ i
fournit une methode de construction des ~ k . Ceux-ci sont orthogonaux `a tous les ~ei pour i 6= k, et tels que la
projection orthogonale de ~ k sur ~ek vaut exactement ~ek , si la base {~ei } est normee.
On notera que cest dans le seul cas o`
u la base est orthonormee, que les bases directe et reciproque ainsi que
les composantes covariantes ou contravariantes des tenseurs sont identiques.
Exercice 13.9 Etant donne une base quelconque {~a, ~b, ~c} de R3 , les cristallographes definissent la base reciproque
par les relations :
~b ~c
~a = + permutations circulaires,
(~a, ~b, ~c)
u (~a, ~b, ~c) designe le produit mixte des 3 vecteurs et ~b ~c le produit vectoriel de ~b et ~c.
o`
Verifier que cette definition correspond avec celle du cours.
Analyse de Fourier
115
Chapitre 14
S
eries de Fourier
Des probl`emes historiques
D
efinitions des s
eries de Fourier
Convergence des s eries de Fourier
D
erivation et int
egration terme a` terme
Phenom`ene de Gibbs
Formule de Plancherel
S
eries de fonctions orthogonales
117
14.2. DEFINITION
DES SERIES DE FOURIER 118
Partant de l` a, il etait naturellement tentant de savoir si le procede etait generalisable, et quelles conditions
devait satisfaire une fonction pour quon puisse la representer sur un intervalle par une serie trigonomerique.
Autrement dit, an (f ) et bn (f ) etant des coefficients dependant de la fonction f , quand peut-on ecrire
X
f (x) = (an (f ) sin nx + bn (f ) cos nx) ?
n=0
14.2 D
efinition des s
eries de Fourier
Definition 14.2.1 Soit f une fonction de periode T , definie sur R et a ` valeurs dans R. On pose = 2/T .
La serie de Fourier associee a
` la fonction f est la serie definie par la relation
X
X +
X
b0 (f ) + bn (f ) cos nt + an (f ) sin nt cn e+int ,
n=1 n=1 n=
Pour que les coefficients existent, il nest pas necessaire que f soit continue, il suffit que f soit integrable sur
lintervalle periode. On remarquera en particulier que c0 = b0 et que cn est la quantite conjuguee de cn :
cn = cn . La definition de ces coefficients est suggeree (en cas de convergence) par les relations dorthogonalite
(`
a demontrer) :
ZT ZT
T
sin mt sin nt dt = cos mt cos nt dt = m,n (m 6= 0),
2
0 0
ZT
sin mt cos nt dt = 0, m, n, N
0
Le developpement en series dexponentielles complexes peut apparatre plus economique. Il est cependant
preferable dutiliser les developpements en sinus ou cosinus lorsque les fonctions ont une parite definie. En effet,
comme les integrations peuvent etre prises sur lintervalle symetrique [T /2, +T /2], les coefficients an ou bn
sont nuls selon que la fonction est paire ou impaire. La serie de Fourier dune fonction impaire ne contient donc
que des sinus (fonction impaire), et la serie de Fourier dune fonction paire est une serie de cosinus (fonction
paire).
Il est bon de mentionner quon parle parfois de developpement de Fourier sur un intervalle (a, b) pour une
fonction non periodique. Il sagit en fait du developpement de la fonction f1 , de periode (b a), qui concide
avec f sur lintervalle (a, b). Si la serie converge vers la fonction, le developpement en serie de f nest pas en
general valable en dehors de (a, b).
Th eme 14.3.1 Si f est de carre sommable ou si f est de classe C 2 sur lintervalle periode I, la serie de
eor`
Fourier converge (normalement) vers f dans I.
est C 2 , en integrant 2 fois par parties, on etablit facilement que |cn | sup |f (t)|/(4 2 n2 ), ce qui montre
Si f P
que n |cn | < . On peut justifier que la somme de la serie de Fourier construite avec les cn sidentifie bien
avec f .
Il ne suffit pas quune fonction soit continue pour que sa serie de Fourier converge. L`a encore, les mathematiciens
ont pu exhiber des exemples (pathologiques) de fonctions continues dont la serie de Fourier diverge au moins en
un point de lintervalle periode. On donne maintenant un resultat plus fin dans le cas de fonctions eventuellement
discontinues, mais reguli`eres par morceaux.
On dit egalement dune fonction reguli`ere par morceaux, quelle verifie les conditions de Dirichlet. Par exemple,
la fonction x 7 sin 1/x est bornee mais a un nombre infini dextrema dans tout intervalle qui contient 0 : elle
nest donc pas reguli`ere par morceaux.
Ce theor`eme montre qu` a la difference des series de Taylor, il est possible de representer une fonction
discontinue par une serie de Fourier (sous les conditions de Dirichlet). On notera en outre que la convergence
de la serie est uniforme aux points de continuite, mais seulement simple aux points de discontinuite. Cet aspect
sera discute de facon plus approfondie lorsque nous traiterons du phenom`ene de Gibbs.
14.4 D
erivation et Int
egration terme `
a terme
P +int
Lintegration, terme `
a terme, de la serie de Fourier : n cn e , secrit
+
X Zb +
X cn +int b
cn e+int dt = e a
n= n=
in
a
Le resultat de lintegration est dintroduire une division par n de chaque coefficient. Lintegration ameliore donc
la convergence. En consequence, une serie de Fourier convergente peut toujours etre integree terme par terme,
la serie obtenue convergeant vers lintegrale de la fonction.
Il est clair au contraire, que la derivee de la serie introduit une multiplication par n de chaque coefficient
de Fourier. La convergence sen trouve degradee et peut meme etre perdue. En consequence, on ne peut pas, en
general, deriver terme a
` terme, une serie de Fourier convergente.
On dispose cependant du theor`eme suivant
14.5 Ph
enom`
ene de Gibbs
Le phenom`ene de Gibbs concerne letude du developpement en serie de Fourier au voisinage dun point de
discontinuite.
Pour le mettre en evidence, considerons la fonction de periode 2, definie sur ] 1, 1[ par
1 1 < x < 0
f (x) =
+1 0 < x < 1,
On montrera en TD que le creneau carre admet pour developpement en serie de Fourier
4 X sin(2n 1)x
f (x) = ,
n=1 2n 1
1/2N
Z Z
1 sin 2N x 2 sin z
g ,N =2 dx = dz.
2N sin x 2N sin(z/2N )
0 0
1.2
0.8
0.6
0.4
0.2
Figure 14.1 Serie de Fourier du creneau carre avec 10 termes (trait epais) et 50 termes (trait fin).
Ainsi, meme lorsque N , la somme depasse systematiquement la valeur attendue (1) puisque :
Z
1 2 sin z
lim g ,N = dz 1.17898,
N 2N z
0
14.6 Exercices
Exercice 14.1 On consid`ere la fonction definie sur R par :
o`
u est une constante positive.
1. Representer schematiquement cette fonction et preciser sa parite.
2. Le developpement en serie de Fourier contiendra-t-il toutes les harmoniques en sinus et cosinus ?
3. Donner le developpement en serie de Fourier de la fonction f .
Exercice 14.3 Calculer le developpement en serie de Fourier de la fonction 2 periodique qui vaut 1 pour
t ] , 0[, et +1 pour t ]0, [.
Exercice 14.4 Montrer que le developpement en serie de Fourier de la fonction x 7 cos ax entre et +,
avec a reel non entier secrit :
2a sin a 1 cos x cos 2x
cos ax = + .
2a2 a2 12 a2 22
Exercice 14.5 On consid`ere la fonction f definie sur R, de periode T = 1, telle que f (t) = 1 2|t| pour
t [1/2, +1/2].
1. Quelle est sa parite ?
2. Determiner le developpement en serie de Fourier de f . On precisera le domaine sur lequel ce developpement
est valable.
3. Representer la fonction derivee f .
4. Peut-on obtenir le developpement en serie de Fourier de f par derivation terme a
` terme du developpement
en serie de Fourier de f ? Justifier votre reponse.
5. Determiner le developpement en serie de Fourier de f .
1
0.8
0.6
0.4
0.2
15.1 Motivations
Les phenom`enes physiques ne se restreignent evidemment pas aux phenom`enes periodiques, et il est tr`es
naturel de se poser la question de la representation des phenom`enes physiques non periodiques par un analogue
des series de Fourier. La transformation de Fourier joue precisement ce role. La transformee de Fourier de la
fonction f est la fonction f, definie pour R par :
Z
f() = ei2x f (x) dx, (15.1)
R
Sous certaines conditions que lon precisera plus loin, on dispose de la formule dinversion qui exprime la fonction
f comme une superposition de contributions en frequences :
Z
f (x) = ei2x f() d. (15.2)
R
Il est important de realiser que la transformation de Fourier est une application qui associe une fonction
f `a une autre fonction f : cest-`
a-dire une application fonctionnelle. Il est bon de sinterroger sur les types de
fonctions que le physicien est amene ` a utiliser le plus souvent. En physique des milieux continus, par exemple,
il est commode dintroduire des densites des grandeurs physiques considerees ; ainsi on parle frequemment de
densite de masses, de quantite de mouvement ou denergie 1 . Par exemple, la relation :
Z
1
0 |E(x)|2 dx < ,
2
R3
1. cest-`
a-dire la masse, la quantit
e de mouvement ou l
energie contenue dans le petit
el
ement de volume dx
123
15.1. MOTIVATIONS 124
o`
u E(x) represente le champ electrostatique, exprime le caract`ere fini de lenergie electrique totale. Mathematiquement,
cela revient `a dire que la fonction x 7 E(x) doit etre de carre sommable. Un autre exemple important du meme
genre de contrainte intervient en physique microscopique lorsquon adopte un point de vue probabiliste pour
decrire une particule quantique dans son espace des phases. On associe `a la particule, une fonction donde ,
dont le carre represente une densite de probabilite. La condition de normalisation de la probabilite (la particule
doit etre quelque part) : Z
|(x)|2 dx = 1
R3
On vient de presenter la transformation de Fourier, comme une representation integrale exprimee sur une base de
fonctions sinusodales. Le contenu physique dune telle decomposition est clair, et lon peut facilement imaginer
que la transformation de Fourier jouera un r ole determinant dans tous les phenom`enes physiques mettant en
jeu des periodicites spatiales ou temporelles, et plus generalement des longueurs ou temps caracteristiques.
Ainsi, pour donner quelques exemples, tous les phenom`enes de diffusion de rayonnement (lumi`ere, rayons X,
mais aussi electrons ou neutrons via la dualite onde corpuscule) sont susceptibles dune analyse reposant sur la
transformation de Fourier ; plus precisement, lamplitude diffusee 3 A(k) :
Z
A(k) eik.r (r) dr,
R3
o`
u (r) represente la densite de particules diffusantes. De l`
a, on deduit facilement que lintensite sexprime
comme la transformee de Fourier dun produit de convolution (cette notion sera definie plus loin).
La transformation de Fourier, continue ou discr`ete, est egalement loutil de base pour le traitement de lin-
formation numerique. Le traitement du signal analogique repose essentiellement sur lutilisation de circuits
electroniques qui fonctionnent mathematiquement comme des operateurs lineaires diagonalisables par trans-
formation de Fourier. Le traitement du signal discret a ete rendu possible par la mise au point dalgorithmes
rapides de calcul de transformees de Fourier discr`etes. La transformation de Fourier est cependant limitee `a une
analyse globale soit en temps, soit en frequence. Les signaux complexes doivent etre analyses par des outils plus
sophistiques que les filtres lineaires. Le developpement recent du traitement de linformation a conduit `a une
analyse utilisant des transformees de Fourier `a fenetre et aux cel`ebres ondelettes.
Les equations decrivant les phenom`enes physiques sexpriment bien souvent par des equations differentielles
ou par des equations aux derivees partielles. Dans le cas o`
u les operateurs associes sont lineaires et `a coefficients
constants, il est possible dutiliser la transformation de Fourier pour diagonaliser ces operateurs. Parmi celles-ci
on peut citer :
lequation de Poisson :
(x)
(x) =
0
lequation de la diffusion :
c(x, t) 2 c(x, t)
D =0
t x2
2. Un cadre plus confortable pour les besoins de la physique n
ecessiterait l
etude de la transformation de Fourier au sens des
distributions.
3. dans le cadre de lapproximation de Fraunhoffer.
lequation de Schr
odinger libre :
(x, t) ~2
i~ = (x, t)
t 2m
lequation des ondes :
2 u(x, t) 1 2 u(x, t)
=0
x2 v 2 t2
Par transformee de Fourier, on se ram`ene ` a letude dequations algebriques, ce qui est, bien s
ur, considerablement
plus simple. Bien que le cadre confortable de travail pour letude par transformee de Fourier des equations de
la Physique, soit celui, plus general, des distributions, on donnera quelques exemples dapplications `a la fin de
cette partie du cours.
on a bien s
ur : Z Z Z
|f()| = | ei2x f (x) dx| |ei2x f (x)| dx = |f (x)| dx <
R R R
do`
u lon deduit que la transformee de Fourier dune fonction sommable est une fonction bornee.
En physique, x represente soit une variable despace, soit le temps. La variable conjuguee sidentifiera alors
`a un vecteur donde ou `a une pulsation.
Il existe dautres conventions de definition ; par exemple :
Z Z
ix 1
f () = e f (x) dx, ou f () = eix f (x) dx.
2
R R
Avec ces definitions de la transformation de Fourier, il napparat pas de facteur 2 dans la formule dinversion
(voir plus loin), mais il en apparat soit dans la derivation, soit dans la convolution.
Premiers exemples
Donnons tout de suite quelques exemples de transformees de Fourier de fonctions sommables couramment
utilisees en Physique. Il sagit des fonctions porte ou de ses generalisations et des exponentielles decroissantes
`a support limite ou non limite.
La fonction caracteristique 1[a,b] de lintervalle [a, b] est la fonction qui vaut lunite dans lintervalle et 0
ailleurs, soit :
1[a,b] (x) = 1 pour x [a, b]
= 0 ailleurs.
On notera la fonction caracteristique de lintervalle [1/2, +1/2] : cest la fonction porte couramment
utilisee en theorie du signal. On notera egalement H, la fonction dite de Heaviside, cest-`a-dire la fonction
caracteristique de lintervalle [0, [.
FT 1
H(x) ex pour > 0,
+ i2
1 1
0.8 0.8
0.6 0.6
0.4
0.4
0.2
0.2
-4 -2 2 4
-2 -1 1 2 -0.2
1 2
0.8 1.5
0.6
1
0.4
0.2 0.5
x q
-4 -2 2 4 -1.5 -1 -0.5 0.5 1 1.5
Proprietes
Les proprietes qui suivent decoulent immediatement de la definition de la transformation de Fourier (TD).
1. Conservation de la parite.
si f est une fonction paire (resp. impaire), alors f est une fonction paire (resp. impaire).
2. Echange de la realite et de la symetrie hermitienne.
si f est une fonction reelle, alors f() = f(),
si f (x) = f (x), alors f est une fonction reelle.
3. Echange de la translation et de la modulation.
FT
f (x x0 ) ei2x0 f(),
FT
ei2x0 f (x) f( 0 )
4. Dilatation.
FT
f (x/) ||f() pour reel non nul
La propriete de dilatation est lune des proprietes les plus importantes de la transformee de Fourier ; elle
traduit le fait que la transformee de Fourier dune fonction large est une fonction etroite et reciproquement. Cela
se manifeste tr`es souvent en Physique ; en optique par exemple, la tache de diffraction cree par un diaphragme
circulaire est dautant plus etendue que le rayon de lorifice est petit.
FT
f (x/) ||f()
R
Une autre convention de definition de la transformation de Fourier est F[f (x)]() = R
dx f (x) eix .
Utilisez la propriete precedente pour calculer F[(x)]() avec cette convention.
Le theor`eme fondamental de la transformee de Fourier est le theor`eme suivant dit lemme de Riemann-Lebesgue
Th eor`eme 15.2.1 La transformee de Fourier dune fonction sommable est bornee, continue et tend vers 0 a
`
linfini.
a montre plus haut que la transformee de Fourier etait bornee. La continuite de f resulte des egalites
On a dej`
Z h i Z
lim f( + ) = lim f (x)ei(2+)x dx = f (x)ei2x dx = f(),
0 0
R R
qui peut donc etre rendu aussi petit quon le desire pour assez grand.
On notera en particulier que la transformation de Fourier est une operation regularisante puisquelle rend
continue une fonction qui ne lest pas forcement (le cas de la porte, par exemple).
15.3 D
erivation et Inversion
1. Derivation
Les deux theor`emes de cette section traduisent les deux idees reciproques suivantes : plus une fonction
est derivable, plus sa transformee de Fourier decrot vite `a linfini, plus une fonction decrot vite `a linfini,
plus sa transformee de Fourier est derivable.
Commencons par un resultat sur la transformee de Fourier de la derivee dune fonction :
Th eme 15.3.1 Soit f L1 (R), de classe C 1 dont la derivee est sommable, alors
eor`
FT
f (x) 2i f()
et donc,
||f() 0 pour .
4. une application du th
eor`
eme de la convergence domin
ee ..
qui donne donc le resultat puisque f () = 0 5 . Le comportement `a linfini est une consequence du lemme
de Riemann-Lebesgue applique ` a fb .
Pour la derivee de la transformee de Fourier dune fonction, on a :
Th eme 15.3.2 Soit f L1 (R) telle que x xf (x) soit sommable, alors
eor`
FT df
2ixf (x) ()
d
o`
u l`
a encore, il faudrait justifier de linversion de la derivee et du signe integral.
Ces 2 resultats se generalisent aisement aux derivees dordre plus elevees.
Exercice 15.3 En sinspirant des theor`emes 2.3.1 et 2.3.2, etablir la formule donnant la derivee dordre
n de la transformee de Fourier dune fonction, et celle donnant la transformee de Fourier de la derivee
dordre n dune fonction.
On sattachera a` preciser les conditions requises pour lapplication de ces theor`emes.
Exercice 15.4 (a) Montrer que la fonction 7 f() F(ex )() verifie lequation differentielle :
2
f () + 2 2 f() = 0.
2. Inversion
Nous avons vu comment f sexprime en fonction de f `a la seule condition que f soit sommable. On se
pose maintenant la question de savoir sil est possible de definir f en fonction de f : cest le probl`eme de
linversion de la transformation de Fourier. On a le resultat suivant :
Ainsi, tant quon reste dans L1 , linversion nest possible que si f et f sont toutes les deux sommables.
On peut montrer que lon a pas mieux concernant cette propriete dinversion dans L2 . Le recours aux
distributions dites temperees pour lesquelles on sait definir une transformation de Fourier l`eve en partie
ces contraintes.
Rx
5. f (x) = f (0) + 0 f (y) dy, donc f () existe puisque f est sommable. De plus f () doit
etre nul, faute de quoi f ne
serait pas sommable.
15.4 Convolution
Dans cette section on definit le produit de convolution de deux fonctions sommables, et lon montre que la
transformation de Fourier echange le produit de convolution et la multiplication. Cette derni`ere propriete est
dune importance fondamentale dans les applications comme nous le verrons dans la suite.
efinition 15.4.1 Soient f et g des fonctions sommables, le produit de convolution, note f g, est defini par
D
Z
(f g)(x) = f (x y)g(y) dy
R
Pour bien saisir cette definition, on pourra essayer de convoluer 2 portes identiques : le resultat est une fonction
ayant la forme dun triangle.
Comme premier exemple, considerons le potentiel electrostatique cree en un point r par une distribution de
charge volumique (r) contenue dans un volume V, on a :
Z
(r ) 3 1
V (r) = d r = ( V )(r),
|r r | r
V
o`
u V est la fonction egale `a sur V et nulle ailleurs. Cette formule peut etre interpretee comme la reponse du
milieu etudie `
a la perturbation electrique localisee (r). La fonction a dans ce cas est le potentiel electrique cree
par une charge ponctuelle.
On pourra verifier aisement que le produit de convolution des fonctions sommables poss`ede les proprietes
de commutativite, associativite et distributivite par rapport `a laddition, soit :
f g = g f,
f (g h) = (f g) h,
f (ag + bh) = a(f g) + b(f h) pour a, b C.
Le theor`eme le plus utile pour les applications est le theor`eme suivant qui montre que la transformation de
Fourier remplace un produit de convolution par une multiplication.
f[
g = fg,
qui se demontre en ecrivant les definitions de chaque membre. Si f et g sont deux fonctions sommables, leur
produit nest en general pas sommable, ce qui ne permet pas toujours de definir F(f g). Par contre, on verra
plus loin quon peut demontrer une formule reciproque dans L2 .
Le produit de convolution intervient frequemment dans lanalyse des syst`emes lineaires et homog`enes. Une
situation assez generique consiste en effet `a exciter un syst`eme par une fonction exterieure, que nous noterons
x 7 e(x) et `a mesurer la reponse r(x) du syst`eme. Dans le cadre de notre etude, on supposera e et r sommables.
Le syst`eme physique etudie est dit lineaire et homog`ene si lon peut definir un operateur L : e 7 r = L(e), qui
satisfait aux deux proprietes suivantes :
L(e1 (x) + e2 (x)) = L(e1 (x)) + L(e2 (x)) avec , R
L(e(x x0 )) = r(x x0 )
La convolution permet de construire aisement un operateur lineaire et homog`ene. On montre en effet, que
si la reponse du syst`eme secrit sous la forme r = L(e) = a e, o`u a une fonction sommable , loperateur L est
bien lineaire et homog`ene. Toute linformation sur le syst`eme est alors contenue dans la fonction a quil importe
de determiner.
Le theor`eme sur la transformee de Fourier du produit de convolution permet de calculer la reponse r = a e
dun syt`eme lineaire et homog`ene. En effet la transformee de Fourier donne r = a e, cest-`
a-dire que chaque
composante e() du signal dentree se trouve multipliee (amplifiee ou attenuee) par un coefficient a (). Le
syst`eme fonctionne donc comme un filtre frequentiel, la fonction a est appelee la fonction de transfert du filtre.
Comme exemples concrets de syst`emes physiques homog`enes et lineaires, on peut penser aux circuits electriques
constitues delements passifs (resistance, bobine et capacite) qui, correctement combines, ont effectivement des
fonctions de filtres.
1. Apr`es avoir rappele lexpression de fa , montrer que lon peut utiliser la formule dinversion pour retrouver
` partir de fa .
fa a
2. a et b etant 2 reels positifs, calculer fa fb , et en deduire la relation :
r
fa fb = f ab .
a + b a+b
3. Etudier le cas o`
u a b et en deduire lapproximation :
r
fa fb fa pour a b ,
b
cest-`
a-dire que la convolution dune fonction large et dune fonction etroite est une fonction large.
fcg = f g
A titre dexercice, vous pouvez essayer de verifier ce theor`eme dans le cas particulier o`
u on peut utiliser la
representation integrale.
Le resultat le plus important est la formule de Parseval-Plancherel :
2 2
6. Les exemples standards sont x 7 ex / x L1
/ L2 , x 7 ex L1 L2 , mais x 7 (x2 + 1)1/2 L2
/ L1 .
R
En effet R f (x)g(x) dx fcg(0) = f(0) b
g(0) par le theor`eme precedent. Le resultat est obtenu en observant
que b
g() = g() (`
a verifier !).
Dans le cas particulier o`
u f = g, la formule de Parseval-Plancherel secrit
Z Z
|f (x)|2 dx = |f()|2 d.
Lorsque f represente lamplitude dune onde ou dune deformation, ce resultat exprime que lenergie totale
associee peut etre calculee de facon equivalente dans lespace des positions ou dans lespace des frequences.
Exercice 15.6 Utiliser la formule de Parseval-Plancherel pour calculer les integrales suivantes :
Z n
sin x
dx pour n = 2, 3, 4.
x
R
15.6 Transform
ees de Fourier dans S(R)
On introduit un nouvel espace de fonctions, que lon appelle lespace de Schwartz, et que lon note S(R).
Cet espace designe lespace des fonctions indefiniment derivables a
` decroissance rapide, cest-`
a-dire des fonctions
indefiniment derivables sur R qui verifient :
Du fait de la contrainte tr`es forte de decroissance plus rapide que toute fonction en xn , on notera que les
fonctions de S(R) sont, dun point de vue pratique, tr`es semblables aux fonctions indefiniment derivables `a
support bornes.
Donnons quelques proprietes de ces espaces.
Th eme 15.6.1 Les fonctions de S ainsi que toutes leurs derivees sont bornees et integrables sur R.
eor`
Soit S. Par d
efinition, toutes ses d
eriv egalement dans S . Donc, n, p, |xn (p) (x)| Mp,n , et en particulier que
ees sont
|(1 + x2 ) (p) (x)| Mp,0 + Mp,2 . Toutes les d ees (p) sont donc born
eriv ees et major
ees par des fonctions int
egrables : elles sont
donc elles-m emes integrables.
Ainsi, puisque S(R) L1 (R), toutes les definitions, proprietes et theor`emes vus pour les fonctions sommables
setendent aux fonctions de lespace de Schwartz. En particulier la transformee de Fourier dune fonction
S(R) est definie, pour q R, par lintegrale :
Z
(q)
= [F ] (q) (x) ei2qx dx
R
Mais il y a plus : la formule dinversion est valable pour toute fonction de S (ce qui netait assure dans L1 , que
si la TF etait elle-meme dans L1 ), et la formule de Parseval-Plancherel (valable dans L2 mais pas dans L1 ),
setend aux fonctions de S. Le theor`eme qui suit resume la situation :
Th
eor`
eme 15.6.2 1. Soit S. Sa transformee de Fourier est elle-meme dans S.
2. Toute fonction S est la TF inverse dun element S, telle que :
Z
(x) = F 1 (x) (q) e+i2qx dq
R
3. Pour et dans S : Z Z
(x)(x) dx = dq,
(q)
(q)
R R
et en particulier, pour S : Z Z
|(x)| 2 dx = |(q)|
2
dq.
R R
15.7 Transform
ees `
a plusieurs variables.
.x designant le produit saclaire dans Rn , soit .x = x1 1 + + xn n si x = (x1 , , xn ) et = (1 , , n ),
on a la definition.
On dispose dans Rn des memes resultats que ceux obtenus dans les sections precedentes pour les fonctions `a
une variable. On discute maintenant 2 cas importants pour lesquels on peut obtenir des formules explicites.
1. Fonctions separables
Un cas particuli`erement simple Q est le cas des fonctions separables, qui secrivent comme un produit de
n
a une variable : f (x) i=1 fi (xi ). Si chaque fonction fi est sommable dans R, on a simplement :
fonctions `
n
Y
f() = fi (xi )
i=1
Qn
puisque ei2.x = i=1 ei2i xi .
2. Fonctions radiales
Les fonctions radiales, dun usage tr`es frequent en Physique, sont des fonctions qui ne dependent que de
la distance `
a lorigine. On a donc dans ce cas :
Montrons dabord que si f est radiale alors f aussi. Si f est radiale cela veut dire que nimporte quelle
rotation R centree sur lorigine est telle que f (Rx) = f (x) pour tout x. Montrons alors que f(R) = f().
Z
f (R) = ei2R.x f (x) dx
Rn
Or, R.x = .R1 x, de sorte quen effectuant le changement de variable y = R1 x, de jacobien egal `a 1,
on a Z
f (R) = ei2.y f (Ry) dy = f(),
Rn
Z
G() = 2 cos(2r)F (r) dr pour n = 1,
0
Z
G() = 2 rJ0 (2r)F (r) dr pour n = 2,
0
Z
2
G() = r sin(2r)F (r) dr pour n = 3,
0
1
R 2
o`
u on a introduit la fonction de Bessel J0 (u) definie par la relation J0 (u) 2 0
eiu cos d.
er
(x, y, z) , > 0.
r
Considerons une equation differentielle lineaire `a coefficients constants dordre m. Sa forme generale secrit
m1
X
f (m) (x) + ai f (i) (x) + a0 f (x) = h(x) (15.3)
i=1
o`
u h est une fonction donnee et f linconnue.
A lequation sans second membre, on associe lequation caracteristique :
m1
X
P () = m + ai i + a0 = 0
i=1
Prenons la transformee de Fourier de lequation differentielle ; alors, sil est legitime dappliquer le theor`eme
sur la transformee dune derivee, on obtient P (i2)f() = h().
Si le polyn ome caracteristique na aucune
racine imaginaire pure, on peut proceder `a la division et lon obtient :
h()
f() =
P (i2)
Si maintenant f est elle-meme sommable, on peut utiliser la formule dinversion et lon obtient comme
solution :
Z
h()
f (x) = e+i2x d
P (i2)
R
Exemple
Un certain nombre de probl`emes de Physique, dans des contextes varies, admettent une modelisation qui est
celle de loscillateur harmonique amorti. La dynamique du syst`eme est regie par lequation differentielle :
u 0 , reel positif, est la frequence propre de loscillateur, R+ , un coefficient damortissement et f une force
o`
exterieure convenablement normalisee. Pour des raisons de commodite evidente, on posera /2 la variable
conjuguee du temps t dans la suite du probl`eme. Le probl`eme est de trouver u pour f donnee.
ome caracteristique P (i) = 2 + i + 02 admet pour racines :
Le polyn
i
= 1 ,
r2
2
1 = 02
4
ne peut etre reel sauf si = 0 (dans ce cas = 0 annule P (i)).
Plus precisement,
si 0 > /2, 1 est reel, a une partie reelle et une partie imaginaire, et on sattend `a ce que la solution
oscille avec la frequence 1 et sattenue avec le temps caracteristique = 2/.
si 0 < /2, 1 et sont imaginaires purs, le syst`eme est dit sur-amorti, et il apparat 2 temps ca-
racteristiques damortissement : s
2
1 0
= 1 1
2 /2
il est facile de voir quen cas de fort amortissement : /2 0 , + /02 et 1/ ; au temps longs
devant , seul compte + ce qui revient `a negliger le terme inertiel dans lequation differentielle et a`
considerer
u (t) + 02 u(t) = f (t),
equation effectivement utilisee d`es lors que les effets visqueux sont preponderants.
f()
u
() =
2 + i + 02
La fonction de reponse du syst`eme est definie par le rapport effet/cause, soit ici :
u
() 1 1
() = = = ,
f () P (i) + i + 02
2
comme 12 = 02 2 /4, on a
2
2 + i + 02 = 2 + i + 12 + = 12 ( i/2)2
4
donc,
1 1 1
() = +
21 1 + i/2 1 + i/2
Pour 0 > /2 (1 reel), on a encore :
i 1 1 i
() = = F ei1 t e+i1 t H(t)et/2 ,
21 i( + 1 ) + /2 i( 1 ) + /2 21
et donc
1
(t) = sin(1 t)H(t)et/2 ,
1
u(t) = (t) f (t)
qui donne donc la solution pour toute force exterieure sommable, dans le cas 1 reel. On trouve bien, comme
annonce, une reponse du syst`eme qui oscille `a la frequence 1 tout en samortissant avec le temps caracteristique
= 2/.
p
Lorsque 0 < /2, on a 1 = i 2 /4 02 , et lon peut ecrire :
" #
1 1 1 1 h i
t/+ t/
() = = F H(t) e e ,
21 i + + 1
i + 1 21
q
1 = 2 /4 02
Exercice 15.9 On consid`ere le circuit RC serie. u(t) designe la tension dentree, et on mesure la tension de
sortie v(t) aux bornes de la capacite C. On note = RC la constante de temps du circuit.
1. Montrer que les tensions satisfont lequation differentielle
v(t) u(t)
v (t) + =
2. On applique une tension dentree dont on suppose seulement quelle correspond a
` une fonction sommable.
Montrer que
v(t) = (a u)(t)
Donner lexpression de la fonction a.
u(t) = u0 H(t)et
15.9 Conclusion
On a dej` a fait remarquer quune definition de la transformation de Fourier limitee aux fonctions sommables
(ou meme de carre sommables) etait beaucoup trop contraignante dans les applications. Ainsi, des fonctions
aussi courantes que les fonctions constantes ou la fonction de Heaviside, nadmettent pas de transformees de
Fourier au sens des fonctions, puisquelles nappartiennent ni `a L1 (R), ni `a L2 (R). En sappuyant sur lespace
de Schwartz des fonctions indefiniment derivables `a decroissance rapide introduit plus haut, il est possible de
definir beaucoup plus de TF (y compris celles de fonctions constantes) dans le cadre de la theorie des fonctions
generalisees ou distributions.
I Variables complexes 5
II Equations diff
erentielles 35
4 Introduction 37
4.1 Mecanique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
137
`
TABLE DES MATIERES 138
6 Syst`
emes Diff
erentiels Lin
eaires 51
6.1 Exponentielle de matrice . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
6.2 Propagateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
6.3 Calcul pratique du propagateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
6.4 Equations differentielles en dimension 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
6.4.1 Diagonalisation des matrices 2 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
6.4.2 Forme explicite du propagateur en dimension 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
8 Stabilit
e des syst`
emes diff
erentiels 63
8.1 Stabilite des syst`emes differentiels lineaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
8.1.1 Portraits de phase en dimension 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
8.2 Stabilite des syst`emes differentiels non lineaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
8.2.1 Linearisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
8.2.2 Cycles limites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
9 Diff
erentier et Int
egrer 71
9.1 Derivees et differentielles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
9.2 Circulation et flux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
9.3 Operateurs differentiels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
9.4 Formule de Stokes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
9.5 Singularites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
10 Approximer et calculer 85
10.1 Formule de Taylor . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
10.2 Approximation de Stirling . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
10.3 Distribution de Dirac . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
10.4 Integrales Gaussiennes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
11 Minimiser 91
11.1 Extremalisation sans contraintes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
11.2 Multiplicateurs de Lagrange . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
11.3 Transformation de Legendre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
IV Alg`
ebre lin
eaire 97
12 El
ements dalg`
ebre lin
eaire 99
12.1 Determinants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
12.2 Matrices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
12.2.1 Operations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
12.2.2 Inversion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
12.3 Syst`eme dequations lineaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
12.4 Diagonalisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
14 S
eries de Fourier 117
14.1 Des probl`emes historiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
14.2 Definition des series de Fourier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
14.3 Convergence des series de Fourier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
14.4 Derivation et Integration terme `
a terme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
14.5 Phenom`ene de Gibbs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120